"Argus novembre décembre 2010" au format

Transcription

"Argus novembre décembre 2010" au format
Risques et pollutions industriels
L’argus des accidents technologiques
Aléas météorologiques
De nombreux accidents surviennent à
la suite de grands froids, mais aussi de
tempêtes et de pluies abondantes*.
aria.developpement-durable.gouv.fr
Photo Sdis 66
La base de données ARIA du ministère du développement durable recense
265 accidents ou incidents durant les mois de novembre et de décembre
2010. Les aléas météorologiques sont à l’origine de plusieurs des 251 événements répertoriés ce bimestre en France, dont 5 effondrements, sous
le poids de la neige et parfois sur plusieurs centaines de mètres carrés, de
toitures d’entrepôts, coopératives agricoles ou plate-formes logistiques.
L’écroulement d’une construction récente censée prendre en compte les
« règles neige et vent » de juin 2009 interpelle. Ces événements n’ont
heureusement pas fait de victime, mais sont à l’origine d’importants
dommages et pertes d’exploitation. L’entraînement de certains équipements dans la chute des constructions peut aussi générer des fuites de
matières dangereuses ou d’autres dégâts comme l’inondation générale
d’un établissement après rupture de son réseau sprinkler.
Si les périodes de gel sont redoutées des transporteurs en raison de
retards et des possibilités d’accidents de circulation, des événements plus
rares peuvent se produire, comme le 27 décembre à Mazières-les-Metz
(57) où un wagon de gaz liquéfié s’est déformé sous l’effet de la dépression liée à la condensation du gaz. Le froid peut aussi gêner ou empêcher
l’utilisation de certains équipements bloqués par le gel, ou conduire à
renoncer à l’utilisation des dispositifs de protection comme des rideaux
d’eau après l’accident de wagons de chlore à Woippy (57).
De nombreuses mesures techniques et organisationnelles sont susceptibles d’être mises en œuvre pour prévenir ou limiter les conséquences de
ce type d’accidents parmi lesquelles l’adaptation et le renforcement des
contrôles et tests en période hivernale notamment pour s’assurer de la
permanence des dispositifs de mesure, de sécurité et de secours.
Toutefois il est indispensable d’identifier préalablement les risques liés
aux éléments initiateurs naturels pour mettre au point les mesures les
mieux appropriées. À cet effet, il convient de distinguer, d’une part, les
mesures permanentes comme la conception des bâtiments ou des structures, les adaptations spécifiques de procédés pour éviter par exemple
des changements inopinés de phases gaz, liquide ou solide des matières
dangereuses… et, d’autre part, les mesures conjoncturelles susceptibles
d’être mises en œuvre dans les délais disponibles après l’alerte.
Sous peine de lourdes déconvenues, ces situations méritent d’être
anticipées pour mettre en place de mesures proportionnées aux enjeux.
Jean-Luc Claret
Ministère de l’écologie, du développement durable,
des transports et du logement
Direction générale de la prévention des risques - BARPI
* Cf. sur le site Aria les accidents nos 160, 4296, 4743, 4909, 5959, 8990, 9021, 15513, 17023, 17318,
21611, 23637, 26459, 26460, 27920, 29646, 32258, 34491, 34683, 35167, 35426, 36492, 38521,
38497…
Pour vous tenir informé de ses dernières parutions
relatives au retour d’expérience sur accidents
industriels, le BARPI vous propose de
vous abonner à sa newsletter bimestrielle
sur www.aria.developpement-durable.gouv.fr.
N° 116 - Mars-avril 2011 - Préventique Sécurité
71
Risques et pollutions industriels
Aléas
météorologiques
■ 21/12/2010
27 - SAINT-AUBIN-SUR-GAILLON
52.10 - Entreposage et stockage
Dans une zone d’activité, 1 000 m2 de toiture d’un
entrepôt de 30 000 m2 à charpente en lamellé collé
