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150761 - Folio : p249 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Les grands thèmes Établir ici la longue filiation des ces hommes soucieux de transmission dépasserait très largement mon propos. Les Gouliards y furent peut-être pour quelque chose. Une des figures antiques les plus prisées fut celle de la déesse Maât, déployant ses ailes protectrices sur le monde, figure qu’on ne peut que rapprocher de celles des chérubins déployant leurs ailes sur le propitiatoire de l’arche d’alliance. Bas-relief du temple d’Horus, à Edfou Maât est ainsi présente en de nombreux tombeaux ou monuments égyptiens. On retrouve ce dessin des ailes déployées chez les Babyloniens, sous une forme à peine différente si ce n’est un visage masculin. Les Grecs qui connurent ce symbole ne manquèrent pas de l’assimiler et le transmirent à leur tour. Les chrétiens alexandrins n’ignoraient pas ces représentations bienfaisantes et protectrices de Maât et ses figurations ne furent pas oubliées, pas plus que les images des chérubins de l’Arche d’Alliance, issus en droite ligne des chérubins de Babylone... Cathédrale de Metz. Façade septentrionale 249 150761 - Folio : p250 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales Les stryges messines portent, on l’a vu, des sortes de capuches, à vrai dire des coqueluchons. Ce sont des capuchons comme en portaient les moines. Faits d’une grosse bure, ils étaient de deux formes principales, les uns en pointe et les autres ronds. La coiffe des fous pris également le nom de coqueluchon. Ce mot vient du latin cucullus, mais pour la coiffe des fous il semble dériver de coq dont le chant est dit coquelin, chanter étant coqueliner. Les coqueluchons des fous de la comédie médiévale étaient inspirés des crêtes du coq et se composaient de trois pointes dont deux en forme d’oreille d’âne et la pointe centrale étant en forme de phallus dressé. À défaut de ces appendices, on les ornait de grelots, dont la caractère sexuel n’est pas à démontrer ne serait-ce que par la forme et l’étymologie. Se peut-il qu’ici nous ayons affaire à des stryges et harpies folles ou simplement encapuchonnées comme des religieux ? Un examen attentif du bas-relief nous montre un coqueluchon à trois grelots sur la tête d’une des harpies dont le corps possède une queue de coq tandis qu’en bas à droite, un lièvre, ou un âne, possède un corps de poisson... C’est un rébus qui nous est donné à voir ici, mais un rébus qui se lit globalement et non pas syllabe par syllabe et dont la clef est celle des mystères anciens. Un grand nombre de ces animaux fabuleux et inquiétants se retrouve ici encapuchonnés. Les traditions religieuses imposaient aux hommes de se découvrir dans une église. Inversement les femmes ne devaient pénétrer que la tête couverte. Cette tradition était héritée des écrits de saint Paul : « Je veux cependant que vous sachiez que le chef de tout homme c’est le Christ, que le chef de la femme, c’est l’homme, et que le chef du Christ, c’est Dieu. Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte, déshonore sa tête. Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête non voilée, déshonore sa tête : elle est comme celle qui est rasée. Si une femme ne se voile pas la tête, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Or, s’il est honteux à une femme d’avoir les cheveux coupés ou la tête rasée, qu’elle se voile. L’homme ne doit pas se couvrir la tête, parce qu’il est l’image de la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme. »281 Si l’on observe maintenant cet ensemble sculpté, on pourrait le considérer comme une psychomachie, entre les figurations animales archaïques et ces mêmes figurations entrées au service de l’Église, ce qui expliquerait la présence de ces hommes combattants insérés ça et là dans l’ensemble, et celle de la sirène qui était l’image de la luxure, évoquée par le grand écart des terminaisons caudales de la femme poisson et séductrice. Émile Mâle formula une hypothèse analogue à propos des portails de la Saintonge : « Mais il est une autre lutte autrement héroïque, c’est celle que l’homme soutient tous les jours contre ses ennemis intérieurs. La vie tout 281. Paul, 1re Épître aux Corinthiens 11, 3-7. 250 150761 - Folio : p251 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Les grands thèmes entière n’est qu’une Psychomachie, une bataille qui se livre dans l’âme. Ces forces qui se retournent en nous douloureusement : colère, orgueil, envie, concupiscence, les Vertus des portails de l’Ouest les ont sous les pieds. Rien de plus beau que ces figures triomphantes qui semblent nous encourager. Ainsi les portails de l’Ouest, d’une archivolte à l’autre, nous invitent à nous élever du travail à la vertu, et de la vertu à l’amour. »282 Entre la psychomachie religieuse à la psychomachie alchimique, il n’y a que peu d’écart sous l’angle des moyens et finalités, à savoir la soumission des Vices, des parties malades de l’être et le triomphe de la Vertu, des parties élevées de l’esprit. Le dragon, sous toute forme, n’est jamais que l’illustration de l’état primordial, associant en lui le fi xe, son corps serpentiforme, et le volatil, ses ailes, mais n’étant pas capable d’en assurer la liaison harmonieuse. Le travail chevaleresque, chrétien ou alchimique, consiste précisément à reconstruire à partir des deux composants initiaux du dragon un seul être au sein duquel la force divine peut enfin émerger, d’où la nécessité de sa mise à mort apparente et de la longue reconstruction. Ceci nous conduit tout droits aux dragons des édifices religieux, dragons qui sont parfois que des formes plus antiques des cocatrix et autres basilics. Basilique Saint-Austremoine d’Issoire. Chapiteau peint Basilique Sainte-Madeleine de Vézelay. Chapiteau 282. Emile Mâle, L’Art religieux en France au xiie siècle. 251 150761 - Folio : p252 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales L’aigle bicéphale C’est à l’intérieur des édifices qu’il est le plus souvent représenté, bien souvent en ornementation de meuble, ou meuble lui-même, tel les lutrins. On trouve de nombreux lutrins semblables dans les églises orthodoxes. Ces lutrins, plus anciens car remontant au xiiie siècle sont plus ou moins inspirés, à moins que ce ne soit l’inverse, des porte-livres de l’islam. « L’aigle à deux têtes se rencontre à profusion sous le règne du plus grand sultan seldjoukide de Konya, Alaeddin Keykübad (1219-1236) et de son fils et successeur Keyhusrem II (1236-1246). On le découvre en effet sur des tissus, des pierres taillées, des carreaux muraux ou des porte-Coran. Comme pour toute problématique iconographique il est très difficile de dire s’il s’agit d’un emprunt ou d’une recréation. »283 Parfois il est posé sur un porte-livre. L’aigle bicéphale est un symbole très ancien. Les Hittites le représentaient déjà. On le retrouvera à Byzance, et dans l’Empire ottoman. Charles Quint en fit son emblème, puis les Tsars, tout comme les empires allemand, autrichien, austro-hongrois. Les Templiers le connaissaient et l’utilisaient comme signe. Il est encore présent sur les drapeaux de nombreux pays slaves. L’aigle bicéphale du Saint Empire germanique est apparu progessivement de Frédéric III aux Habsbourg austro-hongrois. L’Aigle est sous le genre féminin en héraldique et en alchimie. C’est de façon assez tardive qu’il fait son apparition, dans le chœur, au service des officiants. Pour le religieux l’Aigle bicéphale symbolisait l’Aigle de Jean. Les deux têtes étant les deux Jean, l’un regardait vers le passé l’autre le futur. Le Livre ouvert est le livre de l’Écriture, l’Ancien et le Nouveau Testament. La couronne était celle du Pape. Pour l’historien, le sigillographe284 ou le vexillologiste285, l’aigle était celle des armées romaines converties au Christ, ou quelque copie d’une soierie turcomane qu’un sculpteur s’était contenté de reproduire286. Pour l’historien, l’aigle est à ne pas en douter l’aigle bicéphale romaine byzantine, portant le regard sur l’empire d’Orient et sur l’empire d’Occident, puis adapté par Charles Quint. Pour le politicien, l’aigle bicéphale exprime la domination sur toute chose. Nous pourrions ainsi nous projeter dans l’autre et tenter de voir ce qu’il voit, et ce, sans fin, sans doctrine finale. De belles images de cet aigle se trouvent encore assez communément dans les églises, comme celle d’Ornans par exemple et qui nous fournit un ensemble assez complet 283. Pierre Mollier, article paru dans le n°107-108 de Renaissances Traditionnelles, tome XXVII, 1996. 284. Sigillographe : spécialiste de l’étude des sceaux. 285. Vexillologiste : spécialiste de l’étude des étendards, drapeaux et emblèmes, du latin vexillum, drapeau. 286. Émile Mâle dans son magistral ouvrage, L’Art religieux en France au xiie siècle exprime cette idée : «Quant à nos sculpteurs du xiie siècle, ils imitaient les figures du tapis byzantin apporté en France par les marchands de Venise, sans se douter qu’elles pussent avoir une signification quelconque.. » 252 150761 - Folio : p253 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes de sa symbolique chrétienne, revisitée par une province qui fut chérie de l’Espagne. L’imperium est l’aigle. Le globe qu’il enserre est la terre, et, plus à vrai dire, le monde palpable, le monde de la perception immédiate. Ses deux têtes sont celles qui regardent vers les Amériques et vers l’Europe. Le soleil ne se couche jamais sur les terres de l’empire. Il domine le livre, expression de la Loi humaine, mais il est placé sous la tiare, expression de la loi divine, dans le domaine de l’impalpable. L’aigle est le lien, l’axe vertical entre les deux mondes, celui d’en-haut et celui d’en-bas, l’axe horizontal, celui de l’Orient, de l’Europe, celui de l’Occident, du nouveau monde. Ainsi donc l’empereur Charles Quint n’était que l’exécutant et le garant du projet divin. Dieu était son droit, la Loi à suivre et à réaliser à partir d’un Chaos apparent. L’artiste suivi-il encore une autre voie, plus mystérieuse encore ? Le Chaos primordial, l’apparente bivalence, la réunion sur le même meuble de symboles ésotériques discrets est-elle fortuite ou volontaire ou mieux encore, naturelle car induite par le sujet lui-même ? Le meuble et son livre sont alors respectivement le fi xe et le grimoire287, le Livre de Nature indispensable à qui veut entreprendre l’œuvre. L’aigle devient le volatil288 et sa bicéphalie est celle du Mercure et du Soufre réunis, formant alors un Y, symbole hermétique du sel, du médiateur salin. Bien évidemment l’œuvre est l’accomplissement de, sous et par la volonté divine. Regardant à sa droite et sa gauche il est le veilleur, celui qui est la mère du trésor de philosophie. Il est une merveille. Le symbole est parfois plus explicite encore comme dans l’aigle byzantin des premiers Paléologue289 ; Il tient dans ses serres le serpent. Il est le gardien de la Loi, celui qui ouvre les pages du livre et fait la lecture se place sous sa bienveillante autorité. Que le lecteur ne vienne pas à trahir les paroles du livre, car sa parole serait à jamais perdue. Serait-ce une chimère, ou simplement une apparence, un effet de notre ignorance, de notre vision restreinte ? Soyons assurés qu’il ne s’agit pas d’un monstre et encore moins d’une chimère. Les deux têtes ne sont qu’une, tout comme Janus, l’homme à deux faces. Artefact au sens strict et littéral de l’art. Effet de l’Art et traduisant notre difficulté intrinsèque, constitutive de l’homme, à dépasser les contradictions apparentes, à surmonter les antinomies, les fausses dualités. J’ajouterai que l’artefact de l’aigle bicéphale évoque en sus pour moi l’incommensurable incapacité de l’homme à pénétrer les secrets profonds de l’univers, comme si sans le savoir, et quand que cela fut la volonté du sculpteur ou de son commanditaire, l’aigle bicéphale pouvait aisément illustrer un traité de mécanique 287. Allusion cabalistique à l’art de grimer, déguiser, cacher. 288. Thème récurrent de l’alchimie et du rituel isiaque des anciens égyptiens Le volatil, ce qui s’évapore, monte et symbolisé tout simplement par un volatile. 289. Dynastie Byzantine qui fut au pouvoir de 1259 jusqu’à la chute de Constantinople en 1453. 253 150761 - Folio : p254 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales quantique, ou encore évoquer les notions de continu et discontinu si chères au grand physicien Heisenberg. L’aigle semble regarder à droite et à gauche. Illusion probable la encore. Et si comme Janus il regarde devant et derrière tout à la fois ? Il embrasse, il embrase290, d’un seul regard l’Occident et l’Orient. Il abolit l’espace profane. La représentation « latérale » de la tête n’est qu’une réminiscence de l’art sacré égyptien. L’aigle réunit dans sa représentation écossaise les rites sacrés de la Rome antique et de la vallée du Nil. Le dessin de cette aigle bicéphale est donc proprement hiéroglyphique, c’est-à-dire relevant de l’écriture sacrée, l’écriture au sens triple. Ses ailes, largement déployées indiquent toujours qu’il embrasse tout l’espace. Nous invite-t-il a embrasser le monde, à étreindre l’univers ? Les pennes, ses digitations, sont écartées comme lorsque l’aigle plane dans les hauteurs se laissant porter par les flux ascendants. Non seulement il observe devant, derrière lui, à gauche à droite, mais aussi vers le sol. Est-il prêt à fondre sur nous ? S’il fond sur nous, c’est comme une colombe, comme l’Esprit Saint. Le lutrin de Saint Laurent n’exprime pas autre chose. L’ouroboros Ce symbole ne pouvait échapper à la sagacité de Charbonneau-Lassay qui n’en n’ignorait pas les origines antiques : « Les Romains l’adoptèrent ainsi que diverses sectes chrétiennes et hérétiques, les Gnostiques, les Ophites, mais nous ne savons pas exactement avec quelle signification. Pendant le haut Moyen Âge les alchimistes, les hermétistes et ensuite les héraldistes religieux et nobiliaires l’utilisèrent jusqu’à nous ». Les Mésopotamiens, comme les Égyptiens antiques employaient déjà cette image symbolique. On peut en voir dans le tombeau de Toutankhamon et il figure comme emblème de la résurrection de l’astre solaire. Fermé sur luimême, il est à lui seul l’image du monde créé se nourrissant de sa propre substance. Ce sont les gnostiques alexandrins qui utilisèrent l’ouroboros pour en faire un symbole ésotérique. Charbonneau-Lassay s’interroge quant à la signification que lui donnaient ces gnostiques. Je crois pouvoir 290. « Je suis venu mettre un feu sur la terre; comme je voudrais qu’il soit déjà allumé» (Luc 12,V 49,53). À l’époque où les Évangiles sont rédigés, les Aigles des armées romaines sont des emblèmes très connus, comme ils l’étaient déjà du vivant du Christ. Ces aigles tenaient enserrées la foudre de Zeus Jupiter. Or il faut garder à l’esprit que la foudre de Jupiter n’était pas pour les latins religieux un symbole guerrier, mais un symbole de protection. Jupiter dérive de Jovis Pater, Père de Joie. On lit encore dans Matthieu (10, 34-49) : «Ne croyez pas, dit Jésus, que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Je suis venu mettre la division entre j’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. Celui qui assurera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi l’assurera. » On ne peut que rapprocher ce texte de celui de Luc. 254 150761 - Folio : p255 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes donner quelques éléments en se référant aux écrits des premiers Pères et auteurs religieux. Saint Augustin d’abord qui dans son traité Des hérésies nous apporte quelques éclaircissements : « Leur nom vient du mot serpent, qui se traduit en grec par ophis. Ils prétendaient que le serpent n’était autre que le Christ, et ils avaient un serpent apprivoisé qui venait se rouler sur leurs pains, et leur consacrer une sorte d’eucharistie. Certains auteurs les font descendre des Nicolaïtes ou des Gnostiques : c’est dans les fabuleuses fictions de ces sectaires qu’ils auraient puisé l’idée d’adorer le serpent. »291 Irénée de Lyon en fait nous donne la clé : « Certains, cependant, disent que c’est Sophia (Sagesse) elle-même qui fut le Serpent : c’est pour cette raison que celui-ci s’est dressé contre l’Auteur d’Adam et a donné aux hommes la gnose ; c’est aussi pour cela que le Serpent est dit “plus intelligent que tous les êtres”. »292 Le serpent était pour eux le symbole de la connaissance accessible qu’à de rares élus. En se roulant sur lui-même il exprimait l’idée de la connaissance du tout et donc du monde et le pseudo Tertullien, dans son livre Contre toutes les hérésies, ne disait pas lui-même autre chose. On en fit l’emblème du cercle de l’année et c’est à ce titre qu’il figure dans les zodiaques médiévaux, et de façon exceptionnelle293 sous sa forme de serpent, ou plus communément sous l’image d’un homme ou d’un animal replié en cercle sur lui-même comme par exemple au tympan du narthex de Vézelay. Nous ne le rencontrons en art religieux quasiment que sous l’apparence d’un dragon ou de quelque autre créature fantastique se mordant la queue, comme nous le montre un modillon de l’ancienne église prieurale Saint-Nazaire-de-Corme-Royal, en CharenteMaritime294. L’église d’Échillais, datant de la même époque, située également en Charente-Maritime, en présente une variante assez proche. Les gravures alchimiques ne le représentent le plus souvent que de cette façon, comme par exemple dans l’Atalanta Fugiens de Michel Maïer, ou dans le Traité de la pierre philosophale de Lambsprinck, alors que des manuscrits alexandrins le montrent sous forme d’un serpent. La gravure du livre de Lambsprinck semble inspirée des modèles religieux romans et gothiques et l’allusion au dragon de nature, allié à l’ouroboros, est flagrante. 