William Wilson

Transcription

William Wilson
« Nouvelles histoires extraordinaires » est né
d’un désir très fort de poésie, de mots d’un autre
temps, presque une langue étrangère et pourtant il n’y
pas plus percutante, plus riche, plus sensuelle que
cette langue Baudelairienne. Une langue qui se
savoure, qui se laisse reposer, qui demande le lâcherprise face à cette magie verbale, à ce nouveau monde
de mots, de sens. En résumé, cette œuvre est un
véritable vertige poétique. Et dans une époque saturée
de télé, d’images accélérées et de dialogues de
sitcom, le vertige peut facilement tourner au malaise.
Notre pari un peu fou, un peu amoureux, est de
transformer ce possible malaise en plaisir, en douceur,
en surprise. Le secret ? Un univers simple et pur, une
scénographie sobre où le spectateur projette son
imaginaire sur les miroirs sans tain d’un esprit à
double tranchant, des espaces pour voir et penser
autrement, la minutie d’un jeu d’acteurs en adresse
directe au spectateur. Ici point de poésie déclamée
mais une parole d’humain, un dialogue poignant
d’acteur à spectateur, un questionnement sur l’âme
humaine, ses fulgurances, ses errances, ses
souffrances et sa drôlerie, ses paradoxes et
contradictions celle-là même qui font sourire parce que
finalement nous sommes tous un peu faits de ça ! Et
puis il ne faut pas oublier l’univers de Poe, incroyable
voyage à travers nos fascinations frissonnantes
d’adolescents et d’adultes pour ces histoires à dormir
debout, ces contes fantastico-logico-fantasmagoricopoliciers. C’est un héritage riche et fascinant que nous
sommes désireux de transmettre à travers ce
spectacle et à la manière de Poe nous le construisons
en plaçant avec minutie, folie et candeur de petits
diables dans des boites à surprises.
Gaële Boghossian.
Distribution
Montage et mise en scène
Paulo Correia
Avec
Thierry Dardanello pour le Collectif 8
Gaële Boghossian
Caroline Bonis
Muriel Coadou
Robert Condamin
Fabien Duprat
Giovanna Canova
Jonathan Gensburger
Fabrice Talon
Jacqueline Scalabrini
Composition musicale
Fabrice Albanese
Photo
Magie
Hilaire chambo
Production
Collectif 8
Ville de Valbonne
En coréalisation avec le
Théâtre National de Nice pour la nouvelle William Wilson
Durée : 2h15 environ
A ceux là, si rares, qui m’aiment et que j’aime ; à ceux qui sentent plutôt qu’a
ceux qui pensent ; aux rêveurs et à ceux qui ont mis leur foi dans les rêves
comme dans les seules réalités.
Nouvelles histoires
extraordinaires
Adaptation de Gaële Boghossian d’après les nouvelles de
Edgar A. Poe
Traduction de Charles
Baudelaire
Edgar Allan Poe
Poète et conteur américain,
auteur d'Histoires extraordinaires, dont
l'imaginaire exubérant et macabre marqua
profondément le genre fantastique.
Vie d'un "poète maudit"
Né à Boston le 19 janvier 1809, fils de comédiens
ambulants, Edgar Poe perdit ses parents très tôt et fut recueilli à
l'âge de deux ans par un riche négociant, John Allan.
Après des études en Angleterre (1815-1820) puis dans un collège
prestigieux de Virginie, il se querella avec son père adoptif, qui lui
reprochait sa vie "dissolue". Sommé par lui de trouver un emploi
lucratif, il s'enfuit, s'engagea dans l'armée et publia à ses frais son
premier recueil de vers, Tamerlan et autres poèmes (1827).
En 1829, il trouva refuge chez une tante sans fortune, Maria
Clemm, mère d'une petite fille, Virginia, qu'il épousa lorsque celle-ci
eut quatorze ans. La même année, il publia un second recueil, Al
Aaraaf. Renonçant à la carrière militaire, il commença à composer
et à publier des contes à partir de 1831.
Le Manuscrit trouvé dans une bouteille (1833) obtint un prix et le
fit connaître au sein de la coterie littéraire de Baltimore. En 1835, il
collabora activement à une revue de Richmond en y rédigeant des
critiques, des comptes rendus et des éditoriaux ainsi que de
nouveaux contes et poèmes. Mais Poe vit bientôt cette
collaboration s'interrompre, peut-être en raison de son
intransigeance et de son comportement caractériel. Il s'installa alors
à New York avec Maria Clemm et Virginia (1837), dans l'espoir d'y
faire une belle carrière littéraire. Réduit à la pauvreté, il continua à
écrire et à publier des contes, notamment les Aventures d'Arthur
Gordon Pym, Ligeia, la Chute de la maison Usher, William
Wilson et le Scarabée d'or, qui finirent par lui apporter une
certaine considération auprès d'un public choisi. En effet, en 1845
son poème le plus célèbre, le Corbeau, lui valut enfin le succès.
