Abbaye de Jumièges : lumières en boucle le long de la Seine
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Abbaye de Jumièges : lumières en boucle le long de la Seine
lumières EXTÉRIEURES Dans le cadre prestigieux de la vallée de la Seine-Maritime, au cœur de la Haute-Normandie, « Jumièges est une des plus admirables ruines qui soit en France ». Avec la mise en lumière de l’abbaye, la voilà qui surgit de sa longue nuit millénaire pour accompagner le visiteur dans sa visite nocturne. Abbaye de Jumièges : lumières en boucle le long de la Seine etrouver des sensations proches de la nature et une perception du temps qui renoue avec celle des bâtisseurs de cathédrales… On doit donner à voir et à entendre le monument plutôt à partir de l’ombre et du silence. Il s’agit plus de l’accompagner que de l’interpréter. La nuit révèle l’ombre, le son et la lumière, lesquels, assemblés, rendent perceptibles toute chose. Le monument est déjà en soi un puissant générateur de rêves. » Ce monument, c’est l’abbaye de Jumièges, dont les vestiges majestueux se dressent le long de la Seine après avoir franchi la petite ville de Duclair, où fonctionne encore le bac. Quant à l’auteur de ces lignes, c’est Vincent Valère, en charge de l’éclairage chez Monum, et qui avait ce projet en tête depuis plus de deux ans. En fait, c’est un financement obtenu de Bruxelles, en 2001, via le FEDER, qui a couvert près de 40 % des quelque 500 000 € qu’ont coûté le projet (1), qui a permis de donner corps à cette mise en lumière dynamique de l’une, sinon la plus belle, des abbayes de Normandie. “R Photo Jean-Marc Charles Promenade nocturne Le site s’y prête : cette abbaye millénaire, bâtie sous le règne de Guillaume le Conquérant en 1067, sur les vestiges d’une abbaye carolingienne, survécut aux catastrophes du Moyen Age mais fut mise à bas lors de la Révolution. Sauvée Sur le rythme de la marche Nous avons déjà présenté le concept des “Nocturnales” (lire Lux n° 214) créé par Jean-François Arnaud à l’occasion de la première mise en lumière du château de Chambord, en 1995. Comme se plaît à rappeler son créateur, « plus qu’un concept d’animation, il s’agit d’une philosophie, d’une attitude vis-à-vis de la mise en valeur de monuments ». Pour l’abbaye de Jumièges, ces “Nocturnales “ peuvent devenir à l’occasion support pour un concert, une chorégraphie, un spectacle historique, une exposition, en plus de la visite nocturne vers laquelle elles sont tournées. « Nous avons respecté l’espace naturel des ruines, explique Jean-François Arnaud, et nous nous sommes alignés sur le rythme forcément lent de la marche des visiteurs sur le site. » En fait, l’éclairage est volontairement discret et les différentes étapes du programme évoluent sans cesse, imperceptiblement, en permanence, d’un endroit à un autre, grâce au positionnement des projecteurs sur des angles de vision soigneusement déterminés. 34 LUX n° 218 - Mai/Juin 2002 Pub. 1/4 page La séquence animée dure 21 minutes, mais les effets sont complètement différents vus du chœur, du cloître ou de la porterie d’entrée. Du 15 au 17 août sera créé “Jumièges la vibrante”, spectacle chorégraphique de Lorraine Gomès, de la compagnie Décadrages, sur une scénographie de PH. G. Xavier Nicolas. (1) Le Conseil régional de Haute-Normandie et la Fondation Électricité de France ont aussi activement participé au financement du projet. > Maîtrise d’ouvrage : les intervenants de la démolition totale en 1850 par une famille, devenue propriété de l’État un siècle plus tard, l’abbaye de Jumièges se distingue par la pureté de son style roman et gothique normands, ainsi que par le gigantisme de son architecture. Sa tourlanterne de 46 mètres domine toujours la vallée de la Seine et sa hauteur n’en paraît que plus grande avec sa nef et son cloître à ciel ouvert. La nature, généreuse et foisonnante, achève d’en faire un lieu magique. La nuit vient pour y ajouter sa touche de mystère, un jeu de lumière l’attendait pour révéler cette atmosphère “douce et pénétrante”, chère aux rêves de certains poètes. Depuis Pâques dernier, l’abbaye de Jumièges s’habille donc de lumière pour des promenades nocturnes en toute liberté. La lumière dynamique, conçue par Jean-François Arnaud, et dont la maîtrise d’œuvre a été assurée par Citélum, met en valeur les perspectives des ruines et l’architecture, en jouant sur les intensités des projecteurs, tout en révélant des volumes et des éléments de décor moins perceptibles à la lumière du jour. Une composition originale de Michel Risse, électro-acousticien et compositeur, ponctue la visite de moments musicaux. Photo Jean-Marc Charles lumières EXTÉRIEURES Monum, Centre des monuments nationaux > Maîtrise d’œuvre : Citélum, Patrick Ferenczi > Concepteurs : ECA, Pierre et Jean-François Arnaud > Installateurs : Amica, Marc Lazzarini (responsable du département éclairage public), Joël Dragonne (chef de chantier), Richard Thomas, STS The Show (pilotage et son), BMTP, Emerick Bernad (BTP) > Fournisseurs de matériel éclairage : iGuzzini, Philips, Targetti, Thorn, > Informatique : Multim Pub. 1/4 page LUX n° 218 - Mai/Juin 2002 35