291. Saint Augustin, Des hérésies, XVII. Œuvres complètes de Saint Augustin traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1869, tome XIV. p. 1-21. Traduction de M. l’abbé Aubert. 292. Irénée, Contre les Hérésies 1; 30-15. 293. La cathédrale de Saint-Michel-Archange en Italie en possède un sous cette forme. 294. Fin du xiie siècle. 255 150761 - Folio : p256 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales Sixième gravure du traité de la Pierre Philosophale de Lambsprinck L’emblème alchimique de l’ouroboros peut être regardé de différentes manières et si l’on s’en tient à ses premiers emplois hermétiques attestés, les écrits de Zozime295, il figurerait la dernière étape avant la transmutation, ce que ne semble pas confirmer les autres auteurs. Néanmoins, c’est à une phrase de Zozime que se référeront les auteurs alchimistes de la Renaissance, car Zozime écrivait qu’il était l’UN et que de cette unité, tout partait et tout retournait, formule des plus inspirées des gnostiques alexandrins. Ceci nous ramène au rôle de gardien de la Connaissance et plus encore à l’emblème de l’initiation, et sur ce point les allégories chrétiennes gnostiques, qui perdurèrent dans les images, sont en accord. Les hommes étranges Végétaux et vivants Les chapiteaux concentrèrent au début de l’art les principaux symboles religieux. Si ces symboles gagnèrent ensuite les tympans, les voussures et les linteaux, ils continuèrent de porter par la suite, jusqu’au début de l’époque gothique, des images variées et souvent ardues à déchiffrer en raison du peu de place disponible pour y sculpter des emblèmes et des allégories complexes. Démons et diablotins, pécheurs aux rictus étranges, animaux fantastiques, ne constituent pas cependant l’essentiel décoratif et religieux. Les ornemen295. Zosime de Panopolis, Mémoires authentiques, Les Belles Lettres, 1945 (Zozime le thébain Nommé par erreur le Napolitain. Chroniqueur byzantin. Il étudia puis enseigna l’alchimie à Alexandrie vers 270 ap. J.-C. Les écrits de Zozime le rattachent aux gnostiques paléochrétiens. 256 150761 - Folio : p257 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes tations tirées du monde végétal sont omniprésentes. On pourra toujours évoquer les temples plus anciens et le réemploi de colonnades prises à d’anciennes constructions pour trouver des raisons historiques à cette profusion végétale, mais ce qui poussa les bâtisseurs, à l’origine les clercs de communautés religieuses, à faire entrer le monde végétal au sommet des colonnes, ne résulte pas de la volonté de copier les édifices antiques, même si des motifs végétaux furent repris aux anciens. Ce qui poussa les clercs à faire réaliser ces motifs décoratifs résulte d’une volonté religieuse et allégorique. Il fallait que la cathédrale, ou le cloître, ou l’abbatiale ne fut pas absente, même en dehors de la présence des hommes, du monde vivant, que les hommes du Moyen Âge considéraient être aussi celui des plantes, des fleurs, des feuilles, des arbustes et des fruits. Les allégories religieuses ne s’arrêtaient pas au seul monde animal tel que le Physiologus décrivait. Ces allégories étaient vues en toutes sortes d’occasion, de lieux et de circonstances parce que l’œuvre divine était en tout et que tout pouvait refléter l’œuvre divine, y compris des feuilles de choux et des ronces. La notion de floraire est équivalent à celle du bestiaire, mais nous en avons perdu l’essentiel. Comme pour le Physiologus, ce sont dans les caractéristiques vitales des plantes, dans leurs façon de croître, d’être et de disparaître, ou encore leurs propriétés médicinales qui furent employées à tresser ces allégories, ou encore en se référant aux végétaux présents dans la Bible. Le lys était un symbole de la Vierge, par référence aux textes bibliques, le buisson ardent de Moïse, les feuilles de palmiers, les roseaux, l’acacia, les chênes de l’Ancien Testament étaient regardés comme des témoins et parfois les descendants des acteurs de la vie des prophètes et des héros bibliques et de la vie du Christ. Le floraire des chapiteaux est assez constant. On y trouve souvent le palmier en référence à l’Évangile : « Ils prirent des branches de palmiers, et allèrent au-devant de lui, en criant : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! »296 Cette arrivée du Christ sera célébrée plus tard par la fête des rameaux. Les feuilles de palmiers sont donc souvent présentes et ne sont que l’allégorie de la venue du Christ dans l’Église et dans l’église. Les rameaux de palmiers et les palmiers eux-mêmes rappelaient en outre les Psaumes : « Le juste pousse comme un palmier, il s’étend comme un cèdre du Liban planté dans la maison du Seigneur, il pousse dans les parvis de notre Dieu. Même âgé, il fructifie encore, il reste plein de sève et de verdeur, proclamant la droiture du Seigneur : “Il est mon rocher ! En lui pas de détours”. »297 Le palmier devint ainsi une image du Christ et pour les clercs lors des Rameaux, ce sont des images antiques du Seigneur qui furent utili296. Jean 12, 13. 297. Psaume 92. 257 150761 - Folio : p258 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales sées pour accueillir le Christ à Jérusalem. Nous pourrions ainsi multiplier les exemples de ces emprunts et de leurs motifs allégoriques. Cependant des plantes étranges furent aussi prises comme modèles pour illustrer des chapiteaux. Tout comme il existe dans l’iconographie médiévale des animaux chimériques, on trouve des plantes chimériques, associant des végétaux différents entre eux, voire même des être vivants du règne animal. Souvent ces plantes ressemblent à des lianes ou à des serpents et servent de cadre à des têtes animales ou humaines, le tout formant une sorte d’amalgame, de profusion vivante étrange. Les chapiteaux historiés de l’église romane de Chauvigny en fournissent des exemples bien connus, ou encore ceux de la cathédrale de Verdun. Quelques chapiteaux sur des colonnes engagées de cet édifice roman incorpore à leurs motifs végétaux des personnages comme s’ils participaient au monde végétal. Soit ils émergent simplement, soit ils avalent ou régurgitent des volutes, soit encore ils prennent des formes animales monstrueuses, avec cette constance du lien oral. Toutes ces ornementations ne visent qu’un but : montrer l’unité de la création dans l’ordre divin, c’est-à-dire celui de la Genèse. Après que le monde minéral eut été formé, symbolisé par la pierre des colonnes, furent créés les arbres et les plantes et les fleurs. Les eaux primordiales sont constituées par le sol de l’édifice ou la base de la colonne qui est alors baguée, c’est-à-dire distincte du sol. En s’élevant on suit la progression de la Genèse et on voit apparaître les feuillages. Le cadre de l’Éden est prêt et déjà le monde végétal se voit contenir des animaux, et même quelques serpents, préfigurant celui qui tentera Ève. C’est dans ce grand schéma que l’on trouvera ainsi sur quelques chapiteaux Adam et Ève. Au-dessus de ce monde en création se tient le monde céleste. Ce monde ancien en création n’est donc pas parfait. Il possède des aspects positifs et négatifs qui seront rappelés parfois en d’autres chapiteaux par des psychomachies, des luttes entre le bien et le mal. Cette lutte sera montrée aux tympans romans, avec la victoire du Christ. Toute cette doctrine est visible au tympan roman de Neuilly-en-Donjon. On y voit Adam et Ève entre deux arbres et le serpent. Juste à côté on voit le Christ à table avec les douze apôtres à Béthanie, où se tenait Lazare que Jésus avait ressuscité. Marthe, nous dit Jean, servait le repas298. C’est à l’occasion de ce repas que Marie-Madeleine oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux. « Marie prit une livre d’un parfum de nard véritable, oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux, et la maison fut remplie de 298. Jean 12, 1-2. 258 150761 - Folio : p259 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Les grands thèmes l’odeur du parfum. »299 Il est à noter que la femme simplement désignée par Marie chez Jean ne l’est chez Luc que par pécheresse.300 Au-dessus de ces deux scènes du linteau les monstres vaincus tandis que des anges louent Dieu avec leurs trompettes. Le résumé est saisissant. Tympan de l’église de Neuilly-en-Donjon La frise de l’avant nef de Cluny III était également ornée de motifs variés, dont des entrelacs et des végétaux. À la cathédrale Saint-Bénigne, à Dijon, c’est un chapiteau de la crypte qui propose un personnage si intriqué avec des palmes qu’il est une représentation de l’homme arbre, l’homme feuillu, variété de l’homme sauvage. Un des chapiteaux du portail de l’église du prieuré de Ganagobie, en Provence, fait également surgir de motifs végétaux deux visages grimaçants. Ce thème est trop fréquent pour n’y voir que des fantaisies d’artistes, argument trop souvent employé pour masquer notre ignorance de la symbolique chrétienne médiévale et sans doute pour nous permettre d’ignorer l’influence d’antiques traditions dont celle de l’homme sauvage. Pour les Celtes, le jour correspondant à celui christianisé de la Saint-Martin, était celui de l’entrée dans le grand sommeil de l’ours, une des allégories tutélaire de l’homme primitif, sauvage, vivant en 299. Jean 12,3. 300. Sur l’identité et la confusion des Marie-Madeleine, voir EDMS. 259 150761 - Folio : p260 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales harmonie avec la nature, mais bien peu socialisé. Cette figure était celle de l’homme brut, qui conservait encore en lui la connaissance des mystères de la nature mais n’ayant pas dominé son état. Au début de l’année, dès que les jours basculaient vers plus de lumière, l’homme sauvage réapparaissait sous la forme de rameaux et de plantes décoratives aux feuilles non caduques, c’est-à-dire au feuillage toujours vert, tel le houx, le gui et les résineux. De ces anciennes pratiques naquirent les traditions des couronnes de Noël suspendues aux portes des maisons, les embrassades sous le houx et encore la coutume du Gui-l’An-Neuf. La bûche de Noël faisait partie de ces rites, bûche qui mise au feu devait durer jusqu’au lendemain pour assurer la prospérité et le bonheur de la maison. Au plus profond de la nuit était donc célébrée l’Espérance et l’attente des beaux jours. À ces rites, il faut ajouter les cultes qui étaient rendus aux arbres. Les Celtes ne croyaient pas que ces arbres étaient des divinités, mais ils les considéraient comme des manifestations des divinités de la nature. Ces cultes aux arbres perdurèrent jusqu’à l’époque carolingienne et l’on connaît le combat féroce contre les saxons mené par Charlemagne, jusqu’à la destruction de l’arbre sacré de ces derniers, Irminsul,301 arbre qui était en fait un grand tronc totémique selon la description qu’en fit le moine Rodolphe de Fulda dans son hagiographie Translatio sancti Alexandri302 . Irminsul qui possède un équivalent dans la mythologie scandinave : Yggdrasill, représentait l’ordre supérieur des choses par l’union du ciel et de la terre, conception quasi universelle. Le masque feuillu est une des anciennes formes des images de ces cultes celtiques et fut souvent reproduit dans les cathédrales et édifices religieux. Il incarnait en quelque sorte l’esprit des feuilles303. Ces cultes aux arbres et aux hommes feuillus furent vigoureusement combattus par les premiers chrétiens en Occident, avec plus ou moins de succès. Les hagiographies consacrées à saint Martin nous racontent que l’Apôtre des Gaules fit couper un pin sacré vénéré par les hommes de son temps. L’épisode servit de thème à l’iconographie chrétienne et c’est ainsi qu’un des chapiteaux de Vézelay nous montre Martin faisant couper cet arbre, mais souvent les imagiers lui substituèrent un palmier. Une scène analogue, plus ancienne, est visible à l’église Saint-Martin de Vomécourt-sur-Madon. Un masque feuillu se trouve à la cathédrale de Strasbourg et Zehnacker s’y attarde304. Par quels motifs ces allégories antérieures à la christianisation des Gaules se retrouvèrent-ils dans nos églises et cathédrales ? Sans aucun doute en raison des interprétations différentes qui pouvaient être proposées, conci301. L’abattage eut lieu en 772. 302. Translatio Sancti Alexandri, Hildesheim, Gerstenberg, 1979. 303. Zehnacker Michel, La Cathédrale de Strasbourg, Éditions Alsatica, 1997, p. 66. 304. Ibid., p. 65-67. 260 150761 - Folio : p261 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes liant l’iconographie chrétienne et celle païenne, malgré leurs apparentes contradictions. L’Église tout d’abord qui usait de deux doctrines opposées, relatives aux cultes anciens. Pour les « purs et durs », tout ce qui pouvait montrer, sauf en les diabolisant, les images des anciens cultes, devait être combattu. C’est la position de saint Martin qui fait abattre le pin sacré. Pour d’autres, plus libéraux, comme saint Augustin, il fallait accepter ces formes anciennes en les revêtant de symboles chrétiens, quitte à en faire des préfigurations du christianisme. Cette transformation des cultes anciens se fit bien dans l’esprit de Saint Augustin qui préconisait que là où l’on honorait et priait des déesses ou des dieux antiques, il suffisait d’y substituer les nouveaux, sans avoir besoin de détruire et les édifices de culte et les représentations des divinités. Toutes celles-ci n’étaient que la préfiguration des nouvelles. Les deux écoles vécurent leurs vies parallèles et, selon les clercs et ecclésiastiques commanditaires des images à peindre ou sculpter, telle ou telle image était regardée soit comme de nature positive ou négative. Ce débat quant aux interprétations des images n’était pas simple à comprendre. Pour en donner une idée, j’évoquerai la symbolique des feuilles. Pour les uns, les feuilles étaient le symbole du péché, puisqu’Adam et Ève couvrirent leur nudité de feuilles. Pour d’autres au contraire, elles avaient été usées par Adam et Ève en les prélevant sur les arbres de l’Éden, qui ne pouvaient être que divins. Le péché était humain et la feuille ignorait le péché. Enfin on pouvait aussi dire qu’en cachant le péché, les feuilles se faisaient l’auxiliaire du mal... Débats byzantins et amusements de clercs, dirons-nous. C’est de cette façon que les masques feuillus regardés tour à tour comme image du mal et vus comme des allégories de la création et de l’unité du monde. La vigne dont s’enivra Noé était maléfique mais elle était aussi l’emblème du sang du Christ, et donc l’image du sacrifice et de la rédemption. Le sens profond de ces images ne peut être compris en fait que si l’on s’en tient au contexte dans lequel elles se tiennent. C’est bien dans l’entourage, c’est-à-dire dans l’esprit du lieu, qu’il faut regarder et comprendre ces symboles et non dans leur caractère premier qui n’est qu’une image et non une allégorie. La baleine sans Jonas n’est plus l’allégorie du monde souterrain. Les peuples étranges et monstrueux du tympan intérieur de Vézelay et ailleurs. Le tympan central du narthex a fait l’objet de nombreuses interprétations. La scène décrit la Pentecôte comme Émile Mâle l’a bien montré. À vrai dire la Pentecôte chrétienne est une fête religieuse instituée au ive siècle, célébrant la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres et le tympan ne nous montre pas cette fête, mais l’événement qui donna lieu 261 150761 - Folio : p262 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales à la fête. Cette onction spirituelle collective est rapportée dans les Actes des Apôtres. Elle eut lieu le jour de la Pentecôte juive, fi xé cinquante jours après la Pâque juive. « Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent alors remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue : chacun les entendait parler en son propre idiome. Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient : ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d’Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu ! »305 Pour les chrétiens, la Pentecôte marque le début de leur mission apostolique. Ayant reçu du Saint Esprit, et donc du Christ, les dons de prophétiser et parler toutes les langues, ils partiront donc dans toutes le contrées de la terre pour y apporter la bonne nouvelle. Vézelay : le Christ tympan du narthex 305. Actes des Apôtres 2, 1-11, Éditions du Cerf, 1997. 