N° d`ordre : 40-2011 Année 2011 THESE DE L`UNIVERSITE DE
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N° d`ordre : 40-2011 Année 2011 THESE DE L`UNIVERSITE DE
N° d’ordre : 40-2011 Année 2011 THESE DE L’UNIVERSITE DE LYON Délivrée par L’UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1 ECOLE DOCTORALE Neurosciences et cognition DIPLOME DE DOCTORAT (arrêté du 7 août 2006) soutenue publiquement le 4 mars 2011 par Mr CHOUCHOU Florian REACTIVITE DU SYSTEME NERVEUX AUTONOME A DES STIMULATIONS AVERSIVES AU COURS DU SOMMEIL CHEZ L’HOMME Directeur de thèse : Hélène Bastuji Frédéric Roche JURY : Hélène Bastuji Jean-Claude Barthélémy Gilles Lavigne (rapporteur) François Mauguière Jean-Louis Pépin (rapporteur) Frédéric Roche UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON 1 Président de l’Université M. le Professeur L. Collet M. le Professeur J-F. Mornex Vice-président du Conseil Scientifique Vice-président du Conseil d’Administration Vice-président du Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire M. le Professeur G. Annat M. le Professeur D. Simon M. G. Gay Secrétaire Général COMPOSANTES SANTE Faculté de Médecine Lyon Est – Claude Bernard Directeur : M. le Professeur J. Etienne Faculté de Médecine Lyon Sud – Charles Mérieux Directeur : M. le Professeur F-N. Gilly UFR d’Odontologie Directeur : M. le Professeur D. Bourgeois Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques Directeur : M. le Professeur F. Locher Institut des Sciences et Techniques de Réadaptation Directeur : M. le Professeur Y. Matillon Département de Biologie Humaine Directeur : M. le Professeur P. Farge COMPOSANTES ET DEPARTEMENTS DE SCIENCES ET TECHNOLOGIE Faculté des Sciences et Technologies Département Biologie Département Chimie Biochimie Département GEP Département Informatique Département Mathématiques Département Mécanique Département Physique Département Sciences de la Terre Directeur : M. le Professeur F. Gieres Directeur : M. le Professeur C. Gautier Directeur : Mme le Professeur H. Parrot Directeur : M. N. Siauve Directeur : M. le Professeur S. Akkouche Directeur : M. le Professeur A. Goldman Directeur : M. le Professeur H. Ben Hadid Directeur : Mme S. Fleck Directeur : M. le Professeur P. Hantzpergue UFR Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives Directeur : M. C. Collignon Observatoire de Lyon Directeur : M. B. Guiderdoni Ecole Polytechnique Universitaire de Lyon 1 Directeur : M. le Professeur J. Lieto Institut Universitaire de Technologie de Lyon 1 Directeur : M. le Professeur C. Coulet Institut de Science Financière et d'Assurance Directeur : M. le Professeur J-C. Augros Institut Universitaire de Formation des Maîtres Directeur : M R. Bernard 2 En écrivant les derniers mots de ce travail, mes pensées vont à Maud et Robin, Avec tout mon amour, A ma mère, Jocelyne, Avec toute ma gratitude, A ma grand-mère, Louiza, Avec toute ma fierté. 3 Je remercie l’ensemble des gens qui m’ont aider à réaliser ce travail, par de petites ou de grandes contributions. D’abord, mes remerciements vont à mes deux directeurs de thèse, les docteurs Hélène Bastuji et Frédéric Roche, pour avoir éclairer ce parcours jonché de solutions simples, dont la découverte nécessite un regard expérimenté. Je les remercie d’avoir fait se rencontrer deux domaines de recherche passionnants que sont le sommeil et le système nerveux autonome. Je les remercie également de leur soutien, la quête de solution et de compréhension n’étant pas toujours facile. Ensuite, je remercie les membres deux équipes au sein desquelles j’ai réalisé ces travaux au cours des trois dernières années, l’unité INSERM U879 de Lyon et l’unité universitaire SNA-EPIS, et en particulier leurs directeurs de recherche qui m’ont confié ces travaux de thèse, les docteurs Luis Garcia Larrea et Jean-Claude Barthélémy. Je pense aussi à Caroline Perchet, Stéphanie Mazza, Maud Frot, Michel Magnin, Ghislaine Lachal, Bérengère Houzé qui ont tous contribué à ces travaux dans un climat stimulant et agréable. Et longue vive à la menthe à l’eau! Je remercie également les stéphanois, Sébastien Celle, Delphine Maudoux, Emilia Sforza, Jean Claude Barthélémy, Vincent Pichot et Arnauld Garcin. Merci à Vincent pour ces longues et complexes réponses à mes petites questions simples et embêtantes, merci à ces heures de programmation et d’explication. Il me reste encore plein d’idées! Je remercie Novacor, pour son soutien financier, et particulièrement Laurent Poupard, qui m’a grandement faciliter la conduite de ces projets pendant tout ce temps de thèse, et avec qui j’ai plaisir à travailler. Enfin, je remercie également mes deux rapporteurs, Jean-Louis Pépin et Gilles Lavigne, d’avoir accepter de relire mon manuscrit. Merci à Gilles Lavigne, de m’avoir accepté en post-doctorat au sein de sa prestigieuse équipe de recherche. Une nouvelle aventure démarre à Montréal! 4 Une pensée pour ma famille, A mon frangin, j’espère qu’en lisant ce travail les idées pousseront. Merci de ta camaraderie grandissant avec la vie. A ma sœur et à mon père, en vous remerciant de votre soutien, et en vous promettant d’être plus présent. Une pensée pour Matéo, ses « non » et ses idées coquines du haut de ces deux ans. A Salima, Nacer, Hind, Soumya, Rayanne et Raydouane, j’espère que ce travail vous montrera que beaucoup de choses sont possibles. A Maud, quelle patience ! Merci de ton soutien inconditionnel, à nous maintenant de profiter des fruits de ce travail, à trois, bien calme ! Que cette aventure à trois nous même loin. A Robin, quelle impatience ! A nous de t’étonner encore et encore… Je remercie également, Mme Isabelle Garcia, Bernard Porterie, papy Jo, Jean-Pou et Isabelle, Pauline, et les amis de toujours qui sont dans toutes les aventures, bonnes ou mauvaises : Séb, Ju, Eric, Annie et Pompi, Mathieu, Jan (etc…)…vivement votre visite à Montréal! 5 Table des matières Introduction générale ............................................................................................................9 Chapitre 1 : états de vigilance.............................................................................................11 Phénoménologie des états de vigilance.................................................................................................................12 Veille.................................................................................................................................................12 Sommeil lent.......................................................................................................................................13 Sommeil paradoxal.............................................................................................................................15 Organisation des différents stades de sommeil au cours du sommeil.....................................................................16 Contrôle des états de vigilance...........................................................................................................................17 Veille.................................................................................................................................................17 Sommeil lent.......................................................................................................................................18 Sommeil paradoxal.............................................................................................................................19 Modèle de régulation réciproque.........................................................................................................................20 Processus de régulation de sommeil....................................................................................................................21 Conclusion.......................................................................................................................................................23 Chapitre 2 : contrôle autonome cardiaque..........................................................................26 Organisation anatomique du système nerveux autonome cardiaque.....................................................................28 Xème paire de nerf crânien : le nerf vague............................................................................................30 Nerfs sympathiques.............................................................................................................................30 Terminaisons nerveuses autonomes.......................................................................................................31 Propriétés fonctionnelles du système nerveux autonome cardiaque.......................................................................32 Propriétés « pacemaker » du cœur........................................................................................................32 Influence sympathique sur le rythme cardiaque.....................................................................................33 Influence parasympathique sur le rythme cardiaque..............................................................................34 Interaction entre systèmes cholinergique et noradrénergique....................................................................35 Contrôle central du système nerveux autonome...................................................................................................36 Contrôle spinal...................................................................................................................................36 Contrôle du tronc cérébral....................................................................................................................37 Influence baroréflexe..............................................................................................................38 Influence respiration...............................................................................................................41 6 Contrôle hypothalamique.....................................................................................................................43 Contrôle cérébral.................................................................................................................................44 Conclusion.......................................................................................................................................................45 Chapitre 3 : exploration de l’activité autonome cardiaque : méthodes d’analyse de la variabilité RR. Du domaine temporel à l’analyse temps-fréquence...................................46 Méthode d’analyse temporelle............................................................................................................................49 Méthode d’analyse géométrique..........................................................................................................................50 Méthode d’analyse fréquentielle.........................................................................................................................51 Standardisation des différentes fréquences et interprétations physiologiques..........................................................52 La puissance spectrale totale................................................................................................................53 Les ultras basses fréquences et les très basses fréquences........................................................................53 Les basses fréquences...........................................................................................................................54 Les hautes fréquences..........................................................................................................................56 Les valeurs normalisées.......................................................................................................................56 Le rapport BF/HF...........................................................................................................................57 Intérêts et limites de l’analyse par transformée de Fourier...................................................................................58 Transformée en ondelettes..................................................................................................................................59 Construction des ondelettes..................................................................................................................59 Application à l’analyse de la variabilité RR.......................................................................................62 Autres méthodes d’exploration du système nerveux autonome............................................................................63 Conclusion.......................................................................................................................................................65 Chapitre 4 : contrôle autonome cardiaque et états de vigilance.........................................66 Veille...............................................................................................................................................................67 Transition veille-sommeil..................................................................................................................................67 Sommeil lent ...................................................................................................................................................68 Sommeil paradoxal..........................................................................................................................................71 Effet circadien..................................................................................................................................................72 Conclusion.......................................................................................................................................................73 Chapitre 5 : Etude 1 : réactivité autonomique cardiaque aux stimulations nociceptives pendant le sommeil chez le sujet sain..................................................................................74 Introduction......................................................................................................................................................75 7 Méthode...........................................................................................................................................................76 Résultats..........................................................................................................................................................84 Discussion 1.....................................................................................................................................................93 Conclusion.......................................................................................................................................................97 Chapitre 6 : Etude 2 : réactivité autonomique cardiaque aux évènements respiratoires pendant le sommeil chez le sujet apnéique..........................................................................98 Introduction......................................................................................................................................................99 Méthode.........................................................................................................................................................101 Résultats........................................................................................................................................................107 Discussion 2..................................................................................................................................................119 Conclusion.....................................................................................................................................................123 Chapitre 7 : Etude 3 : impact de l’équilibre autonomique basale sur la réactivité corticale aux évènements respiratoires et aux stimulations nociceptives au cours du sommeil.......124 Introduction...................................................................................................................................................125 Méthode.........................................................................................................................................................126 Résultats........................................................................................................................................................128 Discussion 3..................................................................................................................................................133 Conclusion.....................................................................................................................................................136 Chapitre 8 : discussion générale.....................................................................................…137 Conclusion..........................................................................................................................145 Références bibliographiques..............................................................................................146 Annexes..............................................................................................................................163 8 Introduction générale Le mot « stress » est utilisé pour décrire l’état réactionnel de l’organisme soumis à une expérience émotionnelle et physiologique. La (les) contrainte(s) environnementale(s) à l’origine de cette réaction de l’organisme conduit alors le système nerveux central (SNC), qui prend la mesure de la (les) contrainte(s), à modifier l’activité d’un grand nombre d’organes. L’ensemble de ces modifications ont pour finalité de répondre à cette (ces) contrainte(s) afin de protéger l’intégrité de l’organisme, par un comportement adapté, qualifié de « combat ou fuite » (« fight-or-flight »). L’activité de ces organes converge alors vers une réponse mobilisatrice des capacités de l’organisme : métaboliques par la mobilisation des ressources énergétiques, oculaires par la mydriase pupillaire, respiratoire par la dilatation des bronches, thermogénique par la sécrétion de sueur ou encore cardio-vasculaire par l’augmentation de la fréquence cardiaque, des résistances périphériques et de la pression artérielle. Ces réponses, partagées par l’ensemble des espèces du monde animal, sont nécessaires à la survie de l’individu et s’appuient sur des mécanismes hormonaux où le cortisol joue un rôle important, mais aussi nerveux par la mise en jeu du système nerveux autonome (SNA). Bien que nécessaire, une activité excessive ou inadéquate de ces systèmes peut être délétère pour l’organisme. En effet, l’Homme peut se trouver dans certaines situations qui entraînent des périodes prolongées d’activation de ces systèmes comme l’anxiété, le stress chronique, ou encore en réponse à l’exposition répétée à des stimuli aversifs. Le SNA innerve la quasi-totalité des organes via deux systèmes, les systèmes nerveux sympathique et parasympathique, qui contribuent activement à de nombreuses fonctions physiologiques. Le SNA reçoit de nombreuses informations de nature et de provenance différente. L’hypothalamus est sans doute le plus haut niveau d’intégration et de modulation de la fonction autonome, sous le contrôle du cortex, en particulier du système limbique, impliquant un haut degré d’intégration informationnelle, en particulier émotionnelle. Le SNA assure donc une fonction homéostatique, maintenant les constantes du milieu intérieur ; par sa rapidité d’action, il produit aussi les premières réponses de l’organisme à des contraintes environnementales ou « stress ». Ces réponses aux contraintes environnementales restent dépendantes de la perception de l’individu. Or, si l’Homme éveillé entretient des rapports sensoriels étroits avec son 9 environnement, ces rapports sont altérés pendant le sommeil. En effet, si les réactions psychomotrices en réponse à des stimulations de l’environnement sont déprimées au cours du sommeil, les études du traitement de l’information sensorielle extérieure par les potentiels évoqués montrent que ce traitement est toujours présent. Ces modifications sont vraisemblablement en relation avec les changements de fonctionnement du cerveau au cours du sommeil. Les stimulations, bien qu’étant la plupart du temps traité par le SNC, entraînent inconstamment des réactions d’éveil mais toujours une réactivité autonomique. Dans ce travail, nous avons choisi d’étudier les réponses autonomiques à deux types de stimulation aversive, à savoir les évènements respiratoires obstructifs et les stimuli somatiques nociceptifs. Bien que la réactivité cardiaque à ce type de stimulations au cours du sommeil soit établie, nous avons cherché à déterminer quels étaient les phénomènes qui pouvaient la moduler. Pour cela, nous avons utilisé une méthode d’analyse des réponses autonomiques cardiaques basée sur la méthode de variabilité RR, qui consiste à décomposer le signal RR (ou fréquence cardiaque) et à en extraire les oscillations dépendantes de l’activité sympathique et celles dépendantes de l’activité parasympathique. Ces stimulations aversives produisant des réponses autonomiques marquées mais transitoires, il était nécessaire d’utiliser une méthode permettant des analyses sur de courtes durées, de l’ordre de plusieurs secondes. L’analyse temps-fréquence du signal RR, basée sur des transformées en ondelettes paraissait donc adaptée pour évaluer au mieux les variations du signal RR en réponse à ces stimulations aversives. 10 Chapitre 1 11 Etats de vigilance Pendant toute la durée de la vie l’activité cérébrale ne cesse jamais, et ceci quelle que soit la relation qu’entretienne le sujet avec son environnement, en isolement ou pleine conscience. Ainsi, l’activité du système nerveux central (SNC) s’organise en divers états de vigilance : l’état de veille, le sommeil lent (avec différents stades) et le sommeil paradoxal. Chacun d’eux se caractérise par une activité électroencéphalographique (EEG), électroculographique (EOG) et électromyographique (EMG) particulière. Le sommeil est un comportement instinctif, appétitif et incontournable mais qui s’accompagne, au contraire de la veille, de comportements pauvres et stéréotypés (position couchée, fermeture des yeux, rares mouvements…). Sous cette apparente simplicité comportementale se cachent des processus complexes de régulation du système nerveux. Après avoir décrit les principales caractéristiques de l’activité EEG, EOG et EMG de chacun de ces états de vigilance ainsi que leur organisation au sein d’une nuit de sommeil normal, nous aborderons dans cette partie le contrôle de chacun de ces états de vigilance ainsi que les processus de régulation du sommeil. Phénoménologie des états de vigilance Veille Cet état se caractérise par une activité EEG rapide et de faible amplitude, dite désynchronisée. Il existe plusieurs états de veille, de la veille calme à l’agitation. Lorsque le sujet ouvre les yeux, les fréquences de l’activité EEG recueillies se situent entre 16 et 32 Hz (rythme bêta) et ces fréquences sont réparties de façon diffuse sur le scalp. Cet état est caractérisé par de nombreux mouvements oculaires rapides et irréguliers ainsi que de fréquents clignements des paupières (dérivation EOG) associés à un tonus musculaire (EMG) élevé. Lors de la fermeture des yeux, l’activité alpha (entre 8 et 13 Hz) vient remplacer l’activité bêta, selon une topographie essentiellement pariéto-occipitale sur le scalp chez 80% des sujets. Ce rythme disparaît à l’ouverture des yeux, lors d’un effort de concentration ou d’une stimulation sensorielle (figure 1). 12 Sommeil lent Le sommeil lent se subdivise en sommeil lent léger (sommeil de stade 1 ou N1 dans la nouvelle classification (1) et sommeil de stade 2 ou N2) et en sommeil lent profond (ou sommeil de stade 3 et 4 ou N3). Le sommeil de stade 1 est considéré comme un stade de transition entre veille et sommeil. Il est en général de courte durée (quelques minutes) et représente une proportion faible de la période total de sommeil (2-5%). Le rythme alpha décrit pendant la veille calme (yeux fermés) ralentit et disparaît progressivement au profit du rythme thêta (4-8 Hz). Les mouvements oculaires rapides sont remplacés par des mouvements lents et de grande amplitude, le tonus musculaire est légèrement diminué par rapport à la veille. Les pointes vertex sont des graphoéléments spécifiques de ce stade de sommeil. Ces évènements sont constitués d’une polarité positive suivie d’une grande négativité maximale sur le vertex. Ils peuvent être évoqués par des stimulations acoustiques ou inspiratoires et refléteraient le processus d’information au cours de ce stade (2) (figure 1). Ce stade 1 est rapidement suivi par un autre stade de sommeil, le stade 2 (ou N2), caractérisé par l’apparition de grapho-éléments tels que les fuseaux de sommeil et les complexes K sur un fond d’activité thêta (figure 1). Quelques ondes lentes, dites delta (0,5-4 Hz) peuvent apparaître mais reste encore peu fréquentes (inférieur à 20% des périodes de 30 secondes analysée) (1). Les fuseaux de sommeil présentent une activité sigma, bouffées d’activité de 12 à 15 Hz d’une durée d’une demi seconde à une seconde. Deux types de fuseaux semblent apparaître de manière indépendante : les fuseaux lents (11-13 Hz) majoritaires au niveau frontal et les fuseaux rapides (13-15 Hz) au niveau pariétal (3-5). Les complexes K sont des ondes de polarité négative-positive (6). Roth et al. (7) distinguent 3 parties dans un complexe K. La première composante est une onde bi voire tri-phasique, puis une composante opposée à la première et enfin un rythme entre 12-14 Hz (fuseau de sommeil) suivant les composantes précédentes ou se superposant. Il existe toutefois une certaine variabilité de ce profil et plusieurs types de complexes K ont été proposés selon qu’ils sont provoqués ou spontanés (2), selon leur forme (7) et selon leurs relations avec les fuseaux de sommeil (8). 13 Le sommeil s’approfondissant, les ondes delta (0,5-4 Hz) s’amplifient et deviennent de plus en plus abondantes. Lorsque la proportion d’onde lente devient supérieure ou égale à 20% de la période analysée, le sujet entre en stade de sommeil lent profond. Cette activité est alors dite « synchronisée ». Le tonus musculaire en diminué par rapport au sommeil de stade 2 et les mouvements oculaires sont rares et lents (figure 1). Le sommeil lent profond est caractérisé par la présence d’une oscillation lente thalamocorticale (9) synchronisée dans une grande partie des neurones cérébraux reflétant la synchronisation de l’enregistrement EEG. Selon Massimini et al. (10), ces oscillations lentes sont fréquemment originaires des régions frontales du cortex et diffusent sur le scalp via une trajectoire antéropostérieure. L’activité EEG n’est pas homogène entre les hémisphères cérébraux au cours du sommeil lent (11, 12) et au cours de la transition veille sommeil, l’endormissement du thalamus précède celui du cortex qui lui-même s’endort avec un grande hétérogénéité (13). L’activité du cortex au cours du sommeil lent est donc lié à un processus global, l’oscillation lente thalamo-corticale, mais présente un degré de disparité au sein du cortex et dans la relation thalamo-corticale. Au cours du sommeil lent, des « phases transitoires » ou patterns cycliques alternant (cyclic Alternating Pattern ou CAP) peuvent survenir. Elles sont caractérisées par la répétition de séquences d’évènements EEG d’activation et de désactivation qui apparaissent à des intervalles de 2 à 60 secondes, bien différenciées de l’activité de base (14-16). Le CAP est identifié par des évènements transitoires d’activation EEG qui ressortent clairement de l’activité de fond du stade de sommeil considéré en raison d’un changement brutal de la fréquence et de l’amplitude (phase A). Les périodes de sommeil sans ces éléments phasiques correspondent à l’activité de fond du stade de sommeil appelée phase B. Les phases A peuvent être différentes (phase A1, A2, A3) selon quelles sont composées de fréquences lentes de grande amplitude (phase A1, incluant les pointes vertex, les bouffées de complexes K et de fréquence delta), de pattern mixte de fréquences lentes et rapides (phase A2, incluant des complexes-K alpha et des rythmes plus lents) ou de fréquences rapides de faible amplitude de la bande alpha et bêta (phase A3). Les phases A1 seraient la conséquence de l’activation de mécanismes stabilisateurs du sommeil (14), alors que les phases A2 et A3 sont considérées comme marqueurs de la fragmentation du sommeil correspondant aux micro-éveils définis par les classifications ASDA (17) et AASM (1). Ce pattern oscillatoire au cours du sommeil lent affecte aussi bien les activités EEG, motrices et 14 autonomiques (14, 18, 19) et peut être considéré comme un allégement transitoire du sommeil indépendamment de stimuli afférents, traduisant l’expression d’une instabilité du sommeil. Sommeil paradoxal Ce stade de sommeil se caractérise par le retour d’une activité EEG d’amplitude plus faible mais de fréquence rapide au niveau du cortex. On observe une activité thêta, parfois des ondes alpha et bêta récurrente et un grapho-élément propre à ce stade, les ondes en dents de scie (trains d’onde à 4 Hz). L’activité EEG de ce stade, proche de celle observée à l’éveil est associée à une abolition du tonus musculaire et à l’apparition de mouvements oculaires rapides survenant en bouffées (figure 1). L’association entre activité EEG rapide, tonus musculaire aboli et comportement de sommeil de l’animal est à l’origine de la terminologie proposée par Michel Jouvet de sommeil paradoxal (20, 21). Deux phases de ce stade sont distinguables en fonction de l’activité EOG : le sommeil paradoxal phasique contenant des mouvements oculaires rapides isolés ou en bouffées et le sommeil paradoxal dit tonique qui n’en présente pas. Bien que le cortex présente une activité EEG rapide et de bas voltage, toutes les structures thalamiques ne présentent pas ce pattern comme on pourrait le supposer. Magnin et al. (22) ont montré que les noyaux du pulvinar médian du thalamus, faiblement innervés par les projetions cholinergiques, peuvent être soumis à une activité lente au cours du sommeil paradoxal alors que le cortex montre une activité rapide. 