THESE Université Claude Bernard - Lyon I
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N° d’ordre 204-2002 Année 2002 THESE Université Claude Bernard - Lyon I Diplôme de doctorat mention neurosciences Perrine RUBY DISTINCTION ENTRE SA PROPRE PERSPECTIVE ET LA PERSPECTIVE D’AUTRUI corrélats neurophysiologiques chez l’homme soutenue publiquement le 5 décembre 2002 Jury : Monsieur le professeur Marc Jeannerod Madame le professeur Dominique Boisson (président) Madame le professeur Marie-christine Hardy-Bayle (rapporteur) Madame le docteur Christine Deruelle (rapporteur) Monsieur le professeur Jean Decety (directeur de thèse) Résumé Chacun fait l’expérience du monde avec un point de vue qui lui est propre. Cette expérience n’est pas directement connaissable, puisqu’il n’est pas possible d’accéder directement au contenu des pensées d’autrui. Il est cependant nécessaire, pour communiquer et pour interagir avec autrui de pouvoir, si ce n’est connaître, au moins évaluer, quelle est son expérience subjective. C’est ce que permet la prise de perspective d’un individu. La théorie de la simulation fait l’hypothèse que A évalue l’expérience subjective de B en simulant l’expérience qu’il aurait lui même s’il était dans la situation de B. Dans le domaine neurophysiologique, plusieurs études ont montré en faveur de cette hypothèse, que des ressources neuronales communes sont recrutées pour faire une expérience avec une perspective en 1ère personne et avec une perspective en 3ème personne. Tout un chacun sait cependant attribuer une action, une connaissance, ou une émotion à autrui, sans ressentir d’ambiguïté et avoir de difficulté à faire la distinction entre sa propre expérience et celle qu’il attribue à autrui. L’objectif de cette thèse a été de rechercher quelle activité neurophysiologique distinguait une perspective en 1ère personne d’une perspective en 3ème personne dans plusieurs domaines de connaissance. Une première étude en tomographie par émission de positon chez le sujet sain, a comparé les corrélats neurophysiologiques d’une perspective en 1ère personne et d’une perspective en 3ème personne dans le domaine de l’action, une deuxième dans le domaine conceptuel neutre et une troisième dans le domaine des émotions. Trois régions cérébrales distinguant ces deux perspectives ont été mises en évidence quel que soit le domaine de connaissance et la personne dont les sujets devaient prendre la perspective. La comparaison des conditions de perspective en 1ère personne aux conditions de perspective en 3ème personne a révélé, des activations dans le cortex somatosensoriel et la comparaison inverse a montré des activations dans le cortex frontopolaire et dans le cortex pariétal inférieur droit au niveau de la jonction temporo-pariétale. Ces résultats soutiennent l’idée que ces trois régions jouent un rôle central dans la distinction entre soi et autrui. En regard des résultats de la littérature, l’activation du cortex somatosensoriel est interprétée comme associée à la représentation de soi c’est-à-dire au sens du «soi» et donc à l’expérience en 1e personne quelle qu’elle soit. Nous faisons l’hypothèse que l’activation du cortex frontopolaire est liée à l’inhibition nécessaire de la perspective propre pour prendre la perspective d’autrui. Finalement l’activation du cortex pariétal inférieur droit pendant la prise de perspective d’autrui conforte l’idée que cette région joue un rôle dans la comparaison entre la représentation de soi et la représentation d’autrui. Entre ce que je pense ce que je veux dire ce que je crois dire ce que je dis ce que vous voulez entendre ce que vous entendez ce que vous pensez comprendre ce que vous voulez comprendre ce que vous comprenez Il y a, sur un malentendu, une probabilité de se comprendre Quand on voit ce qu’on voit, et qu’on entend ce qu’on entend, on a bien raison de penser ce qu’on pense Coluche à moi Avant-propos 1 Prolégomènes 2 I. La prise de perspective A. Définition B. Le biais égocentrique C. Origine du biais égocentrique D.Hypothèse sur le pro cessus permettant la prise de perspective 4 5 7 9 11 II. La théorie de l’esprit A. Définition B. La théorie de l’esprit testée chez les enfants : ce que nous apprend la psychologie du développement 11 11 13 C. Hypothèses avancées pour expliquer la TE 1. La théorie modulaire 2. La théorie théorique 3. La théorie de la simulation 15 15 16 17 a) Définition b) Arguments expérimentaux en faveur de la TS 17 18 III. Les corrélats neurophysiologiques de l’attribution d’états mentaux 24 IV. La schizophrénie comme modèle de psychopathologie de l’attribution d’intention 30 A. Modèles cognitifs de l’action permettant d’expliquer l’origine des troubles d’attribution d’intentions B. Hypothèses sur l’origine physiologique des symptômes schneideriens V. Questions – Hypothèses Méthodologie 32 34 38 40 I. La Tomographie par émission de positons A. Du potentiel d’action au débit sanguin cérébral régional B. Cartographie du débit sanguin cérébral régional en TEP 1. Le marqueur utilisé pour mesurer le DSCr 2. Système de détection des photons issu de la désintégration du marqueur 3. Caractéristiques de la camera utilisée 4. Déroulement et caractéristique de la phase d’acquisition du signal 42 42 45 46 47 48 49 II. Traitement du signal A. Prétraitement des images 1. Réalignement des images 2. Normalisation stéréotaxique 3. Lissage gaussien 50 50 51 51 52 B. Analyse statistique des données par cartographie statistique paramétrée 52 C. Choix du dessin expérimental 1. L’hypothèse d’insertion pure a) Soustraction cognitive b) Conjonction cognitive 2.L’hypothèse d’interaction entre composantes cognitives D. Localisation anatomique III. Limites de la TEP pour l’investigation de la cognition humaine 54 54 56 56 57 59 61 A. limite des informations données par le signal enregistré en TEP 61 B. Limite due à la complexité du sujet étudié 1.Absence d’un niveau de référence de l’activité cérébrale 2. La variabilité interindividuelle 61 61 62 Travaux expérimentaux 63 I. S’imaginer agir versus imaginer autrui agir : Etude1 A. Hypothèses, protocole, résultats et conclusions B. Article 1: publié 64 64 66 II. Evaluer ses connaissances versus évaluer les connaissances d’autrui : Etude 2 A. Hypothèses, protocole, résultats et conclusions B. Article 2: soumis 72 72 74 III. Evaluer ses réactions émotionnelles versus évaluer les réactions émotionnelles d’autrui : Etude 3 A. Hypothèses, protocole, résultats et conclusions B. Article 3: soumis 92 92 92 IV. Synthèse des résultats Discussion 108 112 I. Activations cérébrales communes à la perspective propre et à la prise de perspective d’autrui 113 II. Activations cérébrales distinguant une perspective propre de la prise de perspective d’autrui 117 III. Conclusion IV. Perspectives 132 134 Après-propos Bibliographie Définitions et abréviations 136 137 147 Avant propos Un soir de printemps, il y a 6 ans de cela, je suis allée au cinéma avec quelques amis de l’école vétérinaire (si, c’est possible, c’est possible). Le choix du groupe s’était porté sur « Bernie » un film d’Albert Dupontel, avec Albert Dupontel (mes excuses pour les non initiés à qui, je ne saurais que trop conseiller l’initiation). En sortant de la salle, comme il se doit, nous avons échangé nos impressions. Certains ont déduis du comportement du personnage principal que celuici était tout simplement fou et qu’aucune logique ne dictait son comportement. Pour d’autres, Bernie était animé par la vengeance. D’après moi le comportement absurde et violent de ce héros moderne venait du fait qu’il ne voulait pas accepter l’idée, découverte à la sortie de l’orphelinat, que ses parents l’aient jeté dans une poubelle juste après sa naissance. Face à la douleur que suscitait cette pensée, Bernie décidait de s’en affranchir en niant simplement l’incompressible réalité. Cette réécriture de l’histoire dans la tête de notre héros ne put se faire alors, on le conçoit aisément, qu’au prix d’un comportement manifestant les plus absurdes non-sens ou les plus grossières contradictions. Ce qui m’apparaissait comme une évidence n’était pourtant pas partagé par mes confrères et ce malgré de très insistantes explications de ma part. J’ai mesuré ce jour-là dans la simplicité de mon quotidien la réalité de ce que désignait le terme scientifique que j’allais découvrir quelques années plus tard sous le nom de « théorie de l’esprit ». Ce terme, issu des sciences cognitives veut désigner la capacité de l’homme à réaliser que l’autre pense aussi, mais pas nécessairement la même chose que lui. Je tire plusieurs conclusions « naïves » de cette sympathique sortie estivale. D’une part qu’il y a autant d’interprétations d’un comportement complexe qu’il y a de personne pour le percevoir (1), en d’autres termes, que l’inférence des pensées d’autrui appartient au domaine de la plus totale subjectivité. Il n’existe pas de vérité dans ce domaine pour la simple raison que personne n’a directement accès aux pensées d’un individu. Il s’en suit que la notion de « pensée d’autrui » est et ne peut être qu’une représentation. Elle est en cela ni palpable ni vérifiable, elle ne peut donc être qu’inférable. Je tire une deuxième conclusion qui découle de la première, à savoir que, la représentation que l’on construit des pensées d’autrui étant intimement liée à notre propre expérience dans ce qu’elle a de réel et de sensible, elle s’impose à nous si bien qu’elle nous paraît évidente (2). Dans notre subjectivité nous sommes convaincus de l’objectivité de notre point de vue qui, par conséquent, nous apparaît devoir être logiquement partagé par tous. Ma dernière conclusion sera alors de m’interroger sur la notion de compréhension et de communication (3) : sont-elles possibles dans ces conditions ? Peut-on comprendre ce que l’on n’a pas vécu et ressenti ? Voilà posées, à l’aide de ce banal exemple de rapports humains, les questions qui ont été à l’origine des travaux exposés dans cette thèse. 1 PROLEGOMENES 2 Je tiens ici à avertir le lecteur que l’introduction qui suit n’a pas pour ambition de faire une revue complète des sujets abordés mais plutôt de présenter à l’aide d’exemples les résultats qui ont inspirés la problématique abordée dans les études présentées dans la partie expérimentale. 3 I. La prise de perspective la représentation de la pensée abordée par la psychologie sociale 4 A. Définition Les modèles de prise de perspective en psychologie sociale partent du principe que les individus font l’expérience du monde depuis des points de vue différents et que la nature de chaque expérience individuelle est dépendante du point de vue particulier que chacun occupe (Kraus et Fussell, 1996). On conçoit facilement l’effet d’une différence de perspective dans le domaine visuel, mais la notion de prise de perspective s’applique également à des différences dans une grande variété de catégories de connaissances (perspective conceptuelle, émotionnelle). De nombreux auteurs s’accordent à dire que la prise de perspective joue un rôle central dans le domaine de la communication et des interactions sociales, mais étonnamment peu ont défini avec précision ce que constitue une «perspective ». Ce terme a été en effet utilisé de manières très différentes dans plusieurs disciplines. En psychophysique, la « perspective » fait référence à l’angle de 5 vue de celui qui perçoit (Schober, 1993), alors que dans le domaine de l’étude de la personnalité et de la psychologie clinique, la prise de perspective se définit comme la capacité d’un individu à ressentir ce que vit un autre individu (Batson et al., 1997). Pillow (1995), psychologue social, emploie le terme de perspective pour désigner un état mental ou l’expérience que l’on a d’un événement. Finalement, dans le domaine de la philosophie, dès 1934, George Herbert Mead (1934) a baptisé « prise de perspective de l’autre » l’évaluation des croyances, du comportement, et des projets d’un interlocuteur. En extrayant le dénominateur commun de toutes ces définitions, une perspective apparaît comme l’expérience subjective vécue par un individu, et la prise de perspective fait alors référence à la tentative de représentation de l’expérience subjective vécue par l’autre. Une telle entreprise est particulièrement délicate dans la mesure où l’expérience subjective d’un individu est la résultante de la combinaison de nombreux facteurs non accessibles aux autres individus. D’après Kraus et Fussel (Kraus and Fussell, 1996) a) les connaissances, les croyances et les attitudes b) l’état présent d’interprétation des stimuli et des événements c) les plans, les buts et les comportements d) le contexte social e) le contexte physique f) le contexte émotionnel, sont autant de composantes dans la construction de la perspective subjective du sujet. Selon les modèles de prise de perspective en psychologie sociale, la construction sociale du sens provient de la théorie implicite du sujet sur ce que sait, croit, pense, et ressent son partenaire (Kraus and Fussell, 1996). C’est en ce sens que la prise de perspective est considérée par beaucoup d’auteurs comme étant à l’origine de bon nombre des aptitudes sociales de l’homme. Davis et al. (1996) par exemple, défendent l’idée que la capacité à prendre la perspective de l’autre permet de surmonter notre tendance égocentrique, d’adapter notre comportement aux attentes d’autrui et ainsi de rendre possible des relations interpersonnelles satisfaisantes. « Taking the attitude of the other’ consitutes an integral, basic, and thoroughly intuitively mastered component of communication under ?a variety of? institutional and situational conditions ….. It constitutes the most pervasive and most genuinely social aspect of our general communicative competance …. » Rommetveit 1974 6 B. Le biais égocentrique La perspective d’un individu n’est donc pas directement accessible à un autre. Elle peut être évaluée par un raisonnement inférenciel, ce qui aboutit à la construction d’une représentation dont la justesse du contenu n’est pas vérifiable. De nombreux travaux de psychologie sociale ont montré que le raisonnement destiné à construire la représentation de la perspective d’autrui, a comme caractéristique d’être très fortement influencé par la perspective propre. Gilovich et al. (2000) par exemple, ont réalisé une série d’études dont la 1ère consistait à faire porter à des sujet dans une assemblée, un tee-shirt exhibant soit un trait flatteur soit un trait embarrassant de leur personnalité. Les sujets devaient ensuite estimer le nombre de personnes qui seraient capable de dire ce qui était écrit sur leur tee-shirt. Les résultats ont montré que les sujets avaient une tendance à surestimer ce nombre. Les auteurs ont interprété ce résultat comme une tendance des gens à surestimer l’importance avec laquelle les autres remarquent leur apparence et leurs actions. Ils ont appelé ce phénomène, l’effet « projecteur » (spotlight). Cet effet a été démontré par de nombreux auteurs en utilisant des paradigmes très différents couvrant plusieurs domaines de la vie sociale. Gilovich et al. (1998) avaient déjà montré dans le domaine émotionnel, que les menteurs surestiment la détectabilité de leurs mensonges, et que les gastronomes qui goûtent un mauvais plat surestiment la détectabilité de leur dégoût. Dans le domaine de l’évaluation de la personnalité d’autrui Davis et al. (1996) ont mis en évidence que leurs sujets étaient enclin à attribuer à un inconnu des traits de caractères auto-descriptifs. Cet effet était par ailleurs plus prononcé pour les traits de caractère à connotation positive. Fong et Markus (1982) se sont intéressés à l’étape située en amont de l’évaluation du caractère d’autrui proprement dite, c’est à dire à la façon d’appréhender autrui pour faire connaissance. Ils ont demandé à leurs sujets de choisir, parmi une liste de 26 questions, 12 questions qu’ils aimeraient poser à quelqu’un dans le but de le connaître. « pour juger combien nous importunons en parlant de nous, il faut songer combien les autres nous importunent quand ils parlent d’eux » Mme de Sévigné « On ne compatit qu’aux misères que l’on partage » Thibaudet 7 Les résultats de cette étude ont montré que les sujets avaient tendance à chercher chez l’autre des informations en relation avec leur « self-schema »1. Nickerson (1999) a montré l’effet « projecteur » dans l’évaluation des connaissances d’autrui. Il s’est intéressé à cette question en partant du principe que, pour communiquer efficacement, il est nécessaire d’avoir une idée raisonnablement juste de ce que les autres connaissent. D’après les résultats de ses études, il est arrivé à la conclusion que les gens attribuent leur propre savoir aux autres. De tous ces travaux, il ressort que l’effet « spotlight » est fort, reproductible, indépendant du contexte, et qu’il trahit un biais égocentrique dans l’évaluation de la perspective de l’autre. Si cette hypothèse est vraie on s’attendrait à ce que plus la représentation de soi est saillante plus le biais est important. Fenigstein et Abrams (1993) ont réalisé cinq études qui se sont intéressées aux relations entre une attention dirigée vers soi et la supposition égocentrique que autrui pense de la même manière que soi. Chaque étude a pu montrer que quand la focalisation sur le soi augmente, la supposition de perspectives partagées augmente également. Vorauer et Ross (1999) sont arrivé à la même conclusion après avoir comparé une mesure objective de la transparence2 et le sentiment de transparence des sujets dans des conditions d’attention dirigée vers eux-mêmes. Les gens déforment la représentation qu’ils ont d’eux-même dans le sens positif, ceci étant particulièrement marqué chez les individus narcissiques. Gosling et al. (1998) Le "self-schema" est définit par Markus (1977) comme une généralisation d’informations cognitives concernant le soi, qui découle de l’expérience passée, et qui organise et guide le traitement d’informations concernant le soi dans le cadre d’une expérience sociale. La construction du "self-schema" est basée sur l’organisation et l’évaluation répétée du propre comportement par soi-même et par autrui. 2 Un comportement est transparent s’il permet de discerner avec justesse le caractère et les qualités personnelles de son auteur (Vorauer 1999). 1 8 L’analyse des résultats a montré que les sujets avaient surévalué leur transparence par rapport à la mesure objective faite par des observateurs extérieurs. D’après les auteurs, cette surévaluation est la conséquence d’un manque d’inhibition de la perspective propre. Selon eux, leurs résultats suggèrent que plus les informations nous concernant sont saillantes et accessibles, plus on est enclin à considérer que ces informations sont accessibles à autrui, c’est à dire plus le biais égocentrique augmente. Vorauer en a conclu que la conscience de soi détériore la capacité de prise de perspective. C. Origine du biais égocentrique Les enfants de moins de 2 ans ne font pas la différence entre leur perspective et celle d’un autre individu. Ils ne considèrent par conséquent que la leur. D’après un enfant de cet age, ce qu’il voit, pense et aime est partagé par tous. Les travaux de Piaget ont montré ce biais dans le domaine visuel à l’aide d’une tâche de prise de perspective qui utilise 3 objets représentant des montagnes (Figure 1). Figure 1 : Tâche des trois montagnes de Jean Piaget. Piaget installe l’enfant devant trois montages en plastique, il s’assoit en face de lui et demande ensuite à l’enfant de choisir parmi les 4 images celle qui correspond à l’image que lui, Piaget voit. 9 Un enfant est placé devant trois montagnes alors que l’expérimentateur est placé en face de lui. Parmi 4 images qu’on lui présente, il doit choisir celle qui représente ce que voit l’expérimentateur. Des enfants de 4 et 5 ans choisissent l’image qui correspond à leur propre point de vue. De ce résultat, qui fait référence, et de ses nombreux autres travaux dans le domaine de la psychologie du développement, Piaget a acquis la conviction que l’enfant est ancré dans sa propre perspective de la manière la plus étroite et la plus restrictive, de telle façon qu’il ne peut pas imaginer une autre perspective que la sienne. Il considère ainsi la capacité à apprécier les différences entre son propre point de vue et celui d’autrui comme une importante réalisation du développement de l’enfant (Piaget et Inhelder, 1956). Cette capacité à se détacher de sa propre perspective et la réalisation que la perspective d’autrui n’est pas nécessairement la même que la sienne, se développe dans la petite enfance. Certains travaux tendent à montrer que cette capacité s’acquiert à des âges différents en fonction du domaine de connaissance. Flavell et al. (1990) et Wellman et Woolley (1990) notamment, ont mis en évidence que la capacité à prendre la perspective d’autrui se développe plus rapidement pour les désirs et les jugements de valeur subjectifs que pour les croyances. Certains auteurs rapportent des performances de prise de perspective réussies à partir de 18 mois. Repacholi et Gopnik (1997) par exemple, ont montré, en utilisant une tâche de préférence alimentaire, que si des enfant de 14 mois prédisaient le choix de l’expérimentateur en fonction de leur propre désir, les enfants de 18 mois réussissaient à prendre en compte la préférence de l’expérimentateur dans leur réponse. Dans le domaine visuomoteur, Philippe Rochat (1995) a montré que des enfants de 3 ans avaient des performances similaires à celles des adultes quand on leur demandait de juger si un objet était atteignable pour eux et s’il l’était pour un autre individu. Les travaux exposés dans cette section montrent que la tendance à être ancré dans sa propre perspective trouve son origine dans l’enfance et que la capacité à distinguer sa propre perspective de celle d’autrui est une compétence qui ne se développe pas avant l’âge de 2 ans. Des études présentées dans la section précédente, il ressort que même si l’adulte a développé la capacité à faire la distinction entre sa propre perspective et celle d’autrui, cette opération reste délicate et souffre de la tendance persistante à confondre les deux perspectives (Davis et al., 1996). 10 D. Hypothèse sur le processus permettant la prise de perspective Gilovich et al. (2000) ont formulé une hypothèse de l’évaluation de la perspective de l’autre par « référence à soi puis ajustement » (anchoring-and-adjustment) pour expliquer l’effet « projecteur ». Ils ont testé cette hypothèse en demandant explicitement aux sujets comment ils étaient parvenus à l’estimation qu’ils avaient donnée dans l’étude 1 (cf. p. 4). Il est ressorti de leurs explications que leurs réponses étaient effectivement construites d’abord à partir de leur propre expérience, puis ajustée, mais insuffisamment, pour prendre correctement en compte la perspective d’autrui. En résumé, les études de psychologie sociale montrent de manière unanime que la perspective propre biaise la prise de perspective d’autrui. Pour expliquer ce phénomène, l’hypothèse de l’évaluation de la perspective d’autrui par un processus qui part de la perspective propre puis l’ajuste en tenant compte de l’autre est avancée par Gilovich (2000). De son côté, Vorauer (1999) suggère que le processus d’ajustement nécessite une inhibition de la perspective propre. II. La théorie de l’esprit la représentation de la pensée abordée par les sciences cognitives A. Définition Le terme théorie de l’esprit ne désigne pas une théorie psychologique mais la capacité à expliquer le comportement d’autrui en lui prêtant des états mentaux (intentions, désirs, croyances). Cette capacité a été appelé théorie parce que on ne peut pas avoir directement accès à l’esprit de quelqu’un. Il n’y a pas de moyen objectif de vérifier le contenu de la conscience d’un individu ou d’évaluer ses motivations et ses désirs. Par conséquent, quand on interagit avec des personnes on ne peut qu’essayer de deviner leurs états mentaux en utilisant notre théorie de l’esprit pour trouver ce qu’ils connaissent, veulent, pensent ou ressentent. Ce terme a été introduit par Premack et Woodruff en 1978 dans un article rapportant une étude comportementale qui visait à tester si les grands singes étaient capables de lire les pensées d’autrui. Ils ont présenté à une femelle chimpanzé, Sarah, des films montrant des hommes essayant de résoudre des problèmes. Par exemple, sur un film, on voit un 11 homme sauter pour essayer d’attraper des bananes. La tâche de Sarah était de choisir dans une série de photos, celle qui montrait l’homme qui avait résolu le problème. Sarah a choisi au premier essai, dans quasiment tous les cas, la photo montrant un homme debout sur sa chaise en train d’attraper un fruit. D’après Premack et Woodruff les performances de Sarah démontraient qu’elle avait comprit que l’homme aimait les fruits, qu’il désirait en avoir, qu’il avait l’intention et qu’il essayait d’en attraper. Ils ont déduit de cette étude que les grands singes avaient la capacité de comprendre et prédire les pensées d’un individu. Cette interprétation a cependant été remise en question et la question « la capacité à lire les pensées d’autrui est-elle l’apanage de l’homme » reste actuellement sujet à controverse (Heyes, 1998; Povinelli et Giambrone, 2001). Le terme « théorie de l’esprit » (TE) est utilisé depuis lors pour désigner l’aptitude cognitive à comprendre que les autres individus sont des agents intentionnels, qui pensent en termes de concepts et d’états mentaux (i.e. croyances, désirs). Différents termes ont été introduits par les auteurs pour désigner cette capacité : position intentionnelle (intentional stance) (Dennett, 1987), mentalisation (mentalizing) (Frith et al., 1991), lecture d’états mentaux (mindreading) (Whiten and Byrne, 1991). La volonté de trouver une explication à cette capacité (qu’elle soit ou non spécifique à l’homme) de comprendre, lire et prédire les pensées à la fois de soi-même et d’autrui a été à l’origine du développement d’un domaine de recherche à part entière (Carruthers et Smith, 1996) qui tente de répondre à l’aide de multiples approches aux questions : Naissons nous avec une théorie de l’esprit ? L’apprenons-nous à l’école ? Sur quels mécanismes psychologiques et neurophysiologiques repose cette capacité ? Ces mécanismes sont-ils spécifiques (« domain-specific ») ou participent-ils au développement et à l’expression d’autres aptitudes comme le langage et les fonctions exécutives ? 12 B. La théorie de l’esprit testée chez les enfants : ce que nous apprend la psychologie du développement Les psychologues ont mis en place une série de tests expérimentaux pour évaluer à partir de quel âge les enfants étaient capables d’attribuer des états mentaux à autrui. Un des tests qui a été conçu est une tâche de fausse croyance, comme celle illustrée dans la figure 2. Dans la bande dessiné l’enfant voit Max ranger une barre de chocolat dans un placard, avant de sortir jouer dehors. Pendant qu’il joue, sa mère change le chocolat de place et va étendre le linge. La question posée à l’enfant est alors : « où Max va-t-il aller chercher sa barre de chocolat quand il rentrera ? « Cette tâche a été adaptée selon plusieurs versions, comme la tâche de « Sally et Anne » qui peut-être réalisée avec une poupée (Frith, 1989) ou la tâche des smarties qui teste l’enfant en situation réelle (Perner et al. 1987). Figure 2 : Exemple du type d’histoire communément utilisée pour les tâches de fausse croyance visant à évaluer le développement de la théorie de l’esprit chez les enfants. Dans cet exemple la tâche du sujet sera de prédire ou Max ira chercher son chocolat. Tiré de Perner et Lang (1999). En 1983, Wimmer et Perner (1983) ont montré que les enfants âgés de plus de 5 ans ne présentaient pas de difficultés pour attribuer à Max une fausse croyance. Par contre dans leur étude, les enfants plus jeunes prédisaient que Max allait aller chercher son chocolat là où sa mère l’avait mis. Des études ultérieures ont obtenu des résultats en faveur d’une acquisition de la théorie de l’esprit plus précoce, vers 3-4 ans (Mitchell et Lacohée, 1991). 13 L’interprétation des psychologues est la suivante : les jeunes enfants échouent aux tâches de fausse croyance parce qu’ils ne sont pas capables de séparer ce qu’ils savent eux-mêmes de ce que quelqu’un d’autre sait. Une fois qu’ils savent que le chocolat est dans le placard bleu, il ne peuvent concevoir que quelqu’un d’autre pense différemment, puisque c’est la réalité que le chocolat est dans le placard bleu. Leurs croyances semblent en effet totalement sous l’emprise de ce qu’ils perçoivent, puisque si on demande à un enfant qui a échoué à la tâche des smarties3 « quand tu as vu la boîte de smarties pour la 1ère fois tout à l’heure, qu’est ce que tu pensais qu’elle contenait ? « la plupart du temps il répond « un stylo » (Gopnik et Astington, 1988). Cette étude montre à quel point les jeunes enfants sont influencés par la réalité et ancrés dans leur perspective propre. Les pensées qu’ils attribuent à autrui sont les leurs. Cette étude montre également comment plusieurs représentations différentes ne peuvent coexister dans leur esprit, et comment leur inaptitude à lire les pensées s’applique aussi à eux-mêmes. Ils ont une simple incapacité à se représenter la croyance de quelqu’un, puisque d’après eux la croyance correspond à la réalité « ce que je crois et ce que tout le monde croit est la réalité, donc si je connais la réalité je connais les pensées de moi et d’autrui » (pour une revue voir (Gopnik, 1993). Cette tâche de fausse croyance permet ainsi de délimiter le passage d’un stade du développement où l’enfant a une lecture transparente de l’esprit et de la réalité, à un stade où il a la capacité d’avoir une lecture opaque de l’esprit et de la réalité, c’est à dire la capacité à distinguer entre ce qui est et ce que les gens croient qui est. Les performances des enfants dans les tâches de fausse croyance ont été ainsi considérées par certains psychologues comme la démonstration du développement d’un domaine de compétence spécifique pour les concepts mentaux comme les croyances, qui ne semble pas être disponible avant un certain âge. Cette interprétation est cependant contestée par certains auteurs, comme Riggs et al. (1998) qui ont ajouté dans la tâche de fausse croyance une question de raisonnement logique. Ils demandent à l’enfant « Où Max va-t-il chercher sa barre de chocolat ? », et « si la mère de Max n’était pas venue dans la cuisine, où serait la barre de chocolat ? ». Ces auteurs ont ainsi pu montrer que les enfants qui échouent à la tâche de fausse croyance, échouent également à la question de raisonnement logique. Ces résultats peuvent suggérer que l’absence de développement de la théorie de l’esprit n’est peut-être pas la seule raison qui explique l’échec à la tâche de fausse croyance. Ce type de résultats pose la L’expérimentateur montre à l’enfant une boite de smarties et lui demande "Qu’est ce que tu penses qu’elle contient ? ". L’enfant répond des bonbons. L’expérimentateur ouvre la boite et montre à l’enfant qu’elle contient un stylo. Il lui demande alors si quelqu’un rentre maintenant dans la pièce qu’est-ce qu’il va croire qu’il y a dans la boite? 3 14 question qui est au centre d’un grand débat : la TE est-elle une compétence spécifique ou fait-elle simplement partie des catégories de tâche de raisonnement appartenant aux fonctions exécutives ? (Perner et Lang, 1999). Carlson et Moses (2001) ont apporté des éléments intéressants à ce débat en testant les performances d’enfants de 3 et 4 ans dans des tâches de contrôle inhibiteur (une composante centrale des fonctions exécutives) et de TE. Leur étude a démontré que les performances dans les tâche d’inhibition étaient fortement corrélées aux performances dans les tâches de fausse croyance. Ces résultats ont amené les auteurs à suggérer que le contrôle inhibiteur joue un rôle crucial dans le développement de la théorie de l’esprit. D’après eux l’aptitude à inhiber pourrait jouer un rôle à la fois dans le développement et dans l’expression de cette compétence. C. Hypothèses avancées pour expliquer la théorie de l’esprit Les performances des enfants dans les tâches de fausse croyance indiquent qu’un changement abrupt s’opère pendant la troisième année de vie dans la manière d’appréhender les pensées d’autrui. Ces résultats ont amené beaucoup de psychologues et de philosophes à réfléchir sur l’origine d’un tel changement et sur le mécanisme psychologique qui le permet. Plusieurs hypothèses ont été avancées, dont les trois exposées ci-dessous. 1. La théorie modulaire Le philosophe Jerry Alan Fodor est un des auteurs à l’origine d’une conception modulaire de l’organisation de la pensée (Fodor, 1983). Il fait l’hypothèse que l’esprit est constitué de modules encapsulés de traitement de l’information de bas niveau qui transmettent l’information à des processus de traitement de l’information de haut niveau, non-modulaires. Dans son livre « The modularity of Mind », Fodor exprime clairement qu’il ne propose pas une définition de la modularité, ni les conditions nécessaires pour pouvoir employer ce terme. Il s’attache plutôt à décrire un certain nombre de propriétés qui, selon lui, sont caractéristiques d’un système modulaire. Coltheart (1999) propose cependant qu’il est possible de retenir une définition de la modularité d’après les arguments avancés par Fodor : un système cognitif est modulaire, si et seulement si il est « domain-specific ». D’après Coltheart, savoir si un système modulaire a d’autres propriétés, comme l’innéité par exemple, est une question empirique. 15 Dans le cadre de cette conception plusieurs auteurs défendent l’idée que la théorie de l’esprit s’acquiert grâce à la maturation d’un module spécialisé et inné (Fodor, 1992 ; Leslie, 1987, 1994 ; Baron-Cohen, 1994 ; Langdon and Coltheart, 1999). D’après ces auteurs, le module de la TE est activé vers 3 ans, il est dédié, spécifique, rapide, automatique, au moins partiellement encapsulé et son fonctionnement est largement indépendant des autres capacités intellectuelles de l’individu. Ce module peut donc être endommagé de manière isolée et entraîner des déficits spécifiques de la théorie de l’esprit ou fonctionner correctement en présence d’autres déficits. Ce mode d’organisation de la cognition propose ainsi un cadre qui permet d’expliquer certains des troubles psychologiques observés dans l’autisme (Frith et Happé, 1994 ; pour une revue voir Frith, 2001). Parmi les nombreux déficits dont ils souffrent, les enfants autistes ont en effet de particulièrement mauvaises performances dans les tâches de fausse croyance (Baron-Cohen et al., 1985), ce qui a amené certains auteurs à penser que l’autisme pourrait être la conséquence d’un déficit spécifique du module de la théorie de l’esprit (Leslie, 1994). Ainsi, dans le cadre de la théorie modulaire, la TE est définie comme une capacité cognitive spécifique (sous-tendue par des processus neurophysiologiques tout aussi spécifiques) qui n’aurait aucun lien avec les fonctions exécutives. 2. La théorie théorique Les partisans de cette conception font la théorie que les enfants ont des théories, d’où le nom « theory-theory » en anglais. Selon eux le développement cognitif de l’enfant s’organise à partir de l’expérience, c’est-àdire sur la base des interactions entre les entrées environnementales et les sorties comportementales. Le développement de la théorie de l’esprit se ferait comme l’évolution des théories en sciences, par l’intermédiaire d’un apprentissage heuristique de type essai/erreur. Les enfants, à partir d’une théorie naïve reposant sur des axiomes et des règles d’inférences (innés ou acquis), peuvent interpréter les informations qu’ils reçoivent et faire des prédictions sur les évènements futurs. La confrontation de leurs interprétations et de leurs prédictions à la réalité, permet ensuite de modifier la théorie, si nécessaire, pour l’améliorer (Bartsch et Wellman, 1995). Les théories à partir desquelles les enfants commencent à expérimenter sont fausses, mais comme les scientifiques, les enfants s’emploient activement à trouver du sens aux informations qui proviennent de leurs interactions avec autrui dans leur environnement social (Meltzoff, 1999). 