s’effondrent vers 20 h 30 sous le poids de la neige.
Les employés avaient été évacués après constat de
« signes de faiblesse » sur une poutre centrale de l’atelier d’une société de publipostage occupant une partie du bâtiment. L’effondrement provoque la rupture
du réseau sprinkler ; 430 m3 d’eau se déversent sur
5 000 m2, endommageant une quinzaine de machines de formage ; 520 employés sont en chômage
technique au moins 1 semaine. Une partie du toit
s’était déjà écroulée 4 jours plus tôt, 12 000 autres m2
menaçant de s’effondrer à leur tour. 171 personnes
sont évacuées. L’accès au locaux est interdit jusqu’à
ce que le site soit sécurisé.
■ 26/12/2010
80 - ROYE
52.10 - Entreposage et stockage
Photo Dreal Alsace
La toiture d’une cellule de conditionnement de
3 000 m2 s’effondre sur 800 m2 dans un entrepôt de
40 000 m2. L’exploitant coupe le réseau d’extinction
automatique, isole la cellule en fermant les portes
coupe-feu et met le bâtiment sous rétention. La
72
Préventique Sécurité - N° 116 - Mars-avril 2011
stabilité de la structure est évaluée avant reprise de
l’activité, 15 employés sont en chômage technique
24 h. La neige accumulée lors d’un fort épisode neigeux serait à l’origine de l’événement. Selon le dossier
d’autorisation, l’entrepôt mis en service en juin 2010 a
été construit conformément aux règles neige et vent
révisées en juin 2009.
■ 27/12/2010
57 - WOIPPY
49.20 - Transports ferroviaires de fret
Un wagon-citerne de butadiène vide
non dégazé est en transit dans une
gare de triage. Le gaz se liquéfiant (Téb
- 4,4 °C) sous l’effet du froid ambiant
(- 17 °C), la citerne mise en dépression relative
s’écrase. Le wagon est déplacé à l’écart pour permettre aux secours d’effectuer des mesures d’explosivité
et de rechercher d’éventuelles fissures. La circulation
des trains est suspendue.
Une petite fuite gazeuse est repérée le 30/12 sur la
vanne de fond du wagon et décision est prise de
détruire le reliquat de butadiène sur place. Une injection d’azote (N2) remet la citerne en pression, le butadiène est détruit par torchage le 31/12 entre 0 h et 6 h
et le dispositif est levé à 10 h 30 après une dernière
reconnaissance.
L’injection d’N2 dans les wagons-citernes non-dégazés habituellement effectuée pour éviter la mise en
dépression et la déformation du réservoir par temps
froid n’avait pas été réalisée.
Deux autres accidents se produiront dans cette gare
de triage durant le mois (ARIA 39500 et 39703).
Risques et pollutions industriels
Accidents
de transport
■ 19/12/2010
MEXIQUE - San Martin Texmelucan
49.50 - Transports par conduites
Vers 5 h 30, des personnes siphonnent un oléoduc (DN 760) pour voler
du pétrole brut. Le produit s’écoule
sur 800 m dans une rue résidentielle
en direction d’une rivière a un débit évalué entre 9 et
18 m3/min. Vers 6 h, une source d’ignition indéterminée enflamme le brut et les vapeurs explosent ; des
effets sont ressentis à 5 km. Les flammes atteignent
10 m de hauteur, un gigantesque nuage de fumée se
forme. Les pompiers circonscrivent l’incendie à 11 h.
L’origine de la fuite est découverte 1 h plus tard.
28 personnes ont été tuées (dont 13 enfants) et 52 ont
été blessées (5 restant dans un état grave mais stable
8 jours après). L’explosion a détruit 32 habitations,
83 autres sont endommagées, 9 immeubles se sont
effondrés en partie et 160 personnes sont hébergées
dans des foyers. Les travaux de réparation de 12 écoles impactées devraient s’achever avant la rentrée
des vacances de Noël le 10/01/2011. Les travaux de
dépollution devraient durer 2 mois. L’exploitant du
pipeline versera 300 millions de pesos d’indemnités
(18,5 M d’euros) aux victimes.
1/12/2010
91 - LONGPONT-SUR-ORGE
49.50 - Transports par conduites