15 Figure 1. Activités caractéristiques électroencéphalographique (EEG), électroculographique (EOG) et électromyographique mentonnier (EMG) de chaque état de vigilance. On peut constater le ralentissement des fréquences EEG avec l’approfondissement du sommeil jusqu’au ondes lentes du sommeil lent profond. Le tonus musculaire (EMG) est diminué pendant le sommeil. On peut noter les fuseaux et les complexes K du stade 2. Le sommeil paradoxe se caractérise par un retour d’une activité EEG rapide, d’une atonie musculaire et de mouvements rapides des yeux (EOG). E : éveil ; S1 : stade 1 ; S2 : stade 2 : SLP : sommeil lent profond ; SP : sommeil paradoxal. Données personnelles. Organisation des différents stades de sommeil au cours du sommeil Le sommeil s’installe périodiquement selon un rythme nycthéméral alternant avec la veille. Au sein de cet état physiologique, le sommeil lent et le sommeil paradoxal alternent selon des cycles de 90-120 minutes qui se reproduisent 3 à 6 fois au cours de la nuit. Le stade 1 représente alors moins de 5%, le stade 2 représente 45-55%, le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal 2025% chacun de la période total de sommeil. De plus, le sommeil lent profond prédomine dans les premiers cycles de sommeil, alors que le stade 2 et surtout le sommeil paradoxal domine dans les derniers cycles. Cette organisation générale des états de vigilance est perpétuellement remaniée au cours de la vie, depuis la période intra-utérine à la vieillesse. A la naissance il existe une prédominance du sommeil paradoxal qui avec l’âge s’inverse au profit du sommeil lent. Chez 16 l’adulte, le vieillissement est accompagné d’une diminution de la durée du sommeil lent et de la durée totale de sommeil ainsi que d’une augmentation de la fragmentation du sommeil et de la durée du stade 1. L’évolution temporelle des différents stades de sommeil au cours de la nuit est représentée par un hypnogramme (figure 2). Figure 2 : hypnogramme d’une nuit de sommeil normal. L’activité du système nerveux central s’organise en trois états de vigilance distinguables chez l’homme : l’état de veille (E), le sommeil lent (stade 1 (S1 ou N1), stade 2 (S2 ou N2) et sommeil lent profond (SLP ou N3)) et le sommeil paradoxal (SP ou R). Le sommeil lent et le sommeil paradoxal alternent au sein d’un cycle de 90120 minutes qui se reproduisent 3 à 6 fois, entrecoupé de phases d’éveil. Données personnelles. Contrôle des états de vigilance La modulation des états de vigilance est sous la dépendance principalement de structures sous corticales : le thalamus, la formation réticulée du tronc cérébral, le télencéphale basal et l’hypothalamus. Divers neurotransmetteurs et plusieurs structures sont impliqués démontrant la complexité des systèmes contrôlant la veille, le sommeil lent et le sommeil paradoxal. Veille L’état cortical au cours de l’éveil est induit par plusieurs systèmes neurochimiques. Certains d’entre eux appartiennent à la formation réticulée activatrice (23, 24) tels que les neurones sérotoninergiques du noyau dorsal du raphé, des neurones noradrénergiques du locus ceruleus, les neurones histaminergiques du noyau tuberomammilaire et les neurones cholinergiques du tegmentum pontique dorsolatéral et pedunculopontique et du mésencéphale basal. Le système à 17 orexine-hypocrétine, situé dans l’hypothalamus postérieur, joue un rôle majeur dans le contrôle de l’éveil (25). L’ensemble des systèmes d’éveil se projette vers le thalamus et/ou le néocortex et assure le contrôle cortical de l’état d’éveil (26). Il est donc responsable de l’activité EEG de bas voltage et de hautes fréquences caractéristiques de ce stade aussi que du tonus EMG élevé. Ces systèmes inhibent les neurones réticulaires thalamiques, facilitant alors le fonctionnement en mode relais des neurones relais thalamo-corticaux et la transmission de l’information jusqu’au cortex. Le système à orexine-hypocrétine serait le premier système activé qui permettrait l’activation des autres systèmes d’éveil (systèmes cholinergique, histaminergique, et monoaminergique) et maintiendrait les neurones dit « SP-off » actifs (c’est-à-dire dépresseur du sommeil paradoxal), empêchant ainsi la survenue du sommeil paradoxal (25). L’ensemble de ces données est synthétisé dans la figure 4 (A)). Sommeil lent Contrairement aux vastes réseaux neuronaux de l’éveil, les neurones contrôlant le sommeil lent sont regroupés au sein des noyaux préoptiques (PO), situés au dessous du chiasma optique et plus particulièrement au sein des noyaux préoptiques ventrolatéraux (POVL) (27). Ces neurones du POVL sont principalement responsables de l’induction du sommeil (28). Cette structure présente des décharges neurales spécifiquement élevées pendant le sommeil lent, généralement précédant l’apparition de celui-ci et qui augmentent progressivement avec la profondeur du sommeil (29). La destruction des neurones du POVL entraîne une insomnie chez le rat et le chat (30, 31) (figure 4 (B)). Certains neurones du POVL sont de type acide gamma-aminobutyrique (GABA) et galanine et se projettent sur les systèmes d’éveil, ce qui leur permet pendant le sommeil, d’inhiber les systèmes d’éveil. Ce mécanisme a été démontré pour les neurones sérotoninergiques du noyau dorsal du raphé, les neurones tuberomammillaire histaminergiques, les neurones à orexine de l’hypothalamus, les neurones cholinergiques du tegmentum pontique dorsolatéral et pedunculopontique et les noyaux de la base du mésencéphale ainsi que les neurones noradrénergiques du locus ceruleus (25). L’activation des neurones contrôlant le sommeil permettrait la genèse des rythmes lents delta thalamo-corticaux typiques du sommeil lent par des projections directes sur le cortex et indirectes par l’inhibition des systèmes d’éveil. La diminution 18 des stimulations sensorielles extérieures serait aussi nécessaire à l’induction du sommeil car les systèmes de l’éveil resteraient excitables par ces stimulations. D’autres systèmes participent à la genèse des évènements en sommeil lent tel que le thalamus. Les fuseaux de sommeil sont générés par les neurones GABAergiques du noyau réticulaire thalamique, qui inhibent les neurones relais thalamiques (9, 32). Lors de la veille, les afférences cholinergiques du tronc cérébral par leur action inhibitrice sur les neurones thalamiques réticulaires et excitatrice sur les neurones relais thalamo-corticaux, facilitent le passage du thalamus en mode relais et conduisent également à une inhibition des fuseaux du sommeil. Inversement, la diminution de l’activité cholinergique facilite la génération des fuseaux et le passage de la veille au sommeil lent. Les afférences adrénergiques et sérotoninergiques limiteraient également les décharges rythmiques des cellules thalamiques réticulaires mais induisent surtout une augmentation de la décharge des cellules relais thalamo-corticales, améliorant aussi le transfert des informations vers les structures corticales. Pendant la présence des fuseaux, les influx sensoriels ne pourraient pas être relayées vers le cortex car les neurones relais thalamo-corticaux sont hyperpolarisés et la probabilité qu’ils répondent à des influx synaptiques provenant de la périphérie baisse. Ainsi, ce processus a une fonction « porte » en ce qui concerne le flux d’informations spécifiques passant du thalamus au cortex. La diminution de l’influence cholinergique provenant du tronc cérébral provoque l’hyperpolarisation des neurones relais thalamiques et l’activation (libération) du générateur thalamique (le noyau réticulaire thalamique) qui entraîne donc à son rythme les neurones thalamo-corticaux et les cellules pyramidales du cortex conduisant aux fuseaux mais aussi à l’activité synchronisée du sommeil lent. Les ondes lentes résultent de la sommation de potentiels inhibiteurs hyperpolarisants des cellules pyramidales et les oscillations très lentes inférieures à 1 Hz (SWA : slow wave activity), d’une séquence biphasique d’hyperpolarisation et de dépolarisation prolongées qui permet de synchroniser l’activité cortical au cours du sommeil. Sommeil paradoxal Au cours du sommeil paradoxal, la plupart des neurones du POVL restent actifs (29, 33). L’induction et le maintien du sommeil paradoxal impliquent alors plusieurs autres systèmes qui 19 sont complètement différents de ceux de l’éveil. Fort et al. (25) propose un modèle dans lequel l’activité EEG désynchronisée et l’atonie musculaire au cours du sommeil paradoxal seraient induites principalement à partir des neurones glutamatergiques des noyaux dorso-sublatéraux. Pendant l’éveil et le sommeil lent, les neurones de ces noyaux dits « SP-on » (c’est-à-dire promoteur du sommeil paradoxal) seraient inhibés par l’activité tonique GABAergique originaire de neurones ventro-latéraux de la substance gris périaqueducale et des noyaux réticulaires mésencéphaliques profonds. Ces neurones dits « SP-off » (c’est-à-dire dépresseurs du sommeil paradoxal) seraient activés principalement pendant l’éveil par le système à oréxine (hypocrétine). Plusieurs structures dites « SP-on » participeraient à l’induction et au maintien du sommeil paradoxal en inhibant les structures « SP-off » : certains neurones ventro-latéraux GABAergiques de la substance grise périaqueducale et des noyaux réticulaires paragigantocellulaires dorsaux ainsi que des neurones hypothalamiques GABAergiques et à mélatonine (melanin-concentrating hormone (MCH)) (Pour revue, voir (25)). Enfin, les projections descendantes des noyaux dorso-sublatéraux induiraient l’atonie musculaire par des projections excitatrices glycinergiques sur les pré-motoneurones localisés dans les noyaux réticulaires gigantocellulaires ventraux et alpha ainsi que sur les noyaux du raphé magnus qui eux même se projettent sur les motoneurones spinaux (25). Les projections ascendantes désinhibitrices des noyaux dorso-sublatéraux induiraient l’activation corticale et thalamique caractéristique du sommeil paradoxal via des projections sur les neurones thalamique relais. Ce contrôle se ferait avec de nombreuses autres structures cholinergiques et glutamatergiques : les noyaux tegmental dorso-latéraux et pédunculopontin, les noyaux réticulaires pontins et mésencéphalique ainsi que le mésencéphale basal (figure 4 (C)). Modèle de régulation réciproque Comme nous venons de le voir, l’activation des neurones du POVL contrôlant le sommeil induirait l’inhibition des systèmes d’éveil et permettrait l’installation du sommeil. De la même manière, l’activation des systèmes d’éveil pourrait inhiber les noyaux POVL, en particulier les neurones histaminergiques (par libération de GABA), noradrénergiques, acétylcholinergiques et sérotoninergiques (28, 34). De plus, les neurones du POVL montrent un pattern d’activité inverse de celui des neurones des systèmes d’éveil (35). A partir de ces observations, le système d’éveil et 20 le système du sommeil sont considérés, au sein du cycle sommeil-veille, comme un modèle d’interaction réciproque en « flip-flop ». Concernant la régulation du sommeil paradoxal, les décharges régulières des neurones SP-off (inhibiteurs) empêchent l’activation des neurones SP-on pendant le sommeil lent et l’éveil. Inversement, au cours du sommeil paradoxal les neurones SPon inhibent les neurones SP-off. Ainsi, le même type de mécanisme en flip-flop serait mis en jeu pour la régulation du sommeil paradoxal entre neurones SP-on et SP-off, influencé comme nous venons de le voir par les systèmes de l’éveil (25). Processus de régulation du sommeil Plusieurs types de modélisation de la régulation du sommeil et de l’éveil ont été proposés. Parmi eux, Borbely (36) ou encore Daan et al. (37) ont présenté un modèle de régulation du rythme veille/sommeil basé sur deux processus. Il inclut un processus circadien dit « C », composante sinusoïdale endogène avec un minimum matinal et un maximum en fin de journée, et un processus homéostatique dit « S » (figure 3), basé sur l’augmentation de la pression de sommeil au cours de la phase d’éveil et diminuant pendant le sommeil. Ces deux processus fonctionnent en opposition de phase, nous permettant de rester éveillé et alerte au cours de la période d’éveil bien que la pression de sommeil se fasse de plus en plus grande. De la même manière, cette opposition de phase maintient aussi le sommeil alors que la pression de sommeil se fait de moins en moins grande au cours de la nuit (38). 21 Figure 3 : modélisation de la régulation des états de vigilance. a) le processus homéostatique, est basé sur l’augmentation de la pression de sommeil au cours de la phase d’éveil (E) et la diminution pendant le sommeil (S) ; b) le processus circadien présente un minimum matinal et un maximum en fin de journée. Ces deux processus fonctionnent en opposition de phase, nous permettant de rester éveillé et alerte au cours de la période d’éveil et maintient le sommeil pendant la nuit ; c) certain modèle inclut un processus supplémentaire, dit ultradien expliquant les variations intra-circadien et l’alternance du sommeil lent (SL) et sommeil paradoxal (SP). Modifié d’après (39). La puissance spectrale delta EEG au cours du sommeil lent (et particulièrement les très basses fréquences de la bande delta (SWA : puissances spectrales EEG <1 Hz) a été proposée comme reflet du processus homéostatique car elle est dépendante de la durée de l’éveil et du sommeil (40, 41). D’autres variables physiologiques sont majoritairement sous dépendance circadienne telles que la température corporelle (42) et la sécrétion de mélatonine (43). Gallopin et al. 2005 (44) ont montré que les noyaux POVL contrôlant le sommeil lent seraient activés par l’adénosine. Ainsi, l’accumulation d’adénosine mais aussi de sérotonine au cours de la veille participerait à l’induction du sommeil. Plus la durée de la période de veille serait longue, plus l’accumulation de ces neurotransmetteurs serait importante et plus la pression homéostatique du sommeil serait forte. Ainsi l’éveil provoquerait sa propre inhibition selon un processus homéostatique. D’autre part, les noyaux suprachiasmatiques (SCH) proches des noyaux POVL peuvent présenter des activités synchronisées avec les noyaux POVL (45). Or ces noyaux SCH sont considérés comme le générateur des rythmes circadiens. Les noyaux POVL seraient 22 donc sous modulation circadienne via les noyaux SCH (46, 47) et homéostatique par l’action de l’adénosine et de la sérotonine. Ces données sont cohérentes avec la modélisation évoquée plus haut et fournissent la base neurophysiologique de ce modèle. Toutefois, parmi les nombreux modèles proposés, un modèle avec troisième processus, un processus ultradien a été décrit afin d’expliquer les variations intra-circadien, celle des stades de vigilance par exemple (39). Conclusion L’activité du SNC s’organise à partir de ces différents états de vigilance qui s’enchaînent avec une périodicité d’environ 24 heures et est réglée par un processus homéostatique et circadien afin de permettre à l’activité du SNC d’être adaptée à la fois à son environnement et à ses besoins. Si la compréhension des processus de contrôle des états de vigilance est avancée, les fonctions physiologiques du sommeil sont toujours largement discutées. L’organisation des états de vigilance au cours des 24 heures repose sur des réseaux de neurones complexes (figure 4), situé dans de nombreuses structures sous-corticales - du tronc cérébral à l’hypothalamus et au thalamus. Ces systèmes de contrôle des états de vigilance présentent des activités dynamiques, redondantes et antagonistes (système sommeil/éveil – SPon/SP-off) afin de limiter les changements inappropriés d’état, ce qui permet, en somme de générer des états de vigilance stables. Certains éléments de la microstructure du sommeil, tels que les CAP seraient une expression de la modulation dynamique et antagoniste des systèmes d’éveil et du sommeil qui oscillerait entre un état d’éveil (phase A) et de sommeil (phase B) au cours du sommeil lent. Si les activités EEG, EOG et EMG sont les paramètres les plus fiables pour établir les états de vigilance, de nombreuses autres variables telle que l’activité autonomique cardio-vasculaire sont modulées par les états de vigilance. 23 24 Figure 4 : Réseaux neuronaux responsables (a) de l’éveil (E), (b) du sommeil lent (SL) et (c) du sommeil paradoxal (SP). 5HT : 5-hydroxytryptamine (sérotonine) ; Ach : acétylcholine ; ADA : adénosine ; GABA : acide γ-aminobutyrique ; Gly : glycine ; Hcrt : Neurone à Hypocrétine (oréxine) ; His : histamine ; HP : hypothalamus postérieur ; MB : mésencéphale basal ; LC : locus ceruleus ; NA : noradrenaline ; NCH : neurone contenant de la mélatonine ; nDLL : noyau doral sublatéral ; nPVL : noyau préoptique ventrolatérale ; nRGv : noyau réticulaire gigantocellulaire ventral ; nRMp : noyau réticulaire mésencéphalique profond ; nRPGd : noyau réticulaire paragigantocellulaire dorsal ; nRD : noyau du raphé dorsal ; nSC : noyau suprachiasmatique ; nTD : noyau tegmental dorsolatéral ; nTM : noyau tuberomamillaire ; RT : noyau thalamique réticulaire ; sGPAvl : substance grise periaqueductale ventrolatérale ; TPP : noyau tegmental pedunculopontique. Modifié d’après (28). 25 Chapitre 2 26 Contrôle autonome cardiaque Du cœur aux bronches en passant par le système digestif jusqu’aux muscles de la vessie, le système nerveux autonome (SNA) innerve la quasi-totalité des organes et contribue activement à de nombreuses fonctions physiologiques (sécrétion et motilité gastro-intestinales, contrôle cardiovasculaire, respiration et du tonus bronchique, métabolisme, etc…). Au sein du SNA, on distingue des cellules nerveuses afférentes, ou viscéro-sensitives véhiculant l’information sur l’état de l’organisme jusqu’au SNC ; et des cellules efférentes (viscéro-motrices et sécrétrices) relayant les commandes du SNC jusqu’aux organes. A travers de nombreux réflexes viscéraux mettant en jeu ces cellules nerveuses afférentes et efférentes, le contrôle central autonomique assure le maintien de l’homéostasie cardiovasculaire et plus largement celui du milieu intérieur en fonction des exigences environnementales. Les cellules nerveuses viscéro-sensitives constituent le système nerveux autonome « entérique ». Les cellules nerveuses viscéro-motrices et sécrétrices sont divisées en deux systèmes : le système nerveux sympathique (SNS) et le système nerveux parasympathique (SNP). La prédominance de l’activité du SNS assure par sa réactivité rapide la première réponse à un stress, contrairement à d’autres systèmes plus lents, tel que le système hormonal. Le SNS permet alors la mobilisation des ressources énergétiques, la mydriase des pupilles, la dilatation des bronches, la sécrétion de sueur et l’augmentation de la pression artérielle. Par cette action, il est le pré-requis nécessaire à tout comportement en réponse à un stress ou une situation d’urgence. Au contraire, une prédominance de l’activité parasympathique favorise le métabolisme, la régénérescence et la reconstitution des réserves énergétiques par le renforcement de la mobilité et la sécrétion gastro-intestinale, la défécation et la miction, le myosis pupillaires et le ralentissement de la fréquence cardiaque. Le SNA adapte harmonieusement le fonctionnement des organes tout en respectant leur indépendance. Si son action est interrompue, les organes survivent et continuent à fonctionner mais leur activité n’est plus organisée dans l’homéostasie et dans la réactivité à un stress ou une situation d’urgence. 27 Nous décrirons dans cette partie le système nerveux autonome périphérique, les centres de contrôle autonomique et les structures du SNC pouvant influencer ces centres autonomiques. Organisation anatomique du système nerveux autonome cardiaque Le SNA innerve un grand nombre d’organe : le SNS couvre une étendue d’innervation très grande, alors que le SNP innerve les viscères dont le cœur, les organes génitaux externes, les glandes de la tête et des yeux (figure 5), à partir d’une organisation thoracolombaire et crâniosacrée respectivement. Concernant les cellules nerveuses du système nerveux autonome entérique, le corps cellulaire de ces cellules viscéro-sensitives se trouve dans les ganglions spinaux. Ces cellules innervent les viscères telles que le cœur, l’estomac, le foie, la vésicule biliaire, le colon et le caecum. Le SNA fonctionne à partir d’informations ascendantes et d’arcs réflexes. Il intègre une quantité d’informations importantes de nature différente provenant de récepteurs du système autonome entérique mais aussi du système nerveux somatique qui peuvent être dans les deux cas des chémorécepteurs, thermorécepteurs, barorécepteurs, nocicepteurs, mécanorécepteurs, osmorécepteurs, etc… Figure 5. Organisation générale du système nerveux autonome. De nombreux organes sont sous contrôle autonome. Modifié d’après (48). 28 Les SNS et SNP périphériques sont constitués de deux groupements de neurones : des neurones pré-ganglionnaires et des neurones post-ganglionnaires. Les neurones préganglionnaires sont myélinisés (fibre B) et conduisent l’influx nerveux plus rapidement que les neurones post-ganglionnaires qui sont amyéliniques (fibre C). Les neurones pré-ganglionnaires du SNS sont courts et ont de nombreuses projections alors que ceux du SNP sont plus longs, le ganglion du SNP étant plus près de l’organe ou du tissu innervé (figure 6A). L’influx nerveux se propage à travers une synapse cholinergique entre ces deux groupements de neurones dont les récepteurs post-synaptiques sont nicotiniques. Bien que toutes ces synapses soient principalement cholinergiques, elles peuvent contenir d’autres neurotransmetteurs qui auraient un rôle de neuromodulation tels que l’enképhaline, la somastatine, la neurotensine et la substance P ou encore la NO-synthase (49). Les neurones post-ganglionnaires parasympathiques libèrent de l’acétylcholine qui se fixe à des récepteurs muscariniques, alors que pour les neurones sympathiques, le neurotransmetteur est la noradrénaline et les récepteurs adrénergiques (les glandes surrénales libèrent à 90% de l’adrénaline). Les neurones post-ganglionnaires sympathiques à destinée des glandes sudoripares font exception puisqu’ils libèrent de l’acétylcholine qui se fixe sur des récepteurs muscariniques. Les axones de neurones autonomes contrôlant le cœur prennent naissance à des niveaux différents du système nerveux central : au niveau médullaire thoracique T1 à T4 pour le système sympathique et au niveau du bulbe rachidien pour le système parasympathique. Ces axones empruntent des voies différentes dans les deux cas, les nerfs sympathiques dans un cas et le nerf vague dans l’autre (figure 6A). 29 Figure 6. Organisation des neurones parasympathiques (en vert) depuis le tronc cérébral et sympathiques (en jaune) depuis la colonne inter-médio-latérale (CIML) de la corne latérale. Les neurones cholinergique sont représentés en rouge et ceux adrénergiques en noir. Modifié d’après (50). Xème paire de nerf crânien : le nerf vague Les axones parasympathiques à destinée cardiaque trouvent leur origine au sein des noyaux moteurs du vague (NMV) et des noyaux ambigus (NA) situés au niveau du plancher du 4ème ventricule. Ces axones empruntent le nerf vague depuis l’arrière de l’olive inférieure du bulbe rachidien. Il quitte la boîte crânienne par le foramen jugulaire, forme les ganglions supérieur et inférieur du nerf vague, descend dans le cou (conjointement à la veine jugulaire interne, l'artère carotide interne et commune) et enfin traverse l’ouverture du thorax. Il donne plusieurs branches, les rameaux pharyngiens, le nerf laryngé supérieur, le nerf laryngé récurrent mais surtout les rameaux cardiaques cervicaux qui conduisent les axones parasympathiques à destinées cardiaques (50). Ces axones se terminent dans le plexus cardiaque, près du cœur. Les neurones postganglionnaires se projettent sur le nœud sinusal et le nœud auriculo-ventriculaire. Les nerfs sympathiques Le corps cellulaire du nerf pré-ganglionnaire sympathique se situe au sein de la colonne intermédio-latérale (IML) de la corne latérale des segments thoraciques de T1 à T4 (figures 5 et 6). La plupart de ces axones émergent au niveau des racines ventrales et via les rameaux communicants 30 (myélinisés) puis rejoignent la chaîne sympathique para-vertébrale (figure 6B). Une partie des axones de ces neurones se termine ici en effectuant la jonction avec les corps cellulaires des neurones post-ganglionnaires qui eux-mêmes se projettent sur l’organe cible en empruntant les rameaux communicants gris (amyélinique). Certains neurones pré-ganglionnaires traversent cette chaîne para-vertébrale et finissent par faire synapse avec les neurones post-ganglionnaires dans des ganglions pré-vertébraux (voire terminaux, au contact de l’organe cible). Concernant le cœur, les axones cheminent à travers les ganglions para-vertébraux sans synapse, jusqu’aux ganglions cervicaux supérieur, moyen ou le ganglion stellaire (ganglion cervical inférieur et premier ganglion thoracique) pour faire synapse avec des neurones post-ganglionnaires sympathiques (voir figures 5, 6 et 7). Ces neurones, issus des ganglions cervicaux et thoraciques supérieurs se dirigent vers le cœur et participent à la formation du plexus cardiaque avec les nerfs parasympathiques (50). Enfin, la glande surrénale agit sur le cœur par la libération de neurotransmetteurs dans la circulation sanguine. Cette dernière fait exception aux règles qui organisent le SNS, puisqu’elle est innervée directement par des neurones pré-ganglionnaires sympathiques. Figure 7. Tronc sympathique, segment cervical, et partie supérieure du thorax innervant le cœur. Modifié d’après (50). Terminaisons nerveuses autonomes Les axones autonomes se ramifient en petites branches, caractéristisées par des varicosités (renflements de 0,5 à 2 µm de diamètre et de 1 µm de longueur), remplis de vésicules riches en 31 neurotransmetteurs et en mitochondries. Ces varicosités sont réparties le long de l’axone et forment ainsi une sorte de plexus. Ces terminaisons n’innervent pas individuellement chaque cellule cardiaque mais se distribuent en faisceaux de fibres. Le contact s’effectue entre des fibres dont les membranes plasmiques s’accolent dans des zones de jonction de faible résistance (« gap junctions »). L’influx électrique entraîne une libération de neurotransmetteurs par les varicosités, ce qui provoque une modification du potentiel membranaire postjonctionnel, excitateur en cas de dépolarisation, inhibiteur en cas d’hyperpolarisation (51). Propriétés fonctionnelles du système nerveux autonome cardiaque Propriétés « pacemaker » du cœur Un cœur perfusé et desinnervé continue à battre à une fréquence cardiaque d’environ 100 battements par minute chez l’homme (fréquence cardiaque intrinsèque). Cette capacité repose sur l’activité de certaines cellules cardiaques qui sont des cellules polarisées, excitables et qui présentent la propriété originale de s’auto-dépolariser (pacemaker). Cette dépolarisation se propage aux oreillettes (la dépolarisation des oreillettes est marquée par l’onde P de l’enregistrement électrocardiographique (ECG), voir figure 8). Cette dépolarisation est transmise aux ventricules par le nœud auriculo-ventriculaire, distribuée par le faisceau de His jusqu’aux cellules de Purkinje qui entraînent la dépolarisation des ventricules (la dépolarisation des ventricules est représentée par le complexe QRS, sa repolarisation par l’onde T) (52). Figure 8. Activité électrique cardiaque. L’onde P représente la dépolarisation des oreillettes. L’onde QRS représente la dépolarisation des ventricules, et l’onde T la repolarisation de ces derniers. La fréquence cardiaque (FC, en battement par minute, batt/min) correspond alors au nombre de dépolarisation des ventricules ou de contraction du myocarde par minute. Une autre manière de l’exprimer sont les intervalles RR (RR, en millisecondes, ms), c’est-à-dire le temps entre deux complexes QRS consécutifs. Ces deux dénominations sont l’expression d’un même paramètre, l’activité chronotrope cardiaque, et sont reliés par une relation inverse (FC=60×(1/RR/1000)). Données personnelles. 32 Cette propriété pacemaker repose sur l'existence d'une dépolarisation spontanée du potentiel de repos des cellules du nœud sinusal (dépolarisation diastolique spontanée) : le potentiel de ces cellules, qui est au repos de -65 mV, se dépolarise progressivement jusqu’à atteindre le seuil de déclenchement du potentiel d’action à environ -40 mV. Plus la pente de dépolarisation spontanée est élevée, plus le seuil de déclenchement du potentiel d’action est atteint rapidement et plus la fréquence cardiaque est élevée. Dans un cœur desinnervé, c’est le nœud sinusal qui entraîne le reste des cellules cardiaques excitables. Toutefois, en absence de nœud sinusal, les cellules du nœud auriculo-ventriculaire et du faisceau de His sont capables de générer elles aussi cette impulsion cardiaque et donc une fréquence cardiaque intrinsèque (à un rythme inférieur au rythme spontané des cellules du nœud sinusal). Les phases du potentiel d'action d'une cellule nodale dépendent de plusieurs courants ioniques dont les principaux sont : le courant potassique Ik+, les courants calciques, à composante transitoire Ica2+(T), à composante lente Ica2+(L), un courant (sodique principalement) aux propriétés inattendues nommé If (f pour « funny ») et enfin, un courant sodique nommé Ib (b pour « background ») (53). L'existence de plusieurs courants responsables de l'activité spontanée des cellules nodales servirait de mécanisme de sécurité, l’absence d'un de ces courants ne pouvant compromettre la fonction essentielle de pacemaker. L'activité de ces divers courants ioniques peut être modifiée par de nombreux facteurs tels que les ions calcium, la thyroxine, un pH sanguin abaissé (acidémie) entre autres. Par son innervation riche sur les cellules excitables du coeur, le SNA est le facteur essentiel du contrôle de l’activité électrique cardiaque. Influence sympathique sur l’activité cardiaque Les neurotransmetteurs cardiaques libérés par les neurones post-ganglionnaires sympathiques sont de type catécholaminergique. Au niveau des synapses cardiaques, l’influx nerveux conduit par les axones post-ganglionnaires induit la libération de noradrénaline contenue dans les varicosités terminales. Les glandes surrénales, quant à elles, libèrent dans la circulation sanguine l’adrénaline, qui atteint le coeur par les artères coronaires. Ces deux neurotransmetteurs se fixent alors sur les récepteurs adrénergiques post-synaptiques de type bêta (70% sont de type bêta-1 et 30% de type bêta-2). Au contraire du SNP, l’innervation sympathique cardiaque est riche sur le nœud sinusal et le nœud auriculo-ventriculaire mais aussi sur les ventricules, ce qui permet au SNS d’exercer un 33 contrôle positif sur les fonctions chronotrope, dromotrope mais aussi inotrope (augmentation de la fréquence cardiaque, de la conduction de l’influx nerveux vers les ventricules et de la force de contraction des ventricules respectivement). La stimulation des récepteurs adrénergiques augmente la pente de la dépolarisation diastolique spontanée principalement via une voie de signalisation intracellulaire mettant en jeu une protéine G, une protéine kinase A et qui aboutit à l’activation des courants calciques et d’autre nature (54, 55). Ce mécanisme est à l’origine des effets chronotropes et dromotropes cardiaques positifs, en favorisant l’excitabilité des cellules nerveuses des nœuds sinusal et auriculo-ventriculaire (figure 9). Enfin, cette action est soumise à l’influence de certains neuromodulateurs qui peuvent intervenir dans ces réponses cardiaques à l’influx sympathique. L’angiotensine 2 par exemple, peut se fixer sur des récepteurs AT1 pré-synaptiques et augmenter la libération de noradrénaline. D’autres facteurs ont un effet similaire tels que le neuropeptide Y, la dopamine, la prostaglandine E2, certains opiacés, l’histamine, l’adénosine, l’ACTH, la neurokinine A, la bradykinine, etc… Inversement, l’adénosine et le NO peuvent inhiber cette libération et l’activation de récepteur alpha 2 pré-synaptique par les catécholamines elles mêmes permet une auto-inhibition de la libération de noradrénaline. Influence parasympathique sur l’activité cardiaque L’innervation parasympathique cardiaque est riche sur les nœuds sinusaux et auriculoventriculaire mais faibles sur les ventricules. L’activité parasympathique a donc essentiellement des effets chronotropes et dromotropes négatifs (ralentissement de la fréquence cardiaque et de la conduction de l’influx nerveux vers les ventricules respectivement). L'acétylcholine, libérée par les terminaisons nerveuses parasympathiques, se fixe sur les récepteurs muscariniques (de type M2). La stimulation parasympathique active alors une protéine G inhibitrice, diminuant les courants ioniques responsables de la dépolarisation spontanée (53). Ce mécanisme permet d’hyperpolariser le potentiel membranaire de repos (diminution du potentiel membranaire de repos) et de diminuer la pente de dépolarisation diastolique spontanée (figure 9). L’activité parasympathique augmente alors le temps nécessaire pour atteindre le potentiel seuil à partir duquel se déclenche le potentiel d'action et diminue l’excitabilité des cellules du nœud auriculo-ventriculaire, aboutissant à une diminution de la fréquence cardiaque et de la vitesse de transmission de l’impulsion aux ventricules. La stimulation vagale provoque également un déplacement de la zone « pacemaker » au 34 sein même du nœud sinusal. Cette fonction pacemaker semble plutôt se déplacer vers des cellules qui se dépolarisent à une fréquence plus basse. Figure 9. Potentiels de pacemaker normal (a), au cours d’une stimulation sympathique (b) et parasympathique (c). On peut voir que l’effet sympathique accroît la pente de dépolarisation spontanée alors que l’effet parasympathique diminue le potentiel de repos et la pente de dépolaristion. D’après (56). Interaction entre systèmes cholinergique et noradrénergique. Les systèmes sympathique et parasympathique sont largement décrits comme « antagonistes et complémentaires » (57). Cette notion repose essentiellement sur l’existence de l’interaction pré- et post-jonctionnelle entre acétylcholine et noradrénaline. En effet, l’acétycholine peut inhiber l’effet sympathique sur le cœur en inhibant les voies intra-cellulaires cardiaques et en diminuant la quantité de noradrénaline libérée par la terminaison sympathique via des récepteurs muscariniques pré-jonctonnels. Réciproquement, une stimulation sympathique peut diminuer l’effet de l’acétycholine sur le cœur et inhiber la libération d’acétycholine par des récepteurs adrénergiques alpha-1 sur les terminaisons vagales (58). Toutefois, les interactions entre noradrénaline et acétycholine sont plus complexes, et dans certains cas, l’acétycholine ou la noradrénaline peuvent potentialiser l’effet de l’autre neurotransmetteur (59, 60). De plus, Koizumi et Kollai (61) ont montré que des stimulations du système nerveux central pouvaient entraîner des patterns d’activité autonomique différents : certaines stimulations entraînent un pattern antagoniste où l’activité de l’un deux systèmes autonomiques est augmentée et celle de l’autre système diminuée, mais aussi un pattern de co-activation où l’activité des deux systèmes diminue et un pattern de co-activation où celle des deux augmente. 35 Contrôle central du système nerveux autonome Le contrôle autonomique de l’activité cardiaque dépend d’informations de nature différente provenant de chémorécepteurs, thermorécepteurs, barorécepteurs, nocicepteurs, mécanorécepteurs, osmorécepteurs, et de différents systèmes : respiratoire, cardio-vasculaire, de thermorégulation et rénine-angiotensine (62). A partir de ces informations et aux moyens d’inhibition et de stimulation depuis les systèmes sympathique et parasympathique, l’activité cardiaque et plus largement cardio-vasculaire est adaptée aux nécessités du moment. Cette réponse intégrative et complexe est élaborée au sein du système nerveux central et sollicite différentes structures du névraxe. Contrôle spinal Guyenet (49) propose une classification des neurones pré-ganglionnaires sympathiques originaires de la colonne IML de la moelle épinière, en trois groupes : - les neurones barosensibles : ce groupe est constitué du plus grand nombre de neurones. Ces efférences montrent une activité continue au repos qui est étroitement synchronisée avec la pression artérielle et l’activité respiratoire. Ces efférences barosensibles contrôlent le cœur, les reins, les cellules chromaffines surrénales et la constriction des artérioles de résistance, à l’exception des artérioles cutanées. Ces neurones sont responsables des fluctuations à court terme de la pression sanguine, et sont également impliqués dans le contrôle nerveux de la pression sanguine au long cours via le contrôle de la sécrétion de rénine, la réabsorption sodique rénale et le débit sanguin rénal. - les neurones thermosensibles : ils comprennent principalement les efférences sympathiques cutanées vasoconstrictrices activées par l’hypothermie ou des stimuli émotionnels. En particulier, l’influence du système limbique, et donc des émotions sur l’activité de ces neurones est forte (voir section contrôle cérébral page 44). - les neurones glucosensibles : ils contrôlent la libération d’adrénaline par la medullo-surrénale et sont activés par l’hyperglycémie et l’exercice physique. 