Untitled - Archives départementales de la Haute
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Le Comminges à travers ses archives Choix de documents sur la Révolution française La Révolution française, en créant les Archives départementales, leur ont légué des fonds d’archives particulièrement foisonnants qui offrent les témoignages les plus divers sur cette période d’extraordinaire mutation politique et sociale. Le service éducatif de l’antenne du Comminges, récemment créé, souhaite par la publication de ce dossier pédagogique offrir un choix de documents qui illustrent les répercussions rapides qu’ont eues, dans le Comminges, certaines mesures prises à Paris durant la Révolution. Autant que possible, ce sont des documents concernant la commune de Valentine, située à 2 km de Saint-Gaudens, qui ont été sélectionnés. Ce dossier a été conçu pour être exploité en classe dans le cadre d’un travail de groupe. Les élèves pourront être invités à présenter et commenter les documents reproduits, à les replacer dans l’ordre chronologique ou encore à établir la correspondance entre événements locaux et événements nationaux. Des questions à destination des élèves sont proposées aux enseignants comme pistes de réflexion. La Révolution a généré de nombreux changements. Les thèmes abordés dans cette publication l’illustrent : les Français assistent à une transformation de leur vie quotidienne. Leurs demandes parviennent au roi, pour la préparation des États généraux, sous la forme de cahiers de doléances. Deux sont présentés : celui de la noblesse du Comminges et celui de la communauté de Valentine. L’état civil est laïcisé : dans toutes les communes, à l’exemple de Valentine et de Tournas, les registres paroissiaux deviennent registres d’état civil et leur tenue passe du curé à l’officier municipal. Les divisions administratives sont entièrement rationalisées : départements, districts et cantons apparaissent. Valentine que l’administration centrale n’a pas cru bon d’ériger en chef-lieu de canton proteste. Des modifications notables surviennent dans le domaine de la justice. De nouveaux tribunaux, tenant compte de ce nouveau découpage, sont créés ainsi qu’en témoigne une affaire qui oppose deux citoyens de Valentine à propos de « quatre cannes et trois pans de cadis de montagne ». Le comité de sûreté générale prend des mesures d’exception. La lettre des ecclésiastiques de Saint-Bertrand-de-Comminges et la requête de la citoyenne Sabatier précède pour l’une, illustre pour l’autre, la loi contre les suspects. Manifestation du triomphe de la Montagne, cette loi organise la Terreur sur l’ensemble du territoire en énumérant les catégories d’individus devant être emprisonnés. La vente des biens nationaux, lancée en 1790, provoque une large redistribution de la propriété. Elle est étudiée dans le district de Saint-Gaudens d’après l’ouvrage d’Henri Martin, qui pallie les lacunes de la série Q des Archives départementales. C’est l’occasion d’aborder l’extraordinaire variété des poids et mesures de l’ancien régime, bientôt remplacés par le système métrique. Puissent ces minuscules exemples, cueillis dans la marée de dossiers que l’événement révolutionnaire nous a laissée, servir de support, dans leur humilité et leur quotidienneté, à une pédagogie de l’histoire plus vivante et plus concrète. Marie-Thérèse BAMARD Marie-France PUYSSEGUR-MORA Professeur au collège Didier Daurat (SaintGaudens), chargée du service éducatif de l’antenne de Saint-Gaudens des Archives départementales de la Haute-Garonne Responsable de l’antenne de Saint-Gaudens des Archives départementales de la Haute-Garonne Aurélie BONAN Jean LE POTTIER Responsable du service éducatif des Archives départementales de la Haute-Garonne Directeur des Archives départementales de la Haute-Garonne DOCUMENTS Les cahiers de doléances Doc. 1. Cahier de doléances de la noblesse du Comminges (1789) Doc. 2. Cahier de doléances de la communauté de Valentine (1789) Le passage des registres paroissiaux aux registres d’état civil Doc. 3. Registre de la paroisse de Valentine (1792) Doc. 4. Registre de la commune de Tournas (an III-IV) Les circonscriptions administratives Doc. 5. Lettre de Valentine demandant à être érigée en chef-lieu de canton (1790) Les tribunaux Doc. 6. Jugement du tribunal de district de Saint-Gaudens (an III) La Terreur Doc. 7. Lettre des ecclésiastiques de Saint-Bertrand-de-Comminges (1792) Doc. 8. Requête de la citoyenne Sabatier, recluse (an II) La vente des biens nationaux Doc. 9. État de division de la propriété rurale au XVIIIe siècle Doc. 10. Liste de biens nationaux du district de Saint-Gaudens Doc. 11. Résultats de ventes par municipalité ou commune et origine de 1791 à 1815 Doc. 12. Répartition des ventes par catégories sociales d’acquéreurs et par importance des superficies Doc. 13. Tableau récapitulatif des patrimoines séquestrés aux collectivités ecclésiastiques ANNEXES Portraits de trois députés de Comminges et Nébouzan aux États généraux Tableau de concordance entre le calendrier grégorien et le calendrier républicain Mois de vendémiaire Carte de la Haute-Garonne divisée en districts Les noms révolutionnaires des communes de la Haute-Garonne Monnaies, poids et mesures Chronologie Frise chronologique Glossaire Bibliographie Document 2 Cahier de doléances de la communauté de Valentine Arch. dép. de la Haute-Garonne, 2 E 2868 Leurs doléances particulières se réduisent à remontrer à Sa Majesté : 1) Qu’il existe dans leur communauté un bénéfice sans fonction, sans travail, sans service et sans utilité, lequel néanmoins vient enlever la subsistance du citoyen utile pour aller fournir au superflu d’un prieur inutile, vivant à deux cents lieues. Les habitants de Valentine supplient Sa Majesté de supprimer ce bénéfice après la mort du pourvu et d’en appliquer le produit au soulagement des pauvres du lieu ou à l’établissement de deux sœurs grises qui soigneroient les pauvres malades et instruiront les jeunes filles ou bien encore à d’autres établissements d’utilité publique tels que des hôpitaux ou collèges diocézains. 