Cinéfête 4 DIVA

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Cinéfête 4 DIVA
Cinéfête 4
DIVA
De Jean-Jacques Beineix
Dossier réalisé par Annick Gilles, Institut Français de Berlin.
DIVA
De Jean-Jacques BEINEIX
I. Fiche technique
A- Fiche technique et artistique
B- Le réalisateur et la place de Diva dans le cinéma français des années 1980
p4
II. Résumé
A- Résumé 1 : Pour éveiller la curiosité des élèves et les aider à comprendre
l’enchevêtrement des intrigues (avant la projection)
B- Résumé 2 : Résumé très bref qui ménage le suspens (avant la projection)
C- Résumé 3 : Résumé détaillé
p6
III. Les personnages
A- Jules
B- Cynthia Hawkins
C- Gorodish
D- Alba
E- Saporta
F- Nadia
G- Krantz
H- Les truands
I- Les policiers : Paula, Zapotek
p8
IV. Introduction du film par l’image
A- Observation et analyse des affiches du film
B- Observation de quelques images du film
p 15
V. Introduction du film par le thème de la Diva
A- Définition du mot Diva selon le dictionnaire Larousse
B- « Diva » selon le dictionnaire du cinéma Larousse
C- Portrait de l’actrice Wilhelmenia Fernandez par J.-J. Beineix
D- Le terme « diva » comme métaphore
p 18
VI. Extraits des dialogues du film
A- Rencontre entre Alba et Jules
B- La conférence de presse
C- Le zen dans l’art de la tartine
D- Confrontation entre la diva et son impresario
p 20
VII. Pistes d’observation
A- Les différents fils des intrigues
B- Caractérisation des personnages
C- Description et analyse des lieux de l’action
D- Etude de la musique dans le film
E- Etude des couleurs dominantes dans le film
F- Diva, un film de références, un film culte
p 27
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VIII. Pistes d’exploitation
A- Le postier amoureux de la Diva
B- Diva, un « polar »
C- L’art et la société
D- Une poésie urbaine
p 30
IX. La critique
A- La cantatrice et le postier. Lecture et analyse du document annexe 4
B- Lecture et analyse des documents annexes 5 et 6
C- Meli-Melo
D- A vos plumes !
p 32
X. Fiches-outils
p 35
A- Lexiques
B- Références bibliographiques et sites internet
C- Documents annexes
• Document annexe 1. Entretien avec Jean-Jacques Beineix paru dans Le Monde du 9 avril
1981 : « La métaphore de l'alpiniste », par Claire Devarrieux.
• Document annexe 2. Texte extrait de la pochette du CD : « Wilhelmenia Fernandez », par
Jean-Jacques Beineix.
• Document annexe 3. Les affiches du film.
• Document annexe 4. Article paru dans La Croix du 14 mars 1981 : « La cantatrice et le
postier », par Jean Rochereau.
• Document annexe 5. Article paru dans L’Express du 3 avril 1981.
• Document annexe 6. Article paru dans Le Monde du 18 mars 1981 : « Diva de JeanJacques Beineix », par Jacques Siclier.
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I. FICHE TECHNIQUE
A- Fiche technique et artistique
Long métrage français
Durée :
Année de sortie :
Réalisateur :
Scénariste :
115 min.
1981
Producteur :
Distributeur :
Jean-Jacques Beineix
Jean-Jacques Beineix et Jean Van Hamme (d’après le
roman de Delacorta « DIVA »)
Irène Silberman, Greenwich Film Production
CCFC
Image :
Musique:
Philippe Rousselot
Vladimir Cosma
Acteurs :
Wilhelmenia Wiggins Fernandez
Frédéric Andrei
Roland Bertin
Richard Bohringer
Thy An Luu
Jacques Fabbri
Anny Romand
Patrick Floerscheim
Chantal Deruaz
Jean-Jacques Moreau
Gérard Darmon
Dominique Pinon
( la Diva)
( Jules)
(L’imprésario)
(Gorodish)
(Alba)
(Le commissaire
Saporta)
(L’inspecteur
Paula)
(Zatopek)
(Nadia)
(Krantz)
(L’Antillais, un
des deux tueurs)
(Spic, dit le Curé,
le deuxième
tueur )
Prix :
Césars en 1982
En outre, Vladimir Cosma a été nominé pour la
meilleure musique de film.
Genre :
Film policier, thriller sur fond de musique
d’opéra
à partir de 14 ans (classe 9, 10, 11, 12, 13)
au moins 3 ans d’apprentissage en français
Age cible :
Niveau linguistique requis :
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B- Le réalisateur et la place de Diva dans le cinéma français des années
1980 (voir document annexe 1)
Jean-Jacques Beineix est né en octobre 1946 à Paris ; très jeune il acquiert la
certitude qu’il ne sera pas tout à fait comme on le voudrait dans sa famille.
Après des études de médecine qui ne le convaincront pas vraiment de sa
vocation, il fréquente les plateaux de cinéma où il débute dans le métier comme
assistant-réalisateur de Jean Decker (1964-1967), de Claude Berri, de René
Clément et de Claude Zidi. En 1977, il réalise son premier court-métrage : « Le
chien de M. Michel » récompensé par le premier prix du festival de Trouville.
Il réalise son premier long métrage, Diva, en 1980, à partir d’une adaptation
d’une série noire écrite par Delacorta. Ce premier film aura des débuts difficiles
et faillit passer inaperçu auprès du public lors de sa première sortie dans les
salles parisiennes en mars 1981. Il divise la critique: certains reconnaissent
immédiatement en J.J. Beinex un grand réalisateur, d’autres reprochent au film
« son esthétisme maniéré, emphatique, recherché ». Grâce à la persévérance de
son réalisateur et de quelques distributeurs, ce film finira par rencontrer son
public et sera légitimé par l’obtention de quatre Césars lors du Festival de
Cannes en 1982. Il devient alors, malgré ses détracteurs, un film culte révélateur
d’un cinéma et d’un public en pleine mutation.
En effet, il marque l’émergence d’un nouveau cinéma français, coloré, stylisé,
énergique, mystérieux, qui donne la primauté aux pouvoirs suggestifs des
images et non plus aux mots et à leurs sens. Diva est l’illustration d’un
hyperréalisme délirant correspondant aux goûts de la jeunesse des années 80,
bien décidée à se démarquer, en la matière, des choix des adultes et des
critiques. Beineix devient alors le père d’une nouvelle « Nouvelle vague »
que d’autres réalisateurs, tels que Leo Carax, dans les années suivantes,
illustreront aussi à leur manière.
Après Diva, Beinex réalise 5 autres films dont il devient très vite le producteur,
par souci de préserver son indépendance intellectuelle et artistique :
• La Lune dans le Caniveau (en 1983 avec Gerard Depardieu et Nastassja
Kinski )
• 37°2 le Matin (en 1986 avec Jean-Hugues Anglade et Béatrice Dalle)
• Roselyne et les lions (en 1989 avec Isabelle Pasco et Gérard Sandoz)
• IP5 : l’île aux Pachydermse ( en 1992 avec Yves Montand, Olivier Martinez
et Sekkou Sall)
• Mortel transfert (en 2000)
La préoccupation esthétique est constante dans chacun de ses films. On peut
notamment percevoir par le soin accordé aux décors, à la musique, à la mise en
scène. Elle s’explique certainement par le fait que Beinex pratique aussi avec
assiduité d’autres activités artistiques, telles que la peinture ou la photographie.
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Certains de ces films auront un succès mitigé surtout auprès de la critique qui est
souvent dure à son égard. Beinex « l’indomptable » est un réalisateur talentueux,
tenace, exigeant et passionné pour son art, dont le parcours atypique en fait une
figure notoire du cinéma français depuis les années 1980 (lire document
annexe 1 pour des informations complémentaires sur J.J. Beinex)
II. RESUME
A- Résumé 1 :
Pour éveiller la curiosité des élèves avant la projection et les aider à
comprendre l’enchevêtrement des intrigues.
A faire lire aux élèves avant le visionnement du film en les encourageant à
formuler des hypothèses sur l’histoire du film à partir des affiches
(prolongement de l’activité proposée dans la rubrique Analyse des affiches).
Jules est un jeune postier parisien. Passionné d’opéra, il réussit à faire un
enregistrement pirate du concert que donne à Paris la cantatrice Cynthia
Hawkins, qu’il admire plus que tout.
La diva a toujours refusé d’enregistrer un disque. La bande de Jules attire les
convoitises de Chinois de Taïwan prêts à tout pour publier un disque de la diva.
Une deuxième cassette vient compliquer un peu plus encore la vie de Jules :
avant d’être assassinée en pleine rue, une prostituée a glissé dans la sacoche de
sa mobylette une cassette où elle dénonce le commissaire Saporta, tête d’un
important réseau de traite de femmes et de prostitution.
Bien malgré lui, Jules se retrouve poursuivi dans tout Paris par les Chinois, la
police et les truands de Saporta. Mais il croise sur sa route des alliés sûrs : Alba,
jeune femme de son âge qui se prend d’affection pour lui, et son ami Gorodish,
personnage énigmatique chez qui vit Alba, et enfin Cynthia, la diva adorée...
Amour, courses poursuites, malfrats, justiciers : comment s’en sortira Jules ?
B- Résumé 2 :
Un résumé très bref qui ménage le suspens et aiguise l’appétit de voir et
d‘entendre le film
A utiliser avant le visionnement comme support pour une activité d‘expression
orale en complément des affiches du film pour faire formuler aux élèves des
hypothèses sur les liens entre les personnages, les intrigues principales , le lieu
de l‘action etc..
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Un jeune postier mélomane, une chanteuse d’opéra qui n’accepte pas que l’on
enregistre sa voix, un policier véreux, un tueur psychopathe, deux asiatiques à la
recherche « d’une voix en or », un couple branché et décalé, bref une intrigue
policière sur fond d’air d’opéra, tel est l’univers du film Diva de J.J. Beinex .
C- Résumé 3 :
Un résumé détaillé à l‘usage de l‘élève qui aurait perdu les fils de l’histoire,
subjugué par la beauté des images du film et de la musique !!
Ce texte peut être exploité par l’enseignant après le visionnement du film comme
support à un travail de compréhension écrite (prolongement de l’activité A
proposée dans la rubrique Pistes d’observation)
Jules est un jeune postier parisien passionné d’opéra qui voue une admiration
sans bornes à la grande cantatrice noire américaine Cynthia Hawkins. A
l’occasion d’un de ses concerts à Paris, il fait un enregistrement pirate de son
récital sur un magnétophone professionnel puis vole sa robe de scène dans sa
loge après le concert.
Deux Taiwannais, également présents au récital et désireux de commercialiser
les premiers le disque que Cynthia Hawkins s’est toujours refusée à réaliser,
vont chercher à récupérer à tout prix cette bande. Avant d’être tuée devant la
gare Saint-Lazare, une jeune femme glisse dans la sacoche de la mobylette de
Jules, sans qu’il s’en aperçoive, une cassette compromettant le commissaire
Saporta qui est le chef d’un réseau de prostitution et de trafic de drogues.
Jules fait la connaissance d’Alba, une jeune Asiatique à laquelle il confie la
bande magnétique du concert de Cynthia Hawkins pour qu’elle puisse la faire
écouter à son ami Gorodish.
