Enquête Nutritionnelle Anthropométrique Zone de Santé de

Transcription

Enquête Nutritionnelle Anthropométrique Zone de Santé de
Enquête Nutritionnelle Anthropométrique
Zone de Santé de BASANKUSU
République Démocratique du Congo
Province d’Equateur
Réalisée par
Action Contre la Faim
Financée par UNICEF
Février 2004
REMERCIEMENTS
Action Contre la Faim – USA aimerait hautement remercier les personnes et organisations qui ont
collaboré, facilité, et aidé à la préparation et réalisation de cette enquête nutritionnelle
anthropométrique et de mortalité, dans la zone de santé de Basankusu, province de l’Equateur.
•
Dr Frank Mongolo, Médecin Inspecteur Provincial de L’Equateur pour avoir autorisé Action Contre
la Faim - USA à réaliser l’enquête et pour avoir validé la méthodologie de l’enquête.
•
Mr Alexis, Coordinateur Provincial de PRONANUT à Mbandaka, pour sa validation de la
méthodologie de l’enquête.
•
Dr Felly Mata Ebeka Ebama, Médecin intérimaire Chef de District et Médecin Chef de Zone de
Santé de Basankusu, pour avoir fourni à l’Action Contre la Faim l’information sur la Zone de
Santé, les données statistiques, chiffres de population par air de santé et pour la visité sur terrain,
des enquêteurs pendant l’enquête à Basankusu.
•
Mr Freddy Bosomba, Chef de District de Basankusu et son Assistant, Mr Alphonse Mongbenga,
pour avoir fourni les chiffres de population par secteur et les informations sur la situation générale
de Basankusu.
•
Mr ANTOINE MUSHIMBA, le Commandant militaires de secteur du Sud Equateur à Basankusu,
pour avoir facilité l’enquête en informant toutes les autorités militaires du territoire de Basankusu
sur la réalisation de l’enquête et pour avoir garanti notre sécurité en générale durant l’enquête de
Basankusu.
•
Mr Dominique Bofondo, Administrateur titulaire du territoire de Basankusu et Mr Bongenga Entole
Préposé de l’Etat Civil de Basankusu pour avoir fourni à Action Contre la Faim –USA, les chiffres
de population et le tableau récapitulatif du recensement administratif de la population des secteurs
de Basankusu de l’année 2003.
•
Mr Jean Pierre Baembe chef de secteur de Gombalo à Djombo, pour les informations de la
situation générale de Gombalo, pour l’accueil chaleureux et l’hébergement qu’il nous a offert.
•
Mr Norbert Bongila Elimbi, Logisticien et conducteur moto, pour avoir assurer la gestion des
matériels et notre transport durant les trois enquêtes de Bolomba, Befale et de Basankusu.
•
Mr Sylla Bolalia, Infirmier Superviseur du bureau central à Basankusu, pour avoir représenter le
Ministère de la Santé et sa participation à l’enquête de Basankusu.
•
Mr Jean Pierre Ngamba, secrétaire du Bureau Central de Basankusu, pour avoir remis des
données et des informations qui ont facilité la réalisation de l’enquête et une meilleure
connaissance de la zone de Santé de Basankusu.
•
Médecins Sans Frontières – Belgique à Basankusu, pour leur soutien logistique avant et après
l’enquête.
Action Contre la Faim – USA tient également à remercier les Chefs de groupements, de villages et de
quartiers pour leur chaleureux accueil, collaboration et hébergement qu’ils ont généreusement offert
aux enquêteurs
Action Contre la Faim étend sa gratitude et appréciation à tous ceux que l’on a omis de mentionner, et
qui ont assisté ou contribué à la réalisation de l’enquête.
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
2
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS .............................................................................................................................. 2
RESUME .............................................................................................................................................. 4
INTRODUCTION .................................................................................................................................. 6
ORANGE.............................................................................................................................................. 9
OBJECTIFS ....................................................................................................................................... 10
METHODOLOGIE .............................................................................................................................. 10
1.
Type d’enquête et taille de l’échantillon ................................................................................. 10
1.1. Méthode d’échantillonnage ................................................................................................ 10
1.2. Organisation de l’équipe et planning.................................................................................. 12
2.
Données collectées................................................................................................................ 12
2.1. Enfants de 65 à 110 cm (annexe 2) ................................................................................... 12
2.2. Enfants de moins de 6 mois ou 65 cm (annexe 4) ............................................................. 13
2.3. Enquête de mortalité (annexe 5)........................................................................................ 13
3.
Indicateurs et Formules utilisées............................................................................................ 14
3.1. Malnutrition aiguë .............................................................................................................. 14
3.2. Enfants de moins de 6 mois et/ou avec taille < 65cm ........................................................ 15
3.3. Evaluer les pratiques alimentaires ..................................................................................... 15
3.4. Calcul du taux de mortalité ................................................................................................ 15
RESULTATS ...................................................................................................................................... 16
1.
Résultats anthropométriques des enfants de 65 à 110 cm..................................................... 16
1.1. Composition de l’échantillon .............................................................................................. 16
1.2. Distribution selon l’Age et le Sexe...................................................................................... 16
1.3. Analyse Anthropométrique................................................................................................. 16
2.
Résultats Anthropométriques des enfants de moins de 6 mois ou 65 cm .............................. 20
2.1. Nourrissons exclus de l’étude : .......................................................................................... 20
2.2. Nourrissons ayant une taille >= 49 cm et < 65 cm : ........................................................... 20
3.
Pratiques alimentaires pour les nourrissons........................................................................... 22
4.
Couverture vaccinale contre la rougeole ................................................................................ 23
5.
Etude de la mortalité .............................................................................................................. 23
5.1. Taux de mortalité ............................................................................................................... 23
5.2. Causes présumées de mortalité ........................................................................................ 24
5.3. Taille des familles .............................................................................................................. 25
6.
Accès aux soins de santé primaire......................................................................................... 26
DISCUSSION ..................................................................................................................................... 26
RECOMMANDATIONS ...................................................................................................................... 30
ANNEXES ................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
3
RESUME
Introduction
Suite à une augmentation significative des cas de malnutrition sévère dans le district de Basankusu,
fin 2003, signalee par Médecins Sans Frontières-Belgique, en charge du soutien aux structures de
santé sur Basankusu, Action Contre la Faim a décidé de faire une enquête nutritionnelle sur la zone
de santé de Basankusu afin de connaitre les taux de malnutrition et porposer des recommendations
en terme d’intervention nutritionnelle.
Objectifs
•
•
•
•
•
•
•
•
Evaluer le taux de malnutrition aiguë des enfants âgés de 6 à 59 mois dans la zone de santé de
Basankusu.
Identifier les groupes à haut risque de malnutrition aiguë : classes d’age, sexe et statut résidentiel
des populations (résidents, déplacés, retournés, personnes en transit)
Evaluer l’état nutritionnel des nourrissons âgés de moins de 6 mois.
Estimer le taux de couverture vaccinale contre la rougeole chez les enfants âgés de 9 à 59 mois.
Evaluer l’accès aux soins de santé primaire de la population de la zone de santé de Basankusu.
Estimer le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans et des personnes de plus de 5 ans au
cours des 3 mois précédents l’enquête.
Estimer le statut résidentiel de la population de la zone de santé de Basankusu.
Faire des recommandations pour la mise en place de programmes si nécessaire.
Méthodologie
La méthodologie d’enquête utilisée est celle du sondage en grappes à 2 et 31 degrés.
2
Une enquête nutritionnelle de 30 grappes de 30 enfants âgés de 6 à 59 mois permet d’obtenir une
estimation précise et représentative de la prévalence de la malnutrition aiguë, avec au moins 95% de
confiance. L’échantillon retenu pour l’analyse est de 927 enfants.
L’analyse a été réalisée avec les logiciels Epi Info5 et Epinut.
Tous les enfants de moins de 6 mois ou 65 cm rencontrés dans les familles visitées (même lorsqu’il
n’y a pas d’enfants de 6 – 59 mois) ont été pesés et mesurés. L’échantillon est de 129 enfants.
1
2
Voir chapitre « Méthode d’échantillonnage »
Les enfants de cette tranche d’âge ont été définis selon leur taille, qui doit être comprise entre 65 et 110 cm.
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
4
Résultats
Les données de 927 enfants ont été analysées.
Prévalence de la malnutrition
aiguë
6 – 59 mois
Malnutrition aiguë globale
6 – 59 mois
Z-Scores
Pourcentage de la médiane
8.8%
[95% IC3 : 6.4 – 12.0%]
6.4%
[95% IC : 4.4 – 9.1%]
Malnutrition aiguë sévère
6 – 59 mois
2.2%
[95% IC : 1.1 – 4.1%]
1.8%
[95% IC : 0.8 – 3.7%]
Malnutrition aiguë globale
6 – 29 mois
12.0%
[95% IC : 8.1 – 17.2%]
8.4%
[95% IC : 5.2 – 13.1%]
Malnutrition aiguë sévère
6 – 29 mois
Prévalence de la malnutrition
aiguë
< 6 mois ou < 65 cm
Malnutrition aiguë globale
Malnutrition aiguë sévère
2.0%
[95% IC : 0.6 – 5.1%]
1.6%
[95% IC :0.4 – 4.5%]
Z-Scores
Pourcentage de la médiane
3.2%
0.0%
2.3%
0.8%
Couverture vaccinale rougeole
Taux de mortalité < 5 ans
Taux de mortalité population totale
Confirmé par carte : 14.8%
Affirmé par les parents : 41.0%
3.2 / 10 000 / jour
1.0 /10 000 / jour
Recommandations
•
Maintenir en fonctionnement le Centre Nutritionnel Thérapeutique de l’hôpital de Basankusu,
appuyé par Médecins Sans Frontières Belgique.
•
Mettre en place un programme de supplémentation nutritionnelle au niveau des centres de sante
de Basankusu.
•
Mettre en place un programme de recherche active des cas de malnutrition aiguë, afin de référer
les enfants vers les structures appropriées.
•
Mettre en place les recommendations du Protocole National, en collaboration avec le Ministère de
la Santé et le Pronanut, par la formation du personnel des structures de santé, des ONG locales
et religieuses, afin qu’ils soient acteurs dans la surveillance et la prise en charge nutritionnelle
dans la zone de santé de Basankusu.
•
Suivre la situation nutritionnelle dans la zone de santé de Basankusu, à travers les structures de
santé fonctionnelles, les comités de développement et les ONG locales.
•
Former des animateurs de santé communautaires et des comités de développement, en nutrition,
malnutrition, sécurité alimentaire et sur la prévention des maladies communes, afin de permettre
la mise en place de programmes d’education nutritionnelle et sanitaire.