Lors d’une reconnaissance aérienne le long du
tracé d’un pipeline (DN 500 mm, 260 km de long,
enterré à plus d’1 m) reliant Le Havre à la raffinerie
de Grandpuits, des travaux sont repérés à proximité
de l’ouvrage. Le propriétaire d’un terrain a creusé un
trou de 4 m de profondeur et de 5 m de large à moins
d’1 m du pipeline. L’exploitant informe la municipalité, le propriétaire du terrain et la préfecture. Une
plainte est également déposée. Aucune déclaration
d’intention de commencement de travaux (DICT) )
n’avait été communiquée à l’exploitant de l’oléoduc.
16/12/2010
06 - LA TRINITE
49.41 - Transports routiers de fret
22/12/2010
57 - WOIPPY
49.20 - Transports ferroviaires de fret
Vers 14 h 10 dans une gare de triage, un convoi de
4 wagons de charbon percute 4 wagons de chlore
(Cl2) presque vides, non dégazés et à l’arrêt. Sous le
choc, 2 wagons-citernes se chevauchent. Un bogie du
premier est arraché et le second déraille.
Le plan d’urgence interne (PUI) de la gare est déclenché. Un périmètre de sécurité englobe le faisceau
de débranchement. Les secours sont sur les lieux à
14 h 35. Le relevage est autorisé après constat visuel
de l’absence de toute fuite et le périmètre de sécurité
est réduit à 4 voies après confirmation de la situation.
Le 23/12 au matin, la quantité de Cl2 dans chaque
wagon est évaluée à 1,6 t. L’étude de danger du triage
ne prévoyant pas la dispersion de plusieurs tonnes de
Cl2, une demande de modélisation est adressée à une
cellule publique d’appui aux situations d’urgence.
Les distances des effets irréversibles et létaux sont
estimées à 1 000 m et 350 m en situation courante
ou 3 000 m et 500 m en situation météorologique
Photo Dreal Lorraine
Sur le viaduc de Nuec, un ensemble routier plateau transportant un mobil-home
percute vers 1 h une semi-remorque
citerne de propane en panne sur la voie
de droite. Les 2 camions s’embrasent ; le conducteur
du véhicule plateau décède dans sa cabine.
Les secours établissent un périmètre de sécurité de
500 m, interrompent la circulation autoroutière dans
les 2 sens et évacuent 45 habitants en contrebas du viaduc. Le trafic des camions sur une partie de l’autoroute
A8 est interdit. Le plan Intempéries arc méditerranéen
(PIAM) est déclenché pour que les poids-lourds puissent se garer sur les aires répertoriées, les préfectures
du Var et des Alpes-Maritimes activent leur centre opérationnel départemental (COD). La circulation est fortement perturbée et des embouteillages de plusieurs
km se forment. Le trafic des véhicules légers reprend à
9 h 45 après réouverture de l’A8 dans les 2 sens mais sur
une seule voie. Durant l’interdiction de circulation des
poids-lourds, près de 900 camions sont immobilisés
sur les aires de stationnement définies dans le PIAM.
L’incendie est éteint vers 3 h 30, puis la semi-remorque
de gaz est refroidie. Les secours constatent lors d’une
reconnaissance vers 11 h que le réservoir de propane
est vide et dégazé ; la réquisition d’un camion-citerne
d’une entreprise privée pour la vidange de la cuve du
camion accidenté est annulée. Les carcasses des 2 véhicules sont enlevées en début d’après-midi. La chaussée
autoroutière est endommagée sur 400 m2 et une fibre
optique reliée à des installations de sécurité du tunnel
desservant Monaco dans le prolongement de l’A8, est
détruite. La circulation sur l’autoroute est rétablie à
17 h 30. La préfecture a diffusé plusieurs communiqués
de presse durant la journée. Une enquête judiciaire
doit déterminer les causes de l’accident.
N° 116 - Mars-avril 2011 - Préventique Sécurité
73
Risques et pollutions industriels
défavorable. Un centre commercial est situé à 1 200 m
des wagons accidentés.
La préfecture réunit le 23/12 à 15 h les différents
