ét onnante lett onie - Festival International du Film d`Amiens

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ét onnante lett onie - Festival International du Film d`Amiens
ÉTON NANTE
LETTON I E
RÉTROSPECTIVE
Rétrospective___La mémoire vivante
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ÉTON NANTE LETTON I E
U N E H ISTOI R E DU C I N ÉMA LETTON
L’histoire du cinéma letton est aussi ancienne que dans
les pays dits de grande tradition culturelle : en même
temps que les frères Lumière ont dévoilé leur première
invention en effrayant quelques dames un peu nerveuses
avec des images d'un train arrivant en gare en 1895, des
films ont été montrés à Riga en Lettonie, bien avant l'apparition du cinéma à Berlin ou à New-York. La Lettonie
proposait déjà des films au temps du cinéma muet. Par
ailleurs, les vedettes du cinéma européen Lia Mara et
Marija Leiko sont nées en Lettonie, mais le plus connu des
habitants de Riga au début du 20e siècle est sans nul
doute Serguei M. Eisenstein, novateur passionné dont les
œuvres les plus fameuses (La Grève ou Le Cuira s s é
Potemkine), sont connues dans le monde entier. Eduard
Tissé, opérateur d’Eisenstein, est également né en
Lettonie, tout comme le réalisateur de documentaires
Jànis Doreds, qui fut arrêté pour avoir illégalement filmé
les funérailles de Lénine. Il est plus tard devenu le correspondant du journal Paramount News et a filmé partout
dans le monde pendant 25 ans : l'expédition du général
Nobile, Hitler et Mussolini, l'occupation de
Tchécoslovaquie et la capitulation de Paris.
Photo page précédente :
Depuis les années vingt, la vie cinématographique
bouillonne en Lettonie. Le cinéma documentaire devint le
champ de bataille d’Edvards Kraucs qui, en 1931, avait
déjà réalisé 100 chroniques muettes ; avec l'aide du studio américain Fox il commença l'enregistrement d'actuali-
La Chaussure (Kurpe) de Laila Pakalnina
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La mémoire vivante___Rétrospective
tés cinématographiques sonores. Le premier film de fiction
letton a été réalisé en 1920, mais déjà en 1931 plus de vingt
entreprises se consacraient au cinéma en Lettonie, y compris
la Metro Goldwyn Mayer et la Paramount. Dans la petite Riga
de l’époque, trente-cinq salles de cinéma accueillaient les
spectateurs, et en janvier 1940 le cinéma le plus spectaculaire d'entre eux, le Splendid Palace, a été submergé par les
foules de spectateurs qui venaient voir la première des superproductions lettonnes, l'adaptation du roman le Fils du
pêcheur (Zvejnieka déls).
Pendant l'occupation allemande, la production cinématographique en Lettonie a été arrêtée et la plupart des cinéastes ont
émigré, mais après la Seconde Guerre Mondiale le pouvoir
soviétique a, pour des raisons idéologiques, stigmatisé et
renié le passé « bourgeois » du cinéma letton. Il a tenté d’en
faire table rase et de recommencer à zéro depuis un point de
départ imaginaire. Pour cette raison, la plupart des réalisateurs et des opérateurs qui travaillaient dans le Studio de
Cinéma de Riga (Rigas Kinostudija) étaient des invités venant
d'autres studios cinématographiques de l'URSS. Malgré cette
triste période, les premiers réalisateurs lettons professionnels terminaient leurs études à l'Institut de la cinématographie de Moscou vers le milieu des années 50 et le cinéma letton pouvait alors réapparaître.
