Le texte narratif et ses genres

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Le texte narratif et ses genres
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CHAP
ITR
E
Le texte narratif et ses genres
Le texte narratif
Le contenu
L’organisation
du texte narratif
Les caractéristiques
textuelles
Le lieu
Le schéma narratif
Le point de vue
L’époque
Les genres
La cohérence textuelle
Des personnages
L’organisation graphique
L’esthétique
Les insertions,
ou séquences
La présente carte sémantique a pour but d’établir, dès le début de la lecture, les
liens principaux entre les éléments de l’univers narratif. Bien sûr, il en existe
d’autres. Nous avons toutefois choisi les suivants en fonction de la clientèle et
des objectifs visés.
Quelle est l’une des premières activités intellectuelles que les parents font avec joie,
fierté, parfois déjà en étant un peu anxieux ? Celle de choisir un album, d’asseoir
leur jeune enfant contre eux et de lui raconter une histoire. Le tout commencera
sans doute par Il était une fois… Le livre s’ouvre, les images défilent, les personnages
se mettent à parler et à bouger. Ce seront des animaux, des fées, des lutins, des
sorcières, d’autres petits enfants. La magie se produira-t-elle ? La plupart du temps,
oui. L’enfant viendra se rasseoir et demandera qu’on lui raconte encore une
histoire. Un peu plus vieux, il choisira son album préféré, reconnaîtra les personnages, fera semblant d’être capable de lire, ajoutera des personnages, des péripéties,
changera la fin, etc. Situation particulière, direz-vous ? Pas nécessairement. Jamais
il n’y a eu autant d’albums magnifiques remplis d’illustrations surprenantes ;
l’imaginaire des petits a rarement été autant stimulé. La plupart des parents sont
sensibilisés à l’importance de la lecture quotidienne et la font.
Narrer, c’est-à-dire raconter, est une tradition millénaire. Toujours il y a eu des
histoires. Elles étaient, au début, orales, puis elles sont apparues sur les murs des
cavernes sous forme graphique et par la suite sur des tablettes, pour, peu à peu,
être conservées sur des rouleaux de papier. Ensuite sont apparues les feuilles
détachées, remplies à la main avec de l’encre et des plumes, la machine à écrire et
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l’ordinateur. On y racontait des histoires de chasse, de pêche, de revenants, de
voyages lointains et interminables, d’amour fidèle et de trahison. Les histoires
devenaient alors des légendes ou des contes. Elles servaient à créer des mythes, à
motiver les guerriers, à expliquer les longs départs, à faire la morale, à faire rêver
les amoureux ou à faire peur, pour ensuite s’inscrire dans l’histoire de la littérature
ou être oubliées.
Le texte narratif, comme nous l’appellerons ici, a adopté plusieurs genres au
cours des siècles. Pensons au roman historique, psychologique ou fantastique, au
roman d’aventures et au roman d’amour ; pensons à la fable (satirique, moralisatrice) et conte (fantastique, féerique) ; pensons à la nouvelle (dramatique, cynique,
humoristique) ; pensons aux textes courants tels que la chronique de voyage qui
peut être aussi littéraire, au manuel d’histoire qui raconte à sa façon, aux faits
divers à la source d’une multitude de nouvelles et de romans et, enfin, à la
biographie et à l’autobiographie. La liste est longue, mais elle est loin d’être
exhaustive. On parle souvent de l’influence de grands penseurs tels que Socrate,
Marx, Sartre et bien d’autres. N’empêche que l’on doit aussi reconnaître l’influence des textes narratifs sur l’évolution des mentalités et notre ouverture sur
le monde. Citons, pour n’en nommer que quelques-uns, les grandes odyssées
classiques, Iliade et Odyssée, les histoires d’amour dévastatrices comme Tristan et
Yseult et Roméo et Juliette, les drames sociaux tels que Germinal et Notre-Dame
de Paris, les drames moraux tels que La Peste, les drames philosophiques comme
Le Procès et Le Petit Prince et les contes de fées qui fascinent encore tels que
La Belle et la Bête, Cendrillon et Les Musiciens de Brême, remplacés aujourd’hui
par le conte fantastique. Pensons à la trilogie de Tolkien : Le Seigneur des
anneaux. On ne devrait pas oublier non plus Harry Potter, ce jeune sorcier aux
lunettes qui a conquis des millions de jeunes lecteurs et qui a donné une leçon
à tous ceux qui pensaient qu’il fallait s’astreindre à fournir à nos élèves des lectures simplistes et réductrices. Tout à coup, parce que l’univers narratif imaginaire proposé était envoûtant et bien décrit, les jeunes et les moins jeunes se
sont plongés dans des aventures fabuleuses. Ils ont admiré cet univers magique,
s’y sont identifiés dans certains cas, lisant avec attention, curiosité et plaisir des
milliers de pages ! Tous ces manuscrits écrits depuis des siècles ont influencé leur
lectorat, créé des attentes et ont fait connaître des univers réels et imaginaires
insoupçonnés. Certains ont aussi gagné d’autres univers médiatiques, en particulier le cinéma et la télévision. Il s’agit là d’une ouverture culturelle indéniable,
dont on ne devrait pas laisser passer les avantages. Faire un lien direct avec le
domaine général de formation « les médias » et avec l’ouverture au monde littéraire est ici tout indiqué.
Combien de livres ces médias modernes et efficaces ont-ils récupérés ? La majorité
des grands films prennent leur origine dans le texte narratif, plus précisément dans
certains genres, dont le roman. Nous nous émerveillons devant les réalisations
cinématographiques, mais nous oublions trop souvent que c’est un roman
(Le Patient anglais de Michael Ondaatje), une nouvelle (Le Torrent d’Anne
Hébert) ou encore une biographie – combien de films ont été écrits sur
Napoléon ? – qui leur ont donné naissance.
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