262 150761 - Folio : p263 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Les grands thèmes Des mains du Christ partent des traits fins, figurant les rayons de l’Esprit Saint. On sait que ces rayons étaient parfois peints en rouge, couleur impériale et religieuse, évoquant la pourpre et le sang. Ce motif des mains dont partent des rayons était déjà employé par les Égyptiens, lorsqu’ils représentaient Aton, le dieu unique dont le culte fut institué par Akhenaton, et un procédé assez analogue était déjà peint avant le culte d’Aton, en plaçant dans les mains des dieux et déesses des symboles de vie. On sait également que le pouvoir de guérison et de miracle fut accordé aux apôtres par l’imposition des mains. La main de tous les temps est bien l’instrument tout puissant, tout comme le verbe. De part et d’autre du Christ se tiennent les apôtres qui portent tous un livre, les Évangiles, et sont déjà tournés vers les quatre directions de la terre. Insérés entre le zodiaque externe, en périphérie de la scène on peut voir des petits groupes sculptés assez étranges à première vue, mais qui se révèlent être pour quelques-uns la figuration des pouvoirs thaumaturgiques reçus par les apôtres. Tympan du narthex de Vézelay. Détail Ces dons leur avaient été conférés auparavant comme Jean nous le rapporte : « Je vous ai dit ces choses tandis que je demeurais auprès de vous. Mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, c’est lui qui vous enseignera et qui vous remettra dans l’Esprit tout ce que 263 150761 - Folio : p264 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales je vous ai dit. »306 Plus loin, Jean rapporte encore des paroles du Christ relatives à l’Esprit Saint alors qu’il apparaît aux disciples réunis après sa résurrection : « Paix à vous, comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Et ce disant, il souffla sur eux et leur dit : recevez l’Esprit Saint. »307 L’imposition des mains fut un des symboles les plus puissants des dons reçus par les apôtres : « À leur arrivée, ceux-ci prièrent pour les Samaritains afin qu’ils reçoivent le Saint-Esprit ; en effet, l’Esprit n’était encore venu sur aucun d’entre eux : ils étaient seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils recevaient le Saint Esprit. »308 Et encore : « Alors Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains, et ils recevaient l’Esprit Saint. Mais quand Simon vit que l’Esprit Saint était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l’argent. »309 On peut donc penser que si les mains du Christ de Vézelay sont si grandes, c’est à dessein, celui de montrer aux apôtres et au chrétiens que l’Esprit Saint sera communiqué par les mains. C’est pour ce motif que l’Esprit Saint n’y est pas montré comme traditionnellement partant d’une colombe ou d’une image trinitaire. La main est en outre un ancien symbole paléochrétien de Dieu. Usant de leurs pouvoirs les disciples vont pouvoir aller enseigner les nations et guérir les malades. Ces malades étonnés de leurs guérisons sont les personnages qui entourent la scène. On y voit un pinaud, le tireur d’épine, contemplant comme surpris, son pied. Ce pinaud n’est pas un « vrai » malade. Son épine symbolise ses péchés qui l’empêchent de marcher vers Dieu. Ceux qui regardent tout aussi surpris leur jambes dénudées sont des boiteux ou des paralytiques qui viennent de retrouver l’usage de leurs jambes. Paralysés de l’esprit, ils retrouvent leurs facultés, les sourds aux paroles du christ maintenant entendent, et ceux qui avaient les yeux remplis des erreurs du monde retrouvent la vue. Les lépreux de Vézelay nous rappellent ce symbolisme. Dans ce même bandeau semi circulaire d’autres personnages symbolisent les nations que visiteront les apôtres. Parmi ces peuples, les artistes figurèrent deux hommes à tête de chien. Émile Mâle nous en donne l’origine, ils représentent les peuples de l’Inde que saint Thomas ira évangéliser. Ces hommes à tête de chien sont dits cynocéphales. Certes ils peuvent représenter l’Inde, mais alors pourquoi ne figurent-ils pas sur le linteau avec les autres peuples étranges ? L’explication est à rechercher dans le symbolisme et non dans les origines 306. Jean 14, 25-26. 307. Jean 20, 21-22. 308. Actes des Apôtres 5, 8-17. 309. Actes des Apôtres 8, 18. 264 150761 - Folio : p265 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes artistiques. Le chien, et d’une façon générale les canidés, ont souvent été perçus comme des animaux psychopompes, c’est-à-dire conducteur des esprits ou des âmes. Tel est bien le rôle d’Anubis le dieu à tête de chien des Égyptiens. La légende des cynocéphales est rapportée par d’Isidore de Séville, et fut reprise par Honorius d’Autun. Mais le sévillan n’avait fait que puiser chez Pline l’existence de ce peuple à tête de chien, lui-même ayant découvert leur existence chez le médecin grec d’Artaxerxés. « Ctésias a écrit que dans beaucoup de montagnes une race d’hommes à têtes de chien s’habille avec des peaux de bête, aboie au lieu de parler, et, armée de griffes, se nourrit du produit de sa chasse sur les quadrupèdes et les oiseaux : il ajoute qu’il y en avait plus de 120 000 en moment où il écrivait. »310 Ctésias voulait-il impressionner ses lecteurs grecs ? Il semble probable qu’il ne fit que rapporter, en la présentant pour argent comptant, une tradition mythologique relative aux chiens, doublée de faits plus prosaïques. On sait qu’à Rome, des soldats de l’armée républicaine, les hastatii, se couvraient parfois de peau de loup. Ces jeunes et émérites soldats devaient sans aucun doute effrayer leurs adversaires et apparaître comme les messagers de la mort. Que des tenues analogues aient été portées en « Inde », c’est-à-dire en Perse, par de farouche guerriers, n’est pas improbable et contribua peutêtre à cette légende. Saint Christophe fut parfois qualifié de cynocéphale et représenté comme tel en Orient. Or ce n’est pas dans l’origine prétendument orientale de saint Christophe qu’il faut rechercher cet attribut, mais tout simplement dans son rôle de « passeur d’âme » à l’égal d’Anubis. Les clercs n’ignoraient pas ces symboles, mais il y a fort à parier que ceux qui exécutèrent le tympan n’étaient pas au fait de ces subtilités allégoriques. Dans les Actes des Apôtres, on lit qu’après la descente de l’Esprit Saint, Pierre fit un discours inquiétant à tous les présents, évoquant la prédiction du prophète Joël annonçant à demi mot l’Apocalypse, on comprend que les deux cynocéphales annoncent à leur manière le Jugement Dernier : « [...] et je produirai des prodiges dans le ciel en haut, – et des signes sur la terre en bas, sang, feu, tourbillons de fumée. Le soleil sera changé en ténèbres et la lune en sang – avant que ne vienne le jour du Seigneur, le jour grand et glorieux. »311 L’Apocalypse est évoquée de manière manifeste dans ce tympan par les eaux, à droite du Christ, et par un feuillage dense à gauche, semblant émaner du trône sur lequel le Christ se tient : « Et il me montra un fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place de la ville et sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant douze 310. Pline l’Ancien, L VII, C2. 311. Actes des Apôtres 2, 19-20. 265 150761 - Folio : p266 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. »312 Mais c’est le linteau de ce tympan qui a retenu le plus l’attention des historiens de l’art et des clercs. Ce linteau se compose de deux parties distinctes séparées par saint Pierre et saint Paul. À gauche, pour l’observateur, une procession à caractère liturgique romain. La scène est inspirée des représentations romaines du taurobole, sacrifice du taureau. Un flamine tient la hache du sacrifice. On y a vu l’image des religions passées que les apôtres devront combattre afin de convertir tous les hommes. Il s’y trouve cependant bien plus, car cette image est encore une fois une allégorie. Le taureau fut regardé comme un emblème du Christ. Victime innocente des sacrifices anciens et donc image de son propre sacrifice pour le rachat du genre humain, le taureau était tué soit lors de la cérémonie du suovetaurile, lors de laquelle on sacrifiait en outre un porc et un mouton, soit lors du taurobole dans le culte de Mithra. Le prêtre égorgeait le taureau au-dessus d’une fosse recouverte d’un plancher percé de très nombreux trous, l’officiant, dans la fosse, était au sens propre baigné de sang. Linteau du tympan de Vézelay. Détail partie gauche pour l’observateur Cette évocation sur un linteau marque bien évidemment le passage des portes. Le passage entre des portes, des colonnes, des stèles est une antique tradition. Elle est très souvent imposée aux profanes. Elle possède une origine sacrificielle dont on retrouve les traces en Assyrie antique. À l’origine, il s’agit encore d’un meurtre rituel. On sacrifiait un taureau représentant l’homme-dieu lui-même. Le taureau était ensuite coupé en deux 312. Apocalypse. 22,1. 266 150761 - Folio : p267 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Les grands thèmes moitiés égales et le profane devait passer entre les deux moitiés, indiquant par là qu’il avait su se trancher lui-même, reconnaître ses deux entités opposées et choisir la voie du juste milieu. En choisissant cette scène à la partie gauche du linteau, les clercs ne recherchaient donc pas à montrer seulement un culte ancien et révolu, premier degré de la lecture, mais exprimaient la gloire du Christ par sa passion. À droite du taureau, dans la scène, Pierre et Paul s’apprêtent symboliquement à recevoir l’onction part le sang du Christ. C’est pour ce motif qu’ils ne sont pas montrés aux côtés du Christ avec les autres apôtres, mais sous le Christ, comme les officiants du taurobole. La mission qui leur est dévolue est apparemment celle d’aller enseigner, comme les autres apôtres, aux nations qui selon les interprétations les plus courantes sont montrées à la partie droite du linteau. ↑ Linteau du tympan de Vézelay. Détail partie droite ↓ Linteau du tympan de Vézelay. Détail partie droite 267 150761 - Folio : p268 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales On peut y remarquer des personnages plus étranges encore. L’origine de ces personnages se retrouve dans un livre d’Isidore de Séville, les Étymologies, lui-même à nouveau repris de Pline dans son livre VII, au chapitre II. Il nous y parle de toutes sortes d’hommes curieux, à vrai dire des sortes de fantaisies que la nature se serait plu à créer en des contrées lointaines. Pline ne déclare pas les avoirs vues, mais rapporte ce qu’il en a lu. Parmi ces étranges créatures, il mentionne les androgynes, moitié mâles, moitié femelles, des « hommes sauvages, dont les pieds sont tournés en sens contraire des nôtres... les Arimaspes, qui, avons-nous dit, n’ont qu’un oeil au milieu du front. Ils sont continuellement en guerre autour des mines avec les griffons, espèce d’animaux ailés, tels que la tradition les figure d’ordinaire... les Ophiogènes, habitués à guérir par des attouchements les morsures des serpents, et à extraire du corps les venins par l’imposition des main... et encore plus loin... beaucoup d’hommes (cela est certain) ont plus de cinq coudées... » Il parle aussi d’hommes appelés « Monocoles qui n’ont qu’une jambe et qui sautent avec une agilité extrême ; il dit qu’on les nomme aussi Sciapodes, parce que dans les grandes chaleurs, couchés par terre sur le dos, ils se détendent du soleil par l’ombre de leur pied ». Pline mentionne encore les pygmées, des cyclopes, et termine son petit exposé par une phrase éloquente sur son scepticisme : « Maintenant passons à quelques observations non contestées qu’on a faites sur l’homme. » On retrouve à Vézelay quelques représentant de ces peuples curieux, comme les pygmées, les géants, et d’autres tirés d’Isidore de Séville dont les panotii, mentionnés par Pline, hommes aux grandes oreilles313. Pour les commentateurs, ces peuples étranges sont présentés pour indiquer que l’Esprit Saint descendra sur tous les peuples. Cette idée ne peut être acceptée à mon sens pour de multiples raisons. Nous devons tout d’abord garder à l’esprit que les représentations qui nous sont données à voir ici ne sont pas descriptives, mais allégoriques, et que ces allégories participent d’un discours religieux et sacré. Ensuite les clercs suivaient les textes religieux et à tout le moins se souvenaient que Dieu dans la Genèse fit l’homme à son image et qu’il ne pouvait être question que l’image de Dieu fut celle d’un quelconque sciapode ou panoti, peuples soigneusement évités ici. Ce ne sont pas des peuples qui nous présentés ici mais des allégories, parfaitement en accord avec les personnages du bandeau qui ceint le tympan. Les panotii illustrent une des paroles les plus courantes du Christ : « Que ceux qui ont des oreilles entendent », les pygmées qui sont obligés de monter à l’échelle sur leurs montures évoquent les difficultés à chevaucher vers le 313. Isidore de Séville, Ethymologies, L XII, C IV et Pline l’Ancien L VII C.II : « d’autres se couvrent tout entiers avec leurs oreilles » 268 150761 - Folio : p269 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes bien, les géants qui se plient sont à l’image des ambitieux et puissants, car « il est plus facile à un chameau de passer par la porte de l’aiguille qu’à un riche d’entre dans le royaume de Dieu ». On ne saurait achever cette visite du tympan sans remarquer le zodiaque et surtout les trois médaillons, juste au-dessus du Christ, représentant un chien, un acrobate et enfin une sirène, sujets pour le moins inattendus pour surmonter le Christ dans sa mandorle... Ces trois figurent font la roue qui n’est rien d’autre que la roue du temps. L’acrobate, figure courante de l’art religieux, y est positionné au centre de l’ensemble des médaillons qu’il sépare donc en deux parties exactes. La partition du zodiaque n’est pas la partition traditionnelle, celle des solstices, mais celle de l’année débutant et finissant à la fin de décembre. Le Christ se tient donc aux plus beaux jours de l’année, celle des moissons, la moisson des âmes. L’acrobate cherche à établir entre les deux partitions un lien difficile et nous rappelle le symbolisme des portes et de la voie du juste milieu. Le chien qui le précède est le psychopompe, tandis que la sirène qui le suit est l’image de la double nature, aqueuse et vivante, à l’image des flots et des feuillages jaillissant du trône. Ces trois médaillons expriment pour les alchimistes la mort de la matière première, la purification par l’arsenic, suivie de la recomposition imagée par la double nature de la sirène. Au trumeau, saint Jean-Baptiste illustre encore la partition apparente des temps. Il annonce le Christ au profit duquel il s’effacera, mais cette partition ici est celle des solstices. La représentation des temps est donc complète, et le lien entre ces temps est le Christ, le rassembleur qui de ses deux mains ouvertes envoie les langues de feu de l’Esprit Saint et rassemble tous les hommes pour la grande moisson des âmes. C’est un tout autre parti qui conduisit à l’ornementation de la colonne de l’abbatiale de Souvigny. On y trouve les figures des peuples étranges décrits par Pline et qui ont été volontairement omises à Vézelay : le satyre314, le sciapode et l’hippopode315, toutes figures qu’Isidore de Séville évoquera. Le sciapode comme l’hippopode et le satyre ne sont que des créations mythologiques nées de faits réels mais dont la transcription s’est tellement altérée dans le temps qu’elles prirent des attributs mythiques. Le sciapode en constitue un bon exemple et Pline lui-même nous en donne, involontairement sans doute, l’origine, car il décrit dans le même chapitre évoquant 314. Il y a des satyres dans les montagnes indiennes situées au levant équinoxial : le pays est dit des Catharcludes. Ces satyres sont très rapides ; ils courent tant à quatre pattes que sur leurs deux pieds : ils ont la face humaine, et leur agilité fait qu’on ne les prend que vieux ou malades, Pline l’Ancien, op.cit. 315. L’hippopode possède en guise de pieds, des sabots de cheval. Cf. Isidore de Séville. L XI, CIII. 269 150761 - Folio : p270 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales les contrées d’Éthiopie et de l’Inde les gymnosophistes : Leurs philosophes, qu’on appelle gymnosophistes, gardent depuis le matin jusqu’au soir les yeux fixés sur le soleil, et se tiennent sur un seul pied pendant toute la journée dans des sables brûlants. C’est probablement la rencontre de quelque voyageur avec ces ascètes hindous qui donna lieu à cette image modifiée. Onésicrite, un auteur grec qui accompagna Alexandre le Grand les mentionna. De nos jours encore des gymnosophistes se livrent à un ascétisme particulier, les uns décidant par exemple de vivre avec un bras levé en permanence, d’autres en restant accroupis à jamais. La rencontre avec ces ascètes donna lieu à des récits vite enjolivés et revêtus de caractères fantastiques. Les moines clunisiens de Souvigny, en faisant voir ces hommes si étranges sur une colonne montraient en outre bien d’autres créatures comme la sirène, le mantichore, cité par le grec Ctésias, un cynocéphale, une licorne, le griffon et enfin les animaux bien réels de l’Inde, comme le lion, l’éléphant et l’aigle. Les deux autres faces du pilier portent un zodiaque associé aux travaux des mois, hélas le pilier est brisé et il nous manque donc bien des créatures. Tout ce bestiaire associé au calendrier ne visait qu’à susciter chez les moines des recherches allégoriques par lesquelles ils fortifiaient leur esprit et devaient découvrir les mystères de la création à partir d’emblèmes repris aux anciens. La licorne est une image de la Vierge, le griffon une image des défenseurs de la Foi car Pline écrivit : « Les griffons, espèce d’animaux ailés, tels que la tradition les figure d’ordinaire : les griffons extraient l’or des cavités souterraines, et le défendent avec autant d’ardeur que les Arimaspes cherchent à le ravir. » Le cynocéphale est aussi une image de saint Christophe et de saint Michel. On peut de la sorte retrouver pour chacune de ces curieuses images les allégories chrétiennes. À Souvigny, la colonne de l’abbatiale n’était soumise qu’à la contemplation des seuls moines, et l’emploi des allégories les plus audacieuses pouvait se concevoir. Ces images n’étaient pas destinées aux paysans, aux bourgeois, aux commerçants, aux artisans ni aux seigneurs et ne pouvaient donc qu’être mal comprises du peuple. À Vézelay, église de pèlerinage, les sciapodes, hippopodes et autres mantichores furent donc écartés. Un animal réel et mythique : la salamandre On