Les Chinois de Taïwan se rendent dans le loft de Jules pour tenter de récupérer
la bande magnétique, dévastant tout sur leur passage. Jules décide de rapporter à
Cynthia la robe qu‘il lui a dérobée lors du concert. Celle-ci l‘accueille d‘abord
avec réserve, mais se laisse très vite charmer par ce jeune homme passionné ;
entre elle et Jules naît une profonde amitié amoureuse que favorise une grande
complicité musicale.
Lorsque Jules découvre que Cynthia est l’objet d’un chantage de la part des
Taiwanais, il quitte l’hôtel de la chanteuse afin de récupérer sa bande. Pris en
chasse par la police « officielle » de Saporta, il se réfugie au domicile d’une
prostituée noire qu’il a rencontrée la veille et découvre le contenu de la cassette
à laquelle il n’avait jamais prêté attention et, par la même occasion, la raison des
filatures dont il est l’objet. Retrouvé par les deux tueurs de Saporta, Jules,
blessé, appelle Gorodish à son secours. Celui-ci survient à temps pour le sauver
et prend les choses en main.
Il fixe un rendez-vous à Saporta afin d’échanger la cassette contre des lingots
d’or. Les Taiwanais qui le poursuivent tombent dans le piège tendu à Gorodish
par Saporta. Ils meurent dans l’explosion d’une voiture piégée. A nouveau
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menacé par Saporta et ses tueurs, Jules sera sauvé par l’arrivée de Gorodish. Il
rapportera la bande à Cynthia qui pour la première fois découvre le son
enregistré de sa voix .
III. LES PERSONNAGES
Cette partie est réservée exclusivement à l’enseignant ; il y trouvera des
éléments d’analyse qui pourront l’aider dans le travail de compréhension du
film.
A- Jules
Un facteur, «héros romantique » des années 1980, l’innocent traqué par la
pègre, le justicier, l’initié et l’initiateur...
Jules est un jeune postier qui mène une vie solitaire dans un garage transformé
en loft baroque. Son prénom « Jules » le distingue déjà en faisant de lui un
personnage insolite, « décalé » par rapport à son époque car son prénom est un
prénom mais qui, comme le souligne la Diva lors de sa deuxième rencontre avec
lui, « lui va si mal qu’il lui va très bien ».
Il évolue dans un univers hétéroclite, peuplé de belles voitures américaines
accidentées, d’images de femmes pop art et de musique classique.
Lors de sa rencontre avec Alba, il se définit lui-même ainsi : « je ne suis pas un
classique, je suis un lyrique ». A l’origine, le terme « lyrique » désigne une
poésie chantée et accompagnée de musique, contrairement à l’épique, ou
dramatique, qui met en scène la poésie par le jeu. Par extension, le lyrisme
désigne l’exaltation et la passion dans l’expression des sentiments.
Le personnage de Jules réconcilie ces deux acceptions du terme. Mélomane
amoureux d’une voix et d’une femme cantatrice , Jules assouvit sa passion en
faisant un enregistrement pirate de la voix de la diva. « Fan » fétichiste de la
Diva, il va même jusqu’à voler sa robe de concert. Cette robe blanche deviendra
écharpe à son cou alors qu’il traverse Paris sur sa mobylette. On peut voir dans
Jules l’image « moderne » d’un chevalier courtois, amoureux transi, qui porte
les couleurs de sa dame et qui est prêt à réaliser des prouesses pour elle.
Au début du film, porté par sa passion pour la Diva, Jules semble vivre dans ses
rêves : il écoute le chant de la Diva allongé dans son loft, seul ou en compagnie
d’Alba, il rend visite à une prostituée noire ce qui lui permet de prolonger le
rêve amoureux sur le mode du fantasme érotique.
Mais lorsque son appartement est saccagé, Jules, privé de toute possibilité de
refuge, est obligé de prendre en main son destin pour vivre ses rêves et non plus
les rêver. Il emprunte de l'argent, la moto flambant neuve de son ami et décide
de rendre visite à la Diva , franchissant toutes les barrières sociales qui les
séparaient. La destinée de Jules n’est pas sans rappeler l’ascension sociale du
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héros romantique, puisque de postier, il devient l’ami et l’amant de la riche et
célèbre diva.
Néanmoins, Beineix ne nous raconte pas seulement l’histoire d’un jeune postier,
héros romantique et lyrique, car Jules se retrouve au centre de l’intrigue
policière qui structure tout le film. Innocent traqué par la pègre, il devient le
justicier prêt à affronter tous les risques, jusqu’à la mort, pour sauver sa Diva
des griffes de maîtres chanteurs.
Enfin, il est celui qui parviendra à confronter la Diva à la réalité de sa voix
enregistrée ; de la même manière que la Diva l’initie à la plénitude d’un amour
vécu qui réconcilie « luxe, calme, musique, beauté et volupté », il est aussi un
initiateur pour la Diva car il la pousse à descendre de sa tour d‘ivoire, à accepter
que l’art s’adapte au commerce et à la consommation de masse, que sa voix
devienne une marchandise culturelle qui circule et peut ainsi accéder au plus
grand nombre.
Les attributs du personnage : la mobylette jaune, la moto, le casque rouge, « le Niagra », les
voitures américaines accidentées.
B- Cynthia Hawkins
Une DIVA afro-américaine célèbre, belle, riche, inaccessible, qui s’humanise
peu à peu
Une cantatrice idéaliste qui descend de « sa tour d’ivoire »
Elle est une cantatrice renommée qui mène une carrière internationale sous la
direction de son impresario Simon Weinstadt. Elle apparaît comme une
cantatrice d’autant plus inaccessible qu’elle a une très haute conception de l’art
qu’elle pratique : elle refuse tout enregistrement de sa voix, vivant ses concerts
comme des moments uniques et exceptionnels avec son public ; « L’art ne doit
pas s’adapter au commerce, mais le commerce à l’art », affirme-t-elle au
journaliste qui la questionne, avec une arrogance empreinte d’idéalisme au
journaliste Sa rencontre avec Jules qui lui fera découvrir sa voix enregistrée, la
pression exercée par les deux Taiwanais l’obligeront à remettre en cause ses
principes idéalistes en acceptant de reproduire et de diffuser sa voix, autrement
dit de populariser son art. Certains critiques féministes voient dans cette
évolution du personnage la soumission finale d’une femme-artiste qui ne peut
pas échapper aux règles d’une société de consommation régie avant tout par des
hommes pour le profit des hommes (le commerce de l’art étant soumis aux
mêmes lois du profit que celui de la prostitution et de la drogue).
Une femme belle comme une déesse entre ciel et terre :
La beauté de la DIVA est celle d’une femme afro-américaine ; elle est « une
déesse noire », une « Reine de l'Afrique », une « Reine de la nuit », ce qui la
rend peut-être d’autant plus fascinante aux yeux de Jules.
Mais sa beauté est aussi celle de sa voix qu’elle met au service de son art, en
chantant les passions humaines et plus particulièrement l’amour. Son apparition
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sur scène est étroitement associée au chant de la Wally, qui exprime les
souffrances d’une femme abandonnée qui se suicide par amour. Ce chant fait de
la DIVA une interprète de l’amour passionnel, absolu, idéalisé, celui qu’elle
inspire justement à Jules. A un autre moment du film, elle interprétera l’Ave
Maria, chant religieux qui relie l’homme au sacré.
Ainsi, à travers le regard de Jules, mélomane amoureux, la Diva incarne, par son
chant, la beauté et la magie d’un monde inaccessible, la nostalgie de la pureté,
une image de la féminité où la sensualité est reliée à la spiritualité.
Une déesse qui tombe amoureuse d’un jeune mortel, facteur de son état :
Dans sa vie privée, la Diva semble un personnage solitaire qui se consacre en
priorité à son art et s’isole pour pouvoir mieux l’exercer.
Lorsqu’elle rencontre pour la première fois Jules dans sa loge, elle est frappée
par son habit de postier : c’est justement le décalage social qui la frappe ; Jules
ne correspond pas au profil habituel des spectateurs d’opéra qui appartiennent en
général - du moins en France - à une élite sociale. Peu à peu, la Diva se laisse
charmer par la sensibilité du jeune postier, séduire par sa passion absolue pour la
musique qui le pousse à accomplir des actes téméraires.
Elle accepte un premier rendez-vous amoureux qui l’amènera à faire avec Jules
une promenade sentimentale la nuit, dans les rues et les beaux quartiers d’un
Paris éternel et magique ; pour lui, elle n’hésite pas à rompre sa solitude de
DIVA en acceptant sa présence lors de ses répétitions. On remarquera comment,
dans le film, l’idylle amoureuse est traitée avec pudeur, avec délicatesse, sur le
ton de la romance (choix de la musique de Satie, ellipse totale de l’acte charnel,
promenade sentimentale traitée sur le registre romantique et exotique).
La Diva en femme amoureuse intuitive pressent que Jules a des soucis et
s’inquiétera de le voir la quitter et de ne pas le voir revenir au moment où elle
pense quitter Paris. C’est la scène du théâtre des Bouffes du Nord qui les réunira
une nouvelle fois : alors que la Diva ose chanter seule devant un parterre vide,
elle retrouve Jules qui lui rapporte l’enregistrement clandestin de sa propre voix.
La romance s’achève, sur le lieu même où elle a commencé, par l’image du
couple chastement enlacé.
Les attributs du personnage : la robe blanche, une voix d’or, sa beauté de femme afroaméricaine, son accent américain quand elle parle français.
C- Gorodish
Un « métèque », « un mec qui veut arrêter les vagues », un justicier marginal,
un James Bond ou un Fantomas nourri à la philosophie « zen »
Alba le définit comme un « métèque », « un rasta » (diminutif de rastaquouère).
Ces deux termes familiers sont habituellement utilisés dans un sens péjoratif
pour désigner un étranger dont les ressorts d’existence restent obscurs. En effet,
étranger à la société et au monde, ce personnage reste pour le spectateur une
énigme : il est impossible de savoir d’où il vient, ce qu’il fait , de quoi il vit. On
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apprend simplement qu’il a pris un jour Alba dans sa voiture alors qu’elle faisait
du stop; il semble vivre des rapines d’Alba tout en la protégeant.
C’est un personnage ambigü, énigmatique, qui reste toujours sympathique.
Homme oisif, esthète cultivé, il a comme Jules la passion des belles voitures (il
collectionne les tractions Citroën) et de la musique. Mi justicier mi truand, il
devient très vite l’ami et le protecteur de Jules mais il sait aussi ménager ses
intérêts personnels en utilisant les mêmes armes que les truands qu’il cherche à
éliminer (le chantage).
L’univers dans lequel il vit est étrange, fantasque, plus asiatique que parisien : il
vit dans un grand studio qui donne sur les quais de Seine, très sobre, aux murs
peints dans des tons froids (bleu et noir), éclairé par une lumière bleu néon, qui
possède pour seuls meubles une baignoire ancienne, un vieux fauteuil récupéré
d’un salon de coiffure, un coin lavabo et deux hamacs suspendus, et qui est
décoré d’objets asiatiques (vague de méditation…).
Souvent immobile, fumant, bercé par une musique de méditation, ce personnage
étrange mais tendre est un adepte de la philosophie zen. Un tuba sur la tête, il
explique à Jules mi surpris mi amusé sa recette très particulière du sandwich
zen, et tout au long du film, il occupe ses moments libres à reconstituer un
puzzle qui se révélera être une fois achevé (à la fin du film), le tableau (japonais)
d’une vague arrêtée. Ce puzzle qui se construit au fil de l’histoire peut d’ailleurs
être considéré comme une mise en abîme ludique de l’intrigue du film dont les
fils se dénouent peu à peu sous les yeux du spectateur.