36 Ces neurones reçoivent des influx nerveux de projections du bulbe rachidien et de l’hypothalamus mais aussi d’inter-neurones médullaires des couches V à VII (49). Le rôle de ces inter-neurones dans un système nerveux central intact n’est pas connu mais en présence d’une lésion médullaire supérieure, la stimulation des racines dorsales inférieures entraîne une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle (49, 63). En somme, les neurones sympathiques pré-ganglionnaires au sein de la colonne IML qui se projettent sur le coeur sont contrôlés par des structures du bulbe rachidien (64) et de l’hypothalamus (63). En cas de lésion médullaire, la substance grise de la moelle épinière exercerait un contrôle sur le système cardio-vasculaire en fonction d’informations somatiques et viscérales, avec un caractère intégratif inférieur à celui d’un système nerveux intègre. Contrôle du tronc cérébral Plusieurs groupements de neurones ventrolatéraux du bulbe rachidien sont essentiels au tonus sympathique. Ils sont situés entre le noyau moteur facial et la jonction spino-bulbaire : les neurones rostro-ventro-latéraux (RVL), inter-ventro-latéraux (IVL), caudo-ventro-latéraux (CVL) et enfin les neurones rostro-ventro-médians (RVM). Le tonus sympathique est généré à partir d’un réseau complexe de neurones dans le bulbe rachidien, dont les neurones RVL sont considérés comme le point de convergence du contrôle sympathique cardio-vasculaire dans le tronc cérébral (49). Les neurones de cette structure se projettent par la suite sur les neurones de la colonne IML de la moelle épinière, essentiellement sur les efférences sympathiques barosensibles et glucosensibles. Les efférences thermosensibles sont sous contrôle prédominant des neurones RVM (65-67). Les microstimulations de différents neurones RVL induisent une activité sympathique différente selon le site de stimulation (68, 69). Ces observations suggèrent une organisation organotopique des neurones RVL du bulbe rachidien (figure 10). De plus, les artères cutanées, les artères des muscles squelettiques, les artères splanchniques ou encore les artères coronaires ou rénales semblent être contrôlées par des groupes différents de neurones barosensibles, au sein de la moelle épinière (70-73). 37 Concernant l’activité parasympathique, les neurones parasympathiques forment, au sein du tronc cérébral, différents noyaux comme ceux d’Edinger-Westphal, les noyaux salivaires, ou encore les noyaux ambigus et moteurs du vague. Ce sont les neurones, au sein des noyaux ambigus (NA) et des noyaux moteurs du vague (NMV), qui contrôlent l’activité parasympathique à destinée cardiaque (74). Figure 10. Les neurones rostro-ventro-latéraux (RVL), contrôlant l’activité des neurones sympathiques de la colonne intero-médio-latérale de la moelle épinière, présentent une certaine organotopie. Certaines stimulations entraînent l’activité de tous ces neurones (influx nerveux communs), d’autres entraînent des réponses de certains neurones uniquement (influx nerveux spécifiques). NPrGS : neurones pré-ganglionnaires sympathiques, NPoGS : neurones postganglionnaires sympathiques. Modifié d’après(49). De nombreux influx nerveux se projettent vers les centres de contrôle sympathique et parasympathique cardiaque. Parmi eux, on peut noter les influx nerveux provenant de l’hypothalamus et du système limbique (voir sections contrôle hypothalamique page 43 et contrôle cérébral page 44), conduisant une information émotionnelle ainsi que les influx nerveux provenant de l’activité respiratoire et pressionnelle, particulièrement importants (figure 10). A partir de boucles réflexes, l’information baroréflexe et respiratoire est intégrée en continu par les centres de contrôle autonomique cardiaque. Influence baroréflexe 38 La régulation par le système nerveux central de la fréquence cardiaque est contrôlée par l’influx nerveux afférent venant des barorécepteurs sensibles à l’étirement des parois du système artérioveineux. L’information sur les modifications de l’état hémodynamique périphérique est transmise au système nerveux central à partir de mécanorécepteurs (barorécepteurs), enchâssés dans les parois vasculaires et veineuses à différents niveaux de l’arbre artérioveineux. Lorsque la pression artérielle diminue, les barorécepteurs artériels situés dans la crosse de l’aorte et dans le sinus carotidien, sensibles à la déformation appliquée sur les parois vasculaires, informent les centres de contrôle dans le tronc cérébral via les nerfs glossopharyngien et vagal respectivement. Ces barorécepteurs sont particulièrement sensibles à l’amplitude de la déformation de la paroi par la pression, c’est-à-dire à la pression pulsée (ou différentielle) (75, 76). Les centres de contrôle freinent alors l’augmentation de la pression artérielle en stimulant l’activité des efférences sympathiques cardiaques et vasomotrices et en diminuant l’activité des efférences vagales. Inversement, lorsque la pression augmente, les centres de contrôle stimulent les afférences vagales et inhibent les efférences vasculaires et cardiaques (figure 10). Cette activité baroréflexe détermine alors un rapport antagoniste entre les tonus sympathique et parasympathique au niveau du cœur, autrement nommé balance sympathico-vagale. Figure 11. Evolution de la fréquence cardiaque en fonction de la pression artérielle. (a) : fréquence cardiaque (battements par minute), (b) pression artérielle en continue (mmHg). D’après (77). 39 Il existe également des mécanorécepteurs au niveau des cavités cardiaques et des artères pulmonaires (système basse pression) qui prennent part au contrôle autonomique hémodynamique. Ces barorécepteurs « basse pression » de l’oreillette droite et du sinus veineux dont la distension dépend directement de la pression veineuse centrale (PVC), permettent l’évaluation du retour veineux et le degré de remplissage de l’oreillette (précharge cardiaque) par les centres de contrôle. Comme les barorécepteurs artériels, ils envoient des influx nerveux au tronc cérébral via le nerf vague, ce qui a pour effet une modulation de l’activité du SNA en réponse aux variations de la PVC. Ceci augmente l’activité des efférences sympathiques cardiaques et vasomotrices et en diminuant l’activité des efférences vagales lorsque la PVC diminue (78) et inversement lorsque la PVC augmente (79). Il existe également des barorécepteurs au niveau du ventricule gauche qui, lorsque le volume télédiastolique augmente, induisent une bradycardie réflexe et une vasodilatation périphérique. La fonction de cette réponse n’est pas claire mais elle pourrait assister le baroréflexe sino-aortique dans la régulation de la pression artérielle. Au sein du tronc cérébral, plusieurs structures sont impliquées dans ces réponses baroréflexes. L’influx nerveux baroréflexe ascendant généré par ces récepteurs se projette finalement vers les neurones du noyau du tractus solitaire (NTS), d’où il est relayé vers d’autres régions bulbaires impliquées dans le contrôle hémodynamique cardio-vasculaire. Les neurones glutamatergiques du NTS projettent à leur tour leur axone excitateur sur des neurones GABAergiques du IVL et du CVL qui inhibent à leur tour les neurones RVL (figure 12) et finalement l’activité sympathique. En parallèle, les neurones du NTS excitent directement les neurones des NA et des NMV et entraînent le tonus vagal à destinée cardiaque (74). 40 Figure 12. Boucle de contrôle baroréflexe au niveau du tronc cérébral. Les axones des barorécepteurs artérielles se projettent sur les neurones glutamatergiques du noyau du tractus solitaire (NTS), et qui via des neurones GABA caudo-ventro-latéraux, inhibent les neurones rostro-ventro-latéraux (RVL) qui assurent le tonus sympathique. Certaines projections, à partir de l’hypothalamus ou des nocicepteurs périphériques, peuvent inhiber cette boucle de contrôle baroréflexe par des neurones GABA du NTS. Ces influx nerveux peuvent activer directement le tonus sympathique en se projetant sur les neurones du RVL. NPrGS : neurones préganglionnaires sympathiques, NPoGS : neurones post-ganglionnaires sympathiques. Modifié d’après (49). Influence de la respiration L’influence respiratoire sur la fréquence cardiaque, ou arythmie sinusale respiratoire, consiste en une augmentation de la fréquence cardiaque pendant l’inspiration, atteignant un maximum en fin d’inspiration, suivie d’une diminution pendant l’expiration (figure 13) (80). L’activité parasympathique augmente pendant l’expiration et entraîne le ralentissement de la fréquence cardiaque, alors que l’influx nerveux sympathique augmente pendant l’inspiration (81). Si la modulation de la fréquence cardiaque par la respiration est bien définie, l’origine de cette modulation est encore vivement débattue (77). En effet, un grand nombre de mécanismes périphériques peuvent être à l’origine de l’activité autonome : les changements de volume pulmonaire, de pression thoracique (mécanorécepteurs pulmonaires), les fluctuations des 41 pressions partielles en oxygène (O2) ou en dioxyde de carbone (CO2) (chémorécepteurs), le flux respiratoire (mécanorécepteurs pharyngés), ou encore les contractions des muscles respiratoires (82). Ces projections afférentes atteignent les centres de contrôle sympathique et parasympathique via le NTS. Toutefois, l’influence respiratoire sur le contrôle autonomique de la fréquence cardiaque ne se fait pas uniquement par les afférences mais aussi par l’influx nerveux provenant des motoneurones respiratoires. D’abord la proximité des centres respiratoires et autonomique au sein du tronc cérébral laisse supposer une certaine influence centrale de la respiration sur le SNA mais la synchronicité des décharges phréniques et sympathiques lors de l’inspiration corrobore cette hypothèse (81). De plus, l’ablation chirurgicale des voies ascendantes chez l’animal, ne supprime pas la modulation du SNA par la respiration : les fluctuations autonomes semblent bien synchronisées aux décharges phréniques (83, 84). Figure 13. Modulation de l’intervalle RR (a) par la respiration (b). On peut constater au repos, que l’intervalle RR varie selon les cycles respiratoires. D’après (85). Enfin, de nombreux neurotransmetteurs (substance P, vasopressine, oxytocine, facteur de libération corticotrophique (corticotropin-releasing factor), etc…) au sein du tronc cérébral peuvent influencer l’activité des centres autonomiques. Parmi eux, on peut retenir que les systèmes neurochimiques impliqués dans le contrôle des états de vigilance tels que les systèmes sérotoninergiques (86), histaminergiques (87) et cholinergiques (88) de la formation réticulée qui ont un effet excitateur des neurones RVL en particulier. Le système à orexine-hypocrétine, situé 42 dans l’hypothalamus postérieur exerce aussi une influence excitatrice sur les neurones RVL et inhibitrice sur les neurones du NMV et du NA (89). Ils constituent la base neurophysiologique de la modulation de l’activité autonomique cardio-vasculaire par les états de vigilance. Contrôle hypothalamique Les neurones pré-ganglionnaires sympathiques de la colonne IML de la moelle épinière reçoivent des influx nerveux de l’hypothalamus (90-93), du bulbe rachidien et de neurones spinaux (63, 94). Au sein de l’hypothalamus, les neurones des noyaux paraventriculaires et dorsomédians de l’hypothalamus, se projettent sur les neurones RVL, les neurones NMV et NA et d’autres structures du tronc cérébral (95). Ces deux structures, bien qu’étant toutes deux impliquées dans le contrôle circulatoire, ne semblent pas exercer les mêmes fonctions. En effet, les noyaux paraventriculaires semblent être des acteurs importants de l’homéostasie (cardio-vasculaire, régulation des fluides, métabolisme, thermorégulation, etc…), alors que les noyaux dorsomédians contribuent essentiellement aux réponses cardio-vasculaires, respiratoires et hormonales produites par un stress environnemental (49). Afin d’assurer leurs fonctions homéostatiques, les noyaux paraventriculaires reçoivent de nombreuses informations de nature différente : nerveuse, hormonale, osmolaire ou inflammatoire (49, 96). Ces noyaux se projettent alors sur les centres de contrôle autonomique et le NTS, structure impliquée dans les boucles de contrôle autonomique. Ainsi l’activité de ces neurones hypothalamiques exerce une forte influence sur l’information afférente notamment baroréflexe et chémoréflexe transitant par le NTS jusqu’aux neurones RVL, NMV et NA mais aussi directement sur ces derniers. C’est l’un de ses principaux moyens pour jouer son rôle dans l’homéostasie cardiovasculaire. Les noyaux dorsomédians hypothalamiques se projettent vers ces mêmes structures, leur permettant de moduler l’activité sympathique essentiellement et les réflexes autonomes (baroréflexe par exemple) lors de situations le nécessitant. Ces neurones reçoivent des informations de la moelle épinière et du cortex en particulier de structures formant le système limbique (95). 43 Figure 14. Organisation du contrôle nerveux central des efférences sympathiques barosensibles. Modifié d’après (49). On peut noter que les projections sur les neurones pré-ganglionnaires sympathiques proviennent du tronc cérébral (neurones rostro-ventro-latéraux et d’une aire A5…) ainsi que de l’hypothalamus (noyaux paraventriculaires et dorsomédians). Au sein du tronc cérébral, les neurones rostro-ventro-latéraux reçoivent de nombreux influx nerveux provenant de différentes structures dont le noyau du tractus solitaire et les neurones de la formation réticulée. APC : aire pressive caudale ; CRV : centre respiratoire ventral ; CTL : champ tegmental latéral ; CVL : neurones caudo-ventro-latéraux ; GABA : acide γ-aminobutyrique ; NTS : noyau du tractus solitaire ; RVL : neurones rostro-ventro-latéraux ; RVM : neurones rostro-ventro-médian. Modifié d’après (49). Contrôle cérébral L’influx hypothalamique vers les centres autonomes du bulbe rachidien est contrôlé à son tour par des régions du système limbique en particulier l’amygdale (97), les cortex préfrontal orbitomédial (95), insulaire et cingulaire (95, 98). Des lésions du système limbique, en particulier de l’insula, peuvent être à l’origine de dysfonctionnements autonomiques importants et de troubles cardiaques graves. Des observations d’anomalies ECG et d’arythmies cardiaques fréquentes ont été faites chez des patients après accident ischémique ou autres lésions cérébrales impliquant des structures du système limbique. Ces observations montrent bien que des perturbations corticales, transmises par l’hypothalamus 44 ou le bulbe rachidien et en définitive, par l’innervation autonome du cœur, peuvent avoir une profonde influence sur la fonction cardiaque. Cette influence peut être très importante puisque un risque élevé de mort subite a été associé à des accidents ischémiques incluant l’insula, en particulier droite (99). D’autre part, les études chez l’animal montrent que la stimulation de certaines régions de l’insula induit des arythmies cardiaques (100). L’hémisphère gauche semble être plutôt impliqué dans le contrôle parasympathique, le cortex droit dans le contrôle sympathique (101-103). Enfin, ces résultats sont corroborés par les études de neuro-imagerie chez l’Homme qui montrent une implication des cortex insulaire et cingulaire dans la modulation cardio-vasculaire chez le sujet sain (98, 101, 102, 104-107). Conclusion L’influence du système nerveux central sur la fonction cardiaque et plus largement cardiovasculaire s'effectue à travers un certain nombre de centres dans le bulbe rachidien que nous venons de décrire et sont la base des réflexes cardio-vasculaires. Le système nerveux central détermine à la fois les tonus sympathique et parasympathique au niveau du cœur, mais aussi le rapport entre ces deux activités c’est-à-dire la balance sympathico-vagale. Les composantes afférentes et efférentes de ces réseaux de neurones reçoivent des projections hypothalamiques. Par conséquent, bien que les systèmes régulant l’activité du système cardio-vasculaire aient une autonomie reconnue, ils sont sensibles à l’influence hypothalamique et indirectement à celle du cortex, en particulier le système limbique. C’est via cette connectivité, que les centres autonomes pourraient établir les pré-requis cardio-vasculaires à tout comportement dispendieux, et ceci, en prenant la mesure de diverses informations intéroceptives et extéroceptives. L’hypothalamus est sans doute le plus haut niveau d’intégration et de modulation de la fonction autonome, sous le contrôle du cortex, en particulier du système limbique, impliquant un plus haut degré d’intégration informationnelle, émotionnelle entre autres. L’ensemble de ces structures gère en effet la régulation de l’expression émotionnelle, de la vie affective et du comportement instinctif. 45 Chapitre 3 46 Exploration de l’activité autonome cardiaque : méthodes d’analyse de la variabilité RR. Du domaine temporel à l’analyse temps- fréquence. Dès 1733, Stephen Hales décrivit les fluctuations du pouls en relation avec la pression artérielle et la fréquence respiratoire (Statical essays, dans : Haemastaticks, édité par Innings et Manby. London: 1733, cité dans (108)). Il faudra attendra 1963 pour que les travaux de Hon et Lee (109) montrent des altérations des variations de la fréquence cardiaque chez le fœtus au cours d’états de souffrance fœtale. Ces variations de fréquence cardiaque, autrement nommées variabilité des intervalles RR ou variabilité RR ont par la suite été largement explorées (les RR correspondent à l’intervalle de temps entre deux complexes cardiaques consécutifs sur l’électrocardiogramme (ECG) (voir figures 8 et 15). Plusieurs études pharmacologiques chez l’animal et chez l’Homme ont eu pour objectif d’identifier des rythmes physiologiques composant cette variabilité RR (110-113). Ainsi, les relations entre variabilité RR et SNA ont alors pu être mises en évidence (112, 114-116). Comme nous avons vu au chapitre précédent, l’activité cardiaque est sous contrôle d’une double innervation autonomique, parasympathique et sympathique. Or l’évaluation du tonus parasympathique vagal n’est pas directement accessible chez l’Homme. La quantification indirecte de l’activité parasympathique par l’analyse des variations des paramètres cardiaques est donc précieuse. De même, la modulation sympathique n’est pas toujours équivalente d’un organe à l’autre. La méthode d’analyse de la variabilité RR présente donc un moyen d’accès à l’analyse de la modulation autonomique cardiaque qui permet aujourd’hui d’étudier ces réponses dans de nombreuses conditions telles que le sommeil. Cette méthode d’analyse de la variabilité RR repose sur les constatations suivantes : la modulation vagale du rythme cardiaque qui détermine des variations rapides (approximativement 0,25 secondes (117) provoque un freinage et donc un allongement du RR à court terme. En revanche, la modulation sympathique cardiaque détermine des variations plus lentes (plusieurs secondes (118)) avec un effet durable, se traduisant par des raccourcissements progressifs du RR. Ce sont ces modifications de quelques secondes du contrôle autonomique cardiaque, ou réactivité autonomique à une stimulation que nous nous proposons d’explorer. 47 Un certain nombre de méthodes mathématiques permettent d’étudier ces variations par une évaluation non invasive de l’activité autonomique cardiaque à partir d’un enregistrement ECG : ces méthodes appartiennent aux domaines d’analyse « temporel », « géométrique » ou « fréquentiel ». Figure 15. Exemple d’enregistrement ECG de quelques secondes et sa transformation en intervalles RR. Modifié d’après (119). Les systèmes biologiques sont de nature complexe et les méthodes linéaires ne sont pas les plus adaptées à l’étude de ce type de système. Toutefois, l’utilisation de méthodes mathématiques d’analyse linéaire dans le domaine d’étude de la variabilité RR est plus courante. Il faut toutefois mentionner que ces méthodes non linéaires sont de plus en plus utilisées (graphique Poincaré (120), analyse fractale (79)…). Dans notre approche expériementale, l’utilisation de ces méthodes non linéaires pose un problème, puisqu’elle nécessite une quantité de RR analysés supérieure à 1000 (121), ce qui empêche toute évaluation de la réactivité autonomique cardiaque qui s’effectue sur quelques secondes, soit quelques dizaines d’intervalles RR. Les méthodes linéaires tempsfréquence paraissent donc bien mieux adaptées à l’étude de la réactivité autonomique cardiaque. Nous décrirons brièvement dans ce chapitre les méthodes temporelle et géométrique dont les limites ont amené à développer l’utilisation des méthodes fréquentielles. Nous aborderons l’ensemble de ces méthodes dans le cadre d’enregistrement de durées diverses puis nous nous focaliserons sur les méthodes permettant d’étudier les modifications de la variabilité RR sur des durées d’analyse courtes (quelques secondes), et donc la réactivité sympathique et parasympathique. Nous approfondirons d’avantage les méthodes basées sur l’analyse 48 fréquentielle, en particulier la transformée de Fourier, considérée comme l’analyse de référence d’étude de la variabilité RR, et les transformées en ondelettes temps-fréquence que nous avons utilisées dans les travaux présentés. Méthode d’analyse temporelle Ces analyses proposent une description simple de la variabilité RR. En effet, ces indices sont basés sur l’expression de la variabilité des intervalles RR par la moyenne ou l’écart-type (table 1 récapitulatif des différents indices). Ainsi, le SDNN est l’écart-type des intervalles RR sur l’ensemble de l’enregistrement et renseigne sur la variabilité RR globale du sujet. A ce titre, il informe surtout sur l’activité autonomique globale sans distinction sympathique – parasympathique (122). Concernant des enregistrements de longue durée, de plusieurs heures à 24 heures, deux indices sont utilisés le SDANN et le SDNNIDX. Le SDANN correspond à l’écart-type de la moyenne des RR sur des tranches successives de 5 minutes. Le SDNNIDX est la moyenne des écart-types des intervalles RR sur ces tranches successives de 5 minutes. Sur des enregistrements longs, ces indices représentent une variabilité RR très lente et donc sont influencée par des rythmes biologiques très lents (123). D’autres indices sont calculés à partir des différences entre intervalles RR et cycles d’intervalles RR successifs. Ces mesures comprennent le rMSSD, le NN50 et le NN50 exprimé communément en pourcentage (pNN50) ou encore le SDSD (table 1) (124-126). Ils constituent de bons indices de la variabilité RR à court terme, battement après battement. Ces variables sont indépendantes des variations lentes du RR et ne renseignent que sur le tonus parasympathique sur la période analysée (122, 123). 49 Table 1. Récapitulatif des indices de l’analyse temporelle de la variabilité RR. Variable SDNN SDANN Unité Ms Ms SDNNIDX Ms rMSSD Ms SDSD Ms NN50 Ms pNN50 % Description Ecart-type de tous les RR sur l’ensemble de l’enregistrement. Ecart-type de la moyenne des RR sur des tranches successives de 5 minutes sur l’ensemble de l’enregistrement. Moyenne des écart-types des intervalles RR sur les tranches successives de 5 minutes sur l’ensemble de l’enregistrement. Racine carrée de la moyenne des différences des RR successifs élevées au carré. Ecart-type des différences entre les RR successifs sur une période de 24 heures. Nombre de RR normaux adjacents supérieurs à 50 msec, sur une période de 24 heures. Pourcentage des RR normaux adjacents dont la différence est supérieure à 50 msec sur une période de 24 heures. Méthode d’analyse géométrique Comme son nom l’indique, elle repose sur deux types de graphiques, les histogrammes de distribution des intervalles RR, et le graphique de Poincaré représentant la différence de chaque intervalle RR en fonction de l’intervalle RR précédant. Ce travail concernant l’évaluation de la réactivité autonome cardiaque, nous n’aborderons que la méthode basée sur le graphique de Poincaré, les histogrammes des intervalles RR étant destinés aux enregistrements de plus longue durée. Le graphique Poincaré est une méthode d’analyse dynamique géométrique, appliquée à la variabilité RR, qui représente l’intervalle RR en fonction de l’intervalle RR précédent (figure 16). L’analyse de ce type de graphique peut être qualitative (visuelle), par l’évaluation de la forme de la répartition, son degré de complexité (121), ou quantitative reposant sur trois indexes l’écart-type 1 (ET1), l’écart-type 2 (ET2), et le rapport ET1/ET2. ET1 correspond à la dispersion des points perpendiculairement à l’axe de la répartition des points, représentant la variabilité à court terme. ET2 correspond à la dispersion des points dans le sens de l’axe de la répartition et représente donc une variabilité à plus long terme. Le rapport ET1/ET2 est utilisé comme rapport entre variabilité RR à court et à long terme. Ainsi, ET 1 a été proposé comme indicateur de l’activité parasympathique, alors que le rapport ET1/ET2 et l’ET2, bien que discutés, ont été proposés comme indicateurs de l’activité sympathique (120). 50 Figure 16. Graphique de Poincaré d’une suite d’intervalles RR. L’écart-type 1 (ET1) correspond à la dispersion des points perpendiculairement à l’axe de la répartition des points, représentant la variabilité à court terme, et l’écart-type 2 (ET2) correspond à la dispersion des points dans le sens de l’axe de la répartition et représente donc une variabilité à plus long terme. Le rapport ET1/ET2 est utilisé comme rapport entre variabilité RR à court et à long terme. D’après (127). En somme, ces deux méthodes, temporelle et géométrique, permettent une première approche de la variabilité RR. Toutefois, elles proposent des indexes complexes qui ont montré une moins bonne sensibilité que les indexes des méthodes d’analyse fréquentielle (127) et qui ont aussi l’inconvénient de nécessiter un plus grand nombre de RR afin d’être utilisé. De plus, afin d’exclure les contaminations des mouvements ou autres artéfacts, de petites sections cumulatives sont parfois utilisées pour créer des sections de 5 minutes, essentielles à ce type de méthodes temporelles en particulier. Ceci forme un facteur limitant important car ces méthodes perturbent la linéarité des signaux, donnant une représentation interrompue des signaux et sous représente la variabilité cardiaque dans des conditions avec mouvements corporels ou lors de sommeil instable comme celui des douloureux chroniques par exemple. L’ensemble de ces limites proscrit l’utilisation de ces méthodes dans le cadre de l’étude de la réactivité autonomique. Méthode d’analyse fréquentielle La transformée mathématique de Fourier permet de décomposer une fonction selon les fréquences qu’elle contient. Cette méthode mathématique permet d’obtenir, à partir d’une suite de valeurs dépendant du temps (exprimée en seconde), une autre suite de valeurs dépendant de la fréquence, exprimée en Hertz (Hz). Pour une fonction temporelle f(t), la transformée de Fourier est définie par : 51 Equation 1. ou e2 iΠt représente le nombre complexe cos(2Πt) + i sin(2Πt). Cette suite est représentée sous forme d’un spectre sur lequel est tracée la puissance du signal en fonction des fréquences (figure 17). Les premières études proposant une analyse fréquentielle de la variabilité RR ont été réalisées au début des années 1980. Chez le chien, Akselrod et al. en 1981 (112) ont alors mis en évidence que le spectre de Fourier de la variabilité RR était composé de plusieurs pics caractéristiques dont l’amplitude et la localisation reflétaient des phénomènes physiologiques relativement bien délimités de différentes natures, en particulier autonomique et hormonale. La première étude réalisée chez l’Homme a été publiée en 1985 par Pomeranz et al. (116). Ils montrèrent les modifications de l’évolution de la variabilité RR chez six sujets sous l’effet d’injections d’atropine (bloqueur des récepteurs muscariniques de l’activité parasympathique), de propranolol (bloqueur des récepteurs ß-sympathique) puis d’atropine et de propranolol simultanément. En 1996, deux groupes de travail (Task Force de la Société Européenne de Cardiologie et la Société Nord Américaine de Rythmologie et d’Electrophysiologie (128)) ont proposé une standardisation des indices de façon à faciliter la comparaison et l’interprétation des résultats des différentes études. Cette standardisation est toujours la référence actuelle. Standardisation des différentes fréquences et interprétations physiologiques On distingue plusieurs bandes d’activité au sein d’un spectre de Fourier de la variabilité RR inférieure à 0,4 Hz : les ultra basses fréquences (UBF) : 0,0001 - 0,003 Hertz, les très basses fréquences (TBF) : 0,003 - 0,04 Hertz, les basses fréquences (BF) : 0,04 - 0,15 Hertz et enfin les hautes fréquences (HF) : 0,15 - 0,4 Hertz (figure 17). Chacun des pics est nommé par un indice qui représente l’aire sous la courbe du spectre de Fourier située entre les bornes de fréquences définies (table 2). 