•
Améliorer l’accès aux soins de santé primaire de population en rendant fonctionnelles les
structures préexistantes : formation du personnel de santé, approvisionnement en médicaments
essentiels et éventuels supports financiers du personnel de santé.
3
Intervalle de confiance à 95%
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
5
•
Améliorer les voies de circulation (routes, ponts, ports), à travers une mobilisation communautaire
dirigée par les autorités administratives et coutumières. Ceci faciliterait l’accès aux populations les
plus vulnérables, l’aide humanitaire, le commerce extérieur et intérieur sur la zone.
•
Distribuer des outils agricoles, de chasse et de pêche aux familles les plus vulnérables.
•
Diversifier le regime alimentaire des populations, en distribuant des semences de légumineuses
(arachides, soja, haricots) aux familles vivant de l’agriculture. Assurer également des formations
sur les méthodes de culture de ces produits.
•
Mettre en place un Programme Elargi de Vaccination dans les structures de santé fonctionnelles
et à travers des équipes mobiles de vaccinateurs.
•
Evaluer la situation au niveau de l’acces en eau et de l’assainissement.
INTRODUCTION
Le territoire de Basankusu est situé au sud de la province de l’Equateur, et à approximativement 285
km de Mbandaka. Ce territoire est frontalier au Nord avec le territoire de Lusala, au Nord-Est avec le
territoire de Pimu Lendo et le territoire de Bongandanga, au Sud-Est ce territoire est frontalier avec le
territoire de Befale, et au Sud-Ouest avec le territoire de Basankusu ; au sud-ouest avec le territoire
de Bolomba. Le territoire de Basankusu comporte 4 secteurs : secteur de Gombalo situé sur l’autre
partie de la rive au nord à 90 km de la ville de Basankusu, secteur de Lilangi 2 au Sud-Ouest à 70 km
de la ville, secteur de Lilangi 1 situé au sud de la ville de Basankusu à 150 km et le secteur de Waka
Bokeka situé au Sud -Est de la ville par la rivière Maringa à 85 km par la route à 130 km de la ville de
Basankusu.
Le territoire de Basankusu compte plusieurs axes d’accès. Une route relie Basankusu ville à Bolomba.
Une autre relie Basankusu ville à Boende ville en passant par le territoire de Befale. Il existe
également un axe routier dans le secteur de Gombalo, allant de Djombo4 au territoire de Lisala moins
utilisé par manque de moyen de transport. On trouve également des axes fluviaux d’accès : la rivière
Maringa qui relie Basankusu ville au territoire de Boende en passant par le territoire de Befale. La
rivière Lulonga relie le territoire de Basankusu à celui de Bolomba au nord. Les deux axes fluviaux
cités ci-dessus divisent le territoire de Basankusu en deux : une rive comprend le secteur administratif
de Lilangi 1 et deux autres secteurs ( Lilangi 2 et Waka Bokeka). Sur l’autre rive se situe le secteur de
Gombalo qui est relié à la ville de Basankusu par la rivière Lopori.
La pirogue reste le moyen le plus utilisé vu l’état de route pour passer d’un secteur administratif à
l’autre.
L’Equateur, principalement la zone Nord et Est, était une des principales régions de production
agricole et de bois du Congo, jusqu’à la prise de la région par les forces du MLC5.
Le milieu naturel est très riche (sol fertile, climat tropical avec pluie quasi quotidienne, et nombreuses
rivières et ruisseaux avec abondance de poissons, gibiers dans la forêt). La population vit
principalement de chasse, de pêche, pas ou très peu d’agriculture rendue difficile aussi par
l’omniprésence de la forêt et des marais et de petits commerces de rue.
Les activités d’agriculture et de pêche sont clairement définies par les différentes saisons. En
Equateur, il existe 4 saisons : la petite saison sèche de janvier à mars, la petite saison des pluies
d’avril à juin, la grande saison sèche de juillet à août et la grande saison des pluies de septembre à
décembre.
Avant la guerre, la principale source économique du territoire de Basankusu était la culture du café.
La population ne nécessitait pas de se déplacer pour écouler leur production, étant donné que les
acheteurs venaient directement chez les producteurs. Avant la rébellion entre le gouvernement et le
MLC, en 1997 : passage de réfugiés militaires Rwandais et Ougandais, part le début du fléau sur le
territoire de Basankusu, par des mouvements limités des populations et le pillage, comme facteurs
aggravants. Les échanges avec l’extérieur étaient faciles, par bateau et avion privé qui était organisé.
4
5
Nord du territoire
Mouvement de Libération du Congo
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
6
Pendant la rébellion, le territoire de Basankusu a été particulièrement touché par la guerre où de
nombreux affrontements entre le MLC et les FAC6 ont eu lieu, provoquant de novembre 1999 à
décembre 2000 des déplacements massifs de la population vers les villages situés sur la rivière ou les
campements, mais également le retranchement de la population dans la forêt dense de l’Equateur.
La population a également subit de nombreux pillages des biens matériels7 et des récoltes par les
différentes forces armées. Pendant cette période des déplacements massifs, des populations de
Bolomba et Befalé se sont réfugiées à Basankusu. De plus, durant la période de conflit, la population
ne pouvait pas circuler librement et devait avoir des autorisations pour les déplacements à l’extérieur
des villages, et des horaires de sortie étaient imposés par les militaires. En raison de tous ces faits, la
population s’est retrouvée limitée à une économie familiale de subsistance. Le conflit a également
provoqué un retrait des organisations humanitaires et religieuses, plus de navire, une interruption de
service aérien à Basankusu, pas de possibilité de commerce, mais aussi une interruption des services
de santé ainsi qu’un enclavement de la zone. A partir de 2001, l’intensité des combats a diminué et
certains déplacés8 ont pu revenir dans leurs villages en fin d’année. Cependant en août – septembre
2003, il existait encore des « barrières » au niveau de frontière pour traverser un autre territoire, qui
empêchaient la population qui s’était réfugiée en zone gouvernementale de revenir dans leurs
villages. Depuis que le gouvernement de transition est en place, la présence des forces MLC s'est
considérablement réduite et elles se sont réorganisées en bataillon à Basankusu ville. Cependant, la
population des villages environnants de cette base militaire continue à subir des pillages notamment
de leur production agricole.
La libre circulation des biens et des personnes est effective depuis novembre 2003. Le territoire de
Basankusu bénéficie peu de ces améliorations. Cependant la vie économique reprend son cours peu
à peu avec la reprise de service aérien et l’arrivé de quelques baleinières sur la ville de Basankusu.
La majorité de la population est motivée pour relancer les activités agricoles, de pêche et de chasse
telles qu’elles étaient avant la guerre, mais limité par manque d’outils de travail et de semences. Il est
important de mentionner qu’une partie de la population essaie de se mobiliser en créant des
associations et qu’une entraide communautaire est par endroits, toujours existante, concernant le
partage des outils, le travail de la terre et de la prise en charge des enfants malnutris et hébergement
des orphelins.
De plus, dans cette zone les distances entre les secteurs et la ville sont très importantes, et
l’accessibilité très mauvaise (marais, rivières, routes.
L’activité commerciale a repris à Basankusu ville, dans d’autres secteurs la quasi-absence de
marchés et le manque de liquidité monétaire réduisent la disponibilité et l’accès de la population aux
produits de première nécessité tels que le sel, savon et ustensiles de cuisine,…Tout cela les
maintenant dans des activités de subsistance et dans un état de pauvreté.
Pendant le conflit, quelques tentatives sporadiques d’aide à la population ont été menées par le PAM,
la FAO BDOM et Caritas ; des distributions alimentaires9 et d’approvisionnement10 aux 1500 déplacés
de guerre ont été réalisées à Basankusu, ne touchant pas toute la population du territoire de
Basankusu. Il semblerait que parmi les familles ayant bénéficié de la distribution certaines ont été par
la suite pillées.
Les acteurs humanitaires actuellement présents sur la zone sont :
6
Forces Armées Congolaises
Outils agricoles, de pêche et de chasse.
Principalement les personnes qui s’étaient déplacés vers le nord et celles qui s’étaient réfugiées dans la forêt.
9
Farine de maïs, huile, légumineuse, sel et sucre provenant du PAM.
10
Les même produits que pour la distribution alimentaire avec en supplément du CSB (Corn Soya Blend).
7
8
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
7
ONG
MSF-B
Activités
-
CARITAS
-
BDOM
-
PNS
-
Support technique, financier, approvisionnement de médicaments essentiels et
gestion de 12 centres de santé et 1hôpital général de référence
Support technique, financier, approvisionnement en médicaments essentiels et en
produits de ré-nutrition, et gestion du CNT de l’hôpital
Construction et réhabilitation de certains bâtiments des structures appuyés par MSFB
Formation du personnel de l’hôpital et animateurs sanitaires
11
Programmes nutritionnels
En collaboration avec PAM, approvisionnement en vivres pour le service de santé,
nutrition et le service de développement, vivre contre le travail en cas de la
participation communautaire dans certains travaux de réhabilitation au bénéfice de la
population et des cultivateurs.
Support du centre de nutrition de BDOM, PNS et CADELU
En collaboration avec la FAO, distribution de semences, filets et les outils agricoles
aux associations locales.
Programme de santé : Consultation pré scolaire (réseau de surveillance de la
malnutrition)
Programme nutritionnel : support technique et financier, approvisionnement de
médicaments essentiels et gestion du CNS EMMAUS à la mission catholique à
Basankusu ville.
Formation des mères des enfants malnutris sur la nutrition.
Programme nutritionnel : support technique de prise en charge des enfants malnutris,
pas des matériels anthropométriques.
Programme de développement : la culture de différentes variétés de produits
agricoles et le métayage dans le but d’aider les parents des enfants malnutris sans
emploi.
L’Eglise catholique mène aussi des actions d’aide aux plus défavorisés à travers les CEV12, dans l’axe
Basankusu ville.
Caritas développement apporte également un support technique et matériel à Basankusu, aux
associations des villageois qui se sont regroupées pour créer une organisation gérée par l’Abbé Jean
Léon. Celles ci essaient de développer l’agriculture notamment celle du maïs13, riz, nièbe14 et
d’améliorer la voie d’accès à la rivière afin de pouvoir évacuer leur production vers des villes telles
que Basankusu ville, Mbandaka.
Avant la guerre, la zone de santé de Basankusu comptait 24 structures de santé, dont deux hôpitaux,
l’un à CCP Lisafa et un hôpital général de référence à Basankusu ville. Actuellement, seulement 7
structures de santé sont opérationnels, deux dans le secteur de Gombalo, deux dans le secteur de
Lilangi, deux dans le secteur de Waka Bokeka et une dans la cité de Basankusu.
Les maladies les plus fréquentes sur la zone sont le paludisme qui est endémique, les infections
respiratoires, les maladies diarrhéiques, filariose et les MST/IST.