Le nouveau siècle dans le cinéma documentaire a été inauguré par le court-métrage les Cloches blanches (Baltie zvanini,
1961) du réalisateur Ivars Kraulitis, le scénariste Herz Frank et
l'opérateur Uldis Brauns, film qui a été inclus dans la prestigieuse liste des cent meilleurs courts métrages de tous les
temps par les critiques de cinéma français lors du Festival de
Clermond-Ferrand en 1995. Les trois auteurs de ce film, et
quelques-uns de leurs compagnons, ont fondé la légendaire
École du cinéma documentaire poétique de Riga, dont la
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Rétrospective___La mémoire vivante
renommée est remarquable. Ainsi pour réaliser la superproduction de Uldis Brauns 235 000 000 (1967), plusieurs
équipes de tournage ont travaillé partout en Union
Soviétique ; autre exemple fameux, Dix minutes de vie (Par 10
minùtém vecàlcs, 1978) le portrait de l'âme d'un enfant filmée
par Herz Frank, un film sans montage. En 2002, ce film a inspiré plusieurs réalisateurs mondialement connus comme Jim
Jarmusch, Werner Herzog, Jean-Luc Godard, Bernardo
Bertolucci, Wim Wenders, Aki Kaurismäki et d'autres, qui ont
décidé de s'unir pour un projet commun et de réaliser un film
court à partir des idées de Herz Frank.
La réputation du cinéma documentaire letton a été renouvelée
par Juris Podnieks dans les années 80 avec son film Est-il facile
d'être jeune ? (Vai viegli bùtjaunam ?, 1986) consacré aux problèmes des jeunes et dont le contenu était très percutant. En un an, ce
film a été vu par vingt-huit millions
de spectateurs et acheté par quatrevingt cinq pays. Juris Podnieks est le
premier des réalisateurs lettons à
avoir reçu des offres de travail de
studios de cinéma étrangers (ITV et
Channel 5 au Royaume-Uni). La Rue
de traverse (Skérsiela, 1988) de
Ivars Seleckis a également triomphé et a connu une diffusion sur
les écrans du monde entier, recevant les prix les plus prestigieux
(Félix, Joris Ivens prize et Ro b e rt Flaherty prize).
Ceplis
de Rolands Kalnins
Dans les années 90, le cinéma documentaire letton a conquis
le public et le jury du Festival de Cannes - les films la Poste
(Pasts) et Le Ferry (Pràmis) de la réalisatrice Laila Pakalnina
ont obtenu le prix FlPRESCI.
Les débuts du 21e siècle sont marqués par l'apparition de nouveaux réalisateurs, et par une vague de nouvelles idées qui
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Roméo et Juliette
(Romeo un Dzuleta)
de Viesturs Kairiss
marquent la renaissance du cinéma documentaire letton.
Aujourd’hui en Lettonie, un large choix de thèmes est proposé par des films très différents ; le studio Environnement
(Vides filmu studija) voit son activité progresser, il devient de
plus en plus actif en se concentrant sur des thèmes liés à la
nature. Les documentaristes proposent un regard profondément personnel et général (Flashback de Herz Frank, Keep
Smiling ! de Askolds Saulitis), une ironie grotesque (L’Heure
est venue (Bet stunda nàk) de Juris
Poskus), un travail d’équilibriste
aux limites du film de fiction, et à
l'esthétisme remarquable (Roméo
et Juliette* (Romeo un Dzuljeta) de
Viesturs Kairiss). Certains auteurs
de documentaires sont sensibles
aux problèmes sociaux, mais
d ' a u t res se laissent gagner par
une recherche plastique d’une
image esthétisante. Ce va s t e
spectre augmente l'intérêt du spectateur et laisse espérer à
l'avenir le développement d'un genre encore plus prometteur.