52 Table 2. Récapitulatif des indices de l’analyse fréquentielle de la variabilité RR. Enregistrement de 24 heures Variable Initial Unité Puissances totales Ptot ms² Puissance spectrale totale du signal RR ≤ 0,4 Ultra basses fréquences UBF ms² Puissance spectrale dans la bande UBF 0,0001 – 0,003 Très basses fréquences TBF ms² Puissance spectrale dans la bande TBF 0,003 – 0,04 Basses fréquences BF ms² Puissance spectrale dans la bande BF 0,04 – 0,15 Hautes fréquences HF ms² Puissance spectrale dans la bande HF 0,15 – 0,4 BFnu % Part relative BF dans les Ptot Hautes fréquences normalisées HFnu % Part relative HF dans les Ptot Basses fréquences normalisées basses/hautes fréquences BF/HF Description Fréquence (Hz) Rapport entre BF et HF La puissance spectrale totale La puissance spectrale totale est calculée entre 0 et 0,4 Hz. Cet index apporte une indication de la variabilité RR globale (index du tonus autonomique global). Sur des enregistrements de courtes durées, il est essentiellement constitué des puissances basses et hautes fréquences. Sur des enregistrements longs (nycthéméral, jour, nuit…), la part des ultras et très basses fréquences sont grandissantes. Les ultras basses fréquences et les très basses fréquences Les TBF et les UBF représentent des variations lentes et périodiques du RR allant de 25 secondes à 5 minutes et de 5 minutes à 24 heures respectivement. Elles nécessitent des périodes longues d’enregistrement des intervalles RR, d’au moins plusieurs minutes en particulier pour les UBF. Leur interprétation physiologique reste mal connue et plusieurs facteurs semblent intervenir dans ces bandes de fréquences, tels que la régulation de la sécrétion de rénine (112, 129), ou encore l’activité physique pendant la période diurne (130). La puissance spectrale des TBF est aussi sous l’influence d’autres facteurs, tels que le parasympathique (112, 129) ou encore la thermorégulation (131). De plus, la puissance spectrale de ces deux bandes de fréquence, les UBF et les TBF est altérée dans certaines pathologies cardiovasculaires (132, 133) et ces bandes de fréquences semblent présenter un certain intérêt clinique, en particulier dans le domaine de la cardiologie où ils constituent un indicateur pronostique de mortalité après infarctus du myocarde (134). Toutefois, ces durées d’oscillation sont trop longues pour permettre d’étudier la réactivité 53 autonomique à des stimulations sensorielles et elle ne présente donc pas d’intérêt pour notre approche expériementale. Les basses fréquences Les puissances spectrales des BF représentent les variations du RR de 5 à 25 secondes. Les nombreuses études pharmacologiques ont montré qu’un blocage cholinergique muscarinique (par atropine) ou un blocage ß-adrénergique (par ß-bloquant) entraînent une diminution de la puissance spectrale des BF; cette baisse est renforcée par un double blocage (atropine et ßbloquant) (112, 116, 135, 136). Les activités des systèmes parasympathiques et sympathiques à destinée cardiaque seraient donc toutes deux associées à la puissance du signal RR dans cette bande de fréquence. De plus, Saul et al. (137) et d’autres (138-140) ont mis en évidence une relation individuelle entre la puissances spectrale des BF et l’activité sympathique périphérique à destinée musculaire étudiée par microneurographie (MSNA : muscle sympathetic nerve activity). En particulier, cette relation est significative lorsque l’activité sympathique est augmentée sous l’action du nitroprussiate de sodium mais disparaît quand l’activité sympathique est abaissée. Ces résultats confirment donc bien le reflet de l’activité sympathique dans la bande de fréquences BF. De même, Nakata et al. (139) ont évalué les relations entre les causes et les effets de l’activité sympathique périphérique, la respiration, la pression artérielle et le RR, après injection de propranolol (ß-bloquant) et de phentolamine (alpha-bloquant). Ils retrouvent également un pic BF dans le spectre des décharges sympathiques périphériques et leurs analyses permettent d’identifier ce pic comme étant une composante de l’activité sympathique responsable de la régulation de la pression artérielle, mais aussi de la modulation du RR. Il a été également montré lors d’un test d’orthostatisme (141) qu’une augmentation de la puissance spectrale des basses fréquences est associée à une activation sympathique. Le baroréflexe pourrait être à l’origine du contrôle sympathique dans cette bande de fréquence. Toutefois, Cooley et al. (142) ont montré que lors de la pose d’une assistance circulatoire ventriculaire gauche (assistance circulatoire ventriculaire gauche : prothèse qui prend le sang dans le coeur gauche et qui l’envoie dans les artères; le coeur est toujours innervé par le système nerveux sympathique mais la pression est assurée de manière indépendante sans tenir compte des variations du RR), les sujets récupéraient un pic BF dans le spectre du RR sans influence des variations de pression artérielle. L’absence de puissances 54 spectrales BF chez les patients tétraplégiques indique que la modulation dans la bande BF provient des centres supérieurs (143). Cependant, après un certain temps, les centres spinaux sont capables de générer les rythmes modulant l’activité cardiaque, avec une puissance spectrale toutefois plus faible. Globalement, on peut retenir que la modulation sympathique dans la bande de fréquence BF est liée à la régulation baroréflexe, mais pas seulement. Elle peut être lié à un processus central autre, mettant en jeu des structures supérieures du SNC comme lors de réponse à la douleur (144). Cependant, certains auteurs ont remis en cause l'utilisation de ces indices absolus dans l'évaluation de l'activité du système nerveux autonome. Des études (145, 146), basées essentiellement sur les effets de l'exercice physique, montrent des résultats contradictoires dans les variations des indices de la variabilité RR : l'exercice induit une forte activité sympathique musculaire périphérique, mais aucune augmentation significative de la puissance spectrale des BF, voire une diminution. Ces résultats suggèrent qu’au cours de l'exercice, l’augmentation de l’effet chronotrope alpha-adrénergique serait à l’origine d’un phénomène de saturation de la variabilité RR et entraînerait une diminution de la puissance spectrale globale (147). Cette approche est corroborée par les résultats de l’étude de Ahmed et al. (148) qui montrent que les injections à haute doses d’isoproterenol (un agoniste des récepteurs alpha-adrénergiques) n’augmentent pas la puissance des BF, alors que les stimulations modérées (test d’orthostatisme (140, 141, 149), stress mental (150)) ont un effet démontré sur les puissances des BF. Dans certain cas, l'utilisation de la variabilité RR présente des limites d’interprétation qui ne permettent pas son utilisation. D’autre part, dans certaines conditions pathologiques telles que le syndrome d’apnées du sommeil, la quantité de noradrénaline circulante (151) et l’activité sympathique musculaire périphérique (152) sont élevées alors que la variabilité RR diurne est très diminuée (153). Cette dissociation pourrait provenir d’une désensibilisation des récepteurs β-adrénergiques et/ou d’un dysfonctionnement des voies intra-cellulaires qui accompagne l’augmentation des décharges sympathiques périphériques, cardiaques et surrénaliennes (58). En somme, la puissance spectrale des BF est généralement considérée comme un reflet de l'activité sympathique cardiaque avec une composante parasympathique (voir figure 17). Bien que dans certaines conditions, les puissances spectrales BF soient diminuées alors que l’activité sympathique est augmentée, cette bande de fréquence reste un outil d’exploration non invasif intéressant. De plus, afin d’optimiser son interprétation, l’évolution synchrone de la puissance des 55 HF doit être prise en compte. En effet, l’activité parasympathique influence toujours l’ensemble du spectre (108). Des modifications de puissance spectrale des BF ne peuvent alors être interprétées qu’en concordance avec d’autres indices, le rapport BF/HF et les BF et HF normalisés, qui apportent des informations sur le rapport entre puissances spectrales BF et HF. Les hautes fréquences Les HF représentent des variations à court terme du RR (de 2 à 5 secondes). Plusieurs études ont montré que l’injection d’atropine éliminait entièrement les puissances spectrales HF (112, 116, 136, 141). La bande HF est donc uniquement modulée par l’activité parasympathique. Les bornes HF dans le spectre de la variabilité RR correspondent au pic spectral de fréquence respiratoire, généralement comprise entre 0,18 et 0,40 Hz. Ces deux pics sont toujours synchronisés chez le sujet sain. Cette modulation de l’activité parasympathique sur le nœud sinusal correspond au phénomène d’arythmie sinusale respiratoire (58), et est, comme nous avons vu auparavant, attribuable à des boucles réflexes mettant en jeu des récepteurs thoraciques et pulmonaires mais aussi le contrôle central de la ventilation. En effet, l’amplitude du pic respiratoire dans le spectre de variabilité RR change en fonction de certaines constantes ventilatoires tels que le volume et la fréquence respiratoire (154-156). A noter que ce pic de fréquence respiratoire disparaît lors d’administration d’atropine (112, 116, 136, 141) ou bien lors de l’anesthésie (157) alors que les mouvements mécaniques ventilatoires et le contrôle central de la respiration sont toujours présents. Ce rythme serait donc bien lié à l’activité vagale sur le nœud sinusal. D’autre part, ce pic spectral HF est aussi modulé par des informations baroréflexes provenant des récepteurs aortiques, carotidiens et cardio-pulmonaires, comme les autres bandes de fréquence (158). La bande de fréquence HF est donc exclusivement modulée par l’activité parasympathique chez l’homme à partir d’un contrôle multifactoriel dont une part importante est liée à la ventilation. Cette bande spectrale peut permettre de vérifier l’intégrité du contrôle vagal, sa mise en jeu dans des situations particulières ou en réponse à des stimulations (voir figure 17). Les valeurs normalisées Les valeurs absolues des indices spectraux de la variabilité RR varient d’un sujet à l’autre et selon les conditions de mesure (159), l’âge (160) et de nombreuses pathologies (153, 161). De ce fait, on 56 calcule souvent les valeurs relatives des HF et BF pour connaître leur influence respective dans le spectre et avoir un meilleur aperçu de l’état de la balance sympathico-vagale. De plus, la partie du spectre comprise entre 0,0001 et 0,003 Hz correspondant aux fréquences analysées les plus basses (UBF, TBF) semble être modulée par d’autres systèmes. On exclut donc l’influence des UBF et TBF sur les autres composantes spectrales. Les indices BF normalisées (BFnu) et les HF normalisées (HFnu) sont alors calculés en unités normalisées : Equation 2. HFnu = HF / (Ptotale – (UBF + TBF)) × 100 Equation 3. BFnu = BF / (Ptotale – (UBF + TBF)) × 100 Pagani et collaborateurs (141) ont décrit ces BFnu et HFnu (équations 2 et 3) comme marqueurs de la balance sympathico-vagale. Ils ne sont pas quantitatifs mais ils donnent une bonne estimation de l’influence relative parasympathique et sympathique dans l’équilibre autonomique sur la période d’analyse considérée. Ces indexes normalisés doivent tout de même être interprétés systématiquement en regard des puissances spectrales absolues (147, 162). Le rapport BF/HF Ce rapport exprime les changements relatifs entre l’activité des basses et hautes fréquences, et a été proposé, lui aussi, comme un marqueur de la balance « sympathico-vagale ». Des valeurs supérieures à 1 indiquent une prédominance sympathique, des valeurs inférieures à 1 indiquent une prédominance parasympathique. Comme nous l’avons vu précédemment, les puissances spectrales BF ne sont pas un marqueur exclusif de l’activité sympathique et le rapport BF/HF est nécessaire à toute interprétation des modifications des puissances spectrales. L’utilisation du rapport BF/HF permet de compléter l’interprétation des valeurs absolues de la puissance de chacune de ces bandes, ce qui en fait un outil essentiel de l’analyse spectrale de la variabilité RR. 57 Figure 17. Enregistrement de l’intervalle RR (ou de fréquence cardiaque (FC)) et sa transformation spectrale en Fourier chez un sujet sain au repos allongé (à gauche) et debout (à droite). La position du sujet est un facteur influençant les puissances spectrales : la modulation du rythme cardiaque par le système sympathique est moins importante en position couchée (les BF sont diminuées) par rapport à la position debout (les BF sont augmentées). Modifié d’après (58). Intérêts et limites de l’analyse par transformée de Fourier L’étude de variabilité RR au moyen de la transformée de Fourier est un moyen sensible et non invasif d’étudier l’activité autonomique cardiaque, dans de nombreuses situations. D’autre part, l’acquisition du signal ECG et sa transformation en RR sont simples. Ces indicateurs d’activité autonomique reposant sur la transformée de Fourier ont montré de bonnes corrélations avec l’activité autonome lors d’épreuves pharmacologiques (112, 116, 135, 136), de stimulations physiologiques (140, 144) dans des situations pathologiques (153, 161) mais aussi avec les mesures de l’activité sympathique périphérique par la microneurographie (137, 139). L’activité autonomique étant marquée par différents facteurs inter-individuels tels que le niveau de puissance maximale aérobie du sujet, l’index de masse corporelle, l’âge, la prise de médicaments ou encore le sexe, la variabilité RR est influencée par ce type de facteurs individuels (119) et ils doivent être pris en considération pour toutes analyses de la variabilité RR. L’utilisation clinique de ces indicateurs autonomiques repose essentiellement sur la valeur prédictive de la variabilité RR sur la morbidité cardiovasculaire et sur la mortalité (163-170). En effet, la cohorte américaine Framingham Heart Study a permis de montrer que, dans une population de 736 sujets âgé de 72 ± 6 ans, la diminution de la variabilité RR est le meilleur marqueur pronostic de mortalité cardiovasculaire et de toutes causes (163). 58 Toutefois, la transformée de Fourier est limitée dans son interprétation par le fait qu’elle masque certaines informations temporelles. Elle permet de reconnaître les fréquences contenues dans le signal sur une période, mais n’indique rien sur l’évolution de ces différentes fréquences au cours de cette période. Celles-ci sont d’ailleurs supposées a priori stables, puisque le signal analysé doit être stationnaire (condition nécessaire au calcul). Ce critère n’est respecté uniquement que dans certaines conditions réellement stables. Dans ce cas, l’analyse de Fourier permet une assez bonne approximation des composantes fréquentielles sous contrôle autonomique. En revanche, lorsque l’activité autonomique varie rapidement au cours du temps (stimulus extéroceptif), la transformée de Fourier ne peut montrer l’évolution temporelle. L’analyse des signaux non stationnaires, c’est-à-dire dont le spectre varie au cours du temps, nécessite l’utilisation d’autres outils mathématiques « temps-fréquence » comme les transformées en ondelettes continues. D’autres méthodes de décomposition du signal existent comme la décomposition fractale (79) ou modale empirique (171), la transformée de Wigner Ville (172, 173) ou encore pour l’exemple les modèles autorégressifs (174) mais les transformées en ondelettes continues permettent de s’adapter au mieux au type de variation du signal considéré. Transformée en ondelettes Les aptitudes de cette méthode à représenter des signaux comprenant des ruptures et des discontinuités en ont fait un outil intéressant et largement utilisé dans le traitement du signal physiologique. L’intérêt qu’on lui porte dans le cadre de l’étude des signal ECG augmente comme le montre le nombre croissant de travaux utilisant cette méthode [149, 171, 172, 175-191]. Concernant le traitement du signal ECG, l’utilisation de l’analyse en transformée en ondelettes est multiple : de la détection des ondes R et la classification des complexes QRS, la détection des arythmies cardiaques à l’analyse temps-fréquence du signal RR. Dans ce travail, nous concentrerons notre propos sur l’analyse « temps-fréquence » en transformées en ondelettes du signal RR. Construction des ondelettes Contrairement à la transformée de Fourier, les transformées en ondelettes en continu sont destinées à l’analyse des signaux non-stationnaires et permettent de suivre précisément l’évolution temporelle des fréquences contenues dans le signal. De même que Fourier, l’analyse en ondelettes est une transformée intégrale. La décomposition d’un signal en ondelettes nécessite une fonction 59 Ψ régulière et définie, appelée fonction mère. La forme de l’ondelette Ψ est choisie selon qu’elle correspond au signal analysé parmi plusieurs formes existantes (figure 18), ce qui permet une plus grande sensibilité aux modifications du signal analysé, alors que l’analyse en transformée de Fourier, requière l’utilisation d’une sinusoïdale quelque soit le signal analysé. Figure 18. Exemple de fonctions mères : (a) Haar, (b) Daubechies 4, (c) coiflet 1, (d) Symlet 2, (e) Meyer, (f) Morlet et (g) Mexican hat. C’est la fonction mère Daubechies 4 (b) que nous avons utilisée dans ces travaux car la plus adaptée à la forme des oscillations du signal RR. Partant de cette fonction Ψ, nous construisons une famille de fonctions par dilatation et translation, qui constitue les ondelettes de base, définies ci-dessous : Equation 4. avec a∈ R*, b∈R. La transformée en ondelettes d’un signal f est alors définie par : Equation 5. Wfa,b(x)= <f,Ψa,b> avec a∈ R*, b∈R, ou < > représente le produit scalaire de f et Ψa,b dans l’espace L² i.e. ∫f(x). Ψa,b (x ).dx. Le calcul de ce produit scalaire constitue l’analyse de f par l’ondelette Ψ (équation 4 et 5). Ceci permet une analyse locale de f et met en évidence la présence de chaque membre de la famille, tous descendants de la fonction mère. Quantitativement la valeur de Wfa,b représente la corrélation entre Ψa,b et f. L’analyse revient à faire glisser le long du signal des fenêtres de différentes largeurs (correspondant aux différents niveaux d’ondelette) contenant la fonction mère. La largeur de la fenêtre caractérise un membre de la famille avec un facteur de dilatation 60 particulier. Le calcul de Wfa,b donne une série de coefficients, appelés coefficients d’ondelettes, qui représentent l’évolution de la corrélation entre le signal f et l’ondelette choisie, à différents niveaux d’analyse (ou différentes fréquences) tout au long du signal f. Pour chaque niveau, plus les valeurs absolues des coefficients d’ondelettes sont élevées, meilleure est la corrélation entre le signal original analysé et l’ondelette analysante. Figure 19. Représentation graphique (B) des transformées en ondelettes en continu d’un signal (A). Chaque petite barre verticale (B) représente un coefficient d’ondelette obtenue avec l’ondelette analysante dessinée à droite (C). Les ondelettes des niveaux 32 et 64 vont identifier les oscillations dans les basses fréquences du signal alors que les niveaux 2, 4 et 8 vont identifier les oscillations dans les hautes fréquences. Ainsi, l’évolution des coefficients aux différents niveaux d’analyse (B) permet de connaître le moment de l’apparition et disparition des différentes fréquences contenues dans le signal. Modifié d’après (175). Un exemple d’analyse en ondelettes est présenté sur la Figure 19. Le signal analysé est composé de trois parties: la première partie contient à la fois des oscillations de basses et hautes fréquences, alors que les 2 dernières parties correspondent respectivement à des oscillations de basses, puis de hautes fréquences. Ce signal est analysé en utilisant des ondelettes de base construites à partir de l’ondelette mère appelée « Daubechies 4 » (voir figure 18 (b) et figure 19 à droite). L’analyse en ondelettes de ce signal non stationnaire permet de suivre l’évolution de chaque fréquence contenue dans le signal au cours du temps. Les premiers niveaux (2, 4, 8...) correspondent à une analyse réalisée avec une faible valeur du facteur de dilatation. Ainsi, ils représentent les variations des hautes fréquences du signal. Au contraire, les derniers niveaux (...32, 64, 128) correspondent à une analyse réalisée avec une valeur importante du facteur de 61 dilatation, représentant donc les variations basses fréquences du signal. L’analyse en ondelettes de ce signal non stationnaire permet de suivre l’évolution de chaque fréquence contenue dans le signal au cours du temps. Les coefficients d’ondelettes de chaque niveau sont élevés au carré afin d’obtenir des valeurs représentant la puissance du signal. Pour analyser les plus courtes variations du signal, l’ondelette de niveau le plus bas sur le graphique (niveau 2) va comparer des changements sur 21=2 RR consécutifs (hautes fréquences). Au niveau suivant (niveau 4), l’ondelette analysante comparera des variations sur 2²=4 RR consécutifs, la comparaison étant effectuée entre la forme de la courbe sur quatre RR consécutifs et la forme de l’ondelette analysante d’une largeur de 4 points. La fréquence analysée est alors égale à deux fois celle du niveau précédent. A chaque fois que l’analyse monte d’un niveau, le nombre de RR consécutifs et la fréquence analysée sont multipliés par deux. Le nombre de points maximum pouvant être analysés est le dernier nombre en 2n qui peut contenir le nombre de RR dans la série. Application à l’analyse de la variabilité RR Les niveaux intéressants pour l’estimation de l’activité autonomique sont les niveaux allant de 2 à 128 et correspondant aux fréquences comprises entre 0 – 0,4 Hz du spectre de Fourier obtenu à partir du signal RR. Ainsi, la somme des coefficients d’ondelettes des niveaux 2, 4, et 8, élevés au carré, correspondent aux hautes fréquences (HF) standardisées dans la méthode de transformée de Fourier soit des fréquences comprises entre 0,15 – 0,4 Hz. La somme des coefficients des niveaux 16 et 32, élevés au carré, correspondent aux basses fréquences (BF), soit des fréquences comprises entre 0,03 – 0,15 Hz. Les niveaux 64 et 128 correspondent aux très basses fréquences (TBF : 0,004 – 0.03 Hz). On calcule aussi les autres indices classiques : le rapport BF/HF (niveaux 16+32 / niveaux 2+4+8), ainsi que les valeurs normalisées HFnu et BFnu qui donneront les indications complémentaires sur le rapport entre les puissances spectrales. 62 Figure 20. Evolution des ondelettes au cours des 24 heures chez un sujet sain. Chaque petite barre verticale (en bas) représente un coefficient d’ondelette obtenue avec le niveau d’ondelette correspondant. Modifié d’après (175). L’analyse avec des méthodes temps-fréquence permet de suivre les évolutions temporelles des indices de la variabilité RR (figure 20). Elle sera donc adaptée aux situations pour lesquelles l’activité autonome d’un sujet présente des variations rapides. De plus, la forme de l’ondelette Ψ est choisie selon qu’elle correspond au signal analysé. Pour l’analyse en transformée de Fourier, la forme est sinusoïdale quelque soit le signal considéré. Nous avons choisi la fonction Daudechies 4 qui a montré des résultats plus sensibles aux modifications d’atropine et de β-bloquant (175). Autres méthodes d’exploration du système nerveux autonome Plusieurs aspects du contrôle autonomique peuvent être explorés. Parmi eux, la fonction sudorale peut être étudiée par plusieurs méthodes. Parmi elles, l’enregistrement intraneural de l’activité sympathique (enregistrement des décharges des fibres sympathiques à l’aide d’une microélectrode de tungstène insérée dans un nerf) ou les réponses cutanées sympathiques (enregistrement du potentiel électrique à partir d’électrodes placées sur la face dorsale et palmaire d’une main ou d’un pied après un stimulus) sont les plus utilisées. Il existe aussi le test de thermorégulation sudorale (le stimulus consiste ici à augmenter la température centrale en augmentant la température 63 cutanée, des indicateurs colorimétriques attestent alors de la production de sueur) ou encore le test quantitatif du réflexe d’axone sudoromoteur (la stimulation des terminaisons sympathiques postganglionnaires entraîne un stimulus antidromique qui, par un mécanisme de réflexe d’axone, va entraîner la libération d’acétylcholine dans une autre terminaison nerveuse postganglionnaire et provoquer l’excrétion sudorale). Toutefois, la principale fonction de ces projections sympathiques cutanés est la thermorégulation et ces techniques, parfois complexes, ne permettent ni un accès au contrôle parasympathique ni au contrôle cardiaque (51). L’activité autonomique peut-être évaluée par la mesure des neuromédiateurs plasmatiques ou urinaires. Cette technique est réservée aux catécholamines, l’acétylcholine étant hydrolysé immédiatement au sein de la fente synaptique (48). Pour plusieurs raisons, ces techniques permettent une approche globale de l’activité autonome. En effet, bien que la majorité de la noradrénaline plasmatique provienne de la libération synaptique sympathique, une certaine part de cette noradrénaline est libérée par les glandes surrénales. De plus, une partie seulement de neurotransmetteurs est libéré dans la circulation, puisque une autre partie est métabolisée, recaptée en zone pré-synatique ou diffuse vers d’autres tissus. La quantité de neurotransmetteurs libérés dans la circulation est approximativement de 20% des catécholamines synaptiques, proportion qui varie selon les conditions (176). Enfin, la proportion de catécholamines circulantes et catécholamines libérées par les synapses varient selon l’activité des régions actives et inactives telles que l’activité sympathique à destinée vasculaire (177). Il est donc impossible d’étudier l’activité autonomique d’un seul tissu ou organe à partir de ces mesures. Toutefois, parce que la libération d’adrénaline est spécifique à la glande surrénale, l’activité adrénergique d’origine surrénalienne est plus accessible par cette technique que l’activité sympathique cardiaque. La scintigraphie à la métaiodobenzylguanidine (MIBG) est un moyen peu invasif d’évaluation des mécanismes présynaptiques de recapture de la noradrénaline. La MIBG est analogue à guanéthidine, agent bloquant adrénergique. Elle partage les mécanismes de capture de la noradrénaline, aussi bien au niveau de la membrane présynaptique qu’au niveau des vésicules de stockage intraneuronal. Elle est sécrétée avec la noradrénaline mais ne se fixe pas sur les récepteurs postsynaptiques et n’est pas métabolisée. La fixation myocardique de la MIBG est donc diminuée lors des atteintes des neurones adrénergiques (178). Cette technique est utilisée afin de connaître l’altération du recaptage noradrénergique dans la fente synaptique cardiaque 64 dans plusieurs conditions pathologiques telles que l’insuffisance cardiaque (178) ou l’apnée du sommeil (179) mais ne renseigne pas sur l’activité ou la réactivité sympathique cardiaque. Le développement de la technique de microneurographie a permis l’exploration de l’activité sympathique périphérique à destinées musculaire et cutanée (180) chez l’Homme de manière peu invasive. Cette technique, développée par Wallin et collaborateurs (118), permet d’explorer l’activité et la réactivité sympathiques périphériques avec une très bonne définition temporelle (144). Cependant, le contrôle sympathique périphérique à destinées musculaire, cutanée et cardiaque n’est pas forcement équivalent au niveau de ces organes et si ces techniques apportent des informations complémentaires sur le contrôle sympathique, l’étude des réponses cardiaques restent nécessaires d’autant plus que le coeur est le seul de ces organes qui présente la double innervation sympathique et parasympathique. Conclusion L’évaluation des réponses autonomes à des stimulations phasiques telles que les stimulations nociceptives et les évènements respiratoires nécessite une méthodologie applicable sur des périodes d’analyse très courtes. Dans ce cadre, la sensibilité des méthodes d’analyse « temporelles » est moins fine que d’autres techniques de traitement du signal, dites « fréquentielles », et ceci particulièrement pour l’étude de phénomène de court durée. Toutefois, la transformée de Fourier qui est l’analyse fréquentielle de référence n’est adaptée ni à l’étude de signaux non-stationnaires ni à l’étude de période de courte durée. En effet, elle nécessite 256 intervalles RR, soit entre 3 et 6 minutes d’enregistrement et elle ne livre pas d’information sur l’évolution temporelle de ces fréquences au cours de ces 256 intervalles RR. En revanche, les transformées en ondelettes rendent possible une analyse du contrôle autonomique sur de très courtes périodes après des stimulations nociceptives provoquées ou des évènements respiratoires spontanés pathologiques. 65 Chapitre 4 66 Contrôle autonome cardiaque et états de vigilance Un certain nombre de modifications cardiovasculaires, respiratoires, hormonales et métaboliques accompagnent le sommeil. Certaines d’entre elles, en particulier les adaptations cardio-vasculaires et métaboliques, sont liées aux modifications autonomiques qui accompagnent le sommeil. En effet, l’activité autonomique est influencée par les états de vigilance, par le rythme circadien mais aussi par la microstructure du sommeil. Veille Comme nous avons vu précédemment, l’activité autonomique est dépendante de plusieurs boucles réflexes à partir de structures du tronc cérébral mais est aussi soumise à un contrôle de structures impliquées dans les états de vigilance (181). En effet, la veille est à l’origine d’un effet tonique sur le système sympathique cardiaque et vasculaire (182) permettant le maintient d’un niveau élevé d’activité sympathique périphérique à destinée vasculaire (183) ainsi qu’un niveau élevé des puissances spectrales BF et du rapport BF/HF de la variabilité RR (184-192). Sur l’activité parasympathique, l’éveil entraîne un effet inhibiteur (182), libéré par l’installation du sommeil. Ces niveaux d’activité sympathique et parasympathique cardiaque sont modulés par différents facteurs au cours de la veille tels que les activités motrice, cognitive et les changements positionnelles (182). Transition veille-sommeil Le passage de l’état d’éveil à celui du sommeil est accompagné d’une diminution de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque et du débit cardiaque d’environ 15% chez des sujets normotendus (48, 193, 194). La diminution de la fréquence cardiaque est particulièrement marquée lors de l’endormissement (figure 21) et lorsque le sujet entre dans un sommeil lent stable c’est-à-dire sans micro-éveils (195). Ces changements cardio-vasculaires sont accompagnés d’une augmentation des puissances spectrales HF de la variabilité RR et d’une diminution des puissances BF de la variabilité RR et du rapport BF/HF (196) indiquant, dès l’endormissement une diminution de l’activité sympathique cardiaque et une augmentation de l’activité parasympathique caractéristique du sommeil (185, 196-199). 67 Figure 21. Diminution de la fréquence cardiaque à l’endormissement (temps 0). On peut constater la diminution de la fréquence cardiaque (FC, bpm : battement par minute) et du rapport BF/HF alors que les puissances spectrales hautes fréquences augmentent (HF) indiquant le passage d’une prédominance sympathique à une prédominance parasympathique lors du passage de l’état d’éveil à celui du sommeil. Modifiée d’après (196). Sommeil lent Le sommeil lent induit une diminution de la fréquence cardiaque et de la pressions artérielle (48, 193, 194). Les études de variabilité RR chez l’Homme au cours du sommeil lent montrent une augmentation des puissances spectrales HF et une diminution des puissances BF et du rapport BF/HF (figure 23). Ces changements spectraux indiquent un nouvel équilibre sympatho-vagal pendant le sommeil, au cours duquel l’activité sympathique cardiaque diminue, l’activité 68 parasympathique augmente devenant prédominant (184-192, 200). La diminution du tonus sympathique cardiaque étudiée par la variabilité RR est corroborée par les résultats d’autres index sympathiques cardiaques tels que la période de pré-éjection cardiaque (201), l’intervalle QT (202), ou encore avec l’activité sympathique à destinée musculaire (183) et avec la concentration de catécholamines circulantes (203). Ces modifications autonomiques et cardiovasculaires sont plus marquées en sommeil lent profond (189, 191, 200). Les raisons de la diminution de la fréquence cardiaque à l’endormissement et pendant le sommeil sont complexes et plusieurs mécanismes peuvent être évoqués. D’abord, l’activité autonomique est fonction de la position du sujet, l’activité sympathique étant élevée en position debout et réduite en position allongée et inversement pour l’activité parasympathique (204, 205). Deuxièment, les activités musculaire et attentionnelle entraînent le tonus sympathique selon une composante excitatrice tonique (181) et leur diminution lorsque le sujet s’apprête à s’endormir pourrait se confondre avec l’effet propre de l’endormissement. Troisièmement, les modifications cardio-vasculaires à l’endormissement sont accompagnées par une diminution de la ventilation (diminution de la ventilation/minute) et du métabolisme par rapport à l’éveil (181) qui ellesmêmes peuvent influencer l’activité autonomique cardiaque. En effet, l’étude de Van de borne (206) montre que le couplage cardio-pulmonaire lors du passage de l’éveil au sommeil explique 8 à 15% de l’augmentation du tonus parasympathique. Enfin, la régulation de la pression artérielle diffère pendant le sommeil. Les études concernant la sensibilité baroréflexe montrent plusieurs modifications pendant le sommeil lent : la sensibilité baroréflexe est augmentée, en particulier les séquences baroréflexes qui diminuent la pression artérielle en comparaison avec l’éveil, alors que celles qui augmentent la pression artérielle ne semblent pas modifiées (200). De plus, la pression partielle en dioxyde de carbone (CO2) augmente et la pression artérielle diminue pendant le sommeil. Ces changements sont de nature à déclencher des boucles réflexes durant la veille mettant en jeu l’activité sympathique (207), ce qui n’est pas le cas au cours du sommeil lent. L’ absence de ces réponses à la diminution de la pression artérielle et à l’augmentation de la pression partielle en CO2 suggèrent qu’un nouveau point d’équilibre baroréflexe et chémoréflexe est atteint pendant le sommeil (200, 208, 209). Ce nouvel équilibre, à l’origine des changements de l’activité autonome pendant le sommeil, nécessite un contrôle par une influence centrale. Enfin, les études de cohérence entre les signaux EEG et la variabilité RR montrent une cohérence positive entre les puissances spectrales de l’EEG, en particulier la puissance spectrale 69 delta, et l’index normalisée des HF (201, 210). Ces études suggèrent un effet direct du sommeil sur le tonus vagal et sympathique cardiaque pendant le sommeil lent (figure 22). Figure 22. Evolution des puissances spectrales EEG et de la variabilité RR au cours du sommeil. Les puissances spectrales EEG delta (0,3-3 Hz), sigma (12-16 Hz) et bêta (20-28 Hz) sont présentées ainsi que les basses fréquences (BF), les hautes fréquences (HF), le rapport BF/HF de la variabilité RR. Modifiée d’après (191). Ainsi, le sommeil lent a un effet indirect sur le contrôle autonomique cardiaque par les modifications positionnelles, métaboliques, motrices, cognitives et respiratoires qu’il impose, mais aussi en en modifiant directement l’équilibre autonomique et la sensibilité des réflexes à l’origine du contrôle cardiaque. D’autre part, le sommeil semble avoir un effet direct sur l’activité autonomique cardiaque en favorisant une prédominance parasympathique. Sommeil paradoxal Les études concernant la variabilité RR au cours du sommeil paradoxal montrent que, contrairement au sommeil lent, ce stade est marqué par des puissances spectrales BF et un 70 rapport BF/HF élevés ainsi que des HF diminuées (184-192, 200). Les niveaux de puissances spectrales BF et le rapport BF/HF au cours du sommeil sont équivalents à celui de la veille alors que le niveau de fréquence cardiaque est généralement intermédiaire entre la veille et le sommeil lent (figure 23). Ces données montrent donc que l’activité cardiaque sympathique est élevée et prédominante alors que l’activité parasympathique cardiaque est diminuée. Ces modifications sympathiques cardiaques sont identiques à celles de l’activité sympathique à destinée musculaire (183) et à celle de l’évolution de la concentration de catécholamines circulantes (203). Cependant, ces modifications de l’activité autonomique au cours du sommeil paradoxal sont surtout marquées pendant les périodes phasiques de sommeil paradoxal aussi bien concernant la fréquence cardiaque (211, 212) que l’activité sympathique périphérique à destinée vasculaire (213). Ces décharges d’activités autonomiques tendent à coïncider avec les mouvements oculaires mais aussi avec d’autres évènements phasiques spécifiques du sommeil paradoxal tels que décharges musculaires et les décharges d’activité thêta au cours de cette phase de sommeil (209). Certains phénomènes phasiques autonomiques sont documentés pendant le sommeil paradoxal : Verrier et al. (214) montrent la présence de bradycardies isolées en sommeil paradoxal liées à des décharges vagales. De manière concomitante, l’équilibre et la sensibilité des réflexes à l’origine du contrôle cardiaque en sommeil paradoxal seraient équivalents à ceux du sommeil lent, tendant à maintenir le niveau de pression artérielle diminué (200, 209, 215-217). Les évènements phasiques sont responsables de l’augmentation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque. Ainsi, le baroréflexe tend à maintenir un certain point d’équilibre pressionnel équivalent à celui du sommeil lent. En sommeil paradoxal, le contrôle de la fréquence cardiaque est donc partagé entre une commande centrale liée aux événements caractéristiques du sommeil et une commande baroréflexe qui tend à maintenir un certain niveau pressionnel comme à l’éveil. 