Minerais de sang - La Semaine de la solidarité internationale

Transcription

Minerais de sang - La Semaine de la solidarité internationale
VENDREDI 19 OCTOBRE 2012
s'est tenue la
Conférence-débat « Minerais de sang »
avec Christophe BOLTANSKI journaliste
au Nouvel Observateur
Auditorium de la médiathèque
Jacques Ellul de Pessac
Du Collectif Pessac SSI étaient présents :
CCFD Terre solidaire - Peuples solidaires Bordeaux - Coeur Soleil - MBDHP - Médiathèque Jacques Ellul
Nos partenaires de la soirée :
Les trois associations congolaises de Bordeaux : ACOB ; UTBC ; AJC
Et aussi la présence des associations : Survie Gironde - Agence de Médiation culturelle des Pays du
Sahel - Projets solidaires
Jean-Michel MAMPUYA qui est à l’initiative de cette rencontre, a énormément donné de sa personne
dans les préparatifs avec l'appui du groupe chargé de l'évènement dans notre Collectif.
Nous avons eu le grand plaisir d’accueillir toute la soirée : Dominique Dumont -notre élue référente
Développement Durable et Vie associative, adjointe au Maire et Christine Roi -conservatrice de la
médiathèque.
Après la présentation du cadre de cette manifestation (laquelle fut très en amont de la Semaine de la
Solidarité internationale), et des partenariats noués pour l'occasion, le contexte du sujet a été posé
s'appuyant sur ces éléments :
85 compagnies sont officiellement désignées par les Nations Unies dans le pillage des minerais
congolais, dont le coltan et la cassitérite sont les plus exploités.
Le coltan est un minerai de couleur noire ou brun-rouge contenant deux minéraux associés : la
colombite et la tantalite. Il se trouve en quantités commerciales en Afrique centrale, notamment en
République démocratique du Congo dont la région de l'Est au Kivu détient près des ¾ des réserves
mondiales. Mais son cours a chuté depuis 2011.
La cassitérite est le principal minerai de l'étain. Christophe BOLTANSKI a mené une enquête périlleuse
sur plusieurs continents, de l'extraction à la commercialisation, de ce minerai.
Et pour mieux encore contextualiser le sujet, rappelons la quatrième de couverture du livre :
Minerais de sang et les esclaves du monde moderne
Qui connaît la cassitérite ? C’est le principal minerai de l’étain. On le trouve partout, dans nos
téléphones portables, nos radios, nos télévisions... Mais à quel prix ? Dans ce livre-enquête, cette traque
policière sur plusieurs continents, Christophe Boltanski nous révèle l’origine de ces "minerais de sang".
Depuis les mines du Nord-Kivu au Congo, où des gamins africains s’enfoncent sous la terre au péril de
leur vie jusqu’aux tours de La Défense, où des entreprises mondialisées disent tout ignorer du chemin
qu’empruntent les minerais, notre reporter-écrivain a suivi le fil hasardeux, dangereux, qui mène de
l’ombre de ces esclaves modernes à la lumière de notre consommation quotidienne.
Après un exposé très clair et argumenté du journaliste, sur le cicuit de la cassitérite des mines du Congo
aux points de soudure de nos cartes mémoire de nos téléphones portables, en insistant sur l'esclavage
moderne des hommes et enfants descendant dans les mines, et sur la complexité du circuit parcouru
une fois le minerai extrait, le débat a été très animé. Il n'a pas été facile à diriger face à ces quelques
prises de paroles vives de Congolais, lassés que les médias ne parlent pas suffisamment de cette guerre
et ses massacres dans l'Est de leur pays, impuissants devant l'évasion de ces minerais sans que cela ne
profite légalement aux populations locales, effrayés par ces groupes armés et les pays voisins
complaisants et/ou complices, sous les yeux de la communauté internationale qui réagit peu.
Christophe BOLTANSKI comprend ces Congolais qui se sont exprimés si librement et sans détours, car il
comprend leurs souffrances et en même temps il connaît le piège dans lequel il ne faut pas tomber qui
serait de n’accuser que le Rwanda de tous ces maux.
Son livre qui est au delà du genre reportage s'inscrit aussi dans un genre littéraire, une enquête
halletante qui fait comprendre la complexité du sujet et les mécanismes qui en découlent. En même
temps il fait prendre conscience combien la société civile a un rôle à jouer -et joue déjà ce rôle de
levier- pour défendre des Droits fondamentaux, là-bas mais ici aussi en faisant savoir.
Pour notre Collectif, à l'image du Festival de films AlimenTerre qui pointe les grands groupes financiers
et ces hommes de grand bizness qui ont pour unique horizon d'investir dans l'économie mondiale à
leur plus grand profit, c’est bien le libre échange totalement dérégulé qui est d'abord à la source de ce
dysfonctionnement global, de ce pillage des ressources naturelles, avec la complicité plus ou moins
opaque de gouvernements et d' intermédiaires peu scrupuleux.
Une remarque : on ne cite guère de femmes impliquées au pilotage de ces grands bizness ...
Hier soir à l’auditorium Jacques Ellul le Collectif était dans son rôle :
– en phase avec le concept de la SSI dans l’architecture de la soirée ; la venue d’un reporter
d’envergure Christophe BOLTANSKI ; et en mettant en cohérence le choix du sujet avec le choix
du partenariat d'associations congolaises concernées en premier lieu
– en débat sur ces DroitS essentiels
– en rencontre avec du public nouveau (une cinquantaine de personnes)
Nous avons fait vivre le démarrage de la SSI bien en amont de la SEMAINE !