Début mai 2003, une épidémie de rougeole15 s’est déclarée sur la zone de santé de Basankusu.
Il est également rapporté par les enquêteurs et par l’infirmier superviseur du Bureau Central de
Basankusu présentes au village Bombati dans le secteur de Gombalo, une recrudescence des cas de
tuberculose.
MSF-B a observé une augmentation inquiétante du nombre d’enfants admis au CNT de l’Hôpital
Général de Référence pour la malnutrition aiguë et notamment sévère. En Septembre 2003, MSF-B a
débuté le traitement de la malnutrition sévère à l’hôpital, et par la suite a décidé de réaliser une
évaluation nutritionnelle des enfants âgés de 6 mois à 5 ans, par la prise du périmètre brachial et la
11
Les programmes nutritionnels seront détaillés ultérieurement.
Les Communautés Ecclésiales Vivantes.
Utilisé pour faire de l’alcool, le lotoko.
14
Légumineuses
15
En 3 mois, environ 1350 cas ont été soignés à l’hôpital
12
13
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
8
recherche d’œdèmes bilatéraux. L’évaluation a été effectuée du 04 au 11 septembre 2003, CCP
Lisafa, sur l’axe Bokakata et Basankusu ville, au total 4987 enfants âgés de 6 mois à 5 ans ont été
enquêtés.
Les résultats sont comme suit16 :
%
OEDEMES ROUGE ORANGE JAUNE VERT
TOTAL
715
7,90
6 à 11 MOIS
0
8
102
123
482
3258
2,09
12 à 59 MOIS
48
27
212
359
2612
1014
9,99
(=)> 60 MOIS
15
6
36
83
874
100%
Total
63
41
350
565
3968
4987
Tableau 1 : Résultats évaluation nutritionnelle, Zone de santé Basankusu, MSF-B - septembre 2003
Au vu des résultats, MSF-B a informé le PAM17 et l’Unicef afin d’obtenir du support. C’est ainsi que
MSF-B a pu développer son programme nutritionnel :
MSF-B a décidé de donner un appui logistique plus important au niveau des bâtiments, financiers,
technique et dans la gestion du centre nutritionnel thérapeutique (CNT) en septembre. Unicef fournit
le lait thérapeutique, le Résomal18 et des médicaments essentiels.
Depuis la mise en place du traitement de la malnutrition sévère à l’hôpital de Basankusu, 418 enfants
ont été admis.
Mois
Sept 03 Oct 03 Nov 03 Déc 03 Janv03
Total
Nb d’admissions
114
90
129
44
41
418
Tableau 2 : Admissions mensuels au CNT de MSF-B à la cité de Basankusu – sept 03 à janv. 2004
Le nombre d’admissions peut sembler bas si l’on s’appuie sur les résultats de l’évaluation. Ceci peut
s’expliquer par le fait qu’aucune recherche active des cas de malnutrition aiguë n’est en place et les
cas admis sont uniquement des personnes qui se sont présentées spontanément à l’hôpital. Depuis,
l’urgence nutritionnelle de septembre MSF-B a mobilisé toutes ses capacités logistiques, deux
voyages en pirogue puis camions ont été effectués début et fin novembre pour aller chercher les
enfants malnutris dans la zone de santé de Bolomba. Le CNT a atteint un maximum de 120
bénéficiaires.
Parmi ces enfants admis, 7.4% venaient de l’axe Bokakata, 12.4% venaient l’axe Waka, 19.9%
venaient l’axe Balangala, 6.4% de l’axe Djombo, 33.9% de Basankusu ville et 20.4% de l’extérieur du
territoire de Basankusu19. Il est donc observé que certaines familles ont parcouru de longues
distances pour rechercher un traitement pour leurs enfants.
Deux programmes de CNS sont opérationnels, menés par BDOM (EMMAUS) et PNS utilise comme
outils le protocole PAM, reçoivent également l’aide PAM pour les vivres. Les recherches actives des
enfants malnutris sont réalisés par les mamans formées qui font des visites à domicile et référent de
cas au centre EMMAUS.
Mois
Jan Fév Mar Avr Mai Juin Juil Août
Sept Oct Nov Déc Total
Nb
27
31
7
17
29
31
13
270
13
25
25
37
15
d’admissions
Tableau 3 : Admissions mensuelles au CNS/ Emmaus BDOM à la cité de Basankusu – janv à déc.
2003.
Début novembre 2003, MSF-B a alerté Action Contre la Faim, qui a décidé d’entreprendre une
enquête nutritionnelle anthropométrique sur la zone de santé de Basankusu.
16
Source : Rapport d’évaluation du Bureau central
Le Programme Alimentaire Mondial
18
Sels de réhydratation oral pour patients sévèrement malnutris
19
Befale, Bolomba et Bongandanga.
17
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
9
OBJECTIFS
•
Evaluer le taux de malnutrition aiguë des enfants âgés de 6 à 59 mois dans la zone de santé de
Basankusu.
•
Identifier les groupes à haut risque de malnutrition aiguë : classes d’age, sexe et statut résidentiel
des populations (résidents, déplacés, retournés, personnes en transit).
•
Evaluer l’état nutritionnel des nourrissons âgés de moins de 6 mois ou ayant une taille inférieure à
65 cm.
•
Estimer le taux de couverture vaccinale contre la rougeole chez les enfants âgés de 9 à 59 mois.
•
Evaluer l’accès aux soins de santé primaire de la population de la zone de santé de Basankusu.
•
Estimer le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans et des personnes de plus de 5 ans au
cours des 3 mois précédents l’enquête.
•
Estimer le statut résidentiel de la population de la zone de santé de Basankusu.
•
Faire des recommandations pour la mise en place de programmes si nécessaire.
METHODOLOGIE
1.
Type d’enquête et taille de l’échantillon
Au moment de l’enquête, les seuls chiffres disponibles de la population totale de la zone de santé de
Basankusu étaient :
- Le recensement médical de janvier 2003, issu des centres de santé (moyenne des
chiffres obtenus sur le terrain et les chiffres administratifs), obtenu auprès du Secrétaire
du Bureau Central de la zone de santé de Basankusu.
- Le dernier recensement de la population a eu lieu en décembre 2003, obtenu auprès du
responsable de l’Etat Civil au bureau de l’Administrateur du territoire à Basankusu.
Du au fait que les chiffres du recensement médical de janvier 2003 ne comportaient pas tous les
villages de la zone de santé de Basankusu, il a été décidé d’utiliser les chiffres de population des
recensements décembre 2003 provenant de l’Administrateur du territoire.
Basé sur les chiffres de population totale (288 357 personnes), il a été décidé que la méthodologie
d’enquête de sondage en grappes à 2 et 320 degrés serait la plus appropriée. Une enquête
nutritionnelle de 30 grappes de 30 enfants permet d’obtenir une estimation précise et représentative
de la prévalence de la malnutrition aiguë, avec au moins 95% de confiance. Il faut donc un échantillon
de 900 enfants pour l’enquête.
1.1.
Méthode d’échantillonnage
Le premier degré de sondage est la grappe : 30 grappes ont été sélectionnées au hasard à partir des
chiffres de population par village, avec une probabilité d’être tirées au sort proportionnel à la taille de
la population, un deuxième degré de sondage a été nécessaire pour le tirage au sort des villages à
enquêtés. Chaque village de ces groupements a été numéroté et un tirage au sort à été effectué à
l’aide de la table des chiffres au hasard.
20
Voir chapitre « Méthode d’échantillonnage »
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
10
Secteur
WAKA/
BOKEKA
NGOMBALO
LILANGI
CITE
BASANKUSU
Groupement
Bokenda
Wala
Lifumba
Mondjondjo1
Ebongolibia
B/Gboa
B / Djemongo
Ngumu
Foo
Ebongo Mbulu
Toma
Bobende Moeka
B / Ngombo
Kodoro
Lilangi 1
Lisafa
Ekoto
Ekombe
Bomate
Longenge
Isampoka
Nom du village
Bonsombo
Bokota
Likako
Bomandja/Lofoma
B / Lengo 1
B.Ndanje
B / Epanda
B / Maselenga
B.Ngumu/B.Njambe
B.Mbulu/Lifumba 2
B / Masuwa
B / Tele
B / Isongo
BOMBATI
B / Mwanga
Ikanga Iyonda
Bokombe Balondo
Wiya
Ifomi/Lilangi 2
Bolondo
Ekalankoy
Lopori
Population Totale
831
Nb de Grappe
1
190
896
349
1978
2429
2123
1425
2659
2221
2150
2683
1816
2087
3251
1026
774
1073
1493
572
1256
3402
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Boende
Bongunda
Tribunal
Isampoko Sele
Likila
Campement Lopori
Habitat
Mapamboli
7334
1
3012
1
1967
1
130
1
Basengele
1835
1
Ebale
2177
1
Iyenga
2637
1
Cite Salongo
261
1
Total
56037
30
Tableau 3: Liste des villages tirés au sort, zone de santé de Basankusu, Equateur, RDC – Fév. 2004
Le second ou troisième degré de sondage est le foyer : A partir du centre du village, une direction est
aléatoirement choisie en lançant un stylo en l’air, une fois au sol la pointe du stylo indique la direction
à suivre. Toutes les maisons dans cette direction sont comptées jusqu’à la limite du village. La
première maison visitée est choisie grâce à la table des chiffres au hasard. Les maisons suivantes
sont choisies par proximité, à droite en sortant de celle qui vient d’être enquêtée.
Lorsque plusieurs familles vivent dans une même maison, une des familles était tirée au sort à l’aide
de la table des chiffres au hasard. La même méthode a été utilisée pour les familles polygames, c’est
à dire que l’une des femmes était tirée au sort. Tous les enfants de la famille ou de la mère, dont l’age
etait compris entre 6 et 59 mois (ce qui selon les standards, correspond a une taille comprise entre 65
et 110 cm) étaient alors enquêtés.
En d’absence provisoire d’un ou plusieurs enfants, une autre visite plus tard dans la journée a été faite
dans cette même maison. Si lors de la deuxième visite l’enfant était toujours absent, il ou elle a été
remplacé(e) par un autre enfant dans une autre maison sélectionnée au hasard.
Au total 30 grappes de 3121 enfants ont été sélectionnées. L’analyse pour cette enquête porte sur un
échantillon de 927 enfants de 65 à 110 cm.
21
Un enfant supplémentaire par grappes à été enquêté afin de remplacer les enfants qui avaient des mesures
aberrantes et de façon à avoir un minimum de 900 enfants.
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
11
En ce qui concerne les nourrissions de moins de 6 mois, tous ceux rencontrés dans les familles
visitées ont été enquêtés, même dans les familles qui n’avaient pas d’enfants mesurant 65 à 110 cm.
1.2.
