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emmAnUelle RiVA eiji okAdA Un film de A film by AlAin ResnAis VeRsion RestAURee RestoRed VeRsion Sommaire Table of content 5 6 Introduction Genèse 7Genesis Anatole Dauman, producteur 8 9 Anatole Dauman, Producer Marguerite Duras, scénariste 10 11 Marguerite Duras, Writer Le Tournage 13 The shoot Introduction Correspondance d’Alain Resnais avec Marguerite Duras 14 19 Alain Resnais’ letters to Marguerite Duras Les carnets de tournages de Sylvette Baudrot, scripte du film 24 30 Sylvette Baudrot’s film notebooks, script supervisor Photos de tournage d’Emmanuelle Riva Photos taken by Emmanuelle Riva during the film shoot 35 55 65 67 73 77 79 87 88 The Film Le Film La sortie en 1959 Hiroshima vu par… La restauration L’équipe de restauration Fiche technique du film Biographies Contacts Remerciements The release in 1959 Hiroshima seen by… The restoration The restoration team Fact sheet Biographies Contacts Thanks Introduction Restaurer Hiroshima mon amour…. Restaurer un film est un acte singulier, qui consiste à redonner vie à une œuvre connue ou oubliée, sans pour autant trahir la volonté de l’auteur. L’exercice est difficile et passionnant, et il est avant tout une leçon d’humilité. Il impose de s’immiscer avec délicatesse dans la vie et le travail de l’auteur pour tenter de saisir ses intentions et ses doutes, ses difficultés et ses satisfactions. Feuilleter ses carnets de tournage, ses notes, ses courriers, ses photos… Tout un chemin pour comprendre le film, avant et pendant la restauration, bien identifier le montage original, réapprendre la lumière ou le grain de l’époque, redécouvrir le son, ou encore mettre le doigt sur certaines imperfections. Avec la combinaison de travaux photochimiques et numériques, tout cela devient possible… à condition de savoir s’arrêter à temps, pour ne pas dénaturer l’œuvre originale. Un long chemin avec une double finalité: restaurer pour montrer le film au plus grand nombre, et préserver les éléments originaux (avec un retour à la pellicule) pour leur assurer une conservation optimale dans un lieu adapté. Parce que ces originaux sont les seuls garants de la pérennité de l’œuvre, au-delà des futurs progrès du numérique. C’est pour toutes ces raisons qu’une restauration est nécessairement le fruit d’un travail collectif, qui permet de mettre en route un projet de longue haleine tout en assumant les doutes et les interrogations, qui font aussi toute la saveur de cette expérience. La version restaurée de Hiroshima mon amour est le résultat d’une rencontre formidable entre la société de production du film, deux fondations agissant dans le domaine du patrimoine, une cinémathèque de renommée internationale, sans oublier un chef opérateur proche de l’auteur pour veiller sur ce travail. Toute une aventure qui a permis d’entrer dans l’univers du premier long métrage d’Alain Resnais, dans le but de redonner vie, pour longtemps, aux images abîmées par le temps. Hiroshima va pouvoir reprendre sa route dans le monde entier. Première étape à Cannes en mai 2013, puis au festival il Cinema Ritrovato à Bologne sur la Piazza Maggiore, au Festival de la Rochelle… et bien d’autres. Et aussi, capital dans un tel projet, la ressortie en salle dans de nombreux pays dont la France le 17 juillet et l’Italie au deuxième semestre 2013. Car l’idée est bien de faire redécouvrir Hiroshima à tous ceux qui l’ont aimé mais aussi de faire venir de nouveaux spectateurs, vierges de cette expérience. Séverine Wemaere Déléguée générale Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma Gilles Duval Délégué général Fondation Groupama Gan pour le Cinéma 5 Restoring Hiroshima mon amour… Restoring a film is a unique process. It consists of bringing back to life a well-known or forgotten work without betraying the author’s wishes. It is a difficult yet fascinating exercise, but most of all, a lesson in humility. It is essential to penetrate as delicately as possible into the author’s life and work to try and seize his/her intentions and doubts, the difficulties and satisfactions. By looking through a director’s notebooks, remarks, letters, photos… Understanding the film before and during the restoration process is a journey in itself: in identifying the original editing decisions, relearning the lighting or the grain of the film’s period, rediscovering the sound, or pinpointing certain imperfections. By combining photochemical and digital techniques, everything becomes possible… providing one knows when to stop, so that the original work isn’t altered. It’s a long journey with a double purpose: to show the film to the largest possible audience and to preserve the original elements (striking new film master elements from the digital restoration) to ensure optimal conservation in an appropriate place. Those original elements are the only guaranty that the film will survive, beyond future digital progresses. It’s for those reasons that a restoration is inevitably the fruit of team work, a joint effort that enables such a long-term project to get off the ground, while working through doubts and questions, that are also part of the experience’s appeal. The restored version of Hiroshima mon amour is the result of a wonderful collaboration between the film’s production company, two heritage foundations, an internationally renowned Cinematheque and Archives, not forgetting one of the director’s chief cameramen who carefully watched over the whole process. It was an adventure that led us into the world of Alain Resnais’ first feature-length film, bringing images spoilt by the passing of time back to life, for a long time to come. Hiroshima can once again set off on its global journey. There is a first stop in Cannes in May 2013, followed by the Cinema Ritrovato Festival on the Piazza Maggiore in Bologna, then the Film Festival in La Rochelle… among many others. And vital for such a project as this, it will be rereleased in countless cinemas all over the world, starting in France on July 17th and in Italy later on in 2013. We hope that all those who have loved Hiroshima will discover it all over again, and that it will attract new audiences who have never lived the experience. Séverine Wemaere Managing Director Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma Gilles Duval Managing Director Fondation Groupama Gan pour le Cinéma 6 Genèse Genesis Deux ans après l’audacieuse aventure de Nuit et Brouillard, film très controversé à l’époque, un projet de documentaire sur les horreurs de la guerre rapproche à nouveau Alain Resnais et Argos Films. Cette dernière, forte d’un accord avec une société de production au Japon, propose au cinéaste de réaliser un film sur Hiroshima. Alain Resnais, hésitant tout d’abord à traiter d’une autre grande tragédie du XXe siècle, s’attaque cependant au visionnage des nombreux documentaires produits jusqu’alors sur cette catastrophe nucléaire. Il en déduit que la seule nouvelle approche possible serait d’évoquer ce sujet sous un angle plus universel en tournant dans le monde entier, ce qui n’etait aucunement envisageable par ses coproducteurs. Après quelques mois une nouvelle idée s’impose, le projet de documentaire sur les désastres d’Hiroshima deviendrait un long métrage de fiction. En quête de scénariste, le réalisateur, préconisant la plume des romanciers, propose Françoise Sagan (Otto Preminger venait de tourner Bonjour Tristesse). Celle-ci ne donnera pas suite. Alain Resnais rencontre Marguerite Duras (dont Moderato cantabile vient d’être publié) qui connaîtra avec Hiroshima sa première expérience cinématographique. Two years after their daring collaboration on Nuit et Brouillard, a very controversial film at the time, it is again a documentary about the horrors of war which brings Alain Resnais and Argos Films back together. The latter, relying on financing from a production company in Japan, asks the director to consider directing a film about Hiroshima. Alain Resnais is at first reluctant to delve into yet another 20th century great tragedy but decides nonetheless to watch the numerous documentaries produced to date on that subject. These viewings lead him to the conclusion that the only new approach possible would be to extrapolate on the universality of the subject matter and shoot his film all over the world, a prospect his co-producers could not possibly consider. After several months, a new idea arises, the documentary project about Hiroshima’s disasters would take the form of a feature-length fiction film. In search of a screenwriter, the director, seeking the collaboration of novelists, suggests Francoise Sagan (Otto Preminger’s Bonjour Tristesse had recently been released). She did not show up for the first meeting, thus the screenwriting task befell Marguerite Duras, who had just published Moderato cantabile and whom Resnais had just met. This was to become her first film experience 7 Anatole Dauman (1925-1998), producteur d’Hiroshima mon amour Producteur, distributeur, exportateur de films. Anatole Dauman fonde à 24 ans la société Argos Films qui produira tout d’abord des courts métrages et des documentaires dont les plus célèbres demeurent Nuit et brouillard et La Jetée. Avec ses longs métrages de Rouch, Marker, Resnais, Bresson, Godard, Oshima, Schlöndorff, Tarkovski et Wenders, Argos Films représente l’une des plus importantes collections indépendantes de films de patrimoine. Extraits de la biographie d’Anatole Dauman, Souvenir-Ecran, Jacques Gerber -Editions Centre Georges Pompidou, 1989 8 Anatole Dauman (1925-1998), producer of Hiroshima mon amour Producer and distributor. Anatole Dauman starts his company Argos Films at age 24. Beginning with shorts and documentaries, among which Night and Fog and La Jetee. Argos Films will continue with daring features by directors such as Rouch, Marker, Resnais, Bresson, Godard, Oshima, Schlöndorff, Tarkovski and Wenders. One day, in 1957, Resnais found a way to making feature-length films via an unusual detour. I had suggested making a film to Mr Nagata, the president of DAIEI, a powerful Japanese film company with a subsidiary office in France, Pathé Overseas. The project was an official coproduction for a documentary about the Hiroshima bomb. The original title summed up the subject in one word: Pikadon (Japanese for the “flash” of a nuclear explosion). Months went by and Resnais was still uninspired. We started to have second thoughts about the scale of the adventure, when suddenly he got the idea to show Japan through the eyes of a woman. A fictional work submerged the Pikadon project. Contracts were signed. All that was left to do was to write the screenplay. But by whom? I thought of a newcomer to the world of literature and cinema: Marguerite Duras. We soon reached an agreement, and as she looked at her triumphant signature at the bottom of the page, Marguerite quipped: “It might not be an absolute fortune but it’s a fortune to me. I have my freedom!” She wrote the screenplay and dialogue in just two months. Then the time came for Alain Resnais to fly to Japan, alone, leaving the script supervisor and his lead actress, Emmanuelle Riva, behind. I can still see myself standing by the plane at Orly airport. With a firm handshake as he embarked, Resnais confided: “I’m going there to find out that this is an impossible film to make, simply impossible.” In Japan, both on location and in the studio, Alain Resnais’ authority took everyone by surprise. Even though he couldn’t speak the language, he managed to communicate down to the last detail everything he wanted to convey to the Japanese actors and crew. It was a miracle of courtesy! When she heard the good news, Marguerite Duras clapped her hands and swept me into a much welcome sense of elation. What kind of film had Resnais brought back from Japan? At that stage, I still had no idea as instead of looking at the rushes, I preferred to wait for that emotional experience when you see the rough cut. After the screening of the first release print, I mischievously whispered: We’ve already seen that in Citizen Kane, a non-chronological film going back in time.” He replied: “Yes. But in my film, it’s disorderly.” And it’s true that Hiroshima broke from the classic structure of cinematic narrative and subjected it to the play of affective memory, which François-Régis Bastide summed up: “The past becomes the present indicative so as to better capture the future.” From then on, cinema as we knew it had changed. Audiences all over the world were bowled over by this film. The text definitely had something to do with the general emotion. Resnais respected the screenwriter’s work to such a point, he used a stopwatch to synchronise the tempo of his tracking shots to the moderato cantabile rhythm of the Durassian sentence. But I feel the film’s strength basically derives from its mise en scene and its skilful editing. At the risk of offending his modesty, I declare that Alain Resnais is well and truly the real author of his films and that, although working with different screenplays and writers, he addresses us exclusively in his own unique style.” Excerpts from Anatole Dauman’s biography, Souvenir-Ecran, Jacques Gerber -Editions Centre Georges Pompidou, 1989 9 Marguerite Duras (1914-1996), scénariste du film 10 Marguerite Duras (1914-1996), screenwriter of the film Resnais works like a novelist… Marguerite Duras : We did two kinds of continuity for Hiroshima mon amour. One was the actual continuity of the film. The other was what we might call a subterranean continuity. Before the shoot, Resnais wanted to know