RAPPORT SEISME SUMATRA

Transcription

RAPPORT SEISME SUMATRA
GSCF
BP 80 222
59654 Villeneuve d’Ascq Cedex
Email : [email protected]
Tél : 03 20 71 77 39
www.gscf.eu
Groupe de Secours Catastrophe Français
2009
Rapport de mission en Indonésie
(Séisme sur l'île de Sumatra)
Rapport de mission en Indonésie
(Séisme sur l'île de Sumatra)
Le 30 septembre 2009, un séisme frappe la ville indonésienne de
Padang, sur l'île de Sumatra.
Suite au bilan élevé du nombre de disparus, le Groupe de Secours
Catastrophe Français (GSCF) déclenche une équipe le 2 octobre
2009.
Le séisme de Sumatra Padang du 30 septembre 2009
Le séisme de magnitude 7.6, survenu le 30 septembre à 10h16 TU en face de la ville de Padang, s'est produit sur la
subduction de Sumatra.
Cet événement s'inscrit dans une longue liste de séismes qui se produisent dans cette zone, frontières de plaques, en
particulier depuis le séisme géant de décembre 2004.
Cette zone sismique est assez compliquée. Il s'agit de la frontière entre plusieurs plaques tectoniques qui convergent
et coulissent l'une contre l'autre. Ici, c'est la plaque Indienne qui converge à près de 5 cm/an vers un promontoire de la
plaque Eurasie, appelée microplaque ou le bloc de la Sonde. La convergence n'est pas frontale, mais oblique, si bien
que le mouvement est réparti sur deux failles distinctes : le raccourcissement est absorbée en premier dans la fosse de
subduction en mer, tandis que le coulissage (ou cisaillement) est absorbé sur une deuxième faille à terre, en arrière de
la première : la grande faille de Sumatra. Entre ces deux grandes failles parallèles qui courent sur des milliers de km,
délimitent la lanière de Sumatra (qui englobe la Birmanie au Nord).
En 7 ans, 4 gros séismes ont rompu plusieurs milliers de km de la
subduction de Sumatra. Toute la subduction ? Non, un petit segment de
200 km n'a apparemment toujours pas rompu. Il se trouve juste sur
l'équateur, entre les deux grandes ruptures - dites de Nias en mars 2005
et Bengkulu en septembre 2007. Ce « petit » segment, situé juste en face
de la grande ville de Padang, capitale de Sumatra Ouest avec au moins 1
million d'habitants résiste encore et toujours. En effet, le séisme du 30
septembre n'a pas rompu un segment de la subduction de Sumatra. Il
s'est produit à l'intérieur de la plaque plongeante, assez profond (vers
80km de profondeur); ce que nous appelons un séisme « intra-slab ».
Du coup la rupture n'est pas arrivée jusqu'à la surface, ce qui explique
l'absence de Tsunami.
Par contre, pour la même raison, l'épicentre au lieu d'être loin en mer est
très proche de la côte et donc de la ville de Padang. D'où des destructions importantes, causées en particulier par des mouvements verticaux
très forts à cause de la localisation de l'épicentre juste sous la ville et du
mécanisme particulier de ce séisme.
Une catastrophe annoncée
Il est important de prendre conscience que ce
n'est pas le segment de subduction qui a rompu.
Celui-ci est toujours bloqué, c'est-à-dire
justement prêt à rompre.
Il se peut que ce séisme ait suffisamment
modifié les contraintes sur l'interface de glissement pour déclencher un vrai séisme de
subduction, comme Nias en mars 2005 ou
Bengkulu en septembre 2007. On a déjà observé ce type d'interactions au Chili par exemple
après le séisme de Punitaqui en 1997. Par contre on ne sait absolument pas prédire quand se
produira un tel événement demain, dans 1 an ou
dans 5.
Source : CNRS
Intervention
Face à la situation et suite à une demande d’aide internationale, le GSCF décide de dépêcher une équipe en Indonésie.
L’équipe aura pour fonction de rechercher et de localiser les victimes. En complément du matériel acheminé, le GSCF
amènera également un appareil permettant la production locale de chlore (potabilisation de l’eau).
Le 3 octobre 2009, l’équipe prend le départ pour l’Indonésie.
La destination choisie par le GSCF est Palanbang, ville à distance de 700 km de Padang. A notre arrivée, l’équipe est
immédiatement prise en charge par les Search and Rescue (SAR) de Palembang.
Une étude est effectuée afin de définir le lieu principal d’intervention. La majeure partie des victimes se situe sur Padang
et Pariaman.
Pariaman (signifiant “paradis sûr” en indonésien) compte environ 80 000 habitants. Des collines entières se sont
effondrées, déversant une cascade de boue, de pierres et d'arbres, laissant aucune chance aux victimes. L’analyse de la
situation montre par ailleurs des besoins en terme humanitaire plus importants sur Pariaman.
