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Le secteur du conseil : interview
Entretien avec Michel Maurino,
Président de Vinci Consulting
Le conseil en management au service des métiers
Ingénieur de formation, Michel Maurino a d’abord travaillé, durant quatre ans, dans la branche
aéronautique de Schlumberger comme ingénieur, chef de projet puis responsable de bureau
d’études. Il est ensuite entré chez Accenture où il a appris, durant quatre autres années le métier
de conseil en management et système d’information.
Michel Maurino,
Président de
Vinci Consulting
«Dans les années 90 les consultants venant de l’entreprise étaient une espèce plutôt rare», soulignet-il. Il a créé seul Vinci Consulting en 1992 en s’appuyant sur la synthèse de ses propres expériences.
Aujourd’hui, Vinci Consulting compte 10 associés, 60 consultants et enregistre un chiffre d’affaires
de 10 millions d’euros.
Le cabinet centré sur l’amélioration de la performance opérationnelle compte deux bureaux en
France (Paris et Toulouse) et a un projet avancé d’implantation en Allemagne. Le cabinet a déjà a
recruté des consultants Allemands en France et prévoit de créer une société en Allemagne en 2014.
Comment fidélisez-vous et attirez-vous les
consultants ?
Michel Maurino - J’ai commencé par ouvrir
en 2007 le capital de la société aux managers
qui avaient fait tout leur parcours au sein de
la société dans le but de les fidéliser. Très vite,
je me suis rendu compte que cette ouverture
était aussi un excellent levier pour attirer des
managers expérimentés qui n’avaient pas
la possibilité de devenir associés dans leur
cabinet - les vrais partenariats sont en fait
relativement rares et beaucoup de consultants
travaillent comme salariés. J’ai donc ouvert le
capital également à de nouveaux associés qui
nous ont aidés à développer l’activité.
A un moment donné, nous avons fait le
constat que nous avions un creux dans la
pyramide : nous avions de bons consultants,
de bons partners, mais il nous manquait des
managers pour assurer le relais entre les
deux. Nous avons donc recruté des profils
de managers, en ouvrant pour cela nos
portes à des personnes ayant une expérience
opérationnelle dans l’industrie. Ces profils
sont en général très performants dans leur
domaine d’expertise et leur connaissance du
terrain leur permet de bien comprendre les
interlocuteurs opérationnels. Nous associons
ces profils en binôme avec des consultants
expérimentés qui apportent leurs compétences
méthodologiques et leurs habitudes à traiter
des problématiques de performance. Ce mix
de compétences débouche sur du conseil à la
fois “métier“ et “management“ qui est un peu
notre marque de fabrique.
Pour attirer les débutants, nous faisons
beaucoup de cooptation. Ces jeunes
consultants apprécient le fait d’évoluer dans
un cabinet à taille humaine au contact de
clients, des grands groupes internationaux,
dont le niveau d’exigence les incitera à
progresser rapidement. Ils sont intégrés dans
une équipe systématiquement pilotée par un
associé. L’ambiance est très conviviale et la vie
sociale attractive. Le niveau de rémunération
est compétitif, on se benchmarke sur les
salaires au moyen de l’enquête réalisée par
Syntec tous les ans.
Comment avez-vous traversé ces dernières
années placées sous le signe de la crise ?
Michel Maurino - Nous avons multiplié par
deux notre chiffre d’affaires en trois ans.
Nous avons eu la chance de signer des
chantiers importants pour des projets critiques
pour nos grands clients. Ces projets impactent
toute l’organisation et continuent même quand
les vents sont adverses. Nous avons aussi
diversifié nos compétences en créant de
nouvelles activités.
Dans la continuité de l’offre historique de VCI
(Vinci Consulting Innovation) sur l’Engineering,
nous avons créé en 2010 VCO (Vinci Consulting
Operations) qui intervient dans le domaine des
opérations industrielles et logistiques (achats,
production, supply chain, distribution…).