2) Ils se plaignent de ce que la communauté, après avoir fait, de Sa Majesté ellemême, le rachapt de ses charges municipales, a été néanmoins dépouillée du droit de nommer les consuls par le crédit de son seigneur lequel obtint une lettre de cachet en faveur de son agent. Ils demandent la révocation d’un ordre qui a été d’autant plus surpris de la religion de Sa Majesté qu’on l’a fait disposer en 1787 d’une charge qu‘elle avoit aliénée en 1774, par arrêt de son Conseil du 27 octobre, rendu en faveur du Languedoc, ce qui porte une atteinte évidente au droit de propriété. Nous supplions donc Sa Majesté de vouloir nous rembourser la finance si elle veut garder les charges ou bien de nous rendre les charges municipales si elle veut garder la finance. 3) La communauté se plaint de ce que les habitants sont responsables de tous les délits commis dans les forêts du Roi par des personnes insolvables, ce qui les expose à des vexations continuelles de la part de la maîtrise qui décerne des amendes payables en corps de communauté et avancées par les quatre principaux habitants sous la contrainte personelle. Il est douloureux pour la communauté d’être responsable des délits qu’elle ne sauroit empêcher et que des étrangers même viennent quelquefois commettre à son insçu. En conséquence, ils désireroient l’inféodation de la forêt royale aux particuliers de la communauté qui offrent à Sa Majesté un revenu double de celuy qu’elle en retire par le régime actuel. Sur quoi, ils remontrent encore à Sa Majesté que la cause principale de la rareté des bois, qui va toujours croissant, provenant de ce que presque toutes les forêts considérables appartiennent ou à des communautés qui les dégradent pour soutenir des procès ruineux ou à des corps qui en négligent la deffense et le repeublement, le moyen le plus sûr et le plus prompt de les repeubler ainsi que les forêts royales seroit de les inféoder à des particuliers, attendu que l’esprit de propriété et l’intérêt personel sont seuls capables de la surveillance et de l’attention soutenue qu’exige l’aménagement des forêts. 4) Les milices enlèvent encore des bras utiles à l’agriculture et au commerce. Les habitants désireroient les voir suppléer par des recrues de soldats volontaires qui formeroient de meilleures troupes que des miliciens ordinairement timides, comme habitués des arts paisibles. Alors, les provinces se chargeroient de fournir à l’Etat leur quotité d’hommes volontaires ou, en deffaut, une contribution proportionnée. Document 3 Registre paroissial de baptêmes, mariages et sépultures, puis registre d’état civil de Valentine Arch. dép. de la Haute-Garonne, 4 E 2162 Tribunal du district de Saint-Gaudens. Année 1792, paroisse de Valentine Registre des baptêmes, mariages et sépultures qui se feront en la paroisse de Valentine, département de la Haute-Garonne, district de Saint-Gaudens, pendant l’année 1792, coté et paraphé en quatre feuilles, par le tribunal dudit district, conformément à la déclaration du Roi du 9 avril 1736. A Saint-Gaudens, le 5 janvier 1792. …/… (f°2) B Bertrand Adoue Bertrand Adoue, fils de François, ménager et Bertrande Estrampes, mariés, habitans de cette parroisse est né et a été baptisé le cinquième novembre 1792 ; maraine, sans parain, Catherine Montastruc grande mère paternelle du baptisé habitante de cette paroisse qui n’a seu signer de ce requise ; en foy de quoy Baric, curé S Jeane Alexandrine Noguès Jeane Alexandrine Noguès, fille de Marc, marchand de bois et de Jeane Vidale mariés habitans de cette parroisse est morte le septième novembre 1792, âgée de trois ans et le jour suivant son corps a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse en présance de François Prat et de Thomas Sauné, habitans de cette ville qui n’ont seu signer de ce requis ; en foy de quoy Baric, curé Clos et arrêté le présent registre et remis au citoyen Abadie, officier public le neuf novembre 1792. Baric, maire Naissance Ce jourd’huy, vingt quatre novembre mille sept cents quatre vingts douze, l’an premier de la République française, dans la salle publique de la maison commune de la ville de Valentine et en exécution de la loy du vingt septembre mille sept cents quatre vingts douze, devant nous Jean officier public soussigné, s‘est présentée Bertrande Charrier, sage-femme Bertrand domiciliée à Valentine, qui nous a déclaré que Gaudense Prat non Prat mariée, tisserante, domiciliée à Valentine, a accouché le jour d’hyer vingt de père troisième du courant à six heures de l’après-midi dans sa maison inconnu d’habitation d’un garçon qu’elle a présenté devant nous et que ce garçon sera apellé