L`ORT, un réseau mondial d`éducation

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L`ORT, un réseau mondial d`éducation
NUMÉRO 7 / ANNÉE 2009-20010
Éducation et formation
REVUE ANNUELLE D’ORT FRANCE
ORT FRANCE
VILLIERS-LE-BEL :
“j’écris pour ma planète ”
MARSEILLE :
Auschwitz et Jérusalem
DOSSIERS
DE L’ANNÉE
Entretien avec Lucien
Kalfon, président
d’ORT France
L’ORT,
un réseau
mondial
d’éducation
Les Comités locaux,
l’expérience et la réussite
au service des élèves
ORT MONDIALE
Éducation et tolérance
ORT ISRAËL
Premier conseil
pédagogique
international
p
sommaire
4 NOUVELLES D’ORT FRANCE
• Les Fondations Baruch et Stern
distinguent les élèves de l’ORT
• Formation continue :
une offre pour contrer la crise
5 • Le Président Obama rencontre
les élèves de l’Ort
6 EN DIRECT DES CENTRES
• Lyon, Une première théâtrale
pour des Bac pro
• Montreuil , Bac Bleu Blanc
7 • Marseille, Mémoire :
Auschwitz et Jérusalem
8 • Strasbourg, des fresques
pour l’Europe
• Toulouse, nos lycéens réalisent
un film pour une grande cause
9 • Villiers-le-Bel,
« J’écris pour ma planète… »
10 DOSSIERS DE L’ANNÉE
• Entretien avec Lucien Kalfon
président d’ORT-France
12 • Les Comités locaux de l’ORT
15 UN RÉSEAU MONDIAL D’ÉDUCATION
• Réunion du Conseil pédagogique
international d’ORT-Israël
• Design de Mode et échanges
internationaux
16 • Ecole médicale de Bamako et ORT
Strasbourg, dans une optique
de coopération
• Projet pilote : enseigner des langues
en e-learning
17 • Ort Mondiale :
Priorité à l’éducation et à la tolérance
FIGURES
18 • William Bismuth,
La physique, le judaïsme et du cœur…
19 • Cynthia Arenas, L’enseignement,
mes familles, mes passions…
ORT- France
• L’ORT est une institution juive d’éducation et de formation à caractère privé.
• Ouverte à tous, elle accueille élèves et étudiants qui acceptent son caractère propre
•
•
•
•
et le règlement intérieur de ses établissements.
Ses collèges et ses lycées sous contrat d’association avec l’État, ses centres de formation
continue forment un réseau implanté à Lyon, Marseille,Toulouse, Strasbourg
et en Région parisienne (Montreuil, Villiers-Le-Bel, Choisy le Roi).
Élèves, étudiants et stagiaires préparent à l’ORT des diplômes de l’enseignement général,
technologique ou professionnel : du brevet des collèges au baccalauréat,
pour l’enseignement secondaire, du BTS à la Licence pour l’enseignement supérieur.
Les adultes trouvent à l’ORT des formations orientées sur l’accès ou le retour à l’emploi.
Des stages de formation continue permettent aux salariés de développer leur employabilité.
L’ORT est aussi le seul établissement juif en France où existent des classes préparatoires
aux grandes écoles d’ingénieurs comme Polytechnique, les Mines ou Centrale.
Ort revue annuelle 2009/2010
DIRECTEUR DE PUBLICATION : Marc Timsit assisté de Rachel Allal - RÉDACTEUR EN CHEF : Raphaël Elmaleh - CRÉATION GRAPHIQUE : SR 66
édito
ort revue annuelle 2009/2010
Les comités locaux,
des partenaires indispensables
Comme premier éditorial dans cette revue, je souhaite présenter l’un des dossiers de ce numéro consacré aux Comités locaux. Si nous avons voulu sortir de l’ombre ces acteurs de la vie de nos établissements,
c’est que leur rôle est à la fois essentiel et peu connu, parfois même ignoré. Que font en effet, au sein de
ces comités, ces femmes et ces hommes, tous bénévoles et dont la présence est si utile à nos collèges, lycées
et centres de formation ?
D’abord un rappel sur le fonctionnement de notre Institution.
Les grandes orientations d’ORT-France, association régie par la loi de 1901, sont définies au niveau national par un Conseil d’administration que j’ai l’honneur de présider depuis l’an dernier et dont est issu un
bureau. Tous deux sont composés de bénévoles qualifiés par leur expérience administrative, universitaire, d’entrepreneurs… et par leur engagement communautaire. Ces orientations sont ensuite mises en
œuvre par le directeur général, Marc Timsit, qui, lui, est un professionnel de l’éducation et du management pédagogique, ainsi que par nos chefs d’établissements.
A l’échelon régional, nos collèges et lycées sont conseillés et soutenus par un comité local composé également de personnes bénévoles qui mettent l’expérience de leur parcours individuel et leurs connaissances au service des établissements. Ce Comité délègue un ou plusieurs représentants au Conseil d’administration d’ORT-France. Ils fournissent à ce dernier des avis, des suggestions, des informations de
terrain sur l’environnement des écoles, tout en participant à l’élaboration de la stratégie nationale.
Partenaire du chef d’établissement et de son équipe d’encadrement auprès desquels il constitue une
structure de réflexion et de concertation privilégiée, le Comité assume une triple fonction et joue un
rôle de garant. Il s’agit d’abord de conseiller la direction locale dans ses grands choix qui concernent
aussi bien la conduite du collège ou du lycée, les filières de formation à créer, les acquisitions importantes à réaliser, l’aide à apporter aux élèves et aux familles en difficulté.
La réussite professionnelle et sociale de ses membres donne au surplus à cette tâche de conseil une valeur
significative. Il s’agit d’épauler la direction pour faire avancer et aboutir ses projets. Ce soutien se fait
tant vers le Conseil d’administration et le bureau d’ORT France que vers les responsables académiques,
économiques, administratifs en régions. Troisième fonction originale, c’est la capacité des membres à
mettre leurs relations, leur « réseau », à la disposition de nos écoles pour le plus grand avantage de nos
élèves, étudiants et stagiaires. Et on sait l’intérêt et le bénéfice tirés du travail en réseau aujourd’hui !
J’ai enfin dit que les Comités locaux jouent un rôle de garant. En effet, leurs membres ont été cooptés à
raison de leur forte identification à l’histoire, la culture, la destinée juives. La plupart d’entre eux sont
mêlés, à un titre ou à un autre, à l’action communautaire, et souvent détiennent des mandats dans de
grandes institutions juives (Consistoire, CRIF, FSJU…), d’autres sont engagés dans la vie publique en
tant qu’élus, d’autres enfin ont des responsabilités économiques ou sont dirigeants d’entreprises. A ces
titres divers, ils sont en effet des témoins, des vigiles de la pérennité identitaire et culturelle de nos collèges, lycées et centre de formation d’adultes.
Voilà pourquoi, au-delà de l’hommage à rendre à ces personnes expertes dont je salue l’action, je souhaite voir leur mission se développer et prendre une dimension nouvelle au cours des prochaines années.
Car grâce à l’aptitude de chacun d’entre eux à être des animateurs de la vie éducative, grâce aussi à leur
savoir et à leur expérience professionnelle, ils détiennent une partie de la sagesse de ce temps, plus que
jamais nécessaire dans notre monde incertain.
Lucien Kalfon,
Président d’ORT-France
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p
En direct d’Ort-France
ENCOURAGEMENT ET SOLIDARITÉ
Les Fondations Baruch et Stern
distinguent les élèves de l’ORT
Le mois de juin a vu plusieurs élèves,
et au-delà d’eux leurs professeurs, des
lycées ORT récompensés pour leur
mérite et leur travail, par deux
fondations, sous l’égide de la Fondation
du judaïsme français.
Ils étaient très émus : Ylan Fitoussi,
Arielle Ouayoun et Youri Cohen, élèves
du lycée Daniel Mayer/ORT de
Montreuil ce 4 juin. Ils recevaient en
effet des bourses d’un montant de
1 500 euros chacune attribuées par la
Fondation Victor Baruch, en présence
de Nelly Hansson, directrice générale
de la Fondation du judaïsme français.
de l’ORT, déclara-t-il, nous vous
remercions de votre geste et de
votre choix ».
Il revint à Esther Douïeb, directrice
du lycée Daniel Mayer, de conclure en
rappelant le rôle des enseignants :
« dévoués aux enfants de l’ORT auxquels
ils transmettent les valeurs de travail, de
respect des autres et de soi-même, de
dignité ».
Le 15 juin, c’est à Lyon au lycée ORT,
que Jacques Stern, Président de la
Fondation du même nom, accompagné
de son épouse et de membres de sa
famille, a remis à sept élèves, émus et
souriants, des ordinateurs portables
pour les récompenser de leur réussite
scolaire. Au cours de la cérémonie,
Michel Benoilid, directeur ORT Lyon,
a retracé le parcours professionnel de
J. Stern, ancien président de Bull,
parcours qui l’a conduit à la création de
la Fondation Stern qui octroie des
bourses comme c’est le cas, depuis
plusieurs années déjà, à des étudiants
des lycées ORT Strasbourg et de
Montreuil. Il a également évoqué le
« sens du partage comme valeur
immuable du judaïsme ».
M.Stern en s’adressant aux 7 jeunes
gens primés ainsi qu’à leurs camarades
venus assister à cette cérémonie, les a
encouragé « à pousser leurs études le
plus loin possible pour être armé face aux
difficultés et aux risques de la vie… ».
Bravo donc et bonne chance à : Rachel
Lamandin, Haim Dray, Etoile Lagarde,
Patrice Poitrat, Jonathan Gozlan,
Raphael Teboul, Hervé Gérin.
A propos de ces libéralités, nous
reviendrons sur les possibilités offertes
par la nouvelle législation sur l’ISF et
les dons qu’est habilité à recevoir un
établissement d’enseignement
supérieur comme l’ORT. Formation continue :
une offre pour contrer la crise
Les membres de la Fondation Baruch,
Nelly Hansson et Esther Douïeb à droite
Une cérémonie simple et chaleureuse
a permis aux principaux acteurs de
l’événement de dire ce qu’il représentait
pour eux. Mme Nicole Baruch parla la
première. Présentant les membres de la
fondation, créée à la mémoire de son
mari, elle souligna leurs origines
modestes et les remarquables parcours
universitaires et professionnels qu’ils
avaient accomplis en devenant
ingénieurs, médecins, chefs
d’entreprise, avocats... Elle a voulu voir
là ce que la volonté et le travail
permettent d’accomplir à un jeune
qui « veut réussir ».
