le développement normal et pathologique des enfants et

Transcription

LE DÉVELOPPEMENT NORMAL
ET PATHOLOGIQUE DES
ENFANTS ET ADOLESCENTS
JULIETTE BORTMANN
PSYCHOLOGUE &
DOCTEUR EN SCIENCES SOCIALES
2
Part One :
Jamie ferait n’importe quoi pour ne pas
faire ce dont il n’a pas envie, donc un tire bouchon devient une diversion pour ne pas
A Glasgow, Jamie, 7 ans, vient d’entrer à faire ses devoirs.
l’école.
Jamie vie avec sa maman à plein temps, Récemment, la seule solution que Christine
Christine et avec sa sœur de 9 ans, Kenzie. ait trouvé pour contrôler le comportement
Christine s’est récemment séparée de son de Jamie est d’essayer de le braver.
compagnon de 5 ans, ce qui signifie que le seul homme de sa vie, est Jamie.
Christine a suivi le programme Triple P et
Jamie se comporte nettement mieux.
Le rêve de Jamie est de devenir acteur et sa maman le laisse voir sans compter des Juste 6 semaines plus tôt, Jamie ne faisait
films d’action. Mais ces films ont fait
jamais une activité avec sa sœur Kendie et
développer une véritable obsession des maintenant, il est capable se s’amuser avec
armes en tout genre.
ses amies.
Le développement normal et pathologique des enfants et ado / Juliette BORTMANN, psychologue
3
Driving mum and dad mad
Jamie – Part 1
4
Comment peut-on
en arriver là ???
Principe de base
5
Equipement
personnel :
biologie,
tempérament
Environnement
social et familial
Mémo :
NON !!!
6
7
A votre avis, à quel
âge le cerveau arrive à
maturité ?
8
Le petit d’homme se distingue des
autres espèces :
Son cerveau n’arrivera à maturité qu’à 25 ans !
!  Cette immaturité est compensée par un programme
génétique qui le pousse à s’attacher aux adultes qui
l’entourent
! 
Il est très influencé par ses relations
et son environnement précoces
(Presque) tout se joue avant 3 ans !
L’attachement
9
L’enfant est programmé génétiquement pour
s’attacher aux adultes qui l’entourent
!  Pour survivre, il va apprendre à s’adapter à
ces adultes : trouver la bonne manière de les
aborder pour obtenir le secours nécessaire
!  « Que fallait-il faire pour que maman et papa
m’aiment ? »
! 
Les comportements d’attachement
10
Succion
!  Agrippement
!  Poursuite visuelle et auditive
!  Pleurs
!  Sourires
!  Babil
! 
Les modèles internes opérants
11
Les règles du
jeu …
… que l’on apprend dès
la petite enfance
Les modèles internes opérants
12
! 
! 
! 
! 
L’enfant apprend à fonctionner avec les adultes qui
s’occupent de lui : il intériorise la spécificité de ces
interactions précoces qui deviennent normales pour lui
Ce sont des représentations mentales du monde, des
autres, de soi et des relations avec les autres
Qui guident les comportements, sentiments, de même
que l’attention, la mémoire et les cognitions
L’individu projette toute sa vie durant le modèle interne
opérant qu’il a intériorisé sur ses relations avec les
autres
La « pulsion » d’attachement
13
Cette « pulsion » d’attachement est une CHANCE :
elle permet à l’enfant de compenser son immaturité face
au monde
! 
Cette « pulsion » d’attachement est un RISQUE :
Tout dépend des personnes sur lesquelles tombe l’enfant !
Bienveillantes, indifférentes, voire malveillantes ?..
! 
Evolution de l’attachement
14
De 0 à 4 mois : pas de vraie distinction
des personnes
!  De 4 mois à 3 ans : Attachement quasi
exclusif à une personne
!  Après 3 ans : atténuation progressive de
cet attachement exclusif
!  Mais jamais disparition complète :
l’enfant a intériorisé la figure
d’attachement, il peut s’en détacher
physiquement
! 
Attachement et autonomisation
D’après « Maturation et vulnérabilité, TROUBLES DU COMPORTEMENT DE L’ENFANT ET DE L’ADOLESCENT » Univ ROUEN
Rédaction : Jean-Pierre VISIER, Michèle MAURY, à partir des textes de J.P. Visier et P. Bizouard, Relecture : Charles AUSSILLOUX
15
! 