Jean-Bertrand, le tout cy dessus en présence de deux témoins sçavoir Pierre Baric, négotiant, âgé de soixante ans, domicillié à Valentine, et Bernard Lormant, citoyen habitant de Valentine âgé d’environ vingt quatre ans ; ayant requis tant la déclarante que les témoins de signer, la déclarante n’a sçu et les témoins ont signé avec nous, en foy de quoy Pierre Baric Bernad Lormant Abadie l’ainé, officier public Document 5 Requête de la commune de Valentine tendant à être érigée en chef-lieu de canton Arch. dép. de la Haute-Garonne, 1 L 274, pièce 62 L’an mil sept cents quatre vingt dix et le onzième du mois de novembre, du mandement de M. Cazaugran maire, ont été assemblés dans l’hôtel de ville de Valentine MM. Sempé, Dupuy, Baric, Prat et Sénac, officiers municipaux, M. Abadie, procureur de la commune, MM. Foch prêtre, Saux fils, Duprat, Adoue ayné, Baric, Bascans, Boyé, Cazaugran fils, Peyrade, Abadie l’ayné. Auxquels par M. le procureur de la commune, il a été dit : Messieurs, en aplaudissant à la nouvelle division de la France, en départements, districts et cantons, qui effacent les derniers vestiges de l’Ancien Régime, vous avez vu avec plaisir toutes les villes du district de Saint-Gaudens favorisées d’un chef-lieu de canton. Valentine seule a été oubliée dans le partage et se voit avec peine frapée de [néant]1 dans l’ordre politique. On ne sait quel crime a pu mériter cett[e] [peine] d’exhaerédation2 flétrissante à une ville qui a signalé dans tou[tes les] occasions son zèle et son patriotisme pour la chose publiqu[e. On a] voulu la punir d’avoir été dans l’Ancien Régime de la province [de] Languedoc la capitale du diocèse de Comminges et le siège d[e l’]administration secondaire. Mais l’Assemblée nationale, loin [de] multiplier les victimes inséparables de la nouvelle constitution, [n’a-t-elle] cherché au contraire de les favoriser d’un établissement nouveau, [de] les dédomager des pertes de l’Ancien Régime ? Est-ce le voisinage dévorant de quelque ville ambitieuse qui en accaparant tous les nouveaux établissements vous prive d’un chef-lieu de canton ? Mais toutes les villes du district de Saint-Gaudens ont partagé généreusement votre regret et reconnu la justice de votre réclamation, il faut dont3 chercher la cause de cet oubli dans la précipitation salutaire qui accompagna la formation des départemens, des districts et des cantons. Les habitans d’un pays sont les seuls juges naturels des convenences locales, et vous concourrez à la perfection de ce bel ordre politique en éclairant vos administrateurs qui vous invitant déjà à énoncer votre vœu, s’anpresseront de rectifier les inconvéniens de certaines divisions. La formation, par exemple, du canton de SaintGaudens auquel nous sommes annexés présente des inconvénients sensibles : au lieu de suivre les divisions de la Garonne comme les démarcations de la nature l’on a reunis ensemble des communautés de la rive droite avec des communautés de la rive gauche où se trouve placé le chef-lieu. En jettant les yeux sur la carte géographique , elles paroissent vraiment se convenir par le voisinage, mais un fleuve rapide et sujet à des grands débordements coule au milieu du canton de Saint-Gaudens : tant que des ponts de bois mal asseurés peuvent résister à l’action des eaux, la communication de la rive droite avec le chef-lieu est prompte et facile, mais si une inondation de la Garonne emporte tout à la fois les ponts de Valentine et de Miramond, ce qui arrive souvent, notre canton se trouvera partagé en deux moitiés innaccessibles. Si le 1 Lecture incertaine. Peine qu’on inflige à ses héritiers, les privant ainsi de leur héritage. 3 Comprendre « donc ». 2 passage se trouve encore intercepté à l’époque d’une assemblée primaire, les communautés de Labarthe, Miramond, Aspret, Régades etc. ne pouvant aboutir au chef-lieu que par un long et pénible circuit de cinq ou six lieux4, se verront forcées ou de renoncer à leurs assemblées primaires ou de former d’autres centres de réunion sur la rive droite de la Garonne. Elles ne pourront non plus se rendre devant le juge de paix. La ville de Valentine présente naturellement ce centre de réunion aux communautés de la rive droite. En général, l’aggrégation des communautés de deux rives opposées quand il s’agit des relations habitueles et journalières est dont5 vicieuses et, tôt ou tard, la nature nous punit de la violation de ses limites. Quoique les deux villes de Saint-Gaudens et Valentine soient peu éloignées l’une de l’autre, un chef-lieu de canton convient donc à l’une et à l’autre. Mais doit-on ôter aujourd’huy un chef-lieu de canton à quelque ville voisine pour l’accorder à Valentine ? Non, Messieurs, je connois vos sentimens généreux, vous n’entendez ny ne voulez disputer un canton à aucune ville du district ; toutes celles qui en jouyssent méritent cette faveur asseurément et si vous ne deviez l’obtenir qu’à ce prix ,vous y renonceriez incontinent et vous feriez volontiers ce sacrifice aux sentimens inaltérables de bienveillence qui vous unissent à toutes les villes du district ; mais le nombre des cantons d’un district n’étant point si rigoureusement limité qu’on ne puisse céder aux localités toujours impérieuses, on peut facillement créer un canton à Valentine et y annexer avec néanmoins leur consentement quelques communautés de son voisinage qui se trouvent sur la rive