Puis en 2013, VCM (Vinci Consulting
Management) a vu le jour et s’est positionnée
consulting 2014 I 17
sur la transformation des organisations. Notre
développement n’est pas terminé.
Nous réfléchissons à une offre dédiée à
l’exploitation, la maintenance et le service des
installations (usines, plateformes, flottes…).
Et nous réfléchissons également à consolider
nos compétences dans les systèmes
d’information.
Parmi les activités de Vinci Consulting,
quelles sont celles qui ont le vent en poupe ?
Michel Maurino - Les activités qui marchent
le mieux pour nous sont celles sur lesquelles
nous avons investi depuis de nombreuses
années et que nous avons packagées sous
forme de formations, de méthodologies,
d’outillage.
Le Lean Engineering est un axe de fort
développement parce qu’on a su être
innovant en allant bien au-delà de la simple
déclinaison des recettes traditionnelles
du lean (l’élimination des gaspillages, la
responsabilisation des équipes, etc.) à la R&D.
Nous avons conclu un partenariat avec un
cabinet américain, TCC, dirigé par Michael N.
Kennedy, dont les travaux sur les méthodes
Toyota font référence. Cet apport de
c o m p é t e n c e s , c o m b i n é à u n e ff o r t
méthodologique interne, nous a permis
d’accompagner plusieurs de nos clients dans
des transformations en profondeur de leurs
processus d’engineering.
Le secteur du conseil : interview
Le PLM (Project Life Management) continue
à se développer et est devenu un levier
essentiel de compétitivité pour les industriels.
De nouveaux secteurs comme l’énergie, les
industries de process, la pharmacie, qui
s’intéressaient jusqu’à maintenant peu à ces
solutions, prennent conscience des gains
de productivité qui sont à leur portée. Et
on voit émerger des projets de plus en plus
ambitieux à l’échelle internationale. Le PLM
est un domaine de compétences reconnu de
notre cabinet depuis sa création, un domaine
sur lequel nous continuons à faire des efforts
importants de R&D. Par exemple, Denis
Debaecker, l’un de mes premiers associés,
vient de publier chez Hermès un ouvrage sur le
sujet («Le projet PLM par l’expérience») ; nous
explorons les potentialités des technologies
du web sémantique appliquées au PLM (sDM :
semantic Data Management).
Côté VCM, nos interventions se prêtent
moins, par nature, à une approche packagée.
La situation de chaque entreprise ou de
chaque business unit qui s’interroge sur la
performance de son business est à chaque
fois particulière. Ce sont ici les capacités
de diagnostic, d’adaptation au contexte
particulier considéré, d’appréhension de la
capacité au changement, qui sont essentielles.
Capacités que confèrent plus l’expérience et
le vécu du partner en charge de la mission que
le respect d’une méthodologie particulière.
Notons toutefois que VCM est particulièrement
active en ce moment sur des démarches
de conception à coût objectif (TCO) qu’elle
conduit en s’appuyant sur les compétences
métier de VCI et VCO.
L’e-commerce est un nouvel axe de
développement important pour nous, et plus
particulièrement pour VCO. Les nouveaux
canaux de vente via Internet, désormais
adoptés à large échelle par des sociétés
dont l’activité était organisée jusqu’alors
de façon traditionnelle, viennent fortement
impacter l’ensemble de la chaîne order to
cash. Il s’agit non seulement d’adapter
l’organisation commerciale, mais également
de repenser l’ensemble de la chaîne de valeur,
de l’approvisionnement à la distribution en
passant par la logistique. En intégrant les
dimensions organisation, process et système
d’information.
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[Bon à savoir]
Vinci Consulting a monté un think tank.
Son but est de favoriser le dialogue et
le retour d’expérience entre industriels
autour d’un sujet d’intérêt commun. La
dernière réunion, en novembre 2013, a
eu pour thème : Comment améliorer la
performance de l’ingénierie en phase
amont ? Avec les témoignages d’Astrium
Satellites, Astrium Space Transportation,
PSA Peugeot Citroën et Zodiac Seat
Actuation.