Dans la seconde partie du film, Gorodish, le contemplatif, devient un homme
d’action intrépide, un justicier solitaire qui enchaîne les prises de risque pour
protéger Jules devenu son ami, sans jamais se départir de son élégance, de « son
flegme tout asiatique », de son sens du jeu et d’un certain humour. En effet, il
apparaît à deux fois pour sauver Jules au moment où on ne l’attend pas, élimine
les truands par la ruse sans se salir les mains (la première fois il endort « Spic »
dit « le curé » par un gaz toxique ; la seconde fois il provoque la chute de
Saporta dans l’ascenseur par le jeu de la lumière), puis disparaît comme
Fantomas, donne un rendez-vous à Saporta dans une usine désaffectée (celle des
anciens établissements Citroën) qui prend des allures de jeu de piste théâtralisé,
remplace une voiture de luxe par une autre, pareil à un James Bond désinvolte.
Gorodish, personnage qui semble à la fois tout droit sorti d’une bande dessinée
et d’un conte fantastique donne au film sa touche de polar décalé, une ambiance
onirique inimitable ; il annonce d’autres personnages originaux, « marginaux »,
que les spectateurs auront le plaisir de découvrir dans des films de la même
décennie tels que « Le grand bleu », « Nikita » ou « Subway » de Luc Besson.
Les attributs du personnage :
les Tractions Citroën blanches des années 1930, un grand
appartement presque vide, un univers bleu-noir baigné de
philosophie « zen », un balancier aquatique, le puzzle
d’un tableau japonais, son costume bleu clair.
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D- Alba
La femme-enfant, la Lolita des années 80
Etymologiquement, « alba » vient du Grec ancien et signifie « blanc » (sa
signification nous est restée dans le mot « aube », qui associe blancheur et
matin). D’origine asiatique, la petite Alba fait partie intégrante de l’univers zen
de Gorodish.
S’opposant à la femme mûre et accomplie que représente la DIVA noire, Alba
incarne davantage la femme-enfant, voleuse, espiègle, lutine, semblable à une
Lolita généreuse ou à une fée espiègle des Temps Modernes.Elle parle un
langage d’adolescente délurée et malicieuse, presque bisyllabique. Elle se
transforme comme une magicienne : elle est une adolescente des années 1980
qui s’habille de vêtements fluos aux couleurs voyantes, se déplace sur patins à
roulettes, une petite voleuse délurée qui vole pour faire des cadeaux à ses amis ;
une amie intuitive, confidente et complice des amours de Jules et de la Diva, une
femme de tête à l’instar de la célèbre Bonny, qui aide son compagnon Clyde
dans les moments de crise, une Sheherazade qui, pour sauver la vie de Jules,
improvise une histoire à rêver debout, ou une fée des logis échappée d’un conte
de fée ou d’un tableau de Vermeer qui apporte le petit déjeuner en haut d’un
phare au pauvre Jules blessé.
A l’instar de la Diva, mais sur un registre différent, celui de la femme-enfant
émancipée et libérée, elle est un personnage féminin qui exerce sur les hommes
un fort pouvoir de séduction, qui leur ouvre les portes du rêve et du désir.
Ce type de personnage féminin relevant « du complexe Lolita » sera une des
caractéristiques du cinéma des années 1980 (voir les films de Zulawski, de
Techiné, de Miller et de Blier). Beinex dans son film 37°2 le matin le reprendra
en le faisant culminer avec le personnage de Betty, « figure meurtrie par sa
condition de femme-objet », cherchant jusque dans l’auto-destruction à échapper
à la prison du glamour 1».
Les attributs du personnage :
Une jupe plastic fluo, un carton à dessin à double fond,
un langage de jeune adolescente « branché », des patins à
roulette, des auto-portraits en noir et blanc
E- Saporta
Flic « ripou » (pourri, en verlan) ou, dans un registre de langage plus élevé,
policier corrompu, chef d’un réseau de prostitution et de vente de drogues.
A la fois commissaire de police et chef du réseau mafieux dit « de l’Antillais »,
il incarne un personnage typique du film policier, celui du policier corrompu.
Chef d’un réseau de prostitution et de vente de drogues qui lui permet de gagner
beaucoup d’argent et d’avoir du pouvoir, il apparaît comme un personnage
profondément malhonnête et monstrueux.
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Extrait de l‘article „Chant et contrechamp“ de Jacques Leclère (l‘Avant-scène n°407 déc1991 )
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Informé par ses inspecteurs sur l’enquête qui doit mener jusqu’à lui, il a toujours
« un métro d’avance » dans la recherche de la cassette qui le compromet. Son
langage mélange des termes administratifs et juridiques châtiés à l’argot grossier
couramment utilisé par la police ou le milieu mafieux : « Pourquoi nous avoir
contactés, nous, la police ? », « Pourquoi t’es venu chercher les flics ! ? » ; ou
encore : « Vous n’avez jamais pu produire un seul témoin valable, ils sont tous
morts », « Qu’est-ce que vous foutiez à la gare ? ».
Censé chercher la vérité pour que justice soit faite, il n’hésite à faire couler le
sang pour se protéger. Ainsi, il fera tuer, par ses deux sbires, Nadia la prostituée
qui fut aussi son amie, puis un premier témoin gênant du crime, et tentera par
tous les moyens de récupérer la cassette compromettante quitte à chercher à tuer
de ses propres mains Jules et l’inspectrice Paula quand la situation l’exige.
Saporta, par son double rôle de policier et de chef des truands constitue un
personnage typique des films de gangsters classiques : il permet de compliquer
l’intrigue , de donner au spectateur l’impression d’en savoir plus que les
protagonistes du film, tout en augmentant le suspens. Face à Gorodish,
personnage énigmatique venu de nulle part, Saporta, figure connue et
emblématique de la corruption humaine, ne peut que perdre.
Les attributs du personnage :
L’imperméable, le pantalon à bretelles, les lunettes
noires, le revolver, le bureau d’un commissariat.
F- Nadia
A peine présente quelques minutes à l’écran, la prostituée assassinée Nadia est
un personnage clef de l’énigme policière du film par l‘enregistrement de son
témoignage compromettant sur une cassette.Opposée à la voix pure de la Diva
qui s’élève dans l’obscurité des salles de concert, la voix rauque, brouillée,
haletante de Nadia dénonce les crimes de Saporta, son ignominie. Son récit
authentique est tragique à l’instar du chant mythique de la Diva : il dénonce le
mal d’une société criminelle, révèle la vérité sur Saporta, parle aussi de trahison
amoureuse, de vengeance et de mort.
En écoutant par hasard cette cassette qu’il détenait à son insu depuis la veille,
Jules est appelé à devenir un héros, à se dépasser pour faire triompher la Justice
et le Bien.
Les attributs du personnage :
sa démarche de femme traquée, marchant pieds nus dans
la gare Saint Lazare, la cassette compromettante, sa voix
rauque et haletante de femme menacée.
G- Krantz
L’ex-ami de Nadia, l’informateur de la police, le témoin gênant
Krantz apparaît à trois reprises dans le film : la première fois, à la terrasse d’un
café près de la gare Saint Lazare, en compagnie de Paula, inspecteur de police.
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Autrefois arrêté par la police pour un délit, servant parfois d’informateur,il sera
un des témoins qui assistent impuissants au meurtre de Nadia par les truands à la
solde de Saporta. La deuxième fois, il fait l’objet d’un interrogatoire au cours
duquel il avouera que Nadia, son ex-amie, l’avait appelé pour lui demander de
l’aide et qu’elle était en possession d’une cassette révélant l’identité du vrai
patron du réseau antillais.Cette révélation malheureuse sera la cause de sa propre
mort : devenu un témoin trop embarrassant, qui risque d’en savoir plus qu’il ne
le laisse paraître, Frantz sera lâchement assassiné d’un coup de poinçon dans le
dos par les truands à la solde de Saporta derrière un stand de loterie à Barbès.
Ce personnage conventionnel dans un film policier permet par ses révélations de
relancer l’action et le suspens du film : l’étau se resserre autour de Jules, qui sera
alors à la fois recherché par la police et les truands au service de Saporta.
H- Les truands
L’Antillais et son complice sont deux personnages indispensables à un film
policier, deux truands avec ce qu’on appelle des « sales gueules ».
Personnalités sans envergure, ils ne sont que des exécutants jouant les gens
importants. A la solde de Saporta, ils ont peur de lui et ne savent faire qu’une
chose : tuer.
L’un, grand et mince, le cheveu gominé, l’œil mauvais et le ton menaçant, sert
de couverture au commissaire Saporta en se faisant passer pour „l‘Antillais“, le
chef du réseau mafieux..
L’autre, Spic dit le Curé, plus petit, au crâne rasé et au pantalon para-militaire
est un tueur psychopathe qui ne sait dire que « j’aime pas » comme un enfant
gâté, ou un stroumpf grognon; il tue ses victimes avec un poinçon, replié dans
son monde, les écouteurs d‘un balladeur placés constamment sur les oreilles.
Lorsque lui-même se fera tuer par Gorodish, le spectateur découvre non sans
amusement qu‘il tuait ses victimes sur des airs populaires d‘accordéon.
Lunettes noires sur le nez, la mine patibulaire, ils sont les caricatures de leur rôle
et apportent finalement une touche d’humour noir à cette galerie de portraits.
Les deux truands taiwanais à la recherche de l‘enregistrement pirate du
concert de la Diva contribuent aussi au suspens du film et à son atmosphère
d‘humour noir. Le regard caché sous des lunettes noires, ils n‘ont qu‘un souci:
récupérer l‘enregistrement pirate de la Diva ou obtenir un contrat
d‘enregistrement exclusif avec la cantatrice. Ils emploieront tous les moyens (la
fouille, la filature, la pression par l‘argent, le chantage) pour parvenir à leurs fins
Moins dangereux et plus naïfs que les truands à la solde de Saporta, ils seront
victimes du double piège posé à la fois par Gorodish et par Saporta : ils meurent
dans l‘explosion de la Traction Citroën, alors qu‘ils pensaient avoir récupéré
l‘enregistrement pirate du concert de la Diva.
Les attributs des personnages :
Les lunettes noires, les phrases « J’aime pas » que
prononce Spic dit « le Curé » (« j’aime pas les
14
bagnoles », « j’aime pas Beethoven », « j’aime pas les
ascenseurs », « j’aime pas ça »), le poinçon, les
revolvers, la voiture noire aux vitres sombres ou la
voiture compromettante détruite à la casse.
I- Les policiers : Mortier, Paula, et Zapotek
Ils sont le pendant des truands. Alors que le monde des truands est masculin,
celui des policiers honnêtes est mixte. On y décèle même des esquisses
d’histoires sentimentales, comme dans la « vraie vie », lorsque Zapotek tente de
flirter avec Paula alors qu‘ils surveillent les déplacements de Jules.
Ils font contrepoids face à la corruption que représente Saporta : ils sont les flics
intègres et tenaces, prêts à se sacrifier pour la Vérité et la Justice.
Leur présence détermine les séquences traditionnelles et attendues d‘un film
policier : le meurtre de la victime sous le regard impuissant du policier,
l‘interrogatoire d‘un témoin, les scènes de filature, les scènes de poursuite (celle
dans le métro), les scènes de „planque“ dans l‘appartement saccagé de Jules.