Organisation de l’équipe et planning
Quatre équipes composées chacune d’1 superviseur et 2 mesureurs ont été constituées pour la
réalisation des 3 enquêtes planifiées par Action Contre la Faim (Bolomba II, Befale II et Bassankusu).
Les participants22 ont été recrutés sur Basankusu ville, du 24 au 25 novembre 2003. La formation des
enquêteurs, sur les différents types de malnutrition, la méthodologie de l’enquête, les prises des
mesures anthropométriques, le calcul de l’indice poids pour taille, le remplissage des questionnaires,
l’utilisation des différents outils (calendrier des évènements, table des chiffres au hasard, etc.) a été
réalisée du 26 au 29 novembre 2003, par Marie Sophie Simon (Responsable technique d’Action
Contre la Faim – USA). Une pré-enquête a été réalisée le 29 novembre dans Basankusu ville.
La veille du début de l’enquête de Basankusu, un rappel de la méthodologie a été réalisé avec tous
les enquêteurs.
L’enquête nutritionnelle anthropométrique ainsi que de mortalité a été réalisée du 27 janvier 2003 au
08 février 2004 (annexe 1).
Pendant l’enquête, les équipes ont été supervisées par Mme Brigitte Nteke Ntontolo (Assistante à la
coordination médico-nutritionnelle - Action Contre la Faim).
2.
Données collectées
2.1.
Enfants de 65 à 110 cm (annexe 2)
Age
Quand c’est possible la date de naissance précise de l’enfant, à partir, le plus souvent, du carnet de
santé a été relevée. Si ce document ne peut être fourni, la date de naissance est déterminée à partir
du calendrier des événements locaux (annexe 3). L’âge est noté en mois.
Sexe
Sexe masculin (M) ou féminin (F).
Poids
L’enfant est déshabillé dans sa totalité et pesé aux 100g près, sur une balance mécanique (Salter)
d’une capacité maximale de 25 kg.
Taille
Les enfants de plus de 2 ans ou 85 cm sont mesurés debout, les autres en position couchée. Les
toises sont installées sur une surface plane, et l’enfant est maintenu dans une position correcte par les
enquêteurs. La taille est prise au millimètre près.
Périmètre brachial (PB)
Le PB est mesuré sur le bras gauche avec une précision d’1 mm, à mi-hauteur entre l’épaule et le
coude. La mesure se fait sur le bras détendu le long du corps. Le PB est mesuré à chaque enfant,
mais analysé seulement pour les enfants qui ont une taille supérieure ou égale à 75 cm.
Oedèmes
Seuls les oedèmes bilatéraux sont caractéristiques d’un problème nutritionnel. Ils sont évalués en
exerçant une pression de 3 secondes sur le dessus des pieds. L’œdème est présent si l’empreinte du
pouce reste marquée (forme du godet).
Vaccination contre la rougeole
Pour chaque enfant enquêté, la carte de vaccination est demandée. Si la carte de vaccination n’est
pas disponible, on demande aux parents si l’enfant a été vacciné ou non contre la rougeole. Dans
22
Noms et fonctions des enquêteurs en annexe
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
12
cette enquête, la distinction entre vaccination prouvée par la carte de vaccination et vaccination selon
les dires des parents est faite.
Cette question est posée pour tous les enfants mais ne concerne que les enfants âgés de plus de 9
mois.
Statut résidentiel
En raison des combats qui ont lieu dans la zone dans les années précédentes, des mouvements de
population ont eu lieu. Il est donc intéressant de connaître si les populations sont revenues sur leur
lieu de résidence habituelle et si des mouvements de population ont toujours lieu.
De plus, il est tenu compte également des déplacements saisonniers aux campements agricoles et/ou
de pêches qui sont habituels dans cette zone. Il est donc demandé pour chaque enfant s’il est
résident (RS), déplacé (D), retourné23 (RT) ou en transit (T). On considèrera comme résident les
familles vivant dans la zone de santé depuis plus de 12 mois, et comme transit les familles restant un
total maximum de 6 mois.
Distance pour atteindre un centre de santé
Afin de connaître l’accès aux soins de la population enquêtée, pour chaque enfant il est demandé aux
parents le temps nécessaire pour aller à son centre de santé habituel. Attention, ce n’est pas
nécessairement le Centre de Santé (CdS) le plus proche du lieu de résidence.
2.2.
Enfants de moins de 6 mois ou 65 cm (annexe 4)
Tous les enfants de moins de 6 mois ou 65 cm sont enregistrés sur un questionnaire à part. Les
mesures demandées sont :
Age
Il est noté en mois.
Poids
Tout comme pour les enfants âgés de 6 à 59 mois, le nourrisson est déshabillé en totalité et pesé aux
100 gr prés, sur une balance mécanique (Salter) de capacité maximale de 25 kg.
Taille
Le nourrisson est mesuré couché et la taille est prise au millimètre près.
Le régime alimentaire des nourrissons:
Afin de connaître les pratiques alimentaires pratiquées pour les nourrissons, il est demandé à la mère
de chaque nourrisson enquêté si elle pratique l’allaitement maternel exclusif, l’allaitement maternel
plus des aliments de complément ou seulement des aliments autres que le lait maternel.
Le nombre d’enfants de moins de 6 mois ou 65 cm à mesurer n’est pas défini : tous les nourrissons
rencontrés dans les maisons désignés par la méthodologie sont enquêtés.
2.3.
Enquête de mortalité (annexe 5)
Toutes les familles sélectionnées au hasard, même celles n’ayant pas d’enfants entrant dans les
critères d’enquête, sont questionnées au sujet de la mortalité survenue dans leur foyer au cours des
trois derniers mois (novembre 2003 à février 2004). Les dates de décès sont à considérées en
fonction du jour de l’enquête, c’est à dire que la date d’inclusion des décès correspond à la date du
jour de l’enquête mais 3 mois plus tôt. Les dates sont à réajuster chaque jour.
Plusieurs informations sont collectées:
- Le nombre d’enfants âgés de moins de 5 ans de la famille, et le nombre de personnes de plus
de 5 ans.
- Le nombre de décès survenu(s) au cours des trois derniers mois dans la famille. On prend
soin de noter les décès des moins de 5 ans et des plus de 5 ans séparément.
23
Personnes qui étaient déplacés et qui sont revenues sur leur lieu de résidence habituelle.
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
13
Lorsqu’un ou des décès sont effectivement survenus dans cette période, il faut essayer d’en connaître
la cause présumée:
- Les définitions des causes du (des) décès:
¾ Diarrhée: épisode avec plus de 3 selles liquides par jour, avec ou sans sang.
¾ Rougeole: épisode de fièvre associé à des éruptions cutanées, avec ou sans
rhinopharyngite et avec ou sans conjonctivite.
¾ Fièvre : température corporelle élevée.
¾ Paludisme : épisodes de fièvre avec des pics et une hyperthermie discontinue.
¾ Infection respiratoire : épisode de fièvre associée à la toux et à au moins un des
signes suivants: expectoration, douleur abdominale, dyspnée, sifflements
respiratoires.
¾ Malnutrition : enfant avec œdèmes bilatéraux et/ou perte de poids.
¾ Accident.
¾ Mort-né
¾ Autres: donner des détails
3.
Indicateurs et Formules utilisées
L’analyse des données collectées et le calcul des indices nutritionnels ont été effectués par les
logiciels EPI-INFO 5 et EPINUT.
3.1.
Malnutrition aiguë
Chez les enfants, les taux de malnutrition aiguë sont estimés à partir de l’indice poids pour taille (P/T)
combiné avec la présence d’œdème. Les indices P/T sont comparés avec les données de référence
NCHS24 .
Les résultats sont exprimés en Z-score et en pourcentage de la médiane. L’expression en Z-score
présente des avantages de précision statistique et permet la comparaison entres différentes
enquêtes. Le pourcentage de la médiane quant à lui présente des avantages d’utilisation
opérationnelle, puisqu’il est communément utilisé pour identifier les enfants éligibles pour les
programmes de centres nutritionnels. De ce fait, les résultats sont présentés sous les deux formes.
La malnutrition aiguë est définie par :
Malnutrition aiguë globale : P/T < -2 E.T25 (80% de la médiane) et/ou œdème
Malnutrition aiguë sévère : P/T < -3 E.T (70% de la médiane) et/ou œdème
Dans les situations d’urgence où les formes aiguës de malnutrition sont les plus courantes,
l’indice P/T est l’indice le plus approprié pour quantifier chez une population la malnutrition aiguë,
appelée plus communément l’émaciation. Cependant le Périmètre Brachial (PB) est utile pour
l’évaluation rapide des enfants à haut risque de décès. Cette propriété semble être liée à l’association
entre le PB et la masse musculaire. La mesure du PB varie peu chez les enfants âgés de 12 à 59
mois et peut à ce titre être utilisé sans référence à un standard pour l’age. Le Périmètre Brachial est
mesuré chez tous les enfants, mais n’est ici utilisé que comme un indicateur de malnutrition que pour
les enfants ayant une taille supérieure ou égale à 75 cm.
Les valeurs seuils peuvent varier selon les auteurs, Action Contre la Faim utilise les seuils suivants :
120 – 135 mm : sujets à risque de malnutrition
110 – 119 mm : malnutrition modérée (critère d’admission en centre nutritionnel
supplémentaire)
< 110 mm :
malnutrition sévère (critère d’admission en centre nutritionnel
thérapeutique)
24
NCHS : National Centre for Health Statistics (1977) NCHS growth curves for children birth – 18 years. United
States. Vital Health statistics. 165, 11-74.
E.T : Ecart-Type
25
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
14
3.2.
Enfants de moins de 6 mois et/ou avec taille < 65cm
Les enfants de moins de 6 mois présentent un risque particulièrement élevé, toute altération de l’état
nutritionnel ayant un fort impact sur la mortalité chez ces enfants.
Les références sont disponibles à partir de 49 cm en taille. Or, on peut trouver des enfants mesurant
moins de 49 cm. L’indice poids / taille de ces enfants ne peut être calculé, mais ils doivent être
considérés comme à risque vu leur taille.
L’indice poids/taille sera utilisé pour évaluer l’état nutritionnel de ces enfants. Ceci permettra une
estimation comparative de l’état nutritionnel chez les enfants de moins de 6 mois et de plus de 6 mois.
Les mêmes seuils que les enfants de 6 à 59 mois et les adolescents sont utilisés pour classer la
malnutrition.
Pour les enfants de moins de 6 mois, les données de la population NCHS ont été constituées
essentiellement à partir d’enfants nourris au lait infantile. L’OMS recommande la création de données
de référence pour ces enfants nourris au sein. Cette nouvelle référence n’existant pas pour le
moment, la courbe de référence NCHS est quand même utilisée.
Pour l’admission dans les centres de nutrition c’est l’état général de l’enfant qui sera évalué, sa
capacité ou non à téter, ainsi que l’insuffisance en lait maternel de la mère.