prêtait à la salamandre, ce petit amphibien noir aux belles taches jaunes, le pouvoir de résister au feu. Le responsable de cette idée qui perdura jusqu’à la fin de la Renaissance est Aristote qui disait d’elle qu’elle avait le pouvoir d’éteindre le feu. Sans doute ne faisait-il que reprendre des 270 150761 - Folio : p271 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes traditions plus anciennes fondées sur la caractère humide de la peau de ce petit animal. Pline l’Ancien dans son livre X d’Histoire naturelle se fit l’écho de ces croyances et déclarait que l’animal était si froid qu’il pouvait vivre dans le feu316, mais ne semblait pas accorder de crédit à cette légende car, écrivait-il au livre XII de son Histoire naturelle, si tel avait été le cas, les hommes l’auraient utilisée pour combattre les incendies. Pour autant Pline rapporta dans ce même livre qu’un animal, le pyralis, vivait dans les forges de l’île de Chypre. Il décrivait cet animal comme possédant quatre pattes et des ailes, reprenant les mythiques dragons ailés : « Quelques animaux naissent même de l’élément destructeur de la nature : dans les fourneaux où à Chypre on fait le cuivre, et au milieu du feu, vole un animal à quatre pattes, ailé, de la taille d’une grosse mouche ; on le nomme pyralis, d’autres l’appellent pyrauste. Tant qu’il est dans le feu, il vit ; quand son vol l’en éloigne un peu, il meurt. »317 C’est encore dans le symbolisme des dragons qu’il faut rechercher cette légende, à moins que des auteurs anciens et inconnus de nous, des aèdes grecs, aient décrits de façon allégoriques les braises qui s’envolaient des forges. Les anciens Égyptiens avaient déjà fait de la salamandre l’hiéroglyphe de l’homme mort de froid. C’est bien le fait que cet animal fut à sang froid et à peau humide qui est à l’origine de croyances qui dérivèrent jusqu’à en faire un animal capable de vivre dans le feu. Les chrétiens ne manquèrent pas d’en tirer des allégories, et saint Augustin, dans la Cité de Dieu écrivit : « Que dirai-je pour prouver aux incrédules que des corps humains vivants et animés peuvent non seulement ne jamais mourir, mais encore subsister éternellement au milieu des flammes et des tourments ? Car ils ne veulent pas que notre démonstration se fonde sur la toute-puissance de Dieu, mais sur des exemples. Nous leur répondrons donc qu’il y a des animaux qui certainement sont corruptibles, puisqu’ils sont mortels, et qui ne laissent pas de vivre au milieu du feu, et de plus, que dans des sources d’eau chaude où on ne saurait porter la main sans se brûler. »318 Saint Augustin visait à n’en pas douter la salamandre. Le Physiologus incorpore naturellement la salamandre et Guillaume le Normand nous la décrit comme suit : « La salamandre est une beste qui de la coue et de la teste et de cors ressemble lézarde ; si n’a poor que nul feu l’arde ; de feu ne crie nule chalor. Moult 316. Pline l’Ancien, Histoire naturelle, livre X, ch. 86. « Plusieurs disent que de la moelle épinière d’un homme il se forme un serpent. En effet, beaucoup d’êtres proviennent d’une origine occulte et mystérieuse, même parmi les quadrupèdes: telle est la salamandre, animal de la forme d’un lézard, au corps étoilé, et qui ne paraît jamais que duos les grandes pluies; et disparaît dans le beau temps. Il est tellement froid, qu’il éteint le feu par son contact, comme ferait la glace. » 317. Ibid., livre XI, ch. 42. 318. Saint Augustin, La Cité de Dieu, livre XXI, ch. 2. 271 150761 - Folio : p272 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales est de diverse color. S’en un feu vient par aventure, il l’steindra, que c’est dreiture ; ja ne sera si alumez que il ne s’est tost achassez. »319 Dans l’iconographie chrétienne, c’est le caractère incombustible qui sera retenu comme emblème de l’incorruptibilité, de la Foi qui ne peut être détruite et donc encore de la chasteté de la Vierge Marie, de sa pudeur et de sa virginité. La salamandre est en quelque sorte le parèdre du buisson ardent, qui sera également un des attributs iconographiques de la Vierge. Malgré cette parenté d’image et la force symbolique de la salamandre, elle ne sera que peu représentée dans les cathédrales. On peut en voir à Notre-Dame de Paris dans un des médaillons consacrés aux Vices et aux Vertus. La porte rouge de la même cathédrale était ornée de salamandres. Le portail Nord de Senlis possède une belle salamandre, mais celle-ci ne doit sa place qu’à une donation de François Ier, qui avait fait de la salamandre son emblème, en vue de reconstruire la cathédrale qui avait été atteinte par la foudre. À l’intérieur de la cathédrale d’Amiens, le pilier du transept Nord-Ouest est orné de trois statues féminines incarnant les Vertus. On y voit la Force qui tient dans sa main droite une sorte de salamandre qu’elle semble vouloir étrangler, et dans sa main gauche une tour. Cette « salamandre » est probablement une image d’un petit dragon, car le symbolisme chrétien de cet animal est positif, et on imagine mal la Force étranglant la Chasteté et l’incorruptibilité, à moins que le geste de la Force soit ambigu. La cathédrale de Reims avec ses milliers de statue possède un couple de salamandres. Bien qu’elles soient en nombre des plus restreints dans les édifices religieux, la salamandre de Notre-Dame de Paris constituant une rareté qui fut remarquée, les alchimistes ne pouvaient en ignorer ces représentations inattendues. Si Fulcanelli320 ne manqua pas l’occasion de nous en donner le sens hermétique, cela ne signifie en aucun cas que cette salamandre parisienne eut pour les sculpteurs et leurs commanditaires une connotation alchimique. Le discret et rare symbole chrétien fut détourné à la Renaissance par les disciples d’Hermès pour en faire l’image de la Pierre fi xée au rouge, expression assez générique pour y mettre toutes sortes de concepts. Le plus grand nombre s’accorda pour y voir le soufre incombustible, à l’instar du Phénix renaissant de ses cendres, et Fulcanelli en fit le symbole de la calcination : « Une femme, au longs cheveux mouvants comme des flammes, vient ensuite. Personnifiant la Calcination, elle presse sur sa poitrine le disque de la Salamandre qui vit dans le feu et se nourrit de feu. Ce lézard fabuleux ne désigne pas autre chose que le sel central, incombustible et fi xe, qui garde sa nature jusque 319. Op. cit., Le Bestiaire divin de Guillaume clerc de Normandie (ch. XXXIII), p.280. 320. Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrale, J.-J. Pauvert, Paris,1965, p. 105. 272 150761 - Folio : p273 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes dans les cendres des métaux calcinés, et que les Anciens ont nommés Semence métallique. » Plus loin, cependant, l’auteur affirme que c’est là du moins une image spagyrique et qu’il faut y voir l’eau ardente, « l’étincelle vitale communiquée par le Créateur à la matière inerte ». Ce faisant Fulcanelli se rapprochait peut-être du symbole chrétien de la Foi. Divertissements ? Le peuple des modillons Le Moyen Âge roman fut le plus gourmand des ces figures curieuses, mais il ne les employa le plus souvent qu’en des endroits où les regards se portaient le moins aisément. À ce titre, les modillons, ces petites saillies supportant des corniches extérieures, reçurent toutes sortes de petits personnages, les un peu soucieux de pudeurs et les autres issus d’un bestiaire revisité par la fantaisie. Certains de ces modillons firent l’objet de restaurations plus ou moins fidèles comme ceux de l’église, bâtie au milieu du xiie siècle, de Saint-Nicolas-de-Maillezay, en Vendée, dont on peut retrouver les thèmes originaux, assez proches, en d’autres églises aux modillons non restaurés. Ce sont essentiellement les régions de Saintonge et du Sud-Ouest qui furent les plus prodigues pour ces motifs décoratifs. Le thème des dévorants y fut développé. On voit des gueules plus ou moins monstrueuses engloutir des hommes et des femmes dont on n’aperçoit plus que la tête, ou même seulement la chevelure. C’est tout un bestiaire qui anime ces modillons. On y remarque les animaux des forêts et des champs, les animaux domestiques, et d’autres des régions lointaines, le tout agrémenté de monstres variés incorporant bien évidement quelques sirènes et autres figures tirées du Physiologus. Certains, fort heureusement ne font que nous tirer la langue et les modillons de l’église de Saint-Chillais nous font voir de belles langues bien moqueuses, tout comme l’église du prieuré voisin, Saint-Gaultier321. À côté de ces éléments prisés par le Moyen Âge se tiennent des personnages moins recommandables, impudiques et irrévérencieux à souhait. La question se pose naturellement de savoir si ces images gaillardes, voire scatologiques, furent exécutées selon la seule fantaisie des artistes ou si l’Église y prit une part quelconque. La question n’est malheureusement pas élucidée et nous ne pouvons ne nous en tenir qu’à des hypothèses, tout en étudiant les circonstances qui les virent apparaître. 321. Indre, xiie siècle. 273 150761 - Folio : p274 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales Ceci pose également la question de l’apparition des chapiteaux ornés romans. Les premiers édifices paléochrétiens furent souvent des anciens bâtiments impériaux romains. Ce sont à Rome et ailleurs des basiliques que Constantin attribua aux chrétiens, puis l’Empire céda même des édifices prestigieux, comme le panthéon de Rome, ou en fit construire spécialement pour servir de lieu de culte. La basilique Sainte-Sophie de Constantinople en est un des exemples les plus extraordinaire. Si en Italie et en Orient, les basiliques et églises furent directement inspirées des constructions impériales, l’Extrême Occident utilisa quant à lui des constructions plus ou moins ruinées, et procéda ensuite à des constructions nouvelles, en s’inspirant pour les édifices les plus prestigieux de basiliques chrétiennes italiennes ou de constructions profanes locales. C’est ainsi que le baptistère d’Aix-la-Chapelle fut érigée en copie de la basilique San-Vitale de Ravenne. Mais le plus grand nombre des édifices resta modeste, et l’on se contenta de réemployer des colonnes antiques dont les chapiteaux étaient ornées de motifs classiques, comme ceux à feuilles d’acanthe, sans se soucier d’un quelconque symbolisme. Deux édifices provençaux illustrent la manière dont on réemploya des colonnes antiques. Le premier est la chapelle Saint-Quenin à Vaison-la-Romaine. Tout comme sa grande sœur de Vaison, la cathédrale Notre-Dame de Nazareth fut édifiée sur les vestiges de l’ancienne cité romaine. La chapelle est aujourd’hui en dehors de la ville actuelle, comme elle le fut lors de sa construction entreprise sur un site funéraire au xiie siècle. Jean-Paul Clébert, dans son Guide de la Provence mystérieuse en fait une chapelle dont tous les éléments sont du xiie siècle, ce qui est manifestement erroné. Un examen attentif des décors externes de l’abside montre des colonnes antiques qui ont été récupérées et insérées dans les murs. Ceci est particulièrement visible pour les colonnes à chapiteaux corinthiens sises entre l’abside et les flancs latéraux. Les chapiteaux ont été retaillés dans leur partie haute afin d’y présenter des motifs chrétiens, tandis que la base corinthienne reste de ce fait en saillie, preuve évidente d’un réemploi d’antique avec modifications partielles. Chapiteaux externes de la chapelle Saint-Quentin 274 150761 - Folio : p275 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes La chose n’est pas inattendue sur un site tel que Vaison-la-Romaine, d’autant plus que la cathédrale actuelle, remontant au xie siècle pour l’abside avec des reprises et modifications au xiie pour la nef, fait suite à une basilique paléochrétienne plus ancienne Un sondage fut réalisé en 19491950 sous l’abside et sous le parvis, puis des fouilles permirent de recouvrer les fondations de la basilique paléochrétienne, mais plus encore ces fouilles montrèrent que des éléments d’un monument antique à colonnes furent utilisés pour asseoir le soubassement du xie siècle. Enfin, les fouilles dégagèrent à l’intérieur même de la cathédrale actuelle une colonne bilobée, identique à celles des blocs de fondations. Les colonnes de marbre de l’abside quant à elles sont également des colonnes antiques. Ceci montre bien, s’il en était encore besoin, que non seulement des éléments antiques furent réemployés, mais que le plus souvent ces éléments étaient issus d’un édifice cultuel antérieur situé à l’endroit même de la construction chrétienne, en l’occurrence pour Notre-Dame de Nazareth une grande construction romaine de type basilicale et remontant au ier et iie siècle de notre ère. Le siège d’apparat de l’évêque, de cette cathédrale, qui était déjà présent dans la basilique paléochrétienne précédente, est quand à lui visiblement un siège d’apparat romain, repris dans les vestiges du théâtre antique. Si les colonnes de la chapelle de Saint-Quenin sont celles d’un grand monument disparu, tout comme celles de la cathédrale Notre-Dame de Nazareth, on rencontre souvent dans cette Provence romane de tels réemplois d’opportunité mais limités à des colonnes plus modestes, comme celles qui formaient le péristyle des grandes villas ou petits édifices votifs, et ces colonnes ne furent pas retravaillées. Le magnifique baptistère de Venasque322 en propose un résumé saisissant. Édifié au vie siècle sur un monument antique, il est établi sur un plan en croix grecque à quatre absides avec en son centre, mais légèrement désaxé, une cuve baptismale. À l’origine, le centre du baptistère était couvert d’une charpente qui fut remplacée au xiiie siècle par une voûte d’arête. Chacune des absides s’ouvre par un arc soutenu par deux colonnes monolithiques, le cul de four de chaque abside étant supporté par cinq arcatures assises sur de petites colonnes. Les petites colonnes antiques qui ornent l’intérieur de la construction ont été insérées sans grand souci d’homogénéité, certaines colonnes ayant été installées la tête en bas et d’autres seraient d’une facture contemporaine de la construction. Quelques colonnes de réemploi ne sont pas d’égale grandeur 322. Venasque est un village du Vaucluse et qui occupait jadis le centre du Comtat Venaissin. Lors de la conquête au ve siècle de la Provence par les Francs qui en évincèrent les Goths, les évêques de Carpentras se réfugièrent sur le rocher qui domine les vallées de la Nesque et du Rieu et y fondèrent un évêché. Le site auparavant était un ancien castrum romain. Le baptistère fut édifié par l’évêque Siffrein. 275 150761 - Folio : p276 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales et pour les unes il fut nécessaire de les surélever par des tambours. Les seules colonnes travaillées sont les colonnes mérovingiennes alors qu’un chapiteau de style corinthien est de réemploi. Outre l’intérêt symbolique323 de ce baptistère, sa date de construction constitue une photographie des réemplois d’antiques et de l’usage décoratif de colonnes et de chapiteaux, alors des plus modeste. Il est à noter que le baptistère de Venasque fut érigé sur un ancien petit temple romain, et qu’on usait déjà en ce lieu d’eau lustrale. Baptistère de Venasque À Pernes-les-Fontaines une église collégiale romane également sous le patronage de Notre-Dame de Nazareth et remontant au xie siècle témoigne de ces récupérations antiques dans leur construction. Le portail de la façade méridionale est constitué, dit-on, d’un décor à l’antique, mais une étude détaillée montre que l’entrée a été bâtie avec le réemploi quasi intégral d’un portique ancien : colonnes cannelées et baguées, chapiteaux corinthiens forts usés, entablement. Là encore le réemploi n’a pas été suivi de reprises d’ornementations. Ces quelques exemples montrent que les chapiteaux ornés sont apparus assez tardivement et qu’ils se sont inspirés des antiques, soit en retravaillant les décors d’antiques et que peu à peu les motifs romans se substituèrent aux motifs antiques. Les entrelacs, puis les petites scènes romanes aboutissant au genre historié sont donc une invention romane qui développa 323. Les symboles de ce baptistère sont ceux des nombres. Les quatre absides sont les quatre points cardinaux, les quatre évangélistes. La cuve baptismale de forme octogonale évoque la résurrection du Christ car on considérait que si le monde avait été fait en sept jours, le jour de la résurrection était le huitième et dernier jour de l’œuvre divine. Les cinq arches de chaque abside représentent les cinq sens, etc. 276 150761 - Folio : p277 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes ensuite toute une imagerie romane propre, où le symbolisme l’emporta sur la simple ornementation. Les décors religieux furent d’abord peints, en s’inspirant des images des manuscrits, ou des bas-reliefs ornant les sarcophages, eux même inspirés des bas-reliefs romains, auxquels on ajouta des symboles chrétiens, comme l’agneau, le chrisme, etc. Vers les ixe-xe siècles, les premières constructions de style dit roman apparurent. Les colonnes étaient d’abord modestes, de plan carré et recevant directement les arrêtes des voûtes sur un petit entablement. Progressivement on en vint à remplacer ces entablements par des chapiteaux à base carrée et élévation en trapèze, puis à décorer les faces visibles des chapiteaux. Les premiers décors n’étaient en rien religieux, sinon qu’il fallait rendre la maison de Dieu plus agréable. Les artistes disposèrent alors d’une très grande liberté mais s’en tinrent à des décors repris à la nature, ou inspirés de motifs tirés de petits objets, tels les reliquaires, les ivoires, et la bijouterie profane fortement empreinte de l’art celte. C’est ainsi que l’on sculpta des entrelacs, des motifs ondoyants, des cercles concentriques, agrémentés quelquefois d’animaux repris aux anciens, à travers le Physiologus. Les bâtisseurs par la suite conçurent des édifices où ces chapiteaux, quitte à être ornés, pourraient représenter quelques scènes religieuses. C’est ainsi que cohabitèrent vers le xie et jusqu’au début du xiie siècle deux principaux types de chapiteaux ornés : les chapiteaux « profanes » et les chapiteaux historiés, religieux, quelques-uns de ces chapiteaux mêlant les deux genres à la fois. Les scènes religieuses étaient des œuvres de commandite, et donc sans grande latitude de liberté aux artistes qui ne disposaient comme marge de manœuvre que celle du style, et encore, les clercs indiquaient probablement le sens attendu, et donc les expressions nécessaires quant à la compréhension de ce sens : visages graves ou gais, rictus, sourires, détachement. Le dernier domaine de liberté fut celui des chapiteaux « profanes » ou encore des modillons. Mais il faut bien se poser la question de la réalité de cette liberté. Pouvait-on concevoir que des fantaisies païennes ornassent les églises, les cloîtres et autres édifices ? Et si oui, quels motifs autorisa-t-on, et à quelles fins ? La question faillit bien se poser de manière aussi brutale que celle de la querelle dite des images qui déchirait l’Empire byzantin. Avait-on besoin d’images pour prier ou glorifier Dieu ? Saint Bernard de Clairvaux324, le grand moine cistercien, dans son Apologie à Guillaume de Saint-Thierry ne prend pas de gants avec ces œuvres lapidaires prisées des clunisiens, mais limite sa critique aux sujets profanes 324. 