Personnages aussi stéréotypés à l‘instar des truands, ils apportent aussi une
touche d‘humour au film par leurs jeux de mots, par leurs attitudes parfois
caricaturales (lorsque Zapotek se vante d‘être le meilleur coureur et le prouve
quelques minutes plus tard en poursuivant à pieds, dans le métro, Jules qui fuit à
moto), par les moqueries dont ils sont parfois l‘objet (réaction du vieil homme
dans le métro qui présente sa carte d‘ancien combattant alors que Zapotek lui
présente sa carte professionnelle de policier).
Les attributs des personnages :
Le langage argotique du monde de la police, la voiture
pour les filatures ou les poursuites dans le Paris nocturne,
les revolvers.
IV. INTRODUCTION DU FILM PAR L’IMAGE
A- Observation et analyse des affiches du film
L‘enseignant distribuera aux élèves le document annexe 2 pour l‘observation
des affiches du film DIVA
* Observation et analyse de l’affiche n°1 (affiche française)
1) Relevez et décrivez avec précision tous les éléments réprésentés dans cette
affiche et observez la place qu’ils occupent dans l’image:
- Les personnages présents
- Les objets ou autres éléments représentés
- Les couleurs dominantes
- Le titre du film et autres informations textuelles
2) Un personnage est particulièrement mis en valeur. Quelle hypothèse peut-on
en tirer sur son rôle dans l’histoire du film?
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3) Quels sont le(s) personnage(s) et les objets ou éléments qui illustrent
directement le titre du film? Quels liens peut-on imaginer entre les autres
personnages présents et le titre ?
4) Quelles hypothèses peut-on en tirer sur le genre du film (un film policier, un
thriller, une comédie musicale, un opéra filmé) et sur son registre (un film
drôle, triste, sentimental, tragique, comique, émouvant, qui fait peur, etc.) ?
* Comparaison avec les autres affiches
1) Quels sont les personnages de l’affiche n°1 que l’on retrouve dans les
affiches n°2, n°3, n°4 ?
2) Certains d’entre eux ne sont pas présentés de la même manière. Décrivez les
modifications apportées dans leur présentation. Quelles informations
nouvelles peut-on en recueillir sur les personnages, sur leurs relations entre
eux ?
3) Dans quelle affiche apparaissent des personnages nouveaux? Imaginez leur
lien avec les autres personnages connus.
4) Quelles informations complémentaires sont données par les textes écrits en
anglais ou en espagnol qui apparaissent sur les affiches ?
5) Quelle est la couleur dominante commune aux 4 affiches ? Quelles sont les
nouvelles couleurs qui apparaissent dans les affiches n°2 et n°4 ? Que
suggère l’introduction de ces nouvelles couleurs ?
6) Quelle affiche vous semble la plus attrayante et donne le plus envie d’aller
voir le film ?
Pour quelles raisons ?
B- Observation de quelques images du film
A faire observer par les élèves après le travail d’observation et d’analyse des
affiches.
Image 1
Titre :........................................
Questions
1) Qui est ce personnage dans le film ?
2) Dans quelles affiches du film peut-on la
retrouver ?
3) Décrivez l’expression de son visage.
4) Imaginez le lieu où se trouve le
personnage et ce qu’il fait.
5) Quels sentiments vous inspire cette
image ?
6) Proposez un titre à cette image.
16
Image 2
Titre :............................................
Questions
1) Dans quelles affiches du film avez-vous
déjà remarqué ces deux personnages ?
2) Où se passe la scène ? Que font les deux
personnages ?
3) Décrivez leurs vêtements et ce qu’ils
tiennent dans la ou (les) main(s). Pouvezvous deviner ce qu’ils font dans la vie ?
4) Imaginez un court dialogue entre ces
deux personnages.
5) Proposez un titre à cette image.
Image 3
Titre :............................................
Questions
1) Décrivez avec précision ces deux
personnages
(leurs
vêtements,
l’expression de leur visage).
2) Dans quelles affiches du film peut-on les
apercevoir ?
3) Imaginez le lieu où ils se trouvent et ce
qu’ils font.
4) Quel est leur rôle, à votre avis, dans le
film ? Justifiez votre point de vue.
5) Quels sentiments vous inspirent ces deux
personnages ?
6) Trouvez un titre à cette image.
Image 4
Titre :…………………………..
Questions
1) Décrivez la scène représentée.
2) Où se passe la scène à votre avis ?
3) Qui sont, à votre avis, les deux
personnages présents dans la pièce ?
4) Essayez de deviner ce qui a pu se passer
dans ce lieu.
5) Trouvez un titre à cette image.
17
V. INTRODUCTION DU FILM PAR LE THEME DE LA DIVA
Ces activités de sensibilisation peuvent constituer un prolongement du travail
réalisé à partir des affiches et des images du film.
A- Voici la définition du mot Diva que l‘on peut trouver dans le
dictionnaire Larousse (2001): „Diva (de l’italien déesse) : cantatrice
célèbre“.
- Et pour vous , qu‘évoque le mot Diva ?
- Quels styles de musique écoutez-vous ?Vous arrive-t-il d’aller à l’opéra,
d’écouter de la musique dite classique ? Que ressentez-vous quand vous
entendez de l’opéra ?
- Pouvez-vous citer ou rechercher sur Internet quelques cantatrices très
célèbres disparues ou contemporaines qui ont une renommée de DIVA?
- Quels sont d‘après vous les qualités artistiques et personnelles que l‘on
attribue traditionnellment à une DIVA ? Peut-elle avoir des défauts?
- L‘image n°1 du film représente la Diva du film de Beinex. Retrouvez-vous
dans cette image les caractéristiques d‘une Diva ? Justifiez votre point de
vue.
B- Le dictionnaire du cinéma Larousse donne une définition du mot
« diva » dans l’histoire du cinéma :
„Le film de diva, né en Italie dans les années 1910, a donné naissance à un type
de femme fatale. Pour représenter les sentiments tels que la passion ou le
désespoir, le film de diva travaille les éclairages, use des gros plans et de
musique dite classique. L’œuvre entière tourne autour de la personnalité d’une
femme d’un genre nouveau : dominatrice mais soumise à un destin
implacable“.
- Comment comprenez-vous le concept „de femme fatale“ ? Si cette femme
fatale est une chanteuse d’opéra, comment vous imaginez-vous cette femme ?
- Regardez le film de J.J. Beinex en ayant en tête cette définition. Peut-elle
s‘appliquer au personnage de Cynthia ? Justifiez votre point de vue .
18
C- Le portrait de la cantatrice Wilhemina Fernandez par J.J. Beinex
Dans le texte que vous trouverez en annexe 3, J.J. Beinex raconte sa rencontre
avec Wilhemenia Ferenandez, la cantatrice afro- américaine qu‘il a choisie
pour le rôle de la Diva. Relisez plus particulièrement la fin du texte à partir de
„Au quotidien, elle fit preuve d‘une extraordinaire endurance „ jusqu‘à la fin
du texte.
1) Questions sur le texte :
• Relevez dans le tableau suivant tous les termes qui caractérisent la
personnalité de la cantatrice vue par J.J. Beinex
Son apparence
physique
Ses qualités
professionnelles
Ses traits de
caractères
Ses goûts
• Expliquez la remarque finale de J.J. Beinex à propos de la cantatrice: „Diva
elle était et Diva, je la voulais „
• Quels sentiments éprouve J.J. Beinex pour la cantatrice?
Justifiez vos remarques en relevant des expressions ou des phrases du texte.
2) Pour aller plus loin :
Expression orale : Partagez-vous le point de vue de J.J. Beinex lorsqu‘il écrit: „
L‘art lyrique (est) une ascèse dont beaucoup d‘acteurs du
cinéma auraient dû s’inspirer?“
Expression écrite : Faites à votre tour le portrait de votre „star“ préférée
(chanteur, musicien, comédien ou acteur préféré)
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D- Le mot Diva peut être utilisé comme une comparaison ou une
métaphore* pour caractériser l‘attitude, le comportement d‘une femme
dans un sens laudatif ou dans un sens dépréciatif:
Retrouvez pour chacune de ces comparaisons ou métaphores son expression
équivalente :
1) Elle est belle comme une DIVA!
a) Elle a chanté avec une grande
virtuosité.
2) Elle portait une robe de Diva ce soir b) A cause de ses caprices et de ses
là; on ne regardait qu’elle!
exigences, elle a fini par agacer tout
le monde.
3) Elle a chanté comme une DIVA.
c) Il n’est pas toujours facile pour une
femme de devenir riche et célèbre.
4) A jouer trop la DIVA, elle a fini par d) Elle est d’une beauté extraordinaire,
agacer tout le monde.
divine !
5) N‘est pas DIVA qui veut!
e) Elle portait une robe de soirée
magnifique ce soir là ; on ne
regardait qu’elle !
VI. EXTRAITS DES DIALOGUES DU FILM
A- La rencontre entre Alba et Jules
Dans la séquence précédente, alors qu’il se trouvait dans un magasin de
disques, Jules a remarqué le comportement audacieux d’Alba qui a réussi à
voler un disque de jazz à l’insu du vendeur. Jules ayant enfourché de nouveau
sa mobylette et écoutant de la musique classique reconnaît soudain dans la rue
la jeune fille à sa jupe courte plastic fluo. Il décide alors de l’aborder. Le dessin
de sa jupe qui représente l’opéra et la musique lui sert de prétexte pour entamer
la discussion.
Jules faisant allusion au dessin de sa jupe courte : C’est l’opéra ?
Alba :
Non, c’est mes fesses
Jules :
T’inquiète pas, je suis pas de la boîte. T’aime le jazz ?
Alba :
Evidemment sinon je piquerais du mambo.
(faisant allusion à la musique que Jules est en train d’écouter) :
Dommage, j’aime que le disco. Le classique me fait
pas planer.
20
Jules :
J’suis pas un classique, j’suis un lyrique. Ca, c’est une
ouverture.
Alba :
Dépêche toi, parce que je vais bientôt fermer.
Jules :
Hé, t’inquiète pas, ça t’embête pas trop qu’on cause ?
Alba :
Si pourquoi ?
Jules :
C’était toi sur la photo
Alba :
Non, c’était un crocrodile
Jules :
C’est quoi ton truc ?
Alba :
Tiens regarde
Jules :
Pas con !
Alba :
Evidemment, c’est artisanal
Jules :
Et pour les coffrets, tu fais un pont aérien ?
Alba :
J’ai un autre truc
Jules :
C’est quoi ?
Alba :
Hé, dis donc !
Jules :
T’en fauche beaucoup comme ca ?
Alba :
C’est pas pour moi, c’est pour offrir
Jules :
A qui ?
Alba :
T’es pas curieux, comme mec, toi ? C’est pour offrir à
un mec qui est dans sa période cool
Jules :
C’est qui ?
Alba :
C’est un métèque, un rasta.
Jules :
Marche pas si vite !
Alba :
Un mec qui rêve d’arrêter les vagues.
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Questions :
1. Que recherche Jules en abordant Alba ? A votre avis, réussira-t-il à parvenir
à ses fins ?
2. Comment réagit Alba aux questions parfois indiscrètes de Jules ? Quels
traits de caractère révèle Alba à travers ses réparties ?
3. Relevez dans le texte tout le vocabulaire ayant trait à la musique.
Jules et Alba ont-ils les mêmes goûts musicaux ?
4. Dans ce dialogue, Jules et Alba utilisent un langage familier : relevez au
moins quatre mots ou expressions relevant du registre familier et trouvez un
équivalent dans le registre courant.
B- La Conférence de Presse
Lieu : à l’hôtel où réside la cantatrice.
Personnages : la Diva et son impresario, les journalistes, les photographes.