Le premier succès international des films de fiction lettons
date de 1957 au Festival de Venise, lorsque la Coupe Volpi fut
décernée à l'actrice Dzidra Ritenberga pour son rôle dans le
film ukrainien Malva. Les années suivantes, pour des raisons
politiques, les films lettons ne pouvaient entrer en concurre nce qu'avec des films réalisés dans le contexte de l'Union
Soviétique, et parmi les quinze Républiques concurrentes, la
production de Rigas Kinostudija a gardé une position de leader
juste après les deux studios les plus importants de la Russie
Mosfilm et Le n f i l m. À cette époque, les films lettons attiraient
des millions de spectateurs ; des acteurs lettons comme Vija
Artmane, Elza Radzina, Gunàrs Cilinskis, Eduards Pavuls
étaient adulés. Les Lettons ont démontré leur professionnalis-
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Rétrospective___La mémoire vivante
me dans l'adaptation des chefs-d'œuvre de la littérature classique (Dans l'ombre de la mort (Nàves énà) et Il fait du vent
(Put, vejini !) de Gunàrs Piesis, Ceplis* de Rolands Kalnins et
Servir la riche maîtresse (Pie bagàtàs kundzes) de Leonids
Leimanis), comme dans l'interprétation du genre policier (les
films d'Aloizs Brencs), ou dans le développement de thèmes
contemporains (les films de Jànis Streics, Olgerts Dunkers),
plusieurs films illustres ont en outre été produits par des réalisateurs de documentaires : Garçon (Puika) de Aiva r s
Freimanis, L’Été des motocyclettes (Motociklu vasara) de
Uldis Brauns). Janis Streics, qui travaille toujours activement,
a montré qu'il était capable de diversifier largement les
genres, en adaptant une forme stylistique humoristique à
d'autres temps et d'autres lieux (cf. l'adaptation du roman
Théâtre (Teàtris) de Somerset Maugham) d'une part, et en
produisant d'autre part un cinéma profondément ancré dans
les racines nationales et toujours adorées des Lettons (L’Enfant (Cilvéka
bérns) et La Limousine dans la couleur
de la nuit de St. Jean (Limuzîns Janu
nakts kràsà). Varis Brasla est peu à peu
devenu un spécialiste des films pour
enfants, son film la Bombe d'eau pour
le gros chat (Udensbumba resnajam
runcim) réalisé en 2004 a atteint des
records d’entrées.
Vers le début des années 90, alors que la Lettonie recouvrait
son indépendance, la situation au sein de la cinématographie
lettonne a changé. Beaucoup de studios indépendants sont
apparus, mais les financements ont manqué et, par conséquent, la production de films s'est arrêtée. Des équipes de
tournage étrangères ont commencé leur travail à Riga - des
Français, des Norvégiens, des Suédois, des Canadiens, et
aussi des cinéastes lettons ont commencé à se faire à l’idée
L’Enfant
(Cilvéka bérns)
de Janis Streics
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La mémoire vivante___Rétrospective
de travailler en coproduction. Pour cette raison la Lettonie
s'est associée à des organisations internationales ; déjà en
1993 une branche de FIPRESCI a ouvert ses portes, en 2001
notre pays s'est associé à la fondation européenne EURIMAGES et MediaPlus. Après l'indépendance, les succès internationaux les plus prestigieux sont revenus au film la
Chaussure* (Kurpe, 1997) de la réalisatrice Laila Pakalnina au
Festival de Cannes et à la programmation de son prochain film
Python* (Pitons) (2003) au Festival de Venise dans la catégorie Upstream. Quant au film De Bonnes mains* (Labàs rokas,
2001), coproduction lettone et estonienne, il a reçu le prix
Manfred Salzgeber en 2002 lors du Festival de Berlin. Ces
trois films sont aujourd’hui présentés au Festival international
du film d’Amiens.
La Lettonie a toujours été très compétente pour ce qui est des
films d'animation. En 1965, Arnolds Burovs fondait le studio
d'animation de marionnettes letton. Ce Walt Disney letton a
fêté en 2005 son 90e anniversaire et a déjà reçu le prix national pour sa contribution à l'évolution dans l'art cinématographique letton. Le réalisateur Nils Skapàns perpétue la tradition des films d'animation de marionnettes, son film Volons ?!
(Lidojam !) a reçu le prix le plus important - l'Ours de Cristal lors du Festival de Berlin, et dix ans plus tard Écoute, Lapin ?..
Papa va à Londres ! (Redzi, Trusi ?.. Tétis brauc uz Londonu !) a
été inclus dans le programme des Berlinales.
Rétrospective___La mémoire vivante
Le réalisateur Vladimirs Lescovs travaille au sein du studio
Rija, son tout premier film le Miel du grand-père (Vectéva
medus, 2003) a été réalisé au moyen d'une technique très particulière : la peinture d'huile sur verre. Il a reçu des prix dans
plusieurs festivals internationaux, son deuxième film
Insomnie (Bezmiegs, 2004), réalisé grâce à la technique des
pastels, parcourt avec succès de nombreux festivals.