Membre du Bureau d’ORT-France,
Simon Malkès, représentant le
président Lucien Kalfon et le directeur
général Marc Timsit, en mission en
Israël, rappela la tradition de solidarité
de l’ORT et son évolution vers
l’enseignement supérieur. « Au nom
On sait que l’ORT dispose d’une large panoplie de formations destinées aux
adultes par le biais de la formation continue. Langues, informatique, développement personnel, communication, management d’entreprise, assurances sont les
grands domaines où entreprises et salariés peuvent trouver sinon leur bonheur,
en tout cas les instruments de leur adaptation à un contexte de crise plus incertain et, donc, plus exigeant. C’est en tout cas l’ambition d’Evelyne Cohen-Saporta
qui anime ce département, avec, pour ces formations innovantes, le concours de
René Gonzalez.
Exemple : la formation proposée en 2009 aux experts-comptables sur le conseil
en gestion patrimoniale. En présentant cette nouvelle offre destinée à des partenaires privilégiés de l’ORT, Marc Timsit, le directeur général, a insisté sur les trois
points suivants :
700 000 entreprises changeront de main dans les 10 ans, et 120 000 chefs
d’entreprises ont plus de 60 ans ;
la crise financière qui touche tous les acteurs économiques et tous les actifs
financiers, épargne toutefois quelques « îlots » de sécurité ;
l’assurance-vie, le placement préféré des Français, mais dont on ne sait pas
bien utiliser tous les avantages.
La formation qui se déroule tout au long de l’année 2009, en partenariat avec
l’AGEFOS Ile-de-France, fait intervenir de nombreux experts du monde bancaire
et des assurances. Les thèmes suivants ont été traités : droit et fiscalité du patrimoine, les outils de la gestion patrimoniale, le diagnostic et le conseil. Informations : 01 44 17 30 96 / [email protected]. fr
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en direct d’ort france
En Bref…
Le Président Obama rencontre les élèves de l’Ort
Lors de son passage
à Strasbourg début
avril 2009, le président
des Etats-Unis a
souhaité rencontrer
des étudiants
européens.
Une sélection
rigoureuse a conduit
les grands lycées et les
universités de la ville à
être représentés par
leurs meilleurs élèves
et étudiants.
Parmi les quelques
établissements
retenus, le lycée ORT
de Strasbourg a envoyé
une centaine d’élèves
dont certains ont pu
poser leurs questions
directement
à B. Obama…
Comité féminin :
vente annuelle le 15 octobre 2009
ORT Mondiale
au Conseil de l’Europe
Comme chaque année, sous la dynamique présidence de
Mme Eliane Roubach, la mairie du 16ème arrondissement va
s’animer au profit des élèves et étudiants de l’ORT. Temps
fort : le déjeuner le jeudi 15 octobre en présence de
personnalités amies et des responsables d’ORT-France. A la demande du Comité des ministres du Conseil de
l’Europe, Jean-Hugues Leopold-Metzger, vice-président
d’ORT France et représentant de l’ORT Mondiale auprès des
instances européennes, a initié la participation de
l’institution juive à une rencontre sur le thème : « Dialogue
interculturel et interreligieux ». Le directeur général de l’ORT
Mondiale, Robert Singer, a pu présenter les programmes
réalisés au Royaume Uni et en France pour favoriser les
connaissances mutuelles des religions et la tolérance. Renseignements et réservation :
01 45 00 49 44.
Stages d’anglais en… Angleterre
Après des élèves de Villiers-le-Bel en 2007, de Lyon en 2008,
c’est au tour d’étudiants du lycée ORT de Toulouse de se
rendre en Angleterre pour se perfectionner dans la langue de
Shakespeare – et de la mondialisation ! – dans le cadre d’un
programme initié par l’ORT-Mondiale. Enseigner les nanotechnologies
En janvier 2009, à Londres, un séminaire réunissant des
représentants de lycées et instituts ORT de nombreux pays
(Israël, Russie, Argentine, Afrique du sud, France…) a permis
de faire le point sur le thème : Nanotechnologies et sciences des
matériaux, du laboratoire à la salle de classe. De nombreux
experts, sous la présidence de Sir Maurice Hatter, ont
présenté les recherches les plus actuelles sur cet infiniment
petit qui pourrait révolutionner nos façons de produire, de
nous déplacer, de nous soigner… p5
Les écoles juives de France
au lycée Daniel Mayer
Les 6, 7 et 8 juillet s’est tenu au lycée Daniel Mayer de
Montreuil le Campus d’été de l’Institut André & Rina Neher
qui forme chaque année les professeurs et cadres
pédagogiques des écoles juives. Une série de conférences sur
le thème « Assurer la réussite de tous les élèves » a permis de
larges échanges avec les nombreux enseignants présents en
particulier autour des interventions de Raphaël Attias,
directeur du pôle innovation et développement d’ORTFrance, et d’Elio Lumbroso, chargé de mission Nouvelles
technologies au lycée D. Mayer. p
En direct des collèges et lycées
LYON
Une première théâtrale
pour des Bac pro
Vincent, Yannick, Denis mettent
la dernière main au décor. Raphaël
et Antoine répètent leur texte en silence,
Siegfried et Alexandre s’occupent des
éclairages avec le régisseur.
Ils suivent les conseils de Jean-Philippe
Amy, directeur du théâtre et comédien,
sous le regard attentif de leur professeure
de lettres, Monique Bismuth.
Depuis le mois de septembre, toute
la classe de 1ère année de Bac pro SEN
(systèmes électroniques numériques)
a suivi un atelier–théâtre dont l’ultime
étape est cette représentation qu’ils
s’apprêtent à donner.
La démarche pédagogique du projet était
tout d’abord de faire découvrir aux
élèves le théâtre comme spectacle vivant,
puis une langue vivante, elle aussi, au
sens profond du terme : le français, dans
sa richesse, sa diversité et son
appropriation moderne, enfin une
ouverture sur soi et les autres par un
travail collectif valorisant.
A travers la comédie de Corneille
"Le Menteur" présentée par le
Pata’Dôme Théâtre l’an dernier, les
élèves ont d’abord entrepris un travail
ludique sur les alexandrins. Puis ils ont
commencé l’écriture de saynètes tout
en se familiarisant avec le travail de mise
en scène et du jeu théâtral sur des
extraits du "Menteur" puis avec leurs
propres réalisations.
Le thème du mensonge a ainsi été
décliné sous plusieurs aspects s’inspirant
des situations reprises du "Menteur"
ou en les replaçant dans l’univers
contemporain ou imaginaire des élèves.
Ce projet, en partenariat étroit avec le
Pata’Dôme Théâtre, a été soutenu par la
Région Rhône-Alpes dans le cadre des
actions culturelles Soprano.
M. Amy a animé les séances de travail
des élèves en liaison avec Mme Bismuth,
initiatrice du projet. Il les a dirigés et
guidés dans leur compréhension de
l’œuvre ainsi que dans le travail de
rédaction et de mise en scène.
Quelques saynètes ont ensuite été jouées
par les élèves eux-mêmes au Pata-Dôme
Théâtre en mars dernier.
« Cette expérience s’est avérée
extraordinairement positive » raconte
Mme Bismuth qui, très admirative, a vu
évoluer ses élèves durant la progression
du projet : « du timide au réfractaire, de
l’enthousiaste au peu impliqué, tous ont
peu à peu adhéré à l’expérience et à sa
réalisation. Ils nous ont tous surpris par
leur capacité à écrire et … à jouer ! Il faut
dire aussi que la présence motivante et très
stimulante de M. Amy a beaucoup
contribué à la réussite de cette action.»
« …On s’est bien amusés ! », « c’était
super ! », « jouer c’est bien mais c’est plus
compliqué qu’on le croyait », « moi, j’ai
pas osé jouer mais j’ai fait les lumières »,
sont quelques-unes des remarques qui
ont fusé après la représentation. Elles
exprimaient le ressenti des élèves à
l’occasion de cet atelier théâtre, une
première au lycée ORT Lyon qui ne sera
sûrement pas la dernière. Catherine Déchelette Elmalek
Responsables des projets éducatifs
MONTREUIL
Bac Bleu Blanc
Pour la 5ème année consécutive, le
lycée ORT Daniel Mayer a participé au
Bac Bleu Blanc. Il s’agit de faire
connaître Israël à des jeunes afin de les
encourager à y poursuivre leurs études.
Ce projet a été mis en place à l’initiative
de l’Agence Juive pour Israël, du
département de l’Education juive
sioniste, de l’Expérience israélienne en
collaboration avec le département de
l’Alya et de l’office des étudiants. Il est
soutenu financièrement par l’AMI,
association créée par Pierre Besnainou,
président du FSJU, pour encourager
l’Alya de France.
Selon les organisateurs, il s’agit du "plus
important projet de voyage éducatif en
Israël pour la jeunesse juive de France".
Depuis sa création en 2003, ce sont près
de 2837 lycéens juifs français, à la fois
d’écoles juives mais aussi d’écoles
publiques, qui ont participé à ce séjour.
Nous étions 60 élèves de Terminale,
encadrés par 5 adultes (enseignants,
surveillants), 2 ’madrihim’ (animateurs
de l’Agence juive) et deux guides.
Au programme : visite de sites
historiques (Massada, Jérusalem),
découvertes du patrimoine culturel
d’Israël (Sde Boker, Ein Guédi, Ein
Ovdat), conférences, et première prise
de contact avec les universités
israéliennes (Beersheva).
A cette occasion, un forum organisé au
Palais des Congrès de Jérusalem s’est
tenu afin que les lycéens puissent se
renseigner sur les possibilités d’études
offertes par l’Etat hébreu. Et elles sont
nombreuses : entre le Technion, les
Universités de Bar Ilan, Jérusalem, Ben
Gourion ou encore les différentes
écoles ORT, les futurs étudiants ont pu
se renseigner sur tous ces programmes
et sur des programmes d’année
sabbatique, tels que BIPE ou MASSA.