everything about the story he was going to tell, but also the story he wouldn’t tell: that of the characters. He wanted to know everything about them: their youth, their lives before the film and, to a certain point, their future after the film. So I wrote biographies for each character. And from those biographies, Resnais approached them with the camera as if translating in images the continuation of a film that already existed about their previous lives. Once that was done, once the characters’ social and psychological details were established, once the characters had been defined, both in their past and future, Resnais demanded that the interest we had in them be clearly established. That was another layer that came from the film’s subterranean continuity. Filmmakers usually wonder whether the story they’re going to tell will interest the audience. Not Resnais. Resnais wondered whether he himself would be interested in the story he was going to tell. We saw each other every day, and every day Resnais told me where he was up to, whether he was happy or not with the way the story was developing. Not once did I hear him talk about what might please or displease his film’s future audience. Resnais knows exactly what he wants to do, and how and why. Before knowing and working with him, I couldn’t imagine that a filmmaker could be so “alone”. Resnais works like a novelist. As well as imagining the characters’ social details, justifying the story, etc. Resnais also asked me to give him a sort of pre-commentary of the images that would illustrate the story. “Tell me how she sees Nevers when she remembers it. Tell me how she sees the marble roll into the cellar,” Resnais would say. So we imagined how she would remember Nevers from the other side of the world. And how the lost marble rolled into the cellar in that invented Nevers. The work I did on the film’s subterranean continuity is at least as important as the work I did on the actual continuity. What is shown on the screen contains what isn’t shown. Why? Because by showing only one aspect of something, out of a potential of hundred aspects, Resnais wanted to be aware of his “shortcoming ” of only being able to show only one aspect. I think he has always referred to that trauma, it’s obviously unavoidable … Resnais knew what he wanted: he would provoke me and I would respond to him on his terms… Source: Image et son n°128 11 Le Tournage The shoot Le tournage du film se déroule au Japon à partir de septembre 1958, à Hiroshima ainsi qu’à Tokyo pour certaines parties en studio, puis en France à Nevers en décembre 1958. Alain Resnais se rend au Japon plusieurs semaines avant le début du tournage pour terminer les repérages et surtout le casting. Durant cette période, il correspond régulièrement avec Marguerite Duras. L’actrice principale Emmanuelle Riva et la scripte Sylvette Baudrot font le voyage ensemble au Japon pour rejoindre Alain Resnais qui les accueille le 15 août à Tokyo. Elles y restent une quinzaine de jours pendant qu’Alain Resnais termine ses repérages. C’est là qu’elles rencontrent pour la première fois l’acteur japonais Eiji Okada. Toutes deux y achètent un appareil photo, Sylvette Baudrot un Mamiyaflex et Emmanuelle Riva un Ricohflex. Elles prendront chacune de leur côté des clichés tout au long de leur séjour au Japon, passionnant témoignage de ce tournage. On retrouve ces clichés dans les carnets de tournage de Sylvette Baudrot et ceux d’Emmanuelle Riva dans un ouvrage qui paraîtra beaucoup plus tard, en 2009. Elles se rendent en train le 29 août à Hiroshima et rejoignent l’équipe du film. Le tournage démarre le 8 septembre. The shoot began in Hiroshima, in Japan, during September 1958, with some scenes being shot in the studio in Tokyo. The scenes shot in Nevers, France, started in December 1958. Alain Resnais went to Japan several weeks before the beginning of the shoot to scout for locations, but especially for the casting. During that period, he corresponded regularly with Marguerite Duras. The lead actress, Emmanuelle Riva, and the script supervisor, Sylvette Baudrot, went together to Japan on the 15th August to join Alain Resnais. They stayed there for a couple of weeks whilst Alain Resnais finished looking for film locations. That is when they first met the Japanese actor, Eiji Okada. Whilst in Japan, Sylvette Baudrot bought a Mamiyaflex camera and Emmanuelle Riva, a Ricohflex. During their stay, they both took photos, which have become a fascinating chronicle of the film. Sylvette Baudrot’s photos were published in her carnets de tournage, a film shoot journal, and Emmanuelle Riva’s came out in a book published in 2009. On the 29th August, they took a train to Hiroshima to join the rest of the film crew. The shoot began on the 8th September. 13 Alain Resnais à Marguerite Duras : Correspondance août 1958 (Extraits) Afin de commencer les repérages et choisir son acteur principal, Alain Resnais doit s’envoler pour le Japon et ce, avant que le scénario ne soit achevé. Il écrit régulièrement à Marguerite Duras pour lui livrer ses impressions détaillées accompagnées de photos qu’il prend au fur et à mesure de ses découvertes des lieux de tournage. En retour, elle lui fait parvenir ses propositions de continuité et quelques bandes magnétiques sur lesquelles elle a enregistré le moderato cantabile de la phrase durassienne. L’intégralité des lettres d’Alain Resnais, remises par Jean Mascolo à l’I.M.E.C. (Institut Mémoire de l’Edition Contemporaine) où elles sont conservées, ont été reproduites en fac-similé dans le livret du DVD de Hiroshima mon amour co-édité par Arte France Développement et Argos Films, et ont été publiées par les Editions Gallimard au sein de l’ouvrage « Tu n’as rien vu à Hiroshima ». Nous vous en livrons quelques extraits qui témoignent de l’étroite et amicale collaboration des deux auteurs. Dimanche 3 août. Aube (1958) Chère Margrot Dora, (comme écrit le « Japan Times) (…)Ce qui paraît le plus affoler les producteurs japonais, c’est notre désir de tourner à Hiroshima même et dans des lieux réels. Cela pose il est vrai des problèmes particuliers : on ne peut tourner dans une gare car cela pourrait gêner les voyageurs. On ne peut tourner dans un hôtel car cela pourrait gêner les clients. On ne peut tourner dans les rues la nuit car cela dérange les gangsters. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’y arrivera pas. *** Parmi toutes les choses qu’on nous avait racontées, certaines sont vraies, d’autres fausses, bien sûr. Ainsi : un Européen ne peut pas aimer la cuisine japonaise, laquelle d’ailleurs ne vaut rien. Faux. Jamais je n’ai été à pareille fête culinairement. Tokyo est très américanisé. Tout est bilingue. Faux. Il y a vingt pancartes de rues pour toute la ville et le plan du métro est entièrement en caractères japonais (ce qui rend son emploi incroyablement délicat). Il n’y a pas de cafés au Japon. Particulièrement faux. Il n’y a même que ça. Bien plus que de bistrots en France. La vie nocturne continue toute la nuit à Tokyo. Faux. Les boites de nuit ouvrent à six heures du soir et ferment à minuit. A une heure du matin tout le monde est couché. Tokyo est la capitale la plus bruyante du monde. Faux. Rome l’est quatre fois plus. Tokyo est la capitale du néon. Vrai. L’incroyable politesse japonaise dans les rapports commerciaux. Peut-être vrai, mais c’est indiscernable pour moi. Dauman l’est vingt fois plus (poli). Les femmes rient tout le temps, les hommes jamais. Vrai. *** J’ai été à Hiroshima. 14 Oui, je disais donc : j’ai été à Hiroshima. J’ai bien trouvé : l’Hôtel. C’est le « New Hiroshima Hotel ». C’est le seul où la Française peut habiter d’une manière vraisemblable. Il donne à la fois sur le Musée, la place de le Paix, le Cénotaphe et au loin on voit le dôme du Palais de l’Industrie. Les chambres du premier étage sont entourées à l’extérieur d’une espèce de plateforme en béton sur laquelle Riva peut prendre son café. Cette plateforme donne sur un parc un peu macabre, où des gens dorment la nuit et où passent de nombreux cyclistes (mais deux par deux, pas en essaim). Toujours de cette plateforme, on aperçoit le fleuve et un pont. L’Hôtel ne comporte pas d’ascenseur mais d’admirables escaliers. Il y a aussi un bar mais qui ferme à dix heures du soir. Les chambres comportent deux ou un lit. Une salle de bain, mais tout à fait internationale qu’elle est, la baignoire. Devant l’Hôtel, c’est calme. Il y a seulement des taxis qui viennent prendre les voyageurs. Mais rien ne nous empêche d’inventer deux Japonais se poursuivant à scooter ou un hélicoptère très bruyant qui décolle et se pose sans arrêt sur la Place. (Je l’ai vu et entendu pendant tout mon séjour.) J’ai trouvé l’Hôpital et ses malades. Et les cartes de souffrance. Et les ruines des temples sur la colline, et l’herbe qui repousse mal et les boutiques aux souvenirs, et les gens qui se font photographier devant le Cénotaphe, et les pierres grillées, et une ombre (très vague) et le marché aux poissons, et une veuve directrice de restaurant, et trois ou quatre fourmis, et l’autobus qui fait visiter la ville (mais c’est une guide et il y a très peu de touristes) et la tasse de café le matin, et les ponts et les innombrables canaux. Et puis encore, en plus, la fondation Moriss où se réunissent les rescapés. Et les arbres replantés qui paraissent ne pas pouvoir repousser. Et les pierres d’un temple à côté de celui-ci reconstruit en ciment armé. Et des milliers de lotus qui ont remplacé les pièces d’eau où vivaient des carpes géantes avant le 6 août. Et un orphelinat où grandissent une dizaine d’enfants. Et une mairie à la façade brune, pelée. J’arrête pour aller déjeuner. Un temps. *** Dès mon débarquement j’ai demandé à voir un film d’Okada. On m’a déconseillé d’aller voir celui qu’on donnait à Tokyo car c’était dans un cinéma trop éloigné et trop louche. Devant mon insistance après un voyage de près d’une demi-heure en taxi (comme vous le savez, il n’y a pas de noms de rue et le chauffeur est obligé toutes les cinq minutes de descendre faire une enquête pour savoir s’il est dans la bonne direction) nous sommes arrivés dans un village où, dans une salle remplie à craquer (il y avait même un jeune garçon installé sur la scène, c’est-à-dire dans l’écran qui, de temps à autre, allait chatouiller le visage des comédiens de ses doigts sans que le public manifeste la moindre désapprobation) j’ai pu enfin voir apparaître notre héros en civil. Depuis, je l’ai vu dans deux autres productions. (Au Japon, paraît-il, on ne conserve pas les films. Il est donc très difficile de se faire projeter une production ancienne.) De cette triple expérience Okada me semble bien sortir vainqueur. Ouf ! Défauts : il est petit, un peu trapu, les mains et la démarche sont sans beauté particulière. Qualités : le regard est intelligent, le jeu très varié et précis (un peu style John Garfield), le sourire, très sympa, il gifle très bien, sait embrasser « western-style ». Il a énormément d’intensité contenue et peut brusquement éclater. Il rit et se marre très bien. Il sait aussi avoir l’air extrêmement tendre et pathétique. Les deux profils sont bons et il ne présente que rarement cette espèce de mollesse de la joue qui nous avait inquiétés à Paris. Autre bon point, c’est un acteur qui fait surtout du théâtre. Dans les rues de Tokyo, j’ai bien entendu, regardé tous les visages. Un seul m’a paru convenir à votre personnage. Or il était du type Okada. J’ai été voir jouer Mori Miki dont le visage vous avait séduite sur le calendrier la semaine dernière. Il est très beau, mais paraît avoir un jeu inexpérimenté […]. On ne l’imagine guère poursuivant Riva avec un tel acharnement. Une nuit doit lui suffire. Physiquement il aurait été un parfait Joseph du « Barrage ». J’ai vu aussi Akutagawa, le fils du romancier qui se suicide. Il est fin mais a je ne sais quoi de malsain qui ne collerait pas non plus. J’ai regardé une trentaine de photos d’acteurs divers. Aucun ne me paraît convenir. Restent, bien sûr, les inconnus ! Mais ça, ça me paraît trop dangereux étant donné le peu de temps autorisé pour le tournage. Détail marrant : on attaque hier dans le journal corporatif notre film sous prétexte que nous avons choisi Okada comme acteur, alors qu’il est communiste notoire ! Et que nous sommes tous des « reds ». J’ai rendez-vous avec Okada demain. J’attends ce moment avec une curiosité manifeste. Pas vous ? Adressez mon amical souvenir à Dyonis Mascolo. *** A Hiroshima, j’ai trouvé la maison qui pourrait être celle d’Okada. Elle est assez plaisante, car elle fait très villa de Neauphle. Et ne possède pas le moindre pittoresque. *** Pour la commémoration du 6 août, il n’y a pas de défilé d’aucune sorte. La population d’Hiroshima se rassemble simplement sur la place de la Paix. Il y a des discours et des colombes. C’est tout. Je vais donc voir avec un décorateur si on peut inventer avec les moyens du bord un faux défilé qui serait, soit inventé par les réalisateurs du film, soit un défilé folklorique d’Hiroshima (il y a trois festivals à Hiroshima : au printemps, en août, en novembre). Réunir la figuration nécessaire pour ce défilé parait impossible. Manque de yens. Mais là encore je ne veux pas être pessimiste. *** Le 6 août les enfants n’étaient pas à Hiroshima en général. Les bombardements répétés avaient contraints les écoles à se replier dans la campagne. Le café au bord du fleuve existe bien. Il y en a même deux. Les tables et les sièges correspondent exactement à la mise en scène que nous souhaitons. Pour des raisons de commodité, je tournerai sans doute la scène