3.3.
Evaluer les pratiques alimentaires
L’OMS a défini des indicateurs qui permettent d’estimer les pratiques alimentaires26. Ces indicateurs
sont définis en fonction des pratiques alimentaires souhaitables pour les différentes tranches d’âge.
Les indicateurs utilisés dans l’analyse sont les suivants :
- Taux d’allaitement : pourcentage des enfants allaités dans la tranche d’âge considérée
- TA = (nombre d’enfants < 4 mois allaités / nombre d’enfants < 4 mois) x 100
Taux d’allaitement exclusif parmi les enfants allaités : pourcentage des enfants exclusivement
allaités parmi les enfants allaités
TAPA = (nombre d’enfants < 4 mois exclusivement allaités / nombre d’enfants < 4 mois allaités) x 100
-
3.4.
Calcul du taux de mortalité
La détermination du taux de mortalité est un bon indicateur de la situation sanitaire dans une zone.
Le taux de mortalité brut pour les tranches d’âge plus et moins de 5 ans est calculé selon la formule
suivante :
TM = n/[((n+N)+N)/2]
Avec : n = nombre de décès durant la période
N = nombre de personnes vivantes le jour de l’enquête
Le taux de mortalité est exprimé pour 10 000 personnes et par jour :
TM = (taux brut x 10 000) / 90
Les seuils retenus pour l’interprétation du taux de mortalité27 sont :
⇒ Population totale :
seuil d’alerte = 1/10 000/jour
seuil d’urgence = 2/10 000/jour
⇒ Enfants de 0 à 5 ans :
seuil d’alerte = 2/10 000/jour
Seuil d’urgence = 4/10 000/jour
26
27
OMS, 1991
Moren, 1995
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
15
RESULTATS
1.
Résultats anthropométriques des enfants de 65 à 110 cm
1.1.
Composition de l’échantillon
928 enfants de 65 à 110 cm ont été enquêtés. Cependant 1 d’entre eux a été exclus de l’analyse du à
des résultats hors normes ou aberrants. Donc l’étude n’est réalisée que sur un échantillon de 927
enfants.
Il y avait 4 types différents de statut résidentiels : Résidents, Déplacés, Retournés et en Transit.
Au total, 593 familles ont eu leurs enfants enquêtés. Parmi ces familles, seulement 0.8% étaient des
déplacés et 1.7% étaient en transit.
Statut résidentiel
Nombre
%
Résidents
554
97.4%
Déplacés
1
0.2%
Retournés
11
1.9%
Transit
3
0.5%
Total
569
100%
Tableau 4 : Statuts résidentiels de l’échantillon, ZS28 de Basankusu, Equateur, RDC – fév. 2004
Parmi tous les enfants enquêtés, 888 (95.8%) étaient Résidents, 24 (2.6%) des Retournés, 7 (0.7%)
en Transit et 8 (0.9%) des Déplacés.
1.2.
Distribution selon l’Age et le Sexe
Classe
Garçons
Filles
TOTAL
d’Age
(mois)
N
%
N
%
N
%
06-17
132
56.4%
102
43.6%
234
25.2%
18-29
111
51.2%
106
48.8%
217
23.4%
30-41
103
56.6%
79
43.4%
182
19.6%
42-53
102
50.0%
102
50.0%
204
22.0%
54-59
49
54.4%
41
45.6%
90
9.7%
TOTAL
497
53.6%
430
46.4%
927
100.0%
Tableau 5 : Distribution selon l’age et le sexe, ZS de Basankusu, Equateur, RDC – Fév. 2004
Sexe
Ratio
1.29
1.05
1.30
1.00
1.20
1.16
Bien que le sexe ratio soit proche de 1, indiquant un échantillon homogène, la distribution selon l’age
et le sexe montre un déséquilibre. Il y a plus de garçons que de filles dans l’échantillon, spécialement
dans le groupe d’age des 06 - 17 mois. Ceci est difficilement interprétable, étant donné que tous les
enfants d’une même famille ont été enquêtés.
1.3.
28
ZS : Zone de Santé
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
16
Analyse Anthropométrique
•
Prévalence de la malnutrition aiguë, en Z-scores
>=-3 & <-2 E.T
< - 3 E.T29
Age
N
n
%
n
%
06-17
234
3
1.3%
27
11.5%
18-29
217
2
0.9%
18
8.3%
30-41
182
1
0.5%
3
1.6%
42-53
204
0
0.0%
9
4.4%
54-59
90
0
0.0%
5
5.6%
TOTAL
927
6
0.6%
62
6.7%
Tableau 6: Indice Poids/Taille par classe d’âge en Z-score, ZS de
04.
< -2 E.T
MARASME/KWASHIORKOR
OUI
6
>=-2 E.T
Oedèmes
n
%
n
%
202
86.3%
2
0.9%
195
89.9%
2
0.9%
177
97.3%
1
0.5%
191
93.6%
4
2.0%
80
88.9%
5
5.6%
845
91.2%
14
1.5%
Basankusu, Equateur, RDC –Fév.
>= -2 E.T
KWASHIORKOR
0.6%
8
0.9%
OEDEME
NON
MARASME
NORMAL
68
845
7.3%
91.2%
Tableau 7 : Indice Poids/Taille versus œdème, en Z-score, ZS de Basankusu, Equateur, RDC – Fév.
04
La forme la plus commune de malnutrition trouvée est le marasme. 8 cas de kwashiorkor et 6 cas de
Kwashiorkor marasmatiques ont été trouvés.
25
20
15
10
5
0
Reference
-4
.
5
-3
.7
5
-2
.2
5
-0
.7
5
0.
75
2.
25
3.
75
Sex Combined
75
%
Poids pour taille en Z-score, pour les enfants de < 6
mois, Basankusu- Fév. 04
Z-score
Il existe un décalage significatif vers la gauche de la courbe distribution Poids/Taille de l’échantillon
par rapport à la courbe de référence : la proportion d’enfants inclus entre -3 et -1 écart-type est plus
importante. En effet, la moyenne de l’échantillon est situee a – 0.70, alors que la moyenne de la
29
Ecart Type
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
17
population de référence est à 0. L’écart-type de la courbes est de 0.92, (celui de la courbe de
référence est égal a 1), ce qui montre une répartition satisfaisante au sein de l’échantillon.
AGE
Malnutrition aiguë globale
Malnutrition aiguë sévère
6 – 59 mois
6 – 29 mois
30
12.0% [95% IC : 8.1 – 17.2%]
8.8% [95% IC
: 6.4 – 12.0%]
2.2% [95% IC : 1.1 – 4.1%]
2.0% [95% IC : 0.6 – 5.1%]
Tableau 8 : Prévalence de la malnutrition aiguë globale et sévère, par groupe d’âge, en Z-scores, ZS
de Basankusu, Equateur, RDC – Fév. 2004.
Les tests statistiques de Chi2 révèlent qu’il y a une différence significative dans les taux de
malnutrition aiguë (χ²= 4.69 à 95% et p< 0.05) en fonction de l’âge. Le risque relatif (RR) est 2.04
(95% IC : 1.31 <RR< 3.15), ce qui signifie que les enfants âgés de 6 à 29 mois ont un risque d’être
touchés par la malnutrition aiguë 2 fois plus élevé que les enfants âgés de 30 à 59 mois.
Statut nutritionnel
Définition
Garçons
n
%
Filles
n
%
Malnutrition sévère
P/T < - 3 E.T ou œdème
14
2.8%
6
1.4%
Malnutrition Modérée
36
7.2%
26
6.1%
P/T >= - 3 E.T & < - 2 E.T
Malnutrition Globale
P/T < - 2 E.T ou œdème
50
10.1%
32
7.4%
Normal
P/T >= - 2 E.T
447
89.9%
398
92.5%
TOTAL
497
100.0%
430
100.0%
Tableau 9 : Statut nutritionnel par sexe, en Z-score, ZS de Basankusu, Equateur, RDC – Fév. 2004
Les tests statistiques de Chi2 révèlent qu’il n’y a pas de différence significative dans les taux de
malnutrition aiguë entre les filles et les garçons (χ²= 2.65 à 95% et p>0.05). Ce qui signifie que les
filles ont le même risque d’être touchées par la malnutrition que les garçons.
DE32
RT33
TT34
RS31
n
% n
% n
% n
%
Malnutrition sévère
P/T <-3 E.T ou œdème 18
2.0 0
0.0
2
8.3 0
0.0
Malnutrition Modérée P/T >=-3 E.T & < -2E.T
58
6.5 0
0.0
3
12.5 1
14.3
Malnutrition Globale P/T <-2 E.T ou œdème 76
8.6 0
0.0
5
20.8 1
14.3
Normal
P/T >= - 2 E.T
812 91.4 8
100.0 19
79.2 6
85.7
TOTAL
888 100.0 8
100.0 24 100.0 7 100.0
Tableau 10 : Statut nutritionnel par statut résidentiel, en Z-score, ZS de Basankusu, Equateur, RDC –
Fév.2004
Statut nutritionnel
Définition
Le nombre de déplacés, retournés et personnes en transit étant trop faible, aucune comparaison sur
le risque d’être touché par la malnutrition aiguë ne peut être réalisée entre les différents statuts
résidentiels.
30
Intervalle de confiance à 95%
RS : Résident
DE : Déplacé
33
RE : Retourné
34
TT : Transit
31
32
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
18
•
Prévalence de la malnutrition aiguë, en pourcentage de la médiane
< 70%
>= 70% & < 80%
>= 80%
Oedèmes
Age
N
n
%
n
%
n
%
n
%
06-17
234
2
0.9%
20
8.5%
210
89.7%
2
0.9%
18-29
217
1
0.5%
11
5.1%
203
93.5%
2
0.9%
30-41
182
0
0.0%
4
2.2%
177
97.3%
1
0.5%
42-53
204
0
0.0%
3
1.5%
197
96.6%
4
2.2%
54-59
90
0
0.0%
4
4.4%
81
90.0%
5
5.6%
TOTAL
927
3
0.3%
42
4.5%
868
93.6%
14
1.5%
Tableau 11: Indice Poids/Taille par classe d’âge en pourcentage de la médiane, ZS de Basankusu,
Equateur, RDC –Fév. 2004
< 80%
MARASME/KWASHIORKOR
OUI
6
>= 80%
KWASHIORKOR
0.6%
8
0.9%
OEDEME
NON
MARASME
NORMAL
45
868
4.9%
936%
Tableau 12 : Indice Poids/Taille versus œdème, en pourcentage de la médiane, ZS de Basankusu,
Equateur, RDC – Fév. 2004
AGE
6 – 59 mois
6 – 29 mois
Malnutrition aiguë globale
6.4% [95% IC : 4.4 – 9.1%]
8.4% [95% IC : 5.2 – 13.1%]
Malnutrition aiguë sévère
1.8% [95% IC : 0.8 – 3.7%]
1.6% [95% IC :0.4 – 4.5%]
Tableau 13 : Prévalence de la malnutrition aiguë globale et sévère, par groupe d’âge, en pourcentage
de la médiane, ZS de Basankusu, Equateur, RDC – Fév. 2004
De même que les résultats exprimés en Z-Scores, ceux exprimés en pourcentage de la médiane
montrent pas de différence significative au niveau du risque d’être malnutris, entre les enfants âgés de
6 à 29 mois et ceux de 30 à 59 mois : RR= 1.86 (IC= 1.11-3.13).