Comme nous le rappelle la théorie de
l’attachement (Bowlby), le nourrisson est
aux prises avec deux besoins en apparence
contradictoires : un besoin essentiel de
proximité associé très vite à un besoin
d’explorer l’environnement. La possibilité
d’accéder à une autonomie d’action mais
aussi de pensée, adéquate en fonction de
l’âge, et la construction de l’estime de soi
sont très liées au type d’attachement.
L’attachement sécure
16
! 
Un attachement sécure se met en place
lorsque le nourrisson expérimente qu’il peut
compter sur son parent quand il a besoin
d’être consolé ou réconforté. Ainsi se construit
chez le nourrisson l’image d’un autre fiable en
même temps qu’une image valeureuse de luimême. On trouve ici les prémices du lien entre
estime de soi et estime de l’autre. Dans ce cas
la capacité de se séparer et d’explorer
l’environnement sera facilitée par cette image
de fiabilité.
L’attachement insécure
17
! 
Un attachement insécure (angoissé ou
ambivalent) se met en place lorsque le
parent témoigne d’une certaine attention
mais manque de disponibilité, varie dans
ses réponses sans justification
compréhensible pour l’enfant, présente
des attitudes imprévisibles. L’enfant n’est
pas sûr de pouvoir toujours compter sur le
parent ni de compter pour lui. Dans ce cas
la capacité de se séparer et d’explorer
l’environnement est problématique.
L’attachement évitant
18
! 
Un attachement évitant se constitue
lorsque le parent est agressif et
méprisant de façon régulière. L’enfant
est sûr de ne pas pouvoir compter sur
le parent ni de compter pour lui.
L’enfant tente de s’organiser pour
survivre face au modèle de rapport
de force qui lui est offert en évitant
d’exprimer ses émotions et ses
besoins.
A retenir !
19
! 
! 
! 
! 
La « pulsion » d’attachement explique pourquoi
l’enfant aime et cherche à être aimé de son
parent, que ce parent soit bienveillant,
indifférent ou malveillant.
Il y a des parents qu’il est douloureux d’aimer,
et pourtant !..
La haine envers le parent n’est que l’expression
d’un amour frustré
On ne peut pas empêcher un enfant d’aimer
son parent même s’il ne lui fait pas que du
bien… mais on peut lui apprendre à s’en
protéger un peu
Cerveau :
20
! 
! 
À la naissance, tout est
possible
Les expériences et
interactions permettent
les apprentissages
Les chemins neuronaux
21
! 
Les apprentissages créent des
chemins neuronaux
Cela s’appelle la spécialisation
! 
Mais on apprend (plus ou moins)
toute notre vie
Cela s’appelle la plasticité
cérébrale
Cerveau :
22
" 
Il existe des périodes critiques : l’organisme est
plus réceptif à certains apprentissages qu’à
d’autres moments. Parfois, passée la période
critique, il ne peut plus faire l’apprentissage en
question.
Développement du cerveau de l’arrière
vers l’avant (Source : Dr Emmanuelle STEPHAN)
23
1. 
2
3
1
2. 
3. 
Partie arrière : contact direct
avec l’environnement à travers les
fonctions sensorielles : toucher,
vision ,audition, perception de
l’espace
Partie moyenne: coordonne ces
fonctions
Partie avant, siège des fonctions
« exécutives »:
! 
! 
! 
! 
Prévoir, se fixer des priorités,
organiser ses pensées,
réprimer ses pulsions,
peser les conséquences de ses actes
Pourquoi les enfants contrôlent-ils moins bien leurs
peurs que les adultes ?
(Source : Dr Emmanuelle STEPHAN)
24
! 
Les enfants contrôlent moins bien leurs émotions parce
que les fibres connectant le cerveau de la conscience
au cerveau des émotions ne sont pas encore pleinement
développés.
! 
De plus, le cerveau frontal où s'établit une bonne part
du contrôle des émotions ne parvient à maturité qu'au
début de l'âge adulte.
! 
En contrepartie, le « centre de la peur »
l'amygdale, est mature dès la naissance et
exerce donc un pouvoir dominant chez l'enfant.