Un seul regret : que les délégations des
différents lycées ORT venus de France
n’aient pas eu le temps de se rencontrer.
Mais il y avait tant à voir et à faire… Elio LUMBROSO,
Adjoint de Direction chargé
des nouvelles technologies
p6
en direct des écoles
Le silence et un kaddish
À L’ORT,
l’identité,
c’est les
études juives
et l’hébreu
moderne,
le respect
du calendrier
hébraïque,
les repas
cacher
MARSEILLE
Mémoire : Auschwitz et Jérusalem
De la Destruction à la Reconstruction,
c’est ainsi que se définissait le voyage de
la Marche des Vivants, réalisé cette année
du 19 avril au 1er mai, en Pologne et en
Israël, avec les élèves de 2GT et de BEP.
Devoir et travail de mémoire pour ces
adolescents qui souvent ne saisissent pas,
en toute innocence, l’énormité de la
Shoah. Leurs interrogations candides
sont à la mesure de l’incompréhension
de l’événement. Malgré cela, leur
conscience s’éveille au fil des visites, les
larmes se mêlent à la colère, le
recueillement au silence. Seul le silence
répond quelques fois à leur attente et
devient l’écho de leur apaisement. Ils
savent désormais que les survivants sont
de plus en plus rares, et que sur eux
repose désormais la charge et le devoir
de dire, d’expliquer. Comprendre ?
Personne ne le pourra jamais, personne
ne l’entendra jamais.
En revanche, il faudra se battre contre
le négationnisme, et ne pas faire mourir
p7
une seconde fois des millions de juifs,
d’enfants et adultes. Le combat de ces
jeunes devient celui pour le respect de
l’altérité et de l’empathie envers son
prochain. Les élèves ont foulé le sol de
cette Pologne sur la pointe des pieds où
chaque pas semblait les mener sur les
traces de ce judaïsme disparu, de ces
enfants, de ces femmes et hommes
assassinés.
Au fond de chacun d’entre eux renaît
alors comme une flamme de revanche
sourde et forte, comme pour dire que
l’âme du peuple juif ne peut ainsi
disparaître. Leur présence suffit alors
pour témoigner de la pérennité de notre
peuple. Tout n’est pas si simple, la seule
présence de Shaul Oren, un rescapé de la
shoah, je dirais « notre Shaul », leur a
démontré comment la volonté et la rage
de reconstruire peuvent venir à bout de
n’importe quel dessein de destruction.
Ainsi, à reculons, on quitte la Pologne,
avec le sentiment de sortir du
cauchemar, mais triste et meurtri.
Chacun ayant laissé une partie de soimême comme gage d’attachement, dans
cette sépulture à ciel ouvert. La suite du
voyage nous réconcilie avec la vie, la
dignité et la volonté farouche d’exister
en tant que juif, mais aussi en tant
qu’homme tout simplement qui reprend
le dessus. Israël leur donnera toutes les
raisons d’espoirs, de certitudes,
mystiques ou rationnelles... Déchiqueté
en Pologne, on se reprend en Israël, on
crie notre attachement, mais sans s’en
rendre compte, les prières du Kotel
retournent en Pologne simplement
parce qu’une partie du peuple Juif n’est
plus là…
La réflexion doit prendre désormais la
place de l’émotion chez les élèves, au fil
de leur maturité. C’est là aussi la leçon
de l’ORT de faire « grandir » ses élèves.
Marcel Benkemoun
Conseiller principal d’éducation
Lycée ORT de Marseille
p
En direct des collèges et lycées
STRASBOURG
Des fresques pour l’Europe
« La couleur n’est plus le vêtement de la forme, elle est
indépendante, elle vit par elle-même » PIETR MONDRIAN
Les étudiants de la section Manaa (Mise à niveau en arts
appliqués) de l’ORT Strasbourg ont réalisé pour les Portes
Ouvertes du Parlement européen du dimanche 3 mai 2009,
une double fresque de 2,00 x 4,20 m, sur la thématique de
l’Europe. Ces fresques peintes au recto et au verso de 7
panneaux articulés et sur roulettes, représentent pour le
premier sujet l’Enlèvement d’Europe d’Henry Matisse, et pour
la seconde peinture L’Arbre rouge de Mondrian, deux peintres
européens de renom, choisis par les étudiants et leurs
enseignants en atelier d’expression plastique pour porter, l’un
le message du mythe fondateur de l’Europe, déesse
TOULOUSE
Nos lycéens réalisent
un film
pour une grande cause
Quels talents se sont produits devant
5000 personnes au Zénith à Toulouse
le 28 mai 2009 ? Ces stars d’un jour ont
été les lycéens de l’ORT venus présenter
dans le cadre du Festiv’ leur projet
d’avenir «Agissons et réagissons pour
l’environnement ». Temps fort de ce
festival organisé par la Région :
la projection du film d’animation réalisé
par nos élèves de terminale B.E.P.
Electrotechnique sur le thème du
recyclage et de la conscience écologique.
Ludique et pédagogique, ce film a relevé
le défi de toucher et de convaincre en six
minutes. « C’est un acte de militantisme
pour la Terre » déclare Patrick Elkoubbi,
enseignant à l’origine du projet. Grâce
à ses versions traduites en hébreu, en
anglais et en espagnol, son message en
phénicienne enlevée par Zeus métamorphosé en taureau blanc
et qui a légué son nom depuis la Crète, au continent
européen… L’autre tableau, l’Arbre rouge du hollandais Pietr
Mondrian, tableau qui l’a conduit vers l’abstraction, a été
choisi pour la beauté extraordinaire de son arborescence,
symbole de cette Union européenne, soudée autour d’un tronc
commun de valeurs partagées que sont la liberté et les libertés
fondamentales – la démocratie – L’état de droit – les droits
humains… Aux branches de cet arbre ont été peintes les
couleurs des drapeaux des 27 pays membres de l’Union
Européenne.
Ce travail pictural et plastique dont le résultat est visible dans
l’Agora du Parlement Européen a duré plus de trois semaines,
il a été accompagné d’une présentation chorégraphique et
musicale par sept membres de l’atelier théâtre de
l’établissement. faveur des pratiques écocitoyennes est universel.
Pendant plusieurs
semaines, nos
réalisateurs en herbe se
sont impliqués dans
toutes les étapes de sa
conception, mettant en
œuvre leur créativité :
écriture du scénario,
montage du storyboard, construction des
décors et des personnages, tournage des
scènes. Ils ont bénéficié des compétences
de leurs enseignants qui ont travaillé en
interdisciplinarité.
Cette réalisation s’inscrit dans une vaste
démarche éducative qui a mobilisé sept
classes tout au long de l’année. Les
objectifs étaient de sensibiliser les jeunes
au respect de l’environnement et de
générer un comportement plus
responsable. Diverses actions ont été
menées en ce sens : conférences, débats,
expositions, visites de centres de
recyclage et collectes sélectives de
Richard Aboaf
Professeur, Plasticien et historien de l’art
Des lycéens avec leurs profs au… Zénith !
déchets. Le message est bien passé :
« Nous sommes fiers de participer, c’est un
bon geste pour la planète » témoigne une
élève de CPE 3.
En faisant de ces jeunes des ambassadeurs
du développement durable, ce projet
représente un investissement pour les
générations à venir. Souhaitons que sa
réussite soit un encouragement à
entreprendre d’autres belles aventures
humaines. Merci à tous les participants,
à la direction et à la Région pour leur
grand soutien. Valérie Birbès, professeure de lettres
p8
en direct des écoles
VILLIERS-LE-BEL
« J’écris pour ma planète… »
On ne compte plus les émissions qui
nous expliquent comment construire
une habitation écologique, comment
réduire notre facture énergétique ou
comment s’alimenter avec des produits
issus de l’agriculture biologique. Nous
devrions être très sensibilisés à ces
problèmes qui risquent de
compromettre gravement le bien-être
de nos enfants sur terre.
Mais qu’en est-il de ces enfants ?
L’éducation à l’environnement pour un
développement durable fait partie
intégrante, depuis la rentrée 2004, de la
formation initiale des élèves tout au
long de leur scolarité, de la maternelle
au lycée. Fortement convaincues de la
nécessité absolue d’une telle éducation,
deux professeures de français des classes
de sixième et la professeure
documentaliste du lycée ORT de
Villiers-le-Bel ont élaboré un projet
« J’écris pour ma planète » qui s’est
réalisé tout au long de l’année scolaire.
Le développement durable est entré au
CDI dès le mois de septembre par
l’entremise de deux expositions prêtées
par le Conseil Général. La première,
« Après moi le futur », expliquait
comment vivre quotidiennement le
développement durable que l’on soit
élu, entrepreneur, citoyen. La seconde,
« Chaque fois ça compte » présentait
des actions pour économiser l’énergie.
Des intervenants de l’association « La
Case » ont aidé les enfants à calculer
leur empreinte écologique qui mesure la
surface nécessaire pour que l’on puisse
satisfaire notre mode de vie. Résultat : il
fallait en moyenne l’équivalent de 8 à 12
terrains de foot par enfant. Or chaque
habitant de la planète n’a que 3 terrains
à sa disposition. L’éducateur au
développement a mis l’accent sur la
gestion des déchets.
Petit à petit, nos élèves amassaient des
faits, des chiffres et se constituaient une
petite base de données. Mais le domaine
est si large que chaque enfant dût
choisir un problème spécifique lié au
développement durable (l’eau,
p9
l’éducation des enfants, les enfants
soldats, la déforestation, la flore, la
faune, la famine, la sècheresse…). Il
s’agissait maintenant qu’ils
s’approprient le thème pour en faire le
centre de la nouvelle qu’ils devaient
écrire au troisième trimestre. Elle
devrait relater le parcours initiatique
d’un enfant touché par un problème lié
au développement durable dans un pays
en voie de développement.
Les recherches documentaires furent
donc approfondies grâce à l’exploration
de sites internet dument sélectionnés.
Le professeur d’histoire-géographie
rejoignit le projet pour apporter aux
jeunes auteurs les données concernant
le lieu où se déroulerait le docu-fiction.