acteurs pour préciser les conditions d’intervention.
Toute vidange sur place est écartée et il est décidé
de sécuriser avec une grue la citerne du wagon chevauchant son voisin, durant l’évacuation par rail des
autres wagons. Le wagon chevauchant sera ensuite
déposé au sol, ses bogies découpés et la citerne évacuée par wagon plateau vers un site de dégazage.
Des thermocouples permettront de surveiller la température lors de la découpe, l’acier étant susceptible
d’entrer en combustion au contact du Cl2 à 120 °C.
L’accident est dû à l’envoi par erreur des wagons de
charbon. Le dispositif de freinage automatique de
ces wagons n’a pas fonctionné. La réglementation
sur le transport ferroviaire de matières dangereuses
(RID) a été modifiée récemment dans le but de prévenir ce type d’accident. Les wagons accidentés ne
disposaient pas encore de dispositifs anti-chevauchement de protection de l’arrière des wagons (période
transitoire).
Deux autres accidents (ARIA 39508 et 39703) se produiront le mois suivant dans cette gare de triage qui a
une importance primordiale en raison notamment du
volume de trafic avec l’Allemagne.
Incendies, explosions
et chutes
■ 27/12/2010
42 - L’HORME
25.50 - Forge, emboutissage, estampage ; métallurgie des poudres
Dans une usine à l’arrêt pour les fêtes
de fin d’année et fabriquant des pièces
forgées à froid pour l’automobile, un
feu se déclare sur une ligne de phosphatation avec 12 cuves dont 11 en acier inox. La
police circulant sur l’A47 voisine, aperçoit à 0 h 20 des
flammes sur le toit du bâtiment de 1 000 m2 et donne
l’alerte. La trentaine de pompiers mobilisés éteint l’incendie vers 4 h 30 ; les trappes de désenfumage ont
été ouvertes manuellement pour évacuer les fumées.
L’intervention des secours s’achève vers 5 h 30 ; une
ronde de surveillance est effectuée à 7 h 30.
La charpente métallique du bâtiment s’est localement
déformée sous l’effet de la chaleur et une partie de la
toiture s’est affaissée ; la cuve en polypropylène de la
chaîne de phosphatation, vide lors des faits, et un conteneur d’acide sulfurique ont été détruits. La zone des
presses et autres machines n’a pas été affectée. L’essentiel des eaux d’extinction et produits de traitement
déversés (acide…) a été contenu sur le site (dalle de
l’atelier, rétention de la chaîne de traitement…) mais
des eaux blanchâtres se sont néanmoins écoulées
dans le Giers.
Aucune mesure de chômage technique n’est prévue
pour les 25 employés. L’activité de traitement de surface est sous-traitée à l’extérieur durant l’indisponibilité des installations de l’entreprise. Une enquête est
effectuée pour déterminer l’origine du sinistre.
■ 16/11/2010
86 - LE VIGEANT
24.53 - Fonderie de métaux légers
Dans une usine Seveso seuil bas fabriquant des lingots d’aluminium (Al) pour l’industrie automobile,
un feu à combustion lente se déclare dans un silo de
poussières d’Al de l’unité de traitement des fumées.
Le personnel est évacué, les fours sont arrêtés et
l’alimentation électrique du dépoussiéreur est interrompue. Les pompiers localisent le foyer avec une
caméra thermique, éteignent l’incendie et vident les
filtres. L’exploitant prend en charge les déchets. Les
27 employés sont en chômage technique. Selon la
presse, la turbine défaillante d’un moteur électrique
serait à l’origine du sinistre.
■ 19/11/2010
05 - LA ROCHE-DE-RAME
Un feu se déclare vers 2 h 30 sur un
stock de 1,5 t de déchets d’aluminium
et de magnésium stockées en big-bags
dans un hangar de 200 m2 d’un site
métallurgique. Les pompiers éloignent une dizaine
de sacs de déchets pour limiter la propagation de l’incendie et maîtrisent le sinistre avec du sable mis en
oeuvre avec un tractopelle. L’intervention durera 3 h,
2 ouvertures étant percées dans la toiture du hangar