1090-1153. 277 150761 - Folio : p278 - Type : pINT 12-11-06 11:14:17 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales dont ceux des bestiaires : « Sans parler de l’immense élévation de vos oratoires, de leur longueur démesurée, de leur largeur excessive, de leur somptueuse décoration et de leurs curieuses peintures, dont l’effet est de détourner sur elles l’attention des fidèles et de diminuer le recueillement... On expose la statue d’un saint ou d’une sainte et on la croit d’autant plus sainte qu’elle est plus chargée de couleurs... Mais que signifient dans vos cloîtres, là où les religieux font leurs lectures, ces monstres ridicules, ces horribles beautés et ces belles horreurs ? À quoi bon, dans ces endroits, ces singes immondes, ces lions féroces, ces centaures chimériques, ces monstres demi hommes, ces tigres bariolés, ces soldats qui combattent et ces chasseurs qui donnent du cor ? Ici on y voit une seule tête pour plusieurs corps ou un seul corps pour plusieurs têtes : là c’est un quadrupède ayant une queue de serpent et plus loin c’est un poisson avec une tête de quadrupède. Tantôt on voit un monstre qui est cheval par devant et chèvre par derrière, ou qui a la tête d’un animal à cornes et le derrière d’un cheval. Enfin le nombre de ces représentations est si grand et la diversité si charmante et si variée qu’on préfère regarder ces marbres que lire dans des manuscrits, et passer le jour à les admirer qu’à méditer la loi de Dieu. Grand Dieu ! Si on n’a pas de honte de pareilles frivolités, on devrait au moins regretter ce qu’elles coûtent. »325 La virulente critique du cistercien ne s’adresse pas aux sculpteurs, mais à leurs commanditaires, et il nous fait remarquer au passage que ces sculptures ne sont pas gratuites. En outre, il omet, grâce au ciel, les œuvres pornographiques ou scatologiques. Il est évident que les sculpteurs n’en rajoutèrent pas, car pour eux ces décorations n’étaient que de l’ouvrage à faire et à se faire payer. De par eux même, compte tenu des efforts à produire, ils se seraient abstenus de toutes décorations. Ces chapiteaux étaient donc, comme les modillons, œuvres demandées, non libres et la seule liberté était celle du client, c’est-à-dire ici des clercs dirigeant l’ouvrage. Quels furent donc les buts poursuivis par ces clercs ? Ces buts étaient, soyons en surs, à caractères symboliques. Bernard le rigoriste ne pouvait l’ignorer, et s’il s’opposa à ces figures étranges c’est parce qu’il pensait que la Foi n’avait pas besoin de ces allégories. On doit impérativement distinguer à l’époque romane les constructions monastiques et les autres. Les cisterciens se firent les champions de l’austérité des édifices et s’opposèrent comme on l’a vu aux clunisiens. Pour les cisterciens il n’est non seulement nul besoin d’orner les abbatiales cloîtres et autres bâtiments religieux destinés aux moines, mais au contraire seul le dépouillement est de nature à ne pas détourner de la prière ceux 325. Œuvres complètes de Saint Bernard, traduction nouvelle par M. l’Abbé Charpentier, Paris, lib. Louis de Vivès, 1866, tome II, chap. XII, p. 28-29. 278 150761 - Folio : p279 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes qui ont reçu l’habit. L’abbatiale de Boscodon, dans le Briançonnais, est un témoignage de cette simplicité architecturale. Elle ne comporte qu’une grand nef, sans collatéraux ni piliers. De hauts murs percés de fenêtres à arcature romane, un transept tout aussi rigoureux, et un chevet du plus grand dépouillement. Aucun modillon, aucune partie en frise ou saillie et un cloître tout aussi austère. Les seules images sont celles des formes géométriques simples, et encore ne sont elles décelables dans leur symbolisme qu’en étudiant minutieusement la disposition de quelques éléments. Ainsi les trois fenêtres du chevet s’inscrivent elles dans un cercle et une étoile à cinq branches tandis que les fenêtres latérales de la nef, au nombre de douze évoquent les douze apôtres. Boscodon est donc fort décevante pour l’amateur d’images médiévales alors que l’abbatiale reste pleine de symboles cachés, mais ces symboles ne sont pas figuratifs et mis en images. Les modillons étranges, tout comme les chapiteaux, exploitèrent plusieurs thèmes allégoriques. Les dévorants, ces monstres qui engloutissent des hommes, figuraient l’homme dévoré par ses propres passions et conduits tout droit à la gueule de Léviathan montrés sous différentes formes. Parfois ce sont des chiens qui dévorent un homme, comme à SaintLéger-lès-Melle. Faut-il y voir une antique allusion aux psychopompes comme Anubis ? La collégiale d’Herment326 dans le Puy-de-Dôme fait dévorer les pécheurs par des monstres à têtes humaines ou inspirées de félins. On découvre parfois un autre thème, plus rare, celui du « chat à la bille » (abbaye de Nouaillé-Maupertuis, Saint-Savinien-de-Melle, etc.) Dans ces images, c’est le monde toute entier qui se fait engloutir, comme si l’univers du pécheur disparaîtrait avec lui. Le symbolisme des animaux dans les bestiaires du Moyen Âge est avant tout tiré de leur comportement, leur aspect ne venant,que de loin, en second lieu. Les symboles liés au chat n’échappent pas à cette règle. Le chat fut introduit en Gaule vers le iiie siècle av. J.-C. Il bénéficiait alors d’une image positive, celui-ci s’attaquant aux rats et souris, périls des provisions. D’autre part, il était pour les Phéniciens comme pour le Égyptiens un animal positif, il protégeait Amon-Ré, et incarnait la déesse Bastet. Mais les Celtes le regardèrent autrement. Capable de voir la nuit, de percer les ténèbres et de se mettre en chasse quant tout dort, il devint l’image des forces des ténèbres. Chez les premiers chrétiens d’Orient, il conserva son image antique, mais en Occident son image se dégrada. Les chats au pelage noir furent les premières victimes de ces préjugés. Les représentations du chat tenant dans sa gueule une bille sont issues en droite ligne de cette image celtique négative. Le chat à la 326. Édifiée vers 1145. 279 150761 - Folio : p280 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales bille devient l’image du Léviathan. Il emporte dans les ténèbres le monde. Annonçant la mort, sous cette forme si indirecte, depuis les modillons romans qui aujourd’hui peut encore y voir ces témoignages symboliques où se mêlent les symboles orientaux revisités par les Celtes ? Nudités et paillardises ? S’il est des figures que l’on s’attend à ne pas trouver en de tels lieux religieux, ce sont bien ces petits personnages ou scènes à caractère obscène. Les goliards, je l’ai indiqué au chapitre premier, y sont peut-être pour quelque chose, mais on ne saurait y voir leur empreinte dans toutes ces représentations. Si le magnifique tympan de Conques nous offre de discrètes allusions aux vices et aux vertus, il nous montre par ailleurs sans ambiguïté un diable au phallus démesuré et aux testicules généreuses. L’artiste cependant fit de la verge du diable une sorte de serpent et tout près de lui une femme aux seins nus regarde sans équivoque le sexe infernal. La scène est toute pleine de petites fantaisies équivoques et le tympan suggère par ailleurs des sodomites et des pète-en-gueule, encore nommés soufflaculs. Tympan de Conques 280 150761 - Folio : p281 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes À Notre-Dame de Reims, le tympan du Jugement Dernier servit de prétexte aux artistes pour sculpter toutes sortes d’hommes et de femmes sortant de leurs cercueils et nous présentant sans plus de façons leurs postérieurs. La portail rémois semble pour cette scène de la Résurrection de la chair, s’être inspiré par quelques écoinçons de la cathédrale de Ferrare. Que le Jugement Dernier et la présentation des enfers soient illustrés avec des hommes et de femmes nus n’est pas anormal, même si quelques outrances y sont parfois montrées. Il fallait bien que le peuple reconnût ses propres manières et penchants obscurs, et l’Église ne pouvait y trouver à redire. Plus étonnant sont ces montre-culs, ces déféquants et autres petits obscènes placés ici et là. Certes, ils ne sont pas nombreux et leurs représentations ne constituent pas une généralité, mais tout au contraire, des singularités si étranges qu’elles ne manquent pas d’attirer les regards des curieux. Ici l’étrangeté prit le pas sur le nombre, pour aboutir in fine au même résultat : la curiosité et l’interrogation. Comme pour les modillons se pose la questions du motif des ces figures, de ces soufflaculs et exhibitionnistes. Une tradition, que je n’ai pu vérifier, mais que racontent quelques compagnons tailleurs de pierre, assure que parfois ces obscénités furent placées volontairement par des sculpteurs, en retour de non paiements de leurs travaux. L’explication est plaisante et si la chose fut possible, elle ne constitua pas la règle. Le couloir qui conduit à la crypte de Bourges est orné de culs de lampes formés de petits personnages dont un nous montre sans plus de façon le derrière nu. Un des éléments qui nous permet de retrouver les motifs de ces scènes est sans doute que les images à caractère sexuel ou scatologique sont essentiellement représentées à l’extérieur des édifices et de façon relativement discrète. Ce sont de petits éléments architecturaux qui servent de support à ces images obscènes, comme les modillons, les tailloirs, de petites frises ou quelques chapiteaux externes engagés. L’intérieur des églises, des basiliques ou des cathédrales ne comporte jamais de telles scènes, ou de façon si exceptionnelle que l’on peut affirmer qu’il s’agit bien là d’une règle. Le petit montre cul de SaintNicolas-de-Port est à ce titre un exemple de cette rareté. Reste encore à définir ce qui ressort de l’obscène ou du simple figuratif réaliste. Les morts sortant de leur cercueils et nous montrant leur postérieur, comme on les voit à Notre-Dame de Reims, ne sont pas à proprement parler des figures gaillardes ou grivoises ; il s’agit simplement de représentation réaliste, sans arrière pensée grivoise. La nudité est le costume qui convient aux élus qui retrouvent l’état de l’innocence première, tel celui d’Adam et d’Ève qui ne découvrirent leur nudité qu’après voir goûté au fruit de l’arbre de la connaissance. Cette façon de nous montrer les élus est si constante à partir 281 150761 - Folio : p282 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales du xiiie siècle que les damnés sont montrés vêtus au contraire des élus. À Bourges, le portail du Jugement Dernier nous les montre encore bien ainsi et le seul personnage habillé lors de la résurrection de la chair, un évêque, ne se retrouve pas avec les élus. Lors de la résurrection de la chair, les humbles sortent nus et les riches vêtus. Notre-Dame de Reims. Tympan du Jugement Dernier Le long cortège des évêques, des princes et de bourgeois dans leurs vêtements d’apparats, mené par des démons dans la gueule béante de Léviathan ou poussé dans quelque énorme chaudron, est tout aussi choquant, à y regarder de plus près, que les élus dénudés. Ne nous y trompons pas, les hommes d’Église du cortège des damnés ne sont pas ceux du diocèse, et les hommes et les femmes d’alors établissaient bien la différence entre les prélats dévoyés, complices des féodaux injustes ou ambitieux, et les saints hommes serviteurs de Dieu. L’histoire ne manque pas de nous rapporter l’existence des ces clercs parés de la mitre par la volonté d’un féodal puissant et guerroyant si besoin. Au xiiie siècle, le souvenir de ces imposteurs était encore vif et justifia que de tels hommes fussent dépeints promis aux enfers. Suger, le grand abbé de Saint-Denis, avait lui-même fait partie de ces clercs qui s’étaient d’abord mis au service des pouvoirs temporels. Véritable ministre et conseiller de Louis VI le Gros, il se montra un ardent défenseur du Royaume de France, mais élevé à la dignité abbatiale par une élection, 282 150761 - Folio : p283 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes il se mua en un grand homme d’Église, chose dont se félicita le rigoureux et dogmatique saint Bernard de Clairvaux. Suger ne fut jamais promis aux gémonies des sculpteurs parce qu’au temporel il avait toujours été droit et fidèle et sa seconde vie fut à vrai dire une extraordinaire élévation. Qu’il édifiât ensuite une nouvelle église où la lumière devint son maître architecte n’est donc pas étonnant. Mais que dire de ces évêques et prélats, placés et nommés par des féodaux ralliés à la cause d’Henri Ier Beauclerc, descendant du Conquérant, duc de Normandie et roi d’Aquitaine ? Et même d’Ordéric Vital, du camp Anglo-Normand ? Leurs noms ne nous sont connus que par la grâce de leurs écrits et non pas pour leurs exploits liturgiques ou spirituels. Enfin nombre de clercs s’étaient engagés ensuite dans la querelle dite des investitures, querelle ayant opposé Henri IV, puis Henri V327, empereur germanique328 et roi des Romains au pape quant à la nomination des évêques, Henri V prétendant que ces nominations n’étaient dans ses terres que de son seul ressort... Si l’on ajoute enfin les schismatiques et tous les seigneurs brigands qui pillèrent les terres et les biens de leurs sujets, comme celles de leurs voisins, on comprend mieux qui sont ces beaux personnages couronnés et mitrés insérés dans la cohorte des damnés. Leurs représentations n’étaient pas tournées contre l’Église, mais contre tous ceux qui s’en étaient montrés des ennemis, et quelque soit leur rang, et surtout si leur rang était élevé ! Nulle critique du clergé donc, ni de la royauté, mais seulement rappel salutaire, adressé à tous. De la sainte nudité, allégorie du dépouillement et de la chasteté, allusion de la genèse et des fins ultimes, à l’obscénité, il y a tout un monde que les artistes médiévaux et leurs commanditaires franchirent aisément. Il ne s’agissait pas en fait de montrer des obscénités ou des paillardises, mais de figurer assez crûment, afin qu’il n’y eut nulle équivoque, les péchés de la chair et les autres, qui emplissaient le monde. On les montra donc de façon naturelle à l’extérieur des édifices et non pas à l’intérieur329. Pour découvrir quels sont ces péchés, ces comportements coupables, il suffit de se reporter aux pénitentiels, ces recueils de péchés, soigneusement classés, avec en regard les pénitences à infliger. Les pénitentiels devinrent peu à peu de véritables traités de pornographie et ceux qui les compulsaient devaient s’échauffer à la lecture des turpitudes à combattre. Compte tenu du caractère particulier de ces péchés de chair, ils n’eurent pas droit à des repré327. 1086-1125. 328. 1111-1125. 329. Les péchés sont figurés à l’intérieur des églises, mais portés par des démons se heurtant à des saints ou saintes. En outre les péchés de chair furent soigneusement écartés, sauf rares exceptions, des éléments décoratifs intérieurs. 