L'animatrice cosmopolite Signe Baumane (scénariste, réalisatrice) collabore également avec le studio Rija. En 1996 elle a
commencé à travailler à NewYork dans le studio de Bill
Plympton et a trouvé sa place dans le milieu de l'animation
érotique. En 2005 elle est devenue membre de l'académie des
Arts et des Sciences du film et à l'avenir, elle sera une de
celles qui décideront des fameux lauréats des statuettes
dorées : les Oscars. Et qui sait, peut-être qu'un jour Signe
devra se décider pour un film letton - on commence à avoir du
pouvoir et les choses sont en train de s'améliorer !
Kristine Matisa
* Films présentés au Festival d’Amiens
L’ I N V I T É E D U F E S T I VA L :
L A I L A PA K A L N I N A
Réalisatrice, scénariste, productrice, journaliste
Le premier film d'animation a été réalisé en 1969, et en 1983
ce fut le premier dessin animé. L’animation en Lettonie a été
réhabilitée par le studio de films Rija avec le producteur Vilnis
Kalnaellis, en co-réalisation avec les entreprises françaises
Tiramisu et Les Armateurs. Kirikou et la Sorcière y a été produit le film, et en 2003 le film d'animation franco-canadien les
Triplettes de Belleville, dont un immense travail a été réalisé
par les animateurs du studio Rija, a été nommé pour un Oscar.
25e Festival international du film d’Amiens
Laila Pakalnina est la réalisatrice du cinéma d’auteur
letton la plus connue. Elle a étudié à Moscou aussi
bien le journalisme de télévision que la réalisation
cinématographique. Actuellement, parallèlement au
travail intensif du tournage de ses films, elle écrit
régulièrement pour Diena, le plus grand quotidien
letton.
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La mémoire viva n t e _R é t ro s p ective
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É TON NANTE LETTON I E
CEPLIS
Laila Pakalnina avoue que le contenu de ses films, elle le
découvre tout d’abord dans la vie. Elle nous propose des films
différents, provocateurs, même s’ils apparaissent simples du
fait de la vision des choses quotidiennes qu’ils nous offrent.
Qui plus est, ils ne manquent pas d’humour. Le Festival vous
p ropose de découvrir deux films de Laila Pakalnina, La
Chaussure et Python, avec lesquels la Lettonie s’est trouvée
une réalisatrice d’envergure mondiale.
Lettonie – 1972
Filmographie
2004 Pays de cocagne (Leiputrija), documentaire
2004 L’Autobus (Autobuss), documentaire
2004 Ca va aller (Bus labi), documentaire
2003 Python (Pitons), fiction
2002 Martin (Màrtins), documentaire
2001 Papa Gena (Papa Gena), documentaire
2000 Réveillez-vous (Mostieties !), documentaire
1998 La Chaussure (Kurpe), fiction
1997 Chênes (Ozols), documentaire
1995 Ubans (Ubàns), documentaire
1995 La Poste (Pasts), documentaire
1994 Le Ferry (Pràmis), documentaire
1993 L’Église (Baznica), documentaire
1992 Noël d’Anna (Annas Ziemassvïtki), court-métrage
1991 La Marche (Iesana), documentaire
1991 Linge (Vela), documentaire
1991 Dome (Doms), documentaire
1990 Le Choix (Izvéle), documentaire
1988 Et (Un), documentaire
The film is set in Riga, during the
first years of existence of the first
Republic of Latvia, port raying the
society with subtle and wise irony.
The businessman Ceplis starts the
business of brick export, wins
authority and plays an important
role in the upper circles of society.
The fates of many people now
depend on him and his brick factory. When the brick business goes
bankrupt, the lives of the people
involved fall apart. But not the life
of Ceplis. He has managed to get
rid of his enterprise, of the debt
obligations and of the “unnecessary” people. “I had power and I will
always have it” – that is the slogan
of the influential business man
Ceplis.
Réalisé d’après le roman Ceplis de
Pavils Rozitis. L’action du film se
déroule dans le milieu des jeunes
bourgeois et entrepreneurs libéraux des 30.