Pour bâtir une fiction, il fallut
convoquer l’aide d’un intervenant
Sur ce projet d’écriture se greffèrent
d’autres activités comme la visite à la
Cité des sciences où les enfants furent
invités à jouer le rôle de scientifiques
devant exploiter des données envoyées
par une équipe de chercheurs en
mission au Pôle Nord. Un défi lecture
fut également organisé entre les deux
classes. Elles échangèrent à propos de
nouvelles percutantes qui
contribuèrent également à leur faire
prendre conscience de la fragilité de la
planète. Catherine Guillaume
Professeure-documentaliste
Lecture par l’auteure, Sylvaine Jaoui
hautement compétent pour introduire
les ateliers d’écriture. Sylvaine Jaoui
s’avéra la partenaire idéale. Auteure
jeunesse reconnue qui cueille
régulièrement les prix littéraires sur
tous les salons du livre, elle a aussi écrit
La planète cœur. C’est l’histoire d’une
collégienne de 13 ans qui décide de
mobiliser ses camarades de classe pour
fonder une association qui récoltera les
fonds nécessaires à la construction d’un
orphelinat. Sylvaine Jaoui leur
communiqua des techniques d’écriture,
mais elle offrit aussi aux élèves une
rencontre généreuse avec un écrivain en
leur lisant le manuscrit de son prochain
roman.
Nounours, harissa
et développement durable…
p dossier
Priorité
à la qualité
Entretien avec Lucien Kalfon président d’ORT-France
Quelques mois après sa prise de fonction et après avoir visité
l’ensemble des établissements de l’Ort où il a rencontré directeurs,
enseignants et élèves, Lucien Kalfon nous livre un premier constat
et les grandes lignes de son action.
Vous avez pris vos fonctions effectivement cette année.
Pourriez-vous en quelques mots vous présenter ?
Lucien Kalfon : Je suis né en Algérie et, après des études
de droit et l’ENA, j’ai accompli ma carrière dans la haute
fonction publique, dans l’administration préfectorale en
particulier. Tout au long de mon parcours, j’ai été bien sûr
amené à jeter un regard sur les sujets propres à l’éducation
et à la formation. Après bien d’autres fonctions - cabinets
ministériels, présidences de commissions interministérielles,
responsabilités dans le domaine international… me voilà à
l’ORT en charge d’un nouveau « métier » Je tâche de m’y
investir avec le souci, si possible, de rendre service.
J’arrive à l’ORT en succédant à un Président de grande
envergure, l’Ingénieur général Marcel Benichou auquel j’ai
à cœur de rendre un spécial hommage. Pendant plus de
12 ans, il a conduit cette Institution avec autorité,
compétence et réussite. Veillant au grain, il s’est appliqué à
réformer les tâches, à stabiliser les moyens budgétaires, à
adapter les enseignements et à réhabiliter les établissements.
Il l’a fait avec maitrise et une ambition raisonnable. Je lui
dis ici ma gratitude pour l’œuvre accomplie et l’honneur
légitime qui lui revient.
Vous avez effectué au cours du premier semestre une
tournée de prise de fonction dans l’ensemble des
établissements, vous informant auprès de tous les
acteurs de la communauté éducative. Quel premier
constat faites-vous sur l’évolution des collèges, lycées
et centre de formation de l’ORT ?
LK : Quelques repères sur l’évolution de l’ORT. Pour 2008,
des rappels plutôt flatteurs cités en survol. A Toulouse, une
nouvelle école, fonctionnelle et élégante, inaugurée en
présence des autorités publiques et académiques. A
Montreuil, préparation à de nouveaux métiers - opticienlunetier qui tourne à effectif complet - formation au
diplôme de comptabilité et de gestion. A Strasbourg, nous
continuons à cultiver l’esprit d’adaptation de nos
enseignements aux métiers d’avenir. Il s’agit par exemple
d’un BTS de « Design et de Mode » qui jouit d’un grand
attrait chez les jeunes. A Marseille, un BTS de comptabilité
en cours de transformation en D.C.G… Les candidatures
vers ces nouvelles voies ne manquent pas et, comme on peut
l’observer, l’ORT a pris le parti délibéré de se placer aux
avant-postes de ces attentes.
Les familles, les élèves et les étudiants sont attentifs avec
raison aux résultats d’examens. Et là, comment ne pas
exprimer notre satisfaction : plus de 80% de réussite des
élèves présentés. Entrées remarquées dans de grandes écoles
d’ingénieurs grâce à nos prépas de Strasbourg. 95% de
succès aux différents baccalauréats à Toulouse, et même
100% à Villiers-le Bel... A signaler que nos lycées figurent
désormais en bonne place dans tous les palmarès de réussite
aux examens établis tant par le ministère de l’Education
nationale que par les magazines nationaux spécialisés.
Aujourd’hui, et plus encore demain, les technologies de
l’information et de la communication seront au centre
des stratégies éducatives. Comment ORT-France se
prépare-t-elle à cette mutation ?
LK : Au plan stratégique, nous sommes les seuls sans doute,
en dehors de l’Education nationale, à disposer depuis
plusieurs années d’un Département « Innovation et
Nouvelles Technologies ». Agréé par la Commission
européenne, il a remporté, en partenariat, différents projets
éducatifs, à la suite d’appels d’offres positifs.
Les précieux savoirs-faire acquis par ce département sont
introduits petit à petit dans nos établissements, en
particulier celui de l’ « e-learning », plus simplement dit,
de l’apprentissage en ligne par l’entremise de logiciels
informatiques novateurs et performants. A ce propos, je
pense à l’apprentissage des langues qui pourrait profiter
de cette modélisation, de l’anglais surtout qui constitue à
l’heure de la mondialisation l’un des véhicules essentiels
de travail et d’échanges et sans lequel il n’est point de
polyvalence de formation ou de fonction.
Je tiens, toutefois, à souligner que la technologie, quelle
qu’elle soit, ne doit jamais se développer au détriment du
rôle primordial du professeur. Au contraire, son usage doit
permettre à l’enseignant de consacrer encore plus de temps
et d’attention au suivi individualisé des élèves et étudiants.
Et c’est grâce à ce suivi et à ce soutien que nous obtenons
les résultats gratifiants que je viens d’indiquer et que notre
notoriété dépasse largement le monde communautaire.
p 10
dossier
Justement, puisque vous en parlez, comment doit se
traduire, selon vous, l’identité juive des collèges et
lycées ORT ?
LK : L’ORT est bien connue des institutions
communautaires. Ses collèges et lycées forment une part
essentielle du paysage éducatif juif en France, ce qui est bien
le moins quand on est le premier réseau d’éducation juif de
notre pays. Le calendrier de nos établissements, nos
restaurants cachers, les enseignements d’histoire, de culture
et de pensée juives, d’hébreu sont connus et appréciés. Et
puis, il y a une ambiance ORT, un « esprit de famille » qui
doivent beaucoup à notre forte identité juive. C’est d’ailleurs
ce qui nous permet, sans réserve et sans complexe, d’être,
une institution juive ouverte et accueillante à d’autres
populations. Nous ne sommes pas des écoles-ghettos…
En dehors du fait que nous remplissons les obligations
d’établissements sous contrat d’association avec l’Etat, nous
participons d’une certaine façon au nécessaire dialogue
citoyen. Nous le faisons, non pas en renonçant à notre
appartenance, mais en apprenant aux élèves non juifs nos
origines authentiques et la part de notre contribution au
Bien Commun, plus spécialement dans les domaines de
l’éducation et de la formation.
À travers vos propos, il apparaît quelques grandes
orientations qui pourraient constituer sinon un
programme, du moins dessiner les lignes directrices de
votre présidence. Pourriez-vous les préciser ?
LK : Puisque vous m’en donnez l’occasion, deux mots sur
ces grandes orientations qui me semblent devoir être celles
de l’ORT dans les prochaines années.
Notre offre d’enseignement se repartit selon trois grands
axes : enseignement général et technologique (collèges et
lycées jusqu’aux classes préparatoires) ; enseignement
supérieur court et professionnalisant ; formation d’adultes
et formation continue. Je souhaite développer dans tous ces
ordres d’enseignement les effectifs de nos établissements
qui, tous, après avoir été modernisés, sont fort bien placés
par rapport à la concurrence.
Le mot d’ordre sera celui de la qualité selon trois points de
vue : qualité des filières de formation et des diplômes
délivrés et ce, du collège au BTS et à la licence ; qualité
également de l’encadrement pédagogique. Je voudrais ici
rendre hommage aux professeurs et aux personnels des
établissements d’ORT France qui, sous la conduite de leur
direction locale animée et soutenue par la direction générale
à Paris, s’engagent pour la performance et la réussite de
chaque élève. Qualité enfin de notre environnement qui fait
que nos élèves, étudiants et stagiaires se sentent bien chez
nous, heureux d’y étudier et satisfaits d’y faire
l’apprentissage de la vie professionnelle.
Mon second objectif consistera à veiller à ce que la
transition de générations qui s’opère à l’ORT, comme
partout, se fasse dans les meilleures conditions à la fois de
continuité historique, éducative, et aussi d’ouverture vers
l’avenir et ses exigences. De nombreux cadres pédagogiques
vont quitter nos établissements, eux qui avaient su créer
p 11
au fil des ans des liens puissants et une culture spécifique
et appréciée. Il importe que ces acquis perdurent avec leurs
successeurs, même si de nécessaires adaptations
pédagogiques et technologiques doivent se produire. Nous
nous y préparons. La direction générale, depuis des années,
organise des formations pour faire évoluer les personnels
vers des postes de direction et d’encadrement. Deux
directeurs et six adjoints ont suivi ces stages et ont bénéficié
de ces opportunités. Au bout du compte, nous
ne devons jamais oublier que notre vocation première est
l’éducation et la formation des jeunes et des adultes, avec
un objectif de performance et de réussite, et un souci de
solidarité sociale.
Dernier objectif et non des moindres, l’ambition d’accueillir
un nombre croissant d’élèves et d’étudiants doit se faire dans
le respect de notre identité juive, ce que la loi Debré créant
le contrat d’association appelle le « caractère propre »,
caractère que doivent accepter tous les jeunes et les
personnels qui entrent chez nous. A cet égard, à l’instar
de la direction générale, le Conseil d’administration d’ORTFrance, composé de femmes et d’hommes tous engagés au
plan communautaire, se présente comme le garant de cette
identité. Il en est de même pour les Comités locaux dont je
souhaite amplifier l’action et développer le rôle d’organes de
concertation et de soutien.