283 150761 - Folio : p284 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales sentations aux tympans des cathédrales, ni à de grands étalages sculptés. On les relégua donc à des parties mineures, externes. Les fidèles curieux pouvaient en levant les yeux, et en cherchant bien, voir figurer les pratiques des lits clos ou des granges emplies du foin des campagnes. Basilique de Saint-Nicolas-de-Port L’église de Corme-Écluse dans la Saintonge nous donne par ses modillons et tailloirs un petit aperçu des actes licencieux ou obscènes représentés aux yeux des fidèles. De la défécation ostentatoire au travers d’un anus carré, à la luxure, en passant par une gorgone, l’univers du mal est taillé dans la pierre, parfois inséré discrètement dans des rinceaux. En Charente et ailleurs, les modillons de différents édifices constituent une véritable encyclopédie lapidaire des actes ou pratiques sexuelles condamnables. L’église Saint-Quentin de Chermignac nous fait voir une étreinte, Saint-Martin à Archingeay nous propose une femme à la vulve offerte tandis que des serpents semblent s’abreuver à ses seins. L’église de Givrezac associe gloutonnerie, beuverie et impudeur. L’église romane de Sainte-Colombe reproduit un sexe masculin. Les historiens de l’art, les symbolistes et autres spécialistes ne s’accordent pas quant aux motivations des commanditaires et les différentes écoles peuvent être résumées ainsi : Les moralistes qui y voient les péchés à proscrire. Les scènes licencieuses sont donc pour eux des contre-modèles. Au lieu de montrer les bonnes pratiques, on stigmatise les mauvaises. Pour d’autres, ces images sont des réminiscences d’anciennes traditions populaires et pour les derniers ces représentations nous viennent des cultes antiques de la fertilité. Il est fort probable que c’est plutôt au cas par cas que l’on peut tenter des interprétations et que le même édifice reçut à la fois des images de contre-modèle, des images populaires et des images héritées des cultes antiques, celtiques, germains et latins. C’est le cas des organes masculins et féminins exposés 284 150761 - Folio : p285 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Les grands thèmes en toute impudeur. Phallus et vulves étaient chez les anciens censés protéger du mauvais sort. Chez les latins, par exemple, on faisait porter aux enfants de petites amulettes en forme de phallus. Les organes génitaux étaient en outre porteurs de symboles initiatiques et la célébration des mystères d’Éleusis s’achevait pour les nouveaux initiés par l’ostentation d’organes sexuels. Une autre caractéristique de ces images crues réside dans la laideur des personnages, laideur contrastant singulièrement avec la beauté des élus. Cette laideur n’est pas accidentelle, même si l’art roman était encore assez peu figuratif et réaliste, et le même parti d’opposition laideur-beauté se retrouva employé avec force dans l’art ogival. Il n’est que d’observer les tympans de nos cathédrales pour s’en convaincre. On retrouve dans cet emploi la très ancienne idée qui faisait de la beauté une marque divine, idée que les Juifs, comme les Phéniciens, les Égyptiens, les Grecs et les Romains partageaient. Les divinités laides n’étaient que des faire valoir des beaux dieux, et le Beau Dieu d’Amiens n’est pas nommé ainsi pour rien. Les nombreux prophètes juifs qui se manifestèrent au en Palestine au début de notre ère n’ignoraient pas cette croyance et l’utilisèrent, et la nudité de ces personnages n’était pas impudique ; tels furent d’ailleurs regardés en d’autres contrées comme l’Inde les gymnosophistes. La nudité de ces philosophes était sacrée, et cette idée était encore présente chez les chrétiens jusqu’au ve siècle. Ils n’hésitèrent pas à nous montrer Jésus entièrement nu, recevant le baptême dans les eaux du Jourdain, comme on peut le voir dans la splendide mosaïque du baptistère dit des Ariens à Ravenne. Ravenne. Baptistère des Ariens 285 150761 - Folio : p286 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales La nudité sacrée s’oppose donc à la nudité obscène, et ce ressort symbolique était employé dans les rites à mystères des anciens. Quand les juifs exprimèrent leur désapprobation en voyant des athlètes nus participer aux jeux établis par Hérode le Grand, ils ne le firent que parce qu’à leurs yeux des athlètes ne pouvaient se prétendre à l’égal des hommes saints, et pire encore étaient ensuite honorés par les non juifs comme des dieux. Une anecdote de la vie d’Hérode le Grand, qui fut à la fois héllénophile et judaïsant, atteste bien de cette sacralisation de la nudité. Trois ennemis du roi s’introduisirent dans la salle de bains pour le tuer, mais ils se trouvèrent en face d’Hérode qui était nu. Les soldats s’enfuirent effrayés. Cette anecdote fut certainement inventée dans le dessein de prouver le caractère divin d’Hérode330. On trouve dans l’iconographie chrétienne quelques traces de cette ancienne nudité sacrée, mais se limitant à des parties bien précises du corps, comme les pieds et la tête. « La nudité des pieds est propre aux figures divines, aux Anges, aux Apôtres, aux Évangélistes et aux Prophètes ; elle ne doit jamais être attribuée à la sainte Vierge ; elle n’est l’attribut d’aucun autre personnage, et si, pour des motifs particuliers, on peut, en certaines circonstances, leur laisser les pieds nus, ce n’est plus que par accident et sans aucune valeur capable de les caractériser. »331 Les hommes doivent pour prier se découvrir la tête. On doit cette « habitude » à la lecture de saint Paul : « Tout homme qui prie, la tête couverte, fait honte à son chef ; au contraire, toute femme qui prie sans avoir de voile sur la tête, fait honte à son chef. »332 Bien avant Paul, les artistes grecs opéraient déjà une distinction de nudité entre les hommes et les femmes, et seuls les hommes furent, dès la période archaïque, sculptés nus, les femmes restant drapées. À ces aspects traditionnels, on peut aussi ajouter à ces fantaisies charnelles le fait de retrouver sa propre humanité et ses faiblesses, plus particulièrement dans les figurations grossières. Tel était donc l’homme, livré à ses passions, soumis à sa nature et ignorant des saints commandements de l’Église. La vie, en dehors de l’Église et de l’église n’était donc qu’une agitation triviale. Il suffisait de franchir les portes pour que ces figurations des désordres de la chair disparaissent. Sans doute les hommes et les femmes du peuple ignoraient les écrits d’Augustin condamnant la fornication, et ignoraient-ils même le sens de ce mot de fornication. Pour les clercs mystiques, le commerce de chair ne pouvait s’entendre que celui pratiqué 330. Sur la vie d’Hérode voir Hérode le Grand de Christian-Georges Schwentzel, Éd. Pygmalion, 2011. 331. Grimouard de Saint-Laurent (Henri Julien Comte de), Guide de l’art chrétien, réed. Éd. Nabu presse, 2010, p. 91 et 95. 332. Corinthiens XI, 4. 286 150761 - Folio : p287 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes en vue de la procréation, et ceci dans la simplicité et la modération. Tout autre objet relevait de la fornication. Mais il ne fut pas simple pour ces clercs de faire admettre semblable doctrine surtout vis-à-vis du peuple des gens modestes, et guère plus aisé vis-à-vis des chevaliers, féodaux et gens de guerre. La fornication était condamnable par ce qu’elle pouvait écarter l’homme de sa marche vers Dieu, en le ramenant à sa condition animale333. Ce n’était pas l’acte qui était condamnable mais ses possibles conséquences. Saint Augustin nous livre d’ailleurs cette vision : « Ici donc le bienheureux Apôtre, en qui parlait le Christ, semble avoir voulu élever la gravité du péché de fornication au-dessus de la gravité de tous les autres péchés qui se commettent par l’intermédiaire du corps, mais qui néanmoins ne rendent pas l’âme humaine esclave et dépendante du corps, comme elle le devient dans le seul acte de la fornication, où la fougue impétueuse de la passion la confond avec le corps, l’y unit, l’y colle en quelque sorte et l’y enchaîne étroitement, si étroitement, qu’au moment où il se livre frénétiquement à cet acte brutal, il lui est impossible de voir ou de vouloir autre chose que ce qui peut y porter son âme. »334 La défécation qui nous rappelle cette condition animale primitive n’était pas condamnée car nul ne peut y trouver un grand plaisir. Mais il n’était pas inutile de nous rappeler précisément par ces montre-culs cette condition. Il n’est pour finir qu’une pratique qui paradoxalement ne fut pas l’objet d’une condamnation vigoureuse, celle de la masturbation, bien qu’elle fut montrée quelques fois sur des cathédrales romanes. Albert le Grand considérait même au xiiie siècle que la masturbation chez les jeunes filles leur permettait de conserver une vie chaste féminine « de cette façon elles tempèrent leurs parties génitales et deviennent plus chastes »335, tandis que l’on conseillait aux chevaliers de « s’agiter le membre » afin de ne pas être tenté de culbuter les jouvencelles. Le dernier aspect de cette trivialité apparente est celui d’un exorcisme collectif, d’une autodérision, assez semblable in fine à ce qui se produisait lors des bacchanales romaines ou dans les fêtes dites des fous, et qui permettait à l’homme de prendre quelque distance avec lui-même en se moquant de ce dont la nature l’avait doté. Ce sont donc tous ces aspects symboliques auxquels se rattachent ces images apparemment licencieuses et crues. La encore les symboles lapidaires médiévaux ne peuvent être lus qu’à différents degrés, non contradictoires, mais complémentaires. 333. Sur cette question voir EDMS. 334. Saint Augustin, Sermon CLXII, in Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869. 335. Albert le Grand, De Animalibus, IX, 1, 1, 7. 287 150761 - Folio : p288 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales Cracheurs d’eau et gargouilles Les gargouilles dans l’esprit du plus grand nombre sont indissociables des cathédrales. Or des basiliques et des églises en sont également dotées. On les regarde avec étonnement comme si les sculpteurs s’étaient ingéniés à poser le plus haut possible toutes ces créatures fantastiques. On ne peut se représenter Quasimodo, le bossu sonneur des cloches de Notre-Dame de Paris, sans se le figurer entouré de gargouilles, appuyé à une balustrade haut perchée, d’où il regarde la ville à ses pieds, comme si les gargouilles étaient un peu son image... Mais Quasimodo est entouré de chimères et les gargouilles n’apparurent pas au début de l’art ogival et furent souvent placées après l’achèvement des constructions. C’est le cas de Notre-Dame de Paris, achevée en 1190, où elles furent installées plus tardivement sans doute vers 1225 pour les premières, les dernières ayant été posées vers 1240. En 1220, on vit quelques premières gargouilles apparaître à NotreDame de Laon. À compter du milieu du xiiie siècle, leur emploi fut généralisé dans les constructions des cathédrales, mais dans des régions bien particulières : l’île de France, la Champagne, l’Est, les autres régions n’y recourrant que peu, sauf lorsque les bâtisseurs venaient des régions où les gargouilles s’étaient imposées. Cette simple répartition géographique des gargouilles témoigne de son invention dans un but pragmatique : déverser l’eau de pluie des toitures et autres parties élevées. On constata en effet que l’eau bien que canalisée et menée vers des chéneaux, parfois en bois, ou des exutoires, rongeait doucement les parties inférieures et à long terme pouvait avoir des effets désastreux pour les murs et renforts parce que les conduites ne pouvaient évacuer toute l’eau tombée des versants, et qu’elle débordait. L’idée, ingénieuse de rejeter aussi loin que possible des murs les eaux de pluie, par le biais de petites conduites en saillies, et donc de multiplier les points d’évacuation, fut mise à profit. Les architectes donnèrent à ces conduites en pierre des formes d’abord légèrement ouvragées inspirées de celles des fontaines antiques. Bientôt ce furent des cracheurs d’eau aux formes variées qui s’installèrent sous les versants des toitures et aux angles des tours. Peu à peu, ces « conduites » prirent l’aspect qu’on leur connaît aujourd’hui. Le mot gargouille est révélateur de leur fonction ; gar étant un des anciens synonymes de pierre, et les gouilles étant des petites pièces d’eau ou de petits filets d’eau. Un jeu de mot évident se fit jour avec gargueule, gueule de pierre, et gargouillis, de la même origine. On les nomma encore gargolles et mêmes guivres. Les gargouilles offrent une extrême diversité de styles, de genres et de formes, si bien que l’on peut assurer qu’il n’en existe pas une seule qui soit identique à une autre. En effectuer une classification serait un exercice périlleux et complexe, sans 288 150761 - Folio : p289 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Les grands thèmes être sûr que ce classement serait opportun. On peut cependant en distinguer quelques types généraux, apparus au cours du temps. Les premières ne sont que de simples canalisations évidées, puis on voit apparaître des formes animales d’abord discrètes, limitées à la gueule puis plus complètes, avec corps et pattes. Les animaux domestiques sont fréquents, comme le cochon, le chien, plus rarement le bouc et le chat. On les dote d’attributs, et les cochons reçoivent des muselières, comme ils en portaient dans les rues selon les lois locales. Apparurent ensuite des créatures fantaisistes, plus ou moins monstrueuses, et enfin presque simultanément des créatures à forme humaine ou mi humaine mi animales. Les gargouilles descendirent parfois des parties hautes des cathédrales et grandes églises pour gagner des constructions plus modestes comme les cloîtres. Ces dernières sont les plus visibles et reçurent outre leur mission aquatique une mission symbolique. Étant dans leur ensemble élevées et peu visibles des fidèles, elles constituèrent un domaine de liberté statuaire plus grand. Faut-il voir dans ces gargouilles une quelconque portée symbolique ? On peut remarquer que les gargouilles ne représentent pas des figures religieuses, et quand elles sont de formes animales, les animaux employés ne sont pas dans leur très grande majorité des animaux des bestiaires christologiques. L’agneau ne s’y trouve pas, pas plus que la colombe, le pélican ou le cerf. Nul poisson, nul aigle, rien qui puisse évoquer la fonction baptismale ou allégorique du Christ, des apôtres, ou des saints. On n’y trouvera pas plus des images de prophètes, d’anges, ou de martyres. Le peuple des gargouilles n’est pas celui des symboles divins. Il côtoie celui des chimères et des gardiens profanes. Il est le peuple dédié à jamais aux basses œuvres de l’édifice, celui des cracheurs d’eau, comme si en faisant passer dans leurs gueules l’eau du ciel on voulait les condamner pour l’éternité à sentir passer en eux l’eau sans pouvoir la retenir un seul instant. C’est un peu le petit monde des pécheurs, des damnés, des réprouvés qui se trouve malgré lui à tenir le rôle ingrat de gardien des pierres et plus encore même de gardiens de l’église. Ces créatures répondaient donc, outre leur fonction pragmatique, à de multiples desseins. Le premier était celui fort ancien, de se tenir en veilleurs terribles, défendant l’entrée des sanctuaires ou des lieux sacrés. Leur aspect était bien en accord avec cette fonction de gardiens malgré eux, de vaincus soumis et désormais alliés. Par ce procédé l’Église réemployait les anciennes images des monstres gardiens des sanctuaires, images déjà employées par les Assyriens et les Babyloniens, ou encore les Égyptiens. Les nombreux dragons vaincus par les soldats de l’Église, tels saint Georges, saint Michel, et ceux soumis et tenus en laisse comme de simples 289 150761 - Folio : p290 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales chiens par sainte Marguerite se retrouvèrent hissés, enchaînés dans la pierre, eux qui semaient la terreur et l’effroi ne semaient plus que les eaux de pluie... C’est une Église triomphante qui s’expose ainsi. Ceux qui vous pourchassaient pour vous dévorer, ceux qui régnaient sur les ténèbres et la mort sont vaincus, ils sont devenus vos serviteurs. On ne pouvait trouver plus belle image du christianisme triomphant. Gargouilles de Notre-Dame de Paris Quelquefois, il semble qu’un véritable programme iconographique ait été suivi dans la création des gargouilles. À Notre-Dame de Strasbourg , elles sont rangées, selon leurs formes, dans un ordre précis. De la partie orientale de la façade méridionale en passant par la façade occidentale pour rejoindre l’Est par la façade septentrionale, elles perdent peu à peu leurs caractères monstrueux pour revêtir des formes plus humaines, comme si on avait voulu montrer qu’en suivant le chemin du soleil dans sa course, on quittait le monde animal pour accéder au monde de l’homme et donc de Dieu. Le cloître qui jouxte la cathédrale Saint-Étienne de Toul propose également un cheminement symbolique et offrait sans aucun doute aux membres du chapitre quelques sujets de méditation, ces gargouilles étant situées sous les versants du cloître et donc particulièrement visibles de tous. On peut y remarquer un démon, un cochon, un léopard, un oiseau de proie, de hommes à la bouche immensément ouverte dans un rictus et soutenant leur mâchoire pour accentuer encore l’impression de douleur, et encore un cochon muselé comme si enfin l’animal était dompté pour finir par un religieux, une des rares représentations de ce type statuaire, souriant, apaisé et tenant un vase par lequel s’écoule les eaux du ciel. Par un long cheminement ces gargouilles nous proposent de passer du rôle de démon captif à celui du Verseau, réconcilié avec Dieu et lui-même. 290 150761 - Folio : p291 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Les grands thèmes Cloître de Saint-Étienne de Toul Jusqu’à l’art ogival flamboyant, les gargouilles peuplèrent le sommets des basiliques et des cathédrales, puis ces créatures ne furent plus employées comme si on n’en avait plus besoin, ce qui est un peu vrai car des changements de style d’architecture alliés à des progrès technique dans la collecte des eaux de pluie ne les rendaient plus nécessaires, et aussi sans doute parce que les clercs se détournèrent des anciens symboles. Basilique Saint-Nicolas-de-Port (début xvie siècle) 291 150761 - Folio : p292 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales Acrobates On les trouve surtout dans l’art