droite de la Garonne telles que Labarthe-de-Rivière, Cier, Ardiège, Martres, Pointis-de-Rivière, Sauveterre, Aspret, Régades, Encausse, Payssous et Miramont ; la plupart de ces communautés on déjà manifesté leurs vœux à cet égard. En effet, ces communautés sont presque toutes plus près de Valentine que des cantons de Saint-Gaudens, Aspect, Monréjeau et Saint-Bertrand auxquels elles ont été annexées et il seroient plus commodes pour elles de s’y réunir et leurs distractions des ces cantons trop nombreux ne sauroient qu’affaiblir utilement ses derniers en multipliant les centres des assemblées primaires et accélérer l’expédition des affaires. Je propose donc à l’assemblée de présenter une pétition à MM. les administrateurs du département de la Haute-Garonne pour qu’ils veuillent bien accorder un chef-lieu de canton à la ville de Valentine tant en considération des pertes qu’elle a essuyées dans la nouvelle organisation qu’en raison des convennences locales. Ce qui a été délibéré conformément aux propositions du procureur de la commune, l’assemblée chargeant MM. les officiers municipaux d’envoyer un extrait de la présente pétition à MM. les administrateurs du département de la Haute-Garonne et de faire auprès d’eux toutes les démarches nécessaires. Et les délibérans ont signé : Cazaugran, maire signé, Dupuy, Baric, Sempé, Prat et Sénac, officiers municipaux signés, Saux, Adoue, Cazaugran fils et Boyé notable signé, Abadie, procureur de la commune. Collationné. Adoue, secrétaire greffier 4 5 Comprendre « lieues ». Une lieue équivaut environ à 4 km. Comprendre « donc ». Document 7 Lettre des anciens chanoines de Saint-Bertrand-de-Comminges au ministre Arch. dép. de la Haute-Garonne, 1 L 438 pièce 61 Citoyen ministre, Dix sept ecclésiastiques, cy-devant bénéficiers du cy-devant chapitre de SaintBertrand, département de la Haute-Garonne, district de Saint-Gaudens, viennent d’être [d’être] dénoncés comme dangereux à l’ordre public. Cette dénonciation vague est faite par des citoyens éloignés de plusieurs lieues du domicille des dénoncés. L’attestation cy-jointe du conseil de la commune de Saint-Bertrand et la pétition qui la précède vous apprendront si nous avons mérité de subir la peine prononcée par la loi du 26 août dernier contre les perturbateurs de l’ordre public. Nous sommes informés, citoyen ministre, qu’ayant été prié par d’autres ecclésiastiques d’un département voisin ou d’un autre, dénoncés comme nous les sommes, d’interpréter cette loi, vous aves décidé que les corps administratifs ne devoient accueillir et faire metre à exécution que les dénonciations motivées sur des délits connus. S’il en est ainsi, nous vous supplions de vouloir étendre jusqu’à nous cette protection de la loi en écrivant au département de la Haute-Garonne ou au district de Saint-Gaudens, qui a reçu la dénonciation, pour prévenir le coup rigoureux dont nous sommes menassés. On ne peut pas regarder comme un rassemblement notre résidence dans la ville de Saint-Bertrand : au lieu de soixante ecclésiastiques qu’il y avoit pendant l’existance du chapitre, il n’y en a plus qu’une vingtaine. Nous y résidons encore, à cause de la tranquillité qui y a reigné jusqu’à ce moment, et pour y garder les maisons que nous y possédons, devenues sans valeur par le deffaut d’habitans dans ce petit lieu enfoncé dans les montagnes des Pirennées et qui demeureroient exposées, si nous les quitions, au pillage des brigands qui infestent le pays. Nous espérons, citoyen ministre, de votre humanité et de votre justice, que s’il est en votre pouvoir quelque moyen d’arrêter l’effet de la dénonciation, vous voudrais bien en faire usage avant l’expiration du terme fixé par la loi. Sans cesse occupé du bonheur de la nation française, notre demande ne vous paretra pas éloignée de cet important objet. Nous sommes avec un très profond respect, Tredolat au nom des ecclésiastiques mentionnés ci-dessus Saint-Bertrand, le 4ème décembre 1792 1er de la République française Document 8 Lettre de la citoyenne Sabatier, détenue à Mont-Unité (SaintGaudens) au représentant du peuple Malarmé Arch. dép. de la Haute-Garonne, 1 L 432 pièce 7 La citoyenne Sabatier, (détenue de Mont-Unité) Au représentant du peuple Malarmé Citoyen représentant, La protection que tu as toujours accordée aux malheureux Sans-culotes et souffrans et à l’inocence opprimée, m’engage aujourd’hui à venir te faire le tableau de mon triste état et de mon innocence. Je suis Sans-culote : je n’ay aucune espèce de propriété, ma profession est d’être couturière, elle m’a procuré du pain, du pain ainsy que pour deux enfants femeles dont je suis mère. Il y a environ neuf mois que je gémis dans la maison de réclusion de Mont-Unité où j’ay bezoin journellement que quelque personne charitable vienne m’ettendre1 [sic] une main secourable car j’y aurais infailliblement succombé sous le poids de la plus affreuse misère sans la commisération d’autruy et mes filles ont été pendant tout ce tems dans le plus grand abandon ; j’ay été même constament privée de les voir parce que cela aurait pu contribuer à adoucir mes maux. Un prétendu crime d’émigration attribué à mon mary est cause de tant de rigueur envers moy. Voicy, citoyen représentant, sur quoy il est fondé : Sabatier était archiviste au district de Mont-Unité, son zèle et ses lumières lui eurent bientôt attiré la jalousie