DUGAIN Marc
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DUGAIN Marc
Marc DUGAIN Heureux comme Dieu en France Eléments biographiques Marc Dugain est né à Dakar, au Sénégal le 3 mai 1957. Après des études en sciences politiques et en finance, il a exercé différentes fonctions dans la finance et l’aviation avant de se consacrer à l’écriture. La Chambre des officiers, premier roman paru en 1998 chez Lattès, a reçu 20 Prix littéraires, dont le Prix des Libraires, le Prix Nimier, et le Prix des Deux-Magots. Il a été traduit entre autres en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux USA. Adapté au cinéma par François Dupeyron, le film La Chambre des Officiers a représenté la France au Festival de Cannes et a reçu deux César. Après Campagne Anglaise (Lattès, 2000), Heureux comme Dieu en France (Gallimard, 2002), Prix du Meilleur Roman Étranger en Chine, et La malédiction d’Edgar (Gallimard, 2005), traduit dans 22 langues, son cinquième roman Une exécution ordinaire est paru aux Éditions Gallimard en février 2007 et a reçu le grand prix RTL Lire. En janvier 2009, il a publié un recueil de nouvelles En bas, les nuages aux Éditions Flammarion. En 2010, Marc Dugain adapte lui-même Une Exécution Ordinaire avec André Dussolier dans le rôle de Staline, Marina Hands et Edouard Baer. Eléments bibliographiques La Chambre des officiers, Éditions Jean-Claude Lattès, 1999. 20 prix littéraires dont le Prix des libraires, le Prix des Deux-Magots et le Prix Roger Nimier. Campagne anglaise, 2000 Heureux comme Dieu en France, 2002 La Malédiction d'Edgar, Gallimard, 2005 Une exécution ordinaire, Gallimard, 2007 En bas, les nuages, Flammarion, 2008 (recueil de nouvelles) L'insomnie des étoiles, Gallimard, 2010 Bande dessinée en tant que scénariste : La Malédiction d'Edgar, dessins de Didier Chardez, en trois tomes, Casterman, 2007 Article de presse Article de Ariane Chemin paru dans Le Nouvel Observateur du 2 septembre 2010 Marc Dugain, le cavaleur A cheval entre la littérature et le cinéma, la France et le Maroc, le «frère de lait» de Fred Vargas galope sur une appaloosa et publie L’Insomnie des étoiles Jamais vu quelqu'un qui change de visage comme celui-là. Blazer ou col roulé, barbe de trois jours ou rasé de près, Marc Dugain ne ressemble pas à Marc Dugain : on ne le retrouve jamais comme on l'a laissé sur le Photomaton de ses souvenirs. « Ça m'arrange », sourit-il. C'est la même chose pour ses livres. Dans L'Insomnie des étoiles, son nouveau roman, il y a toujours ce même sens aigu du récit, ces mêmes froids de morgue, ces paysages d'Allemagne année zéro ; mais pas de traces d'un « style Dugain » dans cette écriture aussi neutre qu'efficace, pas d'indices derrière les initiales qui forment ses seules dédicaces. Cet homme-là n'aime pas qu'on le reconnaisse, qu'on s'attarde, qu'on s'attache. Sa chance ? Etre déjà enfermé dans une légende, ce qui évite qu'on aille fouiller sa vie. Nul n'ignore plus en effet qu'avant d'être écrivain, Marc Dugain a fait carrière - avec autant de bonheur - dans la finance et les avions. En 1998, ce sont les 250 000 exemplaires et les prix (des Libraires, Roger Nimier, des Deux Magots) de La Chambre des officiers, inspiré par sa gueule cassée de grandpère, qui le décident à vendre trois ans plus tard à Air France sa compagnie d'aéronautique. Le fan de karaté et amoureux des chasseurs alpins peut désormais se plonger dans la guerre, le pouvoir, la CIA d'Edgar Hoover, les sous-marins soviétiques, le roman américain, les écoutes téléphoniques. En fermant un peu les yeux et en l'écoutant derrière son Vittel menthe, on imagine, quelques minutes, qu'il est un agent secret. Il faut bien se fabriquer quelques rêves dans ce siècle trop sage. De