71 Figure 23. Variabilité RR selon les stades de sommeil. Le sommeil conduit à une augmentation de l’intervalle RR, marqué part une augmentation des puissances spectrales HF normalisées et une diminution des puissances spectrale BF normalisées ainsi que du rapport BF/HF au cours du sommeil lent. En sommeil paradoxal, les puissances spectrales LF dominent en lien avec l’activité phasique de ce stade. Modifiée d’après (192). Effet circadien Si la diminution de la pression artérielle au cours du sommeil ne semble ne pas être influencée par le processus circadien mais bien par le sommeil lui-même, la fréquence cardiaque présente elle une rythmicité circadienne (194, 218-220). Certaines études en privation aigue de sommeil et certaines concernant la relation entre fréquence cardiaque et cycle de sommeil ont montré une relation étroite entre rythme circadien et fréquence cardiaque (194, 218-220). En effet, la fréquence cardiaque diminue progressive au cours de l’alternance des cycles du sommeil, quelque soit le stade de sommeil considéré (218). De plus, malgré la privation aigue de sommeil, la fréquence cardiaque continue à présenter ce profil de diminution lors du sommeil (220). Les modifications de la fréquence cardiaque pendant le sommeil normal semblent donc dépendre non seulement de l’effet propre du sommeil mais aussi du processus circadien. 72 Conclusion Le sommeil entraîne une modulation dynamique de l’activité autonome cardiaque : l’activité autonomique évolue au cours du sommeil, selon les stades, selon des évènements phasiques et selon le processus circadien. Cette modulation se fait à la fois par un effet indirect via les modifications positionnelles, métaboliques, motrices, cognitives et respiratoires, mais aussi en en modifiant l’équilibre et la sensibilité des réflexes à l’origine du contrôle cardiaque. L’activité autonomique cardiaque au cours du sommeil résulte de l’intégration de réflexes cardio-vasculaires et d’une commande centrale spécifique au sommeil concernant l’activité autonome phasique et tonique (209). En effet, les réactivités corticale et autonomique aux évènements perturbateurs du sommeil illustrent aussi l’étroite relation qu’entretiennent les états de vigilance, leur contrôle et l’activité autonomique cardiaque. Cet aspect sera développé dans les chapitres suivants. 73 Chapitre 5 74 Etude 1 : réactivité autonomique aux stimulations douloureuses pendant le sommeil chez le sujet sain Ce chapitre correspond à un article sous-presse dans la revue European Journal of Pain (voir annexes). Introduction La douleur est reconnue pour perturber le sommeil chez les patients avec une douleur chronique (221, 222) mais également chez des sujets sains lors d’une douleur expérimentale (223-226). En effet, chez les sujets sains, des stimulations nociceptives délivrées au cours du sommeil induisent des réactions d’éveil dans 27 à 48 pourcents des cas, selon certains facteurs tels que la profondeur du sommeil et la nature des stimulations nociceptives utilisées (laser, thermode, injection intramusculaire, etc…) (223, 225). Ces réactions d’éveil sont caractérisées par un changement rapide de l’activité du système nerveux central enregistrable sur l’EEG, associé à des changements respiratoires (227) et autonomiques appréciable sur la fréquence cardiaque (186), la pression artérielle (228) et les résistances vasculaires (229). Certains auteurs ont précédemment montré l’existence d’une relation étroite entre réactivité corticale et cardiaque, que ces réactions d’éveil soient spontanées (186, 230), liées à des mouvements périodiques (231, 232), ou encore déclenchées par des stimulations extéroceptives sonores (233-235) ; dans tous ces cas, la fréquence cardiaque augmente en relation avec la réactivité corticale (232, 236). Si cette réactivité autonomique semble bien être dépendante de l’activité sympathique, la participation de l’activité parasympathique à cette réactivité pourrait dépendre des stades de sommeil. En effet, les travaux de Bonnet et Arand (186) ont montré que si, en sommeil paradoxal, la réactivité autonomique concomitante aux réactions d’éveil spontanées met en jeu uniquement l’activité sympathique, cette réactivité s’accompagne également d’une diminution de l’activité parasympathique en stade 2 de sommeil. Des changements de fréquence cardiaque ont été aussi rapportés en réaction à des stimulations nociceptives thermiques au cours du sommeil (237). Ces résultats suggèrent que le système nerveux autonome reste réactif à la douleur pendant tous les stades de sommeil sans que l’amplitude des réactions autonomes ne soit différente en fonction de ces stades. Cependant, il reste à savoir si cette réactivité cardiaque à la nociception pendant le sommeil est contingente de 75 la réaction d’éveil, ainsi que de comprendre la participation respective des systèmes sympathique et parasympathique. La caractérisation de ces réponses autonomes à la douleur est nécessaire à la compréhension des mécanismes potentiels impliqués dans les syndromes douloureux chroniques avec troubles du sommeil. Dans cette étude, nous avons évalué la réactivité autonomique à des stimulations nociceptives au cours d’une nuit de sommeil chez des sujets sains, ainsi que les relations entre réactivité autonomique et corticale, et l’influence des stades de sommeil sur cette réactivité. Nous avons fait l’hypothèse que : 1) les stimulations nociceptives induisaient une réaction cardiaque dépendant essentiellement de la réactivité sympathique ; 2) cette réactivité sympathique cardiaque serait plus intense lorsque la stimulation nociceptive entraîne une réaction d’éveil cortical ; 3) et enfin cette réactivité serait associée à une diminution du tonus parasympathique en stade 2 de sommeil. Nous avons choisi d’utiliser une analyse temps-fréquence du signal RR basée sur des transformées en ondelettes car cette méthode est bien adaptée à l’étude de la réactivité autonomique sur des périodes d’analyse courtes et sur un signal présentant des caractéristiques non stationnaires (175, 238, 239). Cette technique temps-fréquence permet d’étudier précisément la participation respective des systèmes nerveux sympathique et parasympathique (128, 240, 241). Méthodes Participants Quatorze volontaires sains ont été inclus dans cette étude (4 femmes et 10 hommes; âge moyen : 32,8 ± 7,3 ans). Aucun ne présentait d’anomalies connues de type cardiaque, neurologique ou psychiatrique, ne souffrait d’insomnie, de douleur chronique et ne prenait de psychotrope. Tous ces participants avaient un score inférieur à 5 dans chacune des catégories du questionnaire général de santé GHQ-28 (242) (traduit en français par W. Bettschart et M. Bolognini), indiquant l’absence d’état anxieux ou dépressif. Les données analysées dans ce chapitre ont permis la publication d’un article sur les réponses évoquées aux stimulations nociceptives au cours du someil dans la revue pain (223). Cette étude a été approuvée par un comité d’éthique local (CCPPRB Léon Bérard-Lyon) et soutenue par l’agence nationale pour la recherche médicale 76 (INSERM). Un consentement éclairé a pu être obtenu pour chaque volontaire selon les principes de la déclaration d’Helsinki. Stimulation laser Des stimulations nociceptives à la chaleur ont été délivrées à l’aide d’un laser Nd:YAP (Neodinium : Yttrium Aluminium Perovskite; Stimul 1340 El.En®; longue d’onde 1.34 µm; durée de stimulation : 5 ms). Le faisceau laser était transmis du générateur au stimulateur via une fibre optique de 10 mètres de long (550 µm avec un connecteur SMA-905), passant à l’aide d’un trou dans le mur entre la pièce d’enregistrement et la chambre. L’intensité de la stimulation a été déterminée pour chacun des participants deux jours avant l’enregistrement polysomnographique et contrôlée en début de session d’enregistrement. Des stimuli d’intensité croissante ont été délivrés sur le dos de la main gauche ou droite afin de déterminer le seuil nociceptif, en utilisant une échelle de Likert allant de 0 (aucune sensation) à 10 (douleur insupportable), le niveau 4 étant défini comme “piquant, modérément douloureux”. L’énergie de stimulation à ou légèrement au dessus de 4 a été utilisée pour l’expérimentation et maintenue constante pendant toute la nuit (voir (223) pour plus de détails). La densité d’énergie a été maintenue entre 50 et 79 mJ/mm², valeurs qui correspondent aux valeurs normales dans notre laboratoire (243) ainsi qu’à celles de données expérimentales déjà publiées avec ce type de laser (244, 245). Protocole expérimental Le protocole s’est déroulé dans une pièce isolée acoustiquement et électriquement au sein du laboratoire. Afin d’augmenter la pression de sommeil, tous les participants ont été privé de 2 à 3 heures de sommeil la nuit précédant l’expérimentation. L’estimation des intensités de stimulation et l’enregistrement des potentiels évoqués laser (PEL) au cours de l’éveil ont été réalisés dans une pièce calme où le sujet était assis dans un fauteuil, tout près de la pièce d’enregistrement du sommeil. Puis les volontaires étaient invités à s’allonger confortablement dans la pièce d’enregistrement polysomnographique et s’endormir à leur horaire souhaité. 77 Un minimum de 20 minutes était requis entre les premiers signes électroencéphalographiques de sommeil et l’envoi des premières stimulations nociceptives. L’identification des différents stades de sommeil (stade 2 -S2-, sommeil lent profond -SLP- et sommeil paradoxal -SP) a été faite en direct par un expert du sommeil (HB). Ceci afin de pouvoir stimuler chaque sujet au cours de chaque stade de sommeil et interrompre les séquences de stimulation lorsque le sujet se réveillait. Un second investigateur (VL) entrait dans la pièce de manière intermittente afin de délivrer les impulsions laser. Le volontaire endormi et l’investigateur étaient équipés de systèmes de protection oculaire et l’examinateur portait un casque lui permettant d’entendre un son annonçant l’impulsion laser. Les stimulations ont été délivrées à un intervalle moyen de 30 secondes, et si une stimulation réveillait le dormeur, la séquence était immédiatement interrompue. Les sujets étaient réveillés à 7 heures du matin et une dernière séquence de stimulations était réalisée à l’éveil. Enregistrements électrophysiologiques Les enregistrements électrophysiologiques ont été réalisés avec des amplificateurs Neuroscan® Scan 4.2 (Neuroscan, Charlotte, USA) et un montage de 32 électrodes Ag/AgCl montées sur un casque élastique (Quickcap®, Neuromedical supplies, Charlotte, USA) conçu pour le système 1020 (246). Toutes les électrodes EEG ont été reliées avec une référence au nez. Les saccades oculaires et les mouvements de paupières ont été enregistrés avec une électrode électroculographique (EOG) placée sur le canthus droit supérieur latéral et le tonus musculaire par un électromyogramme (EMG) composé de deux électrodes sur le muscle mentalis du menton. Une électrode supplémentaire liée à la référence commune des électrodes EEG, a été placée sur la peau de l’avant bras gauche, au niveau du muscle extenseur communis digitorum et utilisée pour l’EMG et le signal électrocardiographique (EKG). L’impédance des électrodes a été maintenue en dessous de 5 kOhm. Les signaux EEG ont été échantillonnés à 500 Hz, amplifiés 30000 fois et filtrés analogiquement (-3dB/oct 0.1-70 Hz) pendant l’acquisition. Simultanément à chaque impulsion laser, un déclic digital a été envoyé au système d’enregistrement EEG et stocké avec les données EEG afin de déterminer a posteriori le 78 moment exact de la stimulation. L’enregistrement électrophysiologique à été réalisé en continu de 11 heures du soir à 7 heures du matin et stocké pour l’analyse a posteriori. 79 Analyse des données Analyse du sommeil Les stades du sommeil ont été identifiés visuellement, après l’enregistrement sur des périodes d’analyse de 30 secondes et selon les critères de Rechtschaffen et Kales (247). La survenue d’une réaction d’éveil a été contrôlée après chaque stimulation. Selon les critères ASDA (17), les réactions d’éveil ont été définies comme des décharges d’activité corticale d’éveil d’une durée comprise en 3 et 15 secondes et considérées comme reliées à la stimulation si elles survenaient au sein des 15 secondes suivant cette stimulation. Un éveil complet a été déterminé quand la réaction d’éveil survenant au sein des 15 secondes après la stimulation et dont la durée était supérieure à 15 secondes. Un exemple est présenté dans la figure 24. 80 Figure 24. Exemple de réaction corticale aux stimulations laser. Les traces du haut correspondent aux signaux EEG et les trois du bas aux signaux EMG du menton, EOG et EKG. La ligne en pointillé indique le début de la stimulation (d’une durée de 5 ms). (A) sommeil lent profond sans réaction d’éveil et (B) stade 2 avec réaction d’éveil. Analyse de l’évolution des intervalles RR Une analyse pic R à pic R de EKG a été réalisée afin de détecter l’onde R du complexe QRS dans Matlab® (MathWoks, Naticks, MA, USA). Une première sélection visuelle a été réalisée directement sur les données EKG. Tous les complexes QRS non détectés, les battements 81 ectopiques ou les artéfacts ont été corrigés ou éliminés si la correction n’a pas été possible. Les données EKG ont aussi été éliminées de l’analyse quand une autre stimulation était présente dans un intervalle de 5 battements cardiaques avant et 8 battements après. Les comparaisons statistiques ont porté sur la moyenne des trois RR les plus courts entre les 2ème et 7ème battements après la stimulation par rapport à la moyenne des 5 RR avant la stimulation (RR moyen). Analyse spectrale des intervalles RR Afin d’étudier l’évolution spectrale des intervalles RR, une analyse en transformées en ondelettes appliquée sur le signal RR a été réalisée, comme développée dans la section transformée en ondelettes du chapitre 3 (page 61). L’analyse en ondelettes permet de suivre l’évolution temporelle de chaque fréquence contenue dans le signal RR. Débutant de la fonction mère Daubechies 4, une famille de fonctions est construite par dilatation et translocation qui constituent le corps de chaque niveau d’ondelette. Une série de listes de coefficients appelés coefficients d’ondelette représente l’évolution des corrélations entre le signal et le coefficient d’ondelette à différents niveaux d’ondelettes (ou différentes fréquences) au cours du signal. Les premiers niveaux de dilatation (2, 4, 8) de l’analyse en transformées d’ondelettes appliqués à 2, 4 et 8 RR respectivement correspondent aux variations dites de hautes fréquences du signal RR. Les niveaux de dilatation suivants (16, 32, 64) appliqués à 16, 32 et 64 RR respectivement correspondent aux variations dites de basses fréquences du signal RR. Les carrés des coefficients d’ondelettes aux niveaux 2, 4, 8 représentent la puissance spectrale des hautes fréquences (HFWV) et sont utilisés pour évaluer l’activité parasympathique (128), alors que ceux des coefficients 16 et 32 représentent la puissance spectrale des basses fréquences (BFWV) (175, 248). Dans cette étude, nous avons utilisé uniquement le coefficient 16 pour l’analyse de la puissance spectrale des basses fréquences afin d’éviter le chevauchement entre les stimulations dont l’intervalle de temps inter-stimulations était court. Le rapport BFWV/HFWV a été calculé par le rapport entre le carré du coefficient 16 et la somme des carrés des coefficients d’ondelette de niveaux 2, 4, 8 afin d’obtenir un marqueur de l’équilibre sympatho-vagal. A ce titre, nous avons complété l’exploration de la balance sympathique-parasympathique en présentant les index basses fréquences normalisés (BFWV%, égale à BFWV/( BFWV + HFWV) × 100) et hautes fréquences normalisés (HFWV%, égale à HFWV/( BFWV + HFWV) × 100). Cette analyse a été réalisée sur 16 RR avant et après chaque stimulation. Un exemple est donné dans la figure 25. 82 83 Figure 25. Exemple représentatif (A) des intervalles RR, (B) des basses fréquences (BFWV), (C) des hautes fréquences (HFWV) et (D) du rapport basses fréquences/hautes fréquences (BFWV/HFWV ) avant et après chaque stimulation nociceptive chez un sujet au cours du stade 2 de sommeil. L’analyse spectrale a été réalisée sur 16 RR avant et après chaque stimulation, comme présenté dans l’encadré (E). Analyse statistique Les données ont été analysées avec le logiciel statistique PASW (SPSS Inc®, Chicago, USA). Les valeurs du RR moyen, des HFWV, des BFWV, le rapport BFWV/HFWV et les indices normalisés BFWV% et HFWV% ont été soumis à deux analyses de variance (ANOVA) à mesures répétées différentes, chacune d’elle avec 2 facteurs intra-sujets et une correction des degrés de liberté de Greenhouse-Geisser si nécessaire. Le premier facteur était le temps (pré – post stimulation) dans les deux analyses et le second était : (a) les états de vigilance (éveil -E-, stade 2 -S2-, sommeil lent profond -SLP- et sommeil paradoxal -SP) et (b) la présence d’une réaction d’éveil (avec et sans réaction d’éveil). Un test post-hoc de Newman-Keul a été utilisé si les résultats de l’ANOVA étaient significatifs (lorsque le degré de liberté était supérieur à 1). Enfin, nous avons testé par une régression simple pour variables continues l’association entre la durée d’éveil cortical et chacune des variables (RR moyen, des HFWV, des BFWV, le rapport BFWV/HFWV et les indices normalisées BFWV% et HFWV%) qui présentait une variation significative dans l’analyse de variance. Les différences ont été considérées comme significatives lorsque p<0,05 et les valeurs ont été présentées en moyenne ± erreur standard. Résultats Trois des 14 sujets ont été exclus de l’analyse car deux présentaient trop peu de temps de sommeil (moins de 2 heures et 12 minutes) et un sujet du fait de données EKG manquantes lors de l’acquisition. Les sujets restants présentaient un temps total de sommeil moyen de 397,9 ± 60,3 minutes (table 3). Chez ces 11 sujets, sur les 909 stimulations laser délivrées, 881 ont été incluses dans l’analyse et 28 exclues à cause d’intervalles entre les stimulations trop courts, d’artéfacts non corrigeables ou de battements ectopiques. Ainsi, 80,1 ± 30,6 stimulations par sujet 84 ont été analysées, dont 20,1 ± 20,2 à l’éveil, 29,5 ± 9,3 en stade 2, 21,3 ± 14,3 en sommeil paradoxal et 9,3 ± 10,3 en sommeil lent profond. Les données exclues pour les raisons citées plus haut ont amené à supprimer deux sujets des analyses en fonction des stades de sommeil. Les analyses statistiques ont donc porté sur 8 sujets pour la comparaison entre les états de vigilance et chez 11 sujets pour la comparaison entre présence et absence de réaction d’éveil. Table 3. Caractéristiques et paramètres du sommeil des 11 volontaires (moyenne ± écart-type (ET)). Moyenne ET Ecart Age 32,8 7,3 [18-47] Temps total de sommeil (min) 397,9 60,3 [272-507] 2,8 0,5 [2,3-3,5] GHQ-28 Nombre de stimulations analysées par sujet et par état de vigilance : Eveil 20,1 20,2 [0-66] Stade 2 29,5 9,3 [5-60] Sommeil paradoxal 21,3 14,3 [4-40] Sommeil lent profond 9,3 10,3 [0-33] Nombre total 80,1 30,6 [44-143] Pourcentage de réaction d’éveil après les stimulations par sujet et par stade de sommeil : Stade 2 28,8 17,1 [2,4-61,1] Sommeil paradoxal 21,3 27,0 [0-100] Sommeil lent profond GHQ-28, questionnaire général de santé de Golberg et Hillier. 14,2 19,1 [0-50] Intervalles RR et analyse en ondelettes selon les états de vigilance Analyse des intervalles RR Le RR moyen varie en fonction du temps (F(3,7) = 27,78 ; p = 0,001), alors qu’il n’y a pas d’effet selon les états de vigilance (F(3,7) = 1,29 ; p = 0,303) mais une interaction entre ces deux effets (F(3,7) = 4,62 ; p = 0,024). Le RR moyen diminue donc significativement après les stimulations en comparaison du RR de la période basale. Le RR avant la stimulation est significativement plus 85 élevé pendant les stades de sommeil en comparaison avec le RR à l’éveil. Ces résultats sont illustrés par la figure 26A. Analyse en ondelettes du signal RR La puissance spectrale des BFWV est modifiée en fonction du temps (F(3,7) = 19,95 ; p = 0,003), des états de vigilance (F(3,7) = 4,74 ; p = 0,033) et présente une interaction entre ces deux effets (F(3,7) = 4,49 ; p = 0,040). La puissance spectrale des BFWV augmente donc significativement après les stimulations en comparaison avec le niveau basal. Les tests post-hoc montrent que le niveau des BFWV est plus bas pendant l’éveil que celui en stade 2 (Q = 4,56 ; p = 0,020) et en sommeil paradoxal (Q = 4,42 ; p = 0,014) mais pas en sommeil lent profond (Q = 1,98 ; p = 0,180). Aucune différence n’apparaît entre les stades de sommeil (stade 2 vs sommeil lent profond : Q = 1,8 ;, p = 0,083 ; stade 2 vs sommeil paradoxal : Q = 0,09 ;, p = 0,930 ; sommeil paradoxal vs sommeil lent profond : Q = 1,73 ; p = 0,099) (voir figure 26B). La puissance spectrale des HFWV ne présente pas de modification significative, ni en fonction du temps (F(3,7) = 2,50 ; p = 0,142), ni en fonction des états de vigilance (F(3,7) = 0,37 ; p = 0,564) et ne présente pas non plus d’interaction (F(3,7) = 1,10 ; p = 0,361). La puissance spectrale des HFWV n’est modifiée ni par les stimulations ni par les états de vigilance (voir figure 26C). Le rapport BFWV/HFWV est modifié en fonction du temps (F(3,7) = 15,61 ; p = 0,006) mais pas en fonction des états de vigilance (F(3,7) = 2,60 ; p = 0,097) et ne présente pas non plus d’interaction (F(3,7) = 0,24 ; p = 0,782). Le rapport BFWV/HFWV est donc significativement augmenté après la stimulation en comparaison avec le niveau basal sans modification en fonction des états de vigilance (voir figure 26D). Les BFWV% sont modifiées en fonction du temps (F(3,7) = 16,60 ; p = 0,005) mais pas en fonction des états de vigilance (F(3,7) = 2,42 ; p = 0,095) et ne présentent pas non plus d’interaction (F(3,7) = 2,21 ; p = 0,1213). Les BFWV normalisées sont donc significativement augmentées après la stimulation en comparaison avec le niveau basal sans modification en fonction des états de vigilance (voir figure 28B). Les HFWV% sont modifiées en fonction du temps (F(3,7) = 16,60 ; p = 0,005) mais pas en fonction des états de vigilance (F(3,7) = 2,42 ; p = 0,095) et ne présentent pas non plus 86 d’interaction (F(3,7) = 2,21 ; p = 0,1213). Les HFWV normalisées sont donc significativement augmentées après la stimulation en comparaison avec le niveau basal sans modification en fonction des états de vigilance (voir figure 28B). 87 88 Figure 26. Comparaisons entre les états de vigilance : (A) intervalles RR (RR), (B) puissances spectrales des basses fréquences (BFWV), (C) puissances spectrales des hautes fréquences (HFWV) et (D) rapport BFWV/HFWV avant et après les stimulations nociceptives (moyenne ± erreurs standard). * p < 0,05 RR moyen dans l’ANOVA après les stimulations en comparaison avec les valeurs pré-stimulation. Un effet global apparaît pour le RR moyen, la puissance spectrale des BFWV et le rapport BFWV/HFWV entre avant et après les stimulations. Le niveau atteint par la diminution du RR provoqué par les stimulations nociceptives est équivalent dans tous les états de vigilance. Cette activation cardiaque est dépendante de la réactivité sympathique. E : éveil ; S2 : stade 2 ; SLP : sommeil lent profond ; SP sommeil paradoxal. Intervalles RR et analyse en ondelettes selon la présence d’une réaction d’éveil cortical Analyse des intervalles RR Le RR moyen est modifié en fonction du temps (F(1,10) = 59,39 ; p < 0,001) et de la présence d’une réaction corticale (F(1,10) = 30,80 ; p < 0,001), avec une interaction entre ces deux effets (F(1,10) = 8,20 ; p = 0,017). Le RR diminue significativement après les stimulations et cette diminution du RR atteint un niveau plus bas lorsque la stimulation entraîne une réaction d’éveil corticale. Ces résultats sont illustrés dans la figure 27A. Analyse en ondelettes du signal RR La puissance spectrale des BFWV ne varie pas selon la présence d’une réaction d’éveil (F(1,10) = 1,26 ; p = 0,288) alors qu’il y a un effet temps (F(1,10) = 8,656 ; p = 0,015) mais sans interaction (F(1,10) = 2,44 ; p = 0,149). La puissance spectrale des BFWV augmente après les stimulations par rapport au niveau basal mais n’est pas différente en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (figure 27B). La puissance spectrale des HFWV ne varie ni selon la présence d’une réaction d’éveil (F(1,10) = 3,58 ; p = 0.088) ni selon le temps (F(1,10) = 3,54 ; p = 0,089) et sans interaction (F(1,10) = 1,03 ; p = 0,334). La puissance spectrale des HFWV n’est modifiée ni par les stimulations nociceptives ni par la présence d’une réaction d’éveil (figure 27C). Le rapport BFWV/HFWV est modifié en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (F(1,10) = 3,38 ; p = 0,096) et du temps (F(1, 10) = 16,18 ; p = 0,002) mais sans interaction (F(1,10) = 4,53 ; p = 0,059). Le rapport BFWV/HFWV est donc significativement augmenté après la stimulation en comparaison avec le niveau basal et est plus élevé lors de la présence d’une réaction d’éveil (voir figure 27D). 89 Les BFWV% sont modifiées en fonction du temps (F(1,10) = 12,91 ; p = 0,005) mais pas en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (F(1,10) = 2,35 ; p = 0,156) et ne présentent pas non plus d’interaction (F(1,10) = 0,65 ; p = 0,440). Les BFWV normalisées sont donc significativement augmentées après la stimulation en comparaison avec le niveau basal sans modification en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (voir figure 28A). Les HFWV% sont modifiées en fonction du temps (F(1,10) = 12,91 ; p = 0,005) mais pas en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (F(1,10) = 2,35 ; p = 0,156) et ne présentent pas non plus d’interaction (F(1,10) = 0,65 ; p = 0,440). Les HFWV normalisées sont donc significativement diminuées après la stimulation en comparaison avec le niveau basal sans modification en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (voir figure 28A). 90 91 Figure 27. Comparaisons selon la présence ou non d’une réaction d’éveil : (A) intervalles RR (RR), (B) puissances spectrales des basses fréquences (BFWV), (C) puissances spectrales des hautes fréquences (HFWV) et (D) rapport BFWV/HFWV avant et après les stimulations nociceptives lorsque les stimulations ont provoqué des réactions d’éveil ou pas (moyenne ± erreurs standard). * p < 0,05 RR moyen dans l’ANOVA après les stimulations en comparaison avec les valeurs préstimulation. Un effet global apparaît pour le RR moyen, la puissance spectrale des BFWV et le rapport BFWV/HFWV entre avant et après les stimulations. Les stimulations nociceptives induisent une diminution du RR plus importante lorsque les stimulations nociceptives entraînent une réaction d’éveil. Cette activation cardiaque est dépendante de la réactivité sympathique. RE : réaction d’éveil. Figure 28. Basses fréquences normalisés (BFWV%) et hautes fréquences normalisées (HFWV%) selon (A) la présence ou non d’une réaction d’éveil. Un effet global apparaît pour les BFWV% et les HFWV% entre avant et après les stimulations. Ces stimulations conduisent une prédominance de l’activité sympathique cardiaque. RE : réaction d’éveil, E : éveil, S2 : stade 2, SLP : sommeil lent profond, SP : sommeil paradoxal. Associations entre la durée des réactions d’éveil et les index d’activité autonomique pendant les réactions d’éveil cortical Les régressions simples ne montrent pas de relation entre la durée des réactions d’éveil et le RR moyen (t = 0,28, p = 0,779 et r < 0,01), la puissance spectrale BFWV (t = -1,07, p = 0,280 et r = 0,009), le rapport BFWV/HFWV (t = 0,54, p = 0,593 et r < 0,01) et les index normalisés BFWV (t = 1,38, p =0,173 et r=0,031) et HFWV (t = 1,38, p = 0,173 et r = 0,031). 92 Discussion 1 Les stimulations nociceptives induisent une activation sympathique cardiaque qui n’est pas modulée par les états de vigilance mais varie de manière contingente de la réaction d’éveil. En effet, la réactivité cardiaque est plus importante lorsque la stimulation provoque une réaction d’éveil cortical bien qu’elle soit préservée en l’absence de réaction d’éveil. Activation autonomique cardiaque selon les stades de vigilance. Comparant les valeurs de fréquence cardiaque avant et après des stimulations nociceptives délivrées au cours du sommeil, Lavigne et collaborateurs (237) ont rapporté une augmentation de la fréquence cardiaque (diminution des intervalles RR) au sein de chaque stade de sommeil sans différence entre les stades, dont l’amplitude la réponse cardiaque varient entre 4 et 7 %. Notre étude confirme que cette réactivité cardiaque, d’autre part bien définie à l’éveil (249, 250), est préservée dans tous les stades sans différence entre eux. De plus, ces résultats montrent l’évolution temporelle de la réactivité cardiaque à la nociception qui débute dans les 2 secondes suivant la stimulation, atteint son maximum après environ 5 secondes et diminue jusqu’au niveau pré-stimulation environ 10 secondes après (voir figure 26A). Les stimulations par thermode, utilisées par Lavigne et collaborateurs (237) ayant une durée d’environ une dizaine de secondes, on aurait pu penser que l’amplitude de la réactivité cardiaque serait inférieure dans notre étude compte tenu que nos stimulations laser ont une durée d’application très courte (5 ms). Lorsqu’on compare les modifications des intervalles RR en valeur relative dans notre étude, on constate que nous avons obtenu des réponses dont l’amplitude est d’environ 9%. La différence entre la taille des modifications des intervalles RR dans notre étude et dans celle de Lavigne et collaborateurs (237) ne confirme pas cette hypothèse. Toutefois, nous ne pouvons pas exclure que la dynamique des modifications cardiaques soit plus longue dans le cas de stimulation par thermode. Ce point reste toutefois à déterminer. Il est intéressant de noter que le niveau d’activation cardiaque atteint est le même pendant le sommeil et pendant l’éveil, et ceci bien que le RR moyen pré-stimulation soit plus haut pendant le sommeil que pendant l’éveil, comme cela est classiquement connu (184, 186-188, 218, 219). Ces résultats suggèrent que, malgré le fait que l’activité basale du système nerveux autonome dépende des états de vigilance, les stimulations nociceptives entraînent un même niveau d’activité 93 chronotrope cardiaque quelque soit l’état de vigilance, probablement en lien avec l’intensité de la stimulation. Cette réactivité cardiaque à la nociception est dépendante de l’augmentation de l’activité sympathique qui est la même dans tous les stades de sommeil. En revanche, nos résultats ne montrent pas de modification de l’activité parasympathique évaluée par la puissance spectrale des HFWV (la diminution de l’index HFWV normalisé est explicable par l’augmentation de la part relative des BFWV). Bien que l’activation sympathique en réaction à plusieurs types de stimuli soit documentée, la participation parasympathique à ces stimuli pendant le sommeil reste contradictoire. Elle semble absente en réaction à la douleur (notre étude voir figure 26C) et aux mouvements périodiques (251), mais présente en réponses à des stimulations auditives (174) ou lors de réactions d’éveil spontanées en stade 2 (186). La réactivité parasympathique semble être caractérisée par une première réponse, qui consiste en une diminution de son activité puis une une augmentation dans un second temps (236). Or dans notre étude, ce pattern d’activité n’apparaît pas et pourrait donc participer de manière modeste dans les réponses autonomiques cardiaques à ces stimulations nociceptives. Les différences entre les études citées pourraient s’expliquer par les types de stimulation utilisés, mais plus probablement par des différences dans l’approche méthodologique. La seconde partie de la réponse parasympathique qui consiste en une augmentaion de son activité (236), repose sur une dynamique de réponse plus lente en réaction aux stimulations, cette partie de la réponse parasympathique pourrait être masquées du fait des intervalles inter-stimulations courts. Les stimulations de différentes origines induisent donc une activation cardiaque impliquant essentiellement une réactivité sympathique, alors que la participation parasympathique semble être moins claire et dépendante des paramètres de stimulations. Réactivité autonomique à la nociception et hiérarchie des réactions d’éveil pendant le sommeil. La réactivité autonomique cardiaque est préservée en absence de réaction d’éveil, bien qu’elle soit supérieure lorsqu’une réaction d’éveil se produit (voir figure 27). Dans notre étude, les réponses autonomiques et corticales semblent se produire simultanément, environ 1 seconde après les stimulations (voir figure 27A et (223)) ; cependant, il n’y a pas d’évidence dans ces études pour suggérer que l’une induise l’autre. 94 Une étude récente réalisée dans notre laboratoire a montré que les stimulations nociceptives sont intégrées par le cortex même en absence de réaction d’éveil (223) : une composante cognitive environ 500 millisecondes après la stimulation est présente au sein des potentiels évoqués laser (PEL) quand la stimulation produit une réaction d’éveil. Ces résultats suggèrent un niveau de modulation de l’information nociceptive qui mène à la réaction d’éveil et à l’interruption du sommeil. La hiérarchie des réactions d’éveil pendant le sommeil, précédemment proposée (14, 236), consiste donc en un premier niveau de réponse avec une réactivité sympathique cardiaque et une activation du cortex somatosensoriel nociceptif et une seconde, plus sophistiquée, incluant un processus cognitif de la stimulation, une activation sympathique plus importante et une réaction d’éveil cortical. Les mécanismes à l’origine des réponses autonomique, corticale locale et de la réaction d’éveil globale sont probablement complexes et interconnectées. Premièrement, il a été montré à l’éveil que l’activité autonomique influence l’amplitude des PEL (252). Deuxièmement, les réponses somatosensorielles corticales (223) et les réponses cardiaques autonomiques (186, 236, 253) apparaissent avant la réponse de réaction d’éveil globale. Ceci amène à penser que les stimulations nociceptives puissent induire en parallèle deux activations corticales, l’une par les voies somatosensorielles nociceptives et l’autre par la voie autonomique, et nous ne pouvons pas exclure que ces mécanismes puissent déterminer la réaction d’éveil cortical globale. De ce point de vue, ces réactions d’éveil à la nociception peuvent être considérées comme la sommation des réponses viscéro-somatosensorielles déclenchée lorsqu’un certain seuil est atteint. Quand ce niveau est atteint, l’activation sympathique cardiaque semble ne plus avoir d’influence sur la réaction corticale, puisque aucune association n’a été trouvée entre la durée de l’activation corticale et les réponses autonomiques cardiaques dans cette étude. Cependant, reste à savoir pourquoi des stimulations de même intensité peuvent induire différents niveaux de réactivité pendant le sommeil. Un facteur extrinsèque ne peut être exclu, comme par exemple des variations de l’intensité de stimulations. Bien que cette intensité ait été maintenue constante au cours de l’expérimentation, des variations mineures de l’énergie reçue par la main dues à de légers changements de la position du laser ou de petites variations de la température cutanée pendant la nuit auraient pu intervenir. Il est aussi possible que les fluctuations spontanées de l’état interne pendant le sommeil puissent influencer l’effet d’une même stimulation appliquée à des périodes de réactivité différentes. 