et la haine de quelques administrateurs et membres du corps judiciaire qui chergèrent [sic] toujours l’occasion de lui nuire. Se trouvant à Bagnères où il s’est rendu pour rétablir par l’uzage des bains sa santé délabrée, il y eut un différent avec un de ses ennemis à qui il proposa de le vuider en honneur2 l’épée à la main ; celui-cy, trop lâche, refusa la partie mais son ressentiment en redoubla ; il fit jouer touts les ressorts possibles pour perdre mon mary ; il se servit même de son authorité d’homme public ; il voulut le faire arrêter ; il luy mit en conséquence la gendarmerie aux trousses, il fit apposer le sellé sur ses effets. Mon mari, déconcerté par tant de violance, fut obligé de se cacher et enfin de fuir ; l’un est autant à présumer que l’autre ; mais la malveillance le fit réputer émigré. C’est là l’origine de mes malheurs ; j’étais absente, citoyen représentant, quand mon mary fut en bute à ces traits de la vindicative malveillance ; une dangereuse maladie me retennait au lit à Bagnères et à mon retour, le souvenir douloureux m’en déchire encore les entrailles, mes enfans tous éplorées viennent m’annoncer qu’il ne nous reste plus d’azille ; l’entrée de la chambre où nous étions à loyer nous est interditte. J’appris de quelle manière barbare ces innocentes créatures en avait été chassées. C’était à l’entrée de la minuit, on leur donna pas le tems de prendre les vivres qui y 1 2 Comprendre « me tendre » Comprendre « régler en gentilhomme » était, on les y laissa pourrir ; sans habits, sans linge, ne sachant à qui recourir ; l’humanité en eut compassion… La force me manque pour poursuivre un pareil exès de cruauté. De depuis, j’ay toujours été persécutée, traittée comme femme d’émigré et recluse. Je ne pouvais d’abord me figurer que mon mary eut pu me délaisser. J’espères en son retour ; mais enfin, désabuzée, je fis divorce. Néanmoins, on n’a pas eu plus d’égard pour moi qu’auparavant, tandis qu’on a rendu la liberté à des femmes ci nobles émigré qui ont pris les armes contre la République après avoir fait divorce ; et moy Sans-culotte, moy qui n’ay que mes doits pour me procurer la vie et la procurer à mes deux enfans, je jémis dans les horreurs d’une maison de réclusion où la compassion d’autruy me fait faiblement subsister. Tel est, citoyen représentant, mon triste état. Si je voulais entrer dans le détail de mes souffrances, je t’arracheres certainement des larmes, mais je ne cherche point à t’appitoyer en m’enparant de ta protection par un langage sensible. J’ay voulu seulement te faire connaître la vérité toute nue en fin d’obtenir la liberté dont je n’ay jamais été indigne de la justice que je réclame. Sabatier Le Comminges à travers ses archives. Choix de documents sur la Révolution française RESULTATS DE VENTES PAR MUNICIPALITE OU COMMUNE ET ORIGINE DE 1791 A 1815 Municipalités ou communes Superficie vendue 1ère origine 4 ha 30 a 14 ca Prix d’ajudication des biens vendus Nombre de ventes Total Propriétés bâties seulement 6 116 livres 5 1 0 ha 36 a 53 1 774 3 1 57 a 29 1 500 1 16 ha 07 a 00 35 100 1 4 77 a 73 8 530 4 1 origine 24 ha 46 a 97 64 355 32 4 1ère origine 07 a 11 1 339 2 2 origine 51 a 57 14 589 2 1 1ère origine 9 ha 43 a 65 190 096 25 2 Total pour la 1ère origine 3782 ha 92 a 97 6 693 627 1462 331 Total pour la 2ème origine 2630 ha 40 a 36 5 291 563 1176 110 Total général pour le district 6413 ha 33 a 33 11 985 190 2638 441 Terrebasse Touille Trébons Valcabrère Valentine VilleneuveLécussan Villeneuve-deRivière Document 11 2ème origine 1ère origine 2ème origine 1ère origine 2ème origine 1ère origine 2ème origine 1ère origine ème 2 ème 2 2ème origine Proportions en % des superficies vendues Surface totale de la commune en hectare 0,45 948 0,05 649 0,68 83 10,60 151 3,12 807 0,03 1 610 0,69 1 375 3,6 % 189 245 3,6 % 189 245 AD H-G : BH In 8° 492 TABLEAU DE CONCORDANCE DES CALENDRIERS REPUBLICAIN ET GREGORIEN Noms Républicains 1er vendémiaire 15 vendémiaire 1er brumaire 15 brumaire 1er frimaire 15 frimaire 1er nivôse 15 nivôse 1er pluviôse 15 pluviôse 1er ventôse 15 ventôse 1er germinal 15 germinal 1er floréal 15 floréal 1er prairial 15 prairial 1er messidor 15 messidor 1er thermidor 15 thermidor 1er fructidor 15 fructidor 5ème jour complémentaire 6ème jour complémentaire An II 1793-1794 An III 1794-1795 An IV 1795-1796 An V 1796-1797 An VI 1797-1798 An VII 1798-1799 An VIII 1799-1800 An IX 1800-1801 An X 1801-1802 An XI 1802-1803 An XII 1803-1804 22 sept. 1793 6 oct. 22 oct. 5 nov. 21 nov. 1793 5 déc. 21 déc. 4 janv. 1794 20 janv. 1794 3 fév. 19 fév. 5 mars 21 mars 1794 4 avril 20 avril 4 mai 20 mai 1794 3 juin 19 juin 3 juil. 19 juil. 1794 2 août 18 août 1er sept. 21 sept. 1794 22 sept. 1794 6 oct. 22 oct. 5 nov. 21 nov. 1794 5 déc. 21 déc. 4 janv. 1795 20 janv. 1795 3 fév. 19 fév. 5 mars 21 mars 1795 4 avril 20 avril 4 mai 20 mai 1795 3 juin 19 juin 3 juil. 19 juil. 1795 2 août 18 août 1er sept. 23 sept. 1795 7 oct. 23 oct. 6 nov. 22 nov. 1795 6 déc. 22 déc. 5 janv. 1796 21 janv. 1796 4 fév. 20 fév. 5 mars 21 mars 1796 4 avril 20 avril 4 mai 20 mai 1796 3 juin 19 juin 3 juil. 19 juil. 1796 2 août 18 août 1er sept. 22 sept. 1796 6 oct. 22 oct. 5 nov. 21 nov. 1796 5 déc. 21 déc. 4 janv. 1797 20 janv. 1797 3 fév. 19 fév. 5 mars 21 mars 1797 4 avril 20 avril 4 mai 20 mai 1797 3 juin 19 juin 3 juil. 19 juil. 1797 2 août 18 août 