pour évacuer les fumées. L’exploitant avance l’hypothèse d’une erreur humaine. Un arrêté suspend une
partie des activités de l’entreprise qui avait déjà été
victime d’un incendie en septembre (ARIA 38915).
Selon la presse, l’exploitant réalisera sous 15 jours un
audit portant sur les mesures de sécurité dans l’établissement. Un arrêt automatique des fours en cas de
danger est prévu, ainsi que le remplacement d’anciennes soupapes de sécurité pour éviter la montée
en pression des fours de distillation sous vide.
74
Préventique Sécurité - N° 116 - Mars-avril 2011
Photo Dreal Rhône-Alpes
24.45 - Métallurgie des autres métaux non ferreux
Risques et pollutions industriels
ITALIE - Paderno Dugnano
38.22 - Traitement et élimination des déchets dangereux
Une succession d’explosions et un violent incendie se produisent peu avant
15 h dans un hangar de stockage des
peintures et solvants usagés d’une
usine de traitement de déchets industriels dangereux.
Le feu se propage sur 1 000 des 10 000 m2 du site.
Alertés par des employés, les pompiers mettent
30 min pour atteindre le hangar en feu et dégager les
7 sous-traitants y travaillant. L’épaisse fumée noire
émise oblige à fermer durant 2 h 30 les autoroutes
A52 et Milan-Meda bordant le site. Le trafic ne sera
pleinement rétablit que vers 21 h. L’usine est proche
de 3 magasins, mais aucune habitation n’est à proximité directe. Des riverains indiquent avoir entendu
une forte explosion, puis plusieurs explosions
secondaires.
Les secours mobilisent 13 équipes de pompiers, 10 fourgons, 2 ambulances et 2 hélicoptères pour évacuer les
7 sous traitants gravement brûlés dont 4 décèderont
les jours suivants. En raison de l’implantation urbaine
Rejets de matières
dangereuses
■ 5/11/2010
76 - GONFREVILLE-L’ORCHER
20.14 - Fabrication d’autres produits chimiques organiques de base
Lors d’une ronde en soirée dans l’unité
de vapocraquage d’un site pétrochimique, en phase finale de redémarrage
après une grève, un opérateur note une
forte odeur d’essence dans l’allée centrale de l’unité.
Il donne l’alerte et est rejoint par d’autres opérateurs.
Une flaque d’essence est découverte sur le sol. Un
échafaudage est monté pour atteindre la tuyauterie
en rack surplombant la flaque. Véhiculant de l’essence
vers des bacs de stockage, cette tuyauterie de DN 100
(4”) fuit. Des fumerolles sont aussi observées sur une
tuyauterie voisine de DN 200 (8”) véhiculant du propylène liquide (P=15 bars, T=35°C) vers un échangeur
du circuit de refroidissement. Du propylène gazeux
fuit légèrement au niveau de la soudure d’un patin
de support de la ligne. Le vapocraqueur est arrêté ;
un scénario d’accident majeur étudié sur l’unité mettait en cause cette tuyauterie propylène sur laquelle
l’installation d’un collier d’étanchéité efficace s’avère
impossible. Des détecteurs de gaz et lances sont
positionnés vers la fuite.
L’exploitant identifie une cause commune : une corrosion externe des tuyauteries vers les support de
ligne. Des demi-coquilles collées ont été posées vers
du site et de la toxicité des fumées, les autorités locales
demandent aux riverains de rester confinés chez eux
alors qu’un dispositif de mesure dans l’air des métaux,
dioxines et hydrocarbures aromatiques polycycliques est mis en place, les résultats montrent qu’il n’y
a pas de risques sanitaires et environnementaux et le
confinement est levé en fin d’après midi.
La justice italienne place le site sous scellés. Les
enquêteurs relèvent plusieurs irrégularités dans la
gestion du stockage des déchets, dont la présence de
bouteilles d’acétylène. Le feu serait parti d’un conteneur de solvants usagés qui se serait déjà enflammé
à plusieurs reprises dans le passé. L’incendie se serait