roman. Le Moyen Âge les fit représenter en divers édifices religieux, au point d’en faire un sujet classique. Ces acrobates ne manquent pas de nous interpeller. Quel est leur rôle dans les églises ? Que font-ils dans les modillons romans, les chapiteaux, et placés ça et la dans nos grandes cathédrales gothiques ? Fantaisies de sculpteurs ou de peintre, ou volonté délibérée du commanditaire ? Quant aux interprétations sur le symbolisme de ces acrobates, elles sont parfois si divergentes que de nos jours encore on ne semble pas avoir une doctrine partagée. Ce serait pour quelques-uns le symbole du retournement, la plupart des acrobates représentés ayant les jambes tournées vers le ciel336, ils seraient également une image de la conversion. Ainsi l’acrobate nu d’un des modillons de l’église d’Aulnay-de-Saintonge ne serait que l’allégorie de l’homme qui montre par son attitude la conversion qu’il a réalisé en lui, et ses pensées maintenant tournées vers le ciel se traduisent par son corps également tourné vers le ciel. Les deux acrobates d’un des chapiteaux de la même église exprimeraient la même conversion. On évoque également la figuration de la spiritualisation, la maîtrise de soi. Que ce soit au monastère de Charlieu, à l’abbatiale Saint-Pierre d’Airvault, à Villierssous-Chizé, à Thuret, à Issoire, les acrobates investissent les églises. Une première remarque s’impose : le plus grand nombre d’entre eux se retrouvent dans la même région, la Saintonge et encore dans le Massif Central. Plus rares dans l’Est et le Nord, ils semblent s’être donné rendez-vous en Charente, dans les Deux-Sèvres. Ceci nous amène à penser que ces acrobates furent placés par une même école symbolique. La seconde remarque est que ce sont essentiellement la Bible, les bestiaires comme le Physiologus, et les écrits des Pères de l’Église, puis leurs commentateurs qui servirent des sources aux commanditaires. Or dans ces écrits les acrobates ne tiennent pas de rôle. Pour figurer l’élévation spirituelle, la conversion, la maîtrise de soi, bien d’autres images plus parlantes et classiques furent employées. Enfin, ces acrobates sont parfois de simples transpositions masculines du thème de la sirène bifide ou encore du dualisme, quand ils ne sont pas des petits personnages obscènes que l’artiste préféra vêtu. Le grand débat, si je puis dire, à propos de ces acrobates est de savoir si ce sont des images positives, des allégories de la vertu ou des images négatives, des figures du mal, à moins qu’ils ne soient que l’expression de la dualité de l’homme, dualité à dépasser pour s’élever vers Dieu. 336. Anne et Robert Blanc, Monstres, sirènes et centaures : Symboles de l’art roman, Éditions du Rocher, 2006. 292 150761 - Folio : p293 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Les grands thèmes Au Moyen Âge, les acrobates étaient présents dans les fêtes populaires. Ils accomplissaient aussi leurs tours dans les logis seigneuriaux, et tout comme les comédiens et saltimbanques n’étaient pas en odeur de sainteté. L’Église ne portait pas sur eux un regard attendri. En représentant ces gymnastes populaires, les commanditaires savaient très bien qu’ils montraient des réprouvés. Nos difficultés d’interprétation proviennent du fait que nous rangeons dans la même rubrique des personnages fort différents. Les antipodistes, qui tournent leurs jambes vers le ciel, tentent sans aucun doute de marcher la tête à l’envers et de ce fait éloignent leur esprit du ciel et non pas l’inverse comme on le lit parfois. D’ailleurs ces acrobates sont souvent des personnages assez frustres, voire grotesques. Cette première catégorie est donc à charge négative et évoquerait plus la représentation de l’homme « gesticulant » qui, ne se tournant pas vers la prière, éprouve les plus grandes difficultés à trouver sa place dans le royaume du ciel. Cette image dévalorisante est celle de la perception première des observateurs et des fidèles. Mais une des caractéristiques essentielles du symbolisme médiéval réside dans ses degrés de lecture multiple, à proprement parler hiéroglyphique, et qui ne sont pas en opposition, mais viennent en complément les uns des autres, les degrés « supérieurs » de lecture, étant réservés aux clercs, jusqu’au sens ultime qui n’est à la portée que de quelques religieux les plus instruits dans les mystères divins. Je me suis exprimé la-dessus dès le début de cet ouvrage, car cette donnée est absolument primordiale et est issue d’une tradition alexandrine dont Denys d’Alexandrie, dit l’Aréopagite, fut un des promoteurs. Le second sens, qu’il n’était pas convenable de mettre à la portée de tous, était celui de la Rédemption de tous les pécheurs, y compris les comédiens acrobates et autres hommes de spectacle qui trouveraient tous leur place dans le royaume de Dieu, comme tous les autres pécheurs qui étaient représentés par ailleurs, à condition qu’ils demandent le pardon de leurs fautes. Faire connaître ce point de doctrine aurait été préjudiciables aux pécheurs qui auraient continué de vivre dans la faute, remettant à plus tard leur confession. Or l’Église entendait combattre ici-bas le vice, et maintenant, et non pas plus tard. Position toute byzantine, et fort proche par le raisonnement de celles des gnostiques alexandrins. Basilique d’Issoire. Chapiteau peint 293 150761 - Folio : p294 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales La seconde catégorie de nos acrobates n’est en fait, je l’ai dit, que la déclinaison au masculin du thème si courant de la sirène à la queue bifide. On peut voir dans la basilique un de ces acrobates qui présente une analogie flagrante avec ces sirènes. Il ne s’agit pas plus ici de marcher sur le ciel. Notre acrobate, tout comme la sirène, exprime sa dualité et la maîtrise de soi. La troisième catégorie est celle des personnages se tenant les uns les autres et, fréquemment, se faisant la courte échelle comme on peut le voir à l’église Saint-Nicolas de Maillezais. Dans ce dernier cas, l’image est parlante d’elle-même. Les hommes s’ils s’entendent peuvent accéder au royaume de Dieu, et l’on notera que ces acrobates ne sont pas tous représentés tête en bas et jambe en haut, mais bien dans la position de l’élévation spirituelle, c’est-à-dire la tête vers la voûte céleste. On peut y voir également une discrète allusion à l’échelle de Jacob, mais plus encore une allégorie de la généalogie du Christ, c’est sans aucun doute la raison pour laquelle ces assemblages d’acrobates se trouvent sur des piliers, des pieds-droits ou encore dans l’arcature de portails d’entrée. Enfin, et l’on ne peut en aucun cas négliger cette piste symbolique, celle des jeux de mots tant appréciés au Moyen Âge qui ici consista à reproduire des expressions populaires, donnant corps ainsi à des vues de l’esprit, comme se fendre en deux, être cul par-dessus tête (un grand nombre de nos acrobates sont tout simplement montrés ainsi), ou encore marcher sur la tête, se faire la courte échelle, etc. À y regarder de plus près, bien des acrobates, des modillons ou des chapiteaux ne font qu’illustrer ces images parlées, parfois assez crues, et bien des personnages ne font aussi que nous montrer leur derrière et se rattachent simplement au symbolisme des montre-culs et autres pète-en-gueule. Les commanditaires, et à l’époque romane les abbés, choisirent ces thèmes assez populaires parce qu’ils possédaient à leurs yeux plusieurs sens. Que le peuple s’amusât de ces représentations, peu importe, il finirait bien par se poser des questions et accéderait peut-être à des images plus subtiles. Enfin, ne perdons pas de vue les religieux eux-mêmes, spectateurs de ces bizarreries, car c’était bien à eux, avant que d’être destinées à la masse des fidèles, que ces images allégoriques s’adressaient. L’âge gothique se détourna progressivement de ces représentations qui ne formaient que rarement un ensemble cohérent dans un édifice roman. Le xiiie siècle s’engagea dans la voie des grandes représentations théologiques mais en conservant, voire en amplifiant le système allégorique à lecture multiple. 150761 - Folio : p467 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Index des noms propres A Abbé J.-B. Roze 68 Abbé Parenty 26, 471 Abbé Suger 382, 413 Abbeville 47 Abel 95, 334 Abou Simbel 420 Abraham 66, 69, 142, 220, 356, 362 Abram 143 Absalon 309 Actes de Pierre 82 Actes de Thomas 443 Actes des Apôtres 258 Adalbéron 22 Adam 95, 254, 257, 277, 338 Agen 36 Aiguille-du-Puy 239 Aix-la-Chapelle 219, 270, 332 Akhenaton 259 Alain de Lille 87 Albert de Cologne 97 Albert de Ratisbonne 86, 97 Albert le Grand 86, 97, 209, 283 Albert le Teutonique 97 Albertus Grotus 97 Albi 8, 72, 109, 215, 334, 382, 395, 399 Alchimie 204 Aldhelm de Malmesbury 232 Alexandre le Grand 266 Alexandrie 67, 89, 335 Ali Baba 117 Aliénor d’Aquitaine 382 Alix de Bretagne 83 Altus 196 Alyscamp 443 Amadour 347, 470 Ambroise de Milan 99, 123 Amiens 4, 5, 24, 40, 47, 50, 68, 72, 78, 94, 103, 110, 122, 130, 131, 135, 136, 137, 150, 154, 155, 160, 162, 165, 170, 179, 183, 191, 199, 210, 220, 226, 268, 281, 295, 298, 324, 328, 330, 333, 334, 344, 347, 348, 371, 377, 382, 392, 395, 396, 399, 404, 418, 423, 443, 446, 450 Amon 150 Amon Ra 43 Anastasis 338 Anatomia auri 144, 235 Ancien Testament 68, 69, 177, 330 Angers 222, 237 Anjou 48 Anne de Bretagne 197, 321 Annus 124 Anubis 215, 261, 275, 388 Apocalypse 19, 109, 221, 223, 261, 300, 332 Apocalypse de Baruch 143 Apollon 124, 191, 353, 392 Apologie à Guillaume de Saint Thierry 273 Apôtre des Gaules 256 Arbor vitae cruxifi x Jesu 143 Arbre de Jessé 96, 143 Archange Michel 4 Arche 245 Arche d’Alliance 341, 396 Arche de Noé 348 Archingeay 280 Argobast 24 Ariane 373, 377 Aristote 19, 87, 227 Arles 223, 355, 443 Arnauld de la Chevalerie 183 Arras 101, 371 Arreau 304 Art du potier 94 Artaxerxés 19, 261 Artémis 162 Artémise d’Éphèse 145 Arthépius, 216 Arthur John Evans 372 Astarté 25, 299, 352 Atalanta Fugiens (fugitive) 297, 369 Atergatis 234 467 150761 - Folio : p468 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales Atlantis (revue) 212 Atlas 81 Aton 259 Aubry de Humbert 375 Auch 406 Auguste Steinlein Auguste 206 Aulnay de Saintonge 288 Aurora Consurgens 94 Autun 134, 175, 299, 348, 362 Auxerre 54, 233, 349, 371 Avallon 20, 126, 444 Avarich 22 Avaricum 22 Aventin 114 Azoth 234, 318 Azoth ou le moyen de faire de l’or 94, 235 Brennus 34 Brescia 191 Brinay 383 Brou 215, 322 Brunet Eugène 212 Byzance 248 C Cahors 329 Caïn 95, 334 Caladrius, 243 Cambrai 50 Camille Croué Friedmann 386 Camille Jullian 350 Camillo da Urbino 307 Cana 96 Caniculus 104 Canseliet Eugène 96, 315, 409 B Canseliet Eugène 216 Babel 115 Cantique des Cantiques 191, 218, 363, 392 Babylone 113, 245, 292, 331 Cantorbéry 372 Badel Émile 386 Capitole 34 Bâle 28 Capoue 446 Balthazar 103 Carcassonne 446 Baphomet 174, 320 Cassien 174, 350 Baptistère de Venasque 271 Cassodiore 205 Baptistère des Ariens 123, 281 Castor 23 Barcelone 51 Celer 114 Basile Valentin 159, 235, 318 Cernunnos 23 Bastet 275 César 172 Bataille de l’âme 177 Châlons-en-Champagne 14 Batsdorf 91, 375 Chantiers du Cardinal 65 Bayeux 380 Chaos 113 Bayeux 47, 51, 338, 351 Chapelle Dessous-Terre 353 Béatrice 102, 310 Charbonneau-Lassay 164, 191, 193, 237, 250, 368 Beau Dieu 396 Charlemagne 49, 132, 171, 219, 256, 322, 356, 358 Beaudoin de Reviers 351 Charles IX 132, 171 Beaulieu sur Dordogne 178, 223 Charles le Chauve 39 Beaune 4 Charles Perrault 157 Beauvais 50, 135, 328, 333, 415 Charles Quint 248 Belen 353 Charles VII 324 Bélénus 36, 353 Charlieu 288 Bélial 320 Chartres 22, 28, 36, 42, 43, 46, 47, 54, 65, 69, 73, 74, 76, Béliar 320 78, 79, 80, 81, 82, 102, 103, 105, 108, 130, 132, 137, 145, Bénévent 451 152, 156, 162, 167, 168, 181, 203, 218, 220, 221, 222, 298, Benjamin 291 299, 328, 337, 344, 352, 354, 371, 373, 374, 376, 378, Bergame 307 382, 387, 407, 413, 414, 417, 422, 446, 451 Béroald de Verville 183 Château d’Angers 222 Bestiaire Divin 237 Chauvigny 254 Béthanie 254 Chêne de Mambré 142, 362 Béziers 242 Chêne de Moréh 143 Bianchini Francesco 426 Cherau Ollivier 34 Bibliotecha chemica curiosa 315 Chermignac 280 Bibliotheca Hermetica 315 Chersonèse 83 Boaz 329, 341 Chérubins 245 Bologne 426 Cherves-Richemont 332 Boquého 387 Cheylade 304 Bosch Jérôme 216 Childebert 23 Boscodon 8, 275, 339 Christ 5, 9, 13, 29, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 63, 65, 66, 68, Bossuet 118 69, 71, 74, 75, 83, 84, 87, 93, 94, 95, 96, 98, 99, 101, 102, Boulogne-sur-Mer 350 Bourges 22, 42, 46, 53, 65, 218, 235, 238, 242, 277, 278, 105, 109, 113, 117, 119, 122, 123, 124, 127, 132, 133, 134, 135, 136, 137, 138, 139, 143, 146, 150, 151, 153, 154, 158, 306, 337, 338, 387, 394, 399, 408, 410, 415, 426, 451 159, 160, 163, 164, 165, 166, 167, 168, 169, 171, 173, 187, Brenac 304 468 150761 - Folio : p469 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Index des noms propres 188, 189, 191, 192, 193, 195, 196, 197, 204, 205, 207, 208, 209, 210, 211, 212, 214, 227, 228, 237, 243, 244, 246, 253, 291, 292, 293, 295, 297, 299, 309, 315, 316, 337, 350, 363, 367, 374, 377, 379, 389, 392, 394, 398, 412, 418, 437, 451 Christ aurifique 80 Christ Chronocrator 124 Christ Médecin 208 Christ Moissonneur 145 Christ Pêcheur 238 Christ tempocrator 123 Christ Verseau 197 Christ Vigneron 243 Christine de Suède 116 Christophe 68 Chrysomelle 149 Chypre 267 Cibinensis 95 Cimay 304 Cité de Dieu 96, 267, 333 Cîteaux 87 Clément 67 Clément XI 426, 428 Climaque 207 Clovis 22, 28, 356 Cluny 17, 49, 78, 125, 180, 188, 231, 255, 343 Cnossos 372 Cocqault 375 Colchide 116 Collégiale d’Herment 275 Cologne 52, 86 Colombe Michel 321 Compostelle 351 Concile d’Agde 399 Concile d’Orange 358 Concile de Chalcédoine 412 Concile de Latran 10, 301, 398 Concile de Nicée 62 Concile de Trente 395, 399, 400 Confesseurs 118 Conques 74, 218, 276, 299, 383 Constantin 25, 42, 270, 356 Constantinople 270 Contre les Hérésies 90, 190 Contre toutes les hérésies 251 Convivio 209 Corascène 216 Corbeny 48 Corme Royal 251 Corme-Ecluse 280 Corpus Hermeticum 96, 309 Corpus Hermeticus 92 Cosme 1er 307 Crampon Maurice 78 Crestet 311 Ctésias 19, 261 Cybèle 24, 25, 174 D Da Vinci Code 428 Dacien 83 Dagobert 351 Dagon 234 Dames de Dessous Terre 102 Dames du labyrinthe 374 Dan Brown 427 Daniel 45, 95, 221 Dante 102, 209, 310, 345 Danti Egnazio 425 David 84, 95, 230, 405, 441 De Alchemia 87 De civitate dei contra paganos 333 De divina proportione 447 De Institutione divinarum litterarum 205 De institutione saecularium lectionum 205 De La Borde 95 De lapidus 390 De mineralibus 97 De naturis rerum 240 De planctu naturae 87 Dédale 372 Delboy 204 Delphes 67 Déméter 351 Démocrite 19 Demouy Patrick 375 Denis l’Aréopagite 67, 68 Denys d’Alexandrie 16, 224, 289 Denys l’Aréopagite 67, 403 Description de l’ancienne, moderne et nouvelle ville de Tonnerre 241 Deutéronome 93 Diane 352 Dijon 255, 338 Diodore de Sicile 81 Diogène 297 Dioscoride 390 Dits de Marcoul et Salomon 78 Diversarum artium schedula 411 Donteville Henri 38 Douvres 351 Douze clefs de philosophie 159 Douzetemps 336 Duc de Blancs 320 Dujols 182, 322 Dujols Pierre 31 Dujols-Fulcanelli 110 E Échelle de Jacob 96, 117, 207 Échelle de la Sagesse 138 Echillais 238, 251 Éden 116, 254, 257, 361 Edfou 245 Église et la Synagogue 330 El-Asnam 371 Éleusis 67, 143, 281 Elie 300 Éliphas Lévi 310, 320 Élisabeth 78, 80, 119, 393 Elne 231 Éloi 26 Émile Mâle 5, 15, 65, 72, 78, 111, 198, 199, 223, 246, 257, 260,332, 339, 407 Enfant Jésus 392, 440 Éphèse 67 469 150761 - Folio : p470 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales Épinal 297 Épine 14 Epistolae ad corinthios 193 Épître aux Colossiens 444 Épître aux Corinthiens 321 Épître aux Romains 177 Ermete Trimegisto 308 Ésagil 113 Esaïe 332 Essarois 320 Esus 23, 27 Étymologies 232, 264, 390 Euclide 447 Eurises 23 Évangile de Jean 133 Évangile de Matthieu 145 Ève 95, 143, 155, 173, 177, 188, 231, 254, 257, 277, 319, 338 Evrard 378 Évreux 47 Eyrinée Philalète 116 Ézéchiel 95, 293, 300 Gerbert d’Aurillac 209 Givrezac 280 Glose ordinaire 7 Gondopharès Ier 443 Goulia 37 Gouliards 37, 245 Gourcy P.L. 32 Graal 79, 105 Graouly 231 Grasset Claude Sosthène 32 Grasset d’Orcet 32, 37, 40, 182 Grégoire de Tours 22, 28, 29, 204 Grégoire le Grand 62, 177 Grégoire XIII 425, 428 Gréville-Hague 64 Grimouard de Saint Laurent 342 Grimouard de Saint-Laurent 194 Guibert de Nogent 279 Guillaume d’Auvergne 94 Guillaume de Normandie 319 Guillaume de Paris 94 Guillaume de Saint-Th ierry 273 Guillaume II 433 Guillaume le Clerc 227, 237, 243 Guillaume le Conquérant 49, 279 Guillaume le Normand 267 F Favier Jean 78 Fée Carabosse 157 Ferrare 119, 223, 277 Festus Avienus 350 H Figeac 134, 304 Hananya 292 Filet d’Ariane 91 Heisenberg 250 Fils de l’Homme 315 Héliopolis 193 Flamel 183, 209, 324 Hélios 191 Flavius Josèphe 143 Henri 1er Beauclerc 279 Florence 425 Henri de Sully 427 Focillon 15 Henri Focillon 64 Fortuna 23 Henri IV d’Allemagne 219, 279 Fourvière 14 Hercule 20, 116 François 1er 324 Hermas 333 Hermès 4, 20, 96, 116, 161 François de Médicis 307 Hermès Trismégiste 92, 96, 308 François II, duc de Bretagne 321 Hérode 82, 184 Fraternité pythagoricienne 67 Hérode le Grand 282, 341, 396 Frédéric II de Hohenstaufen 124, 219 Herrade de Landsberg 415 Fribourg-en-Brisgau 52, 438 Hiérarchie Céleste 331 Frithjof Hallmann 380 Fulcanelli 5, 31, 32, 110, 132, 149, 179, 182, 192, 197, Hill 191 Hilqiyahou 291 211, 226, 294, 303, 322, 324 Hincmar 22 Hippocrate 209 G Historia (revue) 212 Gabriel 393 Homère 231 Gadès 33 Honfleur 352 Galilée 346 Honorius d’Autun 63, 242, 261 Galla