1er sept. 22 sept. 1797 6 oct. 22 oct. 5 nov. 21 nov. 1797 5 déc. 21 déc. 4 janv. 1798 20 janv. 1798 3 fév. 19 fév. 5 mars 21 mars 1798 4 avril 20 avril 4 mai 20 mai 1798 3 juin 19 juin 3 juil. 19 juil. 1798 2 août 18 août 1er sept. 22 sept. 1798 6 oct. 22 oct. 5 nov. 21 nov. 1798 5 déc. 21 déc. 4 janv. 1799 20 janv. 1799 3 fév. 19 fév. 5 mars 21 mars 1799 4 avril 20 avril 4 mai 20 mai 1799 3 juin 19 juin 3 juil. 19 juil. 1799 2 août 18 août 1er sept. 23 sept. 1799 7 oct. 23 oct. 6 nov. 22 nov. 1799 6 déc. 22 déc. 5 janv. 1800 21 janv. 1800 4 fév. 20 fév. 6 mars 22 mars 1800 5 avril 21 avril 5 mai 21 mai 1800 4 juin 20 juin 4 juil. 20 juil. 1800 3 août 19 août 2 sept. 23 sept. 1800 7 oct. 23 oct. 6 nov. 22 nov. 1800 6 déc. 22 déc. 5 janv. 1801 21 janv. 1801 4 fév. 20 fév. 6 mars 22 mars 1801 5 avril 21 avril 5 mai 21 mai 1801 4 juin 20 juin 4 juil. 20 juil. 1801 3 août 19 août 2 sept. 23 sept. 1801 7 oct. 23 oct. 6 nov. 22 nov. 1801 6 déc. 22 déc. 5 janv. 1802 21 janv. 1802 4 fév. 20 fév. 6 mars 22 mars 1802 5 avril 21 avril 5 mai 21 mai 1802 4 juin 20 juin 4 juil. 20 juil. 1802 3 août 19 août 2 sept. 23 sept. 1802 7 oct. 23 oct. 6 nov. 22 nov. 1802 6 déc. 22 déc. 5 janv. 1803 21 janv. 1803 4 fév. 20 fév. 6 mars 22 mars 1803 5 avril 21 avril 5 mai 21 mai 1803 4 juin 20 juin 4 juil. 20 juil. 1803 3 août 19 août 2 sept. 24 sept. 1803 8 oct. 24 oct. 7 nov. 23 nov. 1803 7 déc. 23 déc. 6 janv. 1804 22 janv. 1804 5 fév. 21 fév. 6 mars 22 mars 1804 5 avril 21 avril 5 mai 21 mai 1804 4 juin 20 juin 4 juil. 20 juil. 1804 3 août 19 août 2 sept. 23 sept. 1804 7 oct. 23 oct. 6 nov. 22 nov. 1804 6 déc. 22 déc. 5 janv. 1805 21 janv. 1805 4 fév. 20 fév. 6 mars 22 mars 1805 5 avril 21 avril 5 mai 21 mai 1805 4 juin 20 juin 4 juil. 20 juil. 1805 3 août 19 août 2 sept. 21 sept. 1795 21 sept. 1796 21 sept. 1797 21 sept. 1798 21 sept. 1799 22 sept. 1800 22 sept. 1801 22 sept. 1802 22 sept. 1803 22 sept. 1804 22 sept. 1805 22 sept. 22 sept. 23 sept. An XIII 1804-1805 An XIV 1805 23 sept.1805 7 oct. 23 oct. 6 nov. 22 nov. 1805 6 déc. 22 déc. LES NOMS REVOLUTIONNAIRES DES COMMUNES DE LA HAUTE-GARONNE 1 Arnaud-Guilhem Bastide-des-Feuillants (La) Croix-Daurade Gaillac-Toulza Ginestou Lande (La) Lardenne Montaudran Pouvourville Ramefort Saint-André ou Andreau Saint-Agne Saint-Béat Saint-Bertrand-de-Comminges Saint-Cézert Saint-Clar-de-Rivière Saint-Cyprien Saint-Elix Saint-Elix Saint-Ferréol Saint-Foy-d’Aigrefeuille Sainte-Foy-de-Peyrolières Saint-Frajou Saint-Gaudens Saint-Ignan Saint-Jean-de-Kyrie-Eleison Saint-Jean-de-Poucharramet Saint-Julia-de-Gras-Capou Saint-Lary Saint-Laurent-de-l’Isle Saint-Loup Saint-Lys Saint-Mamet Saint-Marcet Saint-Martin-du-Touch Saint-Martory Saint-Médard Saint-Michel-Ferrery Saint-Nicolas Saint-Paul-d’Oueil Saint-Plancard Saint-Sabin-d’Escanecrabe Saint-Simon Saint-Sulpice Saint-Thomas Trois-Cocus (Les) 1 2 Commune de Saint-Martory Commune de Rieumes Commune de Toulouse Commune de Cintegabelle Commune de Toulouse Commune de Toulouse Commune de Toulouse Commune de Toulouse Commune de Toulouse Commune de Cassagnabère Commune d’Aurignac Commune de Toulouse Chef-lieu de canton Chef-lieu de canton Commune de Grenade Commune-de-Saint-Lys Faubourg de Toulouse Commune d’Aurignac Commune de Carbonne Commune de Boulogne Commune de Lanta Commune de Saint-Lys Commune de l’Isle-en-Dodon Chef-lieu d’arrondissement Commune de Saint-Gaudens Commune de Toulouse Commune de Rieumes Commune de Revel Commune de Boulogne Commune de l’Isle-en-Dodon Commune de Boulogne Chef-lieu de canton Commune de Bagnères-de-Luchon Commune de Saint-Gaudens Commune de Toulouse Chef-lieu de canton Commune de Saint-Martory Commune de Toulouse Faubourg de Toulouse Commune de Bagnères-de-Luchon Commune de Montréjeau Commune de Boulogne Commune de Toulouse Commune de Carbonne Commune de Saint-Lys Commune de Toulouse Mont-Raisin La Bastide-Clermont 2 Prairial Gaillac-la-Montagne Nivôse Floréal Vendémiaire Messidor Ventôse Rame-Libre Mont-Désert Germinal Entremons Hauteville Cézert-Libre Plaisance-d’Encataly La Gaîté Plaisance Mont-Félix Belle-Vue L’Unité Peyroulières Belle-Serre Mont-Unité L’Union L’Union 1 Egalité-de-la-Bure Mont-Républicain ou Mont-Civique Mont-Ilaire Bellerive-sur-Save Salut Eaubelle Bonne-Garde Mont-Rocher Fructidor Montagne-sur-Garonne Haute-Vue Thermidor La République Maylin-d’Oueil Vallon-Libre Escanecrabre 2 Brumaire Libre-Lèze Le Désert Frimaire Index des noms révolutionnaires des communes de France, Poitiers, impr. Blais et Roy, 1896 (AD H-G : BH In 8° 1329) Communes dont les dénominations révolutionnaires ont persisté jusqu’à présent. MONNAIES, POIDS ET MESURES AVANT LA REVOLUTION L’adoption du calcul décimal pour les poids et mesures (le « système métrique ») et pour les monnaies (le franc) date de l’an III (1795). Auparavant, les poids et mesures étaient extrêmement variables sur l’étendue du royaume de France ; l’unité de compte pour la monnaie était unique, mais non fondée sur le système décimal. a) Monnaies La livre valait 20 sous et le sol valait 12 deniers. b) Mesures de longueur La toise était la mesure de Paris et de l’administration royale. Elle mesurait 1,949 m et se divisait en 6 pieds (0,324 m) ; le pied en 12 pouces (2,7 cm) ; le pouce en 12 lignes (2,25 mm) ; et la ligne en 12 points (0,18 mm). A Toulouse, l’unité de mesure de longueur était la