Un homme d’affaires, Ceplis, entreprend l’exportation de briques de
Lettonie, il devient peu à peu une
autorité au sein de la haute société. La vie de beaucoup de gens est
mêlée à l’existence de son usine
de briques. Quand les affaires
s’écroulent, une partie importante de partenaires et de travailleurs
en sont les victimes, alors que
Ceplis reste fidèle à sa devise de
chanceux « J’étais puissant et je
serai puissant ! »
D’un regard à la fois ironique et
moralement nuancé sur la société
lettone des années 30, Rolands
Kalnins décrit l’éternel combat qui
met les hommes aux prises avec
l’argent et le pouvoir. Ceplis est
un grand classique du cinéma letton. Son propos reste toujours
d’actualité et la lucidité dont il fait
p re u ve tend un miroir à nos
propres turpitudes. D’une haute
tenue artistique, Ceplis est également servi par d’excellents
acteurs qui lui donnent une chair
e n c o re plus noble. Ro l a n d s
Kalnins est la figure de proue du
cinéma letton et, dans ce film
comme ailleurs, il s’attarde sur
nos petites histoires intimes
prises dans les rets de l’Histoire
avec une grande hache, pour citer
Georges Pérec.
R/D : R O LA N D S K AL N I N S • Sc : Viktors Lorencs • Ph/C : Gvido Skulte • Mus : Margeris Zarins • Déc/AD : Uldis Pa u zers • P : Rigas Kinostudija (St u d i o
de Cinéma de Riga) • 91’ • 35 mm • F • Coul/Col • Int/Cast : Eduards Pavuls, Gunars Cilinskis, Helga Dancberga, Regina Razuma, Rolands Zagorskis,
Aivars Silins, Velta Straume, Uldis Dumpis • Contact : Centre National du Cinéma de Lettonie
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La mémoire viva n t e _R é t ro s p ective
La mémoire viva n t e _R é t ro s p ective
É TON NANTE LETTON I E
É TON NANTE LETTON I E
LA CHAUSSURE
A film for the official programme of
the Cannes Festival by a young and
the most internationally convertible Latvian film director Laila
Pakalnina. 1950-ies, border town
by the sea and the absurd laws of
life in the “borderstate”. In the style
of documentaries, sophisticated
visual structure, far beyond the traditional method of the former
Soviet Union’s “political” films.
The intrigue of the black and white
experimental film - a modern retro
as a fairy tale on Cinderella and her
crystal shoe. Instead of the prince
there are Russian army soldiers.
But who is She ?
L’ ENFANT
Kurpe
Ciléka bérns
Lettonie – 1988
Lettonie – 1991
Dans les années cinquante, il y a
un village en bord de mer, près de
la frontière, est confronté aux lois
absurdes qui régissent le pays
voisin. Laila Pakalnina est la plus
connue des cinéastes lettons
c o n t e m p o rains.
Dans
la
Chaussure, elle revisite le conte
de Cendrillon. Elle en donne une
version inédite, transposée dans
un milieu et une époque soviétiques où les gardes-frontières
recherchent la propriétaire d’une
« c h a u s s u re » trouvée par
hasard. La Chaussure est un film
insolite qui, derrière sa légèreté
de ton apparente, sonde la complexité du monde.
La réalisatrice fait à nouve a u
preuve d’une grande recherche
esthétique, utilisant la forme et la
structure du documentaire, travaillant sur le noir et blanc de
manière expérimentale. Aux antipodes du cinéma hollywoodien, la
Chaussure ne propose pas une
histoire mille fois racontée, ni des
dialogues bava rds. Le film est
d’abord une élégante alternance
de touches sonores et d’images
en noir et blanc d’une composition très recherchée. On peut voir
Laila Pakalnina comme une digne
héritière de Tarkovski.
R/D : L AI L A PAK A LN I N A • Sc : Laila Pakalnina • Ph/C : Gints Berzins • M/Ed : Sandra Alksne • S : Anrijs Krenbergs• Déc/AD : Juris Pakalnins • P :
Schlemmer Film GmbH (Allemagne), Kompanija Hargla (Lettonie)• 83’ • 35 mm • F • N&B/B&W • Int/Cast : Igors Buraks, Vadims Grosmans • Contact :
C e n t re National du Cinéma de Lettonie
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The film tells about a little boy’s
growth into a man. This process
has been looked upon from an unusual angle - through the boy’s love
for an almost grown-up young
woman who jokingly calls him “her
little fiancée”, swears to be faithful
to him and even does not suspect
that the boy takes it very seriously.