Cependant, épuisé par un rythme de travail inhumain et sur tout
considérablement affecté par la maladie puis par la mort de son
épouse Virginia (1847), il se mit à boire. Malgré un am our
impossible pour Mrs Annie Richmond, épouse d'un industriel, il
poursuivit pendant les dernières années de sa vie une existence
instable et pauvre. Il composa durant cette période une série de
poèmes et d'essais, parmi lesquels un poème resté célèbre,
"Ulalume" (1847), et l'essai intitulé Eurêka (1848), donnant aussi
plusieurs conférences sur la poésie. Edgar Poe mourut à l'hôpital le
7 octobre 1849, à la suite d'une crise de delirium tremens. Bientôt
entouré d'une légende de poète maudit, il fut en son temps
considéré tantôt comme un fou, tantôt comme un gentleman
tranquille et travailleur.
Rigueur et imagination
Poésies
Dans la production poétique de Poe, une douzaine de textes se
distinguent par une construction littéraire parfaite, l'envoûtement
procuré par les thèmes et la métrique, et par un lyrisme
convaincant.
Dans le Corbeau (1845), Poe est submergé par la mélancolie et
les présages de la mort. Sa maîtrise du rythme et des sonorités se
révèle avec un éclat particulier dans les Cloches (1849), qui
semble faire écho à la résonance de ces instruments métalliques.
Dans le Dormeur (1831), il reproduit à la perfection l'état de
somnolence. Quant à Lénore (1831) et Annabel Lee (1849), il
s'agit de lamentations sur la mort d'une belle jeune femme
tendrement aimée.
L'œuvre poétique de Poe est tout entière marquée par l'influence
de Milton, Keats, Shelley, Coleridge, et par un intérêt romantique
pour l'occulte et le satanique.
Baudelaire , qui fit connaître en France l'œuvre de Poe, disait de
sa poésie qu'elle était "quelque chose de profond et de miroitant
comme le rêve, de mystérieux et de parfait comme le cri stal" et
qualifiait l'auteur de "vaste génie, profond comme le ciel et l'enfer".
Nouvelles
Edgar Poe est connu avant tout pour ses nouvelles fantastiques.
Rassemblées aujourd'hui sous le titre d'Histoires extraordinaires
et de Nouvelles Histoires extraordinaires, elles furent révélées
en France à partir de 1848 grâce aux traductions, plus poétiques
qu'exactement fidèles, qu'en fit Charles Baudelaire. Ce dernier, qui
voyait en Poe un "génie fraternel", lutta vigoureusement pour le
faire reconnaître; ses traductions contribuent d'ailleurs encore
aujourd'hui au prestige d'Edgar Poe.
D'autres contes, moins connus et plus humoristiques, jouant
davantage sur le grotesque, furent rassemblés sous le titre
Histoires grotesques et sérieuses. Inspirées notamment par le
roman gothique anglais, ces nouvelles captivantes baignent dans
un climat sombre et ténébreux à souhait; cependant, l'intrigue y est
caractérisée par une savante gradation et par une rigueur quasi
mathématique. Certains récits ont d'ailleurs pour ressort des
principes scientifiques, physiques ou techniques. Dans d'autres, le
conte fantastique rejoint parfois l'énigme policière. Mais dans la
plupart, c'est la mort qui plane, omniprésente, avec son cortège de
terreurs et d'angoisses. Ces récits font alors intervenir
d'inexplicables et terrifiants phénomènes paranormaux. Châteaux
sinistres, paysages désertiques, eaux dormantes et abîmes sans
fond constituent les décors familiers de cet univers de cauchemar
peuplés de revenants et de vampires.
Procédés narratifs
Le Manuscrit trouvé dans une bouteille est un bon exemple des
procédés narratifs auxquels Poe avait recours pour construire ses
récits.
Dans cette nouvelle, le narrateur commence par exposer avec
précision les péripéties ordinaires d'un voyage qu'il fait sur un
navire dans les mers du sud : il place ainsi le cadre d'une normalité
rassurante. À la suite d'un soudain déchaînement des éléments, le
narrateur se retrouve seul survivant, avec un vieux Suédois, à bord
du bateau qui, pendant cinq jours et cinq nuits, file à une allure
vertigineuse vers le pôle.