en studio. Pas vu de juke-box, mais comme il y en a paraît-il beaucoup au Japon on peut en ajouter un sans scrupules. De toutes façons, tous les bars sont équipés de pick-up avec petits haut-parleurs au-dessus des tables. On boit du café ou du thé glacé, plus rarement du saké (qui est devenu mon vin, alcool préféré), de la bière et du whisky. *** Il y a beaucoup de boîtes de nuit. Dont trois immenses. L’une d’elles « Le Casablanca » me paraît très bien convenir. Faux rochers, faux palmiers en alkathène, cascades, jets d’eau, petites passerelles qui enjambent des cours d’eau avec poissons rouges, etc. Mais deux problèmes. Le premier : il faudra payer une redevance aux « racketeers » du coin si l’on veut tourner. Le second plus grave : comme toutes les boites, elle ferme à minuit. Donc impossible d’y voir se lever l’aube. C’est dommage car son toit est en matière plastique transparente et l’aspect du décor doit devenir absolument innommable-admirable au lever du jour. Je vais donc voir avec les Japonais si on peut faire une entorse à la vérité sur ce point. *** 15 La Gare porte en lettres au néon les mots « Hiroshima Station » qui se détachent très nettement sur le ciel. La salle d’attente, le hall plus exactement, est tout à fait conforme à ce qu’on pouvait souhaiter. Un peu plus animé que prévu, mais ce n’est pas un mal. De nombreuses familles y passent la nuit à dormir (ainsi que sur la pelouse qui est devant la Gare). C’est très éclairé, la buvette reste ouverte en permanence ainsi que les marchands de gâteaux et le kiosque à journaux. Le tout est assez cauchemardeux. Dommage qu’on ne puisse pas y tourner vraiment. J’espère trouver aussi bien près de Tokyo (dans une gare désaffectée). *** La place de la Gare à l’aube avec ses enseignes au néon éteintes est proprement hallucinante. *** Une nuit, m’identifiant consciencieusement à votre héroïne, je me suis levé à trois heures et demie du matin et j’ai été de l’Hôtel à la Gare en passant par le café, la place de la Paix, le quartier des boîtes, le Palais de l’Industrie, etc. En errant ainsi, je n’ai pu m’empêcher de penser que « c’était pas tous les jours ». J’ai noté beaucoup de bruits intéressants qui vont servir dans le film. Particulièrement l’appel mélancolique (style un peu cornemuse) du marchand de nouilles. *** Avez-vous une idée sur la teinte du complet de Okada dans le film ? *** A Hiroshima on peut aussi louer de petites barques et se laisser descendre vers le Pacifique. Mais je crois qu’il y a avantage à ne pas quitter le café du fleuve pendant tout le IV afin d’accentuer le côté théâtre. *** J’ai vu le Musée à Hiroshima. Il y a tout un côté barreaux de prison qui est exploitable. Les mannequins ne sont pas en cire, mais en carton bouilli (ce sont des mannequins de grands magasins) et se trouvent placées dans des vitrines. Mais on doit pouvoir modifier un peu la phrase sur le touriste. *** J’aimerais bien savoir ce qu’ont donné vos entretiens avec Riva et Baudrot. Est-ce que Riva a commencé à apprendre son texte par cœur ? *** On ne sait pas encore si Okada jouera en japonais. Certains disent qu’il serait incapable d’apprendre le texte français. Demain on saura. *** Riva pourrait-elle se maquiller elle-même, pour le film, dans la chambre d’hôtel sans que ce soit invraisemblable ? Ca aiderait bien la mise en place (encore que pas très neuf). Et puis ça pourrait donner 16 une certaine dureté à ses « Non », ce qui ne serait pas mauvais. En analysant la continuité du 26 juillet, j’ai trouvé un total de 357 plans à tourner ici ! Hâte de connaître le résultat du devis. *** On m’apporte une enveloppe de Paris. C’est votre nouvelle continuité. Merci. J’arrête donc brutalement cet essai de correspondance. Je vais me mettre au travail tout de suite. Donnez-moi beaucoup de nouvelles. Affectueusement : Alain P-S : Voici les premières photos prises par moi à Hiroshima *** Déjà Mercredi, déjà le 6 août ! Comme vous pouvez le voir de vos propres yeux, j’ai réellement rencontré Okada Eiji. Rassurez-vous, il ne ressemble pas du tout à cette image (pas plus que moi j’espère !). Rien à ajouter à ce que je vous ai écrit Dimanche sur lui. Qualités et défauts sont bien ceux prévus. S’il peut jouer le rôle avec les regards, les gestes, les rires et les jeux de physionomie qu’il a utilisés au cours de notre entretien, c’est gagné pour nous. Je peux ajouter qu’il paraît d’un commerce très agréable et dégage beaucoup de chaleur humaine. Il veut même essayer de prononcer le rôle en français. En tout cas ce sera dommage de le doubler car sa voix est très belle. Samedi, il nous donnera sa réponse après lecture du scénario. Comme dates de tournage il n’y a pas de problèmes pour lui. *** Continuant à appliquer ma technique du désordre je passe brusquement, sans la moindre transition, sans le moindre enchainé (ON COUPE) au résultat de la lecture de votre continuité du « 26 juillet ». Je prends quand même le temps de vous féliciter de votre travail et du soin que vous avez apporté à fusiller les lièvres. Je crois qu’il n’en reste plus beaucoup à massacrer. Bon. « Starti » comme on dit ici. *** PREMIER ACTE Montrer Riva dans l’hôpital et ailleurs peut nous coûter dans les 800 000 yens. Je crois avantageux de transporter cet argent dans la scène du café du fleuve, par exemple, ou le défilé. Page 3. A Hiroshima, il y a peu de touristes, peu d’acheteurs de souvenirs. Je vous propose donc de jouer sur cette absence. Et d’ajouter un adjectif ou une phrase là-dessus. Page 4. On ne peut toucher les mannequins puisqu’ils sont dans des vitrines. Pourrait-elle dire soit qu’on a mis ces mannequins sous verre pour empêcher les touristes de les toucher, soit « Certains font le geste de (veulent, essayent) toucher la cire » ? Page 9. En août 1945, un Japonais était forcément mobilisé. Il doit donc répondre quelque chose dans le genre de « Je faisais la guerre. J’étais soldat » ou « On m’avait arrêté ». De toute façon, ça enchaine plutôt mieux avec la réplique qui suit. Page 9 et 10. Je ne sais pas encore si je supprime là les allusions au film mais j’aimerais bien avoir en réserve deux ou trois répliques dans le sens de : « J’étais à Tokyo. Une tournée théâtrale. On cherchait une Européenne ! » *** Depuis Dimanche on se bat pour essayer de sortir des mains de la douane votre voix sur « magnetic tape ». Dieu sait pourtant que j’ai hâte de l’entendre, votre voix ! *** J’attends toujours de connaître le devis réel du film. Remarquez que les discussions entre les différents producteurs du film ne sont pas sans rapport avec les dialogues de Raymond Roussel. Ce qui explique bien des choses. On me dit aussi qu’en japonais il n’existe aucun mot pour dire oui ou non. *** DEUXIEME ACTE Page 17. Pourriez-vous ajouter quelque chose à « De la politique » ? Dans le genre de : « De l’architecture… et puis surtout, de la politique. » Je suis certain désormais qu’il n’est pas ingénieur. Prêtre défroqué à la rigueur… *** Page 18. Y aurait-il pas avantage à coller les répliques sur le film qu’elle tourne avant celles sur la politique, de façon à les synchroniser avec le costume d’infirmière ou le maquillage ? Etes-vous d’accord pour qu’elle se maquille elle-même ? Je crois que toute la dernière scène y gagnerait, y compris leur fou rire. Et puis si elle est maquillée elle peut, soit ne pas se laisser embrasser, soit laisser des traces de rouge sur son bras à lui, soit donner à son visage à elle quelque chose d’un peu inquiétant. A tout hasard j’aimerais bien avoir une réplique d’Okada genre « Tu te maquilles toimême ? » Riva « Oui. J’aime mieux. Ca me …………………….. » Reste que la réplique sur la vie utile et inutile est encore trop lourde, trop longue. Pourtant, je voudrais bien garder celle de l’arbre. Page 12. Je ne sais pas encore si des salles de bains japonaises existent mais je crois qu’on pourrait leur faire prendre une douche ensemble. Ce serait peutêtre meilleur car moins « couleur locale », non ? Page 22. Si on remplaçait « quinze jours » par « un mois » et « France » par « Paris » ? *** QUATRIEME ACTE (Génial) Page 40. Je me demande si la répétition de « Nevers » quand elle boit (« Nevers » au lieu de « là ») n’était pas une bonne chose. Vous ? Page 45. Je trouve la tonte à la tondeuse de coiffeur peut être plus impressionnante comme image. Plus véridique sûrement. Mais là n’est pas la question. Qu’avez-vous su sur le rasoir et son emploi ? Page 52. La réplique sur la France me paraît encore ambiguë. Ne pourrais-je en avoir une autre plus catégorique de rechange. Ce serait tout de même trop bête d’être compris exactement dans l’autre sens ! Page 52. Commençant à dix-huit heures, la vie nocturne s’arrête à vingt-trois heures au Japon. Il faudrait donc un peu modifier. Les enseignes au néon, elles, marchent presque toute la nuit. Certaines ne s’éteignent qu’à l’aube. A un moment peut-être peut-elle dire une phrase dans le genre « J’aime marcher la nuit dans les villes étrangères en suivant les lumières » ou sans préciser « J’aime les villes où le soir tout le monde marche dans la rue ». Il n’y a pas de canots à moteur sur le fleuve, mais des espèces de péniches au moteur sourd et très lent. Très beau. *** CINQUIEME ACTE (Emouvant) ou (Bouleversant) Page 55. Ne serait-il pas possible de simplifier les cinq premières lignes (sur la durée du temps, etc.) au cas où Riva n’arriverait pas à les dire bien ? Reste la scène « optionable ». Boîte de nuit, café de la Gare, ou bar de l’Hôtel. Si nous utilisons un voyageur ou un patron du café ou le propriétaire de l’Hôtel, il me faudrait un petit choix de répliques pour le dialogue anglais. Devant la Gare, il y a une pelouse où des gens dorment entassés, allongés sur de vieux journaux. Peut-être cela peut nourrir quelques phrases du monologue intérieur de Riva. Ou faire se dérouler là, la scène de la place de la Paix. 17 *** Pour ne pas manquer le départ du courrier, je ne vous parlerai pas dans cette enveloppe de l’acte trois. Ce sera pour demain matin. *** Mercredi 20 août. Nuit. J’ai achevé samedi dernier le découpage du film. J’aboutis à 480 plans y compris les documents d’actualité et Nevers. Une semaine juste pour établir un découpage c’est, évidemment, parfaitement déraisonnable, pas moins sans doute d’écrire un scénario en deux mois ou envisager de tourner la partie Hiroshima en un mois. Mais je me dis que c’était ça ou rien. Alors … L’étroitesse du devis dans lequel nous devons vivre m’a poussé à faire quelque chose de très simple et je me suis refusé à toute acrobatie technique. Je n’oublierai pas ces étranges journées passées dans ma chambre en compagnie de votre voix et de deux poupées articulées en bois chargées de remplacer Riva et Okada. En un sens ça me rappelait un peu les jours que j’ai passés autrefois dans un couvent de Dominicains. Pas d’extase mystique dans les deux cas ! Mais tout de même très ému par le quatrième acte. Puissent les spectateurs … comme on dit. *** C’était drôlement émouvant et impressionnant pour moi votre lettre magnétophonique. J’ai décidé de me la jouer tous les soirs pendant le tournage. *** Je ne saurais pas vous dissimuler que j’attends avec impatience votre réponse à mes deux dernières lettres. Okada est en train de tenter le tour de force d’apprendre par cœur le texte en français afin de faciliter notre doublage. Tous les changements posent du coup pour lui d’énormes difficultés. Donc, plus tôt vous me les enverrez… Je ris en pensant que j’arrive à vous gâcher vos vacances. D’après la description de Sylvette Baudrot vous aviez pourtant l’air bien rassurée. *** Page 14. Toujours pas satisfait (je suis casse-pieds hein ?) de la réponse à « Qu’est-ce que c’était pour toi Hiroshima ? ». J’aime bien le sens de « C’était loin. Et puis, c’étaient des Jaunes, etc. » mais sous cette forme ça fait trop démonstration. Sans doute faut-il développer, la nourrir plus. *** Page 45. Donnez-moi vite des précisions sur l’emploi du rasoir ou de la tondeuse puisque certaines phrases du texte en dépendent. *** Je termine aujourd’hui les répétitions avec Okada. Je le crois un très bon acteur. Si le problème qui consiste à passer par un interprète pour communiquer (ce qui 18 enlève toute spontanéité à mes indications) n’existait pas je serais tout à fait tranquille de ce côté-là. J’avoue quand même que c’est miraculeux d’être tombé sur un comédien qui vous connaissait déjà de nom, qui a joué (au théâtre) Tchekhov, Strindberg, Maxwell Anderson, Saroyan, Tennessee Williams, Roger Vailland , et qui nous pose des colles sur les théories de Sartre sur le roman. Je ne sais pas encore si on va pouvoir utiliser sa véritable voix, mais il fait chaque jour de tels progrès que la question va sans doute se poser. Riva est ravie de l’avoir pour partenaire. *** Mardi 26 août. Aujourd’hui grand drame à la production. Le devis a été établi. Il dépasse du tiers la somme de yens dont nous devions disposer. Les propos amers que vous imaginez ont été comme il se doit échangés. Ca faisait très vrai film. Après avoir étudié le problème avec Baudrot on a décidé de commencer quand même. Même si on n’arrive pas à tourner entièrement le film il vaut mieux en ramener le plus de morceaux possibles. Et peut-être avec un peu de chance… Baudrot a établi un plan de travail qui va nous permettre de porter les « sacrifices » sur le défilé. J’ai souvent dit qu’il valait mieux tourner un sujet intéressant sans moyens plutôt qu’un « policier » avec un temps de tournage normal. Me voilà obligé de pratiquer ma morale. Après tout, nous n’avons pas fini le travail sur le scénario à Paris. Alors peut-être l’ensemble aura-t-il le charme des esquisses (lesquelles, chacun le sait, valent toujours mieux que les tableaux achevés). D’autant plus hâte d’être au tournage pour vous voir […] A vous, comme à Gérard, je souhaite un beau « voyage au Portugal ». Toute mon amitié Alain Resnais Alain Resnais to Marguerite Duras : Correspondence August 1958 (Extracts) Alain Resnais had to fly to Japan before the screenplay was even finished to start scouting for film locations and choose his lead male character. He wrote regularly to Marguerite Duras, giving his detailed impressions, and sent photos that he took as he discovered the places he would use in his film. In return, she sent the continuity suggestions she’d been working on and several audio tapes on which she’d recorded moderato cantabile in true Duras style. All of Alain Resnais’ letters, given by Jean Mascolo to I.M.E.C. (The Institute for the Remembrance of Contemporary Publishing) for safekeeping, have been reproduced in facsimile for the DVD’s booklet of Hiroshima mon amour, distributed by Arte France Développement and Argos Films, and have equally been published by Editions Gallimard in the book “You’ve seen nothing of Hiroshima”. Here are a few excerpts which illustrate the close and friendly collaboration between the two authors. Sunday 3rd August. Dawn (1958) Dear Margrot Dora (as the “Japan Times” calls you), (…)What seems to terrify the Japanese producers the most is our wanting to shoot in the city of Hiroshima itself and in real locations. It poses some quite specific problems: we can’t shoot in a train station as it could bother people travelling. We can’t shoot in a hotel as it could bother other clients. We can’t shoot in the streets at night as it could bother the gangsters. But that doesn’t mean we won’t manage to. *** Amid everything we’ve been told, some things are true and, of course, some are false. For example: a European can’t like Japanese food, which in any case isn’t any good. False. I’ve never experienced such a culinary feast. Tokyo is very Americanised. Everything is bilingual. False. There are only twenty street signs in the whole city and the metro map is solely in Japanese characters (meaning it’s rather tricky to use). There aren’t any cafés in Japan. Absolutely false. There are many more bistros than in France. The Tokyo nightlife carries on all night long. False. Nightclubs open at six o’clock in the evening and close at midnight. Everyone’s in bed by one o’clock in the morning. Tokyo is the noisiest capital in the world. False. Rome is fourfold noisier. Tokyo is the city of neon lights. True. Japanese shopkeepers are incredibly polite. Maybe, but it’s indiscernible to me. Dauman is twentyfold (more polite). The women laugh all the time, the men never do. True. *** I went to Hiroshima. Yes, so I was saying: I went to Hiroshima. And I’ve found the Hotel. It’s the “New Hiroshima Hotel”. It’s the only one where we could imagine the French woman realistically staying. It’s overlooking the Museum, the Peace Square, the Memorial and, in the distance, the Dome of the Industrial Promotion Hall. The rooms on the first floor have a kind of concrete balcony outside where Riva can drink her coffee. The balcony overlooks a rather gruesome park where people sleep outside at night and where many cyclists ride by (always in twos, never in groups). From that same balcony, we can also see the river and a bridge. The Hotel doesn’t have a lift but a wonderful flight of stairs. There is also a bar but it closes at 10 o’clock in the evening. The rooms have either one or two beds. A bathroom, and as it’s quite international, a bath. It’s calm in front of the Hotel. The only cars that draw up are taxis for clients. But there’s nothing to stop us from inventing two Japanese scooters chasing one another or an extremely noisy helicopter taking off and landing in the Square. (I have seen and heard one throughout my stay here). I have found the Hospital and its patients. And the pain management cards. And the temples’ ruins on the hill, and the grass struggling to grow back and the souvenir shops, and the people having their picture taken in front of the Memorial, and the burnt stones, and a shadow (very vague) and the fish market, and a widowed restaurant manageress, and three or four ants, and the sight-seeing bus (but the guide’s a woman and there are very few tourists) and the morning cup of coffee, and the bridges and the countless canals. And there’s also The Morris Foundation where survivors meet up. And the newly planted trees which don’t seem to be able to grow. And the stones of a temple next to the one rebuilt in reinforced concrete. And the thousands of lotus flowers which have replaced the ornamental lakes that were full of giant carps before August 6th. And an orphanage where a dozen children 19 are growing up. And a town hall with a brown, peeling façade. *** I’m taking a break for lunch. A pause. *** As soon as I arrived, I asked to see one of Okada’s films. I was advised against going to see the one being shown in Tokyo because the cinema was too far away and too seedy. However, I insisted, and after a half-hour taxi journey (as you are aware, street name signs are practically non-existent so the taxi driver had to get out every five minutes to ask around to see if he was heading in the right direction) we arrived in a village where, in a packed cinema (there was even a small boy sitting on the stage, yes, right in front of the screen and who, from time to time, went to tickle the actors’ faces without raising the slightest objection from the audience) I finally managed to see our hero out of uniform. Since then, I’ve seen him in two other films. (Apparently, in Japan, they don’t keep films, so it’s very difficult to screen an old film). I feel Okada emerges from this triple experience victorious. Phew! Faults: he’s small, rather stocky, his hands and gait are somewhat nondescript. Qualities: he has an intelligent look in his eyes, his acting is varied and precise (his style’s a little like John Garfield’s), his smile, very nice, he knows how to slap someone in the face, and can kiss “western-style”. He has a lot of restrained intensity and can suddenly explode. He has a very good laugh. He also knows how to be extremely tender and moving. Both profiles are good and he only occasionally presents that weakness of cheek that we were so worried about in Paris. Another good point: he essentially does theatre work. I have of course been looking around at faces while walking through the streets of Tokyo. Only one seemed to fit your character. It so happened it was Okada’s type. As Mori Miki appealed to you after seeing his face on the calendar last week, I went to see him acting. He’s very handsome, but he seems rather inexperienced […]. It’s hard to imagine him relentlessly pursuing Riva. One night must be sufficient for him. Physically speaking, he would’ve been a perfect Joseph in “The Sea Wall”. I’ve also seen Akutagawa, the novelist’s son who commits suicide. He’s subtle but there’s something unsavoury about him that is unbefitting. I’ve looked at around three dozen photos of different actors. None of them seem appropriate. There are of course unknown actors! But I think it’s a little too risky considering the limited time they’ve allowed us to shoot. One amusing little detail: the corporative newspaper has attacked our film under the pretext we’ve chosen Okada to play in the film, when he’s a well-known communist! And they state that we are all “reds”! I’m meeting Okada tomorrow. I’m obviously very curious. Aren’t you? *** Please give my kind regards to Dyonis Mascolo. 20 *** I’ve found the house in Hiroshima that could be Okada’s. It’s rather pleasant, as it reminds me of the villas in Neauphle. And there’s nothing picturesque about it. *** For the commemoration of August 6th, there is no kind of procession whatsoever. The people of Hiroshima simply gather together on the Peace Square. There are speeches and doves. That’s all. I’m going to ask a set designer if we can’t manage to come up with some kind of fake procession, that could either be invented by the film’s directors, or we could use one of Hiroshima’s traditional processions (there are three festivals in Hiroshima: in spring, in August and in November). Getting enough extras together for a procession seems impossible. Lack of yens. But again, I don’t want to seem pessimistic. *** In general, children weren’t in Hiroshima on August 6th. Repeated bombings had forced schools into the countryside. There really is a riverside café. There are even two. The tables and chairs even correspond exactly to the miseen-scène we want. For convenience sake, I’ll probably shoot the scene in the studio. I haven’t spotted a jukebox yet, but apparently there are lots in Japan, so we don’t need to have scruples about putting one in. In any case, every bar has a record player with small speakers fixed above the tables. You can drink coffee or iced tea, sometimes sake (which has become my wine, my favourite alcoholic drink), beer and whisky. *** There are lots of nightclubs. Three enormous ones. I think one of them, “The Casablanca” will be perfect. Fake boulders, fake palm trees made out of alkathene, waterfalls, fountains, little bridges over ponds with goldfish, etc. But there are two problems: The first: we’ll have to pay the local “racketeers fees” if we want to film there. The second is more problematic: like all nightclubs, it closes at midnight. So it’s impossible to see daybreak. It’s a shame because the roof is in transparent plastic and the décor must become absolutely unspeakably-wonderful at dawn. So I’m going to see with the Japanese if we can’t bend the truth a little on that point. *** The Station is topped by neon letters, the words “Hiroshima Station” are clearly outlined against the sky. The waiting room, or hall to be more exact, is everything we could hope for. It’s a bit busier than I expected, but that’s not a bad thing. Many families spend the night there (sleeping on the lawn in front of the Station). It’s very well lit, the food and drinks stand is always open, just like the cake stall and newsstand. It’s enough to give you nightmares. Shame we can’t actually film there. I hope I’ll find one just as good near Tokyo (in a disused station). *** The square in front of the Station at dawn with its neon signs turned off is absolutely incredible. *** One night, conscientiously identifying with your heroine, I got up at half past three in the morning and went to the Station Hotel, going past the Peace Square, the nightclub district, the Industrial Promotion Hall, etc. As I was wandering around, I couldn’t help thinking that “it wasn’t at all commonplace”. I noticed lots of interesting sounds I can use in the film. Especially the melancholic cry (a bit like bagpipes) of the noodle man. *** Do you have an idea of the colour of Okada’s suit in the film? *** In Hiroshima, you can also rent little boats and let yourself drift down towards the Pacific. But I think it would be better not to leave the riverside café during Act IV in order to accentuate the theatrical side. *** I have seen the Museum in Hiroshima. One whole side of it has prison bars that we can use. The mannequins that have been placed in the windows aren’t made of wax, but of papier-mâché (they are mannequins from department stores). But we should be able to alter the sentence about the tourist. *** I’d like to know how your discussions went with Riva and Baudrot. Has Riva started learning her lines? *** We’re not sure yet if Okada will act in Japanese. Some say he’s incapable of learning the text in French. We’ll know tomorrow. *** Would it seem ridiculous to suggest that Riva does her own make-up for the film, in her hotel room? It would help tremendously the feel (even though it’s not a novel idea). And it could add a certain harshness to her “No’s”, which wouldn’t be a bad thing. *** Whilst analysing the continuity from July 26th, I found a total of 357 shots to do here! I can’t wait to find out how much the budget comes to. *** Someone has brought me an envelope from Paris. It is your latest continuity. Thank you. I am therefore brusquely breaking off this correspondence. I’m setting to work straight away. Send me lots of news. Affectionately, Alain P.S. Here are the first photos I’ve taken in Hiroshima *** Already Wednesday, already August 6th! As you can see with your own eyes, I’ve actually met Okada Eiji. Don’t worry, he looks nothing at all like he does in this picture (no more than myself, I hope!) I’ve nothing to add to what I wrote about him on Sunday. His qualities and faults are those anticipated. If he can play the role with the looks he gave, the gestures, the laughter and the expressions he used during our interview, we’re on to a winner. I might add that he is very pleasant company and he seems to be a very warm person. He even wants to try and say his text in French. In any case, it would be a shame to dub him as he has a beautiful voice. He’ll give us his answer on Saturday after the screenplay reading. He has nothing planned that clashes with our production dates. *** I shall continue to implement my disorderly technique, without the slightest transition, without the slightest fade in-fade out (CUT) following the reading of your continuity from “July 26th”. Though I shall take the time to congratulate you on your work and the care you have taken in anticipating problems. There must only be a few left. Well. “Starti” as they say here. *** ACT ONE Filming Riva in the hospital and other locations could cost around 800,000 