ensuite propagé à un stock de boites de peintures et
de solvants. L’explosion principale se serait produite
quand le feu a atteint une bouteille d’acétylène utilisée par les employés pour découper des batteries
usagées au chalumeau, les explosions secondaires
étant dues aux pots de solvants et de peinture en feu.
Selon la presse, des lacunes importantes existaient
dans les systèmes de sécurité et de prévention du
site. La justice poursuit l’exploitant pour blessures par
négligence et homicides involontaires.
ces supports après une
campagne d’inspection
des tuyauteries 5 ans plus
tôt, pour limiter leur corrosion externe au contact
de la charpente métallique. Les tuyauteries
étant en exploitation, la
pose par soudage avait
été écartée au profit d’un
collage. Malgré la remise
en peinture des tuyauteries, leur profil était resté
accidenté et la colle n’a
pu assurer une étanchéité suffisante. Des infiltrations
d’eau avec le temps ont accéléré la corrosion vers les
supports et provoqué de petites fuites peu visibles
lors de la remise en pression des tuyauteries. La quantité de propylène rejeté est sans doute très faible car
les détecteurs de gaz n’ont rien signalé.
Les 2 tronçons corrodés sont remplacés par des éléments neufs dont les demi-coquilles sont soudées en
atelier. L’inspection des IC demande un recensement
et un examen des autres supports, la procédure d’installation des supports collés est révisée pour garantir
une bonne étanchéité de la jonction coquille/tuyau.
Le vapocraqueur redémarre 5 jours après l’accident.
Photo Dreal Haute-Normandie
■ 4/11/2010
■ 16/11/2010
51 - CHALONS-EN-CHAMPAGNE
20.41 - Fabrication de savons, détergents et produits d’entretien
Dans une usine de détergent classée Seveso, un
opérateur constate vers 22 h 20 des pertes en ligne
N° 116 - Mars-avril 2011 - Préventique Sécurité
75
Risques et pollutions industriels
sur une canalisation alimentant en acide phosphorique (H3PO4) à 75 % les lignes de production depuis
un réservoir de stockage aérien de 30 m3. L’acide
s’écoule sur la passerelle du réservoir, puis dans une
cuvette de rétention. L’exploitant arrête la fabrication, stoppe la pompe de transfert et isole la cuvette.
La zone est rincée avec 2 RIA. Les eaux de rinçage
et les 3,5 m3 d’acide relâchés sont récupérés dans la
cuvette et conditionnés dans des conteneurs envoyés
en destruction.
Ë
La canalisation s’est rompue vers la vanne automatique qui alimente les lignes de production. Selon
l’exploitant, cette rupture franche est due aux vibrations créées par les variations de température et de
pression subies par la vanne lors des séquences de
démarrage ou d’arrêt des pompes de transfert. Une
procédure dite de « recyclage » prévue pour réduire
les vibrations sur la canalisation consistait à maintenir le pompage de l’acide phosphorique en dehors
des périodes de production et à le renvoyer vers le
stockage. Cette procédure ayant montré ses limites,
des raccord de dilatation en Téflon© sont installés
au niveau de la vanne pour absorber ces vibrations,
leur utilisation étant aussi étudiée pour les autres
installations de stockage en vrac du site
■ 14/12/2010
59 - LE CATEAU-CAMBRESIS
28.93 - Fabrication de machines pour l’industrie agro-alimentaire
Dans l’atelier de décapage d’une usine
fabriquant des supports de cuisson
de boulangerie, une réaction exothermique a lieu vers 13 h sur un bain de
9,7 m3 d’acide nitrique (HNO3) à 30 %, après introduction automatique par un robot d’un panier de pièces métalliques dans la cuve de traitement. L’HNO3
déborde et se déverse dans le bâtiment en rétention
en émettant des vapeurs rousses d’oxydes d’azote.
Un opérateur alerte les secours ; 81 employés sont
évacués. Un périmètre de sécurité de 300 m est