Un journaliste se lève et pose la première question :
Madame, ce n’est un secret pour personne. Vous avez
refusé jusqu’à maintenant d’enregistrer. La qualité
d’enregistrement est aujourd’hui très proche de la
perfection. Que leur reprochez vous ?
Diva avec un accent anglo-américain :
Je chante parce j’aime chanter. Toute seule je ne peux
pas. J’ai besoin du public. Le concert, c’est un moment
exceptionnel pour l’artiste et pour le public. C’est un
instant unique.
Le même journaliste : Donc vous êtes contre le commerce de l’art!
La Diva, sur un ton indigné :
Non, non! C’est au commerce de s’adapter à l’art et
non à l’art de s’adapter au commerce!
Le même journaliste, sur un ton légèrement ironique :
Qu’en pense M. Weinstadt votre impresario?
Diva, agacée :
Posez lui vous-même la question!
Le même journaliste : Que pensez-vous des enregistrements pirates?
La Diva sur un ton indigné :
C’est un vol, c’est un viol! Je les méprise! I have no
other comments on this subject.
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Un autre journaliste:
On parle de vous comme une Diva. Avez-vous
l’impression d’en être une vraiment ? Et si oui, est-ce
que vous faites des caprices ?
La Diva, se tournant perplexe vers son impresario :
Caprices ?
Mr Weinstadt :
Whims…
Diva répète en souriant, songeuse :
Whims??
Questions :
1. Quelles sont les raisons données par la cantatrice pour justifier son refus
d’enregistrer sa voix?
2. Quelle conception de l’art suppose une telle attitude? Qu’en pensez-vous?
Un artiste de nos jours peut-il faire carrière sans enregistrer de disques ?
3. Quel point de vue a-t-elle sur les enregistrements pirates qui peuvent être
faits de sa voix? Partagez-vous ce point de vue?
4. Cette question du piratage vous semble-t-elle toujours d’actualité? Justifiez
votre point de vue par des exemples précis.
C- « Le zen dans l’art de la tartine »
La scène se passe dans l’appartement de Gorodish en présence de Jules et
d’Alba
Gorodish en montrant le beurre à Jules :
Faut qu’il soit à la bonne température.
Gorodish poursuivant ses explications devant le regard mi amusé, mi étonné de
Jules :
La baguette, le couteau, pas trop mince pas trop épais.
La mie, fraîche, mais pas trop.
Ah, c’est tout un art. On nous envie dans le monde
entier pour ça, nous autres les Français! Regarde. Tu
étales. Y en a qui se défonce à la colle d’avion, à la
lessive, enfin des trucs compliqués quoi. Moi, mon
Satori, c’est ça : le zen dans l’art de la tartine.
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Y a plus de couteau. Y a plus de pain. Y a plus de
beurre. Y a plus qu’un geste qui se répète, un
mouvement, l’espace, le vide...
Questions :
1. Comment imaginez-vous le personnage qui dit ce texte ? dans quel lieu ?
dans quelle ambiance ?
2. Imaginez les réactions successives de Jules et d’Alba ?
3. Relevez dans cette recette les ingrédients et les ustensiles traditionnels
utilisés pour faire un sandwich.
4. A quelle culture autre que française Gorodish fait-il allusion au cours de sa
recette ? De quelle philosophie s’inspire-t-il ?
* Pour prolonger l’activité après le visionnement du film : jeu de rôle
Choisissez un des deux jeux de rôle :
a. Présentez à votre tour une autre recette française ou une spécialité de
votre région selon « l'art zen ».
b. Présentez de manière originale une recette connue française ou de votre
région.
Exemple : la recette des crêpes bretonnes à la manière rap, rock, hip-hop ou
techno, sur un air de tango, de valse etc.
Nombre de participants :
deux élèves, le présentateur et un observateur
Consignes complémentaires :
• Le présentateur de la recette originale devra porter sur lui, comme
Gorodish, un objet inattendu qui crée un effet de surprise
• Le destinataire observateur de la recette devra par des gestes et des
mimiques exprimer ses sentiments, ses réactions face à cette recette originale
(ex : surpris, étonné, apeuré, choqué, scandalisé, ravi, charmé … mis en
appétit, écoeuré, etc.)
• Les élèves spectateurs évalueront à chaque fois la performance du groupe
sur un plan linguistique et para-verbal et devront caractériser en français les
sentiments exprimés par l’observateur témoin.
D- Confrontation entre la diva et son imprésario :
La scène se passe dans les appartements privés de la Diva, dans un hôtel
luxueux de Paris.
24
Personnages présents : la diva, l’imprésario et Jules témoin muet de la
discussion, qui était en compagnie de la Diva au moment où son imprésario
entre pour lui faire part de la mauvaise nouvelle.
L’impresario :
Je viens d’être contacté par des Chinois de Taiwan. Ils
prétendent disposer d’un enregistrement de votre
dernier récital. Je précise que, si je n’avais pas des
raisons de croire à l’existence de cette bande…
Diva :
Ca ne serait pas la première fois.
L'impresario :
Si, parce que cette fois ci, l’enregistrement est de
qualité parfaite, pris du troisième rang au centre avec
un matériel de professionnel. Deuxièmement, Taiwan
n’a jamais signé les accords internationaux en matière
de copyright et de droit de reproduction.
Diva :
Alors que veulent-ils ?
L`impresario :
Ils nous mettent le couteau sous la gorge. Ou bien vous
signez avec eux un disque officiel en exclusivité…
Diva :
Ou bien ?
L’impresario :
Ou ils piratent, ils se passent de votre accord, ils
utilisent l’enregistrement et font imprimer un disque et
ils inondent le marché, sans aucune garantie de qualité
et sans bénéfice pour vous.
Diva :
C’est un chantage ! Qu’ils le fassent leur disque. Je ne
signerai jamais.
L’impresario :
Ecoutez-moi bien, je comprends parfaitement vos
scrupules, je les ai admis jusqu’à maintenant, je vous ai
laissé mener votre carrière à votre guise, au gré de vos
fantasmes. C’est très beau la pureté, le refus des
conceptions, les journalistes aiment ça, très bien.
Mais y a un salaud qui a fait un enregistrement. Il
existe, vous ne pouvez pas le nier. Ce n’est plus une
question de fierté. Alors, soit vous continuez à faire
vos caprices de diva, soit vous vous conduisez en
artiste responsable et vous faites ce disque. Nous
pouvons très bien retourner la situation à votre
25
avantage. Cindy, excusez moi, vous avez 32 ans, vous
ne pouvez vous produire que deux fois par mois, et
c’est épuisant, vous avez eu une alerte, souvenez-vous
de Munich, une voix n’est pas éternelle, sauf par le
disque, et c’est maintenant qu’il faut y penser. Le
disque à Taiwan serait une tâche insupportable sur
l’émail de votre carrière. Et ne croyez pas qu’ils en
resteront là. Ce sera sans précèdent. Vous resterez
seule. Réfléchissez, j’ai jusqu’à demain pour donner
votre réponse.
Diva :
Simon, s’il vous plaît, je vous prenais pour un ami.
L’impresario :
Cynthia, je vous en prie, ne mélangez pas les genres,
vous avez le droit de vivre vos contradictions mais
vivez les seule.
Questions :
1. Relevez les différents arguments utilisés par l’impresario pour convaincre
Cynthia d’enregistrer un disque.
2. Relevez dans le discours de l’impresario quelques mots articulateurs qui
mettent en évidence la progression de son argumentation (conjonctions de
coordination, adverbes, locutions). Classez ces articulateurs selon le lien
logique exprimé (addition, lien temporel, cause, conséquence, concession,
alternative, etc.)
3. Sur quel ton lui parle-t-il ? Justifiez vos remarques par des indices du texte
4. Quelles sont les différentes réactions de Cynthia face à ces arguments ?Que
ressentez-vous pour Cynthia ?
5. Imaginez les sentiments et les réactions de Jules, témoin muet de cette
discussion ?
VII. PISTES D’OBSERVATION
A- Les fils des intrigues
• Plusieurs intrigues s’entremêlent dans le film. Voici quatre pistes pour mieux
vous y retrouver :
- l’enregistrement pirate de la voix de la diva
- le réseau de prostitution
- la relation Jules / Alba
- la relation Jules / Cynthia
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Après le visonnement du film, retrouvez le déroulement de ces quatre intrigues
dont chacune aurait pu faire l’objet d’un film.
• Pour les élèves qui auraient des difficultés à mobiliser leurs souvenirs :
Proposez aux élèves de retrouver l’ordre chronologique du résumé n° 4 dont
vous aurez au préalable mis en désordre les paragraphes.
B- Les personnages
A priori, on pourrait rencontrer tous ces personnages dans nos vies de tous les
jours, que ce soit concrètement ou à travers les informations à la télévision ou
dans le journal : le postier chaque matin, des policiers dans un commissariat, une
chanteuse lyrique à l’opéra, etc.
- Repérez des objets fétiches qui caractérisent chacun des personnages.
- Relevez des éléments (traits de caractère, attitude, lieu de vie) qui font
pourtant d’eux des personnages romanesques, des personnages de fiction,
parfois excessifs ou caricaturaux.
C- La musique
1) Les différents fonctions de la musique dans DIVA
On remarquera que le réalisateur a savamment orchestré son film afin de faire
coïncider lieux, personnages, ambiance, musique.
• Repérez des lieux où intervient de la musique (par exemple au début du film,
lors de la course poursuite dans Paris, dans l’appartement de Gorodish, à
l’hôtel avec Cynthia, lors de la promenade sentimentale de Jules et de la Diva
dans un Paris nocturne.
• Observez comment la musique est introduite par rapport au lieu :
- Quelles sont le séquences où la musique joue un rôle traditionel
d’accompagnement musical, de fond musical?
- Quelles sont les séquences où la musique est entendue par les protagonistes
même de l’histoire?
- Observez la relation entre le lieu, l’action et la musique.
- Y a-t-il parfois un décalage, un contraste, un effet de surprise ou au
contraire un effet de redondance ou une harmonie entre la musique, le lieu
et l’action qui se déroule ?
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2) Le chant de la Wally
Dans le film Diva, la musique joue un rôle privilégié car non seulement elle sert
à illustrer des séquences en créant une atmosphère particulière mais elle joue
aussi un rôle au niveau de l’action même du film puiqu’avec l’air de la WALLY
elle est objet de désir pour de nombreux protagonistes (Jules, Alba, les
taïwanais).
• Repérez les séquences où l’on entend l’air de La Wally, morceau chanté par
la cantatrice noire, la diva du film.
• Jules traduit à Alba les paroles de l’air de la Wally lorsqu’ils sont dans son
appartement. Qui est la Wally ? Quels sentiments exprime ce chant ? Faites
une recherche personnelle pour en savoir plus sur l’oeuvre dont est extrait ce
chant.
• Quels sont les différents personnages dans le film qui entendent cet air ?
Quel effet produit-il sur les différents personnages ? Comment le cinéaste at-il traduit par l’image l’effet produit sur les divers auditeurs?
• Cet air participe-t-il à la création d’une atmosphère particulière ? Comment
la décririez-vous ?
• Pourquoi le réalisateur a-t-il choisi cet extrait d’opéra comme pivot de son
œuvre ?
D- Les voix
Concentrez vous sur les voix, les intonations et registres de langue des
personnages, notamment les voix des trois femmes : la cantatrice, Alba, et la
prostituée assassinée.
- Qualifiez ces voix et cherchez dans quelle mesure elles correspondent
parfaitement aux personnages. Quels contrastes remarquez-vous ?