yens. I prefer to put that money into the riverside café scene or, for example, the procession. Page 3. In Hiroshima there are very few tourists, very few people buying souvenirs. I suggest we play on that. And add an adjective or a sentence to emphasize it. Page 4. We can’t touch the mannequins as they’re in the shop windows. Could she say that they have put the mannequins behind glass to stop tourists from touching them, and “Some reach out to (trying to, wanting to) touch the wax”? Page 9. In August 1945, Japanese men were inevitably mobilized. So he must reply with something like: “I was in the war. I was a soldier.” Or: “I’d been arrested.” And anyway, it flows better with the lines that follow. Pages 9 and 10. I’m not sure yet if I should remove from here all allusions to the film but I’d like to have two or three phrases up my sleeve along the lines: “I was in Tokyo. On tour with a theatre company. We were looking for a European!” *** 21 We’ve been fighting since Sunday to get the audio tape of your voice out of the hands of Customs. God only knows how much I’m longing to hear your voice! *** I’m still waiting for the real budget of the film. You might remark that the discussions between the film’s different producers bear some relation to Raymond Roussel’s dialogues. Which explains a lot. I’ve also been told that there is no word in Japanese for yes or no. *** ACT TWO Page 17. Could you add something to “Politics?” Something along the lines: “Architecture… and then especially, politics.” Nevertheless, I am positive he’s not an engineer. A defrocked priest maybe… *** Page 18. Wouldn’t it be better to put the dialogue in about the film she’s doing before the dialogue about politics, and to synchronise that with the nurse’s uniform or the make-up scene? Would you agree to her doing her own make-up? I think it would improve the last scene and also when they laugh together. Besides, if she’s already made-up, she can use it as an excuse to not let herself be kissed, or leave lipstick on his arm, or create something a little unsettling with the make-up. And just in case, I’d like to have a line for Okada like: “You do your own make-up?” Riva: “I prefer doing my own. It….” The dialogue about a useful and pointless life is still too long, too clumsy. And yet I’d like to keep in the line about the tree. Page 12. I’m not sure yet if Japanese bathrooms exist but I think we could get them to take a shower together. It might be better as it would be a little less of a “local colour cliché”, don’t you think? Page 22. What if we put “a month” instead of “a couple of weeks” and “Paris” instead of “France”? ACT FOUR (Brilliant) Page 40. I wonder if the repetition of “Nevers” when she’s drinking (“Nevers” instead of “there”) isn’t a good thing. Your thoughts? Page 45. I think that the shaving scene with hairdresser’s clippers is much more upsetting. It’s surely more authentic. But that’s irrelevant. What have you found out about razors and how one uses them? Page 52. The line about France still feels too ambiguous. Couldn’t I have a much more categorical one instead? It would be a shame if it were completely misinterpreted! Page 52. The nightlife in Japan starts at six in the evening and ends at eleven at night. So that will have 22 to be altered slightly. Though the neon signs stay on nearly all night. Some are only lit up at dawn. Maybe, at one point, she could say something like: “I like wandering at night through towns I don’t know, just following the lights.” Or less specifically: “I like towns where everyone strolls through the streets in the evenings.” There aren’t any motorboats on the river, but there are barges with muted motors that go very slow. Very beautiful. ACT FIVE (Moving) or (Heartrending) Page 55. Would it be possible to simplify the first five lines (about the length of time, etc.) in case Riva can’t say them correctly? There’s still the “optional” scene. Nightclub, the Station café, or the Hotel bar. If we use a traveller or the café owner or the owner of the Hotel, I’m going to need a choice of lines for the English dialogue. There’s a lawn in front of the Station where people sleep at night, all crammed together, lying on old newspapers. Maybe that could fuel some phrases for Riva’s inner monologue. Or maybe the Peace Square scene could take place there. *** I won’t discuss Act Three in this envelope as I don’t want to miss the mail. That’s for tomorrow. *** Wednesday 20th August. Night. I finished the shooting script last Saturday. I’ve calculated there are 480 shots, including the news bulletins and Nevers. Drawing up a shooting script in just one week is obviously totally unreasonable, but probably not as unreasonable as writing a screenplay in two months or considering shooting the whole Hiroshima section in one month. But I thought it was either that or nothing. So… The tight budget with which we’re going to have to survive on has encouraged me to do something very simple, and I will refuse any technical gymnastics. I will never forget these strange past few days spent in my room, your voice for company, and two articulated wooden dolls standing in for Riva and Okada. In a way, it’s reminded me of the time I spent long ago in a Dominican convent. There wasn’t much mystical ecstasy in either situation! But I was very moved by the fourth act. We can only hope the audience will be too. *** I found your audio tape extremely moving and impressive. I’ve decided I will listen to it every evening during the film shoot. *** I won’t conceal the fact that I’m impatient to hear your response to my last two letters. Okada is attempting the amazing feat of learning his lines in French to make the dubbing easier for us. So the slightest change is extremely difficult for him to overcome. Therefore the earliest you can send it to me… It makes me smile to think I’m ruining your holidays. According to Sylvette Baudrot, you seem to be taking it all in your stride. *** Page 14. I’m still not satisfied (I’m a pain in the neck, aren’t I?) with the reaction to “What was Hiroshima to you?” I like the sense of: “It was far away. And, you know, they were Japs, etc.” But formulated like that, it’s much too obvious. It needs more development. *** Page 45. I need you to clarify for me, and soon, how the razor or clippers will be used, as certain lines in the text depend on it. *** The rehearsals with Okada end today. I believe he’s a very good actor. If there wasn’t the problem of going through an interpreter to communicate with him (which does away with all spontaneity where my indications are concerned), I’d be much more at ease. I admit it’s incredible to come across an actor who’d heard of you, who has played (in theatre) Chekhov, Strindberg, Maxwell Anderson, Saroyan, Tennessee Williams, Roger Vailland, and who gives us mock exams on Sartre’s theories on the novel. I’m not sure yet whether we can actually use his voice, but he makes so much progress every day that we will most probably have to make that decision. Riva is thrilled to have him as her partner. *** Tuesday 26th August. Today, there was a big drama at the production office. The budget has been completed. It goes a third beyond the budget of yens we’ll have available. You can imagine the bitter words exchanged. It was very much like a real film. Having taken a closer look at this problem with Baudrot, we’ve decided to go ahead nonetheless. Even if we don’t manage to film entirely everything, it’s better to bring back the most we can. And maybe, with a bit of luck… Baudrot has drawn up a shooting schedule that will provide savings for the procession. I’ve often said that it’s better to film an interesting subject with little financial means rather than a “detective film” with a standard film schedule. I now have to practice what I preach. After all, we haven’t finished working on the screenplay in Paris. Maybe the film as a whole will have the charm of a sketch (which everyone knows are always better than finished paintings). I can’t wait to be on the film set to see you […] I hope both you and Gérard have a very nice “trip to Portugal”. All the very best, 23 Alain Resnais Les carnets de tournage de Sylvette Baudrot, scripte du film The script supervisor, Sylvette Baudrot’s film shoot notebooks 24 25 26 27 28 Extrait des carnets de tournage - Source : Cinémathèque Française - © Sylvette Baudrot Excerpts from the shooting booklets 29 Photos de tournage d’Emmanuelle Riva Photos taken by Emmanuelle Riva during the film shoot 30 31 32 33 Photos © Emmanuelle Riva - Collection Cinémathèque Française 34 Le Film The film 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 Photogrammes issus de la version restaurée du film Images from the film’s restored version © Argos Films 53 La Sortie en 1959 The Release in 1959 Au Festival de Cannes de 1959, la France est représentée par Orfeu Negro, deuxième film de Marcel Camus,qui reçoit la Palme d’Or, et par Les Quatre Cents Coups, de François Truffaut, à qui le prix de la mise en scène est accordé. Mais c’est Hiroshima mon amour, présenté hors compétition, qui enthousiasme la critique française, anglosaxonne, italienne et allemande, et bénéficiera d’une carrière commerciale tout à fait inattendue pour un film aussi original tant par sa forme que par son contenu. Cette même année, une série de premiers films s’affichent dans les salles d’exclusivité des Champs-Élysées. Sont présentés au public, à quelques semaines d’intervalle, les deux premiers films de Claude Chabrol : le Beau Serge puis les Cousins ainsi que le premier film de François Truffaut Les Quatre Cents Coups. La nouvelle vague s’annonce... At the Cannes Film Festival in 1959, France was represented by Orfeu Negro (Black Orpheus), Marcel Camus’ second film, which won the Palme d’Or and by François Truffaut’s Les Quatre Cents Coups (The 400 Blows). But it was Hiroshima mon amour, screened in the Out of Competition section, that enthused the French, AngloSaxon, Italian and German critics. Its ensuing commercial success was completely unexpected due to its original style, structure and content. That same year, a series of first features was screened in the exclusive cinemas on the Champs-Elysées. Claude Chabrol’s first two films, Les Cousins and Le Beau Serge, released just a few weeks apart, as was François Truffaut’s first film Les Quatre Cents Coups. The French New Wave was coming… 55 56 57 58 59 60 61 62 Sources (pages 56 à 63) : Institut Lumière / Fonds Argos et Bibliothèque Raymond Chirat - DR 63 Hiroshima vu par… Hiroshima seen by… Extraits d’un texte inédit de Maurice Pialat « Dimensions pour mouvements » A paraître dans le numéro de POSITIF juin 2013 Parfois, ce qui nous arrive, on veut l’avoir souhaité. La fin de ce film est la quête de l’oubli, mais en même temps de l’inoubliable : car elle restera longtemps à ce souvenir ; ce qu’elle a refusé par peur de l’oublier. L’émotion ne peut naître du refus du souvenir. Les poètes seuls disent la vérité. (…) Nous aimons qu’Emmanuelle Riva soit comme mille femmes ensemble. Le premier contact avec une grande comédienne (Toi !) est toujours inquiétant ; de cette inquiétude qui vient de l’expression nouvelle, au-delà des habitudes reconnues mais que le cœur accepte non sans une légère crispation. (…) Aucune autre ne pouvait montrer un instant du monde, de notre monde avec plus de vraisemblance. C’était ça, ou l’œuvre entière coulait dans le mensonge ; mensonge si fréquent qui peut faire illusion quelques temps. Il n’y a pas une jeune femme plus réelle que cette comédienne. (…) Ce jeu est né de la confiance accordée par le réalisateur à la femme, au-delà de la comédienne. Extraits reproduits avec la gracieuse autorisation de Sylvie Pialat et de la Cinémathèque Française. Extracts from a previously unpublished text “Dimensions for Movements” by Maurice Pialat To be published in the June 2013 issue of POSITIF We sometimes wish we’d hoped for what happens to us. The end of the film is as much about trying to forget as it is about the quest for the unforgettable: for a long time she will hold onto that recollection; from which she turned away through fear of forgetting. Emotion cannot be born of shunning memories. Only poets tell the truth. (…) We appreciate that Emmanuelle Riva is one thousand women all in one. The first contact with a great actress (You!) is always unsettling: that kind of tension arising from the new exchange, beyond familiar habits, and which the heart may accept but not without a touch of reserve. (…) No other could show such a glimpse of the world, of our world, with such realism. It was either that or the whole film slipped into lies; lies so frequent they can be deceptive for a while. There is no other young woman more real than this actress. (…) Her acting arises from the trust the director puts in the woman, beyond the actress. Excerpts reprinted by kind permission of Sylvie Pialat and the Cinémathèque Française. 