mis en place. Les fumées aspirées par la cheminée
d’extraction d’air se dispersent dans l’atmosphère
du fait des conditions météorologiques venteuses.
Les pompiers en combinaisons anti-acides stoppent
la réaction chimique par ajout d’eau, augmentent la
Malgré tout le soin apporté à la réalisation de cette synthèse, il est possible que
des inexactitudes persistent dans les éléments présentés. Merci au lecteur de bien
vouloir signaler toute anomalie avec mention des sources d’information au Barpi,
Dreal Rhônes–Alpes, site Charial, 69509 Lyon Cedex 03.
Courriel : [email protected].
76
Préventique Sécurité - N° 116 - Mars-avril 2011
vitesse du ventilateur d’air et vident 2 m3 d’HNO3 de
la cuve pour contenir si nécessaire une nouvelle réaction chimique. L’intervention s’achève en fin d’aprèsmidi, les dernières mesures confirmant l’absence de
vapeur acide dans l’air. Il n’y a ni victime, ni dommage
matériel.
L’exploitant effectue une enquête. La presse précise que
l’atelier en service depuis peu était en phase de test.
■ 14/11/2010
51 - MATOUGUES
10.31 - Transformation et conservation de pommes de terre
Dans la salle des machines d’une
usine agroalimentaire, de l’ammoniac (NH3) est émis à l’atmosphère
quelques secondes lors de la maintenance planifiée du compresseur d’une installation de
réfrigération. La faible quantité de gaz émise suffit
cependant à déclencher le 2e seuil d’une alarme dont
la cellule de mesure présente une dérive du point « 0 »
(120 ppm au lieu de 0) et dont l’un des capteurs est à
1 m au-dessus de la zone d’intervention ; 1 300 ppm
(0,13 %) ont été détectés à 9 h 16, pour une concentration inférieure à 600 ppm dans le reste du local, les
autres détecteurs ne s’étant pas déclenchés.
Les cartouches coalescentes devaient être remplacées à la suite d’une surconsommation d’huile.
L’intervention correspondante qui débute à 8 h 15,
mobilise 2 employés du site et 1 frigoriste sous-traitant. L’installation est consignée, puis le compresseur
est soutiré à vide à 8 h 30 sans toutefois enlever toute
l’huile de lubrification présente avant ouverture du
circuit en enlevant les premiers boulons à partir de
9 h. Constatant peu après que le clapet anti-retour
côté aspiration est défaillant, les techniciens écarte
les brides pour l’extraire quand la brève émission
d’NH3 se produit à 9 h 15 déclenchant l’alarme à la
suite du « dégazage » de l’huile de lubrification. Les
3 intervenants quittent les lieux.
L’alarme est acquittée et les disjoncteurs sont réarmés à 9 h 17. Les techniciens reprennent leur intervention à 9 h 20. Aucun dommage corporel ou
matériel n’est à déplorer. Le fournisseur du détecteur étalonne la chaîne de mesure pour supprimer la
dérive observée.
■

Documents pareils

L`argus des accidents technologiques du n°119 de

L`argus des accidents technologiques du n°119 de Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement Direction générale de la prévention des risques - BARPI

Plus en détail

L`argus - preventique

L`argus - preventique sur www.aria.developpement-durable.gouv.fr.

Plus en détail

Argus juillet aout 2012

Argus juillet aout 2012 phase d’exploitation et notamment durant le stockage. « Les amères leçons du passé doivent être réapprises sans cesse » disait Einstein, puisse cette modeste chronique y contribuer…

Plus en détail

"Argus mai juin 2012" au format

"Argus mai juin 2012" au format sur www.aria.developpement-durable.gouv.fr.

Plus en détail

L`argus des accidents technologiques

L`argus des accidents technologiques absence de procédure écrite pour la maintenance de filtres de fioul lourd dans une chaufferie urbaine à Paris (75), pour citer quelques illustrations. Ces accidents peuvent entraîner des dommages m...

Plus en détail