95 En dépit de ces facteurs, différents niveaux de réactivité ont été rapportés lors de stimulations sensorielles à intensité constante pendant un même stade de sommeil (254), suggérant que ces différents niveaux de réponse puissent être liés à des fluctuations intrinsèques de l’activité du système nerveux central survenant au cours du sommeil. Le sommeil paradoxal présente des périodes toniques et des périodes phasiques de même que des périodes de couplage ou de découplage thalamo-cortical (22), alors que les fluctuations au sein du stade 2 ou du sommeil lent profond sont liées à la survenue des complexes K, des fuseaux de sommeil et des patterns d’alternatives cycliques (9). De plus, la présence de fluctuations de l’activité du système nerveux central n’est pas un phénomène exclusif du sommeil puisque des fluctuations modulant la perception somatosensorielle ont été récemment montrées à l’éveil (255). Limitations Ce travail présente certaines limitations techniques, la première concernant le nombre de sujets. Bien que nos résultats soient clairement significatifs, la généralisation est limitée par la taille de l’échantillon (données exploitables chez 11 des 14 sujets inclus). D’un point de vue technique, notre analyse spectrale temps fréquence de l’intervalle RR a été utilisée sans les coefficients d’ondelette BFWV les plus lents (puissance spectrale des coefficients d’ondelette de niveau 32) afin de limiter le chevauchement entre deux stimulations dans l’analyse spectrale (175). Ceci a pu atténuer l’augmentation de la puissance spectrale BFWV. Cependant, l’analyse de la puissance spectrale BFWV était significative, en accord avec les changements de l’intervalles RR et avec les résultats obtenus d’après les analyses spectrales de l’intervalles RR au cours de réactions d’éveils spontanées (186), des mouvements périodiques (251) ou en réponses aux stimulations auditives (174). Enfin, nous avons évoqué l’hypothèse dans cette discussion que les stimulations nociceptives puissent induire en parallèle deux activations corticales, l’une par les voies somatosensorielles nociceptives et l’autre par la voie autonomique qui pourrait alors déterminer la réaction d’éveil cortical globale. Toutefois, nous pensons que les méthodes d’analyse dont nous disposons aujourd’hui ne permettent pas de discrimer suffisamment les effets temporels, nous empechant ainsi de répondre à cette hypothèse. Implications cliniques 96 Dans les conditions de douleur chronique (256), ces réponses autonomiques itératives sont associées avec la fragmentation du sommeil, ce qui implique une activité sympathique cardiaque élevée persistante pendant le sommeil (257). Ce mécanisme, discuté (258), pourrait participer aux dysfonctionnements autonomiques récemment documentés chez les patients fibromyalgiques (259). L’analyse temps fréquence en ondelettes pourrait être appliquée à l’étude de patients douloureux et apporter certaines informations sur l’activité sympathique cardiaque dans différentes conditions de douleurs chroniques (260). Cependant, l’implication de dysfonctionnements autonomiques liés à la fragmentation du sommeil reste à démontrer dans la douleur chronique. Compte tenu que les résultats de l’analyse de variabilité RR sont marquées par différents paramètres tels que le niveau de puissance maximale aérobie du sujet, l’index de masse corporelle, l’âge, la prise de médicaments ou encore le sexe, la variabilité RR est influencée par ce type de faceturs individuels (119), les comparaisons devront donc concerner des populations appariées pour ces variables. Conclusion Cette étude suggère que l’activation sympathique cardiaque en réaction à la douleur est préservée pendant tous les stades du sommeil et que cette réactivité cardiaque est supérieure lorsqu’elle est concomitante d’une réaction d’éveil cortical. Cette réactivité autonomique pourrait être considérée comme le premier mécanisme permettant une réponse comportement potentielle et participer à la survenue des réactions d’éveil cortical. Son implication dans les altérations autonomique et cardiaque dans la douleur chronique doit être confirmée par de futures études. 97 Chapitre 6 98 Etude 2 : réactivité autonomique aux évènements respiratoires pendant le sommeil chez le sujet apnéique Ce chapitre correspond à un article en préparation. Introduction Le syndrome d’apnée/hypopnée obstructif du sommeil (SAHOS) ou pathologie de l’apnéehypopnée est caractérisé par des épisodes répétés d’occlusion totales (apnées) ou partielles (hypopnées) des voies aériennes supérieures conduisant à des fluctuations de pression intrathoracique, souvent associée à une désaturation artérielle en oxygène et, parfois une élévation de la capnie (261). Finalement, ces évènements respiratoires amènent fréquemment à une réaction d’éveil (262), supposée restaurer le tonus des muscles pharyngés vasodilatateurs et rétablir ainsi le flux ventilatoire. Les apnées et les hypopnées provoquent d’autre part des oscillations de l’activité sympathique et parasympathique qui affectent le rythme cardiaque, caractérisées par l’augmentation des intervalles RR (RR) au cours de l’évènement respiratoire obstructif suivie par une diminution du RR après ces évènements, lors de la reprise ventilatoire (173, 263, 264). Les études épidémiologiques révèlent que le SAHOS est assez commun dans la population générale (4% des adultes environ) (265-269) et est associé à une morbidité cardiovasculaire et une mortalité élevée (270, 271). Plusieurs mécanismes sont proposés pour expliquer l’apparition de ces pathologies cardio-vasculaires chez les patients apnéiques (pour revue voir (261)). Des anomalies de régulation autonomique sont reconnues pour contribuer à la morbi-mortalité cardiovasculaire observée chez les patients souffrant d’un SAHOS : une diminution de la variabilité RR (272) et une activité sympathique cardio-vasculaire prédominante et persistante pendant la veille (152). L’étude des mécanismes qui modulent la réactivité sympathique au cours des évènements respiratoires pourrait permettre de mieux comprendre l’apparition des maladies cardio-vasculaires chez ces patients. La réactivité sympathique peut être étudiée par différents moyens. La microneurographie est une méthode permettant l’étude de l’activité des projections sympathiques périphériques à destinées vasculaires (nerf péroné) (152). Bien qu’informative, cette méthode, légèrement invasive est difficile à utiliser chez un sujet endormi. L’analyse de variabilité RR, autre méthode d’étude de l’activité autonomique à partir de l’électrocardiogramme, est plus adaptée aux études pendant le 99 sommeil. En utilisant de transformée de Fourrier du signal RR, certaines études (273, 274) ont montré que l’activité sympathique prédomine lors de séquences d’évènements respiratoires répétés. Les facteurs centraux de modulation de ce changement d’équilibre autonomique sont mal connus. Si Guilleminault et al. 2005 (274) rapportent une réactivité cardiaque plus grande lorsque l’évènement respiratoire entraîne une réaction d’éveil, l’étude de Dingli et al. 2003 (273) ne confirment par ces résultats. Ces derniers auteurs (273) montrent que les hypopnées et les apnées entraînent une activation sympathique identique alors que Guilleminault et al. 2005 (274) montrent que l’augmentation de l’activité sympathique cardiaque est corrélée à la sévérité des évènements respiratoires. Enfin, ces modifications autonomiques seraient moins marquées pour les évènements survenant en sommeil paradoxal qu’en sommeil lent (274). Ces études utilisent une méthode d’analyse spectrale basée sur une transformée de Fourier, qui nécessite des périodes « stables » de plusieurs minutes d’analyse rarement rencontrées dans ces situations et ne permettant pas l’accès aux modifications rapides et fines de la réactivité autonomique qui ne durent que quelques secondes. Spicuzza et al. 2003 (173) ont proposé l’utilisation d’une méthode d’analyse temps-fréquence du signal RR, permettant un examen plus fin des modifications autonomiques au cours des évènements respiratoires. Cette méthode permet de bien caractériser l’évolution de l’activité autonomique au cours des évènements respiratoires, c'est-à-dire l’augmentation de l’activité parasympathique au cours de l’obstruction des voies aériennes ainsi que la réactivité sympathique à la fin des évènements respiratoires. Toutefois, cette étude ne permet pas de préciser les phénomènes qui peuvent affecter la réactivité sympathique cardiaque. En effet, compte tenu d’un nombre d’évènements analysés trop faible, cette étude n’a pu mettre en évidence de modification de la réactivité sympathique cardiaque en fonction de la présence ou non d’une réaction d’éveil, alors que l’existence d’une relation étroite entre réactivités corticale et cardiaque a été démontrée après d’autres types de fragmentation du sommeil. En effet, la fréquence cardiaque augmente en relation avec la réactivité corticale (232, 236), que ces réactions d’éveil soient spontanées (186, 230), liées à des mouvements périodiques (231, 232), ou encore déclenchées par des stimulations extéroceptives sonores et nociceptives (233-235). Finalement, si ces études montrent bien une réactivité sympathique consécutive à ces évènements respiratoires, elles proposent des facteurs différents pouvant moduler cette réactivité sympathique, probablement pour des raisons méthodologiques. 100 Afin de résoudre ces problèmes méthodologiques, nous nous sommes proposer d’étudier la réactivité autonomique cardiaque à la fin des évènements respiratoires obstructifs pendant toute une nuit de sommeil et d’évaluer les relations avec la réactivité corticale, les stades de sommeil ainsi qu’avec le type d’évènement respiratoire (apnéique, hypopnéique), avec ou sans désaturation artérielle en oxygène. Nous avons fait l’hypothèse que la réactivité sympathique cardiaque 1) serait supérieure lorsque l’évènement respiratoire entraîne une réaction d’éveil ; 2) augmenterait avec la sévérité des évènements respiratoires, en particulier lorsque les évènements respiratoires entraîne une désaturation artérielle en oxygène ; 3) et serait identique quelque soit le stade de sommeil dans le lequel cet évènement respiratoire se produit. Méthodes Participants Quatorze patients avec un SAHOS non traité (3 femmes, âge moyen : 48,1 ± 10,9, indice de masse corporelle moyen : 32,2 ± 11,5 km/m², index d’apnée/hypopnée obstructif moyen : 38,3 ± 22,3 évènements par heure (table 4)) ont été inclus dans l’étude de validation VistaO2 (identifiant clinicaltrials.gov : NCT01135303) entre Juin 2009 et Mars 2010. Parmi les patients de cette étude, nous avons sélectionné des patients qui ne présentaient pas d’anomalie cardiaque ou neurologique connue, et qui ne prenaient pas de β-bloquant. Six patients étaient hypertendus (traitement suivi : diurétiques et/ou inhibiteurs d’enzyme de conversion de l’angiotensine). Trois patients étaient fumeurs (table 4). L’étude a été approuvée par un comité d’éthique local (CCP Sud Est 1) et un consentement informé a été obtenu par tous les patients selon la déclaration d’Helsinski. Enregistrement polysomnographique Les enregistrements électrophysiologiques ont été réalisés avec un appareil Embla (Medcare, Islande) selon les recommandations internationales AASM (1). Au total, trois dérivations EEG (F3-F4; C3-C4; O1-O2), trois dérivations EMG (cou et jambes), deux dérivations EOG (E1-M2; E2M2) et une EKG ont été utilisées. Les dérivations EEG et EOG ont été collectées avec une fréquence d’échantillonnage de 100 Hz et la dérivation EKG avec une fréquence d’échantillonnage de 200 Hz. La ventilation a été monitorée par canule nasale calibrée (200 Hz), et deux ceintures piézoélectriques permettaient le suivi des efforts respiratoires, une était fixée 101 autour de la poitrine et l’autre autour de l’abdomen (10 Hz). Enfin un capteur saturométrique (échantillonnage : 1 Hz) était placé au niveau d’un doigt. Les données électrophysiologiques et respiratoires ont été enregistrées en continu entre 23h et 7h et stockées pour l’analyse a posteriori. Analyse des données Analyse du sommeil et des paramètres respiratoires Les stades du sommeil et les réactions d’éveil EEG ont été identifiés visuellement, sur des périodes d’analyse de 30 secondes et selon les critères de l’AASM (1). Les stades de sommeil ont été classés en : stade 2, sommeil lent profond et sommeil paradoxal (table 4). Les réactions d’éveil EEG ont été définies comme des décharges d’activité d’éveil d’au moins 3 secondes et considérées comme reliées à un évènement respiratoire si elles survenaient dans les 15 secondes après la reprise ventilatoire. Les apnées obstructives ont été définies comme la cessation complète (≥ 90%) du flux d’air (sur la canule nasale) d’une durée supérieure à 10 secondes concomitante d’un effort respiratoire. Lorsque l’effort respiratoire a cessé partiellement ou totalement au cours de l’évènement respiratoire, ces évènements ont été classés en centraux ou mixtes, respectivement et ils ont été éliminés. Les hypopnées ont été définies comme la cessation partielle (≥ 50%) du flux d’air (sur la canule nasale) en comparaison des trois cycles respiratoires précédents et d’une durée supérieure à 10 secondes. Enfin, les désaturations en oxygène ont été définies comme une diminution de la saturation artérielle en oxygène supérieure ou égale à 3% (table 4). 102 Table 4. Caractéristiques et paramètres du sommeil des 14 patients apnéiques (moyenne ± écarttype (ET)). Moyenne ± ET Ecart Age (années) 48,1 ± 10,9 [25-62] Indice de masse corporelle (kg/m²) 32,2 ± 11,5 [22,9-57,9] 13,4 ± 4,6 [7-20] 400,8 ± 24,2 [348,6-436,7] Eveil après l’endormissement (min) 19,4 ± 8,4 [9,0-33,6] Efficacité du sommeil (%) 92,4 ± 5,0 [80,2-97,8] Stade 1 (%) 2,2 ± 1,3 [0,4-5,1] Stade 2 (%) 52,8 ± 9,2 [35,9-66,9] Sommeil lent profond (%) 18,3 ± 6,3 [7,1-33,2] Sommeil paradoxal (%) 21,5 ± 8,5 [6,4-38,1] Index de réaction d’éveil cortical (n/h) 54,7 ± 55,2 [28,1-244,4] Index d’apnée/hypopnée obstructif (n/h) 38,3 ± 14,4 [22,3-61,9] Index d’apnée obstructif (n/h) 12,2 ± 8,2 [4,4-33,4] Index d’hypopnée (n/h) 26,1 ± 12,9 [9,2-52,4] Index de désaturation artérielle en oxygène (n/h) 29,4 ± 13,0 [8,7-52,4] Saturation artérielle en oxygène minimale (%) 78,4 ± 5,3 [69,0-88,0] Score à l’échelle de somnolence d’Epworth (/24) Temps total de sommeil (min) Analyse de l’évolution des intervalles RR Une analyse pic R à pic R de EKG a été réalisée afin de détecter l’onde R du complexe QRS dans Matlab® (MathWoks, Naticks, MA, USA). Une première sélection visuelle a été réalisée directement sur les données EKG. Tous les complexes QRS non détectés, les battements ectopiques ou les artéfacts ont été corrigés ou éliminés si la correction n’a pas été possible. Puis, les RR ont été analysés pour chaque évènement respiratoire sur 32 RR avant et après la reprise de la ventilation à la fin des évènements respiratoires. Les comparaisons statistiques ont porté sur la moyenne des trois RR les plus courts entre les 2ème et 9ème battements après la stimulation par rapport à la moyenne des 10 RR avant la stimulation (RR moyen). 103 Analyse spectrale des intervalles RR Afin d’observer l’évolution spectrale des intervalles RR, une analyse en transformées en ondelettes appliquée sur le signal RR a été réalisée. L’analyse en ondelettes permet de suivre l’évolution temporelle de chaque fréquence contenue dans le signal RR. Débutant de la fonction mère Daubechies 4, une famille de fonction est construite par dilatation et translocation qui constituent le corps de chaque niveau d’ondelette. Une série de listes de coefficients appelés coefficients d’ondelette représente l’évolution des corrélations entre le signal et le coefficient d’ondelette à différents niveaux d’ondelettes (ou différentes fréquences) au cours du signal. Les premiers niveaux de dilatation (2, 4, 8) de l’analyse en transformées d’ondelettes appliqués à 2, 4 et 8 RR respectivement correspondent aux variations dites de hautes fréquences du signal RR. Les niveaux de dilatation suivants (16, 32, 64) appliqués à 16, 32 et 64 RR respectivement correspondent aux variations dites de basses fréquences du signal RR. Les carrés des coefficients d’ondelettes aux niveaux 2, 4, 8 représentent la puissance spectrale des hautes fréquences (HFWV) et sont utilisés pour évaluer l’activité parasympathique (128), alors que ceux des coefficients 16 et 32 représentent la puissance spectrale des basses fréquences (BFWV) (175, 248). Le rapport BFWV/HFWV a été calculé à partir du rapport entre la somme des carrés des coefficients 16 et 32 et la somme des carrés des coefficients d’ondelette de niveaux 2, 4, 8 afin d’obtenir un marqueur de l’équilibre sympatho-vagal. A ce titre, nous avons complété l’exploration de la balance sympathique-parasympathique en présentant les index basses fréquences normalisés (BFWV%, égale à BFWV/( BFWV + HFWV) × 100) et hautes fréquences normalisés (HFWV%, égale à HFWV/( BFWV + HFWV) × 100). Cette analyse a été réalisée sur 32 RR avant et après chaque reprise de la ventilation à la fin de l’évènement respiratoire. Un exemple est donné dans la figure 29. 104 105 Figure 29. Exemples représentatifs de l’activité EEG (voie C4-M1), du flux ventilatoire canule nasale), de l’effort respiratoire (ceinture thoracique), de la saturation artérielle en oxygène ainsi que des intervalles RR, des basses fréquences (BFWV), des hautes fréquences (HFWV) et du rapport basses fréquences/hautes fréquences (BFWV/HFWV) au cours d’évènements respiratoires chez un patient apnéique. L’analyse spectrale a été réalisée sur 32 RR avant et après chaque fin d’évènement respiratoire. Analyse statistique Les données ont été analysées avec le logiciel statistique superANOVA (Abacus Concepts, Inc®, Berkeley, CA, USA). La proportion de survenue des réactions d’éveil dans chaque stade de sommeil (stade 2 -S2-, sommeil lent profond -SLP- et sommeil paradoxal -SP) et selon les évènements respiratoires (apnées obstructives, hypopnées avec et sans désaturation artérielle oxygène) ont été soumis à un test de Friedman. Les valeurs du RR moyen, des HFWV, des BFWV, le rapport BFWV/HFWV et les indices normalisés BFWV% et HFWV% ont été soumis à trois analyses de variance (ANOVA) à mesures répétées différentes, chacune d’elles avec 2 facteurs intra-sujets et une correction des degrés de liberté de Greenhouse-Geisser si nécessaire. Le premier facteur était le temps (pendant et après l’évènement respiratoire) dans les trois analyses et le second était : (a) la présence d’une réaction d’éveil (avec et sans réaction d’éveil), (b) les stades du sommeil (stade 2 -S2-, sommeil lent profond -SLP- et sommeil paradoxal -SP) et (c) le type d’évènements respiratoires (apnées obstructives, hypopnées avec et sans désaturation en oxygène). Un test post-hoc de NewmanKeul a été utilisé si les résultats de l’ANOVA étaient significatifs (lorsque le degré de liberté était supérieur à 1). Enfin, nous avons testé par une régression simple pour variables continues l’association entre la durée d’éveil cortical et chacune des variables (RR moyen, des HFWV, des BFWV, le rapport BFWV/HFWV et les indices normalisés BFWV% et HFWV%) qui présentaient une variation significative dans l’analyse de variance. Les différences ont été considérées comme significatives pour p<0,05 et les valeurs ont été présentées en moyenne ± erreur standard. 106 Résultats Ces sujets présentaient un temps total de sommeil moyen de 397,9 ± 60,3 minutes avec une efficacité du sommeil de 92,4 ± 5,0 (table 5). Sur les 3134 évènements respiratoires détectés au cours du sommeil, 2924 ont été inclus dans l’analyse et 210 exclus du fait d’artéfacts ou de battements ectopiques (extrasystoles). Ainsi, 209 ± 54 évènements respiratoires par sujet ont été analysés, dont 141 ± 48 en stade 2, 22 ± 17 en sommeil lent profond et 46 ± 16 en sommeil paradoxal (voir détails dans le table 5). En raison du trop faible nombre d’évènements respiratoires en sommeil lent profond les analyses en fonction des stades de sommeil n’ont été possibles que chez 8 sujets. Les analyses statistiques ont donc porté sur ces 8 sujets pour la comparaison entre les stades de sommeil, et chez 14 sujets pour les comparaisons entre présence/absence de réaction d’éveil ainsi qu’en fonction du type d’évènements respiratoires. 107 Table 5. Nombre d’évènements respiratoires analysés par sujets, par stages de sommeil et en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (moyenne ± écart-type (ET)). moyenne ± ET Ecart Stade 2 140,6 ± 47,9 [50-221] Sommeil lent profond 22,0 ± 17,0 [0-55] Sommeil paradoxal 46,2 ± 15,8 [21-71] Nombre total 208,9 ± 53,6 [86-265] Stade 2 106,0 ± 40,2 [37-184] Sommeil lent profond 16,6 ± 13,2 [0-42] Sommeil paradoxal 33,3 ± 15,0 [18-68] Nombre total 155,9 ± 48,2 [78-244] 34,6 ± 23,6 [5-92] Sommeil lent profond 5,4 ± 8,2 [0-23] Sommeil paradoxal 12,9 ± 9,0 [3-32] Nombre total 53,0 ± 32,9 [8-124] 27,8 ± 14,3 [5-57] Sommeil lent profond 4,0 ± 4,9 [0-17] Sommeil paradoxal 11,9 ± 6,8 [0-22] Nombre total 43,6 ± 16,7 [24-75] Stade 2 112,9 ± 39,9 [45-181] Sommeil lent profond 18,0 ± 14,9 [0-51] Sommeil paradoxal 34,4 ± 14,1 [11-62] Nombre total 165,2 ± 47,3 [62-223] Nombre d’évènements respiratoires analysés : Nombre d’hypopnée analysées : Nombre d’apnées analysées : Stade 2 Nombre d’évènements respiratoires analysés sans réaction d’éveil : Stade 2 Nombre d’évènements respiratoires analysés avec réaction d’éveil : 108 Réaction d’éveil, intervalles RR et analyse en ondelettes à a fin des évènements respiratoires. Analyse des intervalles RR en fonction d’une réaction d’éveil. Le RR moyen est modifié en fonction du temps (F(1,13) = 25,71 ; p < 0,001) et de la présence d’une réaction corticale (F(1,13) = 11,76 ; p = 0,005), avec une interaction entre ces deux effets (F(1,13) = 33,04 ; p < 0,001). Le RR diminue significativement après les évènements respiratoires et cette diminution du RR atteint un niveau plus bas lorsque l’évènement respiratoire entraîne une réaction d’éveil corticale. Ces résultats sont illustrés dans la figure 30A. Analyse en ondelettes en fonction des réactions d’éveil. La puissance spectrale des BFWV ne varie pas selon la présence d’une réaction d’éveil (F(1,13) = 3,27 ; p = 0,094) alors qu’il y a un effet temps (F(1,13) = 10,81 ; p = 0,006) mais sans interaction (F(1,13) = 0,01 ; p = 0,981). La puissance spectrale des BFWV augmente après les évènements respiratoires par rapport au niveau pendant les évènements mais n’est pas différente en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (figure 30B). La puissance spectrale des HFWV ne varie pas selon la présence d’une réaction d’éveil (F(1,13) = 1,38 ; p = 0,262) mais selon le temps (F(1,13) = 5,66 ; p = 0,033) et sans interaction (F(1,13) = 0,17 ; p = 0,688). La puissance spectrale des HFWV diminue après l’évènement respiratoire mais n’est pas modifiée par la présence d’une réaction d’éveil (figure 30C). Le rapport BFWV/HFWV est modifié en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (F(1,13) = 9,88 ; p = 0,008) et du temps (F(1,13) = 16,61 ; p = 0,001) mais sans interaction (F(1,13) = 2,97 ; p = 0,109). Le rapport BFWV/HFWV est donc significativement augmenté après les évènements respiratoires selon la présence d’une réaction d’éveil (voir figure 30D). Les BFWV% sont modifiées en fonction du temps (F(1,13) = 35,37 ; p < 0,001) et en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (F(1,13) = 9,10 ; p = 0,010) mais ces deux effets ne présentent pas d’interaction (F(1,13) = 0,65 ; p = 0,440). Les BFWV normalisées sont donc significativement augmentées après l’évènement respiratoire en comparaison avec leur niveau au cours des évènements respiratoires et elles sont plus élevées lors de la présence d’une réaction d’éveil (voir figure 33A). 109 Les HFWV% sont modifiées en fonction du temps (F(1,13) = 35,37 ; p < 0,001) et en fonction de la présence d’une réaction d’éveil (F(1,13) = 9,10 ; p = 0,010) mais ces deux effets ne présentent pas d’interaction (F(1,13) = 0,65 ; p = 0,440). Les HFWV normalisées sont donc significativement diminuées après l’évènement respiratoire en comparaison avec le niveau au cours des évènements respiratoires et elles sont plus basses lors de la présence d’une réaction d’éveil (voir figure 33A). Réactions corticales selon les stades de sommeil et le type d’évènements respiratoires. Environ trois quart des évènements respiratoires ont entraîné une réaction d’éveil (76,3 ± 7,3%). Ces réactions d’éveil sont distribuées uniformément à travers les stades de sommeil sans différence significative entre les stades (stade 2 : 80,5 ± 7,7%, sommeil lent profond : 73,2 ± 32,6% et sommeil paradoxal : 73,4 ± 13,7% ; Friedman’s X(2) = 0,45; p = 0,798). Cependant, un effet significatif apparaît selon le type d’évènements respiratoires (hypopnée sans désaturation en oxygène : 71,8 ± 10,5%, hypopnée avec désaturation en oxygène : 79,2 ± 8,5% et apnée 85,1 ± 5,0% ; Friedman’s X(2) = 12,11; p = 0,003). Le pourcentage de réaction d’éveil augmente avec la sévérité des évènements respiratoires. Associations entre la durée des réactions corticales et les index autonomiques. L’analyse en régression simple ne montre aucune association significative entre la durée des réactions d’éveil et le RR moyen (t = 0,87, p = 0,340 et r = 0,06), les puissances spectrale BFWV (t = -1,09, p = 0,288 et r = 0,04) et HFWV (t = -1,46, p = 0,250 et r = 0,08), le rapport BFWV/HFWV (t = -0,25, p = 0,805 et r < 0,01) et les indexes normalisés BFWV (t = 1,13, p = 0,267 et r = 0,03) et HFWV (t = -1,13, p = 0,267 et r = 0,03) après la fin des évènements respiratoires. 110 111 Figure 30. Comparaisons selon la présence ou non d’une réaction d’éveil : (A) intervalles RR (RR), (B) puissances spectrales des basses fréquences (BFWV), (C) puissances spectrales des hautes fréquences (HFWV) et (D) rapport BFWV/HFWV avant et après la fin des évènements respiratoires lorsque ces derniers ont provoqué des réactions d’éveil ou pas (moyenne ± erreurs standard). * p < 0,05 : RR moyen dans l’ANOVA après les évènements respiratoires en comparaison avec les valeurs au cours des évènements. Un effet global apparaît pour le RR moyen, la puissance spectrale des BFWV et le rapport BFWV/HFWV ainsi que la puissance spectrale HFWV avant et après la fin des évènements respiratoires. Les évènements respiratoires induisent une diminution du RR plus importante lorsqu’ils conduisent à une réaction d’éveil. Cette activation cardiaque est essentiellement dépendante de la réactivité sympathique. Intervalles RR et analyse en ondelettes à la fin des évènements respiratoires selon les stades de sommeil. Analyse des intervalles RR. Le RR moyen est modifié en fonction du temps (F(1,7) = 19,82 ; p = 0,003) et selon les stades de sommeil (F(1,7) = 4,82 ; p = 0,026), avec une interaction entre ces deux effets (F(1,7) = 5,64 ; p = 0.016). Les analyses post-hoc montrent que le RR moyen est plus élevé en sommeil paradoxal qu’en sommeil de stade 2 (Q = 3,12 ; p = 0,044) et qu’en sommeil lent profond (Q = 4,23 ; p = 0,025) sans différence entre sommeil de stade 2 et sommeil lent profond (Q = 1,11 ; p=0,450). Le RR est donc plus élevé au cours des évènements respiratoires en sommeil paradoxal en comparaison avec les autres stades, mais augmente pour atteindre un niveau équivalent après les évènements respiratoires. Ces résultats sont illustrés dans la figure 31A. Analyse en ondelettes. La puissance spectrale des BFWV évolue significativement en fonction du temps (F(1,7) = 8,84 ; p =0,020) mais pas selon les stades de sommeil (F(1,7) = 2,92 ; p = 0,121) et sans interaction (F(1,7) = 0,34 ; p = 0,717). L’augmentation de la puissance spectrale BFWV après les évènements respiratoires n’est pas modifiée selon les stades de sommeil (figure 31B). La puissance spectrale des HFWV ne varie ni en fonction du temps (F(1,7) = 4,92 ; p = 0,062) ni en fonction des stades de sommeil (F(1,7) = 0,32 ; p = 0,646) et sans interaction (F(1,7) = 1,06 ; p = 0,369) (figure 33C). Le rapport BFWV/ HFWV est modifié en fonction du temps (F(1,7) = 7,62 ; p = 0,028) mais pas en fonction des stades de sommeil (F(1,7) = 1,87 ; p = 0,202) et sans interaction (F(1,7) = 112 1,50 ; p = 0,261). L’augmentation du rapport BFWV/ HFWV après les évènements respiratoires n’est donc pas différente en fonction des stades de sommeil (figure 31D). Les BFWV% sont modifiées en fonction du temps (F(1,7) = 29,96 ; p < 0,001) mais pas en fonction des stades de sommeil (F(1,7) = 1,91 ; p = 0,200) et sans interaction (F(1,7) = 1,33 ; p = 0,297). L’augmentation des BFWV% après les évènements respiratoires n’est donc pas modifiée en fonction des stades de sommeil (figure 33B). Les HFWV% sont modifiées en fonction du temps (F(1,7) = 29,96 ; p < 0,001) mais pas en fonction des stades de sommeil (F(1,7) = 1,91 ; p = 0,200) et sans interaction (F(1,7) = 1,33 ; p = 0,297). La diminution des HFWV% après les évènements respiratoires n’est donc pas modifiée en fonction des stades de sommeil (figure 33B). 113 114 Figure 31. Comparaison entre les stades de sommeil : (A) intervalles RR (RR), (B) puissances spectrales des basses fréquences (BFWV), (C) puissances spectrales des hautes fréquences (HFWV) et (D) rapport BFWV/HFWV avant et après la fin des évènements respiratoires (moyenne ± erreur standard). * p < 0,05 : RR moyen dans l’ANOVA après la fin des évènements respiratoires en comparaison avec les valeurs pendant les évènements. Un effet global apparaît pour le RR moyen, la puissance spectrale des BFWV et le rapport BFWV/HFWV entre avant et après la fin des évènements respiratoires. Le niveau atteint par la diminution du RR provoqué par les évènements respiratoires est équivalent dans tous les stades de sommeil. Cette activation cardiaque est essentiellement dépendante de la réactivité sympathique. Type d’évènements respiratoires, intervalles RR et analyse en ondelettes à la fin des évènements respiratoires. Analyse des intervalles RR selon du type d’évènements respiratoires. Le RR moyen est modifié en fonction du temps (F(1,13) = 31,29 ; p < 0,001) mais pas selon les évènements respiratoires (F(1,13) = 2,56 ; p = 0,107), sans interaction entre ces deux effets (F(1,13) = 3,44 ; p = 0,069). L’augmentation du RR moyen n’est donc pas modifiée selon les évènements respiratoires. Ces résultats sont illustrés dans la figure 32A. Analyse en ondelettes selon le type d’évènements respiratoires. La puissance spectrale des BFWV est modifiée significativement en fonction du temps (F(1,13) = 20,44 ; p < 0,001) mais pas selon les évènements respiratoires (F(1,13) = 1,67 ; p = 0,2162) et sans interaction (F(1,7) = 0,34 ; p = 0,717). L’augmentation de la puissance spectrale BFWV après les évènements respiratoires n’est pas modifiée selon la sévérité des évènements respiratoires (figure 32B). La puissance spectrale des HFWV varie en fonction du temps (F(1,13) = 7,20 ; p = 0,019) mais pas en fonction des évènements respiratoires (F(1,13) = 0,20 ; p = 0,681) et sans interaction (F(1,13) = 0,64 ; p = 0,471) (figure 32C). Le rapport BFWV/HFWV est modifié en fonction du temps (F(1,13) = 12,93 ; p = 0,003) mais pas en fonction des évènements respiratoires (F(1,13) = 0,10 ; p = 0,842) et sans interaction (F(1,13) = 0,95 ; p = 0,919). L’augmentation du rapport BFWV/HFWV après les évènements respiratoires n’est donc pas modifiée pas la sévérité des évènements respiratoires (figure 32D). 115 Les BFWV% sont modifiées en fonction du temps (F(1,13) = 99,43 ; p < 0,001) mais pas en fonction des évènements respiratoires (F(1,13) = 0,86 ; p = 0,409) et sans interaction (F(1,13) = 0,303 ; p = 0,741). L’augmentation des BFWV% après les évènements respiratoires n’est donc pas modifiée en fonction de la nature des évènements respiratoires (figure 33C). Les HFWV% sont modifiées en fonction du temps (F(1,13) = 99,43 ; p < 0,001) mais pas en fonction des évènements respiratoires (F(1,13) = 0,86 ; p = 0,409) et sans interaction (F(1,13) = 0,303 ; p = 0,741). La diminution des HFWV% après les évènements respiratoires n’est donc pas modifiée en fonction de la nature des évènements respiratoires (figure 33C). 