Il n’y a pas de différence significative en ce qui concerne le sexe.
•
Risque de mortalité : Périmètre Brachial (PB)
Le périmètre brachial est le meilleur indice pour estimer le risque de mortalité associé à la
malnutrition. La mesure du périmètre brachial est un bon indicateur de la masse musculaire, lequel
varie peu entre 1 et 5 ans. Etant donné que la malnutrition chronique ou « retard de croissance » est
très fréquente dans les pays en voie de développement, la taille est un meilleur indicateur pour
l’estimation de la croissance de l’enfant que l’âge. Pour cette raison, l’étude sur le périmètre brachial
ne concerne que les enfants qui ont une taille supérieure ou égale à 75 cm35. Au total, seulement les
données de 703 enfants qui ont une taille supérieure ou égale à 75 cm ont été analysées.
PB / Taille
Signification
>= 75 & < 90 cm
>= 90 & <= 110 cm
< 110 mm
Malnutrition sévère
6
1.3%
0
>= 110 & < 120 mm
Malnutrition modérée
28
6.0%
2
0.9%
>= 120 & < 135 mm
A risque de malnutrition
133
28.3%
26
11.1%
>= 135 mm
Pas de risque majeur
302
64.4%
206
88.0%
Total
469
100.0%
234
100.0%
0.0%
Tableau 14 : Distribution du Périmètre Brachial en fonction de la taille, ZS de Basankusu, Equateur,
RDC –Fév. 2004
35
75 cm est la taille standard pour un enfant âgé de 1 an.
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
19
2.
Résultats Anthropométriques des enfants de moins de 6 mois ou 65 cm
Parmi toutes les familles visitées, 141 nourrissons ayant une taille inférieure à 65 cm ont été
rencontrés et enquêtés. Parmi ces 141 nourrissons, 12 avaient une taille inférieure à 49 cm et leur
statut nutritionnel n’a pu être analysé en raison de l’absence de références P/T, ils ont donc été exclus
de l’étude qui ne comprend qu’un échantillon de 129 nourrissons. Ce nombre est insuffisant pour
réaliser une analyse statistique, mais l’étude des données anthropométriques des 129 nourrissons
restants est toutefois intéressante.
2.1.
Nourrissons exclus de l’étude :
Age (mois)
Poids (kg)
Taille (cm)
0
3.0
48.6
0
2.6
45.4
0
3.1
48.7
0
2.6
44.7
0
3.7
46.1
0
2.5
47.5
0
2.7
45.5
0
2.1
48.6
1
2.9
48.2
1
3.5
48.4
0
2.6
46.9
0
2.9
48.0
Tableau 17 : Liste des enfants ayant une taille inférieure à 49 cm, ZS de Basankusu, Equateur, RDC –
Fév. 2004
⇒ On peut observer que 75% (n=6) des nourrissons exclus de l’étude, étaient âgés de moins de
1 mois. Tous présentaient, une taille inférieure aux standards de naissance et 4 un poids
inférieur aux standards de naissance.
⇒ 1 des 12 nourrissons de moins de 1 mois pèse moins de 2.5 kg et a donc un petit poids de
naissance.
⇒ Aucune information n’a été collectée en ce qui concerne la possibilité d’avoir des enfants nés
prématurément.
2.2.
Nourrissons ayant une taille >= 49 cm et < 65 cm :
L’échantillon comprend 129 enfants ayant une taille comprise entre 49 et 64.9 cm, mais on un âge
compris entre 0 et 11 mois.
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
20
•
Distribution selon l’âge et le sexe :
Age
0 mois
Garçons
n
9
%
15.5%
Filles
n
9
%
12.7%
Total
n
18
%
14%
1 mois
5
24.1%
5
19.7%
10
7.8%
2 mois
11
43.1%
12
36.6%
23
17.8%
3 mois
8
56.9%
9
49.3%
17
13.2%
4 mois
10
74.1%
6
57.7%
16
12.4%
5 mois
5
82.8%
9
70.4%
14
10.9%
6 mois
4
89.7%
8
81.7%
12
9.3%
7 mois
2
93.1%
5
88.7%
7
5.4%
8 mois
2
96.6%
6
97.2%
8
6.2%
9 mois
1
98.3%
0
0.0%
1
0.8%
10 mois
1
100%
0
0.0%
1
0.8%
11mois
0
0.0%
2
100%
2
1.6%
Total
58
45.0%
71
55.0%
129
100.0%
Tableau 18 : Distribution par âge et sexe, enfants de 49 à 64.9 cm, ZS de Basankusu, Equateur, RDC
– Fév. 2004
Sur les 129 enfants inclus dans l’étude, 98 (76.0%) ont moins de 6 mois, et 31 ont 6 mois ou plus et
une taille inférieure à 65 cm.
•
Analyse anthropométrique
Z-score
% de la médiane
Malnutrition aiguë globale
3.2%
2.3%
Malnutrition aiguë sévère
0.0%
0.8%
Tableau 19 : Prévalence de la malnutrition aiguë globale et sévère, en Z-score et pourcentage de la
médiane, ZS de Basankusu, Equateur, RDC – Fév. 2004.
⇒ Sur les 129 enfants inclus dans l’analyse, 31 ( 24%) présente un indice P/T compris entre –2
et –1 E.T., 3 (2.3%) présente un indice P/T inférieur à -2 E.T. et aucun un indice inférieur à –3
E.T.
⇒ Un des 18 enfants âgés de moins d’un mois pèse moins de 2.5 kg et a donc un petit poids de
naissance.
⇒ Pris séparément le poids et la taille sont en dessous des normes attendues à partir de l’âge
de 3 mois. Le retard de croissance est donc associé à un déficit de la taille pour l’âge, dès le
troisième mois de vie, ce qui signifie que le retard de croissance semble s’initier très tôt
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
21
25
20
15
10
5
0
5
3.75
2.25
0.75
-0.8
-2.3
-3.8
Reference
Sex Combined
-4.8
%
Poids pour taille en Z-score, pour les enfants de 0 à 6 mois
(n=98), Basankusu- Fév. 04
Z-score
La courbe de distribution de l’indice P/T pour les enfants âgés de 0 à 6 mois (n=98) montre une légère
déviation vers la droite et un petit pic entre –2 et -3 E.T par rapport à la population de référence. Cela
signifie que le statut nutritionnel des enfants est légèrement meilleur que celui de la population de
référence, avec cependant une petite proportion d’enfants présentant un statut nutritionnel très
précaire. La courbe de distribution de l’indice P/T pour les 129 enfants de l’échantillon est similaire à
celle des 0 - 6 mois.
3.
Pratiques alimentaires pour les nourrissons
Les 141 mamans des enfants de moins de 6 mois ou 65 cm enquêtées ont été questionnées
sur le régime alimentaire actuel de leur enfant.
⇒ Le taux d’allaitement maternel est de 100%
⇒ Le taux d’allaitement exclusif est de 37.3%
⇒ 62.7% des enfants reçoivent également un complément alimentaire. L’aliment le plus
mentionné par les mamans est l’eau, qui est souvent introduit dès le premier mois de vie de
l’enfant.
⇒ Parmi les 3 enfants qui présentent un indice P/T en Z-score inférieur à – 2 E.T., tous reçoivent
un complément alimentaire, sachant que l’un d’entre eux est âgé de moins d’un mois.
Le protocole national du Ministère de la Santé sur l’allaitement maternel recommande l’allaitement
exclusif jusqu’à age de 6 mois. Ainsi lorsque uniquement les données des enfants de 0 à 6 mois sont
analysées, on obtient les résultats suivants :
⇒ L’échantillon est de 122 enfants âgés de 0 à 6 mois.
⇒ Le taux d’allaitement maternel est de 100%
⇒ Le taux d’allaitement exclusif est de 33.6%, ce qui est dramatiquement bas.
ème
⇒ Il peut être observé une diminution significative de l’allaitement exclusif à partir du 2
mois
de vie des nourrissons. Comme mentionné précédemment, le principal aliment introduit est
l’eau, qui n’est dans la plus grande majorité des cas jamais bouillie.
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
22
Figure 6
Courbe de l'allaitement exclusif, enfants de 0 à 6 mois,
ZS de Basankusu - Fév. 04
10
8
Nb
6
Nb enfants
4
2
0
0 mois
1 mois
2 mois
3 mois
4 mois
5 mois
6 mois
âge
4.
Couverture vaccinale contre la rougeole
La vaccination contre la rougeole est communément administrée aux enfants à partir de l’âge de 9
mois. Les enfants vaccinés avant cet âge doivent recevoir une deuxième dose à l’âge de 9 mois, afin
d’être totalement immunisés. Pour cette raison, seulement les enfants âgés de 9 à 59 mois sont inclus
dans l’analyse de la couverture vaccinale. L’échantillon est donc de 886 enfants.
Vaccination contre la rougeole
N
%
Vaccination confirmée par la carte
132
14.8%
Pas de carte mais vaccination affirmée par les parents
366
41.0%
Pas vacciné
395
44.2%
Total
893
100.0%
Tableau 20 : Couverture vaccinale contre la rougeole, ZS de Basankusu, Equateur, RDC – Fév. 2004
Les résultats montrent que 14.8% des enfants âgés de 9 à 59 mois ont été vaccinés contre la
rougeole. Cependant, 41.0% des parents affirment que leurs enfants ont été vaccinés, mais la carte a
été perdue.
Il est important de mentionner que le Programme d’Urgence congolais (PUC), financé par MSF-B, n’a
pas réalisé de campagne de vaccination de masse contre la rougeole, suite à la monté du pic de
rougeole sur toute zone de santé de Basankusu.
5.
Etude de la mortalité
5.1.
Taux de mortalité
Dans l’enquête rétrospective de mortalité, 870 familles ont été enquêtées et parmi celles-ci 685
avaient des enfants âgés de moins de 5 ans. Les enfants de l’enquête anthropométriques sont inclus
dans ces 685 familles.