E- Les lieux
1) Les appartements de Jules et de Gorodish : ce sont des lieux très
particuliers, originaux, qui contribuent à l’ambiance onirique ou baroque du
film.
• Décrivez chacun d’eux (espace, couleurs, décoration, meubles, etc.)
• Que révèlent ces lieux sur les personnages qui y vivent ?
2) Le film présente trois visages de Paris : un Paris souterrain (le métro), un
Paris quotidien avec ses quartiers populaires ou animé à la lumière du jour
(la gare Saint Lazare), un Paris nocturne avec ses beaux quartiers, ses
monuments touristiques bien connus.
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• Repérez ces trois visages de Paris dans le film. A quelles actions et intrigues
sont-ils associés ?
3) Un lieu en dehors de Paris constitue une rupture dans le déroulement de
l’histoire.
• Quel est ce lieu ?
• Quelle signification symbolique a ce nouveau lieu par rapport à Paris qui
constitue l’univers principal du film?
F- Les couleurs
Jean-Jacques Beineix a écrit à propos de la genèse de Diva : « Le concept de
départ était la réalisation d’un film bleu ».
- Dans quelle mesure le réalisateur met-il en œuvre son idée de départ ?
- Que vous évoquent les bleus du film ?
- Comment les bleus sont-ils nuancés en fonction des lieux et des
personnages ?
- Quelles autres dominantes de couleur vous semblent importantes ? A quels
moments rompent-elles l’harmonie bleue générale ? Quel effet cela produit
sur le spectateur ?
G- Film de référence, film culte
Diva est constitué de nombreux clins d’œil à des films plus anciens et au
quotidien des années 1980. Essayez de repérer les références :
- aux films français de gangsters de l’après-guerre
- à Hollywood de l’âge d’or
- aux modes des années 1980
VIII. PISTES D’EXPLOITATION
A- Le postier amoureux de la diva
Diva est une variation sur le thème maintes fois traité du „ver de terre amoureux
d’une étoile“. Tout oppose Jules et Cynthia, sauf l’amour de la musique qui au
contraire les unit.
- Que trouve Jules en Cynthia et dans sa voix ?
- Pourquoi Cynthia accueille-t-elle avec bienveillance l’amour admiratif de
Jules ?
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- En quoi leur amour les fait évoluer ?
- En quoi cette relation relève-t-elle presque du conte de fées ?
B- Diva, „un polar“
• „Le polar“, c’est un truand ou un escroc et une victime, des bons et des
méchants, des policiers et „des indics“, des bandes de malfaiteurs, des
milieux pas fréquentables, des commissariats et les bas-fonds de la ville, des
coups de feux, des traquenards, etc.
- Pourquoi peut-on parler de Diva comme d’un polar ?
• Le film policier est assez présent dans le cinéma français des années 1980,
notamment l’opposition flic corrompu / policier modèle.
- Recherchez d’autres films de cette époque ayant traité ces thèmes, en
France ou ailleurs (exemple le plus célèbre en France : les ripoux, comédie
de Claude Zidi) et relevez les différentes approches d’une même thématique.
• Le film est sorti au début de l’année 1981. Dans son enregistrement, la
prostituée Nadia souhaite que Saporta soit condammné à la peine de mort,
c’est à dire à la guillotine.
C’est une référence qui permet, comme dans tout bon polar, de situer sur un
plan culturel et temporel le film.
- Que dirait Nadia si l’action du film se passait de nos jours?
• Le 10 mai 1981, après la sortie du film, François Mitterrand a été élu
président de la République française.
- Quelle a été sa première mesure symbolique et spectaculaire ?
- Tous les pays du monde n’ont pas adopté cette mesure. Citez quelques
exemples. Et chez vous ?
- En quoi cette mesure peut-elle être considérée comme un progrès de et
pour l’humanité ?
C- L’art et la société
Dans une interview, le réalisateur Jean-Jacques Beineix évoque Diva et affirme
que le thème principal du film, ce sont les enregistrements pirates.
• Jules a réalisé un enregistrement pirate de la voix de Cynthia. Elle a toujours
refusé d’être enregistrée.
- Pourquoi Jules tenait-il à avoir la voix de Cynthia gravée sur une bande ?
30
• Relisez les dialogues de Cynthia avec le journaliste et ceux de Cynthia avec
son impresario. Il y est avant tout question de commerce et d’argent. Cynthia
y défend au contraire une conception de l’art sans concession.
- Pourquoi peut-elle considérer l’enregistrement de sa voix comme la vente
de son âme ou comme un viol ?
- En quoi un enregistrement peut rompre la magie provoquée par le chant
en direct ?
- En quoi le point de vue défendu par Cynthia peut apparaître idéaliste ?
• Ces dernières années, la possibilité de télécharger des morceaux de musique
via Internet et de graver des disques a réveillé le débat sur la propriété
intellectuelle.
- En quoi ces nouvelles techniques accessibles au plus grand nombre
peuvent-elles constituer un danger pour les artistes et pour l’industrie
du disque ?
- Pensez-vous qu’il soit bon de prendre des mesures pour lutter contre le
développement de circuits parallèles du marché de la musique via le
Net ? Pourquoi ?
• Les Chinois de Diva cherchent à mettre sur le marché mondial
l’enregistrement pirate unique effectué par Jules, contre l’avis de l’artiste.
- En quoi l’individu qui grave un CD par Internet peut être ou non
assimilé aux Chinois du film ?
- Et vous, téléchargez-vous régulièrement des morceaux ? Avez-vous
mauvaise conscience ?
D- Une poésie urbaine
Pierre Billard, critique cinéma du magazine Le Point, a évoqué Jules comme un
jeune homme réinstallant au cœur sauvage des villes d’aujourd’hui une
poésie urbaine.
- Comment comprenez-vous cette expression ? Que peut-elle avoir de
contradictoire ?
- Que pourriez-vous faire pour installer, à votre façon, une poésie urbaine
dans votre ville ?
E- Un film d’images
• « Ce n’est pas le récit qui m’intéressait, mais les images. Diva est un film
destiné avant tout à procurer des sensations. Pour moi, le cinéma n’est pas
une représentation de la vie, réelle ou fictive. C’est un jeu avec la sensibilité
31
et l’imagination qu’on n’a pas à justifier avec la raison ». Jean-Jacques
Beineix à propos de Diva.
Pensez-vous que le réalisateur ait atteint son objectif ? Qu’avez-vous ressenti
pendant le film ?
• Les critiques opposent souvent le cinéma populaire de divertissement au
cinéma plus exigeant dit d’auteur où le spectateur peut trouver diverses
interprétations de tels ou tels thèmes.
- Pensez-vous que Diva appartienne à l’une des deux catégories ?
- Au regard de ce que dit le réalisateur dans la citation ci-dessus, en quoi
Diva est-il un film à part, difficile classifier ?
- Comment comprenez-vous que Diva soit devenu un film culte des
années 1980 ? Qu’est-ce qui, selon vous, a caractérisé les années
1980 ? Connaissez-vous des objets cultes des années 80 (séries et
émissions télé, objets divers, films, chansons, artistes, etc.) ? Pourquoi
sont-ils cultes aujourd’hui ?
- Pensez-vous que l’Europe des années 2000 est très différente d’il y a
20 ans ?
IX. LA CRITIQUE
A- Lecture et analyse du document annexe 4 : La cantatrice et le postier
Questions :
1) De quel journal est extrait cet article de presse ? Qui en est l’auteur ? A
quelle date a-t-il été écrit ?
2) Relevez les autres indices dans la mise en page du texte qui permettent
d’identifier le texte comme un article de presse.
3) Cet article se compose de trois parties bien distinctes : repérez les et donner
un titre à chacune d’elle. Quelles conclusions en tirez-vous sur les fonctions
d’un article critique sur un film ?
4) L’auteur porte un jugement sur le film Diva : est-il dans l’ensemble positif
(appréciatif) ou au contraire négatif (dépréciatif) ? Justifiez votre réponse en
relevant avec précision les diverses appréciations du critique.
32
5) Identifiez et expliquez la figure de style utilisée par le critique dans les
phrases suivantes : « Delacorta, auteur du roman qui servit de base au
scénario, avait servi la soupe. Reste que le cinéaste l'a poivrée
excellemment ».
B- Lecture et analyse des documents annexes 5 et 6
Questions :
1) Comparez le point de vue des auteurs de ces deux articles avec le point de
vue donné dans le document annexe 4. Est-il le même ?
2) Justifiez votre réponse en relevant et en classant dans le tableau suivant les
diverses appréciations données par les deux auteurs sur les différentes
caractéristiques du film.
Caractéristiques du
film
L’intrigue
Appréciations des critiques relevées
dans les documents annexes 5 et 6
La mise en scène
/l’adaptation
cinématographique
Le décor
Les images
Les acteurs /leur
jeu /leur performance
C- MELI-MELO
Associez l’adjectif qui convient au nom pour retrouver les appréciations que
vous avez lues dans les articles précedents.
Choisissez en quatre et réutilisez chacune d’elle dans une phrase.
Noms
Adjectifs
Une intrigue
artistique
Des décors
admirable
Un garage
amoureux
Une logique
hyperréaliste
33
Une cantatrice d’une beauté
Une soupe
Un couple
Une mise en scène
Des scènes de poursuite
Un travail photographique
Une mégalomanie
Un jeune postier
imperturbable
grandiose
incroyable
frénétiques
bien poivrée
compliqué
peu banal
baroques
D- A vos plumes !
• Et vous, avez-vous aimé le film DIVA ? Donnez votre réponse en utilisant un
adverbe ou une locution du tableau suivant :
Pas du tout
Sans plus
Un peu
Très peu
Comme çi, comme Beaucoup
ça
Moyennement
Passionnément
A la folie
Enormément
Follement
AIMER OU NE PAS AIMER DIVA Vraiment
beaucoup
• Rédigez un court texte de dix lignes maximum dans lequel vous justifierez
votre point de vue personnel sur le film en développant au moins trois
arguments.
X. FICHES-OUTILS
A- Lexiques
1) Lexique musical (d’après le Petit Robert)
Opéra : poème, ouvrage dramatique mis en musique, dépourvu de dialogue
parlé, qui est composé de récitatifs, d’airs, de chœurs et parfois de danses avec
accompagnement d’orchestre.
Jazz : musique issue de la musique profane des Noirs des Etats-Unis.
Mambo : danse et musique à deux temps, apparentée à la rumba.
Disco : musique d’origine américaine, inspirée du jazz et du rock, simple et
directe, appréciée pour la danse
Classique : musique des grands auteurs de la tradition musicale occidentale.
34
Lyrique : destiné à être mis en musique et chanté avec accompagnement, joué
sur scène.
Ouverture : morceau, généralement conçu pour un orchestre, par lequel débute
le plus souvent un ouvrage lyrique.
2) Lexique de la criminalité dans Diva
• Noms :
Le chantage : action d’exiger de quelqu’un de l’argent ou quelque avantage sous
la menace d’une imputation diffamatoire, de la révélation d’un scandale
Un enregistrement pirate : enregistrement clandestin, illicite
Une filature : action de filer, de suivre quelqu’un pour le surveiller
Un flic : terme argotique désignant un policier
L’intégrité : état d’une personne intègre ; honnêteté, incorruptibilité.