116 117 Figure 32. Comparaisons en fonctions de la nature des évènements respiratoires : (A) intervalles RR (RR), (B) puissances spectrales des basses fréquences (BFWV), (C) puissances spectrales des hautes fréquences (HFWV) et (D) rapport BFWV/HFWV avant et après la fin des évènements respiratoires (moyenne ± erreurs standard). * p < 0,05 RR moyen dans l’ANOVA après la fin des évènements respiratoires en comparaison avec les valeurs pendant les évènements. Un effet global apparaît pour le RR moyen, la puissance spectrale des BFWV et le rapport BFWV/HFWV mais aussi pour la puissance spectrale HFWV entre avant et après la fin des évènements respiratoires. Le niveau atteint par la diminution du RR provoqué par les évènements respiratoires est équivalent pour tous les évènements respiratoires. Cette activation cardiaque est essentiellement dépendante de la réactivité sympathique. Hypo sans désat : hypopnée sans désaturation artérielle en oxygène, Hypo avec désat : hypopnée avec désaturation artérielle en oxygène, Apnée : apnée obstructive. Figure 33. Basses fréquences normalisés (BFWV%) et hautes fréquences normalisées (HFWV%) selon (A) la présence ou non d’une réaction d’éveil, (B) les stades de sommeil et (C) le type d’évènements respiratoires. Un effet global apparaît pour les BFWV% et les HFWV% entre avant et après la fin des évènements respiratoires. Ces évènements conduisent une prédominance de l’activité sympathique cardiaque. RE : réaction d’éveil, E : éveil, S2 : stade 2, SLP : sommeil lent profond, SP : sommeil paradoxal, Hypo sans désat : hypopnée sans désaturation artérielle en oxygène, Hypo avec désat : hypopnée avec désaturation artérielle en oxygène, Apnée : apnée obstructive. 118 Discussion 2 Les résultats de ce travail montre que la réactivité sympathique en réponse aux évènements respiratoires est modulée par le processus de réaction d’éveil plutôt que par les stades de sommeil ou par la sévérité de ces évènements respiratoires (en terme oxymétrique ou degré d’obstruction). La survenue d’une réaction d’éveil cortical est concomitante d’une réactivité sympathique cardiaque plus élevée que lorsque l’évènement respiratoire ne conduit pas à une réaction d’éveil. Activation autonomique cardiaque au cours des évènements respiratoires. Spicuzza et al. 2003 (173) ont montré, en utilisant une analyse temps-fréquence, que l’activité sympathique et parasympathique oscillent au cours des périodes d’apnée/hypopnée et de restauration de la ventilation. Ces changements sont caractérisés par une augmentation de l’activité parasympathique et des intervalles RR au cours des évènements respiratoires obstructifs et par une augmentation de l’activité sympathique et un raccourcissement des intervalles RR après les évènements. Notre étude confirme, en utilisant une analyse temps-fréquence similaire, que le raccourcissement des intervalles RR est bien lié à une réactivité sympathique intense associée à une diminution de l’activité parasympathique. Il semble donc que les évènements respiratoires conduisent à une activation cardiaque réflexe impliquant essentiellement la réactivité sympathique alors que l’activation parasympathique est concomitante de l’évènement respiratoire (173, 263, 275). En effet, la diminution du tonus parasympathique à la fin des évènements respiratoires pourrait être liée à la levée de l’obstruction ventilatoire, mais nous ne pouvons pas exclure que le processus de réaction d’éveil à la fin de ces évènements participe à la diminution du tonus parasympathique comme documenté dans d’autres modalités sensorielles (174, 236). D’autre part, ces résultats montrent l’évolution temporelle de la réactivité sympathique cardiaque qui débute dès la restauration de la ventilation, atteint son maximum après environ 5 secondes puis diminue (voir figures 30A-31A-32A). Nous avons concentré notre analyse sur la fin des évènements respiratoires afin d’évaluer plusieurs phénomènes qui potentiellement modulent cette réactivité sympathique tels que les stades du sommeil, le type d’évènements respiratoires et la présence d’une réaction corticale. Réactivité sympathique cardiaque selon les stades de vigilance. 119 Pendant les évènements respiratoires, le RR moyen est supérieur en sommeil paradoxal par rapport au stade 2 et au sommeil lent profond (figure 31A). Ces changements de l’intervalle RR, concordant avec les données d’études antérieures (275, 276), semblent être reliés à une désaturation en oxygène plus marquée en sommeil paradoxal. De plus, au cours du sommeil normal, l’activité autonomique basale évolue en fonction des stades de sommeil, l’activité parasympathique domine au cours du sommeil lent alors que l’activité sympathique est augmentée au cours du sommeil paradoxal (184, 186, 188, 218, 219). Malgré ces changements de l’activité autonomique liés aux évènements respiratoires et aux stades de sommeil, le RR et les indices de variabilité RR sympathique après les évènements respiratoires atteignent le même niveau quelque soit le stade de sommeil (figure 31). Cela suggère que quelques soit le stade de sommeil, les évènements respiratoires conduisent au même niveau de réactivité sympathique cardiaque. Ces résultats sont concordants avec des études précédentes qui ont montré que des stimulations nociceptives (277) ou des réactions d’éveil spontanées (236) chez des sujets sains, ainsi que des mouvements périodiques (231) conduisent à un même niveau de réactivité sympathique cardiaque quelque soit les stades de sommeil. Enfin, même si les réactions d’éveil entraînées par les évènements respiratoires ne varient pas selon les stades de sommeil dans notre étude, Dingli et al. 2002 (262) ont montré un niveau de réactivité corticale diminué en sommeil lent profond. D’après ces données et les résultats des études, il est possible que les stades de sommeil n’aient pas un effet direct sur la réactivité sympathique cardiaque chez des sujets apnéiques, mais plutôt indirecte en modulant la survenue d’une réaction d’éveil. Réactivité sympathique cardiaque selon la sévérité des évènements respiratoires. Dans l’étude présentée, nous avons divisé les évènements respiratoires en apnée, hypopnée avec et sans désaturation en oxygène, afin d’évaluer si la sévérité des évènements respiratoires et si la présence d’une désaturation artérielle en oxygène influencent la réactivité autonomique à la fin des évènement respiratoires. 120 Pendant les évènements respiratoires, l’augmentation du RR moyen tend à être plus marquée pour les évènements respiratoires sévères (p = 0,069) (figure 32A). Toutefois, après les évènements respiratoires, le RR et les indices de variabilité RR sympathique atteignent le même niveau quelque soit le type d’évènements (figure 34). Cela suggère donc que, quelque soit le type d’évènement respiratoire, cet évènement conduit au même niveau de réactivité sympathique cardiaque. Ces résultats sont en accord avec ceux de Dingli et al. 2002 (273) qui ont montré en utilisant une transformation en Fourier, qu’il y a pas de différence entre la réactivité autonomique entre les apnées et les hypopnées. De plus, Catcheside et al. 2001 (278) ont rapporté que la réactivité cardiaque à des stimulations auditives en environnement normoxique et hypoxique n’est pas différente, bien que l’activité autonomique de base soit marquée par une fréquence cardiaque plus élevée en hypoxie. Cependant, Spicuzza et al. 2003 (173) rapportent une corrélation entre la réactivité sympathique cardiaque après les évènements respiratoires et les index de désaturation. Dans notre étude, l’augmentation progressive du pourcentage de réaction cortical avec la sévérité des évènements respiratoires (hypopnée sans désaturation en oxygène : 71,8 ± 10,5% ; hypopnée avec désaturation en oxygène : 79,2 ± 8,5% et apnée : 85,1 ± 5,0%) est franche. La relation entre désaturation en oxygène et index de variabilité pourrait être médié par la survenue des réactions d’éveil. Ainsi, nous pouvons émettre l’hypothèse que la sévérité des évènements respiratoires et la désaturation en oxygène n’ont pas d’effet direct sur la réactivité sympathique cardiaque après les évènements respiratoires mais agissent indirectement, comme les stades de sommeil, par l’intermédiaire la modulation de la survenue de réactions d’éveil. Réactivité sympathique cardiaque aux évènements respiratoires et hiérarchie des réactions d’éveil pendant le sommeil. Une hiérarchie du processus d’éveil a été précédemment proposée d’après des résultats obtenus dans différentes conditions de fragmentation comme lors d’éveils spontanés (236), en réponse aux mouvements périodiques (232) aux stimulations auditives (174) ou nociceptives (277). Cependant, reste à savoir si cette hiérarchie des processus d’éveil s’applique aux évènements respiratoires des patients souffrant de SAHOS et qui présentent non seulement des occlusions récurrentes et très fréquentes des voies respiratoires, mais également dysfonctions autonomiques 121 chroniques (272) et des troubles des réponses autonomiques au stress (147). Les études précédemment publiées apportent des résultats discordants : la réactivité corticale peut avoir un effet sur la réactivité sympathique cardiaque (274) ou pas (173, 273). Cependant, ces discordances peuvent être attribuées à des approches méthodologiques différentes. En particulier, l’utilisation de la transformée de Fourier apparaît moins adaptée à l’étude des variations rapides du signal RR que les méthodes d’analyse temps-fréquence (273). D’autre part, le nombre d’évènements respiratoires utilisé est parfois limité (173, 273). Dans notre étude, nous avons utilisé une analyse temps-fréquence sur 2924 évènements respiratoires chez 14 sujets présentant un SAHOS et les résultats montrent que le RR moyen, le rapport LFWV/HFWV et les LFWV% sont modifiés par la présence d’une réaction d’éveil. La réactivité sympathique cardiaque est présente sans réaction d’éveil mais est significativement plus élevée en présente d’une réaction d’éveil. Le processus d’éveil apparaît donc comme un modulateur majeur de la réactivité sympathique. Ceci étant, la question de savoir pourquoi certains évènements respiratoires provoquent des niveaux de réactivité plus élevés que d’autres, reste en suspend. Plusieurs mécanismes pourraient participer au processus de réaction d’éveil incluant l’hypoxie, l’hypercapnie (279), ou encore l’intensité de l’effort respiratoire (280). En dépit de ces facteurs, différents niveaux de réactivité ont été rapportés lors de stimulations sensorielles à intensité constante pendant un même stade de sommeil (254) ou aux évènements respiratoires en fonction du processus homéostatique et circadien du contrôle du sommeil (254), suggérant que ces différents niveaux de réponse puissent être liés à des fluctuations intrinsèques de l’activité du système nerveux central survenant au cours du sommeil. Le sommeil paradoxal présente des périodes toniques et des périodes phasiques de même que des périodes de couplage ou de découplage thalamo-cortical (22), alors que les fluctuations au sein du stade 2 ou du sommeil lent profond sont liées à la survenue des complexes K, des fuseaux de sommeil et des patterns d’alternatives cycliques (9). De plus, la présence de fluctuations de l’activité du système nerveux central n’est pas un phénomène exclusif du sommeil, puisque des fluctuations modulant la perception somatosensorielle ont été récemment montré à l’éveil (255). Limitations Ce travail présente certaines limitations techniques. La première concerne l’influence de la respiration sur la variabilité RR. Nous ne pouvons pas exclure que l’hyperventilation à la 122 réouverture des voies aériennes supérieures ait un impact sur la variabilité RR. Toutefois, il a été montré que les réactions d’éveil entraînent une augmentation transitoire de la ventilation (281). Les changements ventilatoire et autonomique sont donc probablement influencés par le même processus de réaction d’éveil. De plus, nous avons comparé les modifications autonomiques juste avant et après la fin des évènements respiratoires, alors qu’il aurait été plus adapté d’utiliser des périodes stables pendant chaque stade de sommeil comme niveau de base. Cependant, ceci est impossible à obtenir chez ces sujets apnéiques dont le sommeil est périodiquement interrompu par les évènements respiratoires. Conclusion Les apnées obstructives et les hypopnées au cours du sommeil conduisent à des oscillations de l’activité parasympathique et sympathique cardiaque, caractérisées par une augmentation de l’activité parasympathique pendant ces évènements respiratoires et une réactivité sympathique après ceux-ci. Lors de la survenue d’une réaction d’éveil corticale, la réactivité sympathique cardiaque est plus intense que lorsque l’évènement respiratoire ne conduit pas à ce type d’éveil. Cette réactivité sympathique cardiaque semble donc être plutôt modulée par le processus de réaction d’éveil que par les stades de sommeil, par la désaturation en oxygène ou par le caractère complet ou non de l’occlusion des voies aériennes supérieures. 123 Chapitre 7 124 Etude 3 : impact de l’équilibre autonomique basale sur la réactivité corticale aux évènements respiratoires et aux stimulations nociceptives au cours du sommeil Ce chapitre correspond à un article en préparation. Introduction Les centres autonomiques intègrent de nombreuses informations de différente nature, provenant de récepteurs du système autonome entérique (282), du système nerveux somatique (283) mais aussi de modulations provenant du système nerveux central (100). Le contrôle autonomique cardio-vasculaire basal est donc influencé par de nombreux facteurs comme les états de vigilance (184-192, 200), le processus circadien (194, 218-220), l’état viscéral à partir d’informations baroréflexe (284), chémoréflexe (285, 286), respiratoire (287) et autres (282). Au cours du sommeil, les réactions d’éveil, caractérisées par un changement rapide de l’activité du système nerveux central enregistrable sur l’EEG sont accompagnées par des changements autonomiques marqués essentiellement par l’augmentation du tonus sympathique et de la fréquence cardiaque (186), de la pression artérielle (228) et des résistances vasculaires (229). Ce phénomène a été retrouvé en réaction à de multiples modalités de stimulations sensorielles telles que des stimulations douloureuses mais aussi en réponse à des perturbations respiratoires. Certains auteurs ont précédemment montré d’une part, l’existence d’une relation étroite entre réactivités corticale et réactivité cardiaque (186, 230-236), et d’autre part que les réponses autonomiques cardiaques apparaissent avant les réponses de réaction d’éveil cortical (186, 236, 253). Ceci amène à penser que ces réactions d’éveil puissent être induites en parallèle par deux activations, l’une par les voies somatosensorielles et l’autre par la voie autonomique. Cependant, ces modifications étant concomitantes, il est difficile de connaître l’influence de chacune de ces voies sur le processus complexe de réaction d’éveil. Toutefois, certaines études ont montré que des changements à priori spontanés de l’activité autonomique, en particulier sympathique, pouvaient contribuer à la survenue de phénomènes d’activation divers au cours du sommeil, comme des épisodes de bruxisme (288, 289), ou de simples réactions d’éveil chez l’animal (290, 291) et chez l’homme (292). Bien que ces résultats indiquent une contribution du système nerveux autonome à la survenue des réactions d’éveil, 125 aucune étude, à notre connaissance, n’a permis de préciser la relation entre niveau d’activité autonomique avant les réactions d’éveil et survenue de réactions d’éveil en réponse à des stimulations nociceptives ou respiratoires. L’objectif de ce travail a donc été d’étudier l’impact du niveau de l’activité autonomique cardiaque de base avant stimulations et la survenue ultérieure des réactions d’éveil en réaction à des stimulations douloureuses ou respiratoires. Nous avons fait l’hypothèse qu’une activité sympathique (basale) élevée puisse favoriser la survenue de réactions d’éveil en réponse à ces deux types de stimulations aversives. Méthodes Participants Les 11 sujets sains qui ont été soumis à des stimulations nociceptives (4 femmes et 10 hommes; âge moyen : 32,8 ± 7,3 ans) de la première étude et les 14 patients souffrant d’un SAHOS non traité enregistrés (3 femmes, âge moyen : 48,1 ± 10,9, index de masse corporelle 32,2 ± 11,5 km/m², et un index d’apnée/hypopnée obstructif moyen de 38,3 ± 22,3 évènements par heure (table 4)) de la deuxième étude ont été inclus dans ces analyses. Analyse des données Analyse du sommeil Les stades du sommeil ont été identifiés visuellement, après l’enregistrement sur des périodes d’analyse de 30 secondes et selon les critères internationaux (1, 17). La survenue d’une réaction d’éveil a été contrôlée après chaque stimulation nociceptive ou chaque évènement respiratoire. Les réactions d’éveil ont été définies comme des épisodes d’activation corticale d’éveil d’une durée supérieure à 3 secondes et considérées comme reliées à la stimulation nociceptive ou respiratoire si elles survenaient au sein des 15 secondes suivant cette stimulation. 126 Analyse de l’évolution du RR et analyse spectrale des intervalles RR Les comparaisons statistiques ont porté sur les périodes considérées comme stable dans les deux travaux précédents c’est-à-dire sur la moyenne des 5 RR avant la stimulation (RR moyen) dans le cas des stimulations nociceptives et 10 RR avant la fin de l’évènement respiratoire. Pour les stimulations nociceptives et pour les évènements respiratoires, les carrés des coefficients d’ondelettes aux niveaux 2, 4, 8 représentent la puissance spectrale des hautes fréquences (HFWV) et sont utilisés pour évaluer l’activité parasympathique (128), alors que ceux des coefficients 16 et 32 représentent la puissance spectrale des basses fréquences (BFWV) (175, 248) pour l’évaluation de l’activité sympathique. Dans cette étude, nous avons utilisé les coefficients 16 et 32 pour l’analyse de la puissance spectrale des basses fréquences afin de ne pas diminuer la sensibilité de l’analyse spectrale. Pour limiter l’effet des stimulations précédentes, l’intervalle inter-stimulations a systématiquement été introduit comme covariable dans les analyses statistiques. Le rapport BFWV/HFWV a été calculé de même que le rapport entre la somme des carrés des coefficients 16 et 32 et la somme des carrés des coefficients d’ondelette de niveaux 2, 4, 8 afin d’obtenir un marqueur de l’équilibre sympathovagal. A ce titre, nous avons complété l’exploration de la balance sympathique-parasympathique en présentant les index basses fréquences normalisés (BFWV%, égale à BFWV/( BFWV + HFWV) × 100) et hautes fréquences normalisés (HFWV%, égale à HFWV/( BFWV + HFWV) × 100). Analyse statistique Les données ont été analysées avec le logiciel statistique StatView 5,0 (SAS Institute Inc® Cary, NC, USA). Afin de déterminer la relation entre les réactions d’éveil cortical et les index autonomiques (RR, HFWV, LFWV et rapport LF/HFWV) pendant les évènements respiratoires ou dans la période précédant les stimulations nociceptives, une analyse logistique multivariée a été réalisée. Les variables autonomiques ont été présentées en tertiles et les résultats en rapport de côte (RC) et intervalles de confiance à 95% (IC 95%), brut et ajusté pour les variables susceptibles d’influencer la survenue des réactions d’éveil. Les ajustements ont donc été réalisés et présentés d’abord pour 127 les effet sujet et pour les intervalles de temps entre les évènements respiratoires ou entre les stimulations nociceptives, afin d’éviter l’implication de différences inter-individuelles dans ces résultats et l’implication des évènements précédents dans ces résultats. Ensuite, un ajustement pour les stades de sommeil a été présenté. Bien que les résultats des études 1 et 2 (chapitre 5 et 6) ne montrent pas de différence significative quant à la survenue des réactions d’éveil en fonction des stades de sommeil, nous avons pu constaté des différences inter-individuelles importantes dans le nombre de réactions d’éveil entre les stades de sommeil. Pour les évènements respiratoires, nous avons ensuite ajusté ces variations pour le niveau de saturation en oxygène maximale et minimale et enfin pour le type d’évènement respiratoire afin de contrôler l’effet de la sévérité des évènements respiratoires sur la survenue des réactions d’éveil. Puis, afin de déterminer lequel de ces paramètres est le plus corrélé à la survenue ultérieure de la réaction corticale, nous avons utilisé une analyse par régression pas à pas en valeur continue. Les différences ont été considérées comme significatives lorsque p < 0,05. Résultats Relation entre l’activité autonomique basale et les réactions d’éveil en réponse aux stimulations nociceptives. L’analyse logistique montre que seul le tertile haut de la puissance spectrale des BFWV avant les stimulations nociceptives est significativement corrélé à la présence d’une réaction d’éveil (rapport de côte : 2,05 ; intervalle de confiance à 95% : 1,31-2,32; p = 0,002). Cette relation persiste après ajustement pour les effets sujet, intervalle inter-stimuli et stade de sommeil (rapport de côtes : 2,55, intervalle de confiance à 95% : 1,31-4,98 ; p = 0,006). Les autres paramètres de la variabilité RR ne montrent pas de relation significative avec la survenue ultérieure des réactions d’éveil (voir table 6). L’analyse en régression pas à pas en valeur continue montre elle aussi que seule, la puissance spectrale BFWV est significativement associée à la survenue d’une réaction d’éveil cortical (F = 6,18 ; p = 0,013 ; r = 10,1) alors que ni les autres index autonomiques (RR moyen : F = 2,18 ; HFWV: F = 0,36 ; rapport BFWV/HFWV: F = 0,71 ; BFWV% : F = 2,02 ; HFWV% : F = 2,02) ni même l’intervalle de temps inter-stimulations (F = 0,20) ne change cette relation. 128 La puissance spectrale BFWV est donc le seul index autonomique significativement corrélé à la survenue d’une réaction d’éveil ultérieure : pour une puissance spectrale BFWV élevée avant une stimulation nociceptive au cours du sommeil de volontaires sains, le risque que cette stimulation entraîne une réaction d’éveil cortical est élevé. 129 Table 6. Rapport de côte (RC) et intervalle de confiance à 95% (IC 95%) des index autonomiques avant les stimulations nociceptives expliquant le risque d’apparition d’une réaction d’éveil cortical en réponse aux stimuli. Les rapports de côte sont présentés bruts (colonne de gauche) et ajustés (colonne de droite) pour les effets sujets, stades et intervalles inter-stimulations. RC (IC 95%) Variables RR moyen BFWV non ajusté 1er tertile 1 p – RC (IC 95%) ajusté (1) 1 p – RC (IC 95%) ajusté (2) 1 p – 2ème tertile 1,10 (0,69 – 1,75) 0,702 1,10 (0,66-1,83) 0,717 1,16 (0,69 – 1,97) 0,570 3ème tertile 1,49 (0,95 – 2,34) 0,083 0,58 (0,27-1,24) 0,163 0,62 (0,29 – 1,35) 0,233 1er tertile 1 – 1 – 1 – 2ème tertile 1,06 (0,65 – 1,72) 0,822 1,37 (0,77-2,43) 0,281 1,27 (0,70 – 2,32) 0,437 3ème tertile 2,05 (1,31 – 3,23) 0,002 2,97 (1,58-5,59) <0,001 2,55 (1,31 – 4,98) 0,006 HFWV 1er tertile HFWV % – 1 – 1 – 2ème tertile 1,46 (0,92 – 2,31) 0,105 1,74 (0,86-3,52) 0,121 1,75 (0,85 – 3,59) 0,130 3ème tertile 1,31 (0,83 – 2,09) 0,250 1,43 (0,64-3,16) 0,382 1,45 (0,65 – 3,27) 0,367 Rapport BFWV/HFWV 1er tertile BFWV % 1 1 – 1 – 1 – 2ème tertile 1,44 (0,92 – 2,28) 0,114 1,62 (0,97-2,69) 0,064 1,52 (0,90 – 2,56) 0,113 3ème tertile 1,22 (0,76 – 1,94) 0,408 1,56 (0,91-2,68) 0,109 1,47 (0,84 – 2,56) 0,175 1er tertile 1 – 1 – 1 – 2ème tertile 1,44 (0,92 – 2,28) 0,114 1,62 (0,97-2,69) 0,064 1,52 (0,90 – 2,56) 0,113 3ème tertile 1,22 (0,76 – 1,94) 0,408 1,56 (0,91-2,68) 0,109 1,47 (0,84 – 2,56) 0,175 1er tertile 1 – 1 – 1 – 2ème tertile 1,19 (0,76 – 1,85) 0,448 1,04 (0,64-1,67) 0,878 1,04 (0,64 – 1,69) 0,883 3ème tertile 0,82 (0,52 – 1,31) 0,408 0,64 (0,37-1,10) 0,109 0,68 (0,39 – 1,19) 0,175 (1) ajustement pour les effets sujet et intervalle inter-stimulations, (2) ajustement pour les effets sujet, intervalle inter-stimulations et stade de sommeil. 130 Relation entre l’activité autonomique au cours des évènements respiratoires et les réactions d’éveil ultérieures. L’analyse logistique montre que les tertiles moyen et haut des puissances spectrales BFWV, des BFWV% et des HFWV% et du rapport BFWV/HFWV sont significativement corrélés à la présence d’une réaction d’éveil même après ajustement des effets : sujet, intervalle inter-évènements, saturation en oxygène moyenne et minimale, type de réaction d’éveil et stade de sommeil (voir table 7). Concernant le RR moyen, seul le tertile haut est corrélé à une protection vis-à-vis de la survenue des réactions d’éveil après ajustement, alors que la puissance spectrale HFWV montre une relation significative uniquement sans ajustement (table 7). Parmi les variables au cours des évènements respiratoires pouvant être associés à la survenue ultérieure des réactions d’éveil, l’analyse en régression pas à pas en valeur continue montre que la puissance spectrale BFWV% est la variable la plus associée (F= 32,35 ; p < 0,001 ; r = 0,105), suivie du RR moyen (F = 16,67 ; p < 0,001 r = 12,9). Ni les autres index autonomiques (LFWV : F = 3,87 ; HFWV : F = 0,39 ; rapport BFWV/HFWV : F = 0,44 ; HFWV% : F = 0,00) ni même l’intervalle de temps entre les évènements respiratoires (F= 1,62) ou les index de saturation artérielle en oxygène (SaO2 moyenne : F = 0,46 et SaO2 minimale : F = 0,33) n’améliorent pas cette relation. L’ensemble des index sympathiques BFWV, BFWV% et rapport BFWV/HFWV ainsi que le RR moyen sont significativement corrélés à la survenue d’une réaction d’éveil ultérieure. Parmi ces index, la puissance spectrale normalisée BFWV% est la mieux corrélée à la survenue d’une réaction d’éveil cortical après les évènements respiratoires. Plus la BFWV% est élevée au cours des évènements respiratoires, plus le risque que ces évènements respiratoires entraînent une réaction d’éveil cortical est grand. 131 Table 7. Rapport de côte (RC) et intervalle de confiance à 95% (IC 95%) des index autonomiques pendant les évènements respiratoires expliquant le risque d’apparition d’une réaction d’éveil cortical en réponse aux évènements respiratoires. Les rapports de côte sont présentés en valeurs brutes (colonne de gauche) et ajustés (colonne de droite) pour les effets sujets, stades, type d’évènement respiratoire, intervalles inter-évènements, saturation en oxygène moyenne et minimale. RC (IC 95%) Variables RR moyen BFWV HFWV Rapport BFWV/HFWV BFWV % HFWV % non ajusté p RC (IC 95%) ajusté (1) p RC (IC 95%) ajusté (2) p RC (IC 95%) ajusté (3) p RC (IC 95%) ajusté (4) p 1er tertile 1 – 1 – 1 – 1 – 1 – 2ème tertile 1,13 (0,91 – 1,39) 0,272 0,79 (0,61-1,04) 0,092 0,80 (0,61-1,05) 0,107 0,81 (0,61-1,06) 0,121 0,77 (0,59 – 1,02) 0,067 3ème tertile 1,49 (1,20 – 1,86) <0,001 0,72 (0,48-1,08) 0,110 0,73 (0,48-1,10) 0,129 0,73 (0,48-1,10) 0,129 0,66 (0,43 – 0,99) 0,047 1er tertile 1 – 1 – 1 – 1 – 1 – 2ème tertile 1,35 (1,09 – 1,66) 0,006 1,32 (1,06-1,64) 0,012 1,32 (1,07-1,65) 0,011 1,30 (1,05-1,62) 0,018 1,30 (1,04 – 1,62) 0,021 3ème tertile 1,85 (1,48 – 2,31) <0,001 1,75 (1,35-2,28) <0,001 1,74 (1,34-2,26) <0,001 1,73 (1,33-2,25) <0,001 1,73 (1,32 – 2,25) <0,001 1er tertile 1 – 1 – 1 – 1 – 1 – 2ème tertile 0,80 (0,65 – 1,00) 0,045 0,80 (0,62-1,03) 0,086 0,79 (0,61-1,28) 0,061 0,80 (0,62-1,04) 0,091 0,84 (0,65 – 1,08) 0,171 3ème tertile 1,07 (0,86 – 1,34) 0,550 0,95 (0,68-1,31) 0,737 0,93 (0,67-1,01) 0,643 0,95 (0,69-1,32) 0,761 0,97 (0,70 – 1,35) 0,862 1er tertile 1 – 1 – 1 – 1 – 1 – 2ème tertile 1,40 (1,14 – 2,73) 0,002 1,45 (1,16-1,81) <0,001 1,45 (1,16-1,81) 0,001 1,44 (1,15-1,79) 0,001 1,44 (1,15 – 1,81) 0,001 3ème tertile 1,90 (1,52 – 2,38) <0,001 1,95 (1,51-2,50) <0,001 1,96 (1,52-2,52) <0,001 1,92 (1,49-2,47) <0,001 1,98 (1,53 – 2,56) <0,001 1er tertile 1 – 1 – 1 – 1 – 1 – 2ème tertile 1,40 (1,13 – 1,73) 0,002 1,45 (1,17-1,81) <0,001 1,45 (1,16-1,81) 0,001 1,44 (1,15-1,80) 0,001 1,44 (1,15 – 1,81) 0,001 3ème tertile 1,90 (1,52 – 2,37) <0,001 1,94 (1,51-2,49) <0,001 1,95 (1,52-2,51) <0,001 1,92 (1,49-2,47) <0,001 1,97 (1,53 – 2,55) <0,001 1er tertile 1 – 1 – 1 – 1 – 1 – 2ème tertile 0,74 (0,59 – 0,93) 0,011 0,75 (0,59-0,96) 0,022 0,74 (0,58-0,95) 0,019 0,75 (0,59-0,96) 0,023 0,73 (0,57 – 0,94) 0,015 3ème tertile 0,53 (0,42 – 0,66) <0,001 0,51 (0,40-0,66) <0,001 0,51 (0,40-0,66) <0,001 0,52 (0,40-0,67) <0,001 0,51 (0,39 – 0,65) <0,001 Les rapport de côte présentés ont été ajustés pour (1) les effets sujet et intervalle interstimulations, (2) plus l’ajustement pour l’effet stade de sommeil, (3) plus l’ajustement pour la saturation moyenne et minimale en O2 et enfin (4) plus l’ajustement pour la nature des évènements respiratoires. 132 Discussion 3 Ces résultats suggèrent qu’une activité sympathique cardiaque de base élevée, se reflétant par des puissances spectrales BFWV hautes, pourrait favoriser l’apparition de réactions d’éveil en réponse à des stimulations nociceptives ou respiratoires. Des résultats analogues été rapportés avec d’autres types d’évènements comme les mouvements spontanés (293), ou encore les épisodes de bruxisme (289), les réactions d’éveil associées étant précédées d’un niveau de fréquence cardiaque élevé (186). De plus, l’administration d’un agoniste des récepteurs alpha-adrénergiques, la clonidine, en diminuant le tonus sympathique au cours du sommeil provoquerait, pour ces mêmes auteurs, une diminution considérablement du nombre d’épisodes de bruxisme. Tous ces résultats convergent pour considérer l’importance de l’implication du tonus sympathique et des réseaux neuronaux à l’origine du contrôle autonomique dans la genèse des épisodes phasiques interrompant le sommeil. Cependant, les mécanismes impliqués dans la relation entre activité sympathique cardiaque et évènements phasiques du sommeil restent mal connus. Dans notre étude, les stimulations nociceptives précédées par une activité sympathique cardiaque élevée, caractérisée par un haut niveau de puissances spectrales BFWV, ont entraîné plus facilement des réactions d’éveil. Compte tenu que cette relation semble indépendante de l’intervalle inter-stimulations, et que, dans chaque série de stimulations, ces réactions d’éveil surviennent de manière non systématique (30% de réaction d’éveil), l’effet direct des stimulations précédentes sur les suivantes est probablement négligeable. Des variations spontanées de l’activité autonomique pourraient être donc être primordiales. Au cours du sommeil, différentes oscillations caractérisent l’activité du système nerveux central tels que les fuseaux de sommeil (294) ou les patterns cycliques alternants (Cyclic Alternating Pattern ou CAP) (9, 14-16). On sait, d’autre part, que certains de ces rythmes spontanés affectent aussi l’activité autonomique. Par exemple, Massimini et al. 2000 (295) ont décrit une activité rythmique très lente dans les noyaux thalamiques corrélée aux variations basse et haute fréquences de la variabilité RR. De plus, les CAP affectent aussi bien les activités EEG, motrices et autonomiques, et ces évènements sont marqués par une plus grande activité sympathique au cours des phases A des CAP (14, 18, 19). Or, les phases A des CAP sont 133 considérées comme représentant un allégement transitoire du sommeil, indépendamment de stimuli afférents. Ce phénomène périodique est lié au rapport entre les structures régulant le sommeil et celles régulant l’éveil, traduisant l’expression d’une instabilité du sommeil. En somme, les fluctuations spontanées de l’activité autonomique pourraient, au moins en partie, être déterminées par l’évolution spontanée de l’activité des structures régulant l’éveil et le sommeil, et ainsi refléter une plus grande perméabilité aux stimulations extéroceptives. Des travaux récents réalisés dans notre laboratoire montrent que les potentiels évoqués en réponse à ces stimulations nociceptives seraient de plus grande amplitude en phase A des CAP, qui pourrait donc faciliter la perméabilité de l’axe thalamo-cortical dans le transfert des informations nociceptives. Néanmoins, ni ces CAP ni les puissances spectrales EEG au cours de la seconde précédant ces stimulations ne sont corrélées avec la survenue ultérieure de réaction d’éveil (296). Malgré l’existence d’une relation étroite entre CAP et activité autonomique, il semble que ces évènements, et donc les fluctuations spontanées des structures régulant l’éveil, n’expliquent pas complètement cette relation entre activité sympathique et survenue ultérieure de réaction d’éveil. Ainsi, d’autres phénomènes non encore identifiés pourraient intervenir dans cette relation. Les évènements respiratoires sont connus pour activer le tonus parasympathique et augmenter les intervalles RR (173, 263, 264), en lien avec différents stimuli tels que l’hypoxie et l’hypercapnie (275), les fluctuations de pression intra-thoracique (276), la stimulation des voies aériennes supérieures (48), ou encore le contrôle baroréflexe (292). Toutefois, Bonsignore et al. 1997 (276) ont rapporté une certaine variabilité de la dynamique des intervalles RR au cours des évènements respiratoires qui peuvent progressivement présenter une augmentation, ou une diminution. Ces données suggèrent que le contrôle autonomique au cours des évènements respiratoires est le résultat d’une intégration de multiples informations variant au cours des évènements pouvant favoriser l’installation progressive de l’activité sympathique. D’autre part, certains stimuli concomitants des évènements respiratoires tel que l’hypoxie et l’hypercapnie (275), les fluctuations de pression intra-thoracique (276), la stimulation des voies aériennes supérieures (48), ou encore les modifications induites de pression artérielle (292), lorsqu’ils sont appliqués expérimentalement de manière isolée chez le sujet sain, peuvent entraîner des réactions d’éveil cortical. Cependant, on ne peut exclure l’implication des fluctuations spontanées du système nerveux central dans le cas des évènements respiratoires, d’autant plus que, quelque soit la nature des évènements respiratoires, ceux-ci conduisent pour environ trois quarts d’entre eux 134 (76,3%) à une réaction d’éveil. Ainsi, les modifications de ces nombreux paramètres physiologiques respiratoires peuvent amener à activer les structures régulant l’activité autonomique et celles régulant les états de vigilance, menant de manière concomitante à la réaction d’éveil, selon l’activité du système nerveux central. Ceci étant, à partir de nos résultats, nous ne pouvons pas exclure qu’une hyperexcitabilité du système contrôlant l’activité sympathique peut réciproquement interagir avec les structures impliquées dans la gestion de l’éveil. En effet, Edwards et al. 2008 (252) ont montré que l’amplitude des potentiels évoqués somatosensoriels évolue en fonction du cycle cardiaque, qui lui-même est connu pour moduler l’activité autonomique par le contrôle baroréflexe. D’autre part, Gray et al. 2009 (98) ont montré que la réactivité autonomique à la douleur à l’éveil est, elle aussi, affectée par le cycle cardiaque. Ceci amène à penser que ces réactions d’éveil peuvent être induites en parallèle par deux activations, l’une par les voies somatosensorielles et l’autre par la voie autonomique. Cette hypothèse demande à être confirmée dans de futurs travaux. Limitations Ce travail présente certaines limitations techniques. La première concerne l’influence des stimulations précédant la période pré-stimulation dans le cas des stimulations nociceptives. En effet, nous avons effectué l’analyse spectrale sur 32 battements RR avant chaque stimulation. Or, l’intervalle inter-stimulations moyen étant de 30 secondes, le ‘niveau de base’ d’un certain nombre des stimulations pourraient avoir été influencé par l’effet résiduel des stimulations précédentes. Néanmoins, l’intervalle de temps inter-stimulations a été introduit en covariable dans chaque analyse par régression logistique multiple, et les résultats étaient significatifs en tenant compte de cet ajustement. De plus, pour les évènements respiratoires, la comparaison a portée sur les périodes situées avant la fin de l’obstruction ventilatoire (considérée comme la fin de l’évènement respiratoire) et on pourrait se demander si certaines réactions d’éveil cortical auraient pu apparaître avant la réouverture des voies aériennes supérieures. Toutefois, étant donné que les réactions d’éveil cortical (1,5 secondes) et cardiaque (entre 1 et 2 secondes) en réponse aux stimulations nociceptives ont des latences similaires et que la réactivité cardiaque est simultanée à la réouverture des voies aériennes supérieures (figure 30A-31A-32A), il est probable que la réactivité corticale soit concomitante de ces modifications ventilatoire et cardiaque. 