•
Enfants de moins de 5 ans :
Les jours de l’enquête, 1185 enfants de moins de 5 ans étaient vivants et 35 enfants de moins de 5
ans étaient décédés dans les derniers 3 mois. Un enfant est mort-né, mais n’est pas pris en compte
dans le calcul de mortalité. Parmi les familles ayant déclaré avoir eu des enfants décédés dans les
derniers 3 mois, 2 d’entre elles ont perdu 2 enfants.
Taux brut de mortalité = 35/[((35 + 1 185) + 1 185)/2] = 0.0291
TM = (0.0299 x 10 000) /90 = 3.2 /10 000 / jour
Le taux de mortalité pour les enfants de moins de 5 ans est donc 3.2 / 10 000 / jour, ce qui est
supérieur au seuil d’alerte.
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
23
•
Population des plus de 5 ans d’âge :
Les jours de l’enquête, 4758 personnes âgées de plus de 5 ans étaient vivantes et 21 personnes de la
même tranche d’âge étaient décédées durant les derniers 3 mois. Parmi les familles qui ont déclaré
avoir eu des décès, 2 d’entre elles ont eu le décès de 2 personnes pendant cette période de 3 mois.
•
Population totale :
Taux brut de mortalité = 56/[(56+ 5943) + 5 943)/2] = 0.0094
TM = (0.0094 x 10 000)/90 = 1.04 /10 000 / jour
Le taux de mortalité pour la population totale est donc de 1.04/10 000 / jour, qui est légèrement
supérieur au seuil d’alerte.
Les taux de mortalité pour les enfants de moins de 5 ans et pour la population totale démontrent que
la situation sanitaire dans la zone de santé de Basankusu a été inquiétante entre début novembre
2003 et début février 2004, puisque les taux sont tous les deux au-dessus des seuils d’alerte.
5.2.
Causes présumées de mortalité
Elles se répartissent comme suit :
Causes présumées
< 5 ans
> 5 ans
Total
n
%
n
%
n
%
Diarrhée
2
5.7%
2
9.5%
4
7.1%
Fièvre
4
11.4%
4
7.1%
Rougeole
6
17.1%
6
10.7%
Malnutrition
7
20.0%
1
4.8%
8
14.3%
Paludisme
7
20.0%
7
33.3%
14
25.0%
Infections respiratoires
4
19.0%
4
7.1%
Autres
9
25.7%
7
33.3%
16
28.6%
Total
35
100.0%
21
100.0%
56
100.0%
Tableau 21 : Causes présumées de mortalité pour les populations de moins et de plus de 5 ans, ZS
de Basankusu, Equateur, RDC – nov.03 à fév. 04
Les causes présumées qui sont classifiées sous autres sont comme suit :
- enfants de moins de 5 ans d’âge : méningite (1cas), tétanos (1 cas), abcès (1 cas), anémie
(1cas) et 5 causes inconnues.
- population âgée de plus de 5 ans :
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
24
Figure 7
Au tre s ca u se s p ré su m é e s d e m o rta lité , p o p u la tio n > 5 a n s,
ZS d e Ba sa n ku su - fé v.04
Diabète
13%
Hernie
24%
Pros tate
13%
Hemiplegie
13%
V ieilles s e
37%
Ces données sont fournies à titre indicatif, elles ne peuvent être interprétées de manières
significatives. Cependant, les causes principales invoquées pour les enfants de moins de 5 ans sont
la malnutrition et le paludisme. En ce qui concerne la population des plus de 5 ans d’âge, les causes
principales seraient les infections respiratoires et le paludisme.
5.3.
Taille des familles
La moyenne du nombre d’enfants de moins de 5 ans par famille est de 1 (1.4). Cependant, en raison
du fait que de nombreuses mères sans conjoint (divorcées ou séparées) sont prises en charge par les
parents de celle-ci ou par un frère, le nombre de famille ayant un nombre d’enfants supérieur à la
moyenne est assez important.
Nb. d’enfants < 5 ans
Nb. de familles
%
0
188
21.6%
1
306
35.2%
2
279
32.1%
3
73
8.4%
4
20
2.3%
5
2
0.2%
6
2
0.2%
Total
870
100.0%
Tableau 22 : Moyenne des enfants de moins de 5 ans par famille, ZS de Basankusu,
Equateur, RDC – fév. 04
En ce qui concerne le nombre de personnes de plus de 5 ans d’âge par famille, la moyenne est de 5
personnes (5.5). Un phénomène similaire est observé en ce qui concerne le nombre de personnes de
plus de 5 ans par famille. En effet, le nombre de familles ayant un nombre de personnes de plus de 5
ans supérieurs à la moyenne est également observé, du fait que certaines familles prennent en
charge d’autres membres de la famille comme mentionné précédemment : femmes seules avec
enfants mais également grands-parents ou frères et sœurs adultes sans enfants.
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
25
Nb. de personnes
Nb. de familles
%
>= 5 ans
1
19
2.2%
2
145
16.7%
3
105
12.1%
4
117
13.4%
5
116
13.3%
6
92
10.6%
7
91
10.5%
8
60
6.9%
9
38
4.4%
10 à 15
75
8.6%
16 et <20
11
1.2%
20 et <= 30
1
0.1%
Total
870
100.0%
Tableau 23 : Moyenne des personnes de plus de 5 ans par famille, ZS de Basankusu,
Equateur, RDC – fév. 04.
6.
Accès aux soins de santé primaire
Heures de marche pour avoir accès
Nb de familles
%
à une structure de santé
< 1 heure
133
14.3%
De 1 à 3 heures
275
29.7%
De 4 à 8 heures
123
13.3%
Plus de 8 heures
396
42.7%
Total
927
100.0%
Tableau 24 : Accès aux soins de santé primaire, ZS de Basankusu, Equateur, RDC – fév.
2004
La majorité des familles enquêtées ont à marcher en majorité plus de 8 heures pour atteindre une
structure de santé. Cependant, le nombre de famille qui ont à marcher moins de 8 heures est basse.
Ceci peut s’expliquer par le fait que la zone de santé de Basankusu compte 24 structures de
santé,36parmi lesquelles seulement 13 sont opérationnelles. De plus, les familles ne vont pas
systématiquement dans la structure de santé la plus proche de leur domicile. Notamment, en ce qui
concerne le centre de santé, pour lequel certaines familles ont mentionné aller à l’hôpital général de
référence de Basankusu parce que les soins et les médicaments sont moins chers.
DISCUSSION
Les taux de malnutrition aiguë trouvés lors de l’enquête nutritionnelle anthropométrique de Basankusu
sont élevés et révèlent une situation nutritionnelle préoccupante chez les enfants âgés de 6 à 59 mois.
Rappel des résultats, en Z-score et pourcentage de la Médiane:
Prévalence de la malnutrition
aiguë,
6-59 mois
Malnutrition aiguë globale
< - 2 E.T. (< 80%) ou œdème
Z-score
% de la Médiane
8.8%
[95% IC37 : 6.4 – 12.0%]
6.4%
[95% IC : 4.4 – 9.1%]
Malnutrition aiguë sévère
< - 3 E.T. (< 70%) ou œdème
2.2%
[95% IC : 1.1 – 4.1%]
1.8%
[95% IC : 0.8 – 3.7%]
37
Intervalle de confiance à 95%
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
26
Aucune comparaison de ses résultats ne peut être faite avec ceux d’enquêtes précédentes38, ni avec
les résultats de l’évaluation nutritionnelle réalisée par MSF-B en septembre 2003, étant donné que les
méthodologies utilisées sont différentes. Cependant, les résultats de cette évaluation révélaient déjà
une situation alarmante, avec un pourcentage élevé d’enfants présentant des œdèmes39.
De plus la situation nutritionnelle des enfants âgés de 6 à 29 mois, l’est d’autant plus puisqu’ils ont un
risque d’être touchés par la malnutrition aiguë multiplié par 1.45 comparativement aux enfants âgés
de 30 à 59 mois.
La situation générale et le contexte de Basankusu sont en tous points similaires à ceux trouvés sur le
territoire de Bolomba II et de Befale, lors de l’enquête effectuée en décembre 2003. En effet, les
mêmes facteurs aggravants rencontrés à Bolomba et à Befale sont également présents à Basankusu :
¾ L’insécurité alimentaire des foyers : Les activités génératrices de revenus telles que l’agriculture,
la pêche et la chasse ne peuvent plus être pratiquées à la même échelle qu’avant la guerre. Les
pillages ayant entraîné une décapitalisation des outils nécessaires à ces activités. Résulte de cela
une diminution des surfaces cultivées, donc de la production, obligeant la population à réduire leur
nombre de repas journaliers. Il est également important de mentionner que l’agriculture se limite
principalement à la culture du manioc en raison de la raréfaction de certaines semences, pourtant
existantes avant la guerre tels que l’arachide et le riz. Ces deux produits étaient antérieurement
principalement cultivés pour la vente et non la consommation. Il a été rapporté par différents
interlocuteurs, que certaines familles essayent de développer la culture du maïs afin de produire
de l’alcool en substitution de ces productions génératrices de revenus.
Le manque de matériel de pêche40 et de chasse41 a plusieurs conséquences négatives sur la
qualité de vie des familles. L’apport nutritionnel des foyers en protéines est réduit, ainsi qu’à
nouveau les revenus, puisque la vente de poissons et des prises de chasse étaient également
avant la guerre une des principales sources de revenus ou d’échange. Il en est de même en ce
qui concerne la diminution du nombre d’animaux de basse-cour (poules, canards, cochon, etc.).
Le pouvoir d’achat des familles a énormément baissé, et parallèlement la circulation de liquidité
monétaire également.
¾
Un territoire enclavé : Le territoire de Basankusu ne possède que deux principales voies d’accès :
la route de Basankusu/Boende en passant par Befale, de Basankusu/Mbandaka en passant par
Bolomba et la rivière Lulonga et Maringa. Il existe également des pistes pour rejoindre
principalement Basankusu ville. L’état des routes, ainsi que des nombreux ponts, n’a pas été
entretenu pendant plusieurs années, ce qui rend ces voies de communication difficilement
praticables, même en moto. La rivière n’est uniquement fréquentée que par la population de la
zone et les ports sont peu nombreux. La population en raison de son passé économique qui
faisait que c’était principalement les acheteurs qui venaient à eux, n’a pas l’habitude de faire de
grands déplacements pour vendre leurs excédents de production, quand ils existent. De plus, les
outils de transport telle que la brouette, ne sont pas disponibles ce qui signifie que tout transport,
quelque soit doit se faire à dos d’homme et les distances à parcourir pour atteindre une ville ayant
une activité commerciale sont très grandes pour la population qui n’habitent pas la cité de
Basankusu.
¾
L’alimentation de la population est inadéquate : Comme mentionné précédemment, le nombre de
repas journaliers est insuffisant, l’alimentation n’est pas diversifiée42, manque de protéines
animales ou végétales43, et pauvre en vitamines et minéraux. Ceci est de plus aggravé par de
mauvaises pratiques et coutumes alimentaires :
⇒ La population consomme peu de fruits et surtout n’ont pas l’habitude d’en donner à
leurs enfants, alors que les fruits poussent en abondance.