16 La théorie théorique s’oppose à la théorie modulaire en ce sens qu’elle suppose que la capacité de TE repose sur des facultés de raisonnement. Ainsi selon cette théorie, la TE peut être envisagée comme dépendante des fonctions exécutives. A. La théorie de la simulation a) Définition La théorie de la simulation (TS) proposée dans les année 80 dans le domaine de la philosophie de l’esprit, postule que la capacité à comprendre les autres individus repose sur un processus de simulation mentale (Gordon, 1986). La particularité de cette théorie défendue par de nombreux auteurs (Currie et Ravenscroft, 1997; Goldman, 1992; Harris, 1992; Heal, 1998) est qu’elle part du principe que la capacité d’attribuer des croyances est affaire de procédure, de « savoir comment », plutôt que de théorie et de « savoir que ». Selon cette hypothèse le comportement d’un individu est prédit par simulation « off-line » de son processus de décision. De la même manière les pensées d’un individu sont inférées en faisant comme si on était à sa place dans la situation qu’il rencontre et en imaginant alors comment on raisonnerait et réagirait si on était effectivement dans cette situation. Cette théorie présente l’avantage de fournir une explication économique de l’origine du biais égocentrique. Le processus de simulation s’opérerait pendant le jeune âge par totale identification et ça n’est qu’ultérieurement avec le développement des fonctions exécutives et notamment de l’inhibition que l’enfant parviendrait à modifier le résultat de sa simulation en tenant compte des particularités d’autrui. Cette façon de voir les choses ressemble étrangement à l’hypothèse de Gilovich et al. (2000) sur l’évaluation de la perspective de l’autre par « référence à soi 17 puis ajustement » où la « référence à soi » correspondrait au processus de simulation et où « l’ajustement » serait autorisé par un processus inhibiteur. La théorie de la simulation permet ainsi de rassembler et d’expliquer au sein de la même théorie les résultats et hypothèse de psychologie sociale sur le biais égocentrique, et les résultats de sciences cognitives sur les tâches de fausse croyance et sur la corrélation entre le développement de la TE et des fonctions exécutives. La force d’une théorie est fonction de l’étendue des résultats qu’elle peut expliquer, et de la plausibilité du mécanisme qu’elle propose, compte tenu de la structure et du fonctionnement du système auquel elle s’applique. En ce sens la théorie de la simulation a attiré l’attention de beaucoup d’auteurs et a obtenu beaucoup de succès au sein des sciences cognitives. Cette théorie est en effet particulièrement séduisante par son obéissance à un principe universel de la biologie qui favorise toujours la solution la plus économique, « le chemin le plus court », la stratégie du moindre coût. Il est important de préciser à ce stade de la réflexion que les trois théories présentées ci-dessus ne sont pas nécessairement incompatibles. « Va toujours par le chemin le plus court, et le plus court est le chemin tracé par la nature. » Marc Aurèle b) Arguments expérimentaux en faveur de la TS Les premiers travaux qui ont fait référence dans ce domaine ont été réalisés chez le singe au début des années 1990. L’équipe de Giacomo Rizzolatti a montré que certains neurones dans le cortex cérébral du macaque déchargent quand le singe fait un mouvement de préhension de nourriture, et quand le singe observe un congénère ou l’expérimentateur réaliser cette même action (di Pellegrino et al., 1992; Rizzolatti et al., 1996b). En raison de la particularité de leur réponse, les auteurs ont baptisé ces neurones du cortex prémoteur du singe (F5) ‘neurones miroirs’ (Figure 3). Ces résultats, en montrant qu’une action réalisée et qu’une action observée provoquent une activité neuronale similaire, ont fournit les premiers arguments neurophysiologiques en faveur de la théorie de la simulation initialement philosophique. Après plusieurs études qui ont permis de confirmer (Gallese et al., 1996) et d’étendre ces résultats chez l’homme (Rizzolatti et al., 1996a), Gallese a proposé avec Goldman, un des philosophes fondateurs de la théorie de la simulation, que les neurones miroirs, en faisant correspondre l’observation et l’exécution d’une action dirigée vers un but, pouvaient être à la base du système physiologique permettant la reconnaissance d’une action et de l’intention de celui qui la réalise (Gallese et Goldman, 1998). Ces auteurs ont ainsi fait une interprétation de leur résultats, qui propose un lien entre le neurone, la physiologie cérébrale, la TS et la TE. 18 Figure 3 : Réponse d’un neurone miroir dans le cortex prémoteur du singe macaque. Le neurone décharge quand le singe observe un congénère prendre une récompense A, quand il observe l’expérimentateur réaliser le même geste B, et quand il réalise lui même cette action C. Tiré de Rizzolatti et al. (1996). Une autre approche utilisant des paradigmes d’imagerie mentale (visuelle, auditive, tactile, olfactive, motrice, émotionnelle) en neuroimagerie fonctionnelle chez l’homme normal, a permis de montrer que la simulation mentale consciente d’une expérience provoquait des activations cérébrales dans des régions activées lors de la réalisation de cette expérience (Damasio et al., 2000; Decety et al., 1994; Kosslyn et al., 1995). Une correspondance physiologique très forte a été mise en évidence entre réalisation et simulation mentale puisque des activations dans le cortex moteur primaire ont pu être détectées pendant la simulation d’une action (Roth et al., 1996 ; Lotze et al., 1999; Stippich et al., 2002). Ces résultats ont montré que le mécanisme de simulation était compatible avec la physiologie cérébrale. Cependant l’argument qui a permis d’asseoir dans le domaine des neurosciences cognitives l’hypothèse de la TS comme explication de la TE, a consisté dans la mise en évidence de l’activation, non plus au cours de la simulation mentale de sa propre action mais au cours de l’observation d’une action réalisée par autrui, de régions activées au cours de l’exécution de cette action (Bonda et al., 1996; Decety et al., 1997). Une méta-analyse (Grèzes et Decety, 2001) regroupant les résultats de plusieurs études, montre un recouvrement des activations dues à l’exécution, la simulation mentale et 19 l’observation d’une action dans le cortex préfrontal, le cortex prémoteur, le cortex pariétal supérieur et inférieur (Figure 4). Ces résultats ont été discutés comme révélant une équivalence fonctionnelle entre exécution, simulation et observation de l’action. C’est dans ce contexte que Gallese et Goldman ont proposé la notion de « représentations motrices partagées » (c’est à dire utilisée pour la représentation de l’action de l’observateur et pour la représentation de l’action de l’observé) qui seraient l’expression physiologique de la théorie de la simulation et par ce biais, la base du processus permettant la compréhension de l’action d’un autre individu en termes d’intention (Gallese et Goldman, 1998). Figure 4 : Méta-analyse regroupant les résultats expérimentaux de plusieurs études de neuroimagerie sur l’exécution d’une action (jaune), la simulation mentale d’une action (vert), l’observation d’une action (bleu) et la verbalisation d’une action (orange). Les foyers d’activation détectés dans chaque études sont reporté sur le template du MNI. Tiré de Grèzes et Decety (2001). C’est ainsi que la théorie de la simulation a obtenu un véritable crédit auprès de la communauté scientifique qui la considère actuellement comme une hypothèse privilégiée pour l’explication de la cognition motrice d’une part (Jeannerod, 2001), mais aussi de la cognition humaine au sens large. Hesslow (2002) défend en effet l’idée qu’une théorie basée sur un principe de simulation peut expliquer les relations entre les fonctions sensorielles, motrices et cognitives, et l’apparition d’un monde intérieur (‘inner world’). Selon lui, une théorie ‘simulationniste’ des fonctions cognitives repose sur trois hypothèses. Premièrement une activation des structures motrices responsables de la réalisation d’une action, quand la phase finale de l’exécution est supprimée, simule la réalisation de cette action. 20 Deuxièmement une activation interne des cortex sensoriels peut simuler une perception, comme une activation de ces cortex sensoriels par des stimuli externes provoque une perception réelle. Troisièmement, les actions réalisées, comme les actions simulées, permettent des simulations perceptives de leurs conséquences (Figure 5). Le principe de la théorie de la simulation et les résultats obtenus en sa faveur posent cependant une question d’importance qui a été soulevée par plusieurs auteurs (Daprati et al., 1997; Georgieff et Jeannerod, 1998; Grivois et Proust, 1998; Frith et Frith, 1999; Gallagher, 2000; Decety, 1996, 2000) : Plusieurs travaux expérimentaux ont montré que les activations induites par la réalisation d’une action auto-générée et celles induites par l’observation d’une action réalisée par un autre individu, impliquent en partie les mêmes régions cérébrales. Ces résultats suggèrent que la même représentation de l’action est utilisée pour soi et pour autrui. Cette situation implique alors potentiellement une ambiguïté susceptible de poser problème dans l’identification de l’agent qui a réalisé l’action, c’est à dire dans un jugement d’agentivité. Les conditions neurophysiologiques d’une attribution correcte de l’action à son agent se révèlent alors avoir un rôle clef dans l’élucidation des corrélats neurophysiologiques de la distinction soi/autrui et dans la conscience de soi. 21 Figure 5 : principe de la simulation interne proposée par Hesslow. Principe théorique Une situation S1 provoque une activité s1 dans les cortex sensoriels qui induit la préparation d’une réponse r1 et l’exécution d’une réponse R1. Cette réponse modifie la situation S1 en S2 qui provoque elle même une activité s2 etc.. (b) Une relation prévisible entre une réponse et les conséquences sensorielles qu’elle engendrera permet la formation d’une association (indiquée en rouge) si bien que la préparation d’une réponse activera alors directement les cortex sensoriels. (c) Si l’activité perceptive ainsi engendrée peut induire la préparation d’une réponse, il devrait alors être possible de simuler de longues séquences de réponses avec leurs conséquences sensorielles. Exemple de la simulation interne du langage Pendant une conversation, le signal verbal de l’interlocuteur stimule le cortex auditif (A) et l’aire de Wernicke (W). Ces stimulations induisent la formation d’une réponse dans l’aire de Broca (B) et le cortex moteur primaire (M). (b) On peut aussi écouter et répondre à notre propre voix en utilisant les mêmes aires cérébrales. (c) Si la préparation de la réponse verbale peut être dirigée directement (flèche rouge) vers le cortex auditif ou l’aire de Wernicke, on peut aussi se parler silencieusement à soi-même en utilisant le même mécanisme. Tiré de Hesslow (2002) 22 Après avoir pris connaissance dans ces deux premiers chapitres des travaux de psychologie sociale et de ceux de sciences cognitives, l’idée que les appellations distinctes de prise de perspective et de théorie de l’esprit désignent la même aptitude cognitive à se représenter les pensées d’autrui, s’impose (même si l’usage démontre que le terme de TE est plus utilisé pour des croyances, alors que la prise de perspective s’emploie autant dans le domaine perceptif que dans le domaine conceptuel ou émotionnel). Et chaque discipline, en utilisant des protocoles différents, a mis en évidence les mêmes caractéristiques de cette aptitude chez l’adulte et chez l’enfant, c’est-à-dire la tendance à attribuer à autrui ses propres états mentaux. Ainsi en réunissant les conclusions des travaux réalisés dans les deux disciplines, on aboutit à la conviction que la capacité à se représenter les pensées d’autrui n’apparaît qu’a partir de 3-4 ans chez l’enfant, qui initialement ne parvenait pas à distinguer ses propres croyances de celles d’autrui. Cette tendance, même si elle s’atténue au cours du développement, se fait toujours sentir chez l’adulte (spotlight effect) dont le raisonnement sur les pensées d’autrui montre comme principale source d’erreur un biais égocentrique. Pour rendre compte de ce phénomène, une hypothèse en psychologie sociale propose que la construction de la représentation des pensées d’autrui se fait selon un mode d’évaluation qui utilise d’abord la perspective propre et qui ajuste ensuite le résultat de l’évaluation pour tenir compte de la perspective d’autrui. Et si les auteurs en psychologie sociale évoquaient déjà largement l’hypothèse de la nécessité d’une inhibition de la perspective propre pour prendre celle d’autrui, les études sur le contrôle inhibiteur chez l’enfant ont apporté un argument expérimental en faveur de cette hypothèse. La traduction de la TS dans le domaine des sciences cognitives rejoint l’idée d’une évaluation des pensées d’autrui par « référence à soi puis ajustement » (Gilovich et al., 2000) puisqu’elle postule que c’est en simulant le comportement que l’on aurait soi-même dans la situation que l’autre rencontre, que l’on évalue quelles sont les états mentaux d’autrui. Au niveau physiologique cette théorie se traduit par une hypothèse de représentations (motrices) partagées, ce qui pose la question des soubassements physiologiques de la distinction soi/autrui. La recherche des corrélats neurophysiologiques de la lecture des états mentaux ayant été réalisée dans le domaine des sciences cognitives, le terme utilisé ultérieurement est TE. 23 III. Les corrélats neurophysiologiques de l’attribution d’états mentaux Les recherches sur la théorie de l’esprit se sont rapidement orientées vers la neuroimagerie fonctionnelle pour identifier les régions cérébrales dont l’activité est associée à l’expression de cette capacité. Pour ce faire, il a fallu développer des tâches de lecture d’états mentaux adaptées aux contraintes qu’impose ce type de technique. Dans une étude pionnière, réalisée en SPECT, BaronCohen et al. (1994) ont tout simplement demandé aux sujets de juger si les termes qu’ils lisaient étaient ou non en rapport avec l’esprit (‘mind-related’) (la tâche contrôle demandait aux sujets de juger si les termes étaient ou non en rapport avec le corps ‘body-related’). Cette première étude, en montrant une augmentation d’activité dans le cortex orbitofrontal droit (l’étude s’était limitée à l’investigation du lobe frontal) pour une attention dirigée vers des termes évoquant l’esprit, par rapport à une attention dirigée vers des termes évoquant le corps, a posé les bases des recherches futures. Cependant, la capacité de la tâche utilisée par Baron-Cohen et al. (1994) à évoquer une activité cognitive de TE a été contestée et plusieurs approches différentes ont ultérieurement été exploitées pour tenter d’évoquer et de cibler au mieux cette activité cognitive. Dans la première étude réalisée en tomographie par émission de positons, Fletcher et al. (1995) ont mis les sujets dans une situation de lecture d’états mentaux en leur faisant lire de petites histoires à la fin desquelles une question leur demandait d’expliquer le comportement d’un personnage. La même année avec la même technique Goel et al. (1995) ont eu l’idée de présenter visuellement des objets manufacturés aux sujets qui devaient alors évaluer si Christophe Colomb aurait pu déduire leur fonction en les voyant. Quelques années plus tard Gallagher et al. (2000) se sont demandés si la modalité d’induction de la théorie de l’esprit influait sur les régions cérébrales recrutées pour réaliser la tâche. Pour répondre à cette question, ils ont réutilisé dans une étude d’IRMf les histoires de Fletcher (ce qu’ont également fait Vogeley et al., 2001), mais aussi une nouvelle tâche dans laquelle les sujets devaient inférer des état mentaux à partir de dessins. La même année Brunet et al. (2000) ont utilisé, en TEP, le principe de la bande dessinée. Après avoir vu 3 images représentant 3 étapes successives de l’action d’un individu, les sujets devaient choisir une 4eme image, parmi 3, pour finir l’histoire selon une logique intentionnelle. Une autre équipe (Castelli et al., 2000) a utilisé cette année là, des films d’animations mettant en scène des formes géométriques. Dans ce dispositif, minimaliste et écologique, seule l’information de mouvement, amenait les sujets à attribuer des intentions aux formes géométriques. 24 Dans toutes ces études utilisant des approches très différentes, des activations ont été détectées dans le cortex préfrontal médial, dans le pôle temporal (les activations les plus fortes étant souvent enregistrées dans l’hémisphère gauche) et dans le gyrus/sillon temporal supérieur au niveau de la jonction temporo-pariétale (les activations les plus fortes étant plus souvent détectées dans l’hémisphère droit). La figure 6, en représentant et en regroupant les résultats obtenus dans ces différentes études, illustre clairement l’implication systématique de ces trois régions dans des tâches nécessitant la lecture d’états mentaux. A l’aide de l’approche complémentaire de la neuropsychologie, l’implication du cortex préfrontal médian a été confirmée par de nombreuses études qui ont mis en évidence un déficit dans la capacité à attribuer des états mentaux suite à une lésion de cette région (Channon and Crawford, 2000; Stone et al., 1998; Stuss et al., 2001). A partir des résultats de ces études plusieurs hypothèses ont été faites sur le rôle de ces trois régions dans la lecture d’états mentaux. Le cortex préfrontal médial Un rôle prépondérant a été assigné de manière consensuelle au cortex préfrontal dont l’intégrité semble nécessaire à l’attribution d’états mentaux. Les auteurs ont cependant des avis différents sur la qualité de son implication dans cette tâche. Stone et al. (1998), d’après leurs résultats montrant des déficit de TE chez les patients avec une lésion bilatérale du cortex orbitofrontal et pas de déficit spécifique de TE chez les patients avec une lésion unilatérale du cortex dorsolatéral, défendent une hypothèse modulaire de la TE, au même titre que d’autres auteurs qui parlent d’un mécanisme neurocognitif dédié à la TE (Frith, 2001; Happe et al., 1999). Channon et Crawford (2000) de leur côté ont mis en évidence que les patients avec des lésions unilatérales du cortex préfrontal antérieur avaient des difficultés dans la lecture d’états mentaux mais également dans des évaluations des fonctions exécutives. Ces résultats et d’autres qui montrent le rôle du cortex préfrontal dans les fonctions exécutives (pour une revue voir Perner and Lang, 1999) remettent en question l’hypothèse modulaire de la TE. Les travaux de Goel et al. (1997) notamment, sur le raisonnement, ont montré une implication d’une grande partie du cortex préfrontal médial (BA 8, 9, 24, 32 dans l’hémisphère gauche) dans une tâche de raisonnement inductif. Un raisonnement de type déductif était associé, dans cette étude TEP, à des activations dans le cortex préfrontal médial, mais dans sa partie plus ventrale (BA 45, 47). Grâce à une comparaison directe de ces deux conditions, les auteurs ont pu montrer que le raisonnement inductif se distinguait du raisonnement déductif par l’implication d’une partie médiale du gyrus frontal supérieur (BA 8, 9), justement celle qui a été mise en évidence dans les études de neuroimagerie sur la TE (Figure 6). Le raisonnement déductif se distingue de l’inductif en ce sens qu’il est bien défini (well-defined), circonscrit (close-ended) et qu’il a une solution 25 connue, il aboutit donc à une réponse qui est vraie ou fausse. Le raisonnement inductif par contre, se caractérise par la recherche d’une réponse par sélection d’une hypothèse en fonction de critère pertinents. Ce dernier est par conséquent mal défini (ill-defined), ouvert (open-ended) et il n’a pas de solution connue, si bien qu’il aboutit à une réponse qui ne peut pas être qualifiée de vraie ou fausse (Goel et Dolan, 2000). Figure 6 : Localisation des activations détectées dans les études de neuroimagerie ayant étudié la théorie de l’esprit. Sur le cerveau représenté dans l’espace stéréotaxique de Talairach et Tournoux (1988), une activation est indiquée par une lettre qui fait référence à l’étude dont elle est issue. a) Goel et al. (1995). b) Fletcher et al. (1995). c) Brunet et al. (2000). d) Vogeley et al. (2001). e) Gallagher et al. (2000). f) Castelli et al. (2000). Il ressort de cette revue que trois régions sont systématiquement recrutées pour la lecture d’états mentaux : la partie médiale du cortex préfrontal comprenant le gyrus cingulaire antérieur et le gyrus frontal supérieur (en haut), le pôle temporal à proximité de l’amygdale surtout dans l’hémisphère gauche (au milieu), et le sillon/gyrus temporal supérieur à la jonction temporo-pariétale surtout dans l’hémisphère droit (en bas). Tiré de Frith (2001). La similitude cognitive entre le raisonnement inductif et la TE d’une part et la similitude neurophysiologique des régions activées par des tâches faisant appel à ces deux compétences d’autre part, sont des arguments de poids pour soutenir l’hypothèse que la TE est une capacité nonspécifique de raisonnement inductif et qu’elle appartient en cela aux fonctions exécutives. 26 Plusieurs études de neuroimagerie amènent également à suggérer un rôle du cortex préfrontal médial dans une activité mentale dirigée vers le ‘self’ (Damasio et al., 2000; Gusnard et al., 2001; Johnson et al., 2002; Kelley et al., 2002). Attribuer un tel rôle au cortex préfrontal médial, sachant qu’il est impliqué dans la lecture d’états mentaux d’autrui, s’accorde avec le principe supposé par la TS, qui postule, pour les pensées comme pour l’action, que l’évaluation de l’expérience de l’autre implique les régions recrutées pendant la réalisation de cette expérience pour soi. Selon cette hypothèse il est alors cohérent que l’évaluation des pensées d’autrui utilise les régions impliquées dans l’élaboration des pensées propres. Cette hypothèse fonctionnelle répond également à l’hypothèse psychologique de Gilovich et al. (2000) selon laquelle l’évaluation de la perspective de l’autre s’effectue par « référence à soi puis ajustement ». Elle s’accorde finalement avec la définition de la TE selon Carruthers et Smith (1996) qui présente la TE comme la capacité à attribuer des pensées à autrui et à soi-même. Finalement, Stuss et al. (2001) ont suggéré à partir de leur résultats, une dissociation fonctionnelle entre la partie supérieure du cortex préfrontal médial impliquée dans des tâches neutres de prise de perspective visuelle et la partie ventrale impliquée dans des tâches de tromperie avec une composante affective. Ce gradient dorso-ventral de la neutralité vers l’émotion dans le cortex préfrontal se retrouve par ailleurs dans de nombreux travaux (pour une revue Bush et al., 2000). Ceci suggère une implication de composants affectifs dans le raisonnement de TE, qui seraient traités par le cortex orbitofrontal. Plusieurs études ont en effet montré l’implication de cette partie ventrale du cortex préfrontal à la fois dans des tâches de raisonnement et dans la perception de stimuli émotionnels (Adolphs, 1999; Adolphs, 2002). Selon Brothers et al. (1996) cette région fait parti du cerveau social. Le pôle temporal Des activations dans le pôle temporal ont été mise en évidence dans le traitement d’informations émotionnelles. Royet et al. (2000) ont utilisé plusieurs modalités sensorielles (visuelle, auditive et olfactive) pour présenter des stimuli ayant une valence émotionnelle, et ils ont détecté pour chaque modalité des activations dans le cortex orbitofrontal, le gyrus frontal supérieur et dans le pôle temporal. Le pôle temporal est proche de l’amygdale et fait partie de ce qui est appelé « amygdala related cortices » (Siegal and Varley, 2002). L’amygdale est connue pour être impliquée dans le traitement émotionnel et plus particulièrement dans le traitement d’émotions primaires et négatives, comme la peur (Adolphs, 2002; Davidson et Irwin, 1999; Phan et al., 2002). Brothers (1996) a proposé que la cognition sociale dépendait d’un réseau cortical comportant l’amygdale, le cortex orbitofrontal, le sillon et le gyrus temporal supérieur, ce qui a été ensuite défendu par d’autres auteurs (Adolphs, 2001). Ce réseau de la cognition sociale ressemble étrangement à celui mis en évidence pour la lecture d’états 27 mentaux, ce qui suggère que ces deux notions se recouvrent ou du moins sont liées. Baron-Cohen et al. (2000) ont d’ailleurs explicitement utilisé le terme d’intelligence sociale pour désigner la capacité de TE. Cette équipe a montré un défaut d’activation de l’amygdale pour la lecture d’état mentaux à partir du regard chez des sujets autistes, alors que l’autisme est considéré par de nombreux auteurs comme un syndrome caractérisé par une impossibilité à lire les états mentaux (pour une revue voir Frith, 2001). Ces résultats ont amené les auteurs à proposer « the amygdale theory of autism » qui suppose que l’amygdale est une des régions qui fonctionne anormalement dans l’autisme et que ce dysfonctionnement serait lié aux déficits de TE. Ces auteurs ainsi que d’autres (Siegal and Varley, 2002) défendent l’idée que l’amygdale et les structures qui lui sont rattachées jouent un rôle central dans le système neurophysiologique sous-tendant la capacité de lecture d’états mentaux. Cette théorie s’insère volontiers dans une perspective évolutionniste de la psychologie, qui conçoit l’apparition de la TE par sélection naturelle en conséquence de l’avantage adaptatif que procure cette capacité pour la survie de l’individu. En suivant la façon de penser de cette théorie, il ne paraît pas insensé d’envisager que le système neuronal sous-tendant la TE ait évolué et se soit développé à partir de l’amygdale. En effet la capacité à lire les états mentaux d’autrui est un moyen de prévenir et donc de se protéger du danger et de la menace que peut représenter un autre individu. En ce sens la TE est un moyen de se protéger et de prévenir une situation qui évoque la peur, émotion préférentiellement et spécifiquement traitée par l’amygdale. «...seeing a dog and horse and man yawn, makes me feel how much all animals are built on one structure » Charles Darwin 1838 notebook Le sillon/gyrus temporal supérieur à la jonction tempo-pariétale Cette région fait également partie du réseau neuronal de la cognition sociale proposé par Brothers et al. (1990). Son activation a par ailleurs été détectée dans la perception visuelle de nombreuses parties du corps en mouvement comme la bouche (Calvert et al., 1997), les yeux (Hoffman et Haxby, 2000), les mains (Bonda et al., 1996) ou le corps entier (Kourtzi et Kanwisher, 2000) et dans la perception de points lumineux (Johansson, 1973) représentant la cinématique caractéristique d’un corps entier en mouvement (mouvement biologique) (Bonda et al., 1996; Grezes et al., 2001; Grossman et al., 2000 pour une revue voir Allison et al., 2000)). Cette caractéristique fonctionnelle du STS et sa proximité avec MT/V5 (partie du cortex visuel spécialisée dans le traitement du mouvement) a amené certains auteurs à supposer que le système neuronal permettant la lecture d’états mentaux a évolué à partir du système neuronal permettant la perception du mouvement (Frith et Frith, 1999). En effet tous les mouvement cités ci-dessus, reconnus pour 28 activer le STS, sont autant d’informations trahissant les intentions d’autrui et pouvant être utilisées pour inférer ces intentions. D’autre part, des études éléctrophysiologiques chez le singe ont montré que des neurones du STS répondaient à la perception de stimuli visuels et auditifs réalisé par autrui mais que ces neurones ne répondaient pas à la perception de ces mêmes stimuli lorsqu’ils étaient auto-générés par le singe (Hietanen et Perrett, 1993). En ce sens, le STS apparaît comme une région dont l’activité peut être associée à la différenciation entre soi et l’autre pendant une tâche de lecture d’états mentaux. A l’aune des travaux de neuroimagerie exposés ci-dessus on peut constater que l’investigation des corrélats neurophysiologiques de la lecture d’états mentaux a permis d’identifier de manière reproductible plusieurs régions cérébrales recrutées pendant une tâche faisant appel à la TE. Cependant l’implication respective de chacune de ces régions dans cette capacité reste encore non-élucidée. En particulier, ces études de neuroimagerie n’ont pas permis de jeter la lumière sur la question de la distinction soi/autrui posée par la TS et d’apporter une réponse quant à ses corrélats neurophysiologiques. Dans le domaine de la psychopathologie il existe des tableaux cliniques qui montrent des troubles spécifiques de l’attribution d’intention. Ces cas, appartenant aussi bien au domaine de la psychiatrie qu’au domaine de la neuropsychologie, sont des modèles d’étude privilégiés pour la compréhension de la physiologie et de la cognition du jugement d’agentivité correct et donc de la distinction entre soi et l’autre. 29 IV. La schizophrénie comme modèle de psychopathologie de l’attribution d’intention Certains patients souffrant de schizophrénie rapportent des expériences d’hallucinations, de perceptions illusoires, de délire d’influence, d’illusion de contrôle par des forces extérieures, d’illusion de passivité, de transmission de pensée, ou de pensées insérées dans leur esprit contre leur gré….(Schneider, 1959). Œuvres de la collection Cunningham Dax d’art psychiatrique The Cunningham Dax Collection Selected works of Psychiatric Art ISBN 0 522 84768 4 Melbourne University Press 1998 PO Box 278 Carlton South, Victoria 3053, Australia The Cunningham Dax Collection of Psychiatric Art web site (http ://members. Ozemail.com.au/~ecdax /index .html) is part of ongoing efforts to give a better understanding of psychiatric illness, and especially the subjective aspect of what it feels like to have such an illness. It presents images selected from the set of art works collected by Eric Cunningham Dax, during the course of his long and distinguished career in the field of treatment of psychiatric illness. During that career, he sought to provide many patients with an opportunity to use the arts to express their emotions by means of paintings, models and tapestries. 30 Ces symptômes, dits schneideriens depuis qu’ils ont été décris par Schneider comme particulièrement caractéristiques de la schizophrénie (symptômes de 1er rang), ont été interprétés comme des accès pendant lesquels les patients identifient de manière incorrecte la source d’une action, d’une parole ou d’une pensée. En effet, pendant la manifestation des symptômes tout se passe comme s’ils n’étaient plus capables de faire la différence entre ce qui vient d’eux et ce qui provient du monde extérieur. Plusieurs études ont mis en évidence expérimentalement un déficit chez les patients schizophrènes, et de manière plus marquée chez les patients ayant des symptômes schneideriens, dans la capacité à attribuer une action à son véritable auteur (Daprati et al., 1997 ; Franck et al., 2001). Ces résultats ont amené les auteurs à proposer que les problèmes de jugement d’agentivité rencontrés par les schizophrènes étaient associés à une altération de la conscience de soi (Georgieff et Jeannerod, 1998). Au niveau cognitif, l’hypothèse a été faite que cette altération de conscience puisse être provoquée par un déficit dans le traitement d’informations internes ou par un dysfonctionnement d’un système de représentation des informations internes (Malenka et al., 1982; Frith et Done, 1989; Jeannerod, 1999; Maruff et al., 2002). Des modèles de fonctionnement du SNC formulés sur la base de représentations internes ont alors été utilisés pour proposer une explication de l’origine des symptômes schneideriens. A. Modèles cognitifs de l’action permettant d’expliquer l’origine des troubles d’attribution d’intentions D’après Jeannerod (1999), les erreurs d’attribution des schizophrènes peuvent être expliquées à partir du modèle « comparateur », postulé par des physiologistes (modèle de la décharge corollaire de Sperry, (1950) et modèle de la copie d’efférence de von Holst, (1954)) pour expliquer comment le SNC distingue l’origine interne ou externe des changements qui surviennent dans le monde extérieur. Le comparateur est une structure spécialisée qui reçoit des informations sur l’action qui sont d’origine interne et externe. Les informations sensorielles résultant de la réalisation de l’action sont comparées avec une copie interne de la commande motrice contenant des prédictions sur les retours sensoriels que l’exécution devait produire. Si les deux informations concordent le système conclut que l’action qui a été réalisée est celle qui avait été désirée et programmée. Par contre si le comparateur enregistre une différence il en conclut que celle-ci ne provient pas de l’agent. Un dysfonctionnement du comparateur pourrait alors conduire à des erreurs d’identification de la source de l’action. A partir de ce principe, Jeannerod (1995) a proposé un modèle de contrôle de l’action qui permet d’expliquer les conditions dans lesquelles la conscience de l’action survient et qui s’applique donc à la compréhension de la schizophrénie (Slachevsky et al., 2001) (Figure 7). 31 Figure 7 : Modèle de contrôle de l’action proposé par Jeannerod. Ce modèle postule que le contrôle de l’action implique plusieurs niveaux de représentation organisés hiérarchiquement, contenant chacun des aspects différents de l’action : l’intention (int), la planification (plan), la programmation (prog) et l’exécution (exec). Chaque étape peut être influencée par des informations provenant de l’environnement, qui définissent le contexte et les contraintes pour une action donnée, ou par des informations provenant de perturbations pendant l’exécution. La représentation de l’intention est supposée être moins influencée par les informations de l’environnement que par des informations internes. Les autres niveaux, maintenant en mémoire à court terme une représentation des différents aspects de l’action, sont comparés (en M1, M2, et M3) avec les retours sensoriels et permettent ainsi de contrôler le bon déroulement de l’action. Selon le même principe que pour le modèle «comparateur», si les conséquences sensorielles prévues et réelles concordent, l’action est enregistrée comme désirée et les représentations en mémoire à court terme sont effacées. Par contre si une différence est enregistrée, le système entier reste activé et le contenu des représentations en mémoire à court terme est maintenu et remise à jour. La persistance de l’activation de ces représentations serait la condition d’accès à la conscience des représentations motrices. Tiré de Jeannerod (1995). Pour expliquer les symptômes schneideriens, Frith et al. (2000a; 2000b) ont avancé l’hypothèse d’une anomalie dans la conscience de l’action, à partir du modèle proposé par Wolpert et al. (1995), très proche du modèle «comparateur». Ce modèle suppose que le contrôle de l’action dépend d’un système de comparaison entre les conséquences sensorielles d’une action, prévues à l’avance par le système, et les conséquences sensorielles réelles, perçues conséquemment à la réalisation de l’action. Dans le système ainsi défini, si le comparateur ne dispose pas de la prédiction sur les conséquences sensorielles de l’action, ou s’il fonctionne anormalement, l’origine de l’action ne peut plus être identifiée correctement (Figure 8). 32 Figure 8 : Modèle de control de l’action à partir duquel Frith et al. (2000b)expliquent les symptômes d’illusion de contrôle caractéristiques de la schizophrénie. Description du modèle Ce modèle d’organisation du système moteur postule qu’il existe plusieurs types de représentations motrices dont certaines accèdent à la conscience (mauve) alors que d’autres non (jaune). L’état actuel du système ‘estimated actual state’ n’est pas directement accessible au SNC. Cet état est estimé à partir des prédictions sur les conséquences sensorielles de l’action (calculé à partir de la commande motrice) et des retours sensoriels réels (seules informations sur le monde extérieur dont le système dispose). La représentation de l’état désiré ‘desired state’ contient le but poursuivi par le système. L’état du système après la réalisation du but ‘predicted state’ est estimé par un système de prédiction ‘predictors’. La commande motrice est déterminée par le ‘controllers’ et ajustée à l’aide des informations sensorielles (affordances) provenant de l’état actuel du monde extérieur (information visuelle sur la position et la forme d’un objet à saisir). Les informations sensorielles en retour ‘sensory feedback’ sont la conséquence de l’action exécutée mais aussi de n’importe quel événement provenant de l’environnement. Des études suggèrent que nous avons une conscience limitée des conséquences sensorielles de nos actions (Fourneret and Jeannerod, 1998). La détection par les comparateurs d’une divergence entre l’état sensoriel actuel et l’état sensoriel prédit aboutit à la conclusion que l’état actuel n’est pas la conséquence de l’action qui avait été prévue et par conséquent que les informations sensorielles non prévues ne proviennent pas de l’agent qui a réalisé l’action. Par contre si l’état sensoriel actuel et l’état sensoriel prédit correspondent, l’action est considérée comme initiée par celui qui l’a réalisée. Conséquence d’un dysfonctionnement au sein du modèle Le schéma illustre les dysfonctionnements du modèle expliquant le comportement d’utilisation (en bleu) et le délire d’influence (en rose). L’illusion du sujet que l’intention à l’origine de son action ne lui appartient pas, survient quand le système ne dispose pas des prédictions sur les conséquences sensorielles de l’action ‘predicted state’ ou quand le comparateur fonctionne mal. Dans ces conditions, le mouvement est correctement réalisé et le nouvel état sensoriel concorde avec l’état qui avait été désiré, mais l’impossibilité de comparer les conséquences réelles de l’action avec les conséquences prévues, induit une expérience anormale du mouvement. Le patient est conscient que l’action exécutée correspond à l’intention initiale, mais il n’est pas conscient d’avoir initié l’action (ou de ses conséquences prévues) si bien qu’il ressent que l’intention qui a été à l’origine de l’action n’est pas la sienne, et qu’elle a été induite par une force extérieure qui lui fait faire des actions qu’il n’a pas décidé. Tiré de Blakemore et al. (2002). 