Enfin, plus largement, n’oublions pas que nous appartenons
à un réseau mondial d’éducation, World ORT (ORTMondiale) présent sur les cinq continents, et en particulier
en Israël. Outre un garant d’appartenance identitaire, il est
un formidable atout pour l’ORT à l’heure où l’éducation
« s’internationalise » tant par les échanges de professeurs et
d’étudiants que par la transmission des savoirs entre pays.
Il nous revient aujourd’hui de tirer le meilleur parti de cette
adhésion.
En conclusion, je pense à cet adage de notre tradition disant
qu’une des obligations essentielles de toute famille juive est
de donner à ses enfants une formation débouchant sur une
profession qui leur permette de vivre dignement. Notre
époque troublée et difficile rend cet adage plus actuel que
jamais… Là est donc notre voie. Là aussi se situe notre
responsabilité. Propos recueillis par Raphaël Elmaleh
p dossier
Les Comités locaux
de l’ORT
L’expérience et la réussite au service des écoles
Dans les statuts de l’association ORT-France, les Comités locaux sont
présentés ainsi : « Au niveau de chaque établissement, chaque
directeur travaille en concertation avec un comité local et son
président.» Voilà pour le principe. Mais, concrètement, comment les
femmes et hommes, tous bénévoles, qui forment ces comités,
interviennent-ils dans la vie des collèges, lycées et centres de
formation ? Enquête
Ils sont cinq autour de la table du restaurant du lycée ORT
de Lyon. Kipa sur la tête, pour certains, ils ont tous l’air sérieux d’hommes ayant des responsabilités, même si la bonne
humeur et l’humour sont de rigueur. Le repas n’a pas commencé quand l’un d’eux, donnant l’exemple, sort son portefeuille dont il extrait quelques billets de banque qu’il met
dans une enveloppe. Celle-ci circule parmi les autres convives avant d’être remise à Michel Benoilid, le directeur de
l’établissement. A notre question étonnée sur ce qui a tout
l’air d’un rituel, ce dernier répond : « Chaque repas du Comité
est l’occasion pour ses membres d’un « geste » pour notre caisse
de solidarité qui aide les élèves en difficulté. Cela bien sûr en
plus et indépendamment du reste… »
Alors, le reste ? Cela va de l’aide apportée à la construction
d’un lycée, décidée par le Conseil d’administration, à l’action
sociale, en passant par l’ouverture de nouvelles filières de formation. Placé auprès du directeur de chacun des six établissements scolaires de l’ORT en France – Région parisienne
(Montreuil et Villiers-le-Bel), Lyon, Marseille, Strasbourg et
Toulouse –, chaque Comité local développe une multiplicité
d’actions en fonction des besoins, parfois des urgences, du
moment. Et tous le font avec le même sérieux qu’ils mettent
dans leurs propres activités professionnelles. Commençons
par celles-ci : qu’ils soient chefs d’entreprise, mais aussi fonctionnaires dont certains de l’éducation nationale, chercheurs
scientifiques, médecins, avocats, responsables communautaires et associatifs, élus locaux, ce qui caractérise tous les membres des comités locaux d’ORT-France, c’est leur réussite professionnelle et sociale. Pour ne prendre que les présidents et
principaux responsables : Daniel Aziza (Montreuil) est patron d’une importante société de conseil informatique,
Roland Sarfati (Marseille) est promoteur immobilier, Lucien
Frèche (Lyon) a été professeur de mathématiques et chef d’établissement dans l’enseignement public, Thierry Gauthier
(Toulouse) est vétérinaire et responsable de la sécurité dans
une multinationale pharmaceutique, Raymond Kern, du
Comité de Strasbourg, dirige une entreprise sidérurgique,
Patrick Nabet, vraisemblablement futur président du Comité
de Villiers-le-Bel, est le créateur d’une florissante société de
matériel bureautique.
Par leur nombre et leur diversité, ces compétences éprouvées
apportent certainement aux établissements de l’ORT la perspective économique et sociale sans laquelle aucun enseignement n’a de pertinence aujourd’hui, mais aussi l’expérience,
le savoir et une certaine sagesse. Qui plus est, les positions occupées par les membres des comités locaux leur donnent des
relations et des carnets d’adresse qui ne peuvent qu’être utiles
dans une société où le travail en réseau est une obligation de
survie. Cela se traduit concrètement en services apportés aux
élèves et aux enseignants de l’ORT : stages pour les étudiants,
solution d’un problème au Rectorat, levée de fonds pour financer un voyage scolaire... Mais cela peut-être, aussi comme
ce fut le cas à Toulouse, l’implication de Jean-Pierre Guedj,
promoteur immobilier, dans le suivi des travaux de construction du lycée dont il fut en quelque sorte le maître d’ouvrage.
Bénévolement, encore une fois, comme toutes ces femmes et
ces hommes qui donnent de leur temps et de leur énergie
pour la bonne marche des établissements de l’ORT. Mais bénévolement ne signifie pas sans motivation.
Qu’est-ce qui fait donc que ces femmes, peu nombreuses
encore, et ces hommes, donnent de leur temps, de leur énergie, de leurs relations, de leur générosité – avec une infinie
discrétion –, souvent de leur passion à des collèges et lycées ?
Et qu’en reçoivent-ils ? Mais pour commencer, un comité
local comment ça marche ?
Réponse de Thierry Gauthier, président du Comité de l’ORTToulouse : « L’initiative vient de ceux qui font marcher l’ORT
au quotidien, comme René Bendavid, le directeur du lycée. Par
exemple, il lance l’idée d’une formation en licence d’optique à la
suite du BTS. Il nous donne des objectifs. Après c’est au Comité
p 12
dossier
de s’activer pour voir comment cela est réalisable et de prendre
les contacts nécessaires à la faculté de Rangueil afin d’examiner
un partenariat ORT-Université. Et mon épouse est professeure
de biologie à Rangueil… Il faut que le chef d’établissement et ses
équipes se réunissent régulièrement avec nous, et disent comment l’école veut avancer. Pour l’action sociale qui est un autre
volet important de l’action, nous nous appuyons aussi sur la
communauté juive locale ».
A Strasbourg, le Comité local se mobilise à la demande de son
président R. Kern et du directeur Claude Sabbah. Ce comité a
près de 50 ans d’existence. Composé de 15 membres dont
« trois ou quatre dames », membres « cooptés au sein de la communauté ». Ils appartiennent tous à la bonne société strasbourgeoise, en majorité ashkénaze, chefs d’entreprise, universitaires, professions libérales. « Nous nous voyons entre
nous souvent, au golf en particulier… », dit un de ses membres
avec cet humour alsacien inimitable. Le comité se réunit au
complet trois fois par an, ce qui n’est pas assez, selon R. Kern.
J-H. Leopold Metzger, président d’honneur, ajoute : « Il y a
aussi l’amitié entre nous… ».
Au programme de la réunion à laquelle nous assistons : un
bilan de l’année avec les prévisions d’inscription, un projet
d’extension du lycée avec projet d’achat d’un bâtiment voisin
et scénarios d’utilisation des locaux, les mesures à prendre
pour les élèves et étudiants connaissant des difficultés financières en raison de la crise économique…
Les Comités locaux s’impliquent dans la construction des lycées
comme celui de Toulouse.
p 13
Soutenir le directeur
« Les écoles fonctionnent avec les gens qui sont en place. Nous
sommes là pour les soutenir », explique R. Kern qui est aussi
vice-président du Conseil économique et social d’Alsace,
membre du MEDEF et administrateur de l’hôpital Hadassah.
Ce souci de « soutenir » la direction de l’établissement, se
retrouve dans tous les Comités locaux, comme se retrouve
partout le souci d’une coordination avec le Conseil d’administration et le président d’ORT-France, Lucien Kalfon, ainsi
qu’avec le directeur général, Marc Timsit. « Les relations avec
le directeur général, comme celles avec la présidence sont essentielles», explique Lucien Frèche. Né en Algérie, celui-ci a fait
sa carrière comme professeur puis principal de collège à
Bron, dans la banlieue lyonnaise. Aujourd’hui retraité de
l’Education nationale, il est trésorier du Consistoire régional,
membre du Consistoire central, président de l’Union rituelle
qui s’occupe de la cacherout.
Certains parlent du Conseil d’administration et de la direction générale, en utilisant le terme « Paris »… Jacobinisme
pas mort ! « Nous informons Paris de tout ce que nous faisons.
Notre budget est alloué par Paris sur proposition de notre direction locale. Une des choses qui est fondamentale dans cette coordination, c’est le bon contact entre directeur d’établissement et
le directeur général. Un de nos rôles est de faire du lobbying pour
notre directeur auprès de Paris », constate R. Kern.
Certes, la personnalité du président du Comité compte aussi.
William Bismuth qui a participé au Comité de Marseille pendant près de quatre décennies en le présidant pendant vingt
ans, souligne : « la fonction exige un complet désintéressement,
ainsi qu’un tempérament d’animateur ».
Il faut aussi un indéniable engagement, comme celui du président du Comité local du lycée Daniel Mayer à Montreuil,
Daniel Aziza. A la session du Comité local à laquelle nous assistons, participent outre ce dernier : Charles Finkel, Myriam
Lahmi, Serge Raichdan, ainsi qu’Esther Douïeb, la directrice,
entourée de ses responsables pédagogiques : MM. Stroussi,
Amar et Lumbroso.
Une des rares femmes membres de Comité local, Myriam
Lahmi a été professeure de communication/marketing au
lycée D. Mayer jusqu’à sa retraite en 2007. Cooptée pour faire
partie du Comité de Montreuil, elle souhaite « continuer
d’une autre manière à rester à l’ORT que j’affectionne. J’y suis
restée 38 ans à Marseille d’abord, puis à Montreuil. J’ai enseigné aussi bien au lycée qu’en formation d’adultes. Maintenant,
bénévole, je désire contribuer à la pérennité de l’ORT. Et puis
aussi, je suis là pour mes collègues que je représente un peu ... »
Cette dernière allusion au travail essentiel des professeurs et
personnels de l’ORT est revenue, sous une forme ou une
autre, à plusieurs reprises dans les propos de nos interlocuteurs. Et si on avait à résumer la mission que s’assignent ces
comités locaux c’est de faire en sorte que professeurs et personnels mènent leur tâche avec les élèves et étudiants dans les
meilleures conditions matérielles, pédagogiques, humaines et
citoyennes possible. C’est d’ailleurs ce que souligne Daniel
Aziza le président du Comité de Montreuil, lorsqu’il dit :
« Quand on appartient à une école, il faut être complètement en
p dossier
Les Comités locaux
de l’ORT
osmose avec cette appartenance, qu’on soit chef d’établissement
ou prof. Notre rôle est d’apporter une reconnaissance à ces jeunes qui étudient. Ce qu’il faut, c’est éduquer, éduquer, éduquer
encore. Pour moi, finalement, la réussite, c’est la tolérance et le
respect.».