Le récit quitte alors progressivement le réalisme du voyage pour se
faire de plus en plus étrange et inquiétant, tandis que l'incertitude
du lecteur est soigneusement ménagée. Perdus dans un
angoissant enfer liquide, les voyageurs sont heurtés par un navire
fantôme "condamné à côtoyer éternellement le bord de l'éternité".
Le narrateur, projeté au milieu d'un équipage énigmatique,
commence à rédiger le manuscrit qui constitue la nouvelle : le
lecteur se retrouve alors dans un récit tout à fait fantastique,
d'autant plus inquiétant et troublant que, le manuscrit étant en cours
de rédaction, l'issue n'est pas donnée et que la dérive du narrateur
semble ne jamais devoir prendre fin.
Postérité de l'œuvre
L'œuvre d'Edgar Poe eut une influence sensible, en particulier en
France auprès de Baudelaire mais aussi de Mallarmé et de Paul
Valéry.
Elle ne connut pas la même reconnaissance outre-Atlantique où
ses contes furent souvent considérés avec dédain, et ses intrigues
savantes comme d'habiles mais simples procédés de construction.
Paulo Correia # Collectif 8
Au XXe siècle, les Histoires extraordinaires furent adaptées un
nombre considérable de fois au cinéma.
Déroulement du spectacle
Voyage poétique dans un espace déstructuré.
Pour une jauge de 120 spectateurs divisés en 2 groupes de 60
personnes : A, B menés par deux comédiens maîtres de cérémonie.
Le spectacle se déroule en 4 temps
[Le temps 1 se joue pour 120 spectateurs, les temps 2 et 3 se jouent en
simultané avec les différents groupes qui voyagent d’un site à un autre, le
temps 4 réuni tous les spectateurs au site 4 pour la scène finale]
Sur 4 lieux.
Site 1
l’asile
Le système du Docteur Goudron et
du Professeur Plume [1]
2 comédiens, 10 mn
Site 2
les catacombes, parcours déambulatoire
La barrique d’Amontillado
2 comédiens qui joue 2 fois la scène par représentation
25 min [x 4]
Temps 1 : groupe A divisé en deux
Temps 2 : groupe B divisé en deux
le palais des glaces
William Wilson
1 comédien qui joue 2 fois la scène par représentation
30min [x2]
Temps 1 : groupe A
Temps 2 : groupe B
Site 3
la foire
Vie dure [10 min]
Morella [10 min]
Portrait ovale [10 min]
3 comédiens qui jouent 2 fois les scènes par représentation
30 min [x 2]
Temps 1 : groupe B
Temps 2 : groupe A
Site 4
le dîner
Le système du Docteur Goudron et
du Professeur Plume [2]
12 comédiens
20 min
réunion des groupes A et B
Les Histoires
Rendre compte de toutes les "couleurs", de tous les styles des récits abordés par Edgar
Poe, rendre compte (malgré, ou grâce à cette diversité) de la vision unitaire du poète sur le
monde et sur l'humanité ; rythmer justement la soirée, et placer judicieusement les
"histoires" dans les différents sites du théâtre de Valbonne: voilà ce qui a présidé aux choix
des six "Histoires Extraordinaires" parmi les quelques soixante-dix qu'Edgar Allan Poe
a publié...
Récit "fantastiques".
William Wilson
William Wilson, est poursuivi dès l'enfance par un double (un père ? une conscience ?) qui
intervient pour le remettre sur la "bonne voie" chaque fois qu'il s'égare dans le mal. Las de
ce harcèlement William Wilson tuera son double, et : "… mourra ainsi au monde, au ciel et
à l'espérance…"
C'est sans doute le plus autobiographique des écrits d'Edgar Allan Poe. Le "double", très présent dans
notre spectacle, est un thème Dostoïevskien, obsessionnel chez Poe.
C’est un autre des grands récits "fantastiques".
La Barrique d'Amontillado
On y entend l'angoisse mais aussi la fascination de Poe pour la mort, la mort en toute
conscience, en toute lucidité. Le jour du Carnaval une femme conduit un homme dans sa
cave pour avoir son avis de spécialiste sur un vin d'Amontillado acheté à grand prix. La
femme très affable, projette pourtant de se venger de l'homme, qui jadis l'a humiliée. La
visite les fait traverser le caveau de famille de la dame, caveau jonché d'ossements et de
pierres tombales. Elle "emmurera" l'homme, vivant.