En d’autres termes
25
! 
- 
- 
- 
- 
Tout au long de sa vie, l’individu fait des
apprentissages :
De gestes quotidiens (parole, marche, lecture,
écriture, etc. )
De savoirs scolaires et culturels (français,
mathématiques, biologie, histoire, géographie, etc.)
De processus mentaux (réflexion, logique,
raisonnement)
De savoir-faire et savoir-être relationnels et sociaux
(communication, gestion des émotions, etc.)
So what ?
26
! 
! 
On ne peut pas attendre d’un enfant ou d’un
adolescent qu’il se comporte comme un adulte
Les adultes ont donc un rôle de protection, de
stimulation, de limitation et de verbalisation à
jouer, pour accompagner et guider l’enfant et
l’adolescent dans sa maturation.
Un enfant normal…
27
! 
! 
- 
- 
- 
- 
- 
- 
A travers son éducation, l’enfant apprend à gérer ses
émotions, à vivre avec les autres, à respecter des règles
de sécurité, à supporter les contraintes et frustrations, à
s’affirmer, etc…
Néanmoins, un enfant normal :
S’oppose, dit « non », désobéit
Cache, ment
Se met en colère
Est triste, pleure
Est jaloux
A peur, est paniqué
… UN PEU ! DE TEMPS EN TEMPS !
Les troubles du comportement
28
! 
! 
! 
On parle de troubles du comportement lorsque
des comportements anti-sociaux
viennent au premier plan comme mode
d’expression dans la relation
Ils entraînent des conséquences allant de la simple
gêne au danger pour celui qui les présente et pour
autrui.
Les représentations que l’entourage a de ces
troubles modifient profondément les modes de
réaction à l’égard de ceux qui en sont porteurs et
influencent le pronostic
Dérangeants ou discrets ?
29
Les troubles du comportement peuvent être :
!  externalisés : visibles et dérangeants
-  Vandalisme
-  Vols
-  Agressions verbales ou physiques
! 
! 
- 
- 
- 
- 
Internalisés : peu ou pas visibles
Dépression (retrait, désinvestissement)
Anxiété (repli sur soi, évitement des situations sociales)
Trouble des conduites alimentaires (anorexie, boulimie)
Tentatives de suicide
Les plus fréquemment rencontrés par âge
30
- 
- 
- 
- 
Dans la première enfance : pleurs, troubles du sommeil,
troubles alimentaires.
Ultérieurement : difficulté à se séparer, opposition,
agressivité, colères, morsures entre pairs.
Dans l’enfance : mensonge, refus d’obéissance, vol,
instabilité psychomotrice, sadisme à l'égard des animaux.
A l'adolescence: opposition, revendication, colère,
provocation, auto et hétéro-agressivité, agression sexuelle,
fugue, errance, vol, repli sur soi, difficultés de socialisation,
addictions, troubles du comportement alimentaire, tentative
de suicide, conduites à risque, absence de complience
thérapeutique lors des maladies organiques.
Pourquoi ?
31
- 
- 
- 
Climat familial insécurisant : disputes
fréquentes et graves entre les parents,
voire violences familiales
Climat familial très laxiste, sans limites,
enfant-roi
Parents peu présents : parents accaparés
par leur travail ou leurs soucis personnels
Pourquoi ? (suite)
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- 
- 
- 
- 
- 
Maltraitance psychologique ou physique,
abus sexuels
Traumatismes (agression, accident,
guerre…)
Influence des médias et des pairs (gangs)
Consommation de produits illicites
Décrochage scolaire
Comment interpréter les TC ?
33
! 
Le trouble du comportement pourra témoigner de la
tentative
- 
d’éviter le danger (inhibition, fugue…),
- 
d’affirmer son pouvoir sur un plus faible (racket, viol…),
- 
- 
! 
de résister à ce qui est perçu comme une agression (un
interdit de faire étant reçu comme un interdit
d’exister, un regard comme une provocation).
L’enfant(adolescent) peut aussi s’attaquer lui-même faute
d’une estime adéquate (conduites à risque, tentative de
suicide…) ou comme s’il témoignait ainsi d’une tentative de
s’assurer d’un pouvoir (anorexie mentale…) Le
comportement résiste là d’autant plus à un abord rationnel
qu’il ne résulte pas d’une mentalisation.