Pur produit de la promotion sociale permise par l’école,
D. Aziza appartient à une famille venue du Maroc dans les années 50. Diplômé d’une grande école d’ingénieurs, il a aussi
bien œuvré dans l’électronique de défense, le spatial que l’art
en travaillant avec les musiciens contemporains Boulez et
Xenakis. Et lorsqu’on lui demande ce qu’il se sent aujourd’hui,
lui l’enseigne de vaisseau de réserve de la Marine nationale,
alors qu’il s’apprête à aller vivre en Israël, il répond sans hésiter: « Je suis français et israélien ! Demain, j’emmène mes petits-enfants visiter le wagon de l’armistice de la Première
Guerre mondiale à Compiègne… »
Dans l’entourage de Thierry Gauthier, également secrétaire
général du Consistoire de Toulouse et d’une école primaire
juive, on est aussi fortement engagé. Il s’en explique ainsi,
simplement : « Toute la famille de mon père a été gazée à
Auschwitz. Il est le seul à avoir survécu. Pour beaucoup de gens
de ma génération, la Shoah a été un formidable moteur. Elle a
conduit certains à faire leur alya, d’autres à travailler ici pour la
communauté. »
Foi dans l’éducation et pérennité juive
Quand on les interroge sur leur motivation, les responsables
et membres des comités font des réponses fortement convergentes mêlant foi en l’éducation, en particulier des moins favorisés, souci de la continuité de l’action de l’ORT, et espérance dans la pérennité juive.
Patrick Nabet membre du Comité de Villiers-le-Bel dans la
banlieue parisienne explique : « Je souhaite apporter mon expérience à l’ORT. Je constate qu’aujourd’hui, il y a peu de passerelles entre école et entreprise. Il faut informer, éclairer, déclencher chez les élèves des passions et des vocations ». P. Nabet parle
d’expérience : Ses trois fils, David, Rudy et Olivier sont passés
par le collège et le lycée ORT de Villiers-le-Bel. Après de
Réunion
animée
du comité local
de l’Ort
Strasbourg.
brillantes études supérieures, ils travaillent aujourd’hui dans
l’entreprise familiale.
« Ce qui me plait à l’ORT, c’est le respect de la laïcité. Il était
hors de question pour moi de mettre mes enfants dans une école
ghettoïsée. Mes enfants ont aussi trouvé là un esprit de famille
qui fait lien entre les élèves, entre élèves et encadrement.
Certains profs n’hésitent pas à venir le dimanche pour faire travailler les élèves. Le suivi individualisé des élèves est une particularité de l’école. »
Comme en écho, W. Bismuth de Marseille déclare : « Ce que
j’aime à l’ORT, c’est que les enfants qui viennent chez nous,
trouvent là un judaïsme tolérant en même temps qu’une culture
générale ouverte au monde. Pour rester juif, il faut savoir fréquenter les non-juifs ». Ce souci de la continuité juive tolérante et ouverte se retrouve aussi chez Guy Sabbah, du
Comité de Lyon. Selon lui, de plus en plus de jeunes ont une
véritable culture juive qu’il faut développer. Pour autant il
n’oublie pas les activités qui, comme le théâtre, « permettent
de s’exprimer ». Modeste, G. Sabbah, professeur d’université à
la retraite, est spécialiste internationalement reconnu de l’antiquité tardive, traducteur d’un des premiers historiens,
Ammien Marcellin (IVème s.) qui écrivait : « Ô glorieuse formation de la culture, dispensée aux heureux par un présent céleste, toi qui, souvent, as amendé des caractères même vicieux !
Quelles corrections tu aurais apportées en ces temps de ténèbres,
si tu avais permis à Valens de savoir que le pouvoir n’est rien
d’autre, selon la définition des sages, que le souci du salut d’autrui… »
Enfin, beaucoup de nos interlocuteurs dans les comités locaux constatent, pour s’en féliciter, que l’image de l’ORT a
beaucoup changé au cours des ces dernières années. Si les rénovations et constructions de bâtiments ont leur part dans
cette métamorphose, l’autre facteur est l’évolution progressive des lycées vers l’enseignement supérieur, qu’il s’agisse de
formations professionnalisantes courtes (BTS) qui, par
temps de crise économique, attirent de plus en plus d’étudiants, que ce soit le supérieur long, comme les licences professionnelles d’optique (Strasbourg et bientôt Toulouse) ou
les classes préparatoires aux grandes écoles d’ingénieurs. En
tout cas, l’ORT est aujourd’hui dans le paysage scolaire juif la
seule institution à pouvoir disposer d’une telle offre de formation, assise sur le sérieux et l’expérience.
Laissons le mot de la fin à T. Gauthier : « Ce dont je suis le plus
fier, c’est des résultats de l’école. C’est ma première priorité.
Ensuite vient l’augmentation des effectifs. Il faut souligner l’engagement et la qualité pédagogique et humaine des enseignants
de l’école. C’est cette qualité qui me plait dans ce lycée, et qui
permet aussi bien de mettre à niveau des élèves en difficulté que
de porter les meilleurs vers l’excellence. » Parmi ses souhaits :
« Il nous faut créer davantage de ponts avec World Ort et Ort
Israël. Surtout, il faut faire en sorte que les parents juifs mettent
leurs enfants dans des écoles juives » p 14
en couverture
p
Un réseau mondial d’éducation
Réunion du Conseil pédagogique international d’ORT-Israël
« J’ai le sentiment d’avoir retrouvé
ma famille », c’est ainsi que Zvi Peleg,
directeur général du réseau des Ecoles
Sciences-Tech, comme se désigne
désormais ORT-Israël, a accueilli les
délégations participant à cette première
réunion. Cela se passait, début juin, à
Herzliya et à Jérusalem. Des amis
d’ORT Canada, de France, des EtatsUnis et d’Israël ont participé à de
nombreuses conférences sur les
formations, méthodes, recherches de ce
qui est le premier réseau israélien
d’enseignement scientifique et
technologique. Ils ont pu aussi
développer des liens prometteurs pour
l’avenir. Le Président Lucien Kalfon et
le directeur général Marc Timsit ont
souligné la similitude des défis lancés à
l’ORT dans les années qui viennent,
avec la nécessité de les relever en
coopérant plus étroitement. Un groupe
de travail pédagogique a été constitué
pour examiner ces tâches communes et
envisager les projets à mener en
partenariat. Ce travail est d’autant plus
essentiel que la science et la technologie
diffusées par les écoles de l’ORT sont les
bases de « l’avenir d’Israël », comme l’a
indiqué le Professeur - et rabbin Daniel Hershkovitz, ministre de
l’éducation, en recevant les délégués.
Rappelons qu’ORT-Israël constitue le
plus important réseau éducatif du pays.
Avec 100 000 élèves et étudiants de
toutes origines et de toutes confessions
répartis dans 165 écoles, sur 45 villes, ce
réseau est fortement spécialisé dans les
formations d’excellence en sciences et
technologie, sans délaisser pour autant
les élèves en difficulté. Ses diplômés
occupent des fonctions d’ingénieurs
dans le civil et dans l’armée,
d’entrepreneurs dans les technologies
de pointe et la recherche. p 15
Des intérêts pédagogiques partagés : Marc Timsit (à gauche), et Lucien Kalfon (à droite)
en visite à l’observatoire de l’école Ort de Maalé Adoumim.
Design de Mode et échanges sans frontières
Exemple de l’ouverture à
l’international des formations de
l’ORT : le BTS Design de Mode
préparé au lycée de Strasbourg, et cela
dans deux directions. Tout d’abord
des échanges avec les établissement du
réseau ORT Mondiale en Russie, en
Israël ou en Argentine... En dehors de
ce réseau, les villes phares de la mode
telles que Milan, Barcelone,
Metzingen, mais également Nankin en
Chine, avec lesquels il y a des accords
de partenariat avec échanges
d’étudiants et d’enseignants...
Ainsi Claude Sabbah, directeur du
lycée ORT-Strasbourg, accompagné
de Michel Benoilid, directeur du lycée
ORT-Lyon, ont rendu visite au
Moscow ORT College of Technology,
première institution de formation
professionnelle de Russie dans les
domaines de la Publicité, du Design
de Mode, de l’Economie et de la
Technologie, accueillant en tout 1400
étudiants dont 500 en Mode et design.
Cet institut a reçu le label « Collège
du futur » attribué par le Ministère de
l’Education de Russie.
Une convention de jumelage et
d’échanges d’étudiants et
d’enseignants a été signée.
Par ailleurs, les responsables du
Fashion Department de l’école de
mode allemande de Metzingen,
partenaire d’Hugo Boss, ont invité,
dans la perspective d’un accord de
partenariat, leurs homologues de
l’ORT à partager un Atelier au Fashion
Department de Metzingen, sur
l’incidence de la culture africaine dans
la mode occidentale... R. A.
p
Un réseau mondial d’éducation
Priorité à l’éducation et à la tolérance
L’ORT-Mondiale (World ORT) est une organisation non gouvernementale à laquelle adhère ORT-France.
Elle développe des actions dans une centaine de pays, sur les cinq continents. Chaque année, 200 000 jeunes
et adultes, juifs et non-juifs, sont formés dans ses écoles, lycées et universités. Daniel Kluger, du Conseil
d’administration d’ORT-France, fait un point avec quelques exemples.
La vocation de cette organisation
mondiale est d’apporter sous forme de
projets et de partenariat à la fois le
savoir-faire de l’ORT et des fonds
collectés auprès de nombreux
donateurs.