65 La Restauration The restoration 54 ans après sa sortie en salle, Hiroshima mon amour a été restauré entièrement en 4 K. Un travail long et complexe. Le négatif caméra a été utilisé pour le tirage de nombreuses copies d’exploitation, subissant ainsi des dommages physiques d’usure. Certaines parties de ce négatif sont très abîmées, et deux bobines sont complètement rayées. Huit plans de ce négatif image avaient été remplacés par des contretypes ; il n’a pas été possible d’en déterminer la cause ni de dater cette intervention mais la perte de définition due à ces éléments de deuxième génération apparaîssait clairement . Nous avons décidé de restaurer ces huit plans à partir d’un marron de première génération. Les bobines 9 et 10, particulièrement rayées et atteintes d’une dégradation chimique avec des auréoles très visibles, ont été numérisées par immersion. Ce procédé a permis d’atténuer sensiblement ces défauts, sans toutefois les faire disparaître complètement. Environ 1700 heures de palette numérique ont été nécessaires. En ce qui concerne le nettoyage numérique le choix s’est porté sur une intervention légère pour les images d’archives, afin de préserver les différences entre ces passages et les images tournées par Resnais. Une particulière attention a été réservée au respect de la texture du film, dont les caractéristiques changent selon que les scènes aient été tournées au japon ou en France, ou selon les différents choix de pellicules montées dans le négatif image. L’objectif de cette restauration était de respecter pleinement l’esthétique originale du film. L’étalonnage a été effectué sous la direction de Renato Berta a pu être réalisé grâce à l’expérience de ce chef opérateur et en référence constante à une copie d’exploitation. La restauration du son a été réalisée, selon le souhait d’Alain Resnais, de la manière la plus transparente possible, dans le respect des sonorités de la copie positive qui a été, dans ce domaine également, une référence fondamentale. 54 years after its first release, Hiroshima mon amour has been completely restored in 4K resolution, which was a long and complex process. The original camera negative was used to make numerous release prints for distribution, causing serious wear and tear on this element. Certain parts were seriously damaged and two reels were completely scratched. Eight shots in the original camera negative were in fact dupes. It’s not been possible to find out why, nor put a date on when it happened, but the loss of definition, owing to these second-generation images, was obvious. We therefore decided to restore those eight shots from a first-generation fine grain master. Reels 9 and 10, which were very scratched and had suffered chemical degradation, resulting in large rings on the image, were wetgate digitized. Using this process, we managed to greatly reduce the problems with around 1,700 hours of VFX (visual Fx software) but not to completely eradicate them. Digital cleaning was used ever so slightly on the archive footage to keep the differences between that footage and the scenes shot by Alain Resnais. We took particular care in keeping the film’s texture, the characteristics of which vary depending on whether the scenes were shot in Japan or in France, or what kind of film stock was edited in the original negative. The aim of the restoration was to rigorously respect the film’s original aesthetic qualities. Colour grading was supervised by Renato Berta (cf. Renato Berta’s interview), and was possible due to his experience as chief cameraman and by constantly referring to a release print. The sound restoration followed Alain Resnais’ intentions, respecting the original densities as they were displayed in the release print. This also proved to be essential in this sphere of the restoration process. Davide Pozzi Directeur du laboratoire L’Immagine Ritrovata Manager of L’Immagine Ritrovata, film restoration laboratory 67 Préserver l’hétérogénéité photographique du film A la demande d’Alain Resnais, Renato Berta, chef opérateur, a supervisé tous les travaux d’étalonnage de la restauration à Bologne. Il nous fait part de ce singulier voyage au cœur du film. « Les éléments desquels nous sommes partis pour la restauration proviennent de trois sources : les négatifs originaux, tournés par les chefs opérateurs Sacha Vierny en France et Takahashi Michio au Japon, des internégatifs des plans truqués (les fondus, les fondus-enchaînés…) et une série de plans d’archives. Avec Hiroshima mon amour, on n’est pas dans un cinéma classique où la photographie est la même du début à la fin. La narration de ce film est parfaitement linéaire mais basée sur une non-continuité photographique temporelle et géographique. Les parties liées au souvenir tournées en France n’ont rien à voir avec celles liées au présent tournées au Japon, qui plus est, avec deux chef opérateurs différents. Cette hétérogénéité photographique contribue parfaitement au système de lecture du film et c’est ce qu’il a fallu préserver. Grâce à la chaîne numérique, on dispose désormais de plusieurs possibilités pour gérer des paramètres physiques et photographiques, ce que la chaîne photochimique ne permettait pas auparavant. On doit donc comprendre le film en respectant les intentions des différents intervenants qui ont contribué à sa fabrication. Cela a été la ligne de conduite que nous avons adoptée pour cette restauration : facile à dire, mais pas toujours évidente à faire. Nous nous sommes interrogés tout au long du travail d’étalonnage au sujet de la qualité des différents supports qui étaient à notre disposition, surtout en ce qui concerne la continuité photographique de l’ensemble du film mais aussi de la non continuité : je fais référence aux images des souvenirs d’Emmanuelle Riva que l’on retrouve tout au long du film. Il a fallu gérer le contraste et la densité des différents supports. Ayant tourné quatre films*, en tant qu’opérateur, avec Alain Resnais, j’avais tiré de ces expériences quelques éléments qui me permettaient de faire des choix avec une certaine aisance, avec aussi la possibilité d’utiliser le téléphone pour en discuter directement avec Alain Resnais. Le travail que j’ai effectué dans le cadre de cette restauration est un voyage singulier et passionnant au cœur du film. Souvent j’ai eu le sentiment d’entrer dans l’intime des différentes dynamiques créatives, celles des deux opérateurs, des comédiens, et évidement du metteur en scène. J’espère ne pas avoir trahi leurs intentions. Dans le doute, je me suis laissé guider par la richesse des différentes façons pour filmer Emmanuelle Riva, par la quantité surprenante de positions de ce magnifique visage, et donc par les lumières et les cadres, qui font de ce film une grand leçon de cinéma ». *Renato Berta a été chef opérateur d’Alain Resnais pour Smoking-No Smoking, On connaît la chanson et Pas sur la Bouche. 68 Preserving the photographic heterogeneity of film At Alain Resnais’ request, *Renato Berta, his chief cameraman, supervised all the film’s colour grading restoration process in Bologna. He talked to us about his unusual journey to the heart of the film. “The elements for restoration that we started off with came from three sources: the original negatives, filmed by the chief cameramen Sacha Vierny in France and Takahashi Michio in Japan, the internegatives of the special effects (fade-outs, cross dissolves…) and the various archive footage. Hiroshima mon amour isn’t like any standard film with the same photographic approach from beginning to end. The film’s narrative is perfectly linear but based on a non-continuity montage of temporal and geographical photography. The parts of the film relating to memories shot in France are completely different from those relating to the present shot in Japan, and furthermore, they were filmed by two different chief cameramen. Such photographic heterogeneity contributes perfectly to how it was intended to be seen, and that is what we had to preserve. Thanks to modern digital techniques, we now have several different possibilities to deal with physical and photographical parameters that were impossible with former photochemical techniques. We must be able to understand the film whilst respecting the intentions of the different people who participated in its making. That was the line of conduct we adopted for this restoration: which is easy to say, but not always as easy to put into practice. Throughout the long colour grading process, we constantly queried the quality of the different supports at our disposal, especially those concerning the photographic continuity of the film as a whole, but also the non-continuity: I’m referring to the images of Emmanuelle Riva’s memories which appear all the way through the film. We had to deal with the contrast and density of the different supports. Having worked on four of Alain Resnais’ films as chief cameraman, I had acquired a certain knowledge that made it easier for me to make decisions. And I could also pick up the phone to discuss things directly with Alain Resnais. The work I’ve done on this restoration has been an unusual and fascinating journey into the heart of the film. I’ve often felt as though I’ve had access to the most intimate dynamics of the different creators: the two chief cameramen, the actors, and of course, the film director. I hope I haven’t betrayed their intentions. When in doubt, I let myself be guided by the infinite ways used to film Emmanuelle Riva, the surprising amount of positions her magnificent face can adopt, and the lighting and framing, all of which make this film a great lesson in cinema. *Renato Berta was Alain Resnais’ chief cameraman for Smoking-No Smoking, Same Old Song and Not On The Lips. 69 avant / before 70 après / after avant / before après / after 71 Générique de la restauration Restoration credits Hiroshima mon amour (1959) a été restauré en 2013 / was restored in 2013 by Argos Films La Fondation Groupama Gan pour le Cinéma Gilles Duval La Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma Séverine Wemaere La Cineteca di Bologna Gian Luca Farinelli avec le soutien / with support from Centre National du Cinéma et de l’Image Animée L’étalonnage a été supervisé par / Grading supervision by Renato Berta Travaux de restauration / Restoration work 72 L’Immagine Ritrovata L’équipe de la restauration The restoration team ARGOS FILMS Crée en 1949 par Philippe Lifschitz et Anatole Dauman, Argos Films a participé à l’essor de la Nouvelle Vague et produit maints chefs-d’oeuvre parmi lesquels les films d’Alain Resnais, Jean-Luc Godard, Robert Bresson, Volker Schlöndorff, Nagisa Oshima et Wim Wenders. Avec près de soixante courts et quarante longs métrages à son actif, elle est la seule société indépendante française à avoir reçu autant de prix en France et à l’étranger, dont deux Palmes d’Or et un Oscar. Son catalogue, qui inclue d’autres réalisateurs incontournables dont les oeuvres ont marqué l’histoire du cinéma, tels que Jean Rouch, Chris Marker et Andrei Tarkovski, constitue la plus importante collection independante du patrimoine français. Il est habituel que des rétrospectives rendent hommage aux metteurs en scène pour l’ensemble de leurs films, mais il est beaucoup plus rare que la carrière des producteurs indépendants soit ainsi saluée. Nombre de cinémathèques et festivals ont honoré Argos Films, parmi lesquels la Cinémathèque française, le Centre Pompidou, ainsi que d’autres dans le monde entier, à Londres, Berlin, Moscou, Tokyo, Budapest, Turin, Athènes, Vienne, Berkeley, Lisbonne, New Delhi, Luxembourg et Montreal. Argos Films was founded in 1949 by Philippe Lifschitz and Anatole Dauman. Its Library contains many of the master-works of postwar French cinema. The company, which played a significant role in the New Wave movement, has produced and co-produced nearly forty features and sixty shorts. Over a period of forty years, no other independent French film company has garnered such major awards in France and internationally, including two Palmes d’Or and an Oscar, with films by Alain Resnais, Jean-Luc Godard, Robert Bresson, Volker Schlondorff, Nagisa Oshima and Wim Wenders. Considered to be the depository of indispensable and enduring classics of the history of cinema and one of the greatest independent collections in the country, the library also includes some of the most well-known films by Chris Marker, Jean Rouch, and Andrei Tarkovski. Tributes are common for directors and their body of work but seldom take place to honor independent producers. Argos Films was given numerous homages worldwide: In France at the Cinémathèque Française and the Centre Pompidou, as well as in London, Berlin, Moscow, Tokyo, Budapest, Turin, Athens, Vienna, Berkeley, Lisbon, Lausanne, New Dehli, Luxembourg and Montreal. 