deux de ses livres, Marc Dugain a fait des longs-métrages et songe déjà à L'Insomnie des étoiles, le film. Car il ne change pas seulement de vies comme de visages : en deux temps trois mouvements, d'écrivain il devient scénariste, repasse à la réalisation, revient à l'adaptation avant de reprendre un nouveau roman, avec la même baraka. La Bonté des femmes, téléfilm apocalyptique coréalisé avec Yves Angelo à partir d'une nouvelle d'En bas, les nuages, sera diffusé sur France 2 cet hiver ; son adaptation d'Une banale histoire, de Tchekhov, jouée à l'Atelier à partir du 11 janvier. Dugain s'est déjà attelé, pour le porter au cinéma, au scénario du Dernier Mort de Mitterrand, de Raphaëlle Bacqué. Polar pour grand écran, film documentaire pour la Chine, beaucoup de projets patientent sur ses tables de travail, au Maroc ou en Dordogne. Marc Dugain a trois maisons d'édition : Lattès, Gallimard, Flammarion. Mais trois « chez lui » aussi. Il croise à Paris mais il écrit à Casablanca, où il vit au moins une semaine par mois avec la mère de son troisième enfant. Mais c'est près de Sainte-Alvère (Dordogne), la capitale de la truffe, dans un lieu à peine « ravitaillé par les corbeaux », plaisante-t-il, qu'entre ventrées de cèpes, brame des cerfs et vols de mouches - « l'effet du réchauffement de la planète » - il peut, avec Fred Vargas, sa « sœur de lait » et son amie d'enfance, peaufiner dans la maison qu'ils ont achetée ensemble ses pitchs de fin du monde. […]La jument que Marc Dugain monte en Dordogne est une appaloosa. A 7 heures du matin, dans les champs de maïs, c'est sur sa selle américaine qu'il se raconte à lui-même ses fictions : « Quand je tiens mon sujet, j'écris d'un coup. C'est parti. Je fais mes pages. » […] Revue de presse autour du roman Heureux comme Dieu en France L'originalité du livre réside dans la mise en scène d'un garçon ordinaire qui face à des circonstances extraordinaires, reste ce qu'il est. Le ton est sobre avec juste ce qu'il faut de distance pour éviter la peinture de genre. [...] Le roman passe comme glissent les images, émaillé de rais de lumière, de bonheurs d'écriture de respirations poétiques. Le Figaro littéraire Dugain, portraitiste accompli, sait mêler l'équipe à l'humour, l'admiration à la rosserie, l'émotion à la raison, l'esprit de finesse à la mécanique ambulatoire des systèmes, sans l'ombre d'une facilité Témoignage Chrétien Dugain a un talent précieux, démodé presque. Il sait raconter une histoire. Non pas pour nous endormir mais pour nous réveiller, nous emporter, nous prendre sous sa plume et sous son aile du premier au dernier mot. Pierre Vavasseur - Aujourd'hui le parisien Chronique de guerre, douce satire mais aussi portrait de femme, Marc Dugain a plus d'une corde à son arc, et ses flèches sont aussi pointues qu'élégantes. Nicolas d'Estienne d'Owes - Le spectacle du monde Article critique du roman Heureux comme Dieu en France Article de Bernard Longre paru en septembre 2002 dans le magazine électronique Sitartmag Chronique d'une résistance ordinaire Heureux comme Dieu en France est le récit palpitant des années de résistance d'un soldat de l'ombre, d'un jeune homme que rien ne destinait à entrer en clandestinité ; excepté l'engagement politique de son communiste de père... La veille de ses vingt ans, cet homme convaincu annonce à son fils Pierre qu'il le destine à devenir résistant "sans plus me consulter qu'on ne le faisait pour les orphelines de bonne souche qu'on enfermait au couvent il y a quelques siècles de là" ! Pierre devient ainsi "un communiste héréditaire", engagé malgré lui dans une lutte meurtrière, qui pourra durer des années ; mais l'inconscience propre à la jeunesse le pousse de l'avant et quand son père