C’est ainsi que se sont développées des
actions remarquables en Afrique
(37 pays), en Asie (17 pays), en
Amérique Latine (14 pays), en Europe
de l’Est, etc… Mais plus que des
chiffres, quelques exemples peuvent
illustrer le remarquable travail de cette
institution.
En Argentine, 6630 élèves sont
accueillis à l’ORT qui est considérée
comme l’une des cinq meilleures écoles
du pays. Au Venezuela, de nombreux
non-juifs sont venus pour aider à la
restauration de la synagogue de Caracas
à la suite du récent attentat. Leur
motivation : démontrer leur
reconnaissance pour ce que l’ORT
apporte à leurs enfants.
En Israël, l’ORT est partenaire dans la
construction de la nouvelle université
de Sha’ar Haneguev sur la frontière de
la bande de Gaza. L’ORT est également
à l’origine du programme « Ilan
Ramon » qui équipe les écoles et lycées
de « Smart Board » (tableaux
informatisés) et les étudiants de PC
portables et ce, sur tout le territoire.
Former les Maoris de l’Ile de Pâques
Toujours en Israël, l’ORT participe à un
immense programme d’éducation des
enfants hospitalisés. Les hôpitaux ont
leurs écoles mais elles ferment à
13 heures. L’ORT prend alors le relais et
plus de 50 hôpitaux sont ainsi équipés
de classe de soutien.
A Mexico, où s’est réunie, cette année,
la convention des « representatives »,
l’ensemble des bénévoles ORT du
monde entier, le dîner de gala était
présidé par Margarita Zavala de
Calderon, l’épouse du Président de la
République mexicaine. Elle a rendu un
vibrant hommage à la communauté
juive du Mexique (50.000 personnes) et
à la contribution culturelle et éducative
qu’apporte l’ORT Mexique.
Pour illustrer cette présence, nous
avons visité la Yidische School dirigée
par Irit Barr qui regroupe des sections
scientifiques (physique, chimie et
biochimie) et des sections de mediacenter qui forme les étudiants aux
techniques du cinéma, de la photo et
du son. Au Chili, les autorités du pays
voient dans l’ORT deux missions
conjointes qui doivent aider à une
meilleure compréhension et
acceptation des différences : la première
c’est apporter aux élèves juifs une
confirmation de leur identité juive et la
seconde c’est apporter aux élèves nonjuifs une connaissance de ce qu’est le
judaïsme et ainsi inculquer les bases
d’un respect mutuel.
Pour l’anecdote, il a été demandé à
l’ORT de participer prochainement à
l’effort d’éducation des populations
Maori et un centre ORT sera ouvert
l’an prochain à l’Ile de Pâques !
Fervent militant pour le
développement de l’éducation, car
persuadé de l’avancée qu’il apporte en
matière de lutte contre le racisme,
l’intégrisme et la pauvreté, j’ai trouvé à
l’ORT une réponse remarquable par
son sérieux, sa dimension et sa proactivité résolument tournée vers le
futur d’Israël et du peuple juif en
général. Daniel Kluger
(Publié dans Menorah, revue du B’nai B’rit
France- Mai 2009)
Projet pilote :
enseigner des langues en e-learning
De manière surprenante, ce que
préfèrent ces collégiens de Villiers-leBel, dans l’expérimentation
d’apprentissage de l’anglais par
e-learning, c’est les… tables rondes
avec l’animateur britannique. Tout
se passe comme si, la technologie en
ligne utilisée pour cet apprentissage,
redonnait toute sa place au dialogue
vivant, en face à face avec un
interlocuteur dans sa langue
maternelle… Comme quoi la
technologie bien utilisée ne remplace
pas l’humain, mais lui donne toute sa
valeur. Maîtriser véritablement une
langue étrangère au sortir des études,
est un des objectifs qu’assignent les
responsables d’ORT-France, au plus
haut niveau, à cet enseignement plus
nécessaire que jamais à l’ère de la
mondialisation.
Ainsi la direction générale d’ORT
France à mis en place, depuis le mois
de février, avec l’aide du Département
Innovation et Développement (DID),
une formation en ligne dans le
p 16
en couverture
domaine des langues par le biais de la
plateforme « Tell me More » de
Auralog. Pour l’instant, les collèges
et lycées de Villiers-le-Bel et de
Strasbourg, en attendant d’autres
établissements du réseau, sont parties
prenantes de ce projet pilote, pour
l’anglais et l’espagnol, les deux langues
internationales les plus parlées dans le
monde. ORT Strasbourg avec le
concours de ses enseignants s’est
engagée à mener ce projet pilote dans
le cadre de leur travail scolaire.
Cette expérimentation très
rigoureusement préparée et évaluée est
conduite par Clara Barafranca, sous la
direction de Raphaël Attias.
Ses principaux objectifs sont de :
travailler toutes les compétences
linguistiques, compréhension et
expression, à l’oral et à l’écrit ;
améliorer l’accent des élèves et
étudiants grâce à la technologie
Le professeur a plus de temps pour
s’occuper de chaque élève.
de la reconnaissance vocale ;
se placer dans des situations de
communications réelles de la vie
quotidienne et professionnelle ;
travailler sans limite toutes les notions
de grammaire, lexique, phonétique et
conjugaison indispensables à la
maîtrise de la langue ;
travailler de façon individualisée
suivant le niveau et les besoins de
chacun (préparation du TOEIC – Test
of English for International
Communication – , perfectionnement
de l’oral) ; de s’immerger dans une
grande variété d’activités pour stimuler
l’apprentissage (dialogues interactifs,
questions de compréhension,
rédaction, vidéos et QCM…).
Une première évaluation de fin d’année
a permis de mesurer la satisfaction des
élèves, étudiants et professeurs, avec de
bons résultats au TOEIC, avant
d’envisager une extension du
programme à d’autres établissements
de l’ORT et à d’autres langues. Une
dernière chose : l’animateur
britannique qui a tant séduit les
collégiens de Villiers, est aussi
musicien… École médicale de Bamako et ORT Strasbourg,
dans une optique de coopération
Le lycée ORT de Strasbourg a développé depuis de
nombreuses années des échanges internationaux avec
différents pays dont l’Allemagne, l’Italie, la Russie, la Chine,
le Portugal, Israël… C’est avec le Mali qu’un nouvel échange
vient de se concrétiser récemment, par la signature d’une
convention de coopération entre le département d’optique
du centre ORT Strasbourg et l’école paramédicale EP4O de
Bamako. Cette convention est d’abord l’aboutissement de
relations humaines qui ont été nouées entre des hommes
engagés chacun dans des domaines particuliers, le Docteur
Yaya Ba, ophtalmologue à Bamako, Claude Sabbah, proviseur
du Lycée ORT Strasbourg et Pierre Lesieur ancien
responsable d’Essilor, chargé des relations avec les centres de
formation en optique. Cette convention prévoit le
développement d’activités dans des domaines d’intérêt
commun, comme la formation d’optométristes et de
techniciens supérieurs en optique lunetterie, des échanges
d’enseignants, d’étudiants et de stagiaires, l’élaboration de
programmes d’enseignement, la réalisation d’études et de
production, la participation à différents comités scientifiques
et pédagogiques. L’ORT Strasbourg qui forme depuis une
dizaine d’années des Techniciens Supérieurs – OpticiensLunetiers, par un BTS en formation initiale ou par la voie de
l’apprentissage, a également développé avec l’Institut de
p 16
p 17
De gauche,
à droite,
Pierre Lesieur,
Dr Yaya Ba et
Claude Sabbah.
physique de l’Université de Strasbourg, une Licence
professionnelle « Les métiers de l’optique et de la vision ».
Le lycée a ainsi acquis une véritable expertise au niveau de la
formation dans les métiers de l’optique lui permettant de
s’engager auprès de l’EPO4 de Bamako et de son directeur le
Docteur Ba. Celui-ci a souligné les besoins du Mali dans ce
domaine : seuls trois opticiens ont été formés dans le centre
de Bamako, ce qui donne à cette convention et à cet échange,
un caractère tout particulier en terme d’attente et de
responsabilité.
Dans les actions concrètes prévues entre les deux écoles dans
un proche avenir, il faut noter la formation de deux étudiants
de l’ORT en fin de cycle qui se rendront pour un an à
Bamako pour enseigner l’optométrie et l’analyse de la vision.
Enfin, dans le cadre de l’action sociale de l’ORT, 500
montures de lunette seront offertes au centre EPO 4 pour la
rentrée universitaire 2009-2010. p
Figures
William Bismuth,
La physique, le judaïsme et du cœur…
William –« Peut-être à cause de
Shakespeare ?... » – Bismuth est né à
Tunis en 1928. Son prénom hébraïque
est Nissim, changé dans l’enfance en
Raphaël (« Dieu guérit », en hébreu), en
raison d’une grave maladie de cœur. Le
cœur, au triple sens de courage, de
fidélité et de générosité : on le devine,
chez cet homme dont l’abord réservé,
presque timide, tranche avec
l’extraversion expansive propre aux
Provençaux. Depuis plus 35 ans en
effet, il est engagé aux côtés de l’ORT, à
Marseille où il a présidé le Comité local
(cf. dossier page 12) et au plan
national, puisqu’il fait partie du Conseil
d’administration d’ORT-France. Du
cœur, ce chercheur en physique,
docteur d’Etat, avec une thèse
visionnaire sur la résonnance
magnétique nucléaire, directeur de
recherche honoraire du CNRS, auteur
d’une centaine d’articles savants et
conférencier dans de prestigieuses
universités des Etats-Unis et d’Europe,
a su en montrer tout au long de ces
années, comme il a su faire preuve de
son attachement au destin juif dans la
modernité. Nous verrons que pour
William Bismuth avoir du cœur et être
fidèle à ce que l’on est, c’est tout un.
Pour comprendre comment se
fabrique un engagement, il faut parfois
trouver des fils rouges qui mettent de
l’ordre dans une vie très active et lui
donnent sens. Pour William Bismuth
cela a pris la forme de quelques figures
marquantes.