Christophe BOLTANSKI n’oubliera pas son passage à Pessac. Nous lui sommes reconnaissants d'avoir
accepté de venir bénévolement. Il est reparti avec notre programme, la plaquette de la SSI et les outils
de AlimenTerre : ils ne connaissait pas ces dispositifs !
Biographie de Christophe
BOLTANSKI
50 ans – Journaliste au Nouvel Observateur affecté aux grands reportages.
En 1989 il entre au journal Libération, pour y être correspondant pendant presque dix ans - d'abord à Jérusalem
(1995-2000) puis à Londres (2000- 2004).
Il a ensuite co-dirigé le service étranger du journal jusqu'en 2007, avant de rejoindre Le Nouvel Observateur.
Il a également pris part à la création de RUE 89.
Il a gagné en 2010 le prestigieux Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre pour un reportage sur une
mine au Congo, dans la région du Nord-Kivu : Les mineurs de l'enfer.
Egalement auteur :
– avec Jihan el-Tahri, de Les Sept vies de Yasser Arafat (Grasset, 1997),
– avec Farah Mebarki, de Bethléem, 2000 ans de passion (Tallandier, 2000)
– avec Eric Aeschimann, de Chirac d’Arabie, les mirages d'une politique française (Grasset, 2006).
–
et Minerais de sang : les esclaves du monde moderne, photos de Patrick Robert, paru chez Grasset en
avril 2012.
On le décrit comme un journaliste méticuleux qui ne veut rien laisser à l'approximation. Ses terres de
prédilection : le Proche Orient et depuis 4 ans, l'Afrique Subsaharienne.
Il a dit en juillet 2011 pour l'émission Témoins de passage, sur France Inter interviewé par Guyonne de
Montjous :
« J'aime beaucoup les voyages, j'aime beaucoup les gens ; j'aime écrire. Ce qui me met en route c'est
– la part de découverte
– ses propres démons que l'on a besoin de surmonter
– cette envie de témoigner sur des situations qui vous révoltent
Je me sens « chez moi » au Proche Orient, j'y ai mes repères. Mais depuis 2008 j'ai découvert l'Afrique Sub
saharienne.
Cela a été pour moi un choc incroyable : le Congo un endroit hallucinant aux paysages sublimes dans l'Est du
pays. Là-bas -contrairement à ce qu'avait dit un certain Président de la République- j'y ai vu des Africains
totalement dans l'Histoire, dans la géographie et dans la mondialisation. «
C'est ce là-bas qu'il nous décrit dans son livre, ces investigations colossales et minutieuses qu'il a effectutées
pour nous parler de ces MINERAIS DE SANG.
20 octobre 2012
Josyane Pérez
pour Coeur Soleil association coordinatrice du Collectif Pessac SSI
En AJOUT : Sur le site de RFI - LUNDI 12 MAI 2012 Les sites internet du Japonais Sony, des Coréens LG et Samsung et de l’Allemand Bayer ont subi les attaques des militants Anonymous ce
week end des 10 et 11 mai 2012 … par Claire FAGES
Les Etats-Unis ont déjà adopté une disposition, dans la loi Dodd Frank, qui oblige les entreprises américaines à prouver que le coltan
utilisé dans les batteries des téléphones ou des ordinateurs portables qu'ils fabriquent, ne provient pas de zones de conflit. Avant même
l'entrée en vigueur de la législation américaine, il y a un an, les achats de coltan auprès de la République démocratique du Congo ont
commencé à fléchir. Et les prix ont chuté. Ils sont aux environs de 50 dollars la tonne, alors qu'ils avaient connu des pics à 300 dollars au
début des années 2000. C'était l'époque où la colombite-tantalite, surnommé « coltan », finançait l'effort de guerre des rebelles congolais
et enrichissait les traders de Goma et de Bukavu. Depuis la forte chute des prix, l'extraction est devenue totalement anarchique et
artisanale au Kivu, avec des milliers de creuseurs, hors de contrôle des autorités de Kinshasa. En revanche au Katanga, un effort de
certification des mines de coltan est à l'oeuvre. Sous le label « Solutions for hope », les entreprises américaines AVX et Motorola et depuis
peu le Finlandais Nokia, ont monté une filière d'approvisionnement qui se veut plus propre et plus organisée.
Le gouvernement congolais cherche plus généralement à reprendre le contrôle des minerais de la guerre : cassitérite et coltan ont fait
l'objet d'un embargo entre septembre 2010 et mars 2011, ce qui n'a fait qu'accroître la contrebande. Joseph Kabila est depuis le mois
d'avril passé à la vitesse supérieure : c'est à nouveau la guerre au Kivu contre l'ex-rebelle Bosco Ntaganda, qui contrôle ces mines. Peutêtre est-ce le nouvel embrasement du Kivu qui a motivé les Anonymous à pirater les sites internet de grandes entreprises coréennes,
japonaise et allemande, qui, elles, ne sont pas concernées par la loi américaine, et sont donc susceptibles d'utiliser du coltan congolais via
leurs sous-traitants chinois - le principal client malaisien ayant jeté l'éponge.
Si le Congo-Kinshasa dispose des plus grandes réserves de coltan, l'Australie et le Brésil sont aussi de grands producteurs, moins sujets
polémique. Mais l'exploitation illégale du coltan semble s'étendre hors d'Afrique centrale, puisqu'en Colombie, les narcotrafiquants ont
mis la main sur l'extraction de ce minerai.