135 Conclusion Un niveau élevée de puissances spectrales BFWV avant les réactions d’éveil, reflétant le tonus sympathique cardiaque, pourrait favoriser les réactions d’éveil en réponse à des stimulations nociceptives ou à des évènements respiratoires, respectivement chez des sujets sains et chez des patients apnéiques. Cette relation pourrait refléter un niveau fluctuant de perméabilité du système nerveux aux stimulations extéro- ou interoceptives, qui serait dépendant de l’activité intrinsèque du système nerveux central et d’informations somato-viscérales. 136 Chapitre 8 137 Discussion générale L’objectif de l’ensemble de notre travail de thèse a été d’étudier la réactivité autonome à des stimulations aversives pendant le sommeil, qui mettent en jeu les réponses biologiques au « stress ». Nous avons utilisé, pour ce faire, deux types de stimuli, l’un nociceptif chez des sujets sains et l’autre respiratoire chez des patients apnéiques. Nous avons étudié plus particulièrement les facteurs qui pouvaient affecter la réactivité autonomique à ces deux types de stimulation, mais également l’impact de l’équilibre basal autonomique sur la réactivité corticale à ces stimuli aversifs. Les résultats de nos études indiquent que : 1) la réactivité autonome à des stimulations aversives au cours du sommeil serait essentiellement liée à la réactivité sympathique, la participation de l’activité parasympathique restant minime ; 2) parmi les phénomènes pouvant moduler cette réactivité sympathique cardiaque, le processus de réaction d’éveil semble essentiel alors que les stades de sommeil et la sévérité des évènements respiratoires auraient une influence plus modeste ; enfin, 3) l’équilibre autonomique en faveur d’une activité sympathique au cours des évènements respiratoires et avant les stimulations nociceptives paraît être un facteur important d’influence des processus cérébraux qui mènent à la réaction d’éveil cortical. Bien que les réponses à ces deux types de stimulations, respiratoires et nociceptives, présentent des similitudes, elles diffèrent sur certains aspects. Parmi ces différences, la première correspond à la réponse autonomique qui se manifeste au cours de évènements respiratoires et qui est caractérisée par une prédominance du contrôle vagal sur l’activité cardiaque, part ailleurs bien caractérisée par les méthodes d’analyse temps-fréquence de la variabilité RR (173, 297, 298). Cette première réponse vagale au cours de évènements respiratoires est en rapport avec l’obstruction des voies aériennes supérieures, la modification des gaz du sang, et l’installation progressive de l’effort respiratoire. Ces modifications répondent probablement à l’ensemble de ces stimuli afin de protéger les organes les plus sensibles. Ainsi, la redistribution du volume sanguin des parties périphériques vers les parties centrales par la vasoconstriction artérielle périphérique, ainsi que la diminution de l’activité chronotrope et inotrope cardiaque préservent les débits cérébral et myocardique (299). Malgré cela, l’obstruction des voies aériennes n’est levée que lorsqu’un point critique est atteint, en lien probablement avec la modification des gaz du sang et l’effort inspiratoire (48), qui entraîne une réaction d’éveil. Les perturbations de cette fonction 138 vitale qu’est la respiration requièrent donc la participation de structures impliquées dans les fonctions de préservation de l’organisme, et ce « stress » ne met en jeu les réponses sympathiques que dans un second temps. D’autre part, les caractéristiques cliniques de ces deux populations sont différentes. En effet, contrairement aux sujets témoins de la première étude, les patients apnéiques, en l’absence de traitement, sont soumis au cours de chaque période de sommeil à des évènements obstructifs récurrents, qui peuvent mener à de graves dysfonctions inflammatoires, métaboliques, neuropsychologiques et autonomiques (261, 300, 301). Ces altérations autonomiques sont marquées par des dysfonctions diurnes des réflexes autonomiques (272) tels que les réponses baroréflexes et chémoréflexes, mais aussi à des troubles de la réponse autonomique au stress (147, 302). L’activité autonomique de base chez ces patients est marquée par une prédominance sympathique, quelque soit l’état de vigilance considéré, et par une dysfonction du système vagal, se manifestant par une diminution globale de la variabilité RR et une augmentation du rapport BF/HF (153). Malgré la récurrence des évènements respiratoires au cours de leur sommeil, ces patients conservent des réponses sympathiques cardiaques aux évènements respiratoires nocturnes. Bien que, pour des raisons méthodologiques, une partie seulement de la bande spectrale BF ait pu être analysée chez nos témoins et que nous n’ayons pas réalisé d’analyse statistique comparative, nos résultats semblent indiquer que les patients apnéiques montrent une moindre mise en jeu des puissances spectrales BF et HF. Cependant le rapport BF/HF ne semble pas être particulièrement élevé chez ces mêmes patients au cours des évènements respiratoires dans nos travaux. Enfin, notre échantillon de patients apnéiques représente une population relativement préservée des dysfonctions métaboliques et cardiaque. S’ils présentaient fréquemment une hypertension artérielle, aucun d’entre eux ne présentait de diabète de type 1, ou de pathologie cardio-vasculaire déclarée dont la prévalence est habituellement grande dans cette population. Effectivement, chez l’apnéique, l’incidence de l’infarctus (303) et d’insuffisance cardiaque chronique (304) est élevée. Ce même travail chez des patients avec des altérations cardiovasculaires sévères pourrait donner des résultats différents. Malgré ces divergences, les perturbations du sommeil par ces deux types de stimulations aversives conduisent à une réponse sympathique cardiaque qui ne semble pas modulée par les états de vigilance, et dans le cas des évènements respiratoires, par la sévérité de ces derniers. 139 Pourtant, les activités des systèmes nerveux central et autonomes sont très différentes selon les états de vigilance. L’activité cérébrale au cours du sommeil lent est caractérisée par une activité EEG lente et ample, de type thêta et delta, associée à une diminution du tonus musculaire et une prédominance de l’activité vagale. Le sommeil paradoxal est, lui, caractérisé par le retour d’une activité EEG d’amplitude plus faible mais de fréquences rapides, proche de celle observée à l’éveil, associée à une abolition du tonus musculaire, à l’apparition de mouvements oculaires rapides et globalement, à une prédominance de l’activité sympathique. Les réseaux de neurones qui assurent cette activité sont divers et complexes, et situés dans de nombreuses structures souscorticales - du tronc cérébral à l’hypothalamus. Or, les résultats de nos travaux montrent que la réactivité sympathique aux stimulations aversives n’est pas modifiée par les stades de sommeil, mais au contraire, que ces stimuli soient nociceptifs ou respiratoires, ils mènent à un même niveau de réactivité autonomique cardiaque dans tous les états de vigilance. Ces résultats suggèrent que ces stimulations mettent en jeu des réseaux de neurones d’alerte, contrôlant l’éveil, qu’ils soient sérotoninergiques (86), cholinergiques (88), histaminergiques (87) ou encore hypocrétinergiques (305). Ces neurones sont aussi connus pour leur influence sur les centres autonomiques et donc sur l’activité autonomique cardiaque, indépendamment des réseaux neuronaux participant aux processus de régulation du sommeil lent et du sommeil paradoxal. D’autre part, la sévérité des évènements respiratoires ne semble pas, d’après nos travaux, affecter cette réactivité sympathique cardiaque, que ces évènements respiratoires soient désaturants ou non, ou qu’ils conduisent à une obstruction complète ou incomplète des voies aériennes supérieures. On aurait pu penser, compte tenu de la relation étroite entre activités autonomique, ventilatoire et gaz du sang (64, 80, 207), que la réactivité sympathique cardiaque aux évènements respiratoires puisse être fonction de ces paramètres. D’autre part, parmi les altérations présentées par les patients apnéiques, les dysfonctions diurnes de la boucle autonomique chemoréflexe sont normalisées par l’inspiration de mélange gazeux riche en oxygène (306). Ceci suggère que les dysfonctions autonomiques sont, en partie, liées à la récurrence de l’hypoxie/hypercapnie au cours du sommeil. Toutefois, nous résultats et certaines données (278) de la littérature vont dans le sens d’une influence mineure de la désaturation en oxygène sur la réactivité sympathique cardiaque aux évènements respiratoires. En tenant compte de ces résultats, on peut penser, premièrement, que les conséquences de l’hypoxie sur l’activité autonomique sont plus indirectes que la simple activation répétée du système sympathique. Effectivement, l’hypoxie est connue pour sensibiliser les chémorécepteurs carotidiens, à partir de 140 plusieurs voies, par la production de radicaux libres, l’angiotensine II ou encore l’endothéline-1 (307). L’hypoxie semble aussi avoir un effet d’hyperexcitabilité sympathique sur les centres autonomiques et les structures hypothalamiques et cérébrales impliquées dans le contrôle autonomique par des voies inflammatoire et hormonale (49, 307). Deuxièmement, si le processus de réaction d’éveil est bien un élément déterminant de la réactivité sympathique au cours du sommeil des patients apnéiques, les conséquences autonomiques diurnes de la fragmentation du sommeil peuvent être un élément sous-estimé dans la plupart des études. Le processus de réaction d’éveil, quant à lui, semble être un modulateur important des réponses sympathiques cardiaques. Lorsque la stimulation, respiratoire ou nociceptive, entraîne une réaction d’éveil, la réactivité sympathique est plus marquée que lorsque la stimulation n’entraîne pas de réaction d’éveil. Toutefois, ces réactions corticale et sympathique cardiaque étant concomitantes, il est difficile d’établir, à partir de ces résultats, la relation qu’elles entretiennent mutuellement. Il est intéressant de noter que les potentiels évoqués aux évènements respiratoires (308) et aux stimulations nociceptives persistent pendant le sommeil (223), ce qui reflète la préservation d’un traitement cortical de ces informations intero- ou extéroceptives dans un délai inférieur à 250 ms après la stimulation. De plus, dans le cas des stimulations nociceptives, une composante tardive P300, est présente lorsque la stimulation entraîne une réaction d’éveil, marquant une prise de conscience du stimulus, non mémorisée par le sujet (223). Le traitement cognitif de cette information nociceptive semble donc un facteur déterminant dans la survenue de la réaction d’éveil et de la réaction sympathique cardiaque, même si l’on ne peut exclure que les changements d’activité des neurones sympathiques et des réseaux corticaux nociceptifs soient simultanés. Les réponses cardiaques enregistrées représentent l’activation de neurones du système nerveux central qui pourrait se faire avec une certaine latence liée au temps de conduction de l’influx nerveux vers le cœur ainsi qu’au temps nécessaire au changement de la fréquence cardiaque. Cependant, Garcia-Larrea et al. 2010 ont récemment montré à l’éveil chez un patient présentant une lésion insulaire que des stimulations laser controlatérales à la lésion conduisait à des réponses cutanées sympathiques très diminuées en comparaison avec les réponses du côté sain (309). Malgré que les voies de la douleur et du système contrôlant l’activité autonomique puissent interagir à différents niveaux, depuis la moelle épinière jusqu’au cortex, ces résultats pris dans leur ensemble, paraissent indiquer que le cortex participe bien à la réactivité sympathique. 141 Dans nos travaux, les stimulations nociceptives au seuil douloureux ont entraîné environ 30% de réactions d’éveil (223), alors que les évènements respiratoires en ont provoqué environ 75%. Les stimulations nociceptives plus intenses sont connues pour provoquer un plus grand nombre de réaction d’éveil (225). D’autres études ont montré que des stimulations auditives entraînent moins de 5% de réactions d’éveil chez le sujet sain (310) et les mouvements périodiques environ 30% (253). L’ensemble de ces résultats suggère que le caractère aversif de stimulations délivrées au cours du sommeil s’exprime par un plus grand nombre de réactions d’éveil, et donc un plus grand nombre d’activations sympathiques cardiaque. Le sujet apnéique est, de ce point de vue, soumis à des stimulations dont on peut considérer qu’elles sont très aversives. Il est d’ailleurs étonnant que toutes ces stimulations n’entraînent pas systématiquement une réaction d’éveil, mais il est possible que les patients apnéiques aient développé une certaine habituation à ces évènements respiratoires. Nous ne savons d’ailleurs pas s’ils présentent ou non, comme dans le cas des stimulations nociceptives (223), une composante tardive marquant une prise de conscience du stimulus lorsqu’ils présentent une réaction d’éveil à la fin de l’événement respiratoire. La dernière partie de notre travail montre que la réactivité corticale peut aussi être influencée par un niveau élevé d’activité autonomique : l’activité sympathique avant des stimulations nociceptives et au cours d’évènements respiratoires favorise la survenue de réaction d’éveil, et donc favorise le processus de réaction d’éveil. Plusieurs interprétations sont possibles. On peut penser, compte tenu des projections des centres hypothalamiques et du tronc cérébral sur les centres autonomiques, que les variations de l’activité sympathique puissent refléter un niveau fluctuant de perméabilité du système nerveux aux stimulations extéroceptives, qui serait dépendant de l’activité intrinsèque du système nerveux central et des informations somatoviscérales. La prédominance de l’activité sympathique au cours du sommeil, documentée dans de nombreuses conditions pathologiques telles que les syndromes douloureux chroniques (257), l’insomnie (311) ou l’hypertension artérielle (312), pourrait alors refléter un sommeil « fragilisé ». Cependant, on ne pas exclure que les centres autonomiques ou certains facteurs à l’origine des rythmes autonomiques puissent, eux-mêmes, influencer l’activité des neurones contrôlant l’éveil. Par exemple, les neurones du tractus solitaire, bien connus pour être indispensables aux boucles contrôles autonomiques baroréflexes et respiratoires, présentent des projections vers certaines structures de la formation réticulée (313). De plus, Oakson et Steriade (1982) ont montré au sein de la formation réticulée la présence de rythmes lents de fréquences similaires à celles de l’activité autonomique (314). Quelque soient les mécanismes mises en jeu, ces travaux vont dans le sens 142 d’une étroite et complexe relation entre activité autonomique et réactivité corticale au cours du sommeil, où la hiérarchie des réactions d’éveil dépend de l’intensité de la stimulation, mais aussi des états viscéro-somatique et du système nerveux central du dormeur. Ces travaux de thèse nous semblent ouvrir plusieurs perspectives. Tout d’abord, l’analyse temps-fréquence de la variabilité RR, basée sur des transformées en ondelettes, est capable de mettre en évidence les modifications autonomiques cardiaques au cours d’évènements transitoires. Les évènements respiratoires montrent un pattern d’activité autonomique particulier, où l’activité parasympathique prédomine dans un premier temps, avant que ne s’installe dans un second temps, la réactivité sympathique. Au contraire, une fragmentation du sommeil non liée à des évènements respiratoires semble exclusivement mettre en jeu des réponses sympathiques. A partir de ce constat, pourrait être élaboré un algorithme permettant une analyse de la nature des évènements fragmentant le sommeil ainsi qu’une quantification de ces évènements. Cet algorithme reste à définir dans de futurs travaux. Ensuite, bien que l’hypoxie soit un élément déterminant dans l’altération des fonctions cardio-vasculaires chez les sujets apnéiques, les résultats de nos travaux suggèrent une participation notable du processus de réaction d’éveil dans la récurrence des décharges sympathiques cardiaques au cours du sommeil de ces patients. Ainsi, l’évaluation de l’impact d’une fragmentation du sommeil sur la fonction cardio-vasculaire à partir d’index autonomiques adaptés, nous semble nécessaire. De plus, dans le syndrome des jambes sans repos, autre pathologie impliquant une réactivité sympathique cardiaque au cours du sommeil (253), quelques études (315, 316) ont récemment montré un impact délétère sur la pression artérielle, caractérisé par une pression artérielle diurne plus élevée dans cette population. On peut donc penser que les réponses autonomiques à des perturbations récurrentes au cours du sommeil, quelles soient respiratoires ou non, puissent avoir des conséquences autonomiques et cardio-vasculaires importantes à long terme. Enfin, les derniers résultats présentés dans ce travail nécessitent confirmation. L’utilisation de la mesure en continue de la pression artérielle, de la fréquence respiratoire, de l’ECG et de l’EEG simultanément au cours de stimulations aversives pendant le sommeil, permettraient de confirmer la relation entre activité autonomique basale et réactivité corticale, et de mieux caractériser l’origine des rythmes autonomiques qui pourrait affecter cette réactivité cérébrale. Nous savons, que l’activité autonomique est fonction de plusieurs boucles contrôles, viscérales en 143 particulier, à partir d’influx nerveux renseignant sur l’activité ventilatoire et pressionnelle, qui sont facilement exploitables. 144 Conclusion Nos résultats montrent que la réactivité autonomique cardiaque, en réaction à des stimuli nociceptifs chez des sujets sains et respiratoires chez des patients apnéiques, est dépendante d’une activation sympathique cardiaque. Cette activation apparaît non dépendante des stades de sommeil et de la sévérité des évènements respiratoires. Ces stimulations mènent alors l’activité autonomique cardiaque à des niveaux relativement comparables. D’autre part, cette réactivité sympathique cardiaque est présente même lorsque la stimulation ne donne pas lieu à une réaction d’éveil, mais apparaît plus importante si la stimulation est suivie d’une réaction d’éveil cortical. La hiérarchisation des réactions d’éveil précédemment démontrée dans d’autres modalités sensorielles est donc maintenue en réaction à la nociception chez des sujets sains et aux évènements respiratoires chez des patients apnéiques. Enfin, ces résultats suggèrent qu’un niveau d’activité sympathique cardiaque élevé avant les stimulations nociceptives ou pendant les évènements respiratoires obstructifs puisse favoriser ce processus de réaction d’éveil. Ce résultat nous incite à considérer la relation étroite entre activité autonomique et processus de réaction d’éveil, qui pourrait être un facteur d’influence de l’altération du contrôle autonomique dans des populations souffrant de pathologies entraînant une fragmentation du sommeil, et être utilisé comme un marqueur de l’instabilité du sommeil chez certains patients. Ce dernier résultat reste à confirmer dans des études ultérieures. 145 Références bibliographiques 146 1. 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Association of sleep-disordered breathing and the occurrence of stroke. American journal of respiratory and critical care medicine 2005;172:1447-1451. 304. Shahar E, Whitney CW, Redline S, Lee ET, Newman AB, Javier Nieto F, O'Connor GT, Boland LL, Schwartz JE, Samet JM. Sleep-disordered breathing and cardiovascular disease: 161 Cross-sectional results of the sleep heart health study. American journal of respiratory and critical care medicine 2001;163:19-25. 305. Dergacheva O, Philbin K, Bateman R, Mendelowitz D. Hypocretin-1 (orexin a) prevents the effects of hypoxia/hypercapnia and enhances the gabaergic pathway from the lateral paragigantocellular nucleus to cardiac vagal neurons in the nucleus ambiguus. Neuroscience 2010. 306. Narkiewicz K, van de Borne PJ, Montano N, Dyken ME, Phillips BG, Somers VK. Contribution of tonic chemoreflex activation to sympathetic activity and blood pressure in patients with obstructive sleep apnea. Circulation 1998;97:943-945. 307. Dempsey JA, Veasey SC, Morgan BJ, O'Donnell CP. Pathophysiology of sleep apnea. Physiological reviews 2010;90:47-112. 308. Afifi L, Guilleminault C, Colrain IM. Sleep and respiratory stimulus specific dampening of cortical responsiveness in osas. Respiratory physiology & neurobiology 2003;136:221-234. 309. Garcia-Larrea L, Perchet C, Creac'h C, Convers P, Peyron R, Laurent B, Mauguiere F, Magnin M. Operculo-insular pain (parasylvian pain): A distinct central pain syndrome. Brain 2010;133:2528-2539. 310. Perrin F. Etudes électrophysiologiques de la discrimination sémantique pendant le sommeil. Lyon: Université Claude Bernard Lyon 1; 2001. 311. Bonnet MH, Arand DL. Hyperarousal and insomnia: State of the science. Sleep medicine reviews 2010;14:9-15. 312. Grassi G. Sympathetic neural activity in hypertension and related diseases. American journal of hypertension 2010;23:1052-1060. 313. Beitz AJ. 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Sleep 2010;33:759-765. 162 Annexes 163 CURRICULUM VITAE CHOUCHOU Florian 1 rue Dugas-Montbel 69002 Lyon [email protected] Né le 07 Mars 1982 FORMATION 2007-2011 : 3ème année doctorale, Ecole doctorale Neuroscience et Cognition, Unité Inserm U879 « Intégration centrale de la douleur chez l’Homme », université Lyon 1. 2008-2009 : Diplôme interuniversitaire sommeil et sa pathologie, université Grenoble 1. 2007-2008 : Diplôme interuniversitaire Formation d’Investigateur aux Essais Cliniques, Université Lyon 1. 2006-2007 : MASTER 2 recherche, Biologie-Physiopathologie de l’Exercice, (EntrainementSport-Santé-Handicap), Université Jean Monnet, Saint-Étienne, mention assez bien. 2005-2006 : MASTER 1 « Entraînement, Sport, Santé, Handicap » (E.S.S.H.), Université Jean Monnet, Saint-Étienne, mention bien. 2001-2004 : Licence STAPS, spécialité Education et Motricité, Université Jean Monnet, SaintÉtienne. 2001 : Baccalauréat scientifique, Lycée François Mauriac, Andrézieux-Bouthéon. STAGES 2008-2009 : Stage au Service d’Hypnologie, Hôpital neurologique, Bron. 2007-2010 : Stage attaché de recherche clinique, Service de Physiologie Clinique et de l’Exercice, CHU Nord, Saint-Etienne. 2005/2006/2007 : Stage au Laboratoire de Physiologie et Physiopathologie de l'Exercice et du Handicap (PPEH), CHU Nord, Saint-Etienne. EXPÉRIENCES PROFESSIONNELLES 2008-2011 : Responsable de recherche, projet d’étude VistaO2, entreprise Novacor. 2007-2010 : Enseignement vacataire école d’Ostéopathie (CEESO), Lyon : cours neurophysiologie et méthodologie de la recherche. 2007-2010 : Rééducation sportif, association cœur et santé de la société française de cardiologie, Saint-Etienne. 2006 : Chef de poste-sauveteur/secouriste, ville de Mormoiron, Vaucluse. COMPETENCES PARTICULIERES BNSSA : Brevet National de Secours et Sauvetage Aquatique obtenue en 2006. AFPSM : Attestation de Formation aux Premiers Secours avec Matériel obtenu en 2006. 164 Langue : bonnes notions d'anglais. Informatique : bonnes connaissances de logiciels PC et Macintosh : Word, Excel, Powerpoint, Statview, Labview, Matlab (formation Matlab : les fondamentaux). CENTRES D'INTERET Hand Ball : sport-étude handball, lycée François Mauriac, pratique en national 3. Autre activités physiques : plongée sous-marine, natation. COMMUNICATIONS ORALES NATIONALES ET INTERNATIONALES Roche F, Chouchou F, Tamisier R., Pépin JL, Lévy P, Pichot V, Celle S, Mandoux D, Barthélémy JC. Nocturnal sympathetic overactivity assessed by using pulse transit time influences systolic blood pressure. The proofsynapse study. 30es Journées de l’Hypertension Artérielle. 4th International Meeting of the French Society of Hypertension. 2010. Chouchou F, Pichot V, Perchet C, Legrain V, Barthélémy JC, Garcia-Larrea L, Roche F, Bastuji H. Un niveau basal élevé d’activité sympathique facilite la survenue d’une réaction d’éveil en réponse à des stimulations nociceptives pendant le sommeil. Congrès SNCLF 2010. Neurophysiologie Clinique / Clinical Neurophysiology, 40 (3) : pages 165-188. Bastuji H, Mazza S, Perchet C, Chouchou F, Frot M, Mauguière F, Magnin M., Garcia-Larrea L. Behavioural, cortical and autonomic responses to nociceptive stimuli during human sleep. Neuromeeting Bourgogne, Beaune, 2010. Chouchou F, Sforza E, Celle S, Pichot V, Barthélémy JC, Roche F. Impact d’une pathologie respiratoire liée au sommeil non diagnostiquée sur la régulation autonomique cardiaque en population générale : données transversales de la cohorte PROOF-SYNAPSE. Congrès SFRMS, 2009. Neurophysiologie Clinique/Clinical Neurophysiology, 40 (4): pages 193-248. Kirby R, Chouchou F, Perchet C, Magnin M, Garcia-Larrea L. The relationship existing between cortical responses, sympathetic activities and subjectives ratings to nociceptive stimuli delivered by Nd:YAP laser. Congrès SNCLF. Juin 2009. Neurophysiologie Clinique / Clinical Neurophysiology, 39 (2): pages 55-70. Chouchou F, Pichot V, Perchet C, Garcia-Larrea L, Roche F, Bastuji H. Réactivité autonome aux stimulations nociceptives pendant le sommeil chez l'homme: étude de la variabilité RR au moyen des ondelettes. Congrès SFRMS 2008. Neurophysiologie Clinique/Clinical Neurophysiology, 39 (3): pages 159-189. Chouchou F, Pichot V, Celle S, Barthélémy JC, Roche F. Usefulness of cardiac interval increment or of pulse transit time for obstructive sleep apnea syndrome screening. The SYNASPE study. Congrès ERS 2008. European respiratory journal, 32(286s). Chouchou F, Pichot V, Garet M, Barthelemy JC, Roche F. (2008). Evaluation de l'activité du système nerveux autonome lors de plongées loisirs en scaphandre autonome. Médecine subaquatique et hyperbare, 2008. 165 POSTERS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX Roche F, Pichot V, Celle S, Chouchou F, Mandoux D, Barthélémy JC, Dauphinot V. Autonomic activation during sleep and new-onset ambulatory hypertension in the elderly: the proof Synapse cohort Study. Chouchou F, Pichot V, Perchet V, Legrain V, Barthélémy JC, Garcia-Larrea L, Roche F, Bastuji H. A high basal sympathetic activity increases the occurrence of cortical arousal in response to nociceptive stimuli during sleep in healthy volunteers. Congrès ESRS 2010. Journal of Sleep Research, 19 (2s): pages 1-396. Chouchou F, Pichot V, Barthélémy JC, Bastuji H, Roche F. Autonomic responses to obstructive respiratory events during sleep through time-frequency heart rate variability analysis. Congrès ESRS 2010. Journal of Sleep Research, 19(2s): pages 1-396. Roche F, Chouchou F, Sforza E, Thomas T, Collet P, Pichot V, Barthélémy JC. Chronic intermittent hypoxia in elderly men is associated with preserved femoral bone mineral density. Congrès ESRS 2010. Journal of Sleep Research, 19 (2s): pages 1-396. Bertolletti L, Chouchou F, Guillot-Gautier M, Barthélémy JC, Roche F, Costes F. Impact of water immersion on capillary lung volume (Vc) in healthy subjects. Congrès ERS 2010. Chouchou F, Pichot V, Perchet C, Legrain V, Barthélémy JC, Garcia-Larrea L, Roche F, Bastuji H. Un niveau basal élevé d’activité sympathique facilite la survenue d’une réaction d’éveil en réponse à des stimulations nociceptives pendant le sommeil Congrès SNCLF 2010. Neurophysiologie Clinique / Clinical Neurophysiology, 40 (3) : pages 165-188. Chouchou F, Sforza E, Celle S, Pichot V, Barthélémy JC, Roche F. Efficacité du temps de transit du pouls dans la détection du syndrome d’apnées/hypopnées du sommeil chez le sujet âgé non symptomatique. Etude SYNAPSE-PROOF. Congrès SFRMS, 2009. Neurophysiologie Clinique/Clinical Neurophysiology, 40 (4) : pages 193-248, 2010. Chouchou F, Pichot V, Barthélémy JC, Roche F. Réactivité autonome aux microéveils pendant le sommeil chez l’homme : étude de la variabilité RR au moyen des ondelettes. Congrès SFRMS, 2009. Neurophysiologie Clinique/Clinical Neurophysiology, 40 (4): pages 193-248, 2010. Roche F, Chouchou F, Pépin JL, Ntougou Assoumou HG, Tamisier R, Pichot V, Celle S, Lévy P, Barthélémy JC. Autonomic activation during sleep Influences 24h Systolic Blood Pressure Level - A population-based cohort study. Congrès ERS 2009. Poupard L, Court-Fortune I, Chouchou F, Pichot V, Barthélémy JC, Roche F. Use of high frequency peak in spectral analysis of heart rate increment improve screening of obstructive sleep apnoea syndrome. European respiratory journal, 32 (133s): 2008. Chouchou F, Charles M, Pichot V, Barthelemy JC, Roche F. Comparaison de la mise en jeu du système nerveux autonome lors de deux tests d'anti-orthostatisme à -6° et -15°. Société Française d’Hypertension, 2007. 166 PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES Chouchou F, Sforza E, Celle S, Pichot V, Maudoux D, Garcin A, Barthélémy JC, Roche F. Pulse transit time in screening sleep disordered breathing in an elderly population. The PROOFSYNAPSE study. Sleep. Soumis. Sforza E, Chouchou F, Pichot V, Herrmann F, Bartélémy JC, Roche F. Is the Berlin questionnaire a useful tool to diagnose obstructive sleep apnea in the elderly? Sleep Med. 2011 Jan 10. [Epub ahead of print] Chouchou F, Pichot V, Perchet C, Legrain V, Barthélémy JC, Garcia-Larrea L, Roche F, Bastuji H. Autonomic pain responses during sleep: a study of heart rate variability. Sous presse. Poupard L, Court-Fortune I, Pichot V, Chouchou F, Barthélémy JC, Roche F. Use of highfrequency peak in spectral analysis of heart rate increment to improve screening of obstructive sleep apnoea. Sleep Breath. 2010 Nov 21, sous presse. Sforza E, Chouchou F, Collet P, Pichot V, Barthélémy JC, Roche F. Gender differences in obstructive sleep apnoea in an elderly French population. European respiratory journal, 3, 2010, sous presse. Chouchou F, Pichot V, Garet M, Barthélémy JC, Roche F. Dominance in cardiac parasympathetic activity during real recreational SCUBA diving. Eur J Appl Physiol, 106(3): 345352, 2009. AUTRES PUBLICATIONS Chouchou F, Pichot V, Garet M, Connes P, Lacour JR, Roche, F., Barthélémy JC. Utilité de la mesure de la fréquence cardiaque et de l’activité du système nerveux autonome dans le suivi cardiovasculaire des sportifs (Partie II)? Evaluation de la fatigue, de la performance et prévention du surentrainement chez l’athlète. Medirugby, 6, 2009. PROJETS ET PUBLICATIONS A VENIR Etude PROOF-SYNAPSE : Nocturnal sympathetic overactivity assessed by using pulse transit time influences systolic blood pressure level. PROOF-SYNAPSE study. En cours d’écriture. Etude VistaO2 : Poupard L, Mathieu M, Goldman M, Chouchou F, Roche F. Multi modal ECG Holter system for sleep-disordered breathing screening: a validation study. Soumis. Multi modal ECG Holter system for sleep-disordered breathing screening. En cours d’écriture. Projet réalisé dans le cadre d’un contrat CIFRE avec l’entreprise NOVACOR. Autres études : 167 Autonomic responses to respiratory events through heart rate variability analysis. Chouchou F, Pichot V, Barthélémy JC, Bastuji H, Roche F. En cours d’écriture. Impact of water immersion on capillary lung volume (Vc) and on heart rate variability in healthy subjects. En cours d’écriture. Projet à venir : Stage post-doctoral, intitulé « La relation douleur, sommeil et placebo en lien avec la traumatologie », au sein de l’Unité Sommeil-Douleur-Trauma/Département de chirurgie (Faculté de Dentaire de l’Université de Montréal/Hôpital Sacré-Cœur de Montréal). Juin 2011. 168