Suivent quatre courts récits, trois images de femmes, que nous traitons comme des entre sorts.
L'entre sort était, dans les fêtes foraines du XIXe siècle, un ensemble d'attractions fantastiques,
(femme sans tête, homme tronc etc.…), que l'on observait en déambulant parmi elles. On entrait, et…
on sortait !
La Vie Dure
Cette nouvelle fait partie des contes peu connus des lecteurs français, car peu ou pas traduits par
Charles Baudelaire. Dans ce type de récits, Poe fait montre d'un humour caustique et d'un esprit
que n'auraient pas reniés les surréalistes.
Psyché Zénobia, a eu la tête coupée par l'aiguille de l'horloge d'une cathédrale gothique,
alors qu'elle admirait le paysage à travers la lucarne de l'édifice. Miss Zénobia était
accompagnée de son "serviteur" Pompey et surtout de son petit caniche adoré. C'est sa
tête détachée de son corps qui conte aux spectateurs, avec précision et… soulagement (!),
sa "mésaventure".
Le Portrait Ovale
La femme d'un peintre, pose de longues heures pour son époux. L'artiste essaie (comme
Dieu le créateur) de rendre sur la toile, la prodigieuse beauté de son modèle. Quand il y
parvient enfin, il constate que sa femme est morte !
L'artiste pour Edgar Poe, n'a pas à créer une œuvre d'art "réaliste" qui concurrencerait la
création divine. C'est une "reconstruction" poétique du monde que le poète doit envisager
dans son travail.
Morella
C’est aussi un récit très autobiographique. On sait que Poe, a perdu sa mère (féerique) Elisabeth
Poe, une actrice, et sa seconde mère (terrestre) France Allan, alors qu'il était très jeune. Toutes
deux sont mortes de longue maladie. Sa très jeune femme, Virginia Clemm, (qu'il épouse à treize
ans), va mourir, elle aussi de mort lente. Virginia était la cousine d'Edgar. Il a vécu longtemps avec
elle et sa mère Maria Clemm. Maria était la "troisième mère" d'Edgar.
Poe raconte ici, la rencontre du narrateur avec Morella : une femme cultivée, qu'après une
période d'amour fou, il se met à haïr de plus en plus. La femme dépérit, mais avant de
mourir, elle met au monde une petite fille que le narrateur hésite à baptiser et à nommer.
Quand il se décide enfin, il ne peut s'empêcher de souffler au prêtre le prénom : Morella.
Alors, l'enfant meurt.
Quand il apporte le petit corps dans le caveau, le narrateur s'aperçoit avec effroi que le corps
de Morella, la mère, a disparu…
"J'observe les étoiles, et la nuit me paraît sans fin, mais j'en
embrasse d'un seul tenant la totalité scintillante et froide.
J'observe les étoiles, et la nuit me paraît sans limite. Pourtant,
tout cet infini est explicable, et m'appartient…"
La fascinante beauté du monstre
L’univers de Poe est parsemé de ces superbes
échantillons de l’âme humaine dévoilant leur
monstruosité comme une araignée tisserait sa toile,
lentement, méthodiquement, mêlant grâce et horreur.
Ce frisson a de tout temps fasciné l’humanité et donné
naissance aux « foires », où le public venait se baigner
dans cette atmosphère étrange et fantastique.
Aujourd’hui nos monstres ont changés, ils ne sont plus
difformes à l’extérieur mais au-dedans, les « foires »
ont été remplacées par des écrans, la mise à distance
plus prononcée, aseptisée.
Or, la force du spectacle vivant est de pouvoir nous
rapprocher de notre humanité entre autre dans ses
contradictions, ses peurs et ses troubles, la « foire »
étant un terrain formidable de jeux et d’enjeux, elle
sera donc la scène de nos « Histoires extraordinaires ».
Une composition musicale et sonore originale, quatre
espaces scéniques dans un même théâtre,cinq
comédiens incarnant à la fois personnages et maîtres
de cérémonie et guidant un public divisé puis
rassemblé dans un autre monde, un monde mettant à
nue cette folie tour à tour inquiétante, drôle et
surréaliste.
Contacts
Collectif 8
4, rue Guigonis
06 300 Nice
Tel : 04 93 62 67 36
Portable : 06 62 13 68 71
Paulo Correia # Collecti f 8
[email protected]
Pour tout contact s’adresser à
Gaële Boghossian
4, rue Guigonis
06 300 Nice
tel : 06 82 23 03 35
[email protected]