33 B. Hypothèses sur l’origine physiologique des symptômes schneideriens Les modèles théoriques d’organisation de l’action permettent de proposer une origine cognitive aux symptômes schneideriens. L’étape suivante consiste à trouver une correspondance physiologique à ces modèles, c’est à dire à trouver comment et où, dans le SNC, se matérialise les dysfonctionnements mis en évidence dans les modèles théoriques. Des travaux dans plusieurs disciplines ont amené les auteurs à élaborer différentes hypothèses quant aux régions pouvant sous-tendre la capacité à distinguer soi de autrui. Le cervelet : une étude IRMf comparant la réponse cérébrale à une stimulation sensorielle auto- générée et à une stimulation générée de manière externe, a montré que l’activité du cervelet était moins importante pour un mouvement qui génerait une stimulation tactile que pour un mouvement qui n’en provoquait pas (Blakemore et al., 1999). Ces résultats ont amené les auteurs à suggérer que le cervelet est impliqué dans la prédiction des conséquences sensorielles de l’action et par conséquent dans l’élaboration du signal utilisé pour atténuer la réponse sensorielle à une auto-stimulation. Le cortex frontal et temporal : De nombreuses études neuropsychologiques et histologiques ont montré que la schizophrénie est associée à des anomalies du cortex préfrontal (Grossberg, 2000; Kalus et al., 2000; Selemon et Goldman-Rakic, 1999; Broadbelt et al., 2002). Une revue de travaux histologiques a amené Selemon et Goldman-Rakic (1999) à proposer qu’une réduction du neuropil interneuronal dans le cortex préfrontal est une caractéristique importante de l’histopathologie de la schizophrénie. Plusieurs des travaux qu’ils citent rapportent que ce déficit de cellules concerne plus spécifiquement les petits interneurones de la couche II dans le cortex cingulaire antérieur et dans le cortex frontopolaire, suggérant ainsi que la schizophrénie est associée à un déficit de neurone à GABA (acide gamma-aminobutyrique, neurotransmetteur inhibiteur), dans cette région du cortex (Benes, 1993; Benes et al., 1986; Benes et al., 1991; Benes et al., 1992; Benes et al., 1996). Cette observation histologique s’accorde avec le déficit cognitif dans le domaine de l’inhibition faisant parti du tableau clinique de la schizophrénie (Sanders et al., 2002). D’autres auteurs proposent que la physiopathologie de cette maladie réside plus exactement dans une perturbation des interactions entre le cortex frontal et d’autres aires cérébrales (Fletcher et al., 1999; Friston et Frith, 1995; Jennings et al., 1998). L’évaluation des interactions cortico-corticales chez des patients schizophrènes à partir des données TEP par analyse de corrélation (connectivité fonctionnelle) a amené Friston et Frith (1995) à supposer un syndrôme de «disconnection» préfronto-temporal chez ces patients. Cette hypothèse est en accord 34 avec des études de neuroimagerie qui montrent des anomalies fonctionnelles à la fois dans le cortex préfrontal et dans la région de la jonction temporo-pariétale chez des patients schizophrènes (Paulus et al. 2002 ; Ojeda et al. 2002). La schizophrénie est ainsi de plus en plus soupçonnée d’être associée à une déficit structural et en particulier dans le cortex préfrontal (Chesselet, 2000). Slachevsky et al. (2001) ont comparé les performances de sujets sains et de patients frontaux à l’aide d’un paradigme induisant un conflit entre l’action planifiée et les réafférences sensorielles, pour déterminer l’implication du cortex préfrontal dans le contrôle de l’action. Les sujets devaient tracer une ligne sans voir leur main pendant qu’à leur insu, le retour visuel qu’ils avaient de leur action pouvait être biaisé (Figure 9). Figure 9 : Dispositif expérimental utilisé par Slachevsky et al. (2001). Le sujet voit sur le miroir cachant sa main, l’image retranscrite par l’ordinateur du tracé qu’il effectue sur la tablette graphique. Il doit tracer une ligne droite entre le point de départ et la cible. Tiré de Fourneret et Jeannerod (1998). La conscience du conflit était évaluée grâce à l’angle à partir duquel le sujet ressentait que la ligne qu’il avait tracé n’était pas celle qu’il avait vue (c’est-à-dire l’angle à partir duquel le sujet prenait conscience du biais). Dans cette étude, l’introduction d’une déviation est restée imperceptible aux 2 groupes de sujets jusqu’à un angle de 24°. Au delà, la très grande majorité des sujets sains a eu conscience du biais, tandis que la majorité des patients n’en n’a pas eu conscience. Daprati et al. (1997) a testé des patients schizophrènes sur une tâche similaire de jugement d’agentivité. Les patients devaient évaluer pendant qu’ils réalisaient un mouvement des doigts ou du poignet si la main gantée qu’ils voyaient sur l’écran était la leur ou non. Cette étude a permis de montrer que les patients souffrant de symptômes schneideriens font plus d’erreurs dans l’identification de leurs mouvements que les patients ne présentant pas ces symptômes. Ainsi, les patients frontaux testés par Slachevsky et al. (2001) 35 présentent des performances similaires à celles des patients schizophrènes, ce qui permet d’envisager un rôle du cortex préfrontal dans le jugement d’agentivité. Il est intéressant de préciser ici que, dans l’étude de Daprati et al. (1997), les erreurs d’attribution des patients schizophrènes avec symptômes schneideriens vont dans le sens de l’autoattribution, de la même manière que les erreurs d’inférence des enfants de moins de 3 ans manquant de control inhibiteur se manifestent par un biais égocentrique. Ainsi les erreurs de jugement d’agentivité des schizophrènes semblent pouvoir s’interpréter comme chez les enfants par un défaut d’inhibition de la perspective propre, et s’expliquer par un dysfonctionnement du cortex frontal. A la lumière des résultats exposés ci-dessus, on est amené à constater que des études anatomiques aussi bien que des études fonctionnelles ont montré des anomalies chez les patients schizophrènes dans les régions cérébrales justement identifiées pour intervenir dans la TE, i.e. le cortex frontal, et le cortex temporal (pour une revue Kuperberg et Heckers, 2000). Ces résultats sont cohérents avec la mise en évidence de déficits dans la capacité de TE chez les patients schizophrènes (Corcoran et al., 1997; Corcoran et al., 1995; Sarfati et Hardy-Bayle, 1999; Sarfati et al., 1997). Sarfati et HardyBaylé (1999) ont montré que ces patients présentaient de moins bonnes performances dans des tâches de lecture d’états mentaux que des patients maniaques et que des sujets sains. L’interprétation du comportement d’un individu par les patients schizophrènes s’est révélée dans cette étude être plus influencée par la fréquence des actions que par les états mentaux de l’individu. Une étude très récente de TEP (Brunet et al., 2001) a permis de montrer explicitement que la réalisation d’une tâche non verbale de lecture d’états mentaux n’est pas associée chez les sujets schizophrènes à l’activation des régions du cortex préfrontal médian, recrutées chez les sujets sains pendant l’exécution de cette tâche. Les résultats montrent que la perception de visages humains active par contre, dans les deux groupes, la partie postérieure du sillon temporal supérieur dans les deux hémisphères. L’ensemble de ces études tend ainsi à montrer que les erreurs d’attribution d’intention et la mauvaise aptitude à lire les états mentaux d’autrui, coexistent chez les patients schizophrènes et sont liés à des anomalies du cortex frontal. Le cortex pariétal : plusieurs faits expérimentaux ont également mis en exergue des anomalies dans le cortex pariétal inférieur chez les patients schizophrènes (Maruff et al., 2001; Niznikiewicz et al., 2000; Spence et al., 1997). Dans le domaine anatomique d’une part, des anomalies structurales ont été mises en évidence dans cette partie du cortex. Niznikiewicz et al. (2000) ont effectué des mesures individuelles en IRM du volume des gyrus du cortex pariétal (CP) chez des sujets sains et chez des 36 sujets schizophrènes. L’analyse des données a mis en évidence une asymétrie entre le cortex pariétal droit et gauche, en faveur du gauche (CP gauche 7% plus volumineux que le CP droit) chez les sujets sains et en faveur du droit (CP gauche 6,3% moins volumineux que le CP droit) chez les sujets schizophrènes. Une grande partie de cette différence a pu être imputée spécifiquement au gyrus angulaire. Maruff et al. (2001) ont montré plus précisément, toujours au moyen de l’IRM, une réduction du volume cortical dans le cortex frontal et dans le cortex pariétal chez des patients schizophrènes souffrant d’illusion de passivité par rapport à des sujets schizophrènes sans délire. Les auteurs en ont conclu que leur données établissaient avec évidence l’implication du cortex pariétal dans la physiopathologie de la schizophrénie. Ces études confortent les résultats de neuroimagerie obtenus par Spence et al. (1997) quelques années auparavant, qui mettent en évidence une anomalie fonctionnelle au sein du cortex pariétal chez les patients schizophrènes. Plus précisément, cette étude TEP montre une activation plus importante dans le cortex cingulaire et dans le cortex pariétal inférieur droit, au cours d’une tâche de sélection libre de mouvement avec un joystick, chez des patients schizophrènes par rapport à des sujets sains, mais aussi chez des patients schizophrènes souffrant de délire d’influence par rapport à des patients schizophrènes sans délire et finalement chez des patients schizophrènes pendant l’expression des symptômes d’influence par rapport à ces mêmes patients pendant une période sans symptôme. Dans le domaine de la neuropsychologie, une étude de cas publiée par Mesulam (1981) a montré qu’une lésion de la jonction occipito-pariétale à droite peut provoquer des symptômes de type schneiderien. Le patient souffrait d’un abcès dans cette région qui fut excisé chirurgicalement. Plusieurs mois après l’opération le convalescent exprimait une impression de tête vide, dépourvue de pensées, il se sentait hypnotisé. Ces symptômes s’accompagnaient de visions, de gêne abdominale, du sentiment d’une mort imminente, d’une peur intense et de la conviction que son corps etait contrôlé par des forces extérieures. Le fait, mis en lumière par l’expérience, que l’expression de symptômes schneideriens s’accompagne d’anomalies dans le cortex pariétal inférieur droit et que réciproquement des anomalies dans le cortex pariétal inférieur droit peuvent provoquer des symptômes de type schneideriens, suggère que le cortex pariétal inférieur droit joue un rôle prépondérant dans le jugement d’agentivité. 37 V. Questions – Hypothèses D’après les travaux exposés dans ces prolégomènes, les corrélats neurophysiologiques qui sous-tendent la distinction entre sa propre perspective et la perspective de l’autre font l’objet d’hypothèses mais ne sont pas élucidés. L’ambition des travaux réalisés au cours de cette thèse était d’apporter des élément de réponse à cette question en comparant directement les corrélats neurophysiologiques de la perspective propre et de la prise de perspective d’autrui dans plusieurs domaines de connaissance. 38 La première étude a comparé une perspective en 1ère personne et une perspective en 3ème personne dans le domaine de l’action, la deuxième dans le domaine conceptuel et la troisième dans le domaine émotionnel. Dans le domaine moteur, la notion de représentations partagées est connue et acceptée, c’est pourquoi dans ce domaine avant tout, se posait la question des corrélats neurophysiologiques de la distinction soi/autrui. Les études 2 et 3 étaient destinées à tester si les résultats obtenus dans le domaine moteur étaient généralisables au domaines conceptuel et émotionnel. Elles ont été inspirées de la dichotomie proposée par Dixon et Moore (1990). Ces auteurs proposent l’intervention de deux composantes distinctes dans la prise de perspective : l‘ »information effect » c’est-à-dire l’évaluation des connaissances de l’interlocuteur et le « weighting effect » c’est-àdire l’évaluation du poids qu’il va donner à ces différentes informations pour élaborer une décision. L’étude 2 a ciblé l’ »information effect » en demandant aux sujets d’évaluer les connaissances d’autrui et l’étude 3 s’est intéressé au « weighting effect », en demandant aux sujets d’évaluer la réaction d’autrui dans une situation sociale susceptible de provoquer une réaction émotionnelle. D’après la théorie de la simulation on s’attend à trouver un réseau cortical commun entre la perspective propre et la prise de perspective d’autrui. Cependant il doit exister en plus de ce réseau commun des régions dont l’activité permet de distinguer la propre perspective (P1) de la perspective d’autrui (P3), et ce quel que soit le domaine de la prise de perspective. La comparaison de la P1 et de la P3 est un moyen de les mettre en évidence. On s’attend à ce que la comparaison (P1-P3) révèle des activations dans des régions impliquées dans le « self-schema », la représentation de soi. Dans plusieurs travaux expérimentaux l’activité du cortex somatosensoriel suggère une implication de cette région dans la représentation ou la conscience de soi (Berlucchi et Aglioti, 1997; Critchley et al., 2001a; Damasio et al., 2000; Iacoboni et al., 1999; Keenan et al., 2001; Kircher et al., 2002), ce qui nous a amené à pronostiquer son activation dans le contraste (P1-P3). D’après les résultats de psychologie sociale, de sciences cognitives et de psychologie du développement sur la prise de perspective, nous avons fait l’hypothèse que la prise de perspective d’autrui nécessite une inhibition de la perspective propre et un processus de comparaison et de distinction entre la représentation de soi et la représentation d’autrui. En conséquence on s’attendait à ce que la comparaison (P3-P1) révèle des activations dans le cortex préfrontal antérieur, dans le cortex pariétal inférieur droit mais aussi au niveau de la jonction temporo-pariétale. 39 METHODOLOGIE 40 Pour apporter des éléments de réponse aux questions posées dans l’introduction, l’objectif des travaux expérimentaux de cette thèse était de mesurer l’activité neurophysiologique pendant la réalisation d’une opération cognitive précisément choisie. A l’échelle cellulaire, l’activité neuronale se traduit par la propagation le long d’un neurone, d’une onde d’inversion du potentiel membranaire, appelée potentiel d’action (PA). L’implantation de micro électrodes directement dans la cellule permet d’enregistrer les PA, mais ce type de méthode est trop invasif pour être utilisé chez l’homme. La technologie actuelle n’étant pas en mesure de proposer des méthodes de mesure de l’activité cérébrale qui allient innocuité et précision à l’échelle cellulaire, l’investigation du cerveau humain fait appel à des techniques qui permettent la mesure d’un paramètre qui varie en fonction de l’activité d’une population de neurones, et qui a donc un lien indirect avec l’activité neuronale unitaire (le PA). Les techniques actuelles de neuroimagerie fonctionnelle permettent une mesure indirecte du débit sanguin cérébral régional (DSCr) pour la tomographie par émission de positon (TEP), et une mesure indirecte du rapport désoxyhémoglobine sur oxyhémoglobine pour l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). On considère que les variations de ces deux paramètres sont corrélées à l’intensité de l’activité d’une population de neurones à l’échelle macroscopique de la région. Ce chapitre méthodologique décrit la technique qui a été employée pour toutes les études exposées dans ce mémoire, la TEP, ainsi que le type d’analyse des données qui a été utilisé. Pour finir, une section aborde la question des limites d’interprétation des résultats obtenus. 41 I. La Tomographie par émission de positons La TEP est un outil d’exploration anatomo-fonctionnelle in vivo. Cette technique permet, après injection intraveineuse d’une molécule marquée avec un émetteur de positons, de déterminer la répartition spatiale de cette molécule dans un organe cible (au cours d’une durée variable selon le radio-traceur utilisé). En fonction des propriétés des molécules injectées (fixation du Na18F sur le squelette, fixation du 18FDG dans les tumeurs, diffusion de l’H215O dans le sang, fixation du raclopride marqué au 11C sur les récepteurs dopaminergique D2), la mesure de la radioactivité permet soit la visualisation d’une structure ou d’un compartiment (permettant par exemple de déterminer des anomalies du squelette, la présence et la localisation de tumeurs, ou le débit sanguin), soit le suivi d’un processus métabolique (comme la consommation de glucose, ou le taux de fixation d’un ligand à son récepteur). La cartographie du DSCr par injection intraveineuse d’eau marquée à l’oxygène 15 a été proposée par Hersovitch (1983), puis par Mazziotta (1985). Cette mesure est utilisée comme indicateur de l’activité cérébrale sur la base de l’existence d’une corrélation forte entre l’activité cérébrale et les variations hémodynamiques locales postulées dès 1896 par Roy et Sherrington (1896). Cette section présente dans une première partie les liens entre PA et débit sanguin justifiant l’utilisation du signal enregistré en TEP comme marqueur de l’activité cérébrale. Une deuxième partie expose les principes et techniques d’acquisition du signal TEP. A. Du potentiel d’action au débit sanguin cérébral régional Les potentiels d’action se propagent le long d’un neurone à une vitesse de 1 à 100 m par seconde, des dendrites vers l’axone. A l’extrémité de l’axone, une synapse permet la transmission de l’information à un autre neurone (Figure1). L’arrivée d’un potentiel d’action au niveau d’une synapse chimique déclenche la libération dans la fente synaptique d’un neurotransmetteur. La fixation de cette molécule sur les récepteurs de la membrane du neurone post-synaptique entraîne une cascade de réaction qui provoque une modification du potentiel membranaire de ce neurone. Après sa libération, le neurotransmetteur est recapté soit dans le neurone pré-synaptique soit par les cellules gliales, ce qui met fin à l’excitation post-synaptique (Figure 2). Ce phénomène s’accompagne d’une consommation importante d’énergie sous-forme d’ATP (Adénosine triphosphate) et de glucose (i.e. Pellerin and Magistretti, 1994). 42 Figure 10 : Les neurones sont connectés entre eux par des synapses qui permettent une transmission orientée de l’information. Le sens de propagation des PA est toujours de l’axone vers les dendrites. Figure 11 : Représentation d’une synapse chimique. L’arrivé du PA dans le neurone pré-synaptique, (en haut) déclenche la libération du neurotransmetteur (points roses) dans la fente synaptique. Il se fixe alors sur les récepteurs post-synaptiques ce qui déclenche une cascade de réactions qui peut aboutir à l’émergence d’un PA dans le neurone post-synaptique. Le neuromédiateur se fixe aussi sur les récepteurs des cellules gliales (en violet sur les côtés) qui sont responsables de la plus grande partie de sa recapture. Après le passage d’un PA, le rétablissement dans la cellule des concentrations ioniques initiales est un deuxième phénomène consommateur d’énergie. La dépolarisation membranaire qui caractérise le PA, est en effet provoquée par un transfert passif de charges positives (ion Na+) à l’intérieur de la cellule, faisant passer le potentiel membranaire de –70 mV à 30 mV. Pour que le passage d’un nouveau PA soit possible, la repolarisation de la membrane à –70 mV est nécessaire. Elle est obtenue par l’activité des pompes Na+/K+ ATP-dépendantes qui inversent le flux ionique en évacuant de la cellulle les ions Na+ par transport actif (elles évacuent 3 ions Na+ pour 2 ions K+ incorporés , le bilan du transport est donc une évacuation de charge positive). Avant que les concentrations ioniques initiales ne soient rétablies, une stimulation efficace ne produira pas l’apparition d’un nouveau PA. C’est la raison pour laquelle cette période suivant le passage de chaque PA est appelée période réfractaire, elle dure de 0.5 à 1 milliseconde (Figure 3). Pour résumer, la propagation des PA résultant d’un transfert passif de cations n’est pas directement responsable de l’importante consommation d’énergie associée à l’activité neuronale. Ce sont les processus engagés au cours de la libération et de la recapture des neuromédiateurs, ainsi que ceux permettant le rétablissement du potentiel membranaire, suite au passage d’un PA, qui sont consommateurs d’énergie. Ces activités métaboliques nécessitent donc des mécanismes permettant le réapprovisionnement rapide du stock d’ATP du neurone. 43 Figure 12 : Illustration du mécanisme de propagation du PA le long de la membrane neuronale : Lorsque la dépolarisation membranaire arrive au niveau d’un électrorécepteur sodium, celle-ci déclenche son ouverture. Les ions Na+ plus nombreux dans le milieu extracellulaire (ME) rentrent alors passivement par diffusion dans le milieu intracellulaire (MI) (a) . Cette entrée massive de charges positives entraîne la dépolarisation de la membrane à cet endroit, qui va alors provoquer l’ouverture de l’électrorécepteur suivant (b) et ainsi propager la dépolarisation jusqu’à l’extrémité de l’axone (flèches bleues). Après le passage du PA, la membrane est repolarisée par transport actif de charges positives à l’extérieur de la cellule, réalisé par les pompes NA+/K+ ATP-dépendantes : c’est la période réfractaire (c). 44 Bien que les mécanismes cellulaires précis de la production d’ATP soient encore sujets à débats (Magistretti and Pellerin, 1996), il est accepté que la majeure partie de l’ATP est obtenue par dégradation du glucose en présence d’oxygène (Figure 4). Le fonctionnement normal du cerveau est donc étroitement lié à la consommation d’oxygène et de glucose, ainsi qu’à un renouvellement permanent de ces deux éléments. Ce renouvellement local du substrat énergétique est permis par une augmentation du DSCr, qui doit être rapide du fait des faibles réserves énergétiques disponibles. Même si les différentes étapes du couplage entre l’activité électrochimique neuronale et les variations du débit sanguin cérébral qui lui sont associées, ne sont pas encore entièrement élucidées, une proportionnalité directe entre le taux de glucose consommé et le nombre de potentiels d’action a précisément été montrée par Collins (1987). Au niveau le plus élémentaire, il semble acquis que le DSCr reflète l’activité synaptique locale (Fox et Raichle, 1984), et que les variations du DSCr lors de stimulations sont destinées à moduler localement la quantité de substrats énergétiques disponibles, comme le glucose par exemple (Fox et al., 1988; Sokoloff, 1977). Figure 13 : Représentation schématique du métabolisme énergétique cellulaire lié à l’activité neuronale. L’augmentation du DSCr est permise par une vasodilatation des artérioles dont la réponse temporelle est estimée à environ une seconde et perdure pendant plusieurs secondes (Kwong et al., 1992). Les mécanismes intimes de la genèse de cette vasodilatation locale et de sa régulation restent encore obscurs et plusieurs hypothèses sont avancées. L’hypothèse myogénique suppose l’existence d’un mécanisme d’autorégulation de la contraction des vaisseaux cérébraux, affranchissant ces derniers des variations de pression artérielle systémique. Ce phénomène aurait pour conséquence d’assurer l’indépendance de la circulation cérébrale vis-à-vis de celle de l’organisme et de contribuer au maintient de l’homéostasie. L’hypothèse métabolique propose que la chute du rapport ATP/ADP engendre la stimulation de la glycolyse et de la chaîne respiratoire mitochondriale conduisant à la production de 45 substances vaso-actives telles que les ions H+ ou le CO2 (Sokoloff, 1977). A l’encontre de cette dernière hypothèse, un certain nombre de résultats montrent qu’il existe un découplage entre les variations du DSCr et le métabolisme oxydatif dans des conditions d’activation (Fox et al., 1988). Plusieurs autres hypothèses ont été envisagées. L’activité synaptique pourrait libérer un neuromédiateur (probablement le monoxyde d’azote, NO) qui diffuserait rapidement et induirait la relaxation des muscles de la paroi endothéliale vasculaire (Gally et al., 1990). Le potassium a également été envisagé comme médiateur de la vasodilatation, via un mécanisme astrocytaire (Paulson et Newman, 1987). Collins (1987) pour sa part envisage un mécanisme purement neurogénique sur l’endothélium vasculaire. B. Cartographie du débit sanguin cérébral régional en TEP Les études d’activation cérébrale en TEP reposent sur l’hypothèse que l’engagement dans une tâche cognitive entraîne des modifications de l’activité cérébrale, que l’on considère pour les raison exposées en I-A associées à des variations de DSCr. La TEP permet, en utilisant de l’eau marquée à l’oxygène 15 comme traceur, de mesurer ce paramètre. Dans ce type de protocole, la camera a une résolution spatiale de l’ordre du millimètre, et une résolution temporelle de l’ordre de la minute. 1. Le marqueur utilisé pour mesurer le DSCr Le radiotraceur utilisé dans les études d’activation cérébrale est l’eau marquée à l’oxygène 15 injectée par voie intraveineuse. L’eau se répartit de manière homogène dans le sang et diffuse librement à travers la barrière hémato-encéphalique. Elle est extraite du plasma vers les tissus cérébraux lors de son premier passage, et son assimilation est hautement corrélée avec le débit sanguin régional. Etant donné que le nombre de positons émis par l’atome d’oxygène 15 est proportionnel au nombre de molécules d’eau dans une région donnée, lui-même proportionnel au débit sanguin dans cette région, les quantifications obtenues reflètent le DSCr. De plus, la courte demi-vie de l’oxygène 15 (123 secondes) permet d’effectuer des cartographies rapides et successives (toutes les 10 minutes) du DSCr sans danger chez le même sujet. La quantité de radioactivité injectée au sujet ne doit pas dépasser 350 mCi. La caméra HR+ utilisée pour toutes les études présentées dans cet ouvrage a une sensibilité qui permet d’injecter seulement 9 mCi à chaque acquisition. Sachant que le nombre d’injections pour un protocole d’activation n’excède généralement pas 12, la quantité de radioactivité reçue par un sujet (108 mCi) reste donc très en-deçà de la dose limite à ne pas dépasser. L’eau est injectée sous forme de bolus 46 dans la veine radiale par un automate. L’injection comporte deux phases : 10 ml d’H215O puis 10 ml de sérum physiologique pour pousser et rincer le bolus radioactif. 2. Système de détection des photons issu de la désintégration du marqueur La transition des noyaux radioactifs d’un état de haute énergie (instable) à un état de basse énergie (stable) libère un positon (émission ? +). Cette particule qui a la même masse que l’électron, est chargée positivement. Le positon émis parcourt quelques millimètres dans la matière, avant d’interagir avec un électron libre. La paire e -/e +, s’annihile pour former deux photons gamma d’une énergie de 511 keV (masse d’un électron au repos). Les deux rayonnements gamma sont émis simultanément et dans deux directions quasi-diamétralement (180°+/- 0.5°) opposées (Figure 5). Figure 14: Représentation schématique de la désintégration ? + de l’15O : le positon émis s’annihile avec un électron de la matière, produisant deux photons gamma d’énergie 511 KeV émis en directions diamétralement opposées. La détection externe de ce couple de photons antiparallèles est le signal enregistré par la couronne de détecteur du scanner TEP. Les deux photons gamma de 511 keV sont détectés indépendamment, grâce à leur interaction avec les cristaux minéraux scintillateurs (germanate de bismuth, BGO) constituant les détecteurs. Chaque interaction va produire un photon de scintillation dont la longueur d’onde est détectable par un photomultiplicateur transformant l’impulsion lumineuse en impulsion électrique transmise au circuit d’analyse de coïncidences (Figure 6). 47 d?tecteurs en couronne circuit de co•ncidence Figure 15 : Principe de détection et d’intégration du signal : Les détecteurs, disposés en couronne autour de la tête du sujet, sont constitués d’un cristal couplé à un photomultiplicateur qui convertit l’énergie apportée par les rayons gamma en courant électrique. Une paire de photons est retenue lorsqu’elle arrive en coïncidence sur deux détecteurs opposés. Ce procédé permet de sélectionner les photons provenant d’une même désintégration. photon ?mission de positon Ce circuit enregistre un évènement quand les stimulations de deux détecteurs opposés dans l’anneau, surviennent en coïncidence, c’est à dire dans une fenêtre temporelle de 12 nanosecondes (fenêtre de coïncidence). Ce procédé a pour but d’augmenter au maximum la probabilité que les deux photons enregistrés proviennent de la désintégration d’un même noyau. C’est l’intersection des lignes de coïncidences ainsi enregistrées, qui permet au programme de reconstruction de localiser les zones d’émission (plusieurs désintégrations au même endroit correspondent à des lignes de coïncidences qui se coupent toutes en un même point). La reconstruction des périodes d’acquisition consiste en une rétroprojection du signal sur un plan en 2D. Cette étape fournit un ensemble de coupes jointives 2D qui, juxtaposées, forment une représentation de l’activité cérébrale enregistrée dans les 3 plans de l’espace (i.e. ces images représentent la répartition spatiale et quantitative de la désintégration de l’oxygène 15 pendant la période d’acquisition). 3. Caractéristiques de la camera utilisée Les trois études de cette thèse ont été réalisées avec une caméra Ecat Exact HR+ construite par Siemens-CTI. Elle demeure le modèle commercial le plus performant actuellement. Les détecteurs de cette caméra sont des cristaux scintillateurs en BGO. Chaque bloc de BGO est découpé en 64 cristaux élémentaires de détection, et est couplé à 4 photomultiplicateurs pour former un « bloc détecteur ». La forme carrée des 64 cristaux et leur petite dimension (4,05 x 4,39 mm2) permet une haute résolution isotrope. Un total de 288 blocs détecteurs est réparti sur 4 anneaux couvrant un champ de vue axial de 15,4 cm. Chaque bloc étant subdivisé en 8x8 cristaux, on obtient donc 32 couronnes juxtaposées permettant l’acquisition de 63 coupes jointives. Des collimateurs amovibles permettent, en 48 se rétractant, de multiplier le nombre de lignes de réponses acquises, ce qui a pour effet d’accroître la sensibilité de détection qui atteint alors 27,7 cps/Bq/ml. Ce type d’acquisition est appelé « acquisition 3D ». Le système de coïncidence est formé par des circuits électroniques qui assurent le couplage des blocs détecteur par paire, et permet de mesurer la coïncidence de l’arrivée des photons gamma sur une ligne de réponse. Cette coïncidence détectée s’appelle un « événement ». Les cartes électroniques convertissent les événements en données digitales et les trient selon différents critères (énergie, délai). Les événements retenus sont ensuite transférés au système informatique pour y être stockés dans des formes de fichiers appelés « sinogrammes ». La connaissance des désintégrations sur chaque ligne de réponse revient à connaître les projections de l’image de radioactivité sur un grand nombre de plans. De ces projections on peut reconstruire l’image de distribution spatiale de la radioactivité qui a été mesurée. On passe donc, à l’aide d’algorithmes de reconstruction, des sinogrammes à des coupes jointives décrivant un volume, chaque pixel de ces images représentant la mesure locale de radioactivité sur la durée de l’acquisition. La caméra Siemens Ecat Exact HR+ fournit 63 coupes axiales jointives de 128 par 128 voxels de taille 2 x 2 x 2,4 mm. 4. Déroulement et caractéristique de la phase d’acquisition du signal Le sujet est installé sur le lit de la camera. Une infirmière lui pose un cathéter dans la veine radiale du bras gauche et un masque thermorétractable est moulé sur son visage, puis fixé au lit de la caméra afin de minimiser les mouvements pendant l’examen. Une mesure dite de transmission est alors effectuée pour tenir compte de l’atténuation que subit le signal au cours de sa traversée de la matière (les coefficients d’atténuation dépendent de la nature de la matière traversée : substance blanche ou grise, os, liquide céphalorachidien, muscle, peau…). Une source externe de photons de 511 keV (Gallium 68) tourne autour de la tête du sujet et l’atténuation (identique à celle des photons émis par l’15O) est mesurée sur chaque ligne de coïncidence (Kearfott et al., 1984). Cette mesure, réalisée en début d’expérience, avant la première injection, dure environ dix minutes. Les valeurs de cette acquisition de transmission servent à la correction des mesures d’émission. Le bolus de 9 mCi d’H215O peut alors être injecté. L’acquisition débute dès que le traceur radioactif parvient au cerveau et dure 60 secondes. Sa durée est imposé par la nécessité d’enregistrer un nombre suffisant d’évènements pour garantir un rapport signal sur bruit correct. C’est cette contrainte qui est responsable de la résolution temporelle de l’ordre de la minute de cette technique. Par conséquent, la stimulation utilisée doit avoir une durée de l’ordre de la minute, au cours de laquelle la 49 tâche cognitive doit être constante (ce qui impose qu’elle soit répétée si elle dure moins d’une minute). Il en résulte que pendant la période d’acquisition, le DSCr, considéré lié à la réalisation de la tâche, est supposé constant. La stimulation débute environ 10 secondes avant le début de l’acquisition pour assurer une stabilité optimum du DSCr, dès le début de l’enregistrement. La demi vie de l’15O (123 secondes) impose un délai de 10 minutes entre chaque injection afin que la radioactivité résiduelle soit la plus petite possible avant chaque acquisition. Cette radioactivité résiduelle est néanmoins enregistrée puis soustraite de l’acquisition suivante. La répétition des mesures est utilisée essentiellement pour améliorer la puissance du protocole en moyennant plusieurs cartes cérébrales obtenues pour la même condition expérimentale. II. Traitement du signal Pour toutes les études présentées dans cette thèse l’analyse des données a été réalisée avec le logiciel «Statistical Parametric Mapping » (SPM). Il a été initialement développé par Karl Friston, quand il était dans la « Medical Research Council Cyclotron Unit », pour l’analyse statistique de routine des données TEP. Il a été mis à la disposition de la communauté émergeante des « neuroimageurs » en 1991 pour promouvoir la collaboration et une méthode d’analyse commune à travers les différents laboratoires. Ce logiciel est actuellement développé par le groupe de méthodologie du Wellcome Department of Cognitive Neurology à Londres, sous la supervision de Karl Friston (http ://www.fil.ion.ucl.ac.uk/spm/). Les principaux acteurs au niveau technique et théorique sont John Ashburner, Andrew Holmes, Jean-Baptiste Poline et Karl Friston. Ce logiciel permet de réaliser aussi bien le prétraitement que l’analyse statistique des données. La figure 7, à la fin de la partie B récapitule et illustre les différentes opérations réalisées par ce logiciel. A. Prétraitement des images Le but fondamental de toute étude d’activation est de déterminer s’il existe une augmentation significative du DSCr dans une ou plusieurs régions cérébrales lors d’une condition expérimentale donnée et de localiser ces augmentations par comparaison avec des données neuroanatomiques connues. Pour des raison éthiques, le nombre d’acquisitions et donc de répétitions des mesures par sujet est limité dans un protocole TEP. Cette contrainte ne permet pas d’obtenir un rapport signal sur bruit suffisant pour réaliser des analyses sujet par sujet. Les données provenant de différents sujets 50 sont donc moyennées. Plusieurs étapes de préparation des images sont alors nécessaires avant l’analyse statistique pour rendre les données «moyennables». Une telle analyse de groupe exclut la mise en évidence de différences individuelles. Elle permet de tirer des conclusions statistiques qui sont valables à l’échelle du groupe de sujets étudié (effet fixe). 1. Réalignement des images La perte d’informations liée aux mouvements des sujets représente l’une des sources d’erreurs les plus importantes. Pour chaque sujet, les images issues des acquisitions TEP sont réalignées sur la première image acquise afin de corriger les mouvements éventuels survenus dans l’intervalle de dix minutes entre les acquisitions. A l’issue de cette étape les images d’un sujet sont superposables entre elles. 2. Normalisation stéréotaxique Pour réaliser une analyse de groupe, il faut en plus que les images des différents sujets soient superposables. Comme il existe une grande variabilité de taille et de forme du cerveau humain, il est nécessaire d’appliquer une transformation aux images pour obtenir ce résultat. La démarche la plus utilisée consiste à déformer chaque image pour la faire rentrer dans un espace stéréotaxique standard. Dans SPM un algorithme permet de calculer une déformation globale de l’image individuelle qui minimise la différence avec une image modèle (ou template). L’algorithme utilisé est itératif, il recherche des paramètres de transformation rigide (correction des variations globales de position et de taille) et des paramètres de transformation élastique (correction des variations locales fines) (Friston et al., 1995a). L’espace standard contenant l’image de référence que nous avons utilisé dans SPM est appelé l’espace du MNI. Il a été défini en tenant compte de 152 cerveaux du Montréal Neurological Institute. Il représente un volume de 91 coupes de 2 mm d’épaisseur, constitué de plans de 109 X 91 voxels de taille 2 X 2 X 2 mm (Friston et al., 1995a). Il est construit sur le même système que l’espace standard de Talairach et Tournoux (1988) mais il ne fait pas l’hypothèse d’une symétrie entre hémisphère et il comprend le cervelet. Dans ce système, chaque voxel de l’image est repéré par des coordonnées (x, y, z) dans les trois plans de l’espace. 