34
Docteur, j’ai mal à
mon ado !
La jeunesse n’est plus ce qu’elle était !!!
! 
« La jeunesse d’aujourd’hui aime le luxe ;
elle manque de tenue, raille l’autorité et n’a
aucun respect pour ses ainés. Les
enfants… ne se lèvent plus quand une
personne d’âge entre dans la pièce où ils
sont, ils contredisent leurs parents, se
tiennent à table comme des gloutons et font
une vie d’enfer à leurs maîtres. »
Socrate, 5ème siècle avant Jésus-Christ. (Psychologie de l’adolescent de P. Coslin)
UN STATUT AMBIGU
Un statut ambigu
Dépendance
Indépendance
Développer son au
tonomie
Dépendant affectiv
ement
(attachement
Socialement/légale
ment
(mineur)
Matériellement
subvenir à ses be (ne peut
soins, pas
accès au travail)
Faire des choix po
ur lui
même
Se distinguer de se
s parents
Doit s’affirmer, vo
ire
s’opposer
Keep calm !!!
# 
# 
# 
C’est une phase développementale (=
normale), TRANSITOIRE
Votre enfant va devenir un adulte
responsable comme vous
Il faut être vigilant, mais pas pessimiste
Adolescence, période de remous
39
! 
! 
! 
! 
Réactivation des émotions
Les troubles du comportement sont
fréquents, quel que soit par ailleurs le
type d’attachement.
En l’absence d’un sentiment de
sécurité de base suffisant, c’est à la
construction de ce sentiment dans les
relations du présent que l’on devra
s’atteler.
Ce travail de soin est particulièrement
difficile du fait d’une référence comme
automatisée aux expériences
relationnelles antérieures qui entraîne
une résistance à toute relation d’aide.
Comment réagir ?
40
Comprendre n’est pas accepter !
!  Le dialogue est très important :
aider l’enfant à passer des actes
aux mots, créer un lien de
confiance avec lui
!  Poser des limites, lui montrer que
ses actes ont des conséquences
! 
Poser les bons interdits
41
Les interdits sont à porter essentiellement en
fonction du danger pour l’enfant ou pour
autrui et non en fonction du seul bon plaisir de
l’adulte
!  Distinguer ce qui n’est pas actuellement permis
(utiliser les allumettes à 5ans ou conduire la
voiture familiale sur la route à 15) mais pourra
le devenir, de ce qui restera interdit (mépriser
l’autre, mettre sa vie en danger).
! 
Aider l’enfant à apprivoiser ses émotions !
42
! 
L’agressivité de l’adulte et les représailles
physiques ou psychologiques (menaces de perte
d’amour, dévalorisation, mépris), les attaques
contre le corps (châtiment corporel) ne favorisent
pas la mentalisation, elles poussent à la
dissimulation des émotions.
!  Seul l’accès à un sentiment suffisant de sécurité est susceptible de
permettre à ces émotions de se socialiser dans la relation ou de venir
au jour sous une forme mentalisée.
Les facteurs de protection : à soutenir !
43
! 
! 
! 
! 
! 
! 
La possibilité pour l’enfant d’échanger avec un adulte sur
l’inadéquation du comportement ou sur sa dangerosité,
la possibilité d’autocritique,
la possibilité de manifester son angoisse ou sa dépression,
la possibilité à se projeter au moins partiellement dans
l’avenir,
l’existence d’intérêts stables,
l’acceptation d’une aide
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Etre en bonne santé
mentale, ça veut dire
quoi ?
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Modèle neuropsychologique de la
santé mentale
IN-TÉ-GRA-TION :
- Horizontale :
hémisphère D = « tripes » / hémisphère G = langage
- 
Verticale :
cerveau bas = survie / cerveau haut = raison et moralité
Et concrètement ?
46
Ce que vous faites pour vos enfants, on ne l’a pas fait (pas
assez souvent, pas assez bien…) pour ces enfants-là :
Parler
!  Faire parler (faire donner du sens)
!  Consoler
!  Expliquer
!  Limiter de façon bienveillante et ferme
!  Etc.
! 
Bibliographie d’urgence
47
Merci de votre attention !
48

le développement normal et pathologique des enfants et

Transcription

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