⇒ Au sein de la famille, le partage de la nourriture suit certaines règles, qui donnent la
priorité avant tout aux hommes de la maison, en ce qui concerne la quantité et la qualité
38
A notre connaissance aucune enquête nutritionnelle n’a été pratiquée antérieurement.
Approximativement 6.8%, résultat obtenu à partir du total d’enfants présentant des oedèmes divisés par le
nombre d’enfants enquêtés.
40
Filets, hameçons,…
41
Principalement câble métallique
42
principale alimentation la « chikwange » (manioc) et le « pundu »(feuilles de manioc ou autres feuilles vertes).
43
arachides, haricots, pois, soja
39
Action Contre la Faim – USA / Enquête Nutritionnelle/ Province de l’Equateur – RDC / Février 2004
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des aliments. C’est à dire que les aliments sources de protéines seront donnés en priorité
à l’homme, surtout si la ration est insuffisante pour toute la famille.
⇒ Il existe de nombreux tabous alimentaires concernant l’alimentation de la femme. En
effet, plusieurs aliments principalement riches en protéines leur sont interdits, tels que
certains poissons, les œufs, le serpent, la tortue. En raison des ces pratiques, l’état
nutritionnel des mamans pourrait être également affecté, ce qui pourrait avoir une
répercussion sur la croissance des bébés in-utero. De plus, les conditions de vie des
femmes sont difficiles avec notamment une surcharge de travail évidente, qui nécessite
un apport nutritionnel calorique élevé. Les femmes sont responsables des travaux des
champs, de la collecte du bois et de l’eau, des travaux ménagers, de la collecte
journalière du manioc et des feuilles vertes, de prendre soin des enfants, etc., et elles
44
doivent marcher de longues distances pour atteindre leurs champs de manioc qui sont
en général dans la forêt.
⇒ Les pratiques alimentaires traditionnelles sous-estiment également les besoins
particuliers de l’enfant. Quelque soit son âge, l’enfant mange le même nombre de repas
que ses parents (2 en général): le matin, les restes de la veille, et le souper.
¾
La diversification alimentaire et le sevrage des jeunes enfants ne sont également pas adaptés,
bien que l’allaitement maternel soit systématiquement pratiqué et dure en moyenne 2 ans. Les
mamans introduisent l’eau trop tôt dans l’alimentation du nourrisson (2 mois environ), augmentant
ainsi les risques d’infections, l’eau n’étant quasiment jamais bouillie.
La diversification alimentaire du jeune enfant n’est également pas appropriée. En effet, il n’existe
pas de stade intermédiaire entre le passage de l'alimentation liquide à la phase solide. Dès que
l’enfant atteint environ l’âge de 6 mois, il reçoit la même alimentation que tout le reste de la
famille. Traditionnellement la bouillie n’existe pas et les mamans n’ont aucune notion concernant
cette pratique. Ceci est à nouveau lié à un problème d’éducation des parents.
Autre fait également pouvant avoir un effet négatif sur l’état nutritionnel des jeunes enfants, est
que lorsque l’enfant arrive à l’âge de la diversification alimentaire, la maman ne l’emmène plus
avec elle lors de ses déplacements aux champs ou dans la forêt, qui prennent la plupart du temps
au moins une demi-journée. L’enfant est le plus souvent laissé à la charge d’une grande sœur ou
bien d’un frère, qui bien souvent n’ont que quelques années de plus que l’enfant lui-même. Ceci
signifie que l’enfant, ne peut être alimenté correctement pendant l’absence de la maman, pas de
possibilité d’allaitement et absence des soins et attentions que nécessitent les enfants de cet âge.
¾
Les services sanitaires de base ne couvrent pas les besoins de la population. Les taux de
mortalité de l’enquête rétrospective indiquent bien que la situation sanitaire n’est pas satisfaisante.
Les taux de mortalité que se soit pour les enfants de moins de 5 ans45 ou de la population totale46
sont légèrement supérieurs au seuil d’alerte. Les causes les plus mentionnées pour les enfants de
moins de 5 ans sont d’abord la malnutrition (21.2%) et paludisme ( 21,2%). Il peut être supposé
que l’accès aux soins de santé primaire se sont énormément dégradés suite à la guerre. Le
facteur limitant reste certainement les distances à couvrir pour certaines populations, telles que
celles vivant dans les secteurs de Gombalo et Waka Bokeka. Effectivement les habitants de ces
zones représentent les 42.7% de personnes qui doivent parcourir plus de 8 heures de marche ou
de pirogue pour avoir accès à une structure de santé. Certaines familles ont également mentionné
le coût des services, mais la grande majorité ont surtout invoqué les distances et la difficulté à
trouver une pirogue pour le transport du malade quand ce moyen de locomotion est nécessaire.
Les patients se rendent donc aux structures de santé alors qu’ils sont déjà à un stade très avancé
de la maladie. Un traitement trop tardif ou inadéquat expose les personnes à des risques
nutritionnels accrus en raison du prolongement de la maladie et augmente leur risque de
mortalité. Bien que le milieu et les conditions de vie soient très propices aux maladies infectieuses
et parasitaires, aucune activité sanitaire, excepté celles menées par MSF-B dans la cité de
Basankusu, adresse la prévention des maladies communes. Une épidémie de rougeole a
également en cours dans le territoire de Basankusu. Une telle situation peut se répéter dans un
future proche étant donné qu’aucune activité du Programme Elargi de Vaccination n’est en place.
44
45
46
Distance allant en moyenne de 2 à 4 km
2.89 /10 000 / jour
1.4 /10 000 / jour
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¾
L’accès à l’eau potable est insuffisant : Les principales sources d’eau sont la rivière, les ruisseaux
et les sources naturelles, les puits étant quasiment inexistants. Aucune donnée sur des analyses
qualitatives de l’eau n'est disponible. La population utilise la rivière et les ruisseaux pour de
multiples usages : lavage du linge, de la vaisselle, toilette corporelle, trempage du manioc, … et
comme lieu de défécation. Quant aux sources naturelles, elles ne sont pas protégées, et l’eau est
récupérée à partir des ruissellements. Il n’est pas d’usage de faire bouillir l’eau de boisson, bien
que le bois ne soit pas une ressource manquante. La collecte de bois nécessite d’aller dans la
forêt et les mamans ramassent seulement de petite quantité lorsqu’elles vont aux champs, en
raison de la charge qu’elles ont déjà à transporter. Le fait que les maladies diarrhéiques fassent
partie des 5 premières causes de morbidité, montre bien que de façon générale, la qualité de
l’eau n’est pas satisfaisante.
¾
Manque d’hygiène et promiscuité : Il a pu être observé pendant l’enquête qu’une grande partie de
la population, surtout les enfants et les nourrissons, souffraient de la gale. Toute infection entraîne
une réponse immunitaire, qui va augmenter la consommation d´énergie ; ce phénomène
«d’épidémie» de gale fragilise donc les personnes qui en sont touchées surtout lorsque
l’alimentation n’est pas adéquate. Plusieurs raisons peuvent être à l’origine de cette « épidémie » :
⇒ Le manque de récipients de stockage de l’eau, qui tout comme les outils ont été
perdus lors des pillages
⇒ Le manque de savon: il n’existe pas de marché dans la zone, et les marchands
ambulants sont rares en raison de l’état des routes et de la récente ouverture de la
zone. Les faibles revenus des familles ne leur permettent pas d’acheter la quantité
suffisante aux besoins de la famille.
⇒ La promiscuité est également un facteur aggravant. Comme mentionné dans la
présentation des résultats, la taille moyenne d’une famille est d’environ 7 personnes,
mais elle peut également atteindre 10 personnes ou plus.
⇒ Le manque d’information en matière de santé et d´hygiène.
¾
La population est découragée et désœuvrée : Au contraire de Basankusu où une partie de la
population essaie de se mobiliser en créant des associations, et où un esprit d’entraide
communautaire survie, La population semble motivée face à toutes leurs difficultés et quelques
initiatives sont prises. La production d’alcool qui est devenu un moyen de survie, semble aggraver
la situation, étant donné que l’évacuation de cette marchandise se fait très difficilement, la
consommation d’alcool a énormément augmenté au sein de la population, inclues les femmes.
Tous ces facteurs mentionnés pourraient expliquer les taux de malnutrition aiguë trouvés lors de
l’enquête. La population vit dans une situation de précarité, qui nécessite des interventions dans tous
les domaines : santé, sécurité alimentaire, éducation sanitaire, eau, et assainissement.
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RECOMMANDATIONS
•
Maintenir en fonctionnement le Centre Nutritionnel Thérapeutique de l’hôpital de Basankusu,
appuyé par Médecins Sans Frontières Belgique.
•
Mettre en place un programme de supplémentation nutritionnelle au niveau des centres de sante
de Basankusu.
•
Mettre en place un programme de recherche active des cas de malnutrition aiguë, afin de référer
les enfants vers les structures appropriées.
•
Mettre en place les recommendations du Protocole National, en collaboration avec le Ministère
de la Santé et le Pronanut, par la formation du personnel des structures de santé, des ONG
locales et religieuses, afin qu’ils soient acteurs dans la surveillance et la prise en charge
nutritionnelle dans la zone de santé de Basankusu.
•
Suivre la situation nutritionnelle dans la zone de santé de Basankusu, à travers les structures de
santé fonctionnelles, les comités de développement et les ONG locales.
•
Former des animateurs de santé communautaires et des comités de développement, en nutrition,
malnutrition, sécurité alimentaire et sur la prévention des maladies communes, afin de permettre
la mise en place de programmes d’education nutritionnelle et sanitaire.
•
Améliorer l’accès aux soins de santé primaire de population en rendant fonctionnelles les
structures préexistantes : formation du personnel de santé, approvisionnement en médicaments
essentiels et éventuels supports financiers du personnel de santé.
•
Améliorer les voies de circulation (routes, ponts, ports), à travers une mobilisation communautaire
dirigée par les autorités administratives et coutumières. Ceci faciliterait l’accès aux populations les
plus vulnérables, l’aide humanitaire, le commerce extérieur et intérieur sur la zone.
•
Distribuer des outils agricoles, de chasse et de pêche aux familles les plus vulnérables.
•
Diversifier le regime alimentaire des populations, en distribuant des semences de légumineuses
(arachides, soja, haricots) aux familles vivant de l’agriculture. Assurer également des formations
sur les méthodes de culture de ces produits.
•
Mettre en place un Programme Elargi de Vaccination dans les structures de santé fonctionnelles
et à travers des équipes mobiles de vaccinateurs.
•
Evaluer la situation au niveau de l’acces en eau et de l’assainissement.
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