51 La normalisation des images permet le moyennage intersujets des images et permet la mise en coordonnées et le repérage des résultats dans un espace conventionnel. 3. Lissage gaussien Cette étape permet d’une part d’augmenter le rapport signal sur bruit et d’autre part d’atténuer les disparités anatomiques individuelles locales. Un filtre gaussien 3D d’une largeur à mi-hauteur de 12 mm (10 mm pour la 3eme étude) dans les 3 directions de l’espace a été appliqué aux images dans les trois études présentées. B. Analyse statistique des données par cartographie statistique paramétrée La méthode d’analyse par cartographie statistique paramétrée (SPM) permet d’évaluer le risque que l’on prend en attribuant la modification du DSCr à la nature des conditions d’un protocole d’activation. Cette méthode fait l’hypothèse qu’une activation cérébrale donnée entraîne la même augmentation de débit sanguin local, quelque soit le niveau de débit global (grand mean scaling). Elle utilise le modèle linéaire général (Friston et al., 1995b). Le modèle estime la valeur du signal dans chaque voxel par une régression multiple qui décompose la variance de l’activité dans ce voxel en trois parties : une exprimant la variance due aux facteurs d’intérêt (ex : l’effet condition), une exprimant la variance due aux facteurs de non intérêt (ex : l’effet sujet) et une exprimant la variance résiduelle. Le signal dans un voxel s’exprime alors de la manière suivante : Y(t) = ? ?? i Xi(t)? +? ?? k Xk(t)? + e(t) i k Y(t) est la valeur du signal dans le voxel étudié (t variant de 1 à j si j mesures sont effectuées), Xi(t) est une fonction d’intérêt, Xk(t) est une fonction de non-intérêt, e(t) est la fonction d’erreur résiduelle (le modèle suppose que e(t) est une variable aléatoire normalement distribuée de moyenne nulle), ? i et ? k sont les coefficients de la combinaison linéaire minimisant au mieux la somme des carrés de e(t). 52 Un test F permet alors de comparer le rapport Vxi/Ve de la variance due au facteur d’intérêt (Vxi) sur la variance résiduelle (Ve), à 1 (Analyse de Variance, ANOVA). Si le facteur d’intérêt a eu un effet, alors Vxi sera très supérieur à Ve et le rapport de Vxi/Ve sera très supérieur à 1. Par contre si le facteur d’intérêt n’a pas eu d’effet le rapport Vxi/Ve se rapprochera de 1. Une table permet de faire correspondre à la valeur du rapport, le risque pris pour rejeter l’hypothèse nulle, Vxi-Ve=0. En d’autre terme le test F teste, pour un voxel donné, la réduction de variance résiduelle apportée par l’incorporation des fonctions d’intérêt dans le modèle, et donc le fait que le niveau du facteur d’intérêt module de façon significative le signal dans ce voxel. Si le test F est significatif, on peut dire que le facteur condition a eu un effet sur le débit sanguin dans ce voxel, mais ce test ne permet pas de savoir quel type d’effet. Pour déterminer quel est cet effet, SPM utilise la méthode des contrastes. Un contraste est une combinaison linéaire des ? i. Si la fonction X1(t) modélise la condition A et la fonction X2(t) modélise la condition B, la combinaison linéaire (? 2-? 1) teste si le débit sanguin est plus fort dans la condition B que dans la condition A. Un test t de Student permet de comparer le résultat du contraste à 0, et à chaque valeur de t correspond une valeur de risque prise pour rejeter l’hypothèse nulle ? 1? 2=0. Ces opérations étant réalisées pour chaque voxel, SPM utilise la théorie des champs gaussiens pour tenir compte des comparaisons multiples. La carte t est alors transformée en carte Z dans laquelle les foyers d’activation sont caractérisés par une étendue spatiale et une hauteur de pic (score Z). Ainsi les cartes données par SPM représentent les régions montrant des différences positives du signal entre les deux conditions comparées. C’est ce type de combinaison linéaire (ou contraste) que nous avons utilisé dans toutes les expériences de cette thèse. Le niveau de risque accepté pour affirmer un effet est choisi par l’expérimentateur sachant qu’un seuil de significativité haut minimise le risque de faux positifs (risque ? de première espèce), mais augmente le risque des faux négatifs (risque ? de deuxième espèce). De façon générale, un seuil de significativité égal à p=0,05 sur le volume analysé, après correction pour les comparaisons multiples est utilisé. Cependant, des seuils de significativité égal à 0.001 ou 0.01 non corrigé ont également été utilisés quand l’activation de régions spécifiques faisait l’objet de fortes hypothèses a priori. Remarque : la significativité du test t ne renseigne pas sur l’amplitude de l’augmentation du signal, de même que l’amplitude de la différence du signal ajusté entre deux conditions ne renseigne pas sur la significativité de cette différence. 53 Figure 16 : Diagramme résumant les différentes étapes de préparation et d’analyse statistique des données réalisées par le logiciel SPM. L’ordre chronologique des opérations s’effectue de la gauche vers la droite. Les procédures de préparation des images regroupent les étapes de réalignement, de normalisation stéréotaxique, et de lissage anatomique. Le modèle linéaire général permet d’obtenir les cartes statistiques non corrigée, et la théorie des champs Gaussiens permet d’en déduire la significativité corrigée de chaque région (d’après Friston, dans (Frackowiak et al., 1997)). C. Choix du dessin expérimental L’hypothèse à tester dans une étude de neuroimagerie fonctionnelle détermine le choix du dessin expérimental. Ce dernier conditionne en effet les analyses statistiques qui pourront être réalisées. Les principaux types de dessins expérimentaux utilisés en neuroimagerie fonctionnelle sont exposés dans cette section ainsi que les hypothèses de l’organisation de la cognition sur lesquels ils reposent. 1. L’hypothèse d’insertion pure L’analyse des données d’imagerie fonctionnelle est comparative. Le traitement statistique des images permet de mettre en évidence des régions cérébrales significativement activées dans une condition par rapport à une autre (cf II-B). Dans ces conditions, pour pouvoir faire un lien entre physiologie et cognition, l’utilisation de ces techniques implique de faire l’hypothèse d’une organisation additive ou sérielle des différentes composantes d’une tâche cognitive. On peut alors considérer que la comparaison statistique du DSCr entre deux conditions met en évidence les régions cérébrales impliquées dans la composante cognitive qui distingue les deux conditions comparées. C’est 54 l’hypothèse d’insertion pure 4 (Figure 8) décrite par Friston et al. (1996). Elle conditionne le sens et l’interprétation des analyses statistiques, mais aussi la manière d’élaborer un protocole d’activation. Elle impose la sélection de conditions expérimentales qui ne diffèrent que par le processus cognitif d’intérêt. Cette étape est cruciale et pas toujours facile à réaliser dans la mesure ou il est parfois difficile d’évaluer et de dénombrer l’ensemble des processus cognitifs impliqués dans une tâche, sans compter que ce dénombrement peut être fonction de l’école de pensée utilisée pour définir et délimiter les processus cognitifs en jeu. Cette contrainte est une des limites des techniques de neuroimagerie fonctionnelle pour l’investigation d’un phénomène aussi complexe que la cognition humaine. Figure 17: Schéma du lien entre physiologie et cognition supposé par l’hypothèse d’insertion pure. La comparaison statistique de l’activité cérébrale enregistrée pendant el s conditions A et C met en évidence les régions significativement plus active dans A que dans C. D’après l’hypothèse d’insertion pure l’activité des régions identifiées est associée à la composante cognitive ?. L’hypothèse d’insertion pure postule que si A diffère de C par une seule opération cognitive ?, alors les variations significatives de signal entre A et C pourront être attribuées à ?, à condition que tous les facteurs extérieurs aient été contrôlés de façon adéquate. Cette hypothèse revient à postuler que A = C + ?, et donc que l’implémentation neuronale de C ne sera pas modifiée par l’introduction d’une opération cognitive supplémentaire. 4 55 a) Soustraction cognitive Au minimum, l’analyse statistique compare le signal enregistré entre deux conditions A et C. Cette analyse est appelée contraste simple ou soustraction simple. La comparaison (A–C) met en évidence les régions qui ont subit une augmentation de DSCr dans A par rapport à C. De la même manière, la comparaison (C–A) met en évidence les régions qui ont subit une augmentation de DSCr dans C par rapport à A. Une question se pose alors sur l’interprétation du contraste (C–A). D’après l’hypothèse d’insertion pure (A=C+? ), si les régions identifiées dans (A-C) sont impliquées dans la composante cognitive ? alors les régions identifiées dans (C-A) sont impliquées dans la composante cognitive -? . Qu’est-ce qu’une composante cognitive négative ? Une première interprétation possible est de considérer que -? n’a pas de sens. Mais on peut également penser que -? correspond à l’absence de la composante cognitive ? . Finalement une troisième interprétation est de considérer que A-C entraîne des variations positives et négatives du DSCr qui correspondent autant l’une que l’autre à la composante ? , et dans ce cas, on considérera que (A–C) met en évidence les régions activées quand ? et que (C–A) révèle les régions désactivées quand ? . Finalement, si le contraste (A-C), isolant une composante cognitive prédéfinie, est facilement interprétable, son inverse ne l’est pas nécessairement. C’est la raison pour laquelle, les études de neuroimagerie fonctionnelle ne présentent pas systématiquement les contrastes inverses, dans le cas ou la composante cognitive associée à ce contraste n’est pas définie. b) Conjonction cognitive Le paradigme de conjonction cognitive est un prolongement du paradigme de soustraction cognitive. Alors qu’une soustraction simple met en évidence des différences d’activations entre deux conditions, une analyse en conjonction met en évidence les activations communes à deux ou plusieurs soustractions simples. Si dans le cas de la soustraction simple (A-B) les deux conditions doivent différer par la seule composante d’intérêt (CI), dans le cas de la conjonction, les paires de tâches (C, D et E, F) utilisées peuvent différer par plusieurs composantes cognitives, mais les deux soustractions (C-D et EF) qui isolent une ou plusieurs composantes doivent avoir en commun uniquement la composante d’intérêt (Price and Friston, 1997). En conséquence, on considère que l’analyse en conjonction met en évidence les activations (communes aux deux contrastes) qui sont associées à la (seule) composante cognitive que partagent les deux contrastes simples (i.e. CI). 56 Soustraction simple entre deux conditions A B Conjonction entre deux soustractions simples C D E F conditions 1 2 3 (CI) Composantes cognitives 4 Ce type d’analyse permet donc de s’affranchir de la problématique contrainte imposée par l’hypothèse d’insertion pure, à savoir que les deux conditions testées ne différent que par la composante d’intérêt. Les dessins expérimentaux utilisant ce type d’analyse permettent donc une sélection des conditions plus souple que dans le cas des soustractions simples. Du point de vue statistique, la soustraction simple repose sur le rejet d’une hypothèse nulle (? 1-? 2=0). La conjonction, par contre, repose sur le rejet conjoint d’hypothèses nulles multiples. Il est recommandé lorsqu’on utilise ce type d’analyse de vérifier que les régions mises en évidence dans la conjonction sont significativement activées dans chacune des soustractions simples. 2. L’hypothèse d’interaction entre composantes cognitives Le concept d’insertion pure suppose qu’il n’y a pas d’interactions entre les composantes cognitives d’une tâche. Cette idée est cependant mise en doute par certain auteurs qui soutiennent au contraire qu’il existe des interactions entre processus cognitifs. On parle d’interaction entre deux facteurs si le niveau d’un des facteurs affecte les effets de l’autre. Le dessin expérimental adapté à la mise en évidence des corrélats neurophysiologiques de ce type d’interaction cognitive est un dessin factoriel (Friston et al., 1996). Le dessin factoriel combine deux facteurs au moins dans la même expérience. Prenons l’exemple de l’étude 3. Les deux facteurs manipulés sont d’une part le contenu émotionnel des stimuli (CE ou CN) et d’autre part la perspective prise par les sujets pour réaliser la tâche (P1 ou P3). Chaque condition fait intervenir une combinaison différente de la valeur des deux facteurs (PCE1, PCE3, PCN1, PCN3) comme illustré dans le tableau ci-contre. 57 Perspective 1 personne 3eme personne - PCN1 PCN3 + PCE1 PCE3 Emotion ere Des comparaisons appropriées permettent ainsi de mettre en évidence les corrélats neurophysiologiques de chacun des facteurs et de leurs interactions de manière parfaitement contrôlée. C’est ce qui fait l’intérêt de ce type de protocole. L’effet principal (main effect) de chacun des deux facteurs est mis en évidence par des soustractions de conditions deux à deux. Dans notre exemple on met en évidence l’effet du facteur émotionnel en réalisant le contraste ?(PCE1+PCE3)-(PCN1+PCN3)? et l’effet du facteur prise de perspective en réalisant le contraste ?(PCE3+PCN3)-(PCE1+PCN1)?. L’intérêt spécifique du dessin réside dans la possibilité de mettre en évidence les régions cérébrales étant le siège d’une interaction entre les deux facteurs en comparant l’effet d’un facteur dans les deux niveaux de l’autre facteur. Le terme d’interaction est donc une comparaison de deux différences. Dans notre exemple le terme d’interaction ?(PCE3-PCE1)-(PCN3-PCN1)? permet de tester si la comparaison P3-P1 provoque les mêmes différences de signal quand le sujet est dans un contexte émotionnel et quand il est dans un contexte neutre. La figure 9 représente le niveau du signal ajusté dans un voxel du pôle temporal dans chacune des 4 conditions de l’étude 3. Cette figure illustre un effet typique d’interaction : elle montre que pour ce voxel la variation du facteur perspective a plus d’effet sur le niveau du signal dans le cas d’un contexte émotionnel que dans le cas d’un contexte neutre. Figure 18 : diagramme représentant le niveau du signal ajusté dans un voxel du pôle temporal gauche dans les 4 conditions d’activations (étude 3) illustrant un effet d’interaction entre les deux facteurs, perspective et émotion, c’est-à-dire une différence plus grande entre PCE3 et PCE1 que entre PCN3 et PCN1. 58 D. Localisation anatomique Il n’existe pas une méthode standard de description de la localisation d’une activation cérébrale, mais plusieurs méthodes plus ou moins répandues avec chacune leurs avantages et leurs inconvénients. SPM présente les résultats sous forme de tableau ou chaque activation est caractérisé par une valeur de T, un score Z, une étendue en nombre de voxel et des coordonnées x, y, z dans le référentiel choisi pour la normalisation. Talairach et Tournoux (1988) ont été les premiers à proposer un atlas de l’anatomie cérébrale dans un référentiel stéréotaxique où une activation pouvait être repérée avec des coordonnées dans les trois plans de l’espace. L’utilisation de cet outil de localisation s’est alors rapidement répandue dans la communauté des neuroimageurs. Cet atlas a été cependant établi à partir de l’observation post-mortem de l’hémisphère droit d’un seul individu, et la taille du référentiel qu’il a permis de définir s’est avéré plus petite que la taille moyenne des cerveaux actuels. La normalisation des données est maintenant fréquemment réalisée à partir du référentiel du MNI qui est plus représentatif de la population humaine puisque qu’il a été élaboré en tenant compte de 152 cerveaux. Ce référentiel étant plus grand que celui définit par Talairach et Tournoux, s’il est utilisé, une formule de transformation des coordonnées MNI en coordonnées de Talairach doit d’abord être appliquée pour pouvoir utiliser l’atlas de Talairach. Cette opération est réalisée automatiquement par le logiciel TSU (Talairach Space Ulilities, développé par Sergey Pakhomov à l’«Institute of Human Brain» de St Petersbourg) implémenté en complément de SPM 99. Ce logiciel permet de représenter les activations données par SPM directement sur l’atlas de Talairach (Figure10). Une autre méthode de localisation consiste à repérer le site de l’activation en comparant l’anatomie du cerveau standard de SPM où sont superposées les activations et l’anatomie d’un cerveau dont les régions sont identifiées. L’atlas de Duvernoy «The Human Brain» (1991) est utilisé pour ce type de repérage. Il propose des photographies de coupes de cerveaux et les coupes IRM correspondantes, dans les trois plans de l’espace (Figure 11). L’atlas de Talairach et Tournoux et l’atlas de Duvernois constituent des outils complémentaires pour la localisation anatomique des activations. 59 Figure 19 : L’Atlas de Talairach et Tournoux propose des coupes axiales coronales et sagittales du cerveau dans un référentiel ou chaque voxel peut être repéré par ses coordonnées (x, y, z). Figure 20 : L’atlas de Duvernoy propose des photos de coupes de cerveaux entiers (en haut) avec les coupes IRM correspondantes (en bas). L’atlas propose des coupes sagittales comme dans l’exemple ci-dessus mais aussi des coupes coronales et axiales. Une légende des sym boles utilisés sur les images permet d’identifier les régions représentées. 60 III. limites de la TEP pour l’investigation de la cognition humaine A. Limite des informations données par le signal enregistré en TEP Le DSCr augmente en fonction de l’intensité de l’activité synaptique (I.A.). Le signal enregistré en TEP ne nous renseigne donc en rien sur la nature excitatrice ou inhibitrice de l’activité cérébrale détectée. Il est d’autre part important de garder à l’esprit qu’il existe une différence spatio-temporelle entre une activité électrique et son corrélat vasculaire. L’activité neuronale produit une hypoxie et une réponse vasculaire très localisée pendant les 3 premières secondes. Au-delà, la réponse vasculaire est moins localisée : elle s’étend sur 3 à 5 mm. La définition spatiale de la TEP a donc intrinsèquement une précision limitée. B. Limite due à la complexité du sujet étudié 1. absence d’un niveau de référence de l’activité cérébrale Toute volonté de mesure nécessite la définition d’un niveau de référence. Cette contrainte pose problème dans l’utilisation des techniques de neuroimagerie pour l’investigation de la cognition humaine, dans la mesure ou il n’existe pas de niveau 0 de l’activité cérébrale. Il est même impossible de définir un état cognitif contrôlé montrant une activité cérébrale stable, reproductible et connue, qui pourrait être utilisé par tous comme condition de référence. Le type de condition qui a voulu être utilisé comme tel par la communauté scientifique est l’état de repos. Cependant cette condition est définie plus par l’absence de stimulation du sujet que par l’activité cognitive qui la caractérise. Pendant une condition de repos, le sujet, sans autre consigne que de rester tranquille, est livré à ses propres pensées. On ne s’étonnera pas, par conséquent que des auteurs aient mis en évidence une variabilité intra- et inter-sujets de l’activité cérébrale pendant cet état particulier (Kosslyn et al., 1995). L’absence de condition de référence absolue implique donc que pour chaque condition d’intérêt, il faut choisir une condition de référence spécifique. Les résultats d’un contraste sont donc dépendant des deux conditions qui ont été utilisées, et non pas de la seule condition d’intérêt. Les techniques de neuroimagerie fonctionnelle sont donc condamnées à donner des résultats relatifs et non absolus. 61 2. la variabilité interindividuelle La variabilité interindividuelle est sûrement le facteur le plus limitant pour l’investigation de la cognition humaine avec des techniques de neuroimagerie (pour une revue Brett et al., 2002). En effet si on regarde les résultats d’analyses individuelles, sujet par sujet et qu’on observe une variabilité dans la localisation des activations, deux hypothèses sont possibles pour expliquer ce phénomène. La dispersion des activations résulte soit d’une variabilité anatomique, (auxquel cas cette question peut être résolue par l’amélioration des méthodes de normalisation), soit d’une variabilité fonctionnelle (auxquel cas la normalisation ne peut plus rien) soit des deux (…). Pour simplifier ce problème, l’hypothèse première dans le domaine de la neuroimagerie est la supposition qu’il existe une relation structure fonction forte au sein du cortex cérébral. Dans le cadre de cette hypothèse, la normalisation a pour but de transformer les images de manière à ce que les régions homologues des différents sujets soient superposables. Les méthodes actuelles permettent d’atteindre cet objectif de manière imparfaite, et l’opération de normalisation minimise un risque toujours présent de mauvaise identification de la localisation des sources d’émissions. Le caractère relatif des résultats obtenus en neuroimagerie fonctionnelle, ainsi que la variabilité anatomique sont deux facteurs qui posent un problème d’importance pour l’intégration et la comparaison de résultats provenant de différentes études réalisées dans la communauté scientifique. Les auteurs qui ont testé expérimentalement la «comparabilité » des résultats de neuroimagerie ont identifier ces facteurs comme principal source de variabilité (hormis le matériel, la méthode et le paradigme utilisé) (Poline et al. 1996 ; Poepple 1997). 62 TRAVAUX EXPERIMENTAUX 63 I. S’imaginer agir versus imaginer autrui agir : Etude 1 A. Hypothèses, protocole, résultats et conclusions Selon la « théorie de la simulation » comprendre autrui repose sur un processus de simulation qui consiste à épouser la perspective de l’autre, c’est-à-dire à se projeter dans la situation que rencontre autrui, et à produire de façon déconnectée les réponses (décisions, émotions) que l’on produirait soi-même dans cette situation (Goldman, 1992; 2000). A l’échelle neurophysiologique, cette théorie se traduit par l’hypothèse que la production, l’imagination et l’observation d’une action font appel à des ressources neuronales communes (Gallese et Goldman, 1998). Plusieurs études de neuroimagerie ont apporté des arguments en faveur de cette hypothèse (Decety et al., 1994 ; Roth et al., 1996 ; Gallese et al., 1996 ; Lotze et al., 1999 ; pour une revue Grèzes et Decety, 2001) qui pose cependant une question cruciale : si des ressources neuronales communes sont recrutées pour s’imaginer agir et voir autrui agir, comment parvient-on alors à faire la distinction entre nos propres actions et celles réalisées par autrui ? Il doit exister, au niveau neuronal, une distinction entre une représentation de l’action en 1ère personne et une représentation en 3ème personne. Pour tenter d’apporter des arguments expérimentaux en faveur de cette hypothèse, nous avons testé l’effet du passage d’une perspective en 1ère personne à une perspective en 3ème personne sur le réseau neuronal engagé au cours de l’imagination de l’action. Pour ce faire, l’activité cérébrale de 10 sujets sains a été mesurée en tomographie par émission de positons pendant qu’ils s’imaginaient en train d’agir (perspective en 1ère personne, PM1) et pendant qu’ils imaginaient l’expérimentateur en train d’agir (perspective en 3ème personne, PM3). Deux modalités perceptives ont été utilisées pour amorcer l’imagination : les stimuli étaient soit des photos d’objets familiers soit des phrases décrivant des actions familières. Une condition contrôle spécifique a été réalisée dans chacune des modalités (Figure1). Figure 1: Paradigme de l’étude 1. Schéma présentant le type de stimuli utilisé et les tâches demandées au sujets. ACTIONS auditive modalité visuelle « Vous agrafez des feuilles » « J ’agrafe des feuilles » A IMAGINER Perspective en 3 eme personne, PM3 (A3, V3) Perspective en 1ere personne, PM1 (A1, V1) AC: imagerie visuelle de paysagesstatiques évoqués par des phrases VC: perception visuelle passive d’objets peu manipulable 64 Les résultats ont montré que les conditions PM1 et PM3, lorsqu’elles sont comparées à leur condition contrôle respective, donnent lieu à des augmentations de débit sanguin dans des régions cérébrales communes i.e. dans l’aire motrice supplémentaire (AMS), le gyrus précentral (M1), le précuneus et MT/V5 (Figure 2). L M1 L AMS Precuneus L MT/V5 S’imaginer Imaginer autrui Figure 2: Superposition sur le cerveau standard de SPM 99 des foyers d’activations détectés pour l’analyse en conjonction de (A1-AC) et (V1-VC) à gauche, et (A3-AC) et (V3-VC) à droite, mettant en évidence les régions communément activées par PM1 et PM3. La comparaison directe de la perspective en 3ème personne à la perspective en 1ère personne a mis en évidence des activations dans le lobule pariétal inférieur, le précuneus, et le cortex frontopolaire dans l’hémisphère droit et dans le gyrus cingulaire postérieur dans l’hémisphère gauche (Figure 3). Imaginer autrui versus s’imaginer Figure 3: Foyers d’activation détectés pour l’effet principal de la perspective en 3 eme personne par rapport à la perspective en 1ere personne (A3+V3)-(A1+V1) superposés sur une coupe sagittale et une coupe coronale de l’IRM standard de SPM 99. 65 La comparaison inverse a révélé des augmentations de débit dans le lobule pariétal inférieur et le cortex somatosensoriel dans l’hémisphère gauche (Figure 4). S’imaginer versus imaginer autrui Figure 4: Foyers d’activation détectés pour l’effet principal de la perspective en 1 ere personne par rapport à la perspective en 3eme personne (A1+V1)-(A3+V3) superposés sur une coupe sagittale et une coupe coronale de l’IRM standard de SPM 99. La détection d’un réseau commun d’activations pour la perspective en 1ere personne et la perspective en 3eme personne est en accord avec les prédictions de la théorie de la simulation. Par ailleurs, la comparaison directe de PM1 et PM3 met en évidence l’implication de régions spécifiques pour chacune de ces conditions, ce qui nous a amené à formuler l’hypothèse que le cortex pariétal inférieur droit, le cortex somatosensoriel et le cortex frontopolaire sont impliqués dans le processus qui permet de distinguer nos propres actions et celles réalisées par autrui. B. Article 1 : publié Ruby P, Decety J. Effect of subjective perspective taking during simulation of action : a PET investigation of agency. Nat Neurosci 2001 ; 4 : 546-50. 66 © 2001 Nature Publishing Group http://neurosci.nature.com © 2001 Nature Publishing Group http://neurosci.nature.com articles Effect of subjective perspective taking during simulation of action: a PET investigation of agency Perrine Ruby1 and Jean Decety1,2 1 Inserm unit 280, 151 Cours Albert Thomas, 69424 Lyon Cedex 3, France 2 Cermep, 59 Bld Pinel, 69003 Lyon, France Correspondence should be addressed to J.D. ([email protected]) Perspective taking is an essential component in the mechanisms that account for intersubjectivity and agency. Mental simulation of action can be used as a natural protocol to explore the cognitive and neural processing involved in agency. Here we took PET measurements while subjects simulated actions with either a first-person or a third-person perspective. Both conditions were associated with common activation in the SMA, the precentral gyrus, the precuneus and the MT/V5 complex. When compared to the first-person perspective, the third-person perspective recruited right inferior parietal, precuneus, posterior cingulate and frontopolar cortex. The opposite contrast revealed activation in left inferior parietal and somatosensory cortex. We suggest that the right inferior parietal, precuneus and somatosensory cortex are specifically involved in distinguishing self-produced actions from those generated by others. The goal of theory of mind is to explain the ability to predict and understand actions of both oneself and other intelligent agents. Two types of approaches attempt to account for the cognitive mechanism that subserves such a capacity. The theory theorists maintain that this ability is underpinned by a folk-psychological theory of the structure and functioning of the mind (that may be innate and modularized or learned individually)1. On the contrary, the simulation theory posits that the attributer tries to covertly mimic the mental activity of the target (for review, see refs. 2, 3), and postulates shared states of mind between the attributer and the target. This theory has generated considerable interest among philosophers of mind, cognitive scientists and, recently, neuroscientists. The question of agency (how a subject attributes an action to himself or to another agent4,5) is at the core of the simulation theory. Motor imagery can be considered a way to access motor intentions or plans, in which the representation of a given action is internally performed without any overt motor output. It can be used as a natural protocol to address the issue of agency within the simulation theory (for review, see ref. 6). So far, motor imagery has always been studied in a first-person subjective perspective, and several neuroimaging studies have consistently demonstrated a striking functional equivalence with actual action. The first-person perspective is associated with activation of the inferior parietal, premotor and SMA on the left side as well as the ipsilateral cerebellum7–9. Further evidence in support of shared motor representation between mental simulation of action and motor execution is provided by experiments in patients with impairments in motor imagery following parietal lesions10,11. Common brain regions are involved during action generation, action simulation and action observation (for a meta-analysis see ref. 12). However, there must exist, at the neural level, a distinction between first-person and third-person perspective representation. 546 The objective of this study was to probe the effect of perspective taking on the neural network engaged during mental simulation of action. Subjects were required either to imagine themselves performing a given action (first-person perspective) or to imagine the experimenter performing the same action (third-person perspective). Two perceptual modalities were used to identify brain regions strictly involved in perspective taking during action simulation irrespective of sensory input. These two subjective perspectives were initiated either from photographs of familiar objects or from sentences depicting familiar actions. We used pictures of objects in order to have a reference situation comparable to that used in previous neuroimaging studies, in which motor imagery was mostly visually triggered. However, verbal auditory stimuli were also chosen because of their ecological features. The most natural situation in which one is led to use first- and third-person perspectives is surely linguistic communication (should it be written, spoken or heard). We found that a limited number of brain areas may be specifically involved in self/other distinction, namely right inferior parietal lobe, precuneus and somatosensory cortex. RESULTS First-person perspective simulation versus control First-person perspective simulation, irrespective of the presentation modality of the stimuli, was associated with left hemispheric regional cerebral blood flow (rCBF) increases in the inferior parietal lobe, precentral gyrus, superior frontal gyrus (SMA proper), occipito-temporal junction (MT/V5) and anterior insula. The cerebellum and precuneus were activated in the right hemisphere (A1 – AC and V1 – VC; Table 1; Fig. 1). Third-person perspective simulation versus control Third-person perspective simulation, irrespective of the presentation modality, was associated with bilateral rCBF increases in nature neuroscience • volume 4 no 5 • may 2001 © 2001 Nature Publishing Group http://neurosci.nature.com articles Table 1. Areas significantly activated during first-person simulation irrespective of the modality (A1 – AC in conjunction with V1 – VC). L/R Coordinates t-value p corrected Brain region © 2001 Nature Publishing Group http://neurosci.nature.com x y z Inferior parietal lobe L –64 –30 30 5.30 0.000 Inferior parietal lobe L –56 –32 26 4.61 0.000 Inferior parietal lobe L –52 –42 32 4.04 0.000 Superior frontal gyrus (SMA) L –12 –2 58 4.90 0.000 Occipito-temporal junction (MT/V5) L –56 –66 4 4.15 0.000 58 3.81 0.001 Precentral gyrus L –26 –16 Cerebellum R Anterior insula* L –30 Precuneus* R 44 –54 –32 3.19 0.046 16 8 2.98 0.128 6 –68 46 2.90 0.188 p < 0.001 (corrected for whole brain), t > 1.88. x, y, z refer to MNI coordinates. L, left; R, right hemisphere. *Some activated clusters are reported, even though they do not survive correction for the whole brain volume, because we think they are both neurobiologically plausible and relevant in the light of our hypotheses. the precuneus. On the left side, activation foci were detected in the precentral gyrus, superior frontal gyrus (pre-SMA) and occipito-temporal junction (MT/V5). The inferior parietal lobule and frontomarginal gyrus were both activated on the right side (A3 – AC and V3 – VC; Table 2; Fig. 2). Areas involved in first- and third-person perspectives The conjunction analysis (p < 0.0001, t > 1.29) calculated with the four contrasts (A1 – AC, V1 – VC, A3 – AC, V3 – VC) revealed bilateral rCBF increase in the precuneus (x = 6, y = –68, z = 46; t-value, 2.90; p corrected, 0.000 and –8, –64, 40; 2.43; 0.001) and in the MT/V5 complex (–58, –60, 12; 2.22; 0.006 and 52, –54, 8*; 1.70; 0.292). The precentral gyrus (–22, –12, 54; 2.25; 0.004) and SMA (–10, 4, 64; 2.14; 0.011) were activated in the left hemisphere. Third-person versus first-person perspectives Compared to first-person perspective, third-person perspective simulation was specifically associated with left rCBF increase in Fig. 1. Brain areas activated by first-person simulation. Foci of activation (A1 – AC in conjunction with V1 – VC) have been superimposed onto the sagittal (left hemisphere) and axial top views of the single-subject MRI of SPM 99. the posterior cingulate cortex. On the right side, activation foci were detected in the precuneus, the inferior parietal lobule and frontopolar gyrus ((A3 + V3) – (A1 + V1); Table 3; Fig. 3). First-person versus third-person perspectives First-person perspective relative to third-person perspective ((A3 + V3) – (A1 + V1), p < 0.0001, t > 3.85) showed a strong rCBF increase in the inferior parietal lobule (–66, –32, 26; 6.47; 0.000), the posterior insula (–42, –10, –8; 5.46; 0.006) and the postcentral gyrus* (–36, –40, 40; 4.58; 0.142) in the left hemisphere. A bilateral increase was also detected in the inferior occipital gyrus (56, –54, –24; 5.62; 0.003 and –48, –50, –18*; 4.11; 0.498). DISCUSSION First- and third-person perspectives correspond to everyday life situations. This study explored the effect of perspective taking on the neural substrates involved in action simulation. All brain regions activated during first-person perspective conditions were consistent with previous neuroimaging experiments that have revealed the neural correlates of motor imagery7–9,13. The involvement of these regions, namely the inferior parietal, SMA, precentral gyrus in the left hemisphere and ipsilateral cerebellum (Table 1; Fig. 1), has been interpreted in favor of a functional equivalence between action simulation and action execution12,14. When compared with third-person perspective, the main effect of first-person perspective resulted in strong left hemispheric activation of the inferior parietal lobule, as well as increased activation in the somatosensory cortex. This can be interpreted as evidence of a prominent role of left inferior parietal lobe in programming the self ’s movements, because the programming can potentially be transformed into execution. Detecting a Table 2. Areas significantly activated during third-person simulation irrespective of the modality (A3 – AC in conjunction with V3 – VC). L/R Coordinates t-value p corrected Brain region x Fig. 2. Brain areas activated by third-person simulation. Foci of activation (A3 – AC in conjunction with V3 – VC) have been superimposed onto lateral (left and right hemispheres), posterior and top views of the single-subject MRI of SPM 99. nature neuroscience • volume 4 no 5 • may 2001 Precuneus R Precuneus Precentral gyrus 6 y z –64 38 5.09 L –10 –62 38 4.14 0.000 L –22 –14 54 3.70 0.002 Occipito-temporal junction (MT/V5) L –50 –64 16 3.50 0.008 Superior frontal gyrus (SMA) L –8 62 3.39 0.015 Inferior parietal lobe* R 48 –58 38 2.93 0.166 Frontomarginal gyrus* R 28 2.39 0.878 4 50 –8 0.000 See Table 1 legend. 