canne. Elle mesurait 1,796 m et se divisait en 8 pans ou empans (22,45 cm) ; le pan en 8 pouces (2,80 cm) ; le pouce en 8 lignes (3,50 mm) et la ligne en 8 points (0,43 mm). La canne de Toulouse était largement utilisée dans l’ouest du Languedoc, mais l’on trouvait d’autres cannes, par exemple à L’Isle-en-Dodon (1,828 m) ; Salies-du-Salat et Saint-Martory (1,808 m) ; Villemur (1,822 m), etc. c) Mesures agraires Les mesures utilisées pour mesurer la superficie des terrains agricoles étaient extraordinairement complexes et variables d’une communauté d’habitants à l’autre, parce que la mesure de longueur qui servait de base au calcul variait (canne de Toulouse, de L’Isle-en-Dodon, etc. ), parce que le mode de calcul, qui n’était pas fondé comme aujourd’hui sur le système décimal, variait, et parce que les unités principales de superficie (l’arpent, la sétérée) étaient divisées en sous-unités très variables. Le plus souvent, l’unité de longueur qui servait de base au calcul n’était pas la canne, mais la perche. Celle-ci était composée d’un certain nombre d’empans. Par exemple, la perche de Toulouse était de 14 empans (14 x 22,45 cm = 3,143 m), la perche de Carbonne était de 10 empans de la mesure de la canne de Toulouse (10 x 22,45 cm = 2,245 m), la perche de Revel de 16 empans de la mesure de la canne de Toulouse (16 x 22,45 cm = 3,592 m), etc. L’arpent de Toulouse était composé de 576 perches carrées (soit un carré de 24 x 24 perches). L’arpent (56,903 ares) se divisait en 4 pugnères, la pugnère (14,225 ares) en 8 boisseaux, le boisseau (1,778 ares) contenait 18 perches carrées (la perche carrée représentant 0,098 ares). Dans le canton d’Aspet, à Saint-Gaudens, Valentine et autres lieux, on utilise l’arpent d’Aspet. Celui-ci est basé sur la perche linéaire de Toulouse, mais se compose de 1152 perches carrées (soit le double de la superficie de l’arpent de Toulouse). L’arpent (113,806 ares) se divise en 3 journaux (37,93 ares) ; le journal en 6 mesures ou places (6,322 ares) ; la mesure contient 64 perches carrées (la perche carrée représentant 0,098 ares). d) Poids La livre poids de marc, qui servait à peser les monnaies et les métaux précieux, était unique pour tout le royaume. La livre contenait 2 marcs ; le marc contenait 8 onces ; l’once contenait 8 gros ; le gros contenait 3 deniers ; le denier contenait 24 grains. 1 livre = 0,4895 kg 1 grain = 0,053115 gr CHRONOLOGIE 8 août 1788 février, mars, avril 1789 5 mai 1789 12 juin 1789 20 juin 1789 14 juillet 1789 17 juillet 1789 4 août 1789 26 août 1789 2 novembre 1789 15 janvier 1790 17 avril 1790 12 juillet 1790 24 novembre 1790 20 juin 1791 16 juillet 1791 18 septembre 1791 20 avril 1792 10-13 août 1792 21 septembre 1792 22 septembre 1792 21 janvier 1793 10 mars 1793-1800 5 septembre 1793 17 septembre 1793 5 septembre 1793 25 vend. an II 20 prairial an II 10 thermidor an II 1er vendémiaire an IV 24 vendémiaire an IV 4 brumaire an IV Le Conseil d’Etat fixe au 1er mai 1789 la tenue des Etats généraux Rédaction des cahiers de doléances et élection des députés aux Etats généraux Ouverture des Etats généraux L’Assemblée devient Assemblée nationale Serment du jeu de Paume Prise de la Bastille Le roi reçoit la cocarde tricolore à l’Hôtel de ville de Paris Décrets abolissant les droits féodaux, les justices seigneuriales et les autres privilèges du clergé et de la noblesse Adoption par l’Assemblée de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen Les biens du clergé sont mis à la disposition de la Nation pour être vendus Découpage de la France en 83 départements L’assignat devient billet de banque Constitution civile du clergé Décret obligeant le clergé à prêter serment à la constitution civile du Clergé Le roi tente de s’enfuir mais est reconnu à Varennes et ramené à Paris La déchéance du roi est votée par l’Assemblée Proclamation de la Constitution : la souveraineté revient à la Nation, la royauté est héréditaire et le roi inviolable et sacré La France déclare la guerre à la Bohème et à la Hongrie (début de longues périodes de guerres révolutionnaires) Chute de la royauté et destruction de tous les symboles royaux Proclamation de la République Premier vendémiaire de l’an I de la République. Exécution de Louis XVI sur la place de la Révolution Emeutes contre-révolutionnaires en Vendée (Chouans) Décret de la Convention : « La Terreur est à l’ordre du jour » Arrestation de tous les suspects : les nobles et ceux reconnus ennemis de la liberté : 600000 à Paris Adoption du calendrier républicain Exécution de la reine Marie-Antoinette Fête de l’Etre suprême Exécution de Robespierre Nouvelle Constitution Bonaparte est nommé général Loi d’amnistie pour tous les faits relatifs à la Révolution. Fin de la période révolutionnaire GLOSSAIRE 1 Assignat : devant les difficultés financières et la nécessité de rembourser les dettes de l’État, les députés de la Constituante décident de mettre en vente les biens du clergé (les « biens nationaux ». Ils décident alors l’émission de 400 millions d’assignats, c’est à dire de billets « assignés sur les biens du clergé ». Biens nationaux : tous les biens mobiliers, immobiliers et fonciers saisis par la Nation et mis en vente à son profit. On distingue les biens de première origine qui proviennent pour l’essentiel des biens du clergé et les biens de seconde origine constitués par le