Padang est une ville portuaire de 900.000 habitants. Notre intervention se situera dans cette ville. En effet, la mission
principale de l’équipe du GSCF sur place est de localiser des victimes ; les structures des bâtiments de cette ville laisse
à penser que nous pouvons localiser des zones de survie.
Mission :
-
Reconnaissance de différents bâtiments détruits sur la ville de Padang.
-
Intervention sur l’Hôtel AMBAGANG de Padang où le GSCF a localisé et sorti 6 corps.
-
Prêt de matériel aux équipes indonésiennes (matériel de découpe, caméra de recherche, éclairage, gants…)
-
Don de matériel de premiers soins et de matériel de protection individuelle, notamment gants de travail et
gants type « mappa ».
-
Formation et don d’une unité permettant la production locale de chlore.
Recherche :
La totalité des recherches menées par le GSCF ont porté sur l’hôtel AMBAGANG de Padang
Caractéristiques de l’hôtel :
Façade : Rez de chaussée + 3 niveaux
Intérieur : SPA avec long couloir menant à une piscine semi couverte
Arrière : Rez de chaussée + 6 niveaux, comprenant en majorité des chambres
Les recherches se sont effectuées au niveau du couloir menant à la piscine
et dans différentes salles de conférence. En effet, après renseignements, à
l’heure du séisme, une réunion était organisée avec 88 personnes au
1er niveau de l‘hôtel, côté façade.
Un premier corps est très vite localisé par les militaires côté corridor, niveau inférieur.
Les secondes recherches sont effectuées à la jonction du corridor menant
aux chambres et à la piscine. Nous découvrirons dans ce secteur 5 corps que
nous avons dégagés ; les personnes localisées étaient probablement mortes
immédiatement compte-tenu de leur emplacement lors de la découverte des
corps (zone de survie inexistante).
Hôtel AMBAGANG
Par ailleurs, il subsistait de nombreuses zones de survie sous les
3 premiers niveaux de la façade de l’hôtel. Ces zones, explorées
par les militaires indonésiens, se sont révélées infructueuses.
A l’analyse de l’hôtel et suivant les plans recueillis sur place, deux
zones de survie étaient exploitables (le 6ème niveau coté chambre
et le Rez de chaussée façade). Il y aurait eu, d’après les sources
militaires indonésiennes, des personnes coincées qui auraient
transmis des sms les 1er jours.
A savoir que, lors d’un séisme, de nombreuses
victimes meurent faute de secours arrivés à temps.
Hôtel AMBAGANG
Formation et don de matériel aux SAR de PALAMBANG :
Le GCSF a offert un appareil permettant la production locale de
chlore « Watalys ». La solution ainsi produite peut être utilisée pour
la potabilisation de l'eau, ou comme solution de désinfection.
Ce don est entré dans le cadre de notre programme Watsan afin
d’inscrire nos actions dans la durée et de rendre autonomes les
équipes de secours.
Méthode la plus répandue pour désinfecter l'eau de boisson des parasites, bactéries et virus, la chloration consiste en l'ajout de chlore
(hypochlorite de sodium) dans l'eau. Celui- ci tue ou inactive en
effet la majorité des micro-organismes pathogènes présents dans
l'eau, et ce de manière extrêmement fiable.
Avenir :
Une étude de partenariat est en cours avec les Search and Rescue (SAR)
locaux ; ce partenariat devrait voir le jour très rapidement.
Eléments positifs :
-
Prise en charge rapide de l’équipe
-
Cohésion parfaite avec les SAR
Eléments négatifs :
-
Rapidité de l’arrêt officiel des recherches 5 jours après le séisme
-
Dispersion des bâtiments détruits
Bilan :
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le tremblement de terre aurait fait 665 morts, 788 blessés graves,
2.727 blessés légers, 651 disparus et 2.736 déplacés.
Plus de 77.000 bâtiments seraient sérieusement endommagés, 19.000 modérément endommagés et 14.000 légèrement
endommagés. (données en date du 9 octobre 2009)
Amélioration :
Nous devrons, dans les mois à venir, étudier la faisabilité de départs immédiats.
En effet lors d’un séisme survenant dans des zones disposant de bâtiments avec des niveaux supérieurs à deux étages,
il peut subsister de nombreux secteurs de survie.
Si dans la 1ère heure de la catastrophe, les victimes dites « de surface » peuvent se manifester d’elles même et de ce fait,
être rapidement localisables, il reste important que dans les 48 heures après le tremblement de terre, nous puissions
dépêcher des équipes avec du matériel de localisation.
Remerciement :
Nous souhaitons remercier vivement la société ONDECALE Production pour le soutien apporté à la mission ainsi que
la société BULANE pour notre projet Watsan.
GSCF