It calls forth both comic and amusing as well as dramatic and tragic
situations. The girl has her real fiancée and she gets married ...
Janis Streics n’est venu à la réalisation que par pur hasard ; il
voulait d’abord devenir acteur. Il
est pourtant aujourd’hui l’un des
cinéastes lettons les plus reconnus, ses films ayant remportés
de nombreux prix. L’Enfant est à
ce jour son film le plus célèbre. Il
montre le monde à travers les
yeux d’un petit garçon. Ce
monde, c’est la région de
Latgale, terre idéale de l’enfance
heureuse. Récit d’initiation qui
s’adresse à tous les publics,
L’Enfant nous conte le passage
parfois difficile à l’âge adulte
d’un enfant « amoureux » d’une
femme adulte. Celle-ci plaisante
en l’appelant son fiancé, sans
même s’apercevoir que, comme
tout enfant, il est le plus sérieux
du monde.
Comme dans tous ses films, Janis
Streics mêle le comique et le tragique. Son sens de l’humour aigu
fait de lui l’un des réalisateurs
les plus appréciés dans son pays.
Ainsi, cet enfant amoureux transi
et naïf d’une femme trop grande
pour lui, doit affronter toute une
série de situations, ici cocasses
et dramatiques là. Le film évoque
par ailleurs la grande diversité
culturelle de la Lettonie, tant au
niveau des régions qu’à celui des
langues.
R/D : J AN I S ST R E I CS • Sc : Janis Streics • Ph/C : Harijs Kukels • Déc/AD : Osvalds Zvejsalnieks • P : Filmu studija Tris • 89’ • 35 mm • F • Coul/Col •
Int/Cast : Andris Rudzinskis, Akvelina Livmane, Janis Paukstello, Boleslavs Ruzs. • Contact : Centre National du Cinéma de Lettonie
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La mémoire viva n t e _R é t ro s p ective
É TON NANTE LETTON I E
É TON NANTE LETTON I E
ÉTÉ TERRIBLE
Young filmmakers playing with the
canons of the genre – historical
melodrama. 1940 – a year of terror
in Europe when the independent
Latvian nation is also occupied.
Love between a Prussian girl and a
Latvian radio journalist and its
confrontation with the atrocities of
World War II politics. A dangerous
game leaving an impact on nations
and their leaders, the people and
their lives. A game where no one
ever wins.
DE BONNES MAINS
Baiga vasara
Labàs rokas
Lettonie – 2000
Lettonie – 2001
Aigars Grauba s’est d’abord forgé
une réputation en tant que musicien. Dans les années 80, il était
en effet le leader d’un groupe letton en vogue, Jumprava, qui avait
fait de lui l’idole des foules.
Jumprava est devenu un groupe
culte non seulement parce que
ses textes étaient très libres, mais
surtout parce que ses clips
étaient très réussis (clips dont
Grauba était à la fois l’auteur, le
réalisateur et le monteur).
Été terrible est son premier long
métrage. Grauba y aborde les premiers jours de la Seconde Guerre
mondiale dans une Lettonie occupée par l’Armée Rouge. Il fait la
chronique de ces temps maudits à
travers les amours difficiles d’une
fille germano-baltique et d’un
journaliste radio letton. Le philosophe Nikander Gilles a exprimé
des vues très justes sur le film :
« L’artiste doit être un démiurge ;
il doit être capable, en puisant
dans l’expérience basée sur des
faits historiques, de concevoir une
n o u velle réalité historique, un
mythe avec des événements et
des personnages qui fascineraient et passionneraient les
gens. » Ce à quoi font écho ces
propos d’Aigars Grauba : « Mes
films ne sont pas simplement des
films sur l’Histoire, ce sont des
films sur l’histoire du cœur. Il
s’agit de notre attitude personnelle vis-à-vis des événements de
l’époque. Si nous n’analysons et
ne parlons pas de notre histoire,
elle aura tendance à se répéter. »
Les jeux de l’amour et du hasard
d ’Été terrible sont plus que jamais
dangereux. Un mélodrame historique à découvrir.