547 © 2001 Nature Publishing Group http://neurosci.nature.com articles Table 3. Areas significantly and specifically activated during third-person simulation compared to first-person simulation ((A3 + V3) – (A1 + V1)). L/R Coordinates t-value p corrected Brain region © 2001 Nature Publishing Group http://neurosci.nature.com x Posterior cingulate Precuneus Parieto-occipital fissure y z –12 –50 38 5.55 L/R 0 –66 34 5.36 0.009 R 8 –68 24 5.30 0.012 L 0.004 Inferior parietal lobe R 44 –64 24 4.94 0.042 Inferior parietal lobe* R 50 –58 30 4.68 0.105 Frontopolar gyrus* R 14 72 10 4.37 0.266 p < 0.0001 (corrected for multiple comparisons), t > 3.85. See Table 1 legend. somatosensory area only and precisely when first-person perspective is compared to third-person perspective is of particular interest, and reveals the area’s participation in distinguishing self from other, as previously suggested15. The activation of MT/V5 complex shows that this region is involved not only in actual motion perception, but also in imagined movement, which is conveyed by action simulation. This is consistent with other studies that have demonstrated activation in MT/V5 by apparent motion16,17, illusory motion18, imagined motion19 and static images with implied motion20. According to the simulation theory, there should be an overlap between regions involved in first- and third-person perspectives. Our results show that this is partly true. Imagining someone else’s action is associated with activation in several areas that are common to first-person simulation, namely, the SMA, precentral gyrus, precuneus and MT/V5 (Table 2; Fig. 2 and the conjunction analysis; A1 – AC, V1 – VC, A3 – AC, V3 – VC). However, this overlap is not complete. There were specific increases in the parietal, cingulate and frontal cortices for thirdperson perspective simulation when compared to first-person perspective simulation (Table 3; Fig. 3). Left inferior parietal activity, which was very strong for first-person perspective simulation, disappeared when imagining someone else’s action. In addition, a strong increase was detected in the right inferior parietal lobe during the third-person perspective experiment (Figs. 1, 2 and 4). In parallel, specific rCBF augmentations were detected in the precuneus, left posterior cingulate cortex and right frontopolar gyrus. The specific activation of both right inferior parietal cortex and precuneus during third-person simulation may account for a neural mechanism that is important in the determination of agency. This interpretation is supported by evidence from clinical neuropsychology, and from brain imaging studies in both normal volunteers and schizophrenic patients. The right inferior parietal cortex is activated when subjects watch other people in an effort to imitate them21,22. Moreover, a patient with an abscess in the right parietal cortex has been described, in a neuropsychological case study, to have believed that his body was being controlled by external forces. This patient made statements such as, “My head is empty,” “I have no thoughts,” and “I feel hypnotized”23. Schizophrenic patients show hyperactivation of the right inferior parietal cortex, and experience passivity as compared to healthy subjects during the performance of freely selected joystick movements24. It was proposed that such abnormal responses in the parietal lobe cause the misattribution of self-generated acts to external entities. Furthermore, in a PET experiment exploring the neural correlates of hypnosis, rCBF decreases were found in the right inferior parietal lobule, left posterior cingulate gyrus and left precuneus25. Deactivation of the precuneus, in particular, was considered to be an important metabolic feature of this unconscious state26. In agreement with those results, it has been suggested that the right posterior parietal lobe has a determinant role in high-order body or self representation27,28. From the viewpoint of cognitive psychology, having a unified perspective involves keeping track of the relationship between what is perceived and what is done, and hence being aware of agency. In this sense, it has been suggested that perspective taking already involves self-consciousness29. Thus, at the physiological level, the brain may need to create a particularly vivid representation of the self to discriminate between self and other. During third-person perspective simulation, one needs especially to be aware of who the self is, in order to be able to imagine another person with the same neural resources as the self. So as not consciously to confuse thirdperson simulation with first-person simulation, regions that are critical for body schema or corporeal awareness may be highly recruited. Although this interpretation is speculative, during the third-person perspective simulation, specific rCBF increases occurred precisely in brain regions where decreases were found during the hypnotic state (right inferior parietal lobule, posterior cingulate and precuneus). A neuroimaging study of self versus non-self judgments has provided further results in favor of this hypothesis. Judgments about either face pictures or personality trait words were indeed associated with activation in the precuneus only in the case of self processing30. In our study, although the precuneus was activated in both perspectives, it was much more involved during thirdperson perspective (Fig. 4), which was consistent with our hypothesis (that is, overactivation of regions involved in selfrepresentation during third-person perspective). According to those converging results, we suggest that the right inferior parietal lobe and the precuneus are critically involved in discriminating the self from others, by way of their involvement in the representation of the self. Fig. 3. Brain areas activated by third- versus first-person simulation. Sagittal, axial and coronal sections of the brain (x = 8, y = –68, z = 24) showing specific areas of activation associated with third-person simulation when compared to first-person simulation ((A3 + V3) – (A1 + V1)). 548 nature neuroscience • volume 4 no 5 • may 2001 © 2001 Nature Publishing Group http://neurosci.nature.com © 2001 Nature Publishing Group http://neurosci.nature.com articles Fig. 4. Activation profiles for clusters in the right inferior parietal and precuneus across activation conditions. The histogram bars represent the relative adjusted regional cerebral blood flow values. A1, first-person simulation with auditory stimuli; A3, thirdperson simulation with auditory stimuli; AC, auditory control; VC, visual control; V1, first-person simulation with visual stimuli; V3, third-person simulation with visual stimuli. Both precuneus and right inferior parietal show stronger activation for thirdperson perspective simulation, less activation for first-person perspective simulation, and very low activation for control situations in which self-representation is not required for the task. To take a third-person perspective, subjects have to be aware of what the actor intends to do before simulating the actor’s action. This awareness could be compared to a kind of theory of mind process. The posterior cingulate activation in particular could be associated with such processing, as several imaging studies have demonstrated its involvement during tasks requiring mind-reading31,32. The specific activation in the frontopolar gyrus during third-person perspective simulation could be interpreted as demonstrating the existence of an inhibitory phenomenon during third-person perspective simulation. An ANCOVA analysis, performed using frontopolar activity as a covariate of interest and subjects as a confound, provided results that allowed us to formulate this hypothesis, because left inferior parietal lobule (56, –30, 26) was significantly negatively correlated with the frontopolar gyrus (t = 4.06). Our assumption of an inhibitory role of the frontopolar region is also in accordance with neuroanatomical deficits that have been discovered in schizophrenic patients. Inhibitory neurons (GABA neurons) in the anterior cingulate and in the frontopolar cortex are lacking in the brains of patients who are susceptible to confusing the self and other33,34. In addition, patients with lesions of this part of the frontal cortex may exhibit utilization behavior, which has been interpreted as a consequence of impaired inhibition35. Our study demonstrates that it is possible, at a representational level, to identify which brain regions are involved in firstperson perspective, and which are involved in third-person perspective. Several cortical areas (right inferior parietal, precuneus and somatosensory cortex) are proposed to be engaged in distinguishing the self from the other, and should be investigated further to better understand agency disorders in both neurological and psychopathological patients. conditions block first, and half saw the auditory block first. All actions selected for this study required the use of the right hand. During each visual condition (V1, V3, VC), subjects were presented with photographs of familiar objects (for example, a razor, shovel or ball). Each stimulus was presented for 5 s on a dark background. In the V1 condition, subjects were instructed to imagine themselves (that is, using the first-person perspective) acting with the object for as long as it appeared on the screen. In the V3 condition, subjects were instructed to imagine the experimenter acting with the object (that is, using the thirdperson perspective). The same set of photographs of objects (n = 14) was used across these two conditions. In VC condition, subjects were asked to passively watch another set of photographs of objects. During the auditory conditions (A1, A3, AC), subjects were presented with verbal sentences recorded onto CD in the experimenter’s voice. Each sentence lasted approximately 2 s and was followed by a blank period of 3 s. At the end of the blank period, a beep (300 ms) warned the subject that the next sentence would arrive. Each auditory condition included 14 sentences. In the A1 and A3 conditions, the same series of sentences using familiar actions (for example, stapling sheets of paper, peeling a banana) were used. These sentences were declined at the present tense and the subject of the verb was either ‘you’ in condition A1 (for example, “You are stapling a sheet of paper”) or ‘I’ in condition A3 (for example, “I am stapling a sheet of paper”). In those two conditions, subjects had thus to imagine what the experimenter said (that is, in A1, with first-person perspective; in A3, with third-person perspective). In the AC condition, the sentences described landscapes that did not include humans, motion or animals (for example, “You are seeing a field of wheat”). Subjects were instructed to imagine themselves contemplating these landscapes. All subjects were extensively trained in each of the experimental conditions. They were familiarized with the experimental setup, the experimenter’s voice and physiognomy, and also with first- and third-person perspectives of action simulation. For the latter, they were trained to imagine the experimenter in a three-quarters view so that no right/left conflict could arise during imagination. The stimuli used in the training session were different from those used in the PET experiment. METHODS Scanning procedure. A Siemens CTI HR+ (63 slices, 15.2 cm axial field of view) PET tomograph with collimating septa retracted operating in three-dimensional mode was used. Sixty-three transaxial images (slice thickness of each, 2.42 mm) without gaps between them were acquired simultaneously. A venous catheter to administer the tracer was inserted in an antecubital fossa vein in the left forearm. Correction for attenuation was made using a transmission scan collected at the beginning of each study. After a 9-mCi bolus injection of H215O, scanning was started when the brain radioactive count rate reached a threshold value and continued for 60 s. Integrated radioactivity accumulated in 60 s of scanning was used as an index of rCBF. The three visual conditions used a NEC projector (800 × 600 pixels) to display colored photographs on a screen located at the back of the camera. A mirror placed in front of the subjects’ eyes allowed them to see the projected images by reflection. The resultant distance from the Subjects. Ten right-handed healthy male volunteers were recruited (24.2 ± 2.9 years old). All subjects gave written informed consent according to the Helsinki declaration. The study was approved by the local ethical committee (CCPPRB, Centre Léon Bérard, Lyon), and subjects were paid for their participation. Activation protocol. Subjects were scanned during four target conditions (A1, A3, V1, V3), and two control conditions (AC, VC), which were duplicated once and presented in a pseudorandomized order, counterbalanced across subjects (12 scans per subject). Half the conditions were composed of visual stimuli (V1, V3, VC), and half were composed of auditory stimuli (A1, A3, AC). During the scanning procedure, auditory and visual conditions were never mixed; half the subjects saw the visual nature neuroscience • volume 4 no 5 • may 2001 549 © 2001 Nature Publishing Group http://neurosci.nature.com articles © 2001 Nature Publishing Group http://neurosci.nature.com eyes to the screen was approximately 50 cm (corresponding field of view, 42° in the horizontal dimension and 32° in the vertical direction). A Power Macintosh computer (Apple, Cupertino, California) with the SUPERLAB software was used to control the display processing. Data analysis. Images were reconstructed and analyzed with the Statistical Parametric Mapping software (SPM99, Wellcome Department of Cognitive Neurology, UK36; implemented in MATLAB 5, Math Works, Natick, Massachusetts). For each subject, images were realigned to the first scan and then normalized into the MNI stereotaxic space. Data were convolved using a Gaussian filter with a full-width half maximum (FWHM) parameter set to 12 millimeters. The design for statistical analysis in SPM was defined as ‘multi-subjects and multi-conditions’ with 105 degrees of freedom. Global activity for each scan was corrected by grand mean scaling. The condition (covariate of interest) and subject (confound, fixed effect) effects were estimated voxelwise according to the general linear model. Linear contrasts were assessed to identify the significant difference between conditions, and were used to create an SPM {t}, which was transformed into an SPM {z} map. The SPM {z} maps were thresholded at p < 0.001 (corrected for whole brain) for conjunction analysis and at p < 0.0001 (corrected for whole brain) for main effect analysis. Anatomical identification was done using atlases both of Talairach and Tournoux37 and of Duvernoy38. Three conjunction analyses were done. The first was designed to focus on regions activated during first-person simulation compared to control conditions, irrespective of the presentation modality (A1 – AC in conjunction with V1 – VC). The second was designed to detect brain areas involved in third-person simulation compared to control, irrespective of the presentation modality (A3 – AC in conjunction with V3 – VC). The third was designed to formally identify regions commonly involved in first- and third-person perspectives (A1 – AC, V1 – VC, A3 – AC and V3 – VC). Two main effect analyses were done to reveal the brain areas specifically involved in third-person perspective simulation compared to first-person perspective ((A3 + V3) – (A1 + V1)) and the reverse ((A1 + V1) – (A3 + V3)). Post hoc analysis was used to assess task-related regional activity. The analysis represented rCBF adjusted values in each task to demonstrate the differential involvement of a given brain area in the six experimental conditions. ACKNOWLEDGEMENTS This research was supported by the Cognitique Programme from the French Ministry of Education. We thank A. Goldman (University of Arizona, Tucson) and A. Meltzoff (University of Washington, Seattle) for their comments during the preparation of the manuscript. D. Cardebat (Inserm unit 455, Toulouse, France) gave us advice on the experimental protocol. RECEIVED 19 DECEMBER 2000; ACCEPTED 1 FEBRUARY 2001 1. Gopnik, A. & Meltzoff, A. N. Words, Thoughts, and Theories (MIT Press, Cambridge, Massachussetts, 1998). 2. 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Cette deuxième étude a eu pour but de tester si la comparaison de ces deux perspectives dans le domaine conceptuel mettait en évidence des variations de débit sanguin dans les même régions du cerveaux. Pour ce faire, l’activité cérébrale de 10 sujets, étudiants en médecine, a été mesurée en PET pendant qu’ils devaient évaluer la véracité de phrases affirmatives dans le domaine médical, soit selon leur propre point de vue (perspective en 1ère personne, PCN1), soit selon le point de vue d’un individu naïf représentatif de la population (perspective en 3ère personne, PCN3). Deux conditions contrôles (SC et R) ont également été réalisées (Figure 5). Sujets: étudiants de médecine (entre la 4eme et la 7eme année) conditions d’intérêt conditions contrôles Phrases évoquant des concepts dans le domaine médical Phrases décrivant des situations impersonnelles Une maladie congénitale est héréditaire Le chat transmet la toxoplasmose par griffure Tâche: Vrai ou faux? Au milieu des instruments il cherche le scalpel Ce livre a été vendu a un millions d’exemplaires Tâche: champ sémantique médical? Oui ou non ? Selon vous Selon un individu représentatif de la population SC Perspective en 1ere personne Perspective en 3eme personne Repos sans stimulation les yeux ouverts PCN3 R PCN1 Figure 5 : Paradigme de l’étude 2. Schéma présentant le type de stimuli utilisés et les tâches demandées au sujets. 72 Comparées à SC, PCN1 et PCN3 ont donné lieu, chacune, à des augmentations de DSCr dans le cortex prémoteur, le gyrus rectus, le cortex préfrontal médial et le cortex pariétal dans l’hémisphère gauche et dans l’hémisphère droit du cervelet (Figure 6). Activations cérébrales quand le sujet réfléchit aux questions: Qu’est ce que JE crois Qu’est ce qu’ IL croit cortex prémoteur Cortex préfrontal médial lobule pariétal inférieur G gyrus rectus Figure 6 : Superposition sur le cerveau standard de SPM 99 des foyers d’activation détectés pour les contrastes simples (PCN1-SC) à gauche et (PCN3-SC) à droite, mettant en évidence les régions communes activées par PCN1 et PCN3 par rapport à la condition contrôle. Par rapport à PCN1, PCN3 a induis des augmentations de DRCr dans le cortex pariétal inférieur droit, dans le gyrus frontopolaire, dans le cortex préfrontal médial, dans la partie postérieure du sillon temporal supérieur, dans le gyrus temporal médian et dans le pôle temporal. La comparaison inverse PCN1-PCN3 a mis en évidence une activation dans le gyrus post-central dans les deux hémisphères (Figure 7). 73 quand je pense à ce qu’il croit versus quand je pense à ce que je crois CPI droit Cortex frontopolaire quand je pense à ce que je crois versus quand je pense à ce qu’il croit Gyrus post-central Figure 7: Foyers d’activation détectés pour (PCN3-PCN1) à gauche et (PCN1-PCN3) à droite, superposés sur des coupes coronale, sagittale et axiale de l’IRM standard de SPM 99. Cette étude a permis de montrer que dans le domaine conceptuel comme dans le domaine moteur, les perspectives en 1ere et en 3eme personne engagent un réseau commun d’activations. Mais si ce réseau commun s’avère être différent dans ces deux domaines, les régions distinguant la perspective en 1ere et en 3eme personne se sont par contre révélées être identiques dans le domaine moteur et dans le domaine conceptuel. Ces résultats suggèrent que le cortex frontopolaire, le cortex pariétal inférieur droit, et cortex somatosensoriel ont un rôle dans la distinction soi/autrui, indépendamment du domaine concerné (H1). B. Article 2 : soumis à publication 74 How the brain distinguishes between self and other’s beliefs Perrine Ruby1 and Jean Decety 1,2 1 Inserm unit 280, 151 Cours Albert Thomas, 69424 Lyon Cedex 3, France 2. University of Washington Center for Mind, Brain & Learning, Box 357988, Seattle, WA 98195, USA Abstract What neural mechanisms underlie the ability to distinguish between the self perspective and the perspective of others at a conceptual level ? In this PET study subjects who were medical students, were asked according to the experimental conditions to respond to a list of health-related questions, taking either their own perspective or the perspective of a ‘lay’ person. Third-person perspective as compared to first-person perspective was associated with activation in the right inferior parietal lobe, the frontopolar gyrus, the medial prefrontal cortex, the left superior temporal sulcus, and the middle temporal gyrus. The reverse comparison revealed a specific activation in the post-central gyrus for the first-person conceptual perspective. This study provides congruent results at the conceptual level with previous studies investigating the neural correlates of self/other distinction at the motor level, and opens a new arena of research in which conceptual cognition can be viewed in the continuity of motor cognition. Keywords: Neuroimaging, Self/other, Intersubjectivity, Perspective-taking, Somatosensory cortex, Inferior parietal lobule, ToM. 75 In complex social environments, survival and reproduction depend in part on the ability to explain, predict, and manipulate the behavior of others. Although long before theory of mind evolved, many social animals possessed complex nervous systems that could detect the various statistical regularities in the behavior of others, humans evolved the additional ability to interpret these behaviors in terms of mental states (Povinelli and Giamborne, 2001). One central mechanism for reasoning about others is known in social psychology as perspective-taking (Mead, 1934; Ford, 1979), a notion that existed long before the concept of theory of mind was coined in cognitive psychology. Social psychology models of perspective-taking state that the social construction of meaning derives from one’s implicit theories about what the other knows, feels, thinks and believes (Kraus and Fussell, 1996), and thus understanding the states of mind of another individual requires taking into account his/her perspective in all domains such as visual, affective and conceptual. A large body of social psychological studies has demonstrated the existence of a consistent bias in our assessment of the conceptual perspective of other persons. Such misapprehensions have been hypothesized to be grounded in an automatic tendency to impute one’s own perspective to others (Davis et al., 1996; Fong and Markus, 1982; Gilovich et al., 2000; Gosling et al., 1998; Markus et al., 1985; Nickerson, 1999). This effect has been labeled “the egocentric assumption of shared perspectives” by Fenigstein and Abrams (1993) and is interpreted as being rooted in a failure to suppress one’s self by Vorauer (1999). In the emotional domain, the tendency to assume that others will feel the same way as the self has been also labeled the “egocentric bias” or the “false consensus effect” (Marks and Miller, 1987). It corresponds to the default mode of projective thinking that first develops in infancy. Developmental research has indeed shown that children younger than 14 months assume that the desires of other people are the same as their own (Repacholi and Gopnik, 1997). All of these studies demonstrate that people spontaneously attribute their inner thoughts to others (whether it be knowledge, emotion, or sensation). Such a process, however, compels false inferences and thus requires, in order to be corrected, inhibition of self predominant-thoughts, i.e., the inhibition of selfperspective. These behavioral studies also suggest that the appraisal of the other’s states of mind requires a process of distinction between the self and the other’s thoughts, which otherwise would merge. After all, what makes humans special is their meta-ability – that is, their ability to go “up a level” and see the self and other as two distinct members in the category of agents (Hodges and Klein, 2001). The notion of egocentric bias remind the principle stated by the simulation theory (an account of our everyday ability to make sense of the behavior of others) which maintains that one represents the mental activities and processes of others by mental simulation, i.e., by generating similar activities and processes in oneself (Gordon, 1986; Harris, 2000). According to this view, we would expect that similar neural regions underpin first and third person perspectives. However, we are precisely interested to look for the cerebral activity that distinguishes first and third person perspectives. A previous neuroimaging study explored the neural correlates of self versus other’s perspectives at the motor level using a motor imagery paradigm (Ruby & Decety, 2001) in which subjects were required to either imagine themselves performing an action (first-person perspective) or imagine someone else performing that action (third-person perspective). Both first-person and thirdperson perspectives were found to share common neural processing and were associated with similar hemodynamic augmentation in the SMA, the precentral gyrus, and the precuneus. The right inferior parietal lobule and the frontopolar cortex were found to be specifically activated when subjects imagined another individual performing an action (third-person perspective) while the somatosensory cortex was specifically activated when subjects imagined their own actions (first-person perspective). From this 76 study, it was conjectured that the frontopolar cortex activation was likely to be related to an inhibition process directed to the self-perspective, and that self-perspective recruits the somatosensory cortex. The right inferior parietal lobe was discussed as a region playing a specific role in the comparison and distinction of representation of the self and of the other. From an evolutionary viewpoint, there is no discontinuity between action and cognition (Shepard, 1984). Accordingly, we hypothesize that the process of self/other distinction should be underpinned by the same cerebral substrate irrespective of the domain concerned (be it motor or conceptual). If this is true, brain regions that were previously detected with a motor imagery paradigm would also be involved in the comparison of self versus others’ perspective at the conceptual level. We designed this study to investigate the neural correlates of the self/other distinction at the conceptual level by comparing the neural networks involved in answering the same set of questions from either a first- or a third-person subjective perspective. The participants, selected as medical students, were presented with written sentences related to health sciences and instructed to give a truthful judgment about those statements according to either their own perspective (First-person perspective, FP) or according to what they thought a lay person would believe (Third-person perspective, TP). Both first- and third-person conceptual perspectives require mind-reading, either for the self or for the other. Several neuroimaging studies have shown that reading the other’s states of mind involves the medial prefrontal cortex, the posterior part of the superior temporal sulcus (STS) and the temporal pole (Blakemore and Decety, 2001; Brunet et al., 2000; Castelli et al., 2000; Fletcher et al. 1995, Frith and Frith, 1999). Taking into account the argument that the same cognitive process is responsible for attributing mental states to the self and to the other (Carruthers and Smith, 1996), we predicted that neural regions known to be involved in theory of mind (ToM) tasks would be activated in both FP and TP conditions. It seems worthy to note that while a semantic memory component is salient in both FP and TP, TP relies on an additional episodic memory component. In this respect we expected temporal activation in the comparison of TP versus FP since this region has been shown be involved in episodic memory (Fink et al., 1996; Menon et al., 2002). Results Behavioral results G. response type In the target conditions, subjects gave between 21 and 52 (Mean = 37.5) distinct answers between FP and TP to the 87 sentences presented in the 3 repetitions. This corresponds to a 43% average rate of different responses between FP and TP for the whole group (range 24% to 59%). Knowing that 50% of the sentences were selected as likely to induce different responses depending on the subjective perspective, this result is a good indicator that subjects succeeded in performing the role-taking task. In the control condition, subjects gave between 3 and 14 wrong answers (Mean = 8.9) to the 87 sentences presented in the 3 repetitions of this condition, which corresponds to a 10.2% average rate of error for the whole group (range between 3.4 % and 16.9%). These results are consistent with our insertion in the control condition of about 10% ambiguous phrases in order to keep subjects alert. 77 B) reaction time Reaction times (RTs) were analyzed with SPSS on the answers that were collected during the 60 seconds of PET data acquisition. A two-way within subject ANOVA (condition x repetitions) showed no significant difference between the conditions nor between the repetitions (p < 0.05). PET results First-person perspective taking as compared to the control condition (FP-C) was associated with bilateral rCBF increases in the caudal part of the superior frontal gyrus. In the left hemisphere, activation foci were detected in the medial orbitofrontal cortex, in the inferior parietal lobe, in the superior, and in the inferior frontal gyrus. A bilateral rCBF increase was also found in the cerebellum (Table I). Table I. Cortical areas significantly activated (p<0.0005, height threshold T>3.38, * p<0.001, height threshold T>3.17, extent threshold k=10) during First-Person Perspective taking compared to control condition (FP-C). Brain region Superior frontal gyrus Orbitofrontal cortex Superior frontal gyrus Lateral cerebellum Inferior parietal lobule Superior frontal gyrus Superior frontal gyrus * Inferior frontal gyrus Cerebellum L/R R L L L L L L L R Coordinates x 14 -6 -18 -40 -48 -4 -4 -40 16 y 22 40 10 -66 -68 56 32 22 -74 z 68 -22 70 -32 42 6 58 4 -30 T-value 5.16 4.65 4.16 3.98 3.96 3.71 3.55 3.66 3.55 Third-person perspective taking as compared to the control condition (TP-C) was associated with bilateral rCBF increase in the caudal and rostral parts of the superior frontal gyrus, in the middle frontal gyrus, and in the inferior parietal lobe. In the left hemisphere, activation foci were also detected in the inferior temporal gyrus, the posterior part of the superior temporal sulcus, the orbitofrontal cortex, and the anterior insula. In the cerebellum, a focus of activation was detected in the right hemisphere (Table II). 78 Table II. Cortical areas significantly activated (p<0.0005, threshold T>3.38, extent threshold k=10) during Third-Person Perspective taking compared to control condition (TP-C). x, y, z refer to MNI coordinates. L, left; R, right hemispheres. Brain region L/R Superior frontal gyrus Superior frontal gyrus Superior frontal gyrus Superior frontal gyrus Middle frontal gyrus Gyrus rectus Superior frontal gyrus Inferior frontal gyrus / Insula Inferior parietal lobule Inferior parietal lobule STS posterior part Superior frontal gyrus Middle frontal gyrus Inferior temporal gyrus Cerebellum R L L L/R R L L L R L L R L L R Coordinates x 16 -10 -18 0 50 -6 -18 -24 58 -48 -48 22 -42 -68 18 y 22 38 12 46 28 42 54 32 -60 -74 -58 36 20 -24 -90 z 66 52 68 34 40 -22 20 -6 34 38 28 50 32 -16 -34 T-value 7.00 4.92 4.23 3.56 4.83 4.59 4.53 4.43 4.48 4.42 4.39 4.20 4.02 3.97 3.64 When first-person perspective was compared to third-person perspective (TP – FP), bilateral rCBF increases were detected in the medial part of the superior frontal gyrus, the middle and inferior temporal gyrus. In the left hemisphere, activations were detected in the frontopolar gyrus, the posterior part of the superior temporal sulcus, and the inferior frontal gyrus. In the right hemisphere, an rCBF increase was found in the posterior part of the inferior parietal lobe (Table III). Table III. Cortical areas significantly activated (p<0.005, height threshold T>2.62, extent threshold k=10) when third-person conceptual perspective taking is compared to first-person conceptual perspective taking (TP-FP). Brain region Superior frontal gyrus Superior frontal gyrus medial part Middle temporal gyrus Middle temporal gyrus / STS Middle temporal gyrus Superior frontal gyrus Frontopolar gyrus Inferior frontal gyrus Inferior temporal gyrus Inferior temporal gyrus Superior frontal gyrus medial part Superior frontal gyrus medial part STS posterior part Inferior parietal lobe L/R R R L L L L L L R L R L R Coordinates x 0 10 72 -54 -60 -24 -4 -52 -52 50 -8 24 -38 44 y 20 24 -18 -14 -34 50 68 12 -4 -42 40 48 -62 -70 z 70 56 -12 -10 -10 -6 -12 4 -38 -12 52 42 20 36 T-value 3.83 3.36 3.74 3.59 3.39 3.33 3.30 3.24 3.24 3.18 3.13 3.11 3.10 3.06 79 When third-person perspective taking was compared to first-person perspective (FP – TP), bilateral rCBF increases were detected in the post-central gyrus. In the right hemisphere, foci of activation were detected in the lingual gyrus, the middle occipital gyrus, the precuneus, and in the superior temporal sulcus (Table IV). Table IV. Cortical areas significantly activated (p<0.0005, height threshold T>3.38, extent threshold k=10) when first-person conceptual perspective taking is compared to third-person conceptual perspective taking (FP-TP). Brain region Postcentral gyrus Lingual gyrus Middle occipital gyrus Precuneus Post-central gyrus Superior temporal sulcus L/R L R R R R R Coordinates x -20 30 50 -18 54 50 y -54 -70 -76 -68 -16 -30 z 60 -14 4 16 32 6 T-value 3.86 3.78 3.75 3.74 3.73 3.71 Discussion This study investigated the neural correlates of first- and third-person perspective-taking at the conceptual level by asking medical students what they believed or what they thought a layperson would believe when confronted with a similar set of health-related questions. The activation of the post-central gyrus during first-person conceptual perspective (Figure 1) is similar to that reported in our previous study (Ruby & Decety 2001) of perspective-taking in the motor domain. It is interesting to find such an activation of the somatosensory cortex outside of any actual, simulated, or somatosensory stimulation. This provides evidence in favor of its involvement in selfrepresentation at the conceptual level. Several neuroimaging studies suggest such a role for this region ,which was initially considered exclusively as a primary-sensory area. In the motor domain, Iacoboni et al. (1999) have reported a right post-central gyrus activation during the simultaneous execution and observation of a finger movement and discussed this result as likely to be associated with a “preservation of the sense of the self.” Avikainen et al. (2002) came to the same conclusion about the putative functional role of SI and SII when interpreting somatosensory evoked fields recorded during execution and observation of action. In the conceptual domain, Kircher et al. (2002) detected an activation in the post-central gyrus both for explicit and implicit processing of self-descriptive adjectives. Furthermore, Adolphs et al. (2000) has shown that recognizing emotions from visually presented facial expression requires right somatosensory-related cortices. The results of the current study are thus consistent with the role of the somatosensory cortex in self-referential processing. Our main hypothesis is that adopting third-person perspective requires inhibition of selfperspective. According to frontal region involvement in inhibitory processing, this region was expected to be detected when subjects are asked what another person would believe. Thus the frontopolar cortex activation during third-person perspective is consistent with our prediction. This finding parallels the 80 result of our previous study (Ruby and Decety, 2001) in which we compared third- versus first- person perspective taking in the motor domain (Figure 1). In various and complementary research domains this region has been demonstrated to play an inhibitory function. Neuropsychological investigations have shown that lesions of the anterior part of the frontal lobe can be associated with the emergence of an imitation behavior syndrome, which was interpreted as revealing impaired inhibition (De Renzi et al., 1996; Lhermitte et al., 1986). In healthy subjects, an fMRI study has provided corroborative results demonstrating specific frontopolar activation in inhibition of imitative response tendency (Brass et al., 2001). Developmental psychological research has shown that inhibitory control is a crucial enabling factor for ToM both in its development and expression (Carlson and Moses, 2001). It allows the self to suppress the prepotent response in favor of a new one. As demonstrated by psychological studies the prepotent response in perspective-taking is the self-perspective response (Davis et al., 1996; Fong and Markus, 1982; Gilovich et al., 2000; Gosling et al., 1998; Markus et al., 1985; Nickerson, 1999). For this reason, our results lead us to propose that the frontopolar cortex exerts an inhibitory influence towards the somatosensory cortex. Without taking the place of evidence, the activation profiles in these two regions are congruent with this hypothesis, since they exhibit an opposite shape in the four conditions (Figure 1). Investigations in schizophrenic patients may be worth mentioning in light of our hypothesis. Notably, Selemon and Goldman-Rakic (1999) reported a loss of GABA inhibitory neurons in the frontopolar cortex of schizophrenic patients. As predicted, rCBF increase was detected in the right inferior parietal lobe (rIPL) when thirdperson perspective was compared to the control condition and to the first-person perspective condition (Figure 2). There is a mass of converging evidence from several complementary research domains to suggest that the right inferior parietal lobe plays a key role in the process of self/other distinction. In the neuropsychological domain, Mesulam (1981) has reported the case of a patient with an abscess of the right parietoccipital region who suffered of delusion of external control. In psychiatry, the symptom of delusion of external control or the passivity phenomena is characteristic of a particular type of schizophrenia. Interestingly, a neuroimaging study that compared the neural response of freely selected movement in healthy subjects to that in schizophrenic patients experiencing the passivity phenomena demonstrated a consistent signal difference in the right inferior parietal lobe between the two groups of subjects and between schizophrenic patients in and out of periods of delusion (Spence et al., 1997). The authors argued that such abnormal response in the parietal lobe could be responsible for the misattribution of self-generated acts to external entities. There also exist congruent data from neuroanatomical studies in favor of the hypothesis of a specific abnormality in the inferior parietal lobe in schizophrenic patients (Niznikiewicz et al. 2000, Maruff et al. 2001). In healthy subjects, recent neuroimaging studies that investigated precisely the issue of self/other distinction in imitative behavior demonstrated a specific right inferior parietal involvement when one’s own action is imitated by the other (Decety et al., 2002; Chaminade and Decety, 2002). The authors have proposed that the rIPL activation is related to the attribution to the other during imitation of an action initiated by the subject. In addition, Farrer and Frith (2002) have reported from a study focusing on agency judgment a rIPL activation when the subject was aware of not causing the action and attributed it to another person. In the visual domain, perspective-taking (i.e., taking a visual point of view distinct from one’s own) was also shown to involve the rIPL (Wraga et al. 2001). It is of particular interest to recall that this region has been highlighted in ToM neuroimaging studies but was discussed as non specific (Fletcher et al., 1995). Our results demonstrate the contrary and lead us to defend the idea that the crucial process of self/other distinction required in perspective-taking relies specifically on inferior parietal lobe function irrespective of the domain (visual, motor, conceptual). 