séquestre des biens des émigrés et des suspects. La vente des biens nationaux dure de 1791 à 1825. C’est une opération considérable puisqu’on estime que le transfert de propriété qui en résulte porte sur des surfaces représentant 20% du territoire et sur des sommes de l’ordre de six milliards de francs. Calendrier révolutionnaire : pour marquer le changement de régime, les députés décident en 1793 de compter le temps d’une manière différente. Ils considèrent que la première année de la République française a commencé le 22 septembre 1792 pour finir le 21 septembre 1793 à minuit. Le décret est adopté le 5 octobre 1793 et mis en application dans le courant du même mois. L’aspect anti-chrétien apparaît avec la suppression du dimanche, la substitution de vertus, d’instruments aratoires, de fruits, de fleurs, d’animaux domestiques, aux noms des saints. Les douze mois portent des noms évoquant les saisons et sont divisés en trois décades. Cahier de doléances : ces cahiers ont été rédigés par les trois ordres pour préparer les Etats généraux. Ils s’adressent au roi et font la liste de toutes les améliorations possibles de la situation du royaume et des réformes souhaitables. Département : avant la Révolution, les diverses circonscriptions administratives, judiciaires, militaires, fiscales se chevauchent de manière inextricable. L’Assemblée nationale constituante adopte les principes suivants : division en départements, districts, cantons, communes, en tenant compte de la richesse de la population et des moyens de liaison. On estime que le chef-lieu de département doit pouvoir être atteint de tous les lieux du département en un jour et que le chef-lieu de district doit pouvoir être accessible, aller-retour, en une journée. Les nouveaux départements reçoivent des noms inspirés de la géographie, du fleuve ou de la rivière qui les traverse. Emigrés : ce mot apparaît en 1790 pour désigner les personnes qui ont quitté la France à la suite des événements politiques de l’été 1789. L’émigration est légale jusqu’à la fuite du roi et des menées contre-révolutionnaires de 1791. Le 31 octobre 1791, des décrets définissent l’émigration comme un crime assimilé à la conspiration, passible de la peine de mort et de la confiscation des biens. Des décrets du 26 août 1792 prévoient la déportation des prêtres réfractaires et les assimilent aux émigrés. Ordres : au XVIIIe siècle, on emploie ce mot pour désigner la division juridique de la société en trois groupes : le clergé, la noblesse et le tiers état. Le clergé : cet ordre, que les lois reconnaissent comme le premier du royaume, est composé de toutes les personnes engagées par des vœux dans les ordres sacrés. Il représente 140 000 personnes 1 PERONNET, Michel, Les 50 mots clefs de la Révolution française, Paris, Privat, 1988. en 1789. On distingue le clergé régulier (les moines) et le clergé séculier (les desservants des paroisses, les chanoines…). La noblesse : il existe une noblesse de cour, une noblesse de haute administration, une noblesse judiciaire qui exerce dans les parlements et une noblesse provinciale qui vit sur ses terres de ses revenus ou sert dans l’armée du roi. La noblesse de 1789 forme un ordre dirigeant. Les nobles sont ministres, juges, intendants, maréchaux, lieutenants généraux ou évêques. Le tiers état : c’est le troisième groupe politique de la monarchie. Ils ne possèdent pas de privilèges. On y trouve les grands marchands, les banquiers, les manufacturiers, les hommes de science, les juristes, les professeurs, les médecins, les artisans et les paysans, c’est-à-dire 80% de la population de la France. Registres paroissiaux - registres d’état civil : depuis le XVIe siècle, la monarchie avait confié aux curés des paroisses le soin d’enregistrer les baptêmes, mariages et sépultures ecclésiastiques. Le 20 septembre 1792, l’Assemblée prend une série de mesures concernant l’état civil (les dispositions de droit civil entourant la naissance légitime ou non, le destin des enfants illégitimes, le mariage, la dévolution des biens successoraux et le divorce). Pour soustraire la tenue des registres, constatant l’état des personnes et permettant d’établir des liens de famille, aux divers aléas des luttes religieuses, les législateurs décident de la confier aux officiers municipaux. Cette mesure est purement de circonstance et il n'y a là aucune manifestation d'hostilité à l'Eglise. Les registres de naissance, de mariage et de décès sont tenus en double : une série reste dans la commune, l’autre série, vérifiée par les autorités de district, passe à la garde des assemblées départementales. BIBLIOGRAPHIE La Révolution et le Midi toulousain ADHER, J., La Révolution à Toulouse et dans la Haute-Garonne : "l'enlèvement" de Louis XVI, Toulouse, Douladoure, 1903 (AD H-G : BH Br 8° 967) CONNAC, Emile, Histoire de la Révolution à Toulouse et dans le département de la Haute-Garonne, Toulouse, Douladoure-Privat, s. d. (AD H-G : BH Privat In 4° 2026) GODECHOT, Jacques, La Révolution française dans le Midi toulousain, Toulouse, Privat, 1986 (AD H-G : BH In 8° 2761) Révolution et Contre-Révolution dans la France du Midi (1789-1799), Travaux réunis par Jean SENTOU, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 1991 (AD H-G : BH In 8° 3755) La Révolution, institutions et symboles. 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