73 La Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma Créée en 2006, la Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma est une entité à but non lucratif qui agit, en faveur de la sauvegarde et de la valorisation du patrimoine cinématographique mondial. La Fondation Technicolor conduit quatre types de programmes : restauration de films, aide aux structures d’archives cinématographiques, soutien de festivals et programmes de formation dans les universités et les écoles de cinéma. Elle travaille notamment depuis sept ans au Cambodge avec Bophana, Centre Cinéma et audiovisuel du Cambodge, créé par Rithy Panh. Quelques restaurations : Lola Montès de Max Ophuls en 2008 puis, conjointement avec la Fondation Groupama Gan, Les Vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati en 2009, Selvi Boylum al Yazmalim d’Atif Yilmaz, l’Intégrale Pierre Etaix en 2010, Le Voyage dans la lune, en couleur, de Georges Méliès et Documenteur (1980) d’Agnès Varda en 2011, Lola de Jacques Demy et Tell Me Lies de Peter Brook en 2012. The Technicolor Foundation for Cinema Heritage Created in 2006, The Technicolor Foundation for Cinema Heritage is a non-profit entity, acting worldwide in the field of preservation and promotion of film heritage. The Technicolor Foundation operates worldwide with four types of programs: film restoration, operational support to film archives, festival support and educational programs for universities and film schools. It has been notably acting, since its creation, in Cambodia with Bophana , the Cambodia Film and Audiovisual Center created by Rithy Panh. Among the key restorations : in 2008, Lola Montès by Max Ophuls, in 2009, jointly with Groupama Gan Foundation, Mr Hulot’s Holiday by Jacques Tati in 2009, the Complete Film Works of Pierre Etaix in 2010 , A Trip to the Moon (1902), in color, by Georges Méliès , Lola by Jacques Demy and Tell Me Lies by Peter Brook in 2012. www.technicolorfilmfoundation.org La Fondation Groupama Gan pour le Cinéma The Groupama Gan Foundation for the Cinema Créée en 1987, la Fondation Groupama Gan pour le Cinéma est aujourd’hui devenue l’un des principaux partenaires privés du cinéma français. Elle a ainsi permis à plus de 150 cinéastes de tourner leur premier film, grâce à une aide financière. Aujourd’hui son soutien est considéré comme un label de qualité. La Fondation accompagne également plusieurs festivals en France et dans le monde. La Fondation apporte son concours à la restauration de nombreux chefs-d’œuvre cinématographiques : Le Carrosse d’or de Jean Renoir, L’Âge d’Or de Luis Buñuel, Jour de Fête, PlayTime, My Uncle et Les Vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati. Elle a sauvegardé en 2010, avec la Fondation Technicolor, les films de Pierre Etaix et le film turc de Atif Yilmaz Selvi boylum, al yazmalim dans le cadre d’un programme annuel avec les archives turques et, bien sûr, en 2011, Le Voyage dans la lune, en couleur de Georges Méliès ! En 2012, Lola de Jacques Demy et Tell Me Lies de Peter Brook. Founded in 1987, the Groupama Gan Foundation is today a major private partner of French cinema. It has contributed financially to more than 150 first fulllength films. Today its support is recognised as a mark of quality. The Foundation also backs over several film festivals in France and worldwide. The Foundation also champions the restoration of many film classics. It has notably participated in the restoration of Le Carrosse d’or by Jean Renoir, L’Âge d’Or by Luis Buñuel, Jour de Fête, PlayTime, My Uncle and, alongside Technicolor Foundation, Mr Hulot’s Holiday by Jacques Tati, Pierre Etaix’s complete film works, and in 2011 the unique color version of Trip to the Moon by George Méliès (1902), and in 2012, Lola by Jacques Demy, and Tell Me Lies by Peter Brook. 74 www.fondation-groupama-gan.com Cineteca di Bologna Depuis 50 ans, la Fondazione Cineteca di Bologna (Cinémathèque de Bologne) a pour objectif de préserver et promouvoir le patrimoine et la culture cinématographique. Elle possède un patrimoine filmique de plus de 60000 pellicules et d’importantes collections de documents, de affiches et de photographies (entre autres dédiées à Charles Chaplin et Pier Paolo Pasolini). Cineteca di Bologna poursuit aussi sa propre mission culturelle par son catalogue éditorial, la distribution de films classiques et les nouveaux films de auteurs Italiens indépendants, et surtout par des projets didactiques visant à former les nouvelles générations de cinéphiles. Depuis 27 ans, Cineteca organise le festival Il Cinema Ritrovato, qui réunit à Bologne les plus importants historiens, critiques et restaurateurs du monde entier. La Cineteca a réalisé la restauration de nombreux chefs d’œuvre du cinéma mondial, grâce aux technologies de pointe de son laboratoire L’Immagine Ritrovata. Parmi les restaurations les plus importantes, on rappelle Il Gattopardo et Senso de L. Visconti, La dolce vita de F. Fellini, Once Upon a Time in America et Il buono il brutto il cattivo de S. Leone, et l’œuvre entière de Charles Chaplin. Cineteca collabore aussi avec la World Cinema Foundation de Martin Scorsese, un projet dédié au patrimoine cinématographique du soi-disant “neglected cinema” (définition par Martin Scorsese), projet qui à permis de restaurer une vingtaine de films asiatiques, africaines et de l’Amérique du Sud. Since 50 years Cineteca di Bologna preserves and restores cinematic heritage in order to make it accessible today and to allow its future survival. Cineteca di Bologna has a film archive with roughly 60,000 prints, a library with an impressive collection of documents, posters and stills and also important archives, among which those of Pier Paolo Pasolini and Charles Chaplin. Cineteca di Bologna’s cultural mission is carried on also through books and DVDs publishing, theatrical distribution of classics and contemporary independent productions and, above all, through educational projects shaping the new cinéphile generation. Since 1986 Cineteca organizes Il Cinema Ritrovato festival, which gathers in Bologna the most important historians, film critics and restorers in the world. Cineteca restored, thanks to the advanced technologies of its laboratory L’Immagine Ritrovata, many masterpieces of cinema history. Among others: Il Gattopardo and Senso by L. Visconti, La dolce vita by F. Fellini, Once Upon a Time in America and Il buono il brutto il cattivo by S. Leone, and the whole oeuvre by Charles Chaplin. Cineteca also collaborates with World Cinema Foundation by Martin Scorsese, a project founded to recover cinematographic heritage of what Scorsese himself called “neglected cinema”, and which permitted to restore over 20 films from Asia, Africa, and Latin America. www.cinetecadibologna.it 75 Fiche technique du film Fact sheet Hiroshima mon Amour (1959) Premier long métrage d’Alain Resnais. Alain Resnais’ first feature film Avec/with Emmanuelle Riva, Eiji Okada, Bernard Fresson. Noir et Blanc / Black and White – 92 minutes Synopsis : Une actrice se rend à Hiroshima pour tourner un film sur la paix. Elle y rencontre un Japonais qui devient son amant, mais aussi son confident. Il lui parle de sa vie et lui répète « Tu n’as rien vu à Hiroshima ». Elle lui parle de son adolescence à Nevers pendant la seconde guerre mondiale, de son amour pour un soldat allemand et de l’humiliation qu’elle a subie à la Libération. Affiche originale sortie France 1959 Original poster © Argos FIlms An actress arrives in Hiroshima to star in a film about peace. She meets a Japanese man, they become lovers and he also becomes her confidant. He tells her about his life and repeats: “You’ve seen nothing of Hiroshima.” She talks to him about her teenage years in Nevers during WWII, how she fell in love with a German soldier and the humiliation she was subjected to during the Liberation. Scénario et dialogues / Screenplay and dialogues Marguerite Duras Musique / Music Georges Delerue et Giovanni Fusco Production / Producers ARGOS FILMS - Samy Halfon, Anatole Dauman Sortie / First theatrical release 10 juin 1959 (France) Première du Film / Film Premiere : Sélection Officielle Festival de Cannes 1959 – (Hors compétition à la suite des pressions des américains qui craignaient que la bombe H ne leur fasse de l’ombre) The Official Selection, Cannes Film Festival in 1959 – (It was finally screened in the Out of Competition section following pressure from the Americans to avoid the subject of the atomic bomb) Prix et nominations / Awards and Nominations 1959 Sélection officielle Festival de Cannes – Hors compétition – Grand Prix de la Critique Internationale, Grand Prix des écrivains du cinéma et de la télévision Official Selection, Cannes Film Festival – Out of Competition – The FIPRESCI Grand Prix, French Syndicate of Cinema Critics’ Grand Prix 1961 Festival de Berlin - Laurier d’argent – Grand Prix de la Critique allemande Berlin Film Festival – Bambi Award for Best International Film – The German Film Critics’ Award 1961 nomination aux Oscars – Scénario Nominated at the Oscars for Best Writing, Story and Screenplay Award 1961 BAFTA – Prix United Nations BAFTA – Nomination pour Meilleur Film et Meilleure Actrice BAFTA BAFTA Awards – The UN Award - Nominated for the BAFTA Film Award for Best Actress and Best Film 77 Biographies 79 Alain Resnais Né le 3 juin 1922 à Vannes, Alain Resnais se nourrit très jeune de littérature, de théâtre, de cinéma et de bandes dessinées. Installé à Paris au début de la Seconde Guerre Mondiale, il intègre l’IDHEC en 1943 et se spécialise dans le montage. Il commence sa carrière dans le cinéma documentaire avec des courts-métrages aussitôt salués par la critique : Van Gogh (1948 - Prix du Meilleur Documentaire Artistique à Venise, Oscar à Hollywood), Guernica (1950) puis Nuit et Brouillard (1955), bouleversante évocation des camps de déportés. Après son premier long-métrage Hiroshima mon amour (1959 - Prix de la Critique Internationale à Cannes), dont le scénario de Marguerite Duras est nominé aux Oscars, il réalise L’année dernière à Marienbad (1961 - Lion d’Or à Venise) avec la collaboration d’un autre brillant romancier, Alain Robbe-Grillet. Ces deux films lui valent une renommée mondiale que pérennisent La guerre est finie (1966 - Prix du Meilleur Film Etranger à New-York), Stavisky (1974), Providence (1976 couronné de 7 Césars dont celui du Meilleur Film), La vie est un roman (1982), I want to go home (1988), Smoking/No smoking (1992), On connaît la chanson (1997), Cœurs (2006), Les herbes folles (2009) Pour l’ensemble de son œuvre, Alain Resnais a été honoré par de grands festivals internationaux : Ours d’argent pour l’ensemble de sa carrière au service du 7ème Art - 1986 Grand Prix Cinéma S.A.C.D. - Festival de Berlin 1998, Prix exceptionnel du Jury pour l’ensemble de sa carrière et sa contribution à l’histoire du cinéma Festival de Cannes 2009. Born June 3rd, 1922 in Vannes (Morbihan, France), Alain Resnais develops very early on a keen interest for literature, the theatre, movies and comic strips. After moving to Paris at the beginning of World War II, he studies at the famed cinema school IDHEC in 1943, specializing in editing. His first documentary films receive immediate critical acclaim, Van Gogh (1948 - Best Documentary at the Venice Film Festival, Oscar in Hollywood), Guernica (1950), which culminates in 1955 with the success of Night and Fog, a heart-wrenching depiction of Nazi concentration camps. His first feature, Hiroshima mon amour (1959 – International Critics’ Prize at the Cannes Film Festival, Marguerite Duras’ Oscar Nomination for Best Screenplay) followed by another collaboration with a French novelist Alain Robbe-Grillet Last year in Marienbad (1961 - Golden Lion at the Venice Film Festival) bring him worldwide fame. His most well-known features include War is over (1966 – Best Foreign Film, New-York), Stavisky (1974), Providence (1976 - 7 Césars among which Best Film), Life is a bed of roses (1982), I want to go home (1988), Smoking/No smoking (1992), Same Old Song (1997), Private fears in public places (2006), Wild Grass (2009). Alain Resnais has received several lifetime achievement awards, notably a Silver Bear for his carrier - Berlin Film Festival in 1998, Life achievement award for his work and exceptional contribution to the history of cinema Cannes Film Festival in 2009. Today, with more than twenty feature films behind him, this tireless young man is working on his next project Aimer, boire et chanter (2013). Cet infatigable jeune homme, qui a plus de vingt longs-métrages à son actif, est en train de tourner son prochain film Aimer, boire et chanter (2013). 80 Filmographie d’Alain Resnais COURTS-METRAGES 1972 : L’an 01 1948 : Van Gogh 1974 : Staviski 1950 : Paul Gauguin 1976 : Providence 1952 : Guernica 1980 : Mon Oncle d’Amérique 1953 : Les statues meurent aussi 1983 : La vie est un roman 1955 : Nuit et brouillard 1984 : L’amour à mort 1956 : Toute la mémoire du monde 1986 : Mélo 1957 : Le mystère de l’atelier 15 1989 : I want to go home 1958 : Le chant du styrène 1992 : Smoking no smoking 1968 : Ciné tract N°7 1997 : On connaît la chanson LongS-MetrageS 2003 : Pas sur la bouche ! 1959 : Hiroshima mon amour 2006 : Cœurs 1961 : L’année dernière à Marienbad 2009 : Les Herbes Folles 1963 : Muriel ou le temps d’un retour 2012 : Vous N’avez Encore Rien Vu 1966 : La guerre est finie 2013 : Aimer, boire et chanter 1967 : Loin du Viet-Nam Video 1968 : Je t’aime je t’aime 1992 : Gershwin 81 Marguerite Duras Les années de guerre 1943 : Les Impudents (roman, Plon - 1992, Gallimard) 1944 : la vie tranquille (roman, Gallimard). © collection Jean Mascolo DR L’engagement, les premiers succès 1950 : Un barrage contre le Pacifique (roman, Gallimard). 1952 : le marin de Gibraltar (roman, Gallimard). 1953 : les petits chevaux de Tarquinia (roman, Gallimard). 1954 : Des journées entières dans les arbres, suivi de le boa - Madame Dodin - Les chantiers (récits, Gallimard). 1955 : Le square (roman, Gallimard). L’affirmation d’une œuvre 1958 : Moderato cantabile (roman, Editions de Minuit). 1959 : Les viaducs de la Seine-et-Oise (théâtre, Gallimard). 1960 : Dix heures et demie du soir en été (roman, Gallimard). 1960 : Hiroshima mon amour (scénario et dialogues, Gallimard). 1961 : Une aussi longue absence (scénario et dialogues, en collaboration avec Gérard Jarlot, Gallimard). 1962 : L’après-midi de Monsieur Andesmas (récit, Gallimard). 1964 : Le ravissement de lol V. Stein (roman, Gallimard). 1965 : Théâtre 1 : Les eaux et forêts - le square la musica (Gallimard). 1965 : Le Vice-Consul (roman, Gallimard). 1966 : La musica (film. coréalisé par Paul Seban, distr. Artistes Associes). 1967 : L’amante anglaise (roman, Gallimard). 1968 : L’amante anglaise (théâtre, Cahiers du Théâtre national populaire). 1969 : théâtre II : Suzanna Andler - Des journées entières dans les arbres - Yes, peut-être - Le Shaga - Un homme est venu détruire, dit-elle (Editions de Minuit). 1969 : Détruire, dit-elle (film, distr. Benoit-Jacob). 