Une intrigue : ensemble des événements qui forment le noeud d’une pièce de
théâtre, d’un roman, d’un film
Un justicier : personne qui agit en redresseur de torts, vengeur des innocents et
punisseur des coupables
Un polar : roman policier
La pègre : voleurs, escrocs considérés comme formant une sorte de classe
sociale
Une rapine : vol, pillage
La traite des femmes (ou traite des blanches) : délit consistant à entraîner ou
détourner des femmes en vue de la prostitution
Un traquenard : piège, embûche
Un truand : homme du « milieu », souteneur ou voleur
• Verbes :
Compromettre : nuire à la réputation de
Corrompre : engager quelqu’un par des dons, des promesses ou par la
persuasion, à agir contre sa conscience, son devoir
Dénoncer : faire connaître une mauvaise action, désigner comme coupable.
Etre à la solde de quelqu’un : être payé par quelqu’un, acheté par quelqu’un
Saccager : mettre en désordre, bouleverser
Sauver : faire échapper quelqu’un à un danger
Traquer : poursuivre quelqu’un, le poursuivre dans sa retraite
• Adjectifs :
Véreux : malhonnête
Patibulaire (une mine patibulaire) : inquiétant, sinistre
35
3) Lexique pour analyser un texte
Comparaison : rapport établi entre un objet et un autre terme, dans le langage
Laudatif : qui contient une éloge, élogieux, louangeur ; antonyme de dépréciatif
Métaphore : comparaison qui ne comprend aucun mot de comparaison.
La métaphore établit une relation d’identité entre le comparant et le comparé.
Critiquer : faire l’examen des ouvrages d’art et d’esprit pour en faire ressortir les
qualités et les défauts
Une critique : jugement porté sur un ouvrage de l’esprit, sur une oeuvre d’art
Un critique : personne qui exerce la critique, qui juge des ouvrages de l’esprit,
des oeuvres d’art ; on parle de critique littéraire, de critique d’art, de critique du
cinéma.
B- Références bibliographiques et sites internet
1) Bibliographie
L’Avant-Scène, n°407, décembre 1991
Cinéma, n°269, mai 1981
Le Canard enchaîné, n°3151, 18 mars
1981
Combat Socialiste, 24 mars 1981
La Croix, 14 mars 1981
L’Express, 3 avril 1981
Le Figaro, 11 mars 1981
Le Figaro, 8 mars 1982
Film français, n°1855, 24 avril 1989
Herald Tribune, 6 août 1982
L’Humanité, 11 mars 1981
L’Humanité, 20 mars 1981
International Herald Tribune, 4 février
1981
Le Matin, 11 mars 1981
Le Matin, 14 mars 1981
Le Matin, 25 décembre 1984
Minute, 18 mars 1981
Le Monde, 18 mars 1981
Le Monde, 9 avril 1981
Les Nouvelles littéraires, 13 mars 1981
Le Point, n°444, 23 mars 1981
Positif, n°243, juin 1981
La Revue du cinéma, n°361, mai 1981
2) Sites Internet
• Sites sur le film Diva
www.bifi.fr/cgi/cinesource/0.sh?radiobutton=F&langue=francais&textfield=diva
www.cinefil.com/newsiteweb/FicheFilmImpression.cfm?ref=3363
www.cinemapassion.com
www.ecrannoir.fr/real/france/beineix.htm
www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=2989.html
www.cinema-francais.net/Beineix1.html
www.filmfestivals.com/directorscut/jjbeineix/fr_index.html
www.sitescraper.co.uk/dvd/Diva.html
www.dvd-narr.info/kritiken/diva_rc2.html
www.culturalianet.com/art/ver.php?art=15384
36
• Sites permettant d’élargir la recherche à partir du film
-
• Sur l’opéra
Présentation de l’opéra national de Paris : www.opera-de-paris.fr
Les plus grandes cantatrices d’avant et d’après-guerre selon un sondage du
mensuel opéra international :
http://perso.wanadoo.fr/operavivi/pagesl/sond_%20opi.htm
Rétrospective sur la carrière de Wilhelmenia Fernandez (Cynthia dans Diva
de J.-J. Beineix) : www.fezfestival.org/prg2000/frartistes/fernandez.html
Concernant Maria Callas : www.callas.it
• Sur le roman policier
- Références bibliographiques sur le roman policier d’expression française :
www.membres.lycos.fr/bernadac/roman12.html
- Sur le roman policier de Delacorta :
www.sdm.qc.ca/txtdoc/pol/adu/DELACORTA.html
• Sur l’utilisation du cinéma en classe
- www.ac-nantes.fr/peda/disc/lettres/ressourc/college/painchoc/painchoc.html
- www.artsculture.education.fr/cinema/default.htm
3) Documents annexes
• Document annexe 1. Entretien avec Jean-Jacques Beineix paru dans Le
Monde du 9 avril 1981 : « La métaphore de l'alpiniste », par Claire
Devarrieux.
• Document annexe 2. Les affiches du film.
• Document annexe 3. Texte extrait de la pochette du CD concernant la
rencontre de Jean-Jacques Beineix avec Wilhelmenia Fernandez :
« Wilhelmenia Fernandez », par Jean-Jacques Beineix.
• Document annexe 4. Article paru dans La Croix du 14 mars 1981 : « La
cantatrice et le postier », par Jean Rochereau.
• Document annexe 5. Article paru dans L’Express du 3 avril 1981.
• Document annexe 6. Article paru dans Le Monde du 18 mars 1981 : « Diva
de Jean-Jacques Beineix », par Jacques Siclier.
37
Document annexe 1. Entretien avec Jean-Jacques Beineix paru dans Le Monde du
9 avril 1981 : « La métaphore de l'alpiniste », par Claire Devarrieux.
Avec Jean-Jacques Beineix, réalisateur de „Diva“
La métaphore de l’alpiniste
„Je n’ai pas
d’antécédents
particuliers, dit JeanJacques Beineix, j’ai
eu des liens avec des
gens, donc avec des
vies exceptionnelles.
Ma seule qualité de
départ a été de savoir
ouvrir mon regard.
J’ai
eu
une
enfance objectivement
heureuse.
J’ai
été
„vidé“ des lycées et
des cours, ce qui ne
m’a
pas
empêché
d’avoir mon bac. J’ai
commencé des études
de médecine, je ne suis
pas allé jusqu’au bout,
à cause d’une grande
immaturité – je suis
toujours arrivé trop tôt,
à l’école, à l’université
– et j’étais trop fasciné
par le monde extérieur.
Mes
grandsparents me racontaient
des histoires. Mon
grand-père m’a fait
traverser deux guerres,
c’est pourquoi les gens
d’une autre époque, je
peux parler avec eux,
je
les
comprends
tellement mieux qu’ils
ne le pensent. Mon
père me montrait des
expositions, il m’a
donné
envie
d’apprendre. Ma mère
était plus artiste. Il y a
eu les cours de dessin,
de musique, le cinéma
de
quartier,
la
cinémathèque
d’arrondissement. Il y
a eu le premier appareil
photo, la première
caméra, mon goût des
objets, des ambiances
et des climats, cette
question de l’utilité, ou
non, de reproduire. Et
les
premières
inhibitions,
l’écart
entre le désir de
représenter, le plaisir et
l’obligation.
Je suis devenu
un voyeur qui ne sait
pas communiquer et
qui a besoin de
médiatiser sa tendresse,
ses sentiments. C’est
une
infirmité,
le
cinéma, et si je pouvais
faire un pacte avec le
diable, je ne serais pas
cinéaste. Pour cette
raison, je suis très
touché par la violence
avec laquelle on a
accuilli Diva. Dans les
deux sens. C’est une
communication
terriblement dérisoire,
puisqu’elle a lieu à
travers un objet, mais
sur cet objet, les gens
me parlent, et certains
me détestent. Avec
d’autres,
j’ai
un
langage commun: des
images, des histoires,
sans souci de la
logique, sans respect
de
la
structure
policière, en en gardant
les constituants.
38
Un homme-travelling
Le
cinéma
correspond à mon
incompétence. On peut
appliquer
cette
métaphore: un des plus
grands
alpinistes
actuels grimpe en
solitaire sur une paroi
lisse. Tout à coup, il ne
peut plus ni avancer ni
reculer. Et pourtant, il
faut qu’il monte. Il
plante un clou, qui ne
tient pas. Un deuxième
qui ne tient pas. Ni le
troisième. Il faut qu’il
ait une inspiration
géniale. Alors il met
les
trois
clous
ensemble, il obtient un
polygone de forces, il
est sauvé.
Moi, je ne suis pas
complètement peintre,
ni architecte, directeur
d’acteurs, photographe.
J’ai seulement plus de
contacts
avec
les
volumes, la lumière, et
les êtres, je les
considère trop de cette
façon. Je vais de plus
en plus travailler la
philosophie,
l’esthétique,
mes
rapports avec les gens.
Peut-être, un jour,
arriverai-je ainsi à un
degré supérieur.
On m’a dit que mon
film avait un côté
„pub“. Mais quand on
s’exprime, c’est avec le
vocabulaire
de
l’époque. La pub, c’est
aussi une application
des sciences humaines,
ça existe, ça fait partie
de
l’environnement,
dont j’intègre ce que je
perçois.
Par quel hasard
aurais-je été mis à
l’abri?
Comment
passer à côté de l’ère
de la hifi et des
automobiles? Je me
promène avec ma
caméra parce que je vis
en automobile depuis
trente-quatre ans, je
suis
un
„homme
travelling“.
Les paysages, je ne les
vois que furtivement.
Alors au lieu de
regarder mes voitures
de
luxe
détruites,
porteuses de messages,
on
parle
d’hyperréalisme.
Le
cinéma a trente ans de
retard sur les arts
plastiques. C’est l’art
le plus réactionnaire, le
plus rétrograde. Et si
on
intègre
les
connaissances de son
temps, on devient
„mode“!
On subit encore
trois
tares:
la
littérature, une vieille
perversion chez les
réalisateurs. Le cinéma
d’auteur
(être
un
homme-orchestre, faire
oeuvre
personnelle,
autobiographique, Diva
est
un
film
de
commande,
Irène
Silbermann m’a fait
lire
le
livre
de
Delacorta, j’ai fait
aussi
oeuvre
personnelle). Enfin, le
réalisme, la réalité,
morts,
tués
légitimement par le
direct et la télévision.
Qu’est-ce qu’on peut
faire de mieux que
BorgMcEnroe,
un
hélicoptère au dessus
de Saigon, le premier
pas de l’homme sur la
lune, la Pologne en
direct, la mort en
direct?
Qu’est-ce qu’on
peut faire de mieux?
S’échapper.
Le
réalisme des années 80
est né du besoin
d’échapper
à
une
réalité,
celle
d’un
cinéma archaïque, de
39
s’évader du roman. On
m’a dit: on va briser
cette
architecture
classique, on est sorti
dans la rue, la caméra
s’est allégée. Tout à
coup, on s’apercevait
que les gens ne
s’embrassaient
pas
comme dans les films.
Aujourd’hui,
ces
structures ont vieilli à
leur tour, le cinéma est
redevenu une routine.
Il faut donc s’en sortir
et cette nouvelle vague
arrive“.
Propos recueillis par
Claire Devarrieux
40
Document annexe 2. Introduction du film par les affiches
Affiche 1
d’origine française
Affiche2
d’origine anglo-saxonne
Affiche 3
d’origine anglo-saxonne
Affiche 4
d’origine espagnole
41
Document annexe 3. Texte extrait de la pochette du CD sur la bande originale du
film DIVA : « Wilhelmenia Fernandez », par Jean-Jacques Beineix.