A small Estonian town trapped in
time. A stranger – a beautiful
Latvian woman – arrives. Her hands
are both, delicate and skilful – a
thief’s hands. While seemingly
causing only trouble, she also
becomes the hope for many men.
She seduces a local policeman and
ends up taking care of a genius boy.
A comic story about a thief- girl who
almost becomes a decent married
woman and a mother to a little boy.
Peeter Simm est l’un des réalisateurs estoniens les plus connus. Il
a en effet tourné, en tant que réalisateur et scénariste, plus de
q u i n ze films, documentaires et
l o n g s - m é t rages de fiction. De
bonnes mains tâche de répondre
à la question suivante : y a-t-il de
bonnes mains qui servent une
mauvaise cause ? Une femme
mystérieuse a des yeux aussi
clairs que son passé est opaque,
ce qui l’oblige à se méfier des
policiers – bien que l’un d’entre
eux tombe amoureux d’elle…
Peeter Simm aime les gens pour
leurs petites faiblesses. Il s’en
amuse sans jamais se moquer.
Les acteurs lettons et estoniens
du film sont tous exc e l l e n t s .
L’humour qui anime le film est à
certains égards assez proche de
l’humour français. Au sujet de De
bonnes mains, le critique letton
Daira Abolina a déclaré :
« Le film représente un monde
dans lequel il n’y a pas de lignes
droites, ni de caractères parfaits.
Les vices et la sottise sont effacés grâce à une ironie fine.
Personne n’est bon ou méchant
comme nous voudrions le croire.
Tous les pessimistes sont des
optimistes car ils aiment la vie
comme elle est. »
R/D : P E E T E R S I M M • Sc : Toomas Raudam, Peeter Simm • Ph/C : Uldis Jancis • M/Ed : Sirje Haagel • S : Ivo Felts • Déc/AD : Ronald Kolmann •
Costumes : • P : F.O.R.M.A (Lettonie), Allfilm (Estonie) • 88’ • 35 mm • F • Coul/Col • Int/Cast : Rezija Kalnina, Lembit Ulfsak, Tiit Sukk, Tonu Kark,
Leonarda Klavina... • Contact : Centre National du Cinéma de Lettonie
R/D : A I GA R S G R A U BA • Sc : Pauls Bankovskis, Andrejs Ekis, Aigars Grauba • Ph/C : Gints Berzins • M/Ed : Sandra Alksne, Aigars Bisofs • S :
Aleksandrs Vaicahovskis, Gints Pelcbergs • Mus : Ugis Praulins • Déc/AD : Martins Milbrets • P : Platforma Filma, Andrejs Ekis • 112’ • 35 mm • F •
Coul/Col • Int/Cast : Uldis Dumpis, Arturs Skrastins, Inese Caune, Janis Reinis, Eduards Pavuls, Uldis Vazdiks, Maija Apine • Contact : Centre National
du Cinéma de Lettonie
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La mémoire viva n t e _R é t ro s p ective
La mémoire viva n t e _R é t ro s p ective
É TON NANTE LETTON I E
The story is imaginary, but based
on real events. An incident has
occurred at an average post-Soviet
school in Latvia.
Somebody has defecated in the
attic. The tyrant of the school, the
Headmistress, starts to investigate
the event. Nobody is allowed to
leave the school before the culprit
is found.
The real uproar begins, the
Photographer’s python disappears
in the school. The absurd drama
portrays two snakes – the real one
and the Headmistress – co-existing
in one school.
Second film de Laila Pakalnina
présenté au Fe s t i val, Python
É TON NANTE LETTON I E
PYTHON
ROMÉO ET JULIETTE
Pitons
Romeo un Dzuljeta
Lettonie – 2003
Lettonie – 2004
raconte une histoire insolite et
saugrenue, une histoire certes
imaginaire, mais basée sur des
faits réels. Quelqu’un s’est soulagé dans le grenier. La directrice
commence une enquête pour
tenter de démasquer le coupable.
De plus, un photographe arrive et
il égare son Python. La question
que tout le monde se pose – peutil y avoir deux serpents dans une
même école ?