81 In addition, all regions previously observed in functional imaging studies of ToM tasks have been found in the TCP-FCP comparison. A left superior temporal sulcus activation was detected in the comparison of third person perspective with both C and FCP. Activation in the STS was expected and corroborates the results of several neuroimaging studies that have investigated the neural correlates of mind-reading (Brunet et al., 2000; Castelli et al., 2002; Fletcher et al., 1995; Gallagher et al., 2000; Goel et al., 1995). According to Frith and Frith (1999), among the cortical regions involved in ToM processing, the STS plays the role in the detection of the behavior of agents and analysis of the goals and outcomes of this behavior. Medial prefrontal activation was detected as expected in third-person perspective (in both TCP-C and TCP-FCP contrasts) (Figure 2). In order to discuss the specific role of frontal areas in ToM it might be of interest to recall that ToM tasks in general, and the one used in this study in particular, belong to the category of inductive tasks. The essential component of induction is, indeed, hypothesis selection based on some criterion of relevance. An inductive task is an open-ended task with no right or wrong answer (Goel and Dolan, 2000). Interestingly, Goel et al.(1997) have reported medial superior frontal gyrus activation in this particular type of reasoning. In a review, Perner and Lang (1999) discussed the issue of the link between ToM and executive control. They have proposed several hypotheses including the possibility that ToM and executive control involve the same brain region, and they have mentioned medial frontal areas as a good candidate. In line with this hypothesis, Siegal and Varley (2002) have proposed that frontal lobe function, if essential for success, is not sufficient to underlie ToM reasoning. Taking into account the particularly salient inductive component involved in TCP we further defend the idea that the medial prefrontal cortex subserves the inductive component required in ToM tasks. It should be noted that the medial prefrontal cortex has also been detected in first-person perspective versus the control condition. This result is in favor of the claim made by Carruthers and Smith (1996) that a single cognitive process is responsible for self and other state-ofmind attribution. Some strong activations, were detected in the temporal lobe when TCP was compared to FCP, both in the temporal pole an in the middle temporal gyrus. The former activation is the most frequently reported from ToM neuroimaging studies and especially in the left hemisphere (Frith, 2001). The temporal pole region belongs to the amygdala-related cortices, and some authors proposed that this region, involved in emotion processing, is also at the core of the our capacity to read states of mind (Siegal et Varley, 2002). The more posterior middle temporal gyrus activation has also been reported in ToM studies (Brunet et al. 2000). Episodic memory has been demonstrated to specifically involve middle temporal gyrus (Fink et al., 1996; Menon et al., 2002). Both FCP and TCP rely on the recall of knowledge that is likely to involve semantic memory, but in the TCP condition an additional episodic memory component is likely to be involved. In the TCP condition subjects may have recalled past episodes of their personal life to build a representation of the lay’s person knowledge. Accordingly, we interpret middle temporal activation as associated with such a memory process. Common cortical activations in the superior frontal gyrus, the left inferior parietal lobe, the left gyrus rectus and the right cerebellum have been highlighted between FCP and TCP when they were compared to the control condition (Figure 3). The activation of this network is likely due to the component of ill-defined ,open-ended characteristics of the questions (consequently associated with increasing reflection and hesitation) in FCP and TCP as compared to the well-defined, closed-ended characteristics of the control condition. The added component of reflection and hesitation in the 82 conditions of interest may be responsible for cortical activation in the SMA, the left inferior parietal lobe, and the right cerebellum, which are known to be involved in motor preparation, movement selection and motor control (Krams et al., 1998; Picard and Strick, 1996). On the other hand, the gyrus rectus activation could be associated with processing the component of uncertainty. Elliott et al. (2000) have reported that the gyrus rectus is involved in tasks requiring guessing. This region (orbitofrontal cortex) appeared to be more activated when the information given in the stimulus was insufficient to determine the answer without calling upon self-knowledge. In the present study, both FCP and TCP require subjects to call for self-knowledge whereas in the control condition the response is given in the stimulus. An alternative but not incompatible hypothesis is provided by the well-known participation of the orbitofrontal cortex in emotional and social cognition (Cavada and Schultz, 2000). Furthermore Stone et al. (1998) and Stuss et al. (2001) have reported impairments on To M tasks in patients with orbitofrontal lesions. In our study the activation in gyrus rectus may be related to a social-emotional component such as a feeling of judgment either directed to the self in FCP or directed to the other in the TCP condition. Conclusion In the present study, rCBF variations between TCP and FCP demonstrate that brain areas distinguishing the cerebral correlates of first- and third-person perspective taking at the conceptual level are similar to that already detected at the motor level (Ruby and Decety, 2001) i.e., right inferior parietal lobe, frontopolar cortex in (TCP-FCP) and somatosensory cortex in (FCP–TCP). These results meet our predictions and are in favor of our hypothesis suggesting that these brain areas are involved in self/other distinction even at the conceptual level and that the process of self/other distinction required in perspective-taking is independent of the domain concerned. The novelty of this study is to provide some congruent results at the conceptual level with previous studies investigating the neural correlates of self/other distinction at the motor level. It opens a beneficial arena of research in which conceptual cognition can be viewed in the continuity of motor cognition. 83 Methods Subjects. Ten medical students who were enrolled in their 4th to 7th years were recruited. All were right- handed males (23 ? 1.8 years). No subject had a history of neurological, major medical, or psychiatric disorder. They gave written informed consent according to the Declaration of Helsinki. The study was approved by the local Ethics Committee (CCPPRB, Centre Léon Bérard, Lyon), and subjects were paid for their participation. Activation paradigm. Subjects were scanned during two target conditions (i.e., FP and TP), one control condition ©, and one rest condition ®. The four conditions were tripled (12 scans per subject). Target conditions (FP & TP) : In these two conditions, subjects were presented with affirmative sentences dealing with medical or health issues (e.g., “There are more births when the moon is round,” ; “Pressure on the eyeball can induce a heart failure”). Subjects were instructed to answer whether these sentences were true or false according to either their own perspective (FP) or according the perspective of a lay person (TP). A questionnaire filled out by 12 professional physicians, independent of the PET study, was used to select the stimuli so that in each set of sentences used in the PET experiment, half were likely to induce different responses according to first- and third-person perspectives. In the TP condition, the lay person whose perspective subjects had to take was defined as a person who had no particular education in health sciences. This choice allowed fort different answers to the same question according to either perspective, which is a good way to assess that role-taking was actually performed. Subjects were presented with the same sets of sentences (28 sentences per condition) in the two target conditions but sentences were presented with different headings (“according to you” for FP and “according to the other” in TP) and in a different order . The order of presentation of the conditions across subjects was manipulated in order to counterbalance the effect of novelty of sentence sets between subjects for each condition. Subjects responded (“true” or “false”) with a two-button mouse, which triggered the presentation of the following sentence. If no answer was given, the next sentence appeared automatically after 4 sec. Control condition © : A semantic judgment task was selected as the control condition because it relies on a perspective-independent judgment. The sentences presented were either in the medical field or not (i.e., “When he had fever, he has been perspiring” versus “He has seen a shooting star”). Subjects had to categorize sentences according to this criterion. As in the target conditions, affirmative sentences (28 per condition) were presented with a heading (“Medical semantics field”). Subjects responded (“yes” or “no”) with a two-button mouse in the same way as in the target conditions. Baseline (B) : subjects were told to lie still, keeping their eyes open. Scanning procedure. A Siemens CTI HR+ (63 slices, 15.2 cm axial field of view) PET tomograph with collimating septa retracted operating in 3D mode was used. Sixty-three transaxial images with a slice thickness of 2.42 mm without gap in between were acquired simultaneously. A venous catheter to administer the tracer was inserted in an antecubital fossa vein in the left forearm. Correction for attenuation was made using a transmission scan collected at the beginning of each study. After a 9mCi bolus injection of H215O, scanning was started when the brain radioactive count rate reached a 84 threshold value and continued for 60 s. Integrated radioactivity accumulated in 60 s of scanning was used as an index of regional cerebral blood flow (rCBF). An NEC projector (800 x 600 pixels) connected to a Power Macintosh computer displayed the stimuli (whose presentation was set with the SUPERLAB software) on a screen located at the back of the camera. A mirror placed in front of the subjects’ eyes allowed them to see the projected images by reflection. The resultant distance from the eyes to the screen was approximately 50 centimeters (corresponding field of view: 42° in the horizontal dimension and 32° in the vertical one). Images were analyzed with the Statistical Parametric Mapping software (SPM99; Wellcome Department of Cognitive Neurology, UK; (Friston et al., 1995) implemented in MATLAB 5 (Math Works, Natick, MA, USA)). For each subject, images were realigned to the first scan and then normalized into the MNI stereotactic space. Data were convolved using a gaussian filter with a fullwidth half maximum (FWHM) parameter set to 12 millimeters. Data analysis. Global activity for each scan was corrected by grand mean scaling. The condition (covariate of interest) and subject (confound, fixed effect) effects were estimated voxelwise according to the general linear model. Linear contrasts were assessed to identify the significant difference between conditions, and were used to create an SPM {t} map. The SPM {t} maps were thresholded at p < 0.0005 (height threshold T = 3.38) for (TP-C), (FP-C) and (FP-TP), p < 0.005 (height threshold T = 2.62) for (TP-FP), uncorrected for multiple comparisons because we had strong a priori hypotheses. We retained clusters when their size exceeded 10 voxels (extent threshold k=10). Anatomical identification was performed using atlas of Talairach and Tournoux (1988) implemented in SPM 99, TSU), and also of Duvernoy (1991). Statistical analysis was performed to examine the simple effects of the FP and TP conditions compared with the control condition [(FP-C) and (TP-C)], and compared with each other [(TP-FP) and (FP-TP)]. Post hoc analysis was used to assess task-related regional activity. 85 Figure 1 : Anatomical localization and activation profile (parameter estimates) of the peaks of rCBF increase in the postcentral gyrus (FCP-TCP) and in the frontopolar gyrus (TCP-FCP). Foci of activation are superimposed on an horizontal section of the brain at the top and on a sagittal section of the brain at the bottom (single subject MRI of SPM99). Note the opposite activation profiles in those two regions. This result is consistent with our hypothesis of an inhibitory rôle of the frontopolar gyrus on the preventing self-representation supposed to involve the somatosensory cortex. Furthermore this profile show an rCBF decrease during third-person perspective and not an rCBF increase during the first-person perspective condition, which fits well with the idea that one is always in a self-perspective situation and that inhibition of first person perspective is required in the particular case of taking the perspective of the other 86 Figure 2 : Anatomical localization and activation profile (parameter estimates) of the peaks of rCBF increase detected in the contrast (TCP-C). Foci of activation are superimposed on the lateral view of the left and right hemisphere of the single subject MRI of SPM99. 87 Figure 3 : Anatomical localization and profiles of activation of peaks of rCBF increase detected in the contrast (FCP-C). Foci of activation are superimposed on the lateral view of the left and right hemisphere of the single subject MRI of SPM99. 88 Acknowledgements The authors wish to thank Didier Le Bars, and Franck Lavenne at the CERMEP (where the PET scans were performed) for technical assistance, and Pierre Fonlupt for his advice on the data-analysis. References Adolphs R, Damasio H, Tranel D, Cooper G, Damasio AR. A role for somatosensory cortices in the visual recognition of emotion as revealed by three-dimensional lesion mapping. J Neurosci 2000 ; 20 : 2683-90. Avikainen S, Forss N, Hari R. Modulated activation of the human SI and SII cortices during observation of hand actions. Neuroimage 2002; 15: 640-6. Blakemore S, Decety J. From the perception of action to the understanding of intention. Nat Rev Neurosci 2001; 2: 561-567. Brass M, Zysset S, Von Cramon D. The inhibition of imitative response tendencies. Neuroimage 2001; 14: 1416-1423. Brunet E, Sarfati Y, Hardy-Bayle MC, Decety J. 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Ce plan expérimental a permis de tester H1 mais aussi de tester si l’activité des régions précédemment mises en évidence dans la prise de perspective de soi et d’autrui montrait un effet d’interaction entre le facteur émotion et le facteur perspective. Ainsi, l’activité cérébrale de 10 sujets, étudiants en médecine, a été mesurée en PET pendant qu’ils devaient évaluer la véracité de phrases affirmatives dans le domaine médical (conditions neutres, CN), et la réaction induite par une situation sociale propice à engendrer une réaction émotionnelle (conditions émotionnelles, CE). Les sujets devaient répondre en fonctions des conditions, selon leur propre point de vue (perspective en 1ère personne, P1), ou selon le point de vue de leur mère (perspective en 3ère personne, P3), comme exposé dans le tableau ci-dessous. Perspective 3eme personne Emotion 1ere personne - PCN1 PCN3 + PCE1 PCE3 92 L’effet principal de la perspective en 3eme personne par rapport à la perspective en 1ere personne s’est traduit par des activations dans le gyrus frontal supérieur ventral, le pôle temporal, le sillon temporal supérieur, dans le cortex cingulaire postérieur, et dans le cortex pariétal inférieur droit (Figure 8). La comparaison inverse a révélé une augmentation significative de DSCr dans le cortex somatosensoriel (Figure 10). Figure 8 : Coupes sagittales montrant des foyers d’activation issus du contraste (PCN3+PCE3)-(PCN1+PCE1), en haut dans le cortex frontopolaire et en bas dans cortex pariétal inférieur droit. Sur la droite sont présentés les histogrammes de la valeur ajustée du DSCr dans les 4 conditions d’activations dans le foyer illustré sur la gauche. Un effet d’interaction entre le facteur perspective et le facteur émotion a été mis en évidence dans le pôle temporal gauche (Figure 9) et dans le cortex somatosensoriel à droite (Figure 10). 93 Figure 9: Coupes coronales du cerveau montrant l’activation dans le pôle temporal gauche détectée dans le contraste ?(PCE3-PCE1)-(PCN3-PCN1)?. Sur la droite l’histogrammes représente la valeur ajustée du DSCr dans les 4 conditions d’activations dans le foyer illustré sur la gauche. Figure 10 : Coupes coronales du cerveau montrant le foyer d’activations dans le cortex somatosensoriel, détectés dans le terme d’interaction ?(PCE1-PCE3)-(PCN1-PCN3)?. Sur la droite l’histogramme représente la valeur ajustée du DSCr dans les 4 conditions d’activations dans le foyer illustré sur la gauche. Cette étude a permis de montrer que les résultats obtenus dans le domaine moteur et dans le domaine conceptuel neutre restent valables dans le domaine émotionnel. Elle renforcent ainsi l’hypothèse d’un rôle du cortex frontopolaire, du cortex pariétal inférieur droit, et du cortex somatosensoriel dans la distinction soi/autrui, indépendamment du domaine concerné. Elle a également permis de montrer une spécificité du cortex somatosensoriel pour la combinaison d’une situation émotionnelle avec une perspective en 1ere personne. Le pole temporal gauche par contre, s’est révélé spécifiquement impliqué dans une situation émotionnelle avec une perspective en 3eme personne. B. Article 3 : soumis à publication 94 Self perspective versus another one’s perspective taking: PET investigation in neutral and emotional context Perrine Ruby1, and Jean Decety 1,2,3 1. Inserm unit 280, 151 Cours Albert Thomas, 69424 Lyon cedex 3, France 2. CMBL, University of Washington, Box 357988, Seattle, WA 98195, USA 3. Cermep, 59 Bld Pinel, 69003 Lyon, Frances Abstract Perspective-taking, because it allows construction of mutual understanding, is a basis of social interaction. Two previous studies have identified a specific network involved in perspective-taking both at the motor and at the conceptual level. This PET study aimed to investigate whether this network is also recruited in a perspective-taking task at the emotional level. Using a factorial design we also investigated the interaction between the emotional and the perspective factor in the brain regions previously highlighted. Subjects were asked to take either their own perspective or the perspective of their mother in response to neutral or emotional verbal questions. The main effect of third-person versus first-person perspective highlighted activation in the superior frontal gyrus, the left superior temporal sulcus, the left temporal pole, the posterior cingulate gyrus and the right inferior parietal lobe. A postcentral gyrus focus was detected in the reverse comparison. Interaction effect were identified in the left temporal pole and in the post-central gyrus. These results support our prediction of frontopolar, somatosensory cortex and right inferior parietal lobe involvement in the process of self/other distinction irrespective of the domain (motor, conceptual, emotional). In addition, this study provides new insight to clarify within the brain network of perspective taking, brain areas sensitive to the emotional component. Keywords: neuroimaging, self/other, intersubjectivity, perspective-taking, simulation theory, somatosensory cortex, right inferior parietal lobe, prefrontal cortex, TOM, affective, social cognition, emotional cognition. 95 Assessing the background knowledge, plans, attitudes, beliefs, outlooks and so on, of an interlocutor was termed ‘perspective taking’ by Mead (1934). He considered this capacity as a central component in the construction of mutual understanding and was as such widely investigated in social psychology before it was labelled “theory of mind” (TOM) by Premack and Woodruff in 1978. Perspective taking model in social psychology state that the social construction of meaning derives from one’s implicit theories about what the other knows, feels, thinks and believes (Kraus and Fussell, 1996) and thus that understanding the states of mind of another requires taking into account his perspective in visual, conceptual and affective domains. The simulation theory developed by philosophers of mind has provided an appealing hypothesis of the mechanism by which one construes a representation of another point of view, knowledge, feeling and beliefs i.e. of another states of mind. It postulates that we predict the actions and thoughts of others by simulating their decision making process in the situation they face (Goldman 1992). Translated into cognitive neuroscience this theory predicted that a common cerebral network should be activated when I act, I imagine to act, I see another acting, and I imagine another acting. This prediction has been largely verified using various methodological approaches and is now broadly accepted in the scientific community (Decety et al., 1994; Roth et al., 1996; Gallese et al., 1996; Gallese and Goldman, 1998; Lotze et al., 1999; Fadiga et al., 1999; Ruby & Decety, 2001; Grèzes & Decety 2001). However a neurophysiological question arises from this theory: if the self and the other’s intention representation involve a common cerebral network, which cerebral correlates subserve the attribution of the intention to the self or to the other ? Previous PET studies addressed this question comparing self perspective and someone else’s perspective taking, in the motor domain and in the conceptual domain (Ruby & Decety, 2001; 2002). Both studies demonstrated right inferior parietal lobe and frontopolar cortex activation when the third-person perspective was compared to the first-person perspective and somatosensory cortex activation in the reverse comparison. Those regions have been interpreted to participate in the process of self/other distinction irrespective of the domain concerned (motor and conceptual). This study aimed to further test this hypothesis by investigating the neural correlates of perspective taking at the emotional level. A 2x2 factorial design enabled us to look for the interaction effect between the emotional and the perspective factor in the brain regions previously detected. Subjects, who were selected as medical students, were asked according to the experimental conditions, to take either their own perspective (P1) or the perspective of their mother (P3) in response to neutral (N) and emotional (E) verbal questions, which were visually presented. In the neutral conditions subjects had to give an opinion about the truthfulness of assertions in the medical domain. In the emotional conditions subjects had to give an opinion about the reaction aroused in common life situations likely to provoke an emotional response. We made the prediction that the main effect of thirdperson perspective versus first-person perspective (P3-P1) would highlight brain activation in the right inferior parietal lobe, the frontopolar cortex and in other regions known to be involved in “Theory of mind” (TOM) tasks and previously highlighted in third-person conceptual perspective versus first-person conceptual perspective (Ruby et Decety 2001, 2002) specifically the medial prefrontal cortex, the superior temporal sulcus and the temporal pole. In the reverse comparison (P1-P3) we expected activation in the somatosensory cortex. If found, those results will strengthen our proposal of a specific involvement of right inferior parietal lobe, frontopolar cortex and somatosensory cortex in self/other distinction irrespective of the domain concerned. 96 Another purpose of this study was to investigate the effect of the emotional factor on the activity in the regions involved in perspective taking. Emotion is known to influence reasoning and reaction (Houdé et al. 2001, Bechara et al. 2000, Goel et al. 2001; Bush et al. 2000) and some of the regions previously found in perspective taking have also been shown to be involved in emotional processing. For this reason, interaction effects are expected especially in the somatosensory cortex, which has been highlighted in social emotions processing (Damasio et al. 2000; Adolphs et al.2000), and in the temporal poles which is part of the common network involved in emotion processing irrespective of the triggering sensory modality (Royet et al. 2000). Methods Subjects. The selection of the subjects and of the target to take the perspective of, was directed by the will to maximize the potentiality that the subject and the target have distinct perspective. Indeed if it is the case, it is possible to objectivate perspective taking in behavioral response. To satisfy these requirement in the neutral conditions we chose subjects who had an expertise domain of knowledge and a target subject so that he was naive in this domain. For this study we chose the medical field as expertise domain, this is the reason why subjects were selected as medical students. The target was chosen to be the subject’s mother knowing that a questionnaire allowed us to make sure that she had no particular education in health sciences. In the emotional conditions it was sex and age difference between subjects and their mother which was thought to likely induce different answers according the perspective. Thus 10 medical students enrolled in between the 3th and 6th year were recruited. All were right-handed males (21,8 ? 1.3 years). They gave written informed consent according to the Declaration of Helsinki. The study was approved by the local Ethics Committee (CCPPRB, Centre Léon Bérard, Lyon), and subjects were paid for their participation. Activation paradigm. Subjects were scanned during four target conditions (PN1, PN3, PE1, PE3) repeated three times and presented in a pseudorandomized order counterbalanced across subjects (12 scans per subject). Both the emotional content of the stimuli and the perspective taken by the subjects were manipulated in the 4 conditions according a 2 ? 2 factorial design (as presented below):. Perspective Emotion 1st person 3rd person - PN1 PN3 + PE1 PE3 The emotional factor determined the content of the stimuli and the task. In the neutral condition (N), subjects were presented with sentences dealing with medical or health issue, from popular beliefs to more specialized questions (e.g. «there are more births when the moon is round», «pressure on the eyeball can induce a heart failure» for more details cf. Ruby & Decety, 2002). Subjects had to give an opinion about the truthfulness of each sentence. 97 In the emotional condition (E), subjects were presented with sentences depicting common life situations likely to provoke an emotional reaction (e.g. «You have to give a talk in front of one hundred people», «You give someone a present, which is not liked»). Subjects had to give an answer about the reaction aroused in such a situation. The perspective factor determined the perspective to take to answer the question. In the P1 condition, subjects had to answer the question according their own perspective. In the PN1 condition they were told to give their own opinion according their own knowledge about the truthfulness of the sentence they read. In the PE1 condition they had to choose among three adjectives, the one which best describe the reaction they would have had if they had faced such a situation. In the P3 condition, subjects had to answer the question according to the perspective of their mother. In the PN3 condition, subjects were told to imagine themselves in the shoes of their mother in order to respond according to her opinion taking into account her knowledge and ignoring their own. In the PE3 condition they had to choose among three adjectives the one which best describe the reaction their mother would have had if she had faced such a situation. Experimental paradigm : In all conditions subjects were presented with sentences written in black on a white background during a fixed period of 6 s. For each stimuli, subjects had to choose one of the 3 answers presented. In the neutral conditions, a heading reminding the subject of the perspective to take («according to you» for PN1 and «according to your mother» in PN3) was written at the top and three possible answers were specified at the bottom. According to the stimuli subjects were presented with distinct scales of answers (there were 6 of them) which where composed of synonymous of “true/without opinion/false” i.e “exact/no idea/inexact”, “sure/perhaps/absolutely not”, “yes/maybe/no”, “affirmative/don’t know/negative”, “definitely/can’t say/not true”. All scales were equally presented in each PN conditions. In the emotional conditions, in addition of the heading reminding the subject of the perspective to take, the sentence indicated the subject in the PE1 condition (e.g. «you are late for an appointment») or his mother in the PE3 condition («your mother is late for an appointment»). According to the stimuli subjects were presented with distinct scales of answers (there were 6 of them). They were all composed of three adjectives describing possible reaction in the situation depicted in the sentence (“shocked/indifferent/sympathizer”, “panicked/bothered/calm”, “angry/upset/resigned”, “suspicious/carefree/excited”, “impressed/proud/detached”, “irritated/embarrassed/relaxed”). All PE condition were composed of the same amount of each of those scales (i.e. each scale was presented for 1/6 of the stimuli in a condition). In the P1 and P3 conditions, subjects saw the same sentences set but presented in a distinct order (20 sentences per condition). The order of presentation of the conditions across subjects was manipulated in order to counterbalance the effect of novelty of sentence sets between subjects for each condition. Subjects gave their answers by pressing one of the three button 1, 2, 3, on a keypad lying on their stomach. After the PET experiment was finished, subjects were asked to fill in a brief questionnaire designed to assess their feelings about the difficulty of the task and the strategy they used to fulfil it. Scanning procedure. A Siemens CTI HR+ (63 slices, 15.2 cm axial field of view) PET tomograph with collimating septa retracted operating in 3D mode was used. 63 transaxial images with a slice thickness of 2.42 mm without gap in between were acquired simultaneously. A venous catheter to administer the tracer was inserted in an antecubital fossa vein in the left forearm. Correction for attenuation was made using a transmission scan collected at the beginning of each study. After a 9-mCi bolus injection of H215O, scanning was started when the brain radioactive count rate reached a threshold value and 98 continued for 60 s. Integrated radioactivity accumulated in 60 s of scanning was used as an index of regional cerebral blood flow (rCBF). In all conditions, a NEC projector (800 x 600 pixels) displayed the stimuli on a screen located at the back of the camera. A mirror placed in front of the subjects’ eyes allowed to see the projected images by reflection. The resultant distance from the eyes to the screen was 50 centimeters approximately (corresponding field of view: 42° in the horizontal dimension and 32° in the vertical one). A Power Macintosh computer (Apple Inc.) with the SUPERLAB software was used to control the display processing and to register both response type and reaction time. Images were analyzed with the Statistical Parametric Mapping software (SPM99; Wellcome Department of Cognitive Neurology, UK; (Friston et al., 1995) implemented in MATLAB 5 (Math Works, Natick, MA, USA). For each subject, images were realigned to the first scan then normalized into the MNI stereotactic space. Data were convolved using a gaussian filter with a fullwidth half maximum (FWHM) parameter set to 10 millimeters. Data analysis. Global activity for each scan was corrected by grand mean scaling. The condition (covariate of interest) and subject (confound, fixed effect) effects were estimated voxelwise according to the general linear model. Linear contrasts were assessed to identify the significant difference between conditions, and were used to create an SPM {t} map. The SPM {t} maps were thresholded at p<0.05 corrected for the whole brain volume. We report foci of activation that survive correction at p<0.05 plus those regions surviving an uncorrected threshold (of p<0.001 for the main effect and p<0.01 for the interaction effect) for which we had a strong a priori hypothesis. We retained clusters when their size exceeded 10 voxels (extent threshold k=10). Anatomical identification was performed using atlas both of Talairach and Tournoux (1988) (implemented in SPM 99, TSU) and of Duvernoy (1991). Statistical analysis was performed to examine the main effects of both perspective (?(PN3+PE3)(PN1+PE1)? & ?(PN1+PE1)-(PN3+PE3)?) and emotional ?(PE1+PE3)-(PN1+PN3)? factors and their possible interaction (?(PE3-PE1)-(PN3-PN1)? & ?(PE1-PE3)-(PN1-PN3)?). Post hoc inspection of the data was used to assess task-related regional activity. It represents adjusted rCBF relative to the fitted mean, in each task, in order to demonstrate the differential involvement of regions of interest in the 6 experimental conditions. Results Behavioral results a) response type In the PN conditions, on average subjects gave 28,1 (range 19-36) distinct answers between PN1 and PN3 for the 60 phrases presented. Fifty percent of the sentences presented were selected as likely to induce different responses according the perspective. Therefore the performances of the subject are a good indicator they succeeded in doing the task. These results reproduce the results obtained in a previous study in which subject were presented with the same stimuli but had to take the perspective of a ‘lay’ person representative of the population no educated in the health domain (Ruby & Decety 2002). 99 The reproducibility of the results indicates firstly that they are robust and secondly that the process of perspective taking is independent of the target you take the perspective of. In the PE conditions, on average subjects gave 25,5 (range 18-33) distinct answers between PE1 and PE3 for the 60 phrases presented in the three repetitions. This result is comparable to the one obtained in the PN conditions which allows statistical comparison of brain imaging data between PE and PN. b) reaction time A two way ANOVA showed no significant reaction time (RT) difference between P1 (m= 3744 ms) and P3 (m= 3826 ms) conditions ([F(1,9)=1,17]) but a significant RT difference between PE (m= 3992 ms) and PN (m= 3578 ms) conditions ([F(1,9)=24,4] p<.0001) (cf Figure 1). This result replicates the reaction time equivalence found in a previous study between PN1 and PN3 (Ruby & Decety 2002). Figure 1 : Mean reaction time and standard deviation in the four conditions, PE1, PE3, PN1 and PN3. PET results a) Main effect of third-person versus first-person perspective irrespective of the content of the stimuli ?