1970 : Abahn, Sabana, David (Gallimard). 82 Le monde extérieur 1971 : L’amour (Gallimard). 1971 : Jaune le soleil (film, distr. Films Molière). 1972 : Nathalie Granger (film distr. benoît-Jacob Vidéo) 1973 : India Song (texte, théâtre, film, Gallimard). 1973 : L a femme du Gange (film, distr. Benoit-Jacob Vidéo). 1973 : N athalie Granger suivi de La femme du Gange (Gallimard). 1974 : L es parleuses (entretiens avec Xavière Gauthrier, Editions de Minuit). 1974 : India Song (film, distr. Benoît-Jacob Vidéo). 1976 : Baxter, Vera Baxter (film, distr. N.E.F: Diffusion). 1976 : S on nom De Venise dans Calcutta Desert (film, distr. Benoit-Jacob Vidéo). 1976 : D es journées entières dans les arbres (film, distr. Benoit-Jacob Vidéo). 1977 : Le camion (film, distr. Benoît-Jacon Vidéo). 1977 : Le camion, suivi de Entretiens avec Michelle Porte (Editions de Minuit). 1977 : Les lieux de Marguerite Duras (en collaboration avec Michelle Porte, Editions de Minuit). 1977 : L’Eden Cinema (théâtre, Mercure de France). 1978 : Le Navire Night (film, Films du Losange). 1979 : Cesarée (film, distr. Benoît-Jacob Vidéo). 1979 : L es mains négatives (film, distr. Benoît-Jacob Vidéo). 1979 : A urelia Steiner (Melbourne) (film, Films Paris-Audiovisuels). 1979 : A urelia Steiner (Vancouver) (film, Films du Losange). 1980 : V era Baxter ou les plages de l’Atlantique (Albatros). 1980 : L ’homme assis dans le couloir (récit, Editions de Minuit). 1980 : L’été 80 (Editions de Minuit). 1980 : Les yeux verts (Cahiers du cinema). 1981 : Agatha (Editions de Minuit). 1981 : Outside (Albin Michel, re-ed. P.O.L., 1984). 1981 : L a jeune fille et l’enfant (cassette, Des Femmes ed. Adaptation de L’été 80, par Yann Andrea, lue par Marguerite Duras). 1981 : A gatha ou Les lectures illimitées (film, distr. Benoit-Jacob Vidéo) 1982 : Dialogue de Rome (film, prod. Coop. Longa Gittata Rome). 1982 : L’Homme Atlantique (récit, Editions de Minuit). 1982 : Savannah Bay (1e ed., 2e ed. augmentee, 1983, Editions de Minuit). 1982 : La Maladie de la Mort (recit, Editions de Minuit). 1984 : Théâtre III : La bête dans la jungle, d’après Henry James, adaptation de James Lord et Marguerite Duras - Les papiers d’Aspern, d’après Henry James, adaptation de Marguerite Duras et Robert Antelme - La Danse de Mort, d’après August Strindberg, adaptation de Marguerite Duras (Gallimard). La gloire 1984 : L’Amant (Editions de Minuit). 1984 : Les Enfants ( Film coréalisation avec Jean Mascolo et Jean-Marc Turine - distr. Benoît-Jacob Vidéo). 1985 : La Douleur (P.O.L.). 1985 : La Musica Deuxième (Gallimard). 1985 : La Mouette de Tchekov (Gallimard). 1986 : Les yeux bleus, cheveux noirs (Editions de Minuit). 1987 : Emily L (Editions de Minuit). 1986 : La pute de la côte normande (Editions de Minuit). 1987 : La vie matérielle (P.O.L.). 1990 : La pluie d’été (P.O.L.). 1991 : L’amant de la Chine du Nord (Gallimard). 1991 : Le théâtre de l’amante anglaise (Gallimard). 1992 : Yann Andrea Steiner (P.O.L.). 1993 : Ecrire (Gallimard). 1993 : Le Monde Extérieur (P.O.L.). 1995 : C’est tout (1995, P.O.L.) Marguerite Duras scénario et/ou dialogues 1959 : Hiroshima mon amour, Réalisateur Alain Resnais 1960 : Une aussi longue absence, Réalisateur Henri Colpi 1962 : L’itineraire marin, Réalisateur Jean Rollin 1964 : Sans merveille, Réalisateur Michel Mitrani 1964 : Nuit Noire Calcutta, Réalisateur Marin Karmitz 1965 : Les rideaux blancs, Réalisateur Georges Franju 1966 : La Voleuse, Réalisateur Jean Chapot Marguerite Duras adapte Marguerite Duras 1960 : Moderato Cantabile (scénario), (Réalisateur et dialoguiste : Peter Brook) 1967 : Dix heures et demie du soir en été (dialogues), (Réalisateur et scénariste : Jules Dassin) Marguerite Duras adaptée 1956 : Le barrage contre le Pacifique (Réalisation René Clément, scénario : Irwin Shaw, René Clément) 1967 : Le marin de Gibraltar (Réalisation : Tony Richardson) 1982 : E n rachachant (Réalisateurs : Jean-Marie Straub, Danièle Huillet) 1985 : La Maladie de la Mort (Réalisateur : Peter Handke) 1992 : L’Amant (Réalisateur : Jean-Jacques Annaud) Marguerite Duras adapte les autres La bête dans la jungle, d’après une nouvelle de Henry James. Adaptation de James Lord et de Marguerite Duras (non édité). 1963 : Miracle en Alabama, de William Gibson. Adaptation de Marguerite Duras et Gérard Jarlot (I’AvantScène). 197O : L es Papiers d’Aspern, de Michael Redgrave, d’après une nouvelle de Henry James. Adaptation de Marguerite Duras et Robert Antelme (Ed. Paris-Théâtre). 1973 : Home, de David Storey. Adaptation de Marguerite Duras (Gallimard). Autres La Mer écrite, texte de Marguerite Duras (Marval, 1996). Titre épuisé, en attente de réédition. Marguerite Duras de Trouville (Minuit, 2004). Hélène Bamberger photographe 83 Emmanuelle Riva C’est en découvrant Emmanuelle Riva dans L’épouvantail, une pièce de Dominique Rolin mise en scène par André Barsacq, qu’Alain Resnais choisit l’actrice pour son premier long métrage, Hiroshima mon amour, qui la fait mondialement connaître. Elle poursuivra sa carrière cinématographique auprès des réalisateurs Gillo Pontecorvo et Jean-Pierre Melville, puis est couronnée 1962 à la Mostra de Venise pour son interprétation dans Thérèse Desqueyroux de Georges Franju, adapté du roman éponyme de François Mauriac. Franju la dirige à nouveau dans Thomas l’imposteur sur un scénario posthume de Jean Cocteau. Elle retrouve le théâtre grâce à des metteurs en scène de renom, tel que Jacques Lassalle, Roger Planchon ou encore Claude Régy. Dans les années 1980, elle tourne avec Philippe Garrel, Marco Bellochio et Krzysztof Kieślowski. Son interpretation dans le film Amour de Michael Haneke est récompensée par une Palme d’Or au 65e Festival de Cannes, un César et une nomination aux Oscars. Pour ce film elle remporte le Prix de la meilleure actrice européenne puis le BAFTA . Alain Resnais discovered Emmanuelle Riva when she was acting in the play L’épouvantail (The Scarecrow) and promptly chose her for his first feature, Hiroshima mon amour, which brought her immediate worldwide recognition. Her movie career continued with directors Gillo Pontecorvo and Jean-Pierre Melville and at the 1962 Venice Film Festival she was awarded Best Actress for her role in Thérèse Desqueyroux directed by Georges Franju (from François Mauriac’s eponymous novel.) Again Franju cast her in the lead in Thomas the Impostor, in a posthumous screenplay by Jean Cocteau. Theatre directors such as Jacques Lassalle, Roger Planchon, Claude Régy brought her back to the stage but in the 80s she appeared in films from Philippe Garrel, Marco Bellochio and Krzysztof Kieślowski. Her acting in Michael Haneke’s film Amour won her a Palme d’Or at the 65th Cannes Film Festival, as well as a Cesar, an Oscar nomination and a BAFTA Award. Filmographie : 1958 : Les grandes Familles de/by Denys de la Patellière 1959 : Hiroshima mon amour de/by Alain Resnais 1960 : R ecours en grâce de/by László Benedek 1960 : A dua et ses compagnes de/by Antonio Pietrangeli 1961 : Kapò de/by Gillo Pontecorvo 1961 : Léon morin, prêtre de/by Jean-Pierre Melville 1962 : Climats de/by Stellio Lorenzi 1962 : Thérèse desqueyroux de/by Georges franju (Coupe Volpi-Mostra de Venise) 1963 : Les heures de l’amour de/by Luciano Salce 1964 : Le gros coup de/by Jean Valère 1964 : Le coup de grâce de/by Jean cayrol, Claude Durand 1965 : Meurtre à l’italienne de/by Gianni Puccini 1965 : Thomas l’imposteur de/by Georges Franju 1967 : Les risques du métier de/by André Cayatte 1971 : L’homme de désir de/by Dominique Delouche 1972 : Safari 5000 de/by Koreyoshi Kurahara 1973 : J’irai comme un cheval fou de/by Fernando Arrabal 1975 : Au long de rivière Fango de/by Sotha 84 1982 : Y a-t-il un Français dans la salle ? de/by Jean-Pierre Mocky 1982 : Les yeux, la bouche de/by Marco Bellochio 1983 : Liberté, la nuit de/by Philippe Garrel 1983 : Un homme à ma taille de/by Annette Carducci 1988 : L es tribulations de balthazar kober de/by Wojciech Has 1989 : La passion de Bernadette de/by Jean Delannoy 1991 : Pour Sacha de/by Alexandre Arcady 1992 : Loin du Brésil de/by Tilly 1993 : Trois couleurs : bleu de/by Krzysztof Kieślowski 1997 : XXL de/by Ariel Zeitoun 1999 : Vénus beauté (institut) de/by Tony Marshall 2001 : C’est la vie de/by Jean-Pierre Améris 2003 : Les verts paradis de/by Emmanuel Bourdieu 2004 : Eros thérapie de/by Danièle Dubroux 2008 : Le grand alibi de/by Pascal Bonitzer 2011 : Le skylab de/by Julie Delpy 2013 : Tu honoreras ta mère et ta mère de/by Brigitte Roüan 2013 : Amour de/by Michael Haneke Eiji Okada Eiji Okada est un acteur japonais, né le 13 juin 1920 à Choshi, et décédé le 14 septembre 1995 à Tokyo. Il a tourné dans plus de 80 films dont ceux de Naruse, Ichikawa, Shinoda, Shindo–,Teshigahara (La femme des sables Prix du Jury, Festival de Cannes 1964). Ses films internationaux incluent Le vilain américain (1963) de George Englund aux côtés de Marlon Brando, Rififi à Tokyo de Jacques Deray, Yakuza de Sydney Pollack et bien sûr Hiroshima mon amour. Eiji Okada is a Japanese actor, born on June 13th 1920 in Choshi, deceased on September 14th 1995 in Tokyo. He starred in over 80 films, including those by Naruse, Ichikawa, Shinoda, Shindo–, Teshigahara (The Woman of the Dunes, Prix du Jury, Cannes Film Festival 1964). The international films he starred in include The Ugly American (1963) by George Englund, with Marlon Brando, Rififi in Tokyo by Jacques Deray, The Yakusa by Sydney Pollack and, of course, Hiroshima mon amour. Filmographie : 1950 : Mata au hi made de Tadashi Imai 1952 : Asa no hamon de Heinosuke Gosho 1952 : La Mère de Mikio Naruse 1953 : Himeyuri no tō de Tadashi Imai 1953 : Hiroshima de Hideo Sekigawa 1954 : Un milliardaire de Kon Ichikawa 1955 : Voici une fontaine - Koko ni izumi ari) de Tadashi Imai 1955 : Ningen gyōrai kaiten de Shū ei Matsubayashi 1957 : Ju’nai monogatari de Tadashi Imai 1957 : Dotanba de Tomu Uchida 1959 : Hiroshima mon amour d’Alain Resnais 1960 : Shinran de Tomotaka Tasaka 1963 : Le Vilain Américain (The Ugly American) de George Englund 1963 : Rififi à Tokyo de Jacques Deray 1964 : Le Camélia à cinq pétales de Yoshitarō Nomura 1964 : La Femme des sables d’Hiroshi Teshigahara 1964 : Koge de Keisuke Kinoshita 1964 : Assassinat de Masahiro Shinoda 1965 : La Guerre des espions de Masahiro Shinoda 1966 : Nihon daikyōkaku de Masahiro Makino 1966 : Le Visage d’un autre d’Hiroshi Teshigahara 1967 : Itoka le monstre des galaxies de Kazui Nihonmatsu 1969 : Jotai de Yasuzō Masumura 1970 : Mujo d’Akio Jissoji 1971 : Yami no naka no chimimoryo de Kō Nakahira 1973 : Lady Snowblood de Toshiya Fujita 1973 : Baby Cart : Le Territoire des démons de Kenji Misumi 1973 : La Légende de Zatoïchi : Retour au pays natal de Kimiyoshi Yasuda 1974 : Yakuza (The Yakuza) de Sydney Pollack 1974 : Mon chemin de Kaneto Shindō 1974 : Esupai de Jun Fukuda 1974 : Mesu de Masahisa Sadanaga 1975 : Je suis un chat de Kon Ichikawa 1976 : Daichi no komoriuta de Yasuzō Masumura 1976 : P ermanent Blue : Manatsu no koi de Shigeyuki Yamane 1977 : Arusaka monogatari d’Hiromichi Horikawa 1977 : Utamaro : Yume to shiriseba d’Akio Jissoji 1978 : Genshiryoku sensō de Kazuo Kuroki 1978 : Amour et foi de Kei Kumai 1978 : Furimukeba ai de Nobuhiko Obayashi 1979 : Strangulation de Kaneto Shindō 1979 : Ōgon no inu de Shigeyuki Yamane 1983 : Antarctica de Koreyoshi Kurahara 1985 : Haru no kane de Koreyoshi Kurahara 1991 : Kagerō d’Hideo Gosha 85 Alains Resnais, Eijio Okada et Emmanuelle Riva - © Sylvette Baudrot Contacts PRODUCTION VENTES INTERNATIONALES Argos Films Florence Dauman Anne-France Mournet 26 rue Montrosier 92200 Neuilly-sur-Seine - France +33 1 47 22 91 26 [email protected] DISTRIBUTION FRANCE Tamasa Distribution Philippe Chevassu 63 rue de Ponthieu 75008 Paris - France +33 1 43 59 01 01 [email protected] PRESSE FRANCE Laurence Granec / Karine Ménard 5 bis rue Képler 75116 Paris - France +33 1 47 20 36 66 [email protected] DISTRIBUTION ITALIE PRESSE ITALIE Andrea Ravagnan Cineteca di Bologna Distribuzione Via Riva di Reno 72 Bologna 40122 - Italie +39 0512194833 [email protected] Fondation Technicolor pour le patrimoine du cinéma Séverine Wemaere 1 rue Jeanne d’Arc 92443 Issy-les-Moulineaux - France +33 6 07 33 31 25 [email protected] Fondation Groupama Gan pour la cinéma Gilles Duval 8-10 rue d’Astorg 75008 Paris – France +33 6 75 25 44 59 [email protected] Cineteca di Bologna Gian Luca Farinelli Via Riva di Reno 72 Bologna 40122 - Italie +39 0512194820 [email protected] L’immagine Ritrovata Davide Pozzi Via Riva di Reno 72 Bologna 40122 - Italie +39 349 239 00 51 [email protected] 87 Remerciements Thanks Remerciements chaleureux à… Warm thanks to… Sylvette Baudrot, Emmanuelle Riva, Alain Resnais, Jean Mascolo Pascale Bouillo, Philippe Chevassu, Hélène Clark, Michel Ciment, Prune Engler, Thierry Frémaux, Eric Garandeau, Michèle Kastner, Anne-France Mournet, Sylvie Pialat, Sylvie Pras, Davide Pozzi, Isabelle Raindre, Régis Robert, Elena Tammaccaro, Cécile Verguin, Sévane Shirvanian. et aussi / and also Le Centre Georges Pompidou, Intertalent, la Revue Positif, Editions Gallimard, l’Espace Chercheurs et l’Iconothèque de la Cinémathèque Française, l’Institut Lumière. Un livret édité par la Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma et par la Fondation Groupama Gan pour le Cinéma A booklet published by Technicolor Foundation and Groupama Gan Foundation Traduction/Translation : Louise Williams Maquette/Design : Etienne Robial, Madjid Benhemam Imprimerie : Printcorp à Saint-Brieuc Mai 2013 Non destiné à la vente / Not for sale 88 89 un film restauré par a film restored by avec le soutien du