Tandis qu’à ses débuts elle affectionnait le noir et blanc, Laila
Pakalnina a tourné Python en couleurs. Cela dit, ses deux films de
fiction ont un point commun, puisq u’ils s’articulent tous deux
autour du thème de la recherche.
Dans Python, la recherche donne
même sa structure narrative au
film, puisqu’il s’ agit d’une enquête. Les films de Laila Pakalnina
prêtent une extrême attention aux
détails, et ralentissent donc le
cours du temps afin de mieux en
observer l’étoffe. Loin du rythme
accéléré imposé et formaté par
Hollywood, ses films proposent
des images à l’esthétisme prononcé, appuyées par des mouvements de caméra lents et scrutateurs. Ainsi qu’a pu l’écrire le critique Walter Chaw, « Python est
presque une œuvre expressionniste mais en tout cas expérimentale qui agit comme une bouffée
d’air frais. »
Emotional and stylistically consequent documentary musical depicting the staging of Bernstein’s
West Side Story with deaf youths.
The dramatic material of this film is
intertwined among life and the
emotional scenes of the musical; it
creates a distinctive choreography,
which is a statement of the deaf
people’s craving to love this world
and to be open.
Reciting to music, which is the way
of singing of the deaf, is the strongest and most unexpected witness
of the realities of their world.
Reciting to music can be characterized as a performance where a person, wholly or partly without hearing, although able to perceive the
vibration of the sounds of music,
“sings” the text in choreographic
and rhythmical language of signs.
It is accompanied by the phonogram of the song so that we can
hear the text of the song and see its
interpretation in the language of
signs.
Viesturs Kairiss est une personnalité éminente de la vie culturelle
lettonne. Il est l’un de ses artistes
les plus singuliers et novateurs,
tant dans le domaine du théâtre
que dans celui du cinéma. Sa
grande force est de repousser et
de dépasser les limites des
genres, afin d’en proposer une
synthèse audacieuse.
Roméo et Juliette est à la fois inspiré de la pièce éponyme de
Shakespeare et de la musique de
Leonard Bernstein provenant du
film musical West Side St o ry(dont
le film fut réalisé par Robert Wise
en 1961 avec le succès que l’on
sait). Roméo et Juliette mélange
donc les genres avec brio, allant
du documentaire à la comédie
musicale en passant par le film
d’action. Viesturs Kairiss a confié
les rôles principaux à de jeunes
sourds-muets, travaillant la plastique de leur visage et l’éloquence
de leurs gestes, pour un film qui
déborde d’émotion.
Normunds Naumanis, l’un des critiques de théâtre et de cinéma les
plus influents de Lettonie, re c o nnaît que « ce film transcrit le
regard de l’artiste sur un monde
complètement différent. Le langage du corps y a une place importante et il est difficile de ne pas
s’enthousiasmer avec les créateurs du film pour sa beauté fascinante ; d’une certaine façon,
Roméo et Juliette devient aussi
une expérience chorégraphique et
plastique, comme un poème de
cinéma sur la force d’expression
des attitudes corporelles des
êtres humains. »
R/D : V I E S T U R S K AI R I SS • Ph/C : Gints Berzins • M/Ed : Klaus Hundsbichler • S : Normunds Klavins, Anrijs Krenbergs • Mus : Leonard Bernstein • P :
Kaupo Filma (Lettonie) • 57’ • 35 mm • F/Doc • Coul/Col • Int/Cast : Rita Fedotova, Armands Stempers • Contact : Contact : Centre National du Cinéma
de Lettonie
R/D : LA I LA PA KA LN I N A • Sc : Laila Pakalnina • Ph/C : Gints Berzins • M/Ed : Sandra Alksne • S : Anrijs Krenbergs • Mus : Chanson de Ainars Mielavs
Tu m’as emouvu (Tu savilnoji mani ) • Déc/AD : Juris Pakalnins • P : Kompanija Hargla (Lettonie) • 88’ • 35 mm • F • Coul/Col • Int/Cast : Mara Kimele,
Juris Grave, Januss Johansons, Ilze Pukinska, Intars Janbergs... • Contact : Contact : Centre National du Cinéma de Lettonie
25e Festival international du film d’Amiens
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25e Festival international du film d’Amiens

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