(PN3+PE3)-(PN1+PE1)?: The main effect of third- versus first-person perspective revealed activation in frontal, parietal and temporal lobes (Table I, Figure 2). In the frontal lobe, numerous foci were detected all along the superior frontal gyrus in its medial part, in Ba 6, 8, 9, 10 and 11. In the parietal lobe, a focus was detected in the right angular gyrus and in the posterior cingulate gyrus. In the temporal lobe, activations were found only in the left hemisphere in the temporal pole (Ba 21) and in the superior temporal sulcus at the temporo-parieto-occipitale junction (Ba 22/39/19). Table I. Cortical areas significantly activated when third-person perspective conditions are compared to firstperson perspective conditions ?(PN3+PE3)-(PN1+PE1)?. X, y, z refer to MNI coordinates. L, left; R, right hemispheres. Ba refers to Brodmann area. Focus of activation that survived correction for the whole brain volume are those exhibiting a T>5.02. Brain region L/R Gyrus rectus (Ba 11) Frontopolar gyrus (Ba 10) Frontopolar gyrus (Ba 10) Superior frontal gyrus (Ba 8/9) Superior frontal gyrus (Ba 10/32) L R R L Coordinates x y z -8 48 -18 -8 64 -8 10 68 14 4 50 40 -8 44 20 T-value 5.74 5.24 4.27 4.08 3.75 100 Temporal pole (Ba 21) Temporo-parieto-occipitale junction Posterior cingulate gyrus Inferior parietal lobe at the TP junction Inferior parietal lobe at the TP junction L L R R R -58 -58 2 62 46 -4 -58 -60 -64 -56 -32 28 32 22 22 5.10 4.14 3.88 3.65 3.59 b) Main effect of First-person versus Third-person perspective irrespective of the content of the stimuli ?(PN1+PE1)-(PN3+PE3)? The main effect of first- versus third-person perspective revealed activation in post-central gyrus in the right hemisphere (p<0.001; x = 24, y = -30, z = 58; T = 3.44 ) . c) Main effect of Emotional versus Neutral content of the stimuli irrespective of the perspective ?(PE1+PE3)-(PN1+PN3)? This main effect revealed, as expected activations in the regions known to be involved in emotional processing especially in the amygdalas (26, -2, -24, T=3.95; -26, 14, -32, T=3.89), the temporal poles (54, 10, -34, T=6.99; -44, 14, -32, T=5.85), the superior frontal gyrus (4, 54, 22, T=6.23), the posterior cingulate gyrus (4, -60, 12, T=4.71) and the post-central gyrus (24, -30, 62; T=4.76). However the results of this main effect won’t be discussed in this paper. d) Interaction effect between the emotional and the perspective factors: An interaction effect was found in the left temporal pole at the coordinate x=-60, y=-2, z=-32 (T= 3.26), in the contrast ?(PE3-PE1)-(PN3-PN1)?. This region shows a greater involvement in the P3 conditions when it is an emotional context (Figure 3). Figure 3 : Coronal section of the brain and histogram of the relative adjusted rCBF values in the four experimental condition at the coordinate x=-60, y=-2, z=-32. 101 An interaction effect was also found in the post-central gyrus in the right hemisphere at the coordinate x= 18, y= -26, z= 60 (T= 2,52) in the interaction term ?(PE1-PE3)-(PN1-PN3)?. This region of the somatosensory cortex shows a greater involvement in the P1 conditions when it is an emotional context. It is more involved in first versus third person perspective taking but also in emotional versus neutral condition. In other words this region is more activated in the PE1 condition when compared to any of the other conditions (Figure 4). Figure 4 : Coronal section of the brain and histogram of the relative adjusted rCBF values in the four experimental conditions at the coordinates x=24, y=-30, z=62. Discussion This study used a 2x2 factorial design to explore the neural correlates of first and third person conceptual perspective taking in both neutral and emotional contexts. The main effect of perspective irrespective of the context The main effect of third person perspective as compared to first person perspective revealed activation in the right inferior parietal cortex and in the ventromedial prefrontal cortex including the frontopolar cortex and the gyrus rectus. The reverse comparison showed an activation in the somatosensory cortex. Such results implicate these regions in the distinction between the first and the third person conceptual perspective both in a neutral and in an emotional context and irrespective of who is the subject to take the perspective of. It reproduces the results of Ruby and Decety (2002) in the neutral field and extends our previous results obtained both in the motor and in the conceptual domain into the emotional realm (Ruby & Decety 2001, 2002). Results in neuropsychology as well as in psychiatry have demonstrated the necessity of right inferior parietal lobe functional integrity for correct agency judgement (Mesulam 1981; Spence et al., 1997). Neuroimaging studies in healthy subjects have provided converging results showing a specific involvement of this region in self/other distinction in imitative behavior (Decety et al., 2002) and in agency judgements (Farrer & Frith 2002) in the motor domain . The present results demonstrate the specific involvement of this region in third person conceptual perspective both in a neutral and in an emotional context (Figure 2), and support the proposal that this region plays a role in the process enabling the attribution to the other not only of action but also of thoughts. In normal subjects, psychological studies have demonstrated that the egocentric perspective is the major bias preventing the correct assessment of another’s perspective (Fenigstein & Abrams 1993; 102 Vorauer 1999). Vorauer et al. (1999) have proposed that this bias is rooted in a lack of inhibition of the self perspective when assessing another one’s. In accordance with this assumption, it has been suggested in developmental psychology that succeeding in reading other people’s mind require inhibitory control (Carlson and Moses, 2001). In neuropsychology and neuroimagery there is some converging evidence pointing to the frontopolar cortex as being involved in inhibitory control at the motor level (De Renzi 1996; Brass 2001). Interestingly, Anderson et al. (1999) report the case of two patients with early-damage to the anterior prefrontal cortex (encompassing the frontopolar cortex but not the gyrus rectus) who, when tested on moral dilemmas exhibited an excessively egocentric perspective. The behavior of those patients reveals a lack of inhibition of self perspective at the conceptual level. Hence, the study of Anderson et al. (1999) using a moral test provides evidence of the role of the frontopolar cortex in inhibition at the conceptual and social level. Our results provide physiological arguments in healthy subjects to support the hypothesis of such an inhibitory role of the frontopolar cortex at a conceptual and social level. The activation in ventromedial prefrontal cortex encompasses the frontopolar and the gyrus rectus (Figure 2). In the motor domain, only a frontopolar activation was detected (Ruby & Decety 2001). The gyrus rectus has been reported to be involved in process of making choices in incompletely specified situations i.e. under uncertainty (Elliott et al. 2000). This component is a strong characteristic defining the type of task we used in the conceptual field and especially in the third person perspective condition, whether in a neutral or an emotional context. However, the orbitofrontal cortex has been hypothesized above all to be involved in the integration and computation of emotional and cognitive input (Elliott et al. 1997; Davidson & Irwin 1999, Houdé et al. 2001) and to participate as such in what is called social cognition (Adolphs 1999). This hypothesis appears particularly pertinent to the interpretation of the contrast (P3-P1) since it isolates the component of taking another’s point of view, which is at the core of social cognition. In a review of the functional neuroanatomy of emotion and affective style, Davidson and Irwin have discussed the ventromedial sector of the prefrontal cortex as directly involved in the representation of elementary positive and negative emotional states. In addition, Adolphs (1999) has emphasized its role in social reasoning and decision making. In the P3 conditions subjects had to evaluate either their mother’s knowledge or the valence of the affect associated with the situation for her and choose one solution out of several possibilities. In this study, the activation of the gyrus rectus may hence be associated with a complex decision making process about the other, involving uncertainty and affective evaluation. All of our studies have highlighted the somatosensory cortex in the contrast of self versus another perspective taking whether at the motor or the conceptual level. This result led us to hypothesize that the somatosensory cortex is involved in the construction of self representation. Some previous studies have suggested such a role for this region. In paradigms involving imitation or the comparison of execution and observation of action, activation in the somatosensory cortex has been discussed as likely to be associated with a preservation of the sense of the self (Iacoboni et al. 1999; Avikainen et al. 2002). In the conceptual domain, Kircher et al. (2002) highlighted a post-central gyrus activation both for explicit and implicit processing of self-descriptive adjectives. What is of interest is that as in our previous study (Ruby and Decety 2002) the rCBF variation in the somatosensory cortex shows a profile opposite to the one in the frontopolar cortex in the 4 conditions (Figure 2 & 4). In an attempt to explain the neurocognitive impairments responsible for schizophrenia, Grossberg (2000) has discussed a neural model of cognitive-emotional learning, which propose a model of interaction between sensory cortex, prefrontal cortex and amygdala. In this model reciprocal influences between prefrontal cortex and sensory cortex are hypothesized. In a review, Adolphs (2002) also argued that the orbitofrontal cortex exerts an influence on the somatosensory cortex. According our results we further hypothesize that the frontopolar cortex exert an inhibitory influence towards the somatosensory cortex. 103 The main effect of third person perspective versus first person perspective revealed activations in regions commonly found in neuroimaging studies investigating TOM, i.e. medial prefrontal cortex, left temporo-parieto-occipitale junction and left temporal pole (for a review see Frith 2001). This network has been previously detected in the comparison of third person conceptual perspective versus first person conceptual perspective in a neutral context (Ruby & Decety 2002). These new study demonstrates that this network is consistently recruited in reading another’s person mind irrespective of whose and of the type of information to read i.e. neutral knowledge or emotional reactions. An activation was also detected in the posterior cingulate cortex in (P3-P1). This region was previously found in the comparison of P3 versus P1 in the motor domain, but not in the conceptual domain. One explanation could originate in a lack of power of the simple design used in the study in the neutral conceptual domain, as compared to this factorial design. An involvement of posterior cingulate cortex in the P3 conditions make sense with the role consistently ascribed to this region in evaluative process (Vogt et al. 1992; Zysset et al. 2002), because assessment of the other perspective do involve evaluative process. The interaction between perspective and emotion What was of particular importance in this study was to identify an effect of emotion on the level of activity in regions involved in perspective taking. The analysis revealed a significant interaction effect in the right somatosensory cortex and in the left temporal pole. The temporal pole appears to be involved in third person perspective especially in an emotional context (Figure 3). This result makes sense with previous studies which have reported left temporal pole both in emotion and TOM tasks (Royet et al. 2000 ; Frith 2001) and demonstrates an enhanced involvement of this region for the combination of third person perspective and emotion. The somatosensory cortex, on the other hand shows a greater involvement in first person perspective in an emotional context (Figure 4). It is note-worthy that the profile of activation in this region, exhibits a high specificity for first-person perspective in an emotional context (cf PET results d). Interestingly, the subjective report of the subjects after the PET session revealed “projection” especially in the PE1 condition (nine out of ten subjects) and most of the subjects (8/10) said that they actually felt emotion described in the sentences. This region was previously shown to be involved both in first person perspective (Ruby et Decety 2001; 2002) and in emotional processing (Adolphs et al 1996, 2000). In a PET study using a paradigm of self-generated emotions, Damasio et al. (2000) showed an activation of SII in the combination of those two criteria in healthy subjects. Our paradigm enabled us to reproduce these result showing that right somatosensory cortex is involved both in first person perspective and in emotional processing. In addition our study highlight the specificity of the right somatosensory cortex for the interaction of those two factors. Conclusion This study provide further evidence demonstrating the role of frontopolar cortex, somatosensory and inferior parietal cortex in self`/other distinction irrespective of the domain, motor, conceptual and emotional. The self perspective involved somatosensory cortex. On the other hand the third person perspective, requiring inhibition of self perspective, involved the ventromedial prefrontal cortex, which is known to participate in inhibition process. We consequently hypothesised that the ventromedial prefrontal cortex exerts an inhibitory influence on the somatosensory cortex. In addition, two regions were found to be activated by the interaction between emotion and perspective. The left temporal pole appears to be specifically involved in emotional processing in third person perspective, whereas the somatosensory cortex exhibits a high specificity for emotional processing in first person perspective. 104 Figure 2 : Cortical areas significantly activated when third-person perspective conditions are compared to firstperson perspective conditions ?(PN3+PE3)-(PN1+PE1)?. On the left, sagittal sections of the brain at the coordinates (x=-8, y=64, z=-8) on the top, (x=46, y=-56, z=22) in the middle, and (x=62, y=-64, z=22) at the bottom, are shown. On the right, histograms represent the relative adjusted rCBF values in the four experimental conditions in the coordinates illustrated on the left. 105 Acknowledgements The authors wish to thank Didier Le Bars, and Franck Lavenne at the CERMEP (where the PET scans were performed) for technical assistance, and Sarah Blakemore for helpful discussions. References Adolphs R. Social cognition and the human brain. Trends in Cognitive Sciences 1999; 3: 469-479. Adolphs R. Neural systems for recognizing emotion. Curr Opin Neurobiol 2002; 12: 169-77. Adolphs R, Damasio H, Tranel D, Cooper G, Damasio AR. A role for somatosensory cortices in the visual recognition of emotion as revealed by three-dimensional lesion mapping. J Neurosci 2000; 20: 2683-90. Adolphs R, Damasio H, Tranel D, Damasio AR. Cortical systems for the recognition of emotion in facial expressions. J Neurosci 1996; 16: 7678-87. Anderson SW, Bechara A, Damasio H, Tranel D, Damasio AR. 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Les séries de trois chiffres dans la partie résultats correspondent aux coordonnées x, y et z des foyers détectés. 108 année design domaine ETUDE 1 2000 ETUDE 2 2001 ETUDE 3 2002 factoriel 2x2 + control simple factoriel 2x2 représentation de l’action Neutre Représentation de croyances Neutres Représentation de croyances Neutres et Emotionnelle Comparaison perspective propre et prise de perspective d’autrui Paradigme tâche Je me représente en train d’agir A1,V1 Je me représente autrui en train agir A3,V3 imagerie visuelle d’un paysage VC observation passive d’objets AC Je me représente ce que je sais PCN1 Je me représente ce qu’il sait PCN3 catégorisation sémantique SC stimuli voix dictant des actions à l’impératif photos d’objets sujets Etudiants phrases affirmant des concepts médicaux ou phrases affirmant des concepts médicaux ou décrivant décrivant des situations impersonnelles des situations sociales induisant une réaction émotionnelle Etudiants en médecine Etudiants en médecine cible L’expérimentateur Individu représentatif de la population (A3+V3)-(A1+V1) LPI droit 44, -64, 24 / 50, -58, 30 G. frontopolaire 14, 72, 10 G. cingulaire postérieur –12, -50, 38 Résultats Je me représente ce que je sais PCN1 Je me représente ce qu’il sait PCN3 Je me représente comment je réagirais PCE1 Je me représente comment elle réagirait PCE3 La mère du sujet Troisième personne versus première personne PCN3-PCN1 LPI droit 44, -70, 36 G. frontopolaire –4, 68, -12 (PCN3+PCE3)-(PCN1+PCE1) STS gauche –38, -62, 20 Pôle temporal gauche –52, -4, -38 G. frontal supérieur –24, 50, -6 / LPI droit 62, -64, 22 / 46, -56, 22 G. frontopolaire –8, 64, -8 / 10, 68, 14 G. cingulaire postérieur 2, -60, 32 STS gauche –58, -58, 28 Pôle temporal gauche –58, -4, -32 G. frontal supérieur –8, 44, 20 / -20, 50, 34 / 4, 50, 40 / - 24, 48, 42 / -8, 40, 52 / 10,24,56 22, 36, 52 G. rectus –8, 48, -18 Première personne versus troisième personne (A1+V1)-(A3+V3) G. post-central –36, -40, 40 PCN1-PCN3 G. post-central –20,-54,60/ 54,-16,32 (PCN1+PCE1)-(PCN3+PCE3) G. post-central 24, -30, 58 109 Troisième personne versus control (A3-AC) & (V3-VC) G. précentral –22, -14, 54 AMS –8, 4, 62 Précuneus 6, -64, 38 / -10, -62, 38 Jonction TPO –50, -64, 16 LPI droit 48, -58, 38 G. frontopolaire 28, 50, -8 PCN3-SC / G. prémoteur 16, 22, 66 / –18, 12, 68 G. frontal supérieur –10, 38, 52 / 0, 46, 34 / -18, 54, 20 / 22, 36, 50 LPI gauche –48, -74, 38 G. rectus –6, 42, -22 Cerebellum 16, -74, -30 LPI droit 58, -60, 34 STS –48, -58, 28 Première personne versus control Résultats (A1-AC) & (V1-VC) G. précentral –26, -16, 58 AMS –12, -2, 58 Précuneus 6, -68, 46 Jonction TPO –56, -66, 4 PCN1-SC G. prémoteur 14, 22, 68 / -18, 10, 70 G. frontal supérieur –4, 56, 6 / -4, 32, 58 LPI gauche –48, -68, 42 G. rectus –6, 40, -22 Cerebellum 18, -90, -34 Interaction entre perspective et émotion / / (PCE3-PCE1)-(PCN3-PCN1) Pôle temporal gauche –60, -2, -32 / / (PCE1-PCE3)-(PCN1-PCN3) G. post-central 18, -26, 60 G : gyrus C : cortex AMS : aire motrice supplémentaire TPO : temporo-parieato-occipitale LPI : lobule pariétal inférieur STS : sillon temporal supérieur 110 Activations distinguant une perspective en 1ère personne d’une perspective en 3ème personne quel que soit le domaine de la prise de perspective 111 DISCUSSION I. Activations cérébrales communes à la perspective propre et à la prise de perspective d’autrui La théorie de la simulation fait l’hypothèse que pour comprendre et prévoir le comportement d’un individu A, un individu B simule le comportement qu’il aurait lui-même dans la situation que rencontre A. Dans le domaine neurophysiologique, cette théorie se traduit par l’hypothèse que prédire le comportement ou les pensées d’autrui fait appel aux mêmes ressources neuronales que celles qui nous permettent de réaliser ce comportement ou ces pensées pour nous-mêmes. Les trois études présentées dans la partie expérimentale ont donné des résultats en faveur de cette hypothèse. Dans l’étude 1, le cortex moteur, l’aire motrice supplémentaire, le précuneus, et MT/V5 sont activés lorsque les sujets s’imaginent en train d’agir et lorsqu’ils imaginent l’expérimentateur en train d’agir. Dans l’étude 2, c’est le cortex prémoteur, le lobule pariétal inférieur gauche, le cervelet à droite, le gyrus frontal supérieur et le gyrus rectus, qui sont activés quand les sujets évaluent si des affirmations sont vraies selon eux et quand ils évaluent si elles sont vraies selon autrui. Dans l’étude 3 l’effet principal de l’émotion montre que l’amygdale est activée quand le sujet doit évaluer sa réaction dans une situation sociale à caractère émotionnel et quand il doit évaluer la réaction de sa mère dans cette même situation (Figure 1). « My sense of yourself grows in term of myself … My thoughts of others, as persons, are mainly filled up with myself » Baldwin 1902 Ces résultats montrent que, par comparaison avec une tâche contrôle, l’activité cérébrale liée à la réalisation d’une tâche avec une perspective en 1ère personne et l’activité cérébrale liée à la réalisation de cette même tâche avec une perspective en 3ème personne engagent des régions cérébrales communes. Le réseau d’activation partagé par les deux perspectives est différent en fonction de la tâche à réaliser (motrice, conceptuelle ou émotionnelle, Figure 4) ce qui est cohérent avec le 113 principe de la théorie de la simulation qui postule qu’on simule la situation que rencontre autrui avec les ressources cérébrales que nous utilisons quand nous rencontrons cette situation précise. Ainsi, si deux situations impliquent l’activation de deux réseaux cérébraux différents, la simulation de l’une n’activera pas le même réseau cérébral que la simulation de la deuxième. Le principe de simulation prédit qu’on simule une scène auditive avec le cortex auditif, une scène visuelle avec le cortex visuel … (Hesslow, 2002). « qui ne sait compatir aux maux qu’il a souffert » Voltaire Dans l’étude 1, dans laquelle les sujets devaient imaginer un mouvement, le groupe d’activations commun aux deux perspectives est connu pour être impliqué dans la préparation, l’exécution et la perception du mouvement (Grèzes et Decety, 2001). Dans l’étude 2, dans laquelle les sujets devaient évaluer la véracité d’une affirmation, le groupe d’activations commun aux deux perspectives implique des régions auxquelles plusieurs études ont attribué un rôle dans le traitement de l’incertitude et de l’imprévisibilité, et dans une activité mentale introspective. Berns et al. (2001) et Critchley et al. (2001), par exemple, ont montré que l’activité du cortex orbitofrontal médial augmentait quand la prévisibilité temporelle et qualitative du stimulus diminuait. Dans une revue, Elliott et al. (2000) rapportent les résultats d’études qui ont mis en évidence une activation du gyrus rectus 1- quand les sujets devaient deviner la réponse ("guessing task") 2- quand il devaient compléter la fin d’une phrase ("sentence completion") et 3- quand ils réalisaient une "simple delayed matching task". D’après les auteurs, plutôt que de multiples fonctions apparentes, le cortex orbitofrontal a une fonction générale sous-jacente. Ils suggèrent que cette partie du cortex préfrontal est impliquée dans le processus qui permet de faire un choix dans une situation incomplètement définie. Une telle situation est caractérisée par une composante d’incertitude et d’imprévisibilité qui impose aux sujets de faire un choix à partir d’un nombre limité d’informations. Les auteurs défendent l’idée que la partie médiale du cortex orbitofrontal est impliquée dans le traitement des associations entre stimulus, réponse et conséquence de la réponse, dans des circonstances incertaines. Ce type de circonstances correspond à celles que rencontrent les sujets dans les conditions PCN1 et PCN3, quand ils doivent évaluer la véracité d’une phrase alors qu’il n’y pas de réponse absolue ou que le contexte est insuffisamment décrit pour pouvoir connaître tous les paramètres déterminant la réponse. Dans la condition de contrôle SC par contre, la réponse à la question posée aux sujets (le sens de la phrase 114 est-il dans le champ sémantique médical?) s’impose sans ambiguïté et elle est donnée dans les stimuli. Ainsi une importante différence cognitive entre les conditions d’intérêt PCN1 et PCN3 et la condition contrôle SC, est que dans PCN1 et PCN3 les sujets doivent faire appel à leurs propres connaissances et que le choix de la réponse se fait dans des conditions d’incertitude. Plusieurs études de neuroimagerie ont montré un rôle du cortex préfrontal médial (dans une partie plus dorsale que le gyrus rectus), dans la lecture d’états mentaux d’autrui (pour une revue Frith, 2001), mais également dans une activité cognitive introspective (Gusnard et al., 2001; Kelley et al., 2002; Johnson et al., 2002; Fonlupt, 2002). Ainsi, les activations dans le gyrus rectus et dans le cortex préfrontal médial pour les deux perspectives dans l’étude 2 sont interprétées comme étant associées à une activité de recherche active d’une réponse dans des conditions d’incertitude en faisant appel à ses propres connaissances. L’augmentation de la réflexion et de l’hésitation dans les deux conditions d’intérêt par rapport à la condition contrôle pourrait alors expliquer les activations dans le cortex prémoteur, le lobule pariétal inférieur gauche, et le cervelet à droite. Ces régions sont en effet connues pour être impliquées dans le contrôle moteur comprenant préparation motrice, et sélection de mouvement (Krams et al., 1998; Picard et Strick, 1996). Dans l’étude 3, dans laquelle les sujets devaient évaluer une réaction face à une situation émotionnelle, les régions partagées par les deux perspectives (amygdale, pôles temporaux, gyrus cingulaire postérieur, le gyrus frontal supérieur et le gyrus post-central) sont toutes connues pour être impliquées dans le traitement d’informations émotionnelles (Adolphs et al., 2000; Canli et al., 2000; Damasio et al., 2000; Davidson et Irwin, 1999; Maddock, 1999; Royet et al., 2000). Figure 1: L’image centrale est une section axiale du cerveau montrant les activations dans les deux amygdales, détectées lorsque les conditions émotionnelles sont comparées aux conditions neutres dans l’étude 3 ((PCE1+PCE3)-(PCN1+PCN3)). Les diagrammes représentent le niveau du signal ajusté dans l’amygdale gauche et dans l’amygdale droite dans les 4 conditions d’activation. Cette figure montre que cette région, connue 115 pour être impliquée dans le traitement des émotions primaires, est activée par des émotions sociales suggérées verbalement, que celles-ci soient traitées avec une perspective en 1 ère personne (PCE1) ou avec une perspective en 3 ème personne (PCE3). La comparaison des conditions de perspective en 1ere personne et de perspective en 3ème personne à une condition contrôle a permis de mettre en évidence que P1 et P3 engagent des régions cérébrales communes et ainsi d’apporter confirmation aux prédictions de la TS. Mais si des réseaux communs sous-tendent ces deux perspectives, elles n’en sont pas moins différentes pour autant, ce qui implique que des conditions neurophysiologiques les distinguent l’une de l’autre. Pour les mettre en évidence, nous avons directement comparé l’activité neurophysiologique associée à une perspective en 1ère personne et à une perspective en 3ème personne, dans les trois études présentées dans cette thèse. 116 II. Activations cérébrales distinguant une perspective propre de la prise de perspective d’autrui « Il y a infiniment plus de différence entre deux humains qu'entre un renard et un dauphin » Francis Dannemark La comparaison directe de l’activité neurophysiologique associée à ces deux perspectives a permis de mettre en évidence l’activation des mêmes régions quel que soit le domaine dans lequel la perspective était prise (moteur, conceptuel, émotionnel) et quelle que soit la personne dont les sujets prenaient la perspective (l’expérimentateur dans la première étude, un individu représentatif de la population dans la deuxième et leur mère dans la troisième étude). La comparaison des conditions de perspective en 1ère personne aux conditions de perspective en 3ème personne a révélé, dans les trois études, des activations dans le gyrus post-central. La comparaison inverse a montré des activations dans le cortex frontopolaire et dans le cortex pariétal inférieur droit au niveau de la jonction temporopariétale. Ces études ont permis de démontrer que ces trois régions sont impliquées dans la distinction des corrélats neurophysiologiques d’une perspective en 1ère personne et d’une perspective en 3ème personne. Les résultats de ces études soutiennent ainsi l’hypothèse que les processus neurophysiologiques impliqués dans la prise de perspective d’autrui sont indépendants du domaine de connaissance et du sujet dont on prend la perspective. Ainsi, si d’un côté le processus de simulation engage des régions cérébrales différentes en fonction de la tâche à réaliser, l'activité neurophysiologique perspective en distinguant une 1ere personne et une perspective en 3eme personne s'avère, d'après nos résultats, être la même quelle que soit la tâche. Ces résultats sont en faveur de la thèse évolutionniste selon laquelle il n’y a pas de discontinuité entre action et cognition (Shepard, 1984). 117 Le cortex somatosensoriel Le cortex somatosensoriel, dans le gyrus postcentral fait face au cortex moteur, localisé dans le gyrus pré-central. C’est une aire sensorielle qui traite les informations somesthésiques de manière somatotopique (cf homunculus de Penfield et Boldrey, 1937, ci-contre). Plusieurs travaux de la littérature amènent à penser que par cet intermédiaire, le cortex somatosensoriel joue un rôle dans la conscience de son propre corps. Dans une revue, Berlucchi et Aglioti (1997) ont rassemblé un ensemble d’arguments expérimentaux leur permettant de défendre cette idée, et plus précisément que le cortex somatosensoriel, avec d’autres aires (le cortex pariétal postérieur et l’insula) participe à l’émergence de la conscience corporelle. L’investigation en TEP de l’activité cérébrale d’un patient déafférenté (uniquement du système nerveux autonome) a ultérieurement amené Critchley et al. (2001a) à soutenir le modèle théorique proposé par Damasio (1999), suggérant que le niveau de conscience le plus fondamental (‘proto-self’) est sous-tendu, entre autres, par l’insula et le cortex somatosensoriel, qui participeraient à l’élaboration d’une représentation du corps de premier ordre. Ces travaux sont cohérents avec des travaux chez l’enfant qui ont montré que dans la première semaine de vie, les bébés développent un sens de leur propre agentivité (je suis un agent, une entité propre et isolée de l’environnement) de manière concomitante avec le développement de leur capacité à détecter les invariants dans leur environnement intermodal et les régularités dans leur expérience sensorimotrice (Rochat, 1998). Ces observations démontrent que, de manière très précoce, bien avant de réussir à se reconnaître dans un miroir, les enfants développent une aptitude perceptuelle à se définir eux-même comme agent. Rochat défend l’idée que la propension des très jeunes enfants à s’engager dans une exploration perceptive d’eux-même et dans l’exploration systématique des conséquences perceptuelles de leur propres actions, joue un rôle important dans le "calibrage" intermodal du corps et pourrait être de ce fait à l’origine d’un sens du soi précoce : le soi écologique. 118 L’implication du cortex somatosensoriel dans un état de conscience du corps désigne ainsi cette région cérébrale comme une candidate privilégiée pour jouer un rôle dans la distinction soi/autrui, au moins dans le domaine moteur. Van den Bos et Jeannerod (2002) défendent dans ce sens que la reconnaissance de soi nécessite la conscience de son propre corps ‘sense of the body’. L’investigation des corrélats neurophysiologiques de la distinction soi/autrui a été entreprise dans le domaine moteur par l’intermédiaire, entre autres, de paradigmes impliquant l’imitation. Cette faculté particulièrement développée chez l’homme, joue un rôle fondamental dans l’apprentissage moteur et social. Elle implique une interaction et un rapprochement très étroit entre l’imitateur et son modèle, puisque l’objectif théorique et idéal pour l’imitateur est d’arriver à faire exactement la même chose que le modèle. Ce cas extrême de volonté d’identification d’un sujet à un autre apparaît alors comme un paradigme privilégié pour mettre en évidence les corrélats neurophysiologiques permettant la distinction entre la représentation de soi et la représentation d’autrui. En effet, selon la théorie de la simulation, dans le cas de l’imitation, plus que dans tout autre, la représentation de soi et la représentation d’autrui sont en danger de recouvrement, alors que la distinction entre soi et autrui se fait malgré tout spontanément et clairement dans cette situation chez le sujet sain. Dans une étude d’IRMf qui fait référence, Iacoboni et al. (1999) ont recherché les corrélats neurophysiologiques de l’imitation d’un simple mouvement de doigt. Cette étude a mis en évidence des activations dans le gyrus frontal inférieur gauche et dans le gyrus post-central à droite lorsque le sujet imite le mouvement d’un autre individu. Les auteurs proposent que l’activation dans le gyrus post-central droit est associée à la préservation du "sens du soi" dans une situation d’observation d’autrui pour l’imiter, compte tenu de l’hypothèse de représentations motrices partagées entre l’imitateur et l’imité, qui prévoit un risque potentiel de confusion entre la représentation de soi et la représentation d’autrui. Ils défendent l’idée que l’activité dans l’operculum pariétal reflète les réafférences sensorielles associées à l’exécution de l’action. L'enregistrement des champs évoqués somatosensoriels en réponse à une stimulation du nerf médian, pendant la réalisation et l’observation conjointe de la même action, a montré une augmentation de la réponse de SI et une suppression de la réponse de SII (Avikainen et al., 2002). Ces résultats ont amené les auteurs à soutenir l’hypothèse de Iacoboni et al. (1999) en proposant que le cortex somatosensoriel fournit des informations nécessaires pour préserver le "sens du soi". Ces études soutiennent ainsi un rôle du cortex somatosensoriel dans un "sens du soi", c’est-àdire, ici, la représentation de soi dans un contexte moteur. Ces résultats sont en accord avec les résultats de l’étude 1 dans laquelle une activation du cortex somatosensoriel est détectée quand 119 l’imagination de soi est comparée à l’imagination d’autrui. Les études 2 et 3 avaient pour ambition de tester si cette région pouvait prétendre à un rôle dans la représentation de soi à un niveau conceptuel, c’est-à-dire dans un contexte opposant le sens du soi au sens d’autrui, alors que l’information somatosensorielle n’était pas une information pertinente pour faire la distinction entre soi et autrui. Les résultats des études 2 et 3 ont révélé une activation du cortex somatosensoriel dans un tel contexte, c’est-à-dire quand une perspective conceptuelle en 1ère personne est comparée à une perspective conceptuelle en 3ème personne (que ce soit pour évaluer des connaissances ou des réactions émotionnelles). Nous avons interprété ces résultats comme révélant un rôle du cortex somatosensoriel dans la représentation de soi, non plus seulement au niveau somatomoteur, mais également au niveau cognitif de la représentation conceptuelle de soi. Plusieurs études de neuroimagerie et de neuropsychologie ont apporté des résultats en faveur de cette interprétation. Les travaux de Kircher et al. (2000, 2002) en IRMf ont montré que le traitement de mots auto-descriptifs, qu’il soit attentionnel ou non, est associé à une activation du gyrus postcentral. Ces études montrent en particulier que la catégorisation de traits de caractères auto-descriptifs implique le cortex somatosensoriel dans l’hémisphère gauche. Une étude neuropsychologique de Adolphs et al. (2000) a mis en évidence un déficit dans la reconnaissance d’émotions faciales chez des patients ayant des lésions du cortex somatosensoriel et des régions corticales qui lui sont associées dans l’hémisphère droit. De tels déficits ont été mis en évidence pour des lésions dans le cortex somatosensoriel primaire et secondaire dans sa partie ventrale dans l’hémisphère doit et à un niveau moindre pour des lésions dans l’insula et le gyrus supramarginal antérieur également dans l’hémisphère droit. Les auteurs ont interprété ces résultats en termes de simulation. D’après eux la reconnaissance d’une émotion passe par une simulation somatosensorielle qui permettrait de comprendre ce qu'autrui ressent quand il a telle ou telle expression du visage. Une série d’études TEP a permis à l’équipe de Damasio (2000) de montrer, chez le sujet sain, une implication du cortex somatosensoriel bilatéral dans le rappel d'expériences émotionnelles personnelles. Nos résultats sont en accord avec l'idée que le cortex somatosensoriel joue un rôle crucial dans le traitement émotionnel en 1ère personne, puisqu'une interaction a été mise en évidence entre ces 2 facteurs dans l'étude 3. En matière de latéralisation, une tâche de reconnaissance de son propre visage chez des patients ayant subi une hémi-anesthésie du cortex cérébral a montré que la reconnaissance de soi implique préférentiellement l’hémisphère droit (Keenan et al., 2001). 