Il y a certes des parents aimants, un
père, expert-comptable et amateur
d’opéra, qui emmenait son fils à la
synagogue à 5 ans, mais surtout un
fabuleux grand-père, le Grand Rabbin
de Tunis Yacoub Ktourza. Dans cette
famille de Tunisiens pratiquant le
judaïsme « à leur manière », comme
aurait dit Maïmonide, c’est le grandpère avec qui il conversait en judéoarabe, qui encourage le jeune William à
franchir la Méditerranée, après une
math sup à Tunis, pour aller faire ses
études à Marseille. Condition : qu’il
respecte les fêtes et le chabbat.
Rencontres décisives
Bon élève, le jeune William ? Pas
toujours… En fait, il l’est devenu après
avoir été l’élève d’une autre
personnalité qui va marquer son
itinéraire : « M. Temame, prof de maths
à l’école de l’Alliance israélite de Tunis.
J’étais un élève moyen. C’est lui qui m’a
donné le goût des études. Après lui, je
suis devenu 1er partout… ». Et c’est
aussi « à l’Alliance », comme on disait
alors, qu’il apprend « l’histoire juive ».
Une seconde piste pour éclairer
l’engagement à l’ORT dont les collèges
et lycées pourraient se reconnaître dans
cette double exigence de réussite
scolaire et de savoir identitaire.
Renvoyé du lycée Carnot, à cause des
lois de Vichy d’octobre 1940, William
Bismuth, au sortir de la guerre,
s’oriente vers des études scientifiques.
Là encore, il va faire une autre
À L’ORT, on peut préparer
Polytechnique, Centrale
et d’autres grandes écoles
d’ingénieurs
rencontre décisive, celle de Théodore
Vogel (1903-1978). Directeur du
Centre de recherches physiques de
l’Université de Marseille depuis 1962,
ce dernier est né en Ukraine d’une
mère russe et d’un père autrichien.
Belles études au lycée Thiers, puis
formation d’ingénieur à Sup’élec, et…
la Palestine au début des années 30 où
T. Vogel participe à l’électrification du
futur Etat d’Israël. C’est avec ce
brillant physicien, spécialiste
d’acoustique, autant que juif engagé
que W. Bismuth va parfaire son
apprentissage - et entrer à l’ORT. T.
Vogel, en effet, est membre du Conseil
d’administration de ce qui est alors un
réseau d’écoles professionnelles. Il faut
entendre l’émotion percer lorsque le
disciple évoque la mémoire – bénie –
du maître : « C’est lui qui m’a légué
l’ORT… » !
Le « legs » est allé entre de bonnes
mains : « Toute l’action de M. Bismuth a
visé à nous orienter vers l’enseignement
supérieur », constate Maurice CohenZaguri, directeur du collège et lycée
ORT de Marseille qui connaît bien
« son » président dont il dit encore :
« C’est un intellectuel, un scientifique à
la double culture juive et humaniste »
qui, soit dit en passant, aime aussi le
jazz, en particulier la pianiste et
chanteuse Hazel Scott, et le chef
d’orchestre Count Basie.
A la veille de passer à son tour le relais,
W. Bismuth rappelle que la fonction
exige un complet désintéressement,
ainsi qu’un « tempérament
d’animateur ». Avant de conclure, en
homme de cœur toujours : « L’ORT a
été toute ma vie non professionnelle. Je
lui ai donné tout ce que je pouvais avoir,
mais cela m’a apporté la joie de
connaître des hommes exceptionnels…
Et puis ce que j’aime à l’ORT, c’est que
les enfants qui viennent chez nous,
trouvent là un judaïsme tolérant en
même temps qu’une culture générale
ouverte au monde. Pour rester juif, il
faut savoir fréquenter les non-juifs ». p 18
figures
Cynthia Arenas,
L’enseignement, mes familles, mes passions…
En général, la réalisation de cette
rubrique requiert de ceux qui sont
choisis qu’ils parlent d’eux. Avec
Cynthia Arenas, professeure de lettres
et de communication au lycée
Grynfogel-ORT de Toulouse, pas
possible ! Ou plutôt, parler d’elle, c’est
parler des autres : ses parents, sa sœur
Sabrina, son mari « qui construit leur
maison dans la montagne », sa petite
fille Léna, « qui a quatre mois
aujourd’hui et un sourire qui nous fait
oublier la pluie de ce matin », ses
collègues de travail, et surtout, surtout
les élèves. Ce n’est qu’à travers ces
« autres » que Cynthia peut parler
d’elle-même. Elle le fait avec un tel
bonheur et une telle joie qu’on ne peut
que la suivre à l’évocation de ses
« familles », comme elle va les désigner.
Alors commençons par ses parents,
tous deux gens d’entreprise qui vont
fournir le cadre familial où Cynthia
grandit, à Orthez, en fréquentant aussi
bien l’école privée que le public. Et puis
il y a cette « petite » sœur très proche,
complice, très aimée. Elle travaille pour
un organisme agricole. Pas de prof dans
cette première famille, on le voit. Alors
comment Cynthia le devient-elle ?
Simple : en passant par un doctorat de
linguistique et le… journalisme !
Cynthia raconte la naissance de sa
vocation pédagogique avec un naturel
où tout semble couler de source.
Limpide comme l’est sa parole.
Et son rire…
« Je voulais être journaliste, et j’ai
commencé par l’être. Mais il fallait que je
travaille en faisant mon doctorat sur les
langues de minorités immigrées en
France. Et j’ai enseigné dans un collège
public. Là, j’ai mis en place un
programme de scolarisation d’enfants de
gens du voyage. Il fallait aller voir les
familles et les convaincre d’envoyer leurs
enfants à l’école. J’ai compris que c’était
ce qui me plaisait… ».
Et le lycée ORT de Toulouse ? « L’O-R-T,
dit-elle en détachant bien les lettres,
c’était il y a trois ans. Je cherchais un
p 19
poste sur internet. Et je suis tombée sur la
devise : ’’Si tu donnes un poisson à un
homme, il mangera un jour ; si tu lui
apprends à pêcher, il mangera toute sa
vie’’. J’ai pensé : voilà une école avec des
valeurs ! » Rencontre avec
René Bendavid, le directeur
« qui encourage les
initiatives » : le courant
passe.
« Seul, on n’est rien… » !
C’est ainsi qu’elle est recrutée pour
faire des cours aux étudiants de BTS
banque, et à une classe de 3ème
accueillant des élèves en difficulté qui,
après mise à niveau, peuvent reprendre
le cursus normal du lycée. Là encore,
c’est avec passion que Cynthia parle de
ces élèves à qui il faut « offrir une
seconde chance ». C’est un vrai travail
d’équipe, pardon, de « famille », car
comment parler autrement de l’esprit
qui préside à cette tâche où la réussite
d’un élève est conditionnée par le
travail de tous ses profs autour de lui. Il
y a donc Alexandre Tibi, le prof
d’éducation physique, et professeur
principal de la classe, capable de
remplacer la veille pour le lendemain
Cynthia appelée par une urgence. Il y a
encore ses collègues « Karine, Isabelle,
Stéphanie, Marie, Dominique, et la
douceur de la jolie Sarit, la prof
d’hébreu… » qui font cercle autour de
chaque élève pour l’accompagner dans
sa découverte du plaisir d’apprendre.
Car, « seul, on n’est rien ! »
Autres membres de la famille, les
professeures-documentalistes Corinne
et Ghislaine qui travaillent avec la
classe à des projets pédagogiques
réalisés dans le cadre du CDI. « Oh,
j’allais oublier : Drory Lévy ! » Simple
clause de style : Cynthia n’oublie
personne. Surtout pas le conseiller
principal d’éducation, « attentif et
disponible ; c’est un pédagogue, un
conseiller et un artiste », toujours
partant pour les bonnes idées qui
vont faire la différence pour les
élèves. Ainsi ce voyage en
Espagne pour cette classe de
BTS « un peu stressée, où il
fallait créer une solidarité ».
La « communauté éducative »
dont parlent un peu abstraitement
les textes officiels, c’est aussi le
personnel administratif, comme
Véronique Malgouyre dont le bureau
est « un refuge ». Il arrive aussi que la
famille professionnelle rejoigne la
famille tout court, à l’occasion d’une
naissance par exemple. Et là « à l’O-R-T »
de Toulouse on a été gâté ces derniers
mois, puisqu’on y a célébré 5 ou 6
naissances chez les profs. Chaque fois,
« la famille » s’est manifestée par des
vœux et des cadeaux. « Vous savez, j’ai
enseigné ailleurs, ce n’est pas comme
ça ! ». On est bien obligé de croire
Cynthia qui ajoute qu’elle voit dans ces
valeurs et cette ambiance quelque chose
de l’identité juive de l’ORT. Avant bien
sûr de lancer à l’interviewer au
moment de se quitter : « Si vous venez à
Toulouse, n’hésitez pas à passer à la
maison, vous verrez Léna comme ça… ».
Un peu de la famille, quoi ! Preuve
ultime : ce post-scriptum au mail reçu,
avec la photo de la splendide Léna,
après l’entretien : « Lorsque je vous ai
parlé de la direction de l’Ort Toulouse, je
pensais à René Bendavid, mais
également à Max Barcessat (chef de
travaux) qui fut le premier à participer
au cadeau du petit Tom (le fils d’Isabelle
Pagotto) et un des premiers à me féliciter
(avec Véronique Malgouyre) pour la
naissance de Léna...Quand je vous dis
qu’il y a quelque chose de particulier
dans cette école... ». Quelque chose qui
doit sans doute aussi à la passion
communicative que, visiblement, vous
mettez dans votre métier Cynthia ?... Le réseau ORT-France
p Contacts
www.ort.asso.fr
PARIS
10, villa d’Eylau
75116 Paris
Tél. 01 44 17 30 80
CHOISY-LE-ROI
50, rue du Four
94600 Choisy-le-Roi
Tél. 01 45 12 10 80
LYON
133, rue Marius Berliet
69008 Lyon
Tél. 04 72 78 09 09
MARSEILLE
9, rue des Forges
13010 Marseille
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43, rue Raspail
93100 Montreuil
Tél. 01 49 88 46 50
STRASBOURG
14, rue Sellénick
67000 Strasbourg
Tél. 03 88 76 74 76
TOULOUSE
14, rue Étienne Collongues
31770 Colomiers
Tél. 05 61 15 92 60
VILLIERS-LE-BEL
32, avenue de Choiseul
95400 Villiers -Le-Bel
Tél. 01 39 87 71 40

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