Le texte narratif et ses genres
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Le texte narratif et ses genres
12/22/04 2:02 PM Page 36 2 1807-RD chap 02 (036-064) CHAP ITR E Le texte narratif et ses genres Le texte narratif Le contenu L’organisation du texte narratif Les caractéristiques textuelles Le lieu Le schéma narratif Le point de vue L’époque Les genres La cohérence textuelle Des personnages L’organisation graphique L’esthétique Les insertions, ou séquences La présente carte sémantique a pour but d’établir, dès le début de la lecture, les liens principaux entre les éléments de l’univers narratif. Bien sûr, il en existe d’autres. Nous avons toutefois choisi les suivants en fonction de la clientèle et des objectifs visés. Quelle est l’une des premières activités intellectuelles que les parents font avec joie, fierté, parfois déjà en étant un peu anxieux ? Celle de choisir un album, d’asseoir leur jeune enfant contre eux et de lui raconter une histoire. Le tout commencera sans doute par Il était une fois… Le livre s’ouvre, les images défilent, les personnages se mettent à parler et à bouger. Ce seront des animaux, des fées, des lutins, des sorcières, d’autres petits enfants. La magie se produira-t-elle ? La plupart du temps, oui. L’enfant viendra se rasseoir et demandera qu’on lui raconte encore une histoire. Un peu plus vieux, il choisira son album préféré, reconnaîtra les personnages, fera semblant d’être capable de lire, ajoutera des personnages, des péripéties, changera la fin, etc. Situation particulière, direz-vous ? Pas nécessairement. Jamais il n’y a eu autant d’albums magnifiques remplis d’illustrations surprenantes ; l’imaginaire des petits a rarement été autant stimulé. La plupart des parents sont sensibilisés à l’importance de la lecture quotidienne et la font. Narrer, c’est-à-dire raconter, est une tradition millénaire. Toujours il y a eu des histoires. Elles étaient, au début, orales, puis elles sont apparues sur les murs des cavernes sous forme graphique et par la suite sur des tablettes, pour, peu à peu, être conservées sur des rouleaux de papier. Ensuite sont apparues les feuilles détachées, remplies à la main avec de l’encre et des plumes, la machine à écrire et 1807-RD chap 02 (036-064) 12/22/04 2:02 PM Page 37 l’ordinateur. On y racontait des histoires de chasse, de pêche, de revenants, de voyages lointains et interminables, d’amour fidèle et de trahison. Les histoires devenaient alors des légendes ou des contes. Elles servaient à créer des mythes, à motiver les guerriers, à expliquer les longs départs, à faire la morale, à faire rêver les amoureux ou à faire peur, pour ensuite s’inscrire dans l’histoire de la littérature ou être oubliées. Le texte narratif, comme nous l’appellerons ici, a adopté plusieurs genres au cours des siècles. Pensons au roman historique, psychologique ou fantastique, au roman d’aventures et au roman d’amour ; pensons à la fable (satirique, moralisatrice) et conte (fantastique, féerique) ; pensons à la nouvelle (dramatique, cynique, humoristique) ; pensons aux textes courants tels que la chronique de voyage qui peut être aussi littéraire, au manuel d’histoire qui raconte à sa façon, aux faits divers à la source d’une multitude de nouvelles et de romans et, enfin, à la biographie et à l’autobiographie. La liste est longue, mais elle est loin d’être exhaustive. On parle souvent de l’influence de grands penseurs tels que Socrate, Marx, Sartre et bien d’autres. N’empêche que l’on doit aussi reconnaître l’influence des textes narratifs sur l’évolution des mentalités et notre ouverture sur le monde. Citons, pour n’en nommer que quelques-uns, les grandes odyssées classiques, Iliade et Odyssée, les histoires d’amour dévastatrices comme Tristan et Yseult et Roméo et Juliette, les drames sociaux tels que Germinal et Notre-Dame de Paris, les drames moraux tels que La Peste, les drames philosophiques comme Le Procès et Le Petit Prince et les contes de fées qui fascinent encore tels que La Belle et la Bête, Cendrillon et Les Musiciens de Brême, remplacés aujourd’hui par le conte fantastique. Pensons à la trilogie de Tolkien : Le Seigneur des anneaux. On ne devrait pas oublier non plus Harry Potter, ce jeune sorcier aux lunettes qui a conquis des millions de jeunes lecteurs et qui a donné une leçon à tous ceux qui pensaient qu’il fallait s’astreindre à fournir à nos élèves des lectures simplistes et réductrices. Tout à coup, parce que l’univers narratif imaginaire proposé était envoûtant et bien décrit, les jeunes et les moins jeunes se sont plongés dans des aventures fabuleuses. Ils ont admiré cet univers magique, s’y sont identifiés dans certains cas, lisant avec attention, curiosité et plaisir des milliers de pages ! Tous ces manuscrits écrits depuis des siècles ont influencé leur lectorat, créé des attentes et ont fait connaître des univers réels et imaginaires insoupçonnés. Certains ont aussi gagné d’autres univers médiatiques, en particulier le cinéma et la télévision. Il s’agit là d’une ouverture culturelle indéniable, dont on ne devrait pas laisser passer les avantages. Faire un lien direct avec le domaine général de formation « les médias » et avec l’ouverture au monde littéraire est ici tout indiqué. Combien de livres ces médias modernes et efficaces ont-ils récupérés ? La majorité des grands films prennent leur origine dans le texte narratif, plus précisément dans certains genres, dont le roman. Nous nous émerveillons devant les réalisations cinématographiques, mais nous oublions trop souvent que c’est un roman (Le Patient anglais de Michael Ondaatje), une nouvelle (Le Torrent d’Anne Hébert) ou encore une biographie – combien de films ont été écrits sur Napoléon ? – qui leur ont donné naissance. Chapitre 2 37