Wilhelmenia Fernandez par Jean-Jacques Beineix
La première fois que je l’ai vue, elle
brisait avec une autorité sans égal des
assiettes sur l’immense scène de
l’Opéra de Paris. Musetta noire et
capricieuse, habillée de velours rouge,
belle et violente, elle me fascinait
déjà, et puis il y a eu la voix ronde et
veloutée, l’engagement physique dans
le chant...
J’avais découvert ma DIVA.
Plusieurs mois de recherches,
d’errances, de rencontres, les divas
noires de Londres, Munich, NewYork, une liste que nous croyions
complète et toujours à laquelle il
fallait ajouter un nom. Après le
spectacle je ne suis pas allé la voir: il
fallait attendre que l’émotion se
calme, alors seulement je saurais si le
rêve était réalité.
Réalité du lendemain, dans mon
bureau anonyme, elle est apparue,
robe rouge, immense châle violet, elle
était simple et je me trouvais soudain
très compliqué de demander à cette
femme de jouer une diva.
Elle était accompagnée de sa fille,
Sheena, espiègle, rieuse, d’une
insatiable curiosité, d’un incoercicible
besoin de vie.
Nous avons parlé; elle ne
connaissait rien du cinéma, je ne
connaissais rien de l’opéra, tout était
donc possible, pourquoi ne pas faire
un opéra policier?
Au café, elle a commandé la
plus
américaine
des
salades
françaises; en vrac, je lui parlais de
cinéma, de musique, de la passion que
les chanteuses provoquaient; elle
m’écoutait, racontait l’église où elle
avait appris le chant, ses voyages, la
difficulté d’être chanteuse et mère à la
fois. Sheena ne parvenait pas à finir
une glace aussi haute que les buildings
de Manhattan.
J’expliquais à Wilhelmenia les risques
de l’entreprise que je lui proposais;
aucune garantie pour elle, mon total
manque de notoriété, l’aspect tout à
fait non conventionnel que je voulais
donner au film, les risques que le
jugement du milieu de l’opéra pourrait
ultérieurement lui faire courir; je lui
expliquais aussi les raisons qui me
poussaient à faire appel à une
véritable chanteuse plus qu’à une
actrice de cinéma.
Nous avons remonté la rue
royale vers l’église de la Madeleine;
elle tenait contre son châle le script et
42
je me demandais si Diva vaudrait pour
elle une messe, même chantée?
Assis à l’ombre lumineuse
d’une terrasse chic je regardais le
visage de Wilhelmenia, il y avait une
nappe blanche entre nous, sur sa peau
noire jouaient des reflets, elle portait
une robe jaune.
Sheena faisait du patin à
roulettes entre les tables du restaurant,
cela
provoquait
une
certaine
effevescence car elle n’avait pas de
patins à roulettes aux pieds...
En regardant Wilhelmenia je
pensais qu’elle était Cynthia Hawkins,
la diva et que personne d’autre ne
jouerait le rôle.
Elle pensait autrement, je lui
posais incidemment la question:
„Alors le script?“
Elle avait une expression que je devais
souvent retrouver, une façon de plisser
les yeux, un moue des lèvres, quelque
chose qui se situait entre le désarroi et
l’incompréhension. Elle me déclara
qu’elle trouvait le script trop „black“.
Il y avait de quoi, une histoire
trop „noire“, faite par un blanc, une
chanteuse sophistiquée qui ne lui
ressemblait pas, des prostituées noires,
un univers de nuit aux sombres
implications, et puis aussi la peur
qu’elle avait d’une récupération,
d’une utilisation raciale, Divas noires,
monstres sacrés d’un monde de
blancs.
Je comprenais tout cela, mais je
savais aussi que personne d’autre ne
ferait le film.
J’aimais son refus; combien étaientelles, celles qui auraient décliné
l’offre d’un rôle important au cinéma,
même avec un inconnu, même avec
l’incertitude de l’issue.
Elle était honnête et c’était un
trait de son caractère que j’aimais;
Wilhelmenia avait un système de
valeurs auxquelles elle croyait, elle
croyait en Dieu, elle croyait au travail,
en la musique, à l’universalité du
chant. Je lui expliquais une seule
chose, ma sincérité et nous sommes
devenus complices, nous avons ri des
gens, de nous même et de notre
chance d’être en vie au milieu d’un
système qui voulait des monstres et
n’avait de cesse que de les faire entrer
dans des boîtes dûment étiquetées
pour qu’ils n’en sortent jamais. Nous
avons tenu nos engagements l’un
envers l’autre: le film a été une belle
histoire.
Cinéma, tournage:aventure de
l’exceptionnel conjugué au quotidien.
En Wilhelmenia cohabitaient
deux femmes, deux passions, celle de
l’art lyrique et celle d’être mère; elle
vivait pour Sheena et l’opéra était sa
raison de vivre.
Au quotidien, elle fit preuve
d’une extraordinaire endurance, elle
travaillait en véritable professionnelle,
ponctuelle,
digne,
assidue.
Je
comprenais à travers elle que l’art
lyrique était une ascèse dont beaucoup
d’acteurs du cinéma auraient dû
s’inspirer. Elle faisait d’immenses
efforts pour améliorer son français
dont elle ne comprenait pas un mot
avant le tournage.
43
Qualités, défauts, qualité des
défauts, défauts des qualités.
Elle aimait le violet qui lui allait à
ravir, elle aimait les chaussures
dorées, elle avait une force de vie, un
entrain absolument extraordinaire et
parfois elle perdait l’un et l’autre en
l’epace d’un instant, sans raison
apparente, pour les retrouver l’instant
d‘après.
Elle n’aimait pas trop la cuisine
française, elle trouvait barbares ces
choses mortes dont nous garnissions
nos assiettes avec ostentation, elle
préférait une bonne pizza. Elle avait
une peur farouche de la saleté. Elle
trimballait avec elle un incroyable
bazar
d’objets,
de
souvenirs,
collectionneuse et fétichiste. Elle
changeait de coiffure, de vêtements
avec une facilité déconcertante, tout
lui allait. Elle était courageuse, je l’ai
vue chanter Luisa Miller avec une
forte fièvre. Elle était aussi facétieuse,
joueuse et coquette, imprévisible,
timide à l’excès, féminine et prude.
Il est impossible de réduire un
être à quelques qualités et défauts, je
garde le souvenir d’une femme
passionnée, envoûtée par la musique,
terrorisée avant un concert, endiablée
après, toujours prête à s’enflammer
pour une note. Diva elle était et Diva,
je la voulais. Je n’oublierai jamais,
quand nous allâmes à Londres, avant
le film, pour l’enregistrement de la
musique, son émotion et la mienne
lorsqu’elle s’est avancée, seule, face
aux quatre-vingt musiciens de
l’orchestre de Londres, et lorsque,
enfin libérée du trac qui l’oppressait,
sa voix s’est élevée...
Pour cette „Wally“ je lui serai
toujours reconnaissant.
J.J.B
44
Document annexe 4. Article paru dans La Croix du 14 mars 1981 : « La cantatrice
et le postier », par Jean Rochereau.
La cantatrice et le postier
„Diva“, de Jean-Jacques Beineix, ne
ressemble à rien de connu
Décidément, la toute dernière
génération
de
cinéastes
est
prometteuse. Peu de temps après Une
salle affaire, d’Alain Bonnot, qui
ressuscitait le „film noir“ français,
voici Diva, premier film de JeanJacques Beineix, dont l’originalité est
d’amalgamer le genre „polar“ à la
grande musique.
Bien sûr, Delacorta, auteur du
roman qui servit de base au scénario,
avait „servi la soupe“. Reste que le
cinéaste l’a poivrée excellement.
Soit donc une cantatrice noire,
d’une incroyable beauté, qui s’est
toujours refusée à enregistrer un seul
disque. Le récital, et rien d’autre.
Alors, forcément, les amateurs de
„cassettes pirates“ la prennent en
filature. L’un d’eux – qui le croira? –
est un jeune postier, mélomane fou
d’opéra. Au théâtre des Bouffes-duNord (sic!), il réussit à capter,
merveilleusement, la voix de Diva. En
prime, il subtilise sa robe de scène.
Au fil de sa tournée, il recueille
(sans le savoir) dans la sacoche de son
vélomoteur une autre cassette, celle
enregistrée par une prostituée
dénonçant, comme proxénète et
trafiquant de drogue, rien de moins
qu’un „divisionnaire“ de la criminelle.
A partir de là, tout s’embrouille,
apparemment; tout s’organise, au vrai,
avec une imperturbable logique. En
butte aux poursuites de deux groupes
d’ennemis: des chinois de Taïwan,
pour la voix de la diva; les complices
du flic véreux, pour les aveux de la
prostituée, le postier s’en sort
merveilleusement. Puissamment aidé,
il est vrai, par un couple peu banal:
une jeune vietnamienne, un „dingue“
de musique, plus ou moins truand.
Tourné dans des décors
baroques,
aux
franges
du
cauchemardesque, bien que la
destination initiale des lieux soit
banale (un garage en étages, un
entrepôt désaffecté), Diva vous fait
aller de surprise en ébahissement. Le
„suspense“ y est aussi bien servi que
l’art lyrique.
La soprano Wilhelmenia Wiggins
Fernandez a vraiment une „voix d’or“
et le jeune Frédéric Andrei (le postier)
beaucoup de talent.
Jean Rochereau
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Document annexe 5. Article paru dans L’Express du 3 avril 1981.
Diva
L’exercice de la mise en scène considéré
comme un délire de brocanteur. La diva en
question se produit dans un théâtre en
ruine, son fan le postier vit dans un garage
hyperréaliste, chez l’aventurier de service
on circule en patins à roulettes, 20000
mètres carrés de verrière surplombent le
moindre tête-à-tête, et si l’on part en
week-end, c’est évidemment dans un
phare. Résultat: le propos du film disparaît
sous le fatras du décor. De Hitchcock, sur
les traces de qui il semble vouloir boiter,
Jean-Jacques Beineix aurait dû retenir
qu’une image se compose, qu’elle ne se
meuble pas.
P. Th.
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Document annexe 6. Article paru dans Le Monde du 18 mars 1981 : « Diva de
Jean-Jacques Beineix », par Jacques Siclier.
„DIVA“
De Jean-Jacques Beineix
„Diva“, roman policier de Delacorta – qui
appartient d’ailleurs à une trilogie dont le
premier volet est „Nana“ et le troisième
„Luna“, - est construit, écrit, un peu à la
manière de Dashiell Hammett. Il semble tout
préparé pour un „film noir“ d’action, de
comportement, qui n’aurait pas besoin de
fioritures.
L’adaptation
cinématographique
qu’en
propose Jean-Jacques Beineix est aberrante,
moins par les changements de l’intrigue
(inutilement compliquée) que par la prétention
d’une mise en scène se voulant grandiose,
lyrique, démesurée dans l’hyperréalisme des
décors, la frénésie des scènes de poursuite et
de violence. C’est super-chic, avec un travail
photographique admirable qui semble avoir
été mis - comme le budget sans doute très
important – au service d’une mégalomanie
„artistique“.
Les amateurs d’opéra peuvent être séduits,
fascinés par la beauté, l’allure, la voix de la
cantatrice Wilhelmenia Wiggins Ferandez
dans le rôle de la diva Cynthia Hawkins, dont
un jeune postier amoureux (Frédéric Andrei)
prend l’enregistrement pirate d’un concert. Si
l’on pouvait „pirater“ les images de ce film,
on garderait les scènes où apparaît la
chanteuse et on mettrait le reste au panier.
Jacques Siclier
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