120 Tous les travaux présentés ci-dessus ne sont cependant pas unanimes quant à une préférence hémisphérique du cortex somatosensoriel pour la représentation de soi. Dans les travaux de cette thèse, l’activation du gyrus post-central a été détectée dans l’hémisphère gauche dans le domaine moteur. Ce résultat est en désaccord avec les travaux de Iacoboni et al. (1999) dans le domaine moteur, mais il est en accord avec les travaux de Kircher et al. (2000, 2002) dans le domaine conceptuel. Dans l’étude 3 par contre l’activation du gyrus post-central a été détectée dans l’hémisphère droit, ce qui est en accord avec les travaux de Iacoboni et al. (1999) dans le domaine moteur et avec les résultats de Adolphs et al. (2000), mais en désaccord avec les résultats Kircher et al. (2000, 2002) dans le domaine conceptuel. De son côté, l’équipe de Damasio (2000) a trouvé des activations bilatérales, ce qui est également notre cas dans l’étude 2. D’après l’ensemble de ces résultats non consensuels, il semble actuellement difficile de conclure quant à une latéralisation fonctionnelle du cortex somatosensoriel dans la représentation de soi. Ainsi, d’après nos résultats et ceux qui sont exposés ci-dessus, nous proposons que le cortex somatosensoriel qui est impliqué dans la représentation somatosensorielle du corps, participe en outre à une représentation cognitive du "soi", celle-là même qui est décrite en psychologie sociale comme responsable du biais égocentrique du fait de sa prépondérance. L’évaluation des états mentaux d’autrui nécessite, d’après ces travaux une atténuation, c’est-à-dire une inhibition, de cette représentation pour éviter qu’elle fausse la construction de la représentation d’autrui. Nous avons traduit cette hypothèse en termes physiologiques dans l’introduction en prévoyant que la région sous-tendant une telle inhibition serait le cortex préfrontal, qui exercerait une inhibition sur les régions impliquées dans la perspective propre et par conséquent, selon nos résultats, sur le cortex somatosensoriel. 121 Le cortex frontopolaire Au vu des résultats de psychologie sociale, l’hypothèse a été faite dans ’lintroduction que la prise de perspective d’autrui nécessite une inhibition de la perspective propre. D’après les résultats de neuropsychologie et de neuroimagerie, nous avions prédit que ce processus inhibiteur engagerait le cortex frontal antérieur. Les trois études TEP réalisées dans cette thèse ont vérifié cette prédiction en montrant une activation du cortex frontopolaire dans les conditions de perspective en 3ème personne par rapport aux conditions de perspective en 1ère personne. Le rôle inhibiteur du cortex préfrontal antérieur a été démontré dans plusieurs domaines. En premier lieu, des études de neuropsychologie et de neuroimagerie chez le sujet sain et chez des patients psychiatriques ont mis en évidence une implication du cortex préfrontal antérieur dans l’inhibition motrice. L’étude du comportement de patients souffrant de lésions préfrontales antérieures a permis de montrer l’apparition d’un comportement d’utilisation ou d’imitation automatique, démontrant une levée d’inhibition chez ces patients. Une fonction inhibitrice a, par conséquent, été attribuée au cortex préfrontal antérieur dont l’intégrité apparaît nécessaire à l’expression de cette fonction (De Renzi et al., 1996; Lhermitte et al., 1986). Dans le domaine psychiatrique, Marshall et al. (1997) ont apporté des arguments très convaincants pour appuyer cette idée en étudiant la neurophysiologie d’une patiente souffrant d’hystérie de conversion, pathologie définie comme une inhibition motrice fonctionnelle. L’intention de bouger son membre paralysé (la jambe gauche) était associée chez cette patiente à une absence d’activation du cortex moteur controlatéral ainsi qu’à l’apparition d’une activation dans le cortex orbitofrontal droit et dans le cortex cingulaire antérieur droit. Les auteurs en ont conclu que ces deux régions exerçaient une inhibition sur le cortex moteur primaire lorsque la patiente avait l’intention de bouger. Des études de neuroimagerie chez le sujet sain ont ultérieurement confirmé les conclusions tirées à partir des cas de pathologies neurologique et psychiatrique. L’étude d’IRMf de Brass et al. (2001) en particulier, a montré une activation du cortex frontopolaire au cours d’une tâche d’inhibition motrice, à des coordonnées très proches de celles que nous avons trouvées dans l’étude 1. Les résultats de ces différentes études sont en accord avec ceux de Fuster (1989) issus de travaux chez le singe. D’après ses résultats l’auteur a conclu que le cortex orbitofrontal aide à inhiber une réponse inappropriée. 122 L’ensemble de ces résultats sont ainsi très cohérents avec ceux que l’on trouve dans le domaine moteur. Cette correspondance soutient l’hypothèse de la nécessité d’une inhibition soustendue par le cortex préfrontal rostral, pendant la prise de perspective motrice d’autrui. Nous avons cependant fait l’hypothèse que cette région pouvait exercer un rôle inhibiteur, non seulement sur une représentation motrice en 1ère personne, mais aussi sur une telle représentation non motrice. Les études 2 et 3 ont donné des résultats en faveur de cette hypothèse, puisqu'une activation du cortex frontopolaire a été détectée lors de l’inhibition des ses propres connaissances sémantiques et lors de l’inhibition des ses propres réactions émotionnelles. Des travaux de la littérature rapportent des résultats compatibles avec les nôtres, suggérant un rôle du cortex frontal dans l’inhibition non motrice. L’équipe de Damasio en particulier a rapporté le cas de patients ayant des lésions de la partie ventromédiale du cortex préfrontal, dont le comportement et les performances traduisaient un manque d’inhibition dans la prise de décision (Bechara et al., 2000) et dans le domaine social (Anderson et al., 1999; Dolan, 1999). Mis dans une situation réelle de jeu d’argent, ce type de patients (avec une lésion survenue à l’âge adulte) a montré une incapacité à tenir compte des conséquences à long terme d’une décision (Bechara et al., 2000). Ils optaient systématiquement pour l’option qui était avantageuse immédiatement, même si elle se soldait par une perte à long terme. Les auteurs ont suggéré à partir de leurs résultats que les patients ayant des lésions du cortex frontal ventromédial étaient insensibles aux conséquences futures de leurs choix, qu’elles soient positives ou négatives, et que leur comportement était essentiellement guidé par la perspective immédiate. Ce comportement peut s’interpréter comme une incapacité à inhiber la représentation la plus saillante au moment du choix. De manière intéressante, Anderson et al. (1999) ont montré que 2 patients ayant souffert de lésions dans cette région avant 16 mois (Le) montraient, en plus des déficits connus chez les patients ayant acquis cette lésion à l’âge adulte (La), des anomalies très prononcées dans leur comportement social et dans leur jugement moral. Les deux patients testés par les auteurs avaient une lésion du cortex préfrontal dans sa région polaire, bilatérale pour l’un et à droite pour l’autre. Leur raisonnement moral était très primaire. Pour la résolution de dilemmes moraux, leurs réponses traduisaient une approche du problème avec une perspective égocentrique d’évitement de la punition. Ce niveau de raisonnement est caractéristique d’un enfant de 10 ans. Les 2 patients faisaient la démonstration de peu de considération pour les conséquences sociales et morales de leurs décisions. Ils ne réussissaient pas à identifier le principal enjeu d’un dilemme social et proposaient peu d’options de résolution d’un conflit interpersonnel. Les auteurs ont ainsi constaté un fort contraste entre les performances des Le et celles des La, qui étaient capables, eux, d’accéder aux connaissances sociales dans les conditions expérimentales du laboratoire. Les auteurs concluent du cas de ses deux patients 123 que l’intégrité du cortex préfrontal rostral est nécessaire pour l’apprentissage et l’acquisition des règles sociales et morales. Une étude de Best et al. (2002) apporte des éléments supplémentaires montrant un lien entre désinhibition sociale et déficit frontal, en montrant que des patients psychiatriques souffrant d’accès agressifs impulsifs ont des performances similaires à des patients ayant une lésion du cortex orbito-frontal médial, à des tests psychologiques destinés à diagnostiquer des lésions dans cette partie du cerveau. Ces différentes études démontrent qu’une lésion du cortex préfrontal conduit à un comportement qui est entièrement guidé par la perspective propre et qui ne parvient pas à tenir compte d’autrui, aussi bien dans le comportement que dans le raisonnement. Le comportement de ces patients est ainsi compatible avec l’hypothèse qu’une lésion du cortex préfrontal induit un défaut d’inhibition de la perspective propre, et que cette région est donc nécessaire à une telle inhibition. Rappelons ici que la capacité d’inhibition, appartenant comme le raisonnement aux fonctions exécutives, a été suggérée comme nécessaire à la prise de perspective par des études de psychologie sociale chez l’adulte (le biais égocentrique) et comme jouant un rôle crucial dans l’expression et le développement de la TE dans les études de psychologie développementale chez l’enfant. La mise en perspective des travaux expérimentaux d’électrophysiologie chez le singe, de psychologie sociale, de psychologie du développement, de neuropsychologie, de psychiatrie et de neuroimagerie est ainsi compatible avec l’idée que la prise de perspective d’autrui nécessite une inhibition de la perspective propre, que cette inhibition est sous-tendue par le cortex préfrontal et que la perspective propre impliquant la représentation de soi au sens large recrute le cortex somatosensoriel. Nous faisons ainsi l’hypothèse que le cortex frontal exerce une influence inhibitrice vers le cortex somatosensoriel. Dans des revues abordant la question du système neuronal sous-tendant la reconnaissance des émotions, Adolphs (2002a, b) a proposé un modèle d’intégration et de traitement de l’information compatible avec cette hypothèse (Figure 2). D’après Adolphs, la reconnaissance d’une émotion sur un visage implique un mécanisme de simulation qui, par conséquent, comme dans le domaine moteur ou conceptuel, implique un recouvrement des représentations de soi et d’autrui et donc crée une ambiguïté et un risque potentiel de confusion entre ces deux représentations. La problématique de l’identification d’une émotion sur autrui par simulation de cette émotion chez le sujet est donc du même ordre, à l’échelle perceptive, que celle que nous avons abordée dans les trois études de cette thèse. 124 Figure 1: Décours temporel du traitement cérébral de l’information pour la reconnaissance d’une émotion faciale. (a) structures impliquées dans la reconnaissance des émotions en fonction du temps. A: amygdale, FFA: gyrus fusiforme, INS: insula, O: cortex orbitofrontal, SC: colliculus supérieur, SCx: cortex strié, SS: cortex somatosensoriel, STG: gyrus temporal supérieur, T: thalamus. (b) Décours temporel de la reconnaissance de l’émotion, de la perception du visage en haut jusqu'à la reconnaissance de l’émotion en bas. La tentative de localisation du traitement de la perception/reconnaissance du stimulus dans l’espace et dans le temps souffre du fait que les mêmes structures cérébrales participent au différentes composantes de traitement à différents instants. Il est probable que plusieurs des mécanismes présentés ici sont communs à la reconnaissance d’émotion à partir d’autres classes de stimuli, comme la prosodie par exemple. Tiré de Adolphs (2002a). 125 Selon Adolphs (Figure 2), la présentation d’un stimulus émotionnel signifiant, s’accompagne d’un premier flot antérograde "feed-forward" de traitement de l’information. Ce flot passerait par le cortex occipital et le cortex temporal et extrairait les informations perceptives du visage. Après 100ms chez l’homme, le traitement de l’information le long de cette voie catégoriserait grossièrement le stimulus comme exprimant une émotion (ou non) à partir des propriétés structurales de l’image. L’auteur défend l’idée que l’amygdale et le cortex orbitofrontal pourraient participer au processus de reconnaissance d’émotions faciales d’au moins trois manières différentes. Premièrement, ils pourraient moduler la représentation perceptive via des "feed-back" vers les aires plus caudales. Ce mécanisme pourrait contribuer en particulier à un ajustement fin de la catégorisation de l’expression faciale et à une direction de l’attention sur certaines de ses caractéristiques. Deuxièmement, l’amygdale et le cortex orbitofrontal pourraient déclencher le rappel de connaissances associatives via des projections vers d’autres régions du néocortex et vers l’hippocampe. Ce mécanisme contribuerait en particulier au rappel des connaissances conceptuelles liées à l’émotion reconnue. Troisièmement, ils pourraient créer une réponse émotionnelle chez le sujet via des connexions vers les structures motrices, l’hypothalamus, les noyaux sous-corticaux, structures dans lesquelles les composantes d’une réponse émotionnelle peuvent être activées. Ce mécanisme pourrait contribuer à la création d’une connaissance sur l’état émotionnel d’une autre personne, par l’intermédiaire du processus de simulation, qui recruterait le cortex somatosensoriel et les régions qui lui sont associées dans l’hémisphère droit pour activer la représentation des changements émotionnels qui s’opèrent chez le sujet observé quand il est dans cette configuration somatosensorielle. Le processus que décrit Adolphs est tout à fait cohérent avec l’hypothèse défendue dans ce manuscrit, et la compétence qu’il ambitionne d’expliquer par un processus de simulation (reconnaissance d’émotions faciales) pose le même problème théorique (les mêmes causes produisant les mêmes effets) de distinction entre soi et l’autre que les situations étudiées dans les études 1, 2 et 3. Dans une situation de reconnaissance d’émotion faciale, plus encore que dans n’importe quelle autre, le cortex somatosensoriel étant le lieu d’une simulation perceptive en 1ère personne, doit être inhibé pour permettre l’attribution de l’émotion simulée à autrui. Dans le schéma qu’il propose, Adolphs fait apparaître une flèche allant du cortex orbitofrontal au cortex somatosensoriel qui veut signaler qu’il fait l’hypothèse d’une influence du 1er sur le 2nd. Nous faisons plus précisément l’hypothèse que le cortex orbitofrontal exerce une influence inhibitrice sur le cortex somatosensoriel. 126 Dans une revue faisant une tentative explicative de la psychophysiopathologie de la schizophrénie, Stephen Grossberg (2000) propose également un modèle d’organisation des aires corticales entre elles, supposant une influence explicite et réciproque du cortex préfrontal vers toutes les aires sensorielles (Figure 3). L’auteur expose le modèle qu’il appelle "Neural Model of CognitiveEmotionnal Learning" parce qu’il explique d’après lui, probablement de la manière la plus simple, des données sur l’intégration d’informations Cognitives, Emotionnelles et Motrices pendant l’apprentissage. Dans le circuit qu’il propose, plusieurs types de cortex sensoriels comme le cortex visuel, somatosensoriel, auditif, gustatif et olfactif sont connectés à la fois à l’amygdale et au cortex préfrontal. Dans ce modèle, l’amygdale envoie aussi d’importantes projections au cortex préfrontal (Barbas, 1995). Le circuit de la figure 3 peut, en principe, être répliqué à de multiples stades du traitement thalamocortical et cortico-cortical des évènements sensoriels. Par exemple le stade 1 peut être un stade thalamique, et le stade 2 un stade cortical, comme dans les données de Ledoux (1993). Figure 2: "Neural Model of Cognitiv-Emotionnal Learning" proposé par Grossberg (2000). A gauche, le schéma représente le modèle chez le sujet sain. A droite, l’auteur propose les déficiences au sein du modèle pouvant expliquer les déficits frontaux observés chez les schizophrènes. Ce modèle est ainsi en accord avec l’hypothèse d’une influence inhibitrice du cortex préfrontal rostral sur le cortex somatosensoriel. Par ailleurs, il est particulièrement intéressant de mettre en parallèle la concordance de ce modèle avec notre hypothèse sachant qu’il propose une explication des symptômes de la schizophrénie par un défaut d’activité du cortex préfrontal (Figure 3). L’auteur appuie sa proposition sur plusieurs études qui ont suggéré que la schizophrénie est associée à une baisse d’activité dans les régions du cortex préfrontal qui projettent sur le striatum (e.g. Grace, 1991). D’après son modèle, Grossberg suggère qu’une cause possible de la baisse d’activité dans le cortex préfrontal est une baisse d’activité, en amont, de l’amygdale qui provoquerait ainsi une réduction de la stimulation du cortex préfrontal. Cet auteur fait remarquer la proximité de son modèle avec celui que Damasio (1999) a proposé pour expliquer comment la conscience ("the core consciousness") émerge. 127 La baisse d’activité frontale chez les patients schizophrènes, pourrait expliquer les symptômes de mauvaise attribution d’intention par un défaut d’inhibition de la perspective propre et donc selon notre hypothèse par une défaut d’inhibition du cortex somatosensoriel. Cette idée est compatible avec les résultats de Daprati et al. (1997) qui montrent que dans une situation expérimentale de distinction entre sa propre action et celle d’autrui, les schizophrènes font des erreurs dans le sens de s’autoattribuer les actions d’autrui; et avec ceux de Paulus et al. (2002) qui montrent que des patients schizophrènes par rapport à des sujets sains ont une activité diminuée dans le cortex préfrontal, et une activité augmentée dans le gyrus post-central. 128 Le cortex pariétal inférieur droit De manière intéressante, il a été proposé que les dysfonctions frontales chez les schizophrènes puissent être associées à une réponse augmentée dans des aires distantes mais cependant fortement connectées au cortex frontal, comme le cortex pariétal ou le gyrus temporal supérieur (Kuperberg et Heckers, 2000). Cette supposition est appuyée par l’étude de Spence (1997) qui a montré une suractivation du cortex pariétal inférieur droit chez des patients schizophrènes souffrant de délire d’influence par rapport à des sujets sains, pendant la réalisation d’une tâche de sélection libre de mouvement. Paulus et al. (2002) trouvent des résultats contradictoires, i.e. une diminution de l’activité du cortex préfrontal associée à une diminution de l’activité du cortex pariétal et du gyrus temporal supérieur droits, chez des patients schizophrènes par rapport à des sujets sains, pendant la prédiction de la localisation d’un stimulus présenté dans l’espace de manière aléatoire. Les résultats de Paulus et al. (2002) sont en désaccord avec l’hypothèse de Kuperberg et Heckers, mais ils montrent néanmoins une anomalie fonctionnelle dans la région de la jonction temporo-pariétale à droite chez les patients schizophrènes. Ainsi, si les résultas de la littérature sont souvent contradictoires quant au sens de la modification de l’activité ou de l’anatomie de cette région chez les patients schizophrènes ou chez des patients souffrant de délire d’influence (Mésulam 1981, rapporte des symptômes de délire d’influence dans le cas d’une lésion de cette région; Spence et al. 1997 ont mis en évidence une augmentation d’activité chez des schizophrènes souffrant de délire d’influence par rapport à des sujets sains; Niznikiewicz et al. 2000 rapportent une dissymétrie anatomique chez des schizophrènes par rapport à des sujets sains; Maruff et al. 2001 montrent une réduction de volume chez des schizophrènes souffrant de délire d’influence par rapport à des sujets sains; et Paulus et al. 2002 ont détectés une diminution d’activité chez des schizophrènes par rapport à des sujets sains), tous ces travaux sont néanmoins consensuels quant au lieu de l’anomalie, c’est-àdire dans la région de la jonction temporo-pariétale droite. Dans l’introduction, nous avons mentionné plusieurs de ces travaux qui attirent l’attention sur le rôle du cortex pariétal droit dans l’attribution correcte d’intentions ou d’actions à leur auteur. Ces travaux nous ont amené à faire l’hypothèse que le cortex pariétal inférieur droit (CPID) participe aux processus physiologiques permettant la distinction soi/autrui et plus précisément que la prise de perspective d’autrui par rapport à une perspective propre s’accompagne d’une suractivation du cortex pariétal inférieur droit. 129 Cette prédiction s’est vérifiée dans les trois études que nous avons réalisées dans le domaine moteur, conceptuel et émotionnel. Ces résultats sont en accord avec plusieurs résultats récents de neuroimagerie chez l’homme normal. L’équipe de Decety par exemple, a utilisé l’imitation pour aborder la question des corrélats neurophysiologiques de la distinction soi/autrui chez le sujet sain. L’intérêt de ses études réside notamment dans le fait qu’elles ont utilisé des situations plus écologiques que celles habituellement utilisées pour étudier l’imitation. Le sujet et l’expérimentateur disposaient de Légos et d’un plan de travail similaires. Dans les conditions d’imitation, le sujet voyait l’expérimentateur en train d’agir et, en fonction de la consigne, soit il imitait, soit il était imité. Ce paradigme d’imitation réciproque a permis de montrer que l’activité du cortex pariétal inférieur droit distinguait les conditions dans lesquelles le sujet imitait et les conditions dans lesquelles le sujet était imité (Decety et al., 2002). Ces situations, si elles sont très proches sur le plan moteur sont cependant très différentes sur le plan cognitif. Dans la condition où le sujet est imité, c’est lui qui initie l’action, il est "leader", dans la condition où il imite, c’est l’autre qui contrôle le déroulement des événements, et le sujet est "follower". La question de l’agentivité est donc directement visée dans un tel paradigme, car c’est l’agent qui contrôle l’action qui différencie les deux conditions d’imitation. Les auteurs ont réalisé un seconde étude dans laquelle le même paradigme a été épuré au maximum. La vision de la main a été supprimée et l’action simplifiée, pour ne plus laisser saillante dans la tâche, que la contingence entre le sujet et l’expérimentateur. Le sujet avait devant lui un écran avec une boule rouge qu’il pouvait mettre en mouvement avec une souris et une boule bleue qui était contrôlée par l’expérimentateur. En fonction des conditions il devait soit suivre la trajectoire de la boule contrôlée par l’expérimentateur ("follower") soit diriger sa boule et être suivi par l’expérimentateur ("leader"). La comparaison de l’activité cérébrale dans ces deux conditions a confirmé l’implication du cortex pariétal inférieur droit dans la distinction de ces deux situations puisque les résultats ont révélé comme dans l’étude précédente une suractivation de cette région lorsque le sujet est leader, c'est-à-dire lorsqu’il est imité (Chaminade et Decety, 2002). La convergence des résultats de ces deux études indique que l’intervention du cortex pariétal inférieur droit n’est pas influencée par les moyens et le contexte de l’imitation mais bien par la relation de contingence entre l’agent et l’agi. Les auteurs concluent de ces deux études que l’activation du CPID est associée à l’attribution à autrui d’une action cependant initiée par le sujet. Une autre étude de neuroimagerie chez le sujet sain par Farrer et al. (2002) a directement posé la question des corrélats neurophysiologiques du jugement d’agentivité. Cette étude a utilisé un dispositif expérimental similaire à celui employé par Chaminade et Decety (2002) mais le paradigme, 130 moins écologique, n’impliquait pas l’imitation ou la contingence entre 2 agents mais bien l’attribution d’une action à son véritable auteur dans des conditions où la difficulté de l’attribution était manipulée expérimentalement. Dans un cas, les sujets devaient contrôler la trajectoire d’un cercle sur un écran, alors qu’il leur était demandé d’être conscient de leur agentivité et de s’attribuer mentalement l’action qu’ils étaient en train de réaliser. Dans une autre condition, ils devaient réaliser cette même action tout en étant conscients que l’action qu’ils voyaient sur l’écran était réalisée par l’expérimentateur. Les résultats de cette étude d’IRMf ont montré que la conscience de ne pas être l’auteur d’une action et le fait de l’attribuer à autrui est associé à une activation du cortex pariétal inférieur droit. Dans le domaine conceptuel, il est intéressant de noter qu’une activation du cortex pariétal inférieur droit (x= 42, y = -50, z =24) a été détectée dans l’étude de Fletcher et al. (1995) sur la théorie de l’esprit. A l’époque, les auteurs avaient discuté cette activation comme non spécifique. Plusieurs études de neuropsychologie ont ensuite montré le rôle de l’hémisphère droit dans l’attribution d’états mentaux à autrui (Happe et al., 1999; Winner et al., 1998). Finalement une revue récente de Siegal et Varley (2002) a souligné l’importance de l’hémisphère droit et du cortex pariétal inférieur droit, en particulier dans le système neuronal sous-tendant la capacité de lecture d’états mentaux. Ainsi, nos résultats appuyés par bien d’autres dans la littérature, démontrent, au contraire de l’idée défendue par Fletcher et al. (1995), que la prise de perspective d’autrui, dans le domaine conceptuel comme dans le domaine moteur, implique l’intervention du cortex pariétal inférieur droit. Notons ici que les activations dans le cortex pariétal inférieur droit, détectées dans les trois études de cette thèse, sont localisées à la jonction temporo-pariétale. Elles sont donc très proches des activations dans le gyrus/sillon temporal supérieur à la jonction temporo-pariétale, typiques des tâches de théorie de l’esprit, qui sont principalement détectées dans l’hémisphère droit (Frith, 2001). Il est ainsi envisageable que la différence entre ces deux types d’activations provienne plus d’une différence d’appellation des mêmes coordonnées que d’une véritable différence de localisation. Cette façon de voir les choses est cohérente avec l’idée que la TE, en tant que tâche de prise de perspective, nécessite une distinction soi/autrui. Il serait donc logique que dans le réseau d’activation typiquement détecté pour la réalisation d’une telle tâche, se trouve une activation impliquée dans la différenciation du soi de l’altérité. Cette idée s’accorde avec des études de neuroimagerie récentes sur l’imitation qui suggèrent que le cortex temporal supérieur droit est le lieu de rencontre et d’interaction entre les informations visuelles de l’agent observé et la copie d’efférence des actions imitées (Iacoboni et al. 2001; Decety et al. 2002). En d’autres termes ces auteurs proposent un substrat neurophysiologique au comparateur de Sperry, de Jeannerod et de Frith, dont la localisation est bien proche (x= 57, y= -50, z= 16) des activations au niveau de la jonction temporo-pariétale, détectées dans les études de cette thèse et dans les études de TE. 131 III. Conclusion L'ensemble des travaux de cette thèse tend à montrer qu’une perspective en 1ere personne engage un réseau cérébral commun à la prise de perspective d'autrui, et que ce réseau commun varie en fonction de la tâche à réaliser. Par ailleurs nos résultats permettent de suggérer que ces deux perspectives se différencient sur le plan neurophysiologique par l'activité du cortex somatosensoriel, du cortex pariétal inférieur droit à la jonction temporo-pariétale et du cortex frontopolaire, cette fois-ci, quelle que soit la tâche à effectuer. En d’autres termes les travaux de cette thèse montrent que les activations communes aux deux perspectives sont variables, alors que celles qui les distinguent sont invariantes. Figure 4: Synthèse des résultats obtenus pour les études 1 (triangle), 2 (carré) et 3 (hexagone), illustrant la variation du réseau commun à P1et P3 (orange) en fonction de la tâche, et la communauté des activations distinguant les deux perspectives (P1-P3, en jaune et P3-P1 en rouge) quand la tâche varie. 132 Notre interprétation de ces résultats est de faire l'hypothèse que le cortex somatosensoriel est impliqué dans la représentation de soi au delà d’un niveau somato-moteur, à un niveau conceptuel, et qu’il participe à ce titre à sous-tendre la perspective en première personne, décrite en psychologie sociale comme responsable du biais égocentrique par sa prépondérance et son manque d’inhibition. Sans que nos résultats puissent le prouver nous faisons également l’hypothèse que le cortex frontopolaire exerce une influence inhibitrice sur le cortex somatosensoriel, et que cette influence aurait pour conséquence d’amoindrir le biais égocentrique pendant la prise de perspective d’autrui. La mise en évidence de l’activité du cortex pariétal inférieur droit pendant la prise de perspective d’autrui, quel que soit le domaine de connaissance, confirme finalement le rôle que de nombreuses études (essentiellement dans le domaine moteur, ou chez des patients) avaient suggéré pour cette région dans la distinction soi/autrui, vraisemblablement par le biais d’une comparaison entre des informations relatives à la représentation de soi et à la représentation d'autrui. L’étude de Paulus et al. (2002) en montrant une diminution d’activité dans le cortex préfrontal antérieur, et dans la région de la jonction temporo-pariétale droite associée à une augmentation de l’activité dans le gyrus post-central, chez des patients schizophrènes par rapport à des sujets sains, soutient tout particulièrement les hypothèse défendues dans cette thèse en montrant le lien fonctionnel entre ces trois régions, et leur dysfonctionnement concomitant (et de la manière prévues par nos hypothèses) chez des patients susceptibles de confondre leurs intentions avec celles d’autrui. 133 IV. Perspectives Une manière d'apporter des arguments supplémentaires en faveur d'un rôle inhibiteur du cortex préfrontal sur le cortex somatosensoriel serait de tester cette hypothèse en étudiant la connectivité fonctionnelle pendant la réalisation d'une tâche de prise de perspective. Des études de stimulation magnétique transcrannienne permettraient également, d'évaluer les conséquences de l’inactivation de chacune des aires précitées au cours de la réalisation d'une tâche de prise de perspective. Finalement, une question intéressante à aborder à l’issue des travaux exposés dans cette thèse serait l’étude de la perception de soi en coordonnées allocentriques. Dans le domaine moteur, une étude de neuroimagerie pourrait par exemple comparer les activations induites par l’imagination d’une action en 1ère personne, c’est-à-dire en coordonnées égocentriques (imagerie motrice, Meg), et l’imagination de soi en train d’agir, en coordonnées allocentriques (Mal). L’enjeu serait de savoir si les contrastes (Mal-Meg), et (Meg-Mal) donnent les même résultats dans le cortex frontopolaire, le cortex pariétal inférieur droit et dans le cortex somatosensoriel que (A3+V3)-(A1+V1) et (A1+V1)-(A3+V3) dans l’étude 1. Une telle étude permettrait ainsi d’évaluer si ces régions mises en évidences dans l’étude 1 sont effectivement impliquées dans la distinction du soi de l’altérité (i.e. si elles ne sont pas détectées dans Mal-Meg et Meg-Mal) ou si elles sont plutôt liées au traitement de la perception d’un individu en coordonnées allocentriques (c’est-à-dire si elles sont détectées dans Mal-Meg et Meg-Mal). Selon le même principe il serait également intéressant de comparer les activations induites par une tache de lecture d’états mentaux appliquée, soit à un individu X, soit au sujet lui même, en lui demandant d’évaluer comment il aurait répondu à la question posée, 10 années auparavant. En effet, un individu évolue dans le temps et change d’avis et de façon de réagir sur bien des sujets, tout en restant la même personne. La comparaison de l’activité cérébrale liée à la lecture des états mentaux d’autrui (A) d’une part et celle liées à la lecture de ses propres états mentaux il y a 10 ans (S10) d’autre part à une condition où le sujet répondrait aux questions selon son point de vue actuel (S0) permettrait alors de voir au niveau conceptuel, si la lecture des états mentaux de soi dans le passé (coordoonées allocentriques temporelles) est traitée de la même manière que l’évaluation des états mentaux d’autrui. En d’autres termes une telle étude permettrait de savoir si (S10-S0) révèle les mêmes activations que la 134 comparaison (PCN3-PCN1) de l’étude 2 et en particulier si ce contraste montre des activations dans le cortex frontopolaire et dans le cortex pariétal inférieur droit. Le comportement du cortex somatosensoriel révélé par la comparaison (S0-S10) serait spécialement passionnant à découvrir en regard de l’hypothèse que l’on fait sur son rôle dans la représentation de soi. Comment le cerveau traite-t-il une telle situation? Comment résout-t-il une comparaison entre soi et soi? 135 Après propos L’hypothèse d'un principe de simulation pour expliquer la cognition sociale va bien avec ce fait qu'il est impossible d’attribuer à quelqu’un des connaissances que l'on a pas. Ce qu'on ne possède pas, on ne peut le prêter, le donner, l'attribuer à autrui. N’est-il pas difficile de comprendre et même de concevoir quelque chose que l’on ne partage pas? Est-il possible de concevoir le plaisir de la douleur, que dit ressentir un masochiste? Est-il possible d'imaginer ce qu'est l'expérience de la douleur dans un organe que l'on a pas? Est-il possible de comprendre un comportement sans faire référence à soi? La tendance anthropomorphique irrépressible de tout un chacun pour expliquer le comportement animal, tendrait à démontrer que non. L'espèce humaine semble faire preuve d'un savant mélange de communauté et de différence entre les individus. Le mariage de ces deux caractéristiques qui s'opposent a été soulevé par Bertolt Brecht dans le titre d'une de ses pièces "L'exception est la règle". Cet auteur dramatique allemand a introduit dans le domaine artistique cette problématique en créant le "théâtre épique". Celui ci, par opposition au théâtre traditionnel qui est fait pour que le spectateur s'identifie au héros, invite l'acteur à présenter son personnage sans se confondre avec lui, (ce que Brecht a appelé l'effet de distanciation) et le spectateur à porter sur la pièce le regard critique et objectif qu'il accorde d'habitude à la réalité (L'opéra de quat'sous, 1928; Mère courage et ses enfants, 1941; La résistible ascension d'Arturo Ui, 1959). Communauté et différence semblent se contredire; mais ne se serviraient elles pas plutôt ? La communauté, le partage de structures, de physiologies, de pensées communes semble nécessaire, voir indispensable à la communication. La différence de son côté semble nécessaire à l'enrichissement de la communauté d'individu. La communauté comme moyen de communication de la différence. « La différence est cette chose merveilleuse que nous avons tous en commun » Nelly Biche de Bère 136 BIBLIOGRAPHIE 137 Adolphs R. Social cognition and the human brain. Trends in Cognitive Sciences 1999; 3: 469-479. Adolphs R. The neurobiology of social cognition. Curr Opin Neurobiol 2001; 11: 231-9. Adolphs R. Neural systems for recognizing emotion. Curr Opin Neurobiol 2002a; 12: 169-77. Adolphs R. Recognizing emotion from facial expressions: psychological and neurological mechanisms. Behavioral and cognitive neuroscience reviews 2002b; 1: 21-62. Adolphs R, Damasio H, Tranel D, Cooper G, Damasio AR. A role for somatosensory cortices in the visual recognition of emotion as revealed by three-dimensional lesion mapping. J Neurosci 2000; 20: 2683-90. Allison T, Puce A, McCarthy G. 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Nées au milieu du XXème siècle, les sciences cognitives s’imposent aujourd’hui comme une nouveau champ du savoir qui tente d’élucider par l’expérimentation, la modélisation et l’usage de technologies de pointe, le «mystère de l’esprit» dans ses rapports avec la matière : le cerveau, le corps et l’ordinateur (Vocabulaire de sciences cognitives, Houdé, Kayser, Koenig, Proust, Rastier eds, Paris, PUF 1998). Concept = représentation mentale générale et abstraite d’un objet (Dictionnaire Robert de la langue française). AMS = aire motrice supplémentaire ATP = adénosine triphosphate BA = aire de Brodmann BGO = germanate de bismuth DSCr = débit sanguin cérébral régional 18FDG = fluorodesoxyglucose marqué au fluor 18 GTS = gyrus temporal supérieur H215O = eau marquée à l’oxygène 15 IRMf = imagerie fonctionnelle par résonance magnétique nucléaire Le, La = patients ayant une lésion préfrontale survenue avant 16 mois pour les premiers, à l'age adulte pour les seconds LPI = lobule pariétal inférieur Na18F = Fluorure de sodium marqué au fluor 18 PA = potentiel d’action P1, P3 = perspective en 1 ère personne, perspective en 3 ème personne PM1, PM3 = conditions expérimentale de l’étude 1 où le sujet réalise un tâche dans le domaine moteur avec une perspective respectivement en 1 ere et en 3 eme personne PCN1, PCN3 = conditions expérimentale de l’étude 2 et de l’étude 3 où le sujet réalise un tâche dans le domaine conceptuel alors que le contexte est neutre, avec une perspective respectivement en 1 ere et en 3 eme personne PCE1, PCE3= conditions expérimentale de l’étude 3 où le sujet réalise une tâche dans le domaine conceptuel alors que le contexte est émotionnel, avec une perspective respectivement en 1 ere et en 3 eme personne. SNC = système nerveux central SPECT = single photon emission computerised tomography SPM = statistical parametric mapping STS = sillon temporal supérieur TE = théorie de l’esprit TEP = tomographie par émission de positons TP = temporo-pariétal TPO = temporo-pariéto-occipital TS = théorie de la simulation 147