s'improvise "metteur en scène" pour organiser le décès et les funérailles fictives de son fils (celui-ci doit rejoindre une autre région sous une fausse identité) Pierre se laisse porter par les événements. S'ensuit alors le récit détaillé de diverses activités illégales (ponctuées de longues journées d'inactivité) alors qu'il intègre petit à petit un réseau ; une opération délicate, car la résistance, lui explique l'une de ses compagnes, est comme une "coque de bateau. Une juxtaposition de cloisons étanches", une organisation qui repose avant tout sur l'ignorance, une manière de protéger le réseau en cas d'arrestation d'un des membres : côtoyer des hommes et des femmes qui taisent leur nom et leurs véritables activités, supporter un univers où il suffit d'obéir à l'aveuglette à des ordres qui émanent de nulle part, ou bien de chefs que l'on ne connaîtra jamais : "récupérer" des fonds pour alimenter la "jacquerie", échapper à la Gestapo et aux gendarmes français (de zélés fonctionnaires...), parfois assassiner un homme dont on ne saura rien, et tout ça sans jamais dormir dans le même lit plus d'une nuit. Dans ce roman d'éducation particulier, un récit picaresque qui nous mène sur les routes de la France occupée, Pierre décrit la guerre de l'usure avec un humour acerbe et un détachement teinté d'une légère amertume. Le jeune homme est un résistant efficace et silencieux, on lui confie des missions de plus en plus délicates et les Allemands s'intéressent de près à ce "terroriste" apparu de nulle part, sans nom ni visage. L'étau se resserre pourtant et les chances d'en réchapper s'amenuisent ; sa conscience le travaille parfois (tous les Allemands ne sont pas des nazis...) et quand les sentiments se mettent de la partie (puisque "la mort qui rôde aiguillonne le désir") de plus en plus de "grains de sable" menacent de s'installer "dans le rouage" bien huilé de la lutte souterraine. Rétrospectivement, Pierre porte un regard décalé et lucide sur cette jeunesse inhabituelle à nos yeux, un oeil aiguisé qui cerne chaque situation sans apitoiement ni sentimentalisme, même lorsqu'il se trouve face à la mort. Par le biais de ce narrateur vieillissant (un personnage de fiction, mais l'auteur dit s'être inspiré d'un oncle résistant), Marc Dugain ne se gêne pas pour asséner quelques vérités bien envoyées et ses métaphores subtiles et autres comparaisons acérées abondent ici, n'épargnant aucun des acteurs de cette triste époque, les remettant habilement à leur place : les nazis, bien sûr, de purs psychopathes ("le fascisme n'est pas une idéologie, c'est une pathologie" ou encore "un dérèglement hormonal qui consumait le cerveau"...), les collaborateurs de toutes espèces comme les gendarmes : "le produit d'un croisement entre la petite frappe et le gardien de prison (...) qui suintaient la revanche (...) Avec en prime le pouvoir de martyriser leurs compatriotes". Nombre d'anecdotes amusantes (si l'on oublie quelques instants le contexte) émaillent ainsi le périple d'un homme en devenir (en témoigne son dépucelage dans la cochonnaille par la fille des Chafouins, les charcutiers profiteurs de guerre, ou bien sa mise en bière fictive organisée par des parents légèrement fanatisés...) et font de ce roman d'aventure une fresque drôle et intelligente, qui n'oblitère pas non plus la mélancolie et les confusions de l'après-guerre : période où les véritables résistants se sont parfois sentis exclus, en partie à cause de leur incapacité à raconter avec des mots leur vie clandestine, leurs années "sacrifiées", les camarades morts ou encore les wagons à bestiaux qui transportaient des êtres humains et que beaucoup ont connus : une impossibilité de "dire" réparée avec talent par Marc Dugain.