Placidia 220, 444 Hortulus sacer 336 Ganagobie 255 Hortus deliciarum 415 Ganzenmüller 98 Horus 20, 105, 245, 393, 442, 449 Gargantua 37 Hôtel Lallemant 235, 238 Gaspar 103 Houphouët Boigny 51 Gaucher de Reims 375 Huysmans 63, 340 Gautier de Coincy 347 Hymne des saints Confesseurs 118 Gaza 234 Gélase 1er 10 I Genèse 139, 177, 254, 334, 348 Imbolc 46 Georges Aurach 90 Innocent III 300, 398 Géraud de Cardaillac 329 470 150761 - Folio : p471 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Index des noms propres L L’Atalanta fugiens 251 L’entrée ouverte au palais fermé du Roi 336 L’Épine 399 La complainte de Nature à l’alchimiste errant 324 La Flûte enchantée 40 La Sauve 233 La Toyson d’Or 183 La vie très horrifi que du grand Gargantua 37 Lac de Génésareth 346 Lactance 193, 310 Ladislas Roi de Hongrie et de Bohème 95 J Lafond Jean 407 Jacob 364, 405 Lambsprinck 215, 251, 369 Jacques Cellier 375 Langon 23 Jacques Cœur 150, 218, 242 Languet de Gergy 427 Jacques de Landshut 441, 442 Laningen 86 Jacques de Molay 29 Laon 24, 28, 36, 46, 47, 48, 50, 73, 75, 76, 108, 135, 180, Jacques de Voragine 68, 82, 332, 364 206, 217, 284, 304, 329, 359, 383, 470, 471 Jakin 329, 341 L’Art profane à l’Église 198 Janus 45, 115, 249, 317, 450 Lasterye Robert 31 Jason 116 Latran 116 Jean 94, 133, 255, 332, 346, 396, 398 Lazare 254 Jean d’Orbais 375 Le Bestiaire du Christ 164, 193 Jean de Mandeville 390 Le Cour 150 Jean Dionisos 212 Le Mans 47, 304 Jean Le Loup 375 Le Monnier (Charles Claude) 427 Jean Raynaud 48 Le Mystère de la Croix de Jésus-Christ et de ses Membres 336 Jehan Lallemant 150 Le Mystère des Cathédrales 5 Jehan Trupin 404 Le Puy 383 Jensat 384 Lectoure 24 Jérémie 113, 291, 292, 293 Jérusalem 29, 41, 143, 202, 212, 228, 254, 295, 329, 340, Légende Dorée 68, 82, 364 Léocade 22 360, 363, 374 Léonard de Vinci 445 Jérusalem céleste 348 Les Demeures philosophales 197 Jessé 84, 94, 143 Les eaux merveilleuses du tonnerrois 241 Jéssé 363 Jésus 63, 68, 69, 72, 119, 137, 151, 172, 254, 330, 350, 351, Les monstres dans la pensée médiévale européenne 241 Léviathan 119, 276, 359 360, 442 Liber de compositione alchimiae 90 Jésus-Christ 78, 81, 111, 193, 388 Liber Monstrorum 232 Joachim 119 Liber octo capitularum de lapide philosophorum 87 Joinville 347 Liber octo capitularum de lapide philosophorum 97 Jonas 95, 257 Libéthra 184 Joseph 65, 363, 405 Lisieux 352 Josias 291 Livre d’Enoch 91, 321 Jour des expiations 172 Livre de la sainte Trinité 93 Jourdain 44, 360 Livre des Figures hiéroglyphiques 143 Juda 158, 423 Livre des Figures hiéroglyphiques d’Abraham le Juif 183 Judas 400 Livre des Jubilés 321 Jugement Dernier 4, 64 Livre des Rois 343 Jules César 22 Livre du Vénérable Docteur Allemant Messière Bernard Julien l’Apostat 25 Comte de la Marche Trévisane 94 Jung Carl 95 Londres 36, 434 Junon 34 Longinus 339 Jupiter 23, 32, 423 Longpont 352 Justin 82 Lorenzo Lotto 307 Lorenzo Valla 30 K Lorenzotti 197 Karnak 23 Louis Charpentier 54 Khalid 90 Louis d’Harcourt 51 Kheops 110 Louis IX 322 Krauss Henry 51 Louis VI le Gros 14, 278 Louis VII 382 Introitus apertus ad occlusum regis palatinum 116 Irénée de Lyon 90, 92, 190 Irminsul 256 Isaac 66, 69, 402 Isaac de Baulot 196, 315 Isaïe 84 Isidore de Séville 62, 232, 261, 264, 390 Isis 20, 92, 105, 150, 352, 393 Israël 123, 398 Issoire 130, 223, 235, 288 471 150761 - Folio : p472 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales Louis XII 324 Louis XIII 22 Louis XIV 22 Louis, fi ls de Philippe le Sage 378 Luc 397 Luca Pacioli 447 Lucca 232 Lucifer 299 Lucques 372 Lug 24, 36, 46 Lugdunum 174 Lugdunum clavatum 46 Lutèce 32, 33 Luxeuil-les-Bains 24 Luz 304 Lyon 33, 36, 46, 174, 304 M Maât 245 Mages 103 Maïer Michel 251 Maître Albert 97 Maître de Justice 221 Maître Renaud 378 Manget 315 Mantes 338 Mantoue 124 Marbode 390 Marcoul 78 Marduk 113 Marguerite d’Autriche 215, 324 Marguerite de Provence 347 Maria Stella 102 Marie 5, 65, 72, 396, 418 Marie de Médicis 307 Marie-Madeleine 5, 254, 337, 350, 387 Marquis de Carabas 157 Marquis de Palombra 116 Mars 23, 24, 151, 155, 162 Marseille 174, 350 Marsile Ficin 307, 309 Marthe 254, 350 Martianus Capella 204 Martin Luther 399 Massilia 33 Mathieu 342 Matthieu 94, 105, 211, 330, 346, 376, 397, 442 Maurice de Gandillac 67 Maurice de Sully 50 Mausolée de Galla Placidia 220 Melchior 441 Melchisédech 69, 220 Melle 304 Mélusine 231, 236 Mercure 20, 23, 24, 36, 191, 239 Mercure de France 428 Mérelle 35 Métamorphoses 365 Metz 13, 23, 28, 32, 42, 47, 70, 71, 95, 111, 181, 185, 186, 188, 196, 198, 223, 229, 230, 231, 234, 236, 237, 242, 243, 244, 304, 312, 313, 315, 317, 329, 342, 406, 467, 471 Mey 236 Michel Maïer 297 Michel-Ange 299 Miklos Melchior de Szeben 95 Milan 25 Minos Kalokairinos 372 Minotaure 372 Miracles de Notre-Dame 347 Mirepoix 376, 380 Miserere 377 Mithra 18, 23, 25, 122, 174, 316, 392, 446 Moine Théophile 411 Moïse 62, 79, 95, 96, 212, 253, 299, 341, 397, 398, 405, 412, 420 Monastère de Souvigny 231 Mons Tumba 353 Mont 401 Mont Mercure 33 Mont Saint-Michel 36, 223, 242, 329, 351, 352, 353 Mont Sinaï 79, 212, 299, 310, 412 Mont Tombe 353 Montluisant 94, 110, 130, 215, 216 Montmartre 36 Moulins-lès-Metz 236 Mozac 235 Mozart 40 Musée de Cluny 324, 331 Musée de Normandie 351 Musée de Souvigny 125 Musée du Louvre 400 Musée Marmottan 324 Mutus Liber 196, 315 Mycènes 117 Mylius 144, 235, 369 Mystère des Cathédrales 183 N Nabuchodonosor 292 Nantes 321 Nantes 197, 304, 321, 354 Narbonne 54 Nautes Parisii 352 Nazareth 44 Neckam Alexander 240 Neptune 149 Néron 356 Neufchâteau 42 Neuilly en Donjon 254 Nicolas Droguet 413 Nicolas Flamel 143 Nicolas Rolin 5 Nil 350 Nîmes 340 Ninive 227, 228, 331 Noé 95, 165, 194, 225, 244, 257, 347, 356 Noël 171 Nohant-Vic 338 Notre Dame 101 Notre-Dame de Bonne Délivrance 352 Notre-Dame de Dessous Terre 298 Notre-Dame de l’Yvrande 352 Notre-Dame de la Délivrande 351 Notre-Dame de Nazareth 298 Notre-Dame du Mont Tombe 352 Nouaillé-Maupertuis 275 472 150761 - Folio : p473 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Index des noms propres Nout 445 Noyon 26, 471 O Oannes 234 Observatoire de Paris 426, 429 Odyssée 231 Oeuvre Notre Dame 433, 440 Olier 429 Onésicrite 266 Opus Majus 98 Ordéric Vital 279 Ordre du Temple 29 Origène 26, 65, 67, 69, 99, 111, 296, 363 Orion 162 Osiris 92, 105, 150, 190, 388, 442 Oswald Wirth 197 Ouranos 81 Oursel Raymond 66 Ovide 365 Oxygès 142 P Padoue 86 Palais Jacques Cœur 218 Palais public de Sienne 197 Palatin 114 Paolo Dal Pozzo Toscanelli 425 Papesse 174 Pâques 96, 132, 136, 171, 363 Paracelse 209 Paray-le-Monial 304 Paris 5, 14, 18, 19, 22, 27, 31, 34, 42, 47, 50, 51, 52, 54, 67, 68, 71, 72, 76, 77, 79, 80, 82, 86, 89, 90, 91, 92, 94, 95, 98, 99, 101, 102, 103, 108, 109, 110, 120, 121, 127, 130, 131, 132, 134, 135, 138, 140, 147, 152, 155, 156, 157, 158, 175, 179, 181, 183, 184, 186, 187, 189, 192, 198, 201, 204, 205, 206, 208, 216, 224, 241, 242, 268, 274, 284, 304, 310, 315, 318, 324, 332, 339, 347, 349, 352, 359, 365, 367, 369, 375, 382, 383, 394, 399, 400, 407, 411, 426, 427, 429, 432, 451, 469, 472 Pasteur Hermas 333, 334 Paul III 399 Pavie 86 Pélage 177 Pellerin Jean Charles 297 Pernes-les-Fontaines 54, 59, 272 Péronne 48 Perréal Jean 321,424 Phanès 123 Phébus 191, 316 Philalète 336 Philibert le Beau 215 Philippe le Bel 29, 35 Philippe le Sage 378 Philippe Walter 63 Philon d’Alexandrie 99, 296, 363 Phocée 33 Physiologus 99, 100, 227, 229, 241, 253, 267, 269 Piazza Vittorio 116 Pic de la Mirandole 209 Piccolpassi 94, 147 Pie X 399 Pierre Raffi n 13 Pierre de Beauvais 241 Pierre de Dreux 83 Pierre Lombard 10 Pilate 400 Platon 19, 87 Pline 99, 158, 227, 240, 261, 264 Pline l’Ancien 18, 267, 390 Poitiers 304, 371 Polirone 124 Pollux 23 Polybe 19 Pontremoli 372 Popelin Claudius 147 Poséidon 149 Posidonius 19 Poutre de Gloire 394 Prague 52 Pretiosissimum Donum Dei 90 Processus sub forma Missae 95 Prosper Mérimée 13, 383, 433 Provins 144 Pseudo Denys 120, 331 Pseudo Lulle 94 Pseudo Matthieu 103, 363 Pseudo Tertullien 251 pseudo-Tentateur 214 Psychomachie 177 Puy-en-Velay 36, 232, 237, 239 Pythagore 38, 92, 205, 447 Q Quatre Animaux 119 Quatre Vivants 222 Quimper 340 R Ra, (Râ) 350, 392 Rabelais 37 Ratis 350 Ratisbonne 87, 97 Ravenne 8, 20, 62, 123, 220, 270, 281, 361, 371, 444 Raymond de Toulouse 311 Raymond Lulle 93 Recueil de plusieurs traités de philosophie hermétique 95 Regina mundi 102 Régius 434, 443, 447 Regnobert 351 Reims 8, 22, 28, 43, 46, 47, 50, 52, 69, 70, 72, 73, 76, 80, 101, 107, 108, 109, 119, 121, 130, 136, 140, 181, 185, 208, 210, 217, 221, 268, 277, 278, 296, 304, 338, 344, 371, 375, 377, 418, 454, 468 Reinach Salomon 191 Remiremont 24, 329 Remus 114 Rennes 390 Réprouvé 68 Rictus Barrus 82 Ripley 324 Rivière Patrick 226 Rivista Europea 37 Robert de Cotte 22 Robert de Luzarches 378 473 150761 - Folio : p474 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales Saint Jean-Baptiste 4, 43, 421, 422, 425, 450 Saint Jean de Réome 240 Saint Jean Eudes 219 Saint Jean 221 Saint Jérôme 232, 299 Saint Laurent 105, 250, 312, 440 Saint Lizier 340 Saint Louis 51, 142, 322, 347, 356 Saint Luc 79, 145, 153, 195, 255, 342 Saint Mamet 26 Saint Marc 360 Saint Martin 26, 255, 256, 391 Saint Martin (Lucca) 233 Saint Maurice de Vienne 130 Saint Merry 304, 320 Saint Michel 5, 20, 24, 119, 191, 223, 232, 323, 447 Saint Michel d’Aiguilhe 232, 237, 239 S Saint Mont 329 Sacré Cœur de Jésus 219 Saint Nazaire 242 Sagrada Familia 51 Saint Nectaire 11 Saint 238 Saint Nicolas 96, 119 Saint Aignan 383 Saint Nicolas de Maillezay 269 Saint Ambroise 26 Saint Omer 130, 315, 371 Saint-Antoine-en-Dauphiné 422 Saint Ouen 26 Saint Antoine le Grand 96 Saint Paul 24, 177, 246, 262, 321, 334, 444 Saint Aubin-sur-Mer 351 Saint Augustin 16, 26, 67, 96, 99, 123, 177, 251, 257, 267, Saint Piat 82 Saint Pierre 24, 262 296, 333 Saint Pierre aux Nonnains 23, 329 Saint Austremoine 130 Saint Pierre d’Airvault 288 Saint Bénigne 255 Saint Pierre sur Dives 426 Saint Bernard 207, 273, 382 Saint Pulchrone 24 Saint Bertin 130, 371 Saint Quenin 270 Saint-Brisson-sur-Loire 304 Saint Quentin 47, 371, 380 Saint Castor 340 Saint Rémi (Rémy) 22, 28, 69 Saint-Chillais 269 Saint Romaric (Romaryc) 24, 329 Saint Christophe 20, 68, 96, 261, 364 Saint Saintin 24 Saint Clément 83, 193, 231, 242 Saint Savin 348 Saint Clément (Rome) 123 Saint Savinien de Melle 275 Saint Colomban 24, 232 Saint Sulpice 8, 426 Saint Corentin 340 Saint Thomas 260, 443 Saint Denis 130, 382 Saint Thomas d’Aquin 86, 178 Saint Denis 14, 51, 67, 83 Saint Trophime 223 Saint des Saints 396 Saint Vénier 23 Saint Dié 39 Saint Victor 350 Saint Eloi 26, 471 Saint Vincent 36, 83, 432 Saint Esprit 34, 96, 220, 258, 377, 471 Saint Vincent Depaul 429 Saint Étienne 42, 82, 230 Saint Zéphirin 10 Saint-Étienne d’Auxerre 233 Saint-Benoît-sur-Loire 223 Saint-Étienne-du-Mont 349 Saint-Bertrand-de-Comminges 399 Saint Eutrope 223, 237 Saint-Denis 278, 363 Saint Firmin 225, 334, 392 Saint-Dié 235 Saint François d’Assise 39, 322 Sainte Agathe 23, 380 Saint George 96 Sainte Anne 66, 96, 119 Saint Georges 82, 223, 323 Sainte Cécile 382 Saint Gilles 337 Sainte Chapelle 65, 109, 382 Saint Gilles du Gard 11 Sainte Foy de Conques 74, 218 Saint Graal 29, 150 Sainte Hélène 230 Saint Grégoire 81 Sainte Marguerite 230 Saint Hilaire 223 Sainte Marie des Anges (Rome) 426 Saint Hilaire de Melle 223 Sainte Sophie 270 Saint Jacques 351 Sainte-Colombe 280 Saint Jacques de Compostelle 40, 135, 139, 374 Saintes 33, 237 Saint Jacques de la Boucherie 184 Saintes Maries 350 Saint Jean 112, 259, 421, 432 Rocamadour 347 Rodez 401 Rodolphe de Fulda 256 Roger Bacon 98 Roman de la Rose 87 Roman pseudo-clémentin 82 Rome 14, 23 24, 34, 36, 39, 40, 42, 45, 62, 82, 89, 90, 97, 115, 116, 123, 195, 261, 270, 293, 329, 333, 353, 354, 361, 372, 374, 392, 426, 427 Romulus 114 Rosarium philosophorum 94 Rosart Maurice 424 Rouen 26, 28, 29, 47, 101, 304, 338, 355, 451, 471 Rufi n d’Aquilée 99 Rziha Franz 57, 59, 435 474 150761 - Folio : p475 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Index des noms propres Saintes-Maries-de-la-Mer 210 350 Strasbourg 24, 28, 29, 50, 52, 56, 58, 73, 101, 103, 108, 130, 137, 170, 237, 286, 329, 339, 355, 423, 433, 435, 438 Saint-Étienne-des-Grès 352 Stryges 242 Saint-Gaultier 269 Suger 14, 278, 363 Saint-Léger-lès-Melle 275 Sulat 196 Saint-Nicolas de Maillezais 290 Symbola aurea 94 Saint-Nicolas-de-Port 412 Saint-Nicolas-de-Port 51, 277, 340, 347, 365, 366, Synagogue 217, 436 Synode d’Arras 63 386,412 Saint-Omer 380 T Saint-Pol-de-Léon 402 Tarot de Marseille 197 Saint-Tugdual 402 Tarot des imagiers du Moyen Âge 197 Saint-Vétérin 24 Tarvos Trigaranus 23 Saint-Wandrille 304 Taufbrunnen 355 Salem 220 Temple de Salomon 29, 57, 329, 348 Salle capitulaire du Puy 383 Templiers 49 Salomon 57, 78, 95, 105, 329, 341, 418, 444 Tentateur 214, 436 Samain 46 Testament de Raymond Lulle 93 Samarobriva 24 Theatrum chemicum 95 Sammël 306 Théodore de Bry 215, 369 Samson 20, 158, 405 Théodose 26, 356 San Petronio (Bologne) 426 Théophraste 390 San Reparatus 371 Thésée 373, 377 San Vitale 8 Thomas d’Aquin 10, 97, 123, 131 Santa Maria del Fiore 425 Thomas de Cormont 378 Sarah 79, 350 Thuret 288 Saturne 157 Tiamat 113 Savoret André 219 Tibère 23 Savouret Pierre 315 Tite-Live 34, 114 Sédécias 291 Titicaca 117 Semo sanctus 82 Titus 25 Senlis 268 Tonnerre 240 Sens 47, 130, 371, 382 Toscanelli 425 Sergus 236 Toul 47, 286, 339 Sermon sur la Montagne 83 Toulouse 371 Serrabone 231 Tournai 26, 471 Servius 232 Toutankhamon 250 Sibylle de l’Hellespont 308 Traité de la pierre philosophale 251 Sibylle de Libye 309 Traité d’alchimie 94 Sienne 308, 322, 388, 415 Translatio sancti Alexandri 256 Sigismond Tizio 309 Trévisan 94 Simon 260, 346 Trinité 96, 112, 153 Simon le magicien 82 Trismosin 183, 324 Simon Mattifas de Buci 50 Troyes 47 Simon Pierre 346 Tschaen 424 Sirius 104 Smertios 23 U Société de Mythologie Française 38 Ubertin de Casale 143 Soissons 47, 54 Ulhberger 58 Sol invictus 317 Ulm 52 Somme Théologique 97, 124 Una Woodruff 240 Sophonie 225, 226, 295 Urbiger 219 Sorbonne 86 Ursin 22 Sothis 104, 442 Souillac 223 V Source de Malézieux 311 Vaison-la-Romaine 59, 270, 298, 301 Souvigny 125, 127, 231, 266 Valezis 36 Speculum ecclesiae 242 Van der Weyden 4 Stella Maris 347 Van Helmont 218 Sterling Charles 324 Van Lennep 95, 204 Stolcius 311 Vannes 14 Strabon 149 Vauquelin des Yveteaux 95, 218 Venasque 23, 271, 444 Straccalli Alfredo 37 475 150761 - Folio : p476 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Symboles étranges des cathédrales Venise 86 Vénus 155, 352 Verdun 15, 24, 101, 254 Versailles 317 Vézelay 4, 14, 17, 36, 74, 109, 119, 127, 130, 133, 134, 136, 156, 169, 186, 188, 223, 247, 256, 257, 258, 260, 262, 263, 264, 265, 266, 304, 329, 339, 343, 349, 356, 362, 421 Vienne 52 Vierge 117, 119, 154, 160, 161, 163, 220, 352, 418 Vierge Marie 22, 81, 93, 101, 144, 268, 363, 387, 405, 413, 440 Vierges noires 102, 374 Villard de Honnecourt 52, 376 Villersalem 304 Villiers-sous-Chizé 288 Vincent de Beauvais 87, 390 Vingt quatre vieillards de l’Apocalypse 221 Violle, r.p. 65 Viollet-le-Duc 13, 136, 182, 340, 354, 394 Virgo pariturae 102, 329 Viridarium chymicum 311 Vitruve 445 Vomécourt sur Madon 256 Vouvant 232 Vulcain 23 Vulgate 299 W Würzburg 57 Y Yahvé 397 Yamoussoukro 51 Yehoyaqim 291 Yggdrasill 256 York 340, 434 Yvrande 352 Z Zacharie 198 Zehnacker Michel 171, 212 Zeus 81 Zohar 317 Zozime 80, 252 150761 - Folio : p477 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Yellow Cyan Magenta Black - H : 240 Table des matières Introduction ........................................................................................... 7 Chapitre I – Les vrais mystères des cathédrales ....................... Le cadre religieux ................................................................................... L’indicible émoi ..................................................................................... Les sources symboliques et antiques .................................................. Les sources mythologiques antiques .................................................. Les sources écrites et orales de l’Antiquité ......................................... Les sources imagées ............................................................................... Persistances antiques ............................................................................. Le véritable mystère ? ............................................................................ Gothique ? .............................................................................................. La langue des oiseaux ? ......................................................................... Les gouliards .......................................................................................... Le délicat problème de l’orientation .................................................. L’argent des cathédrales ........................................................................ Les bâtisseurs .......................................................................................... La loge des Compagnons et la chambre du trait .............................. Les marques des tailleurs ...................................................................... Chapitre II – La cathédrale, encyclopédie médiévale, livre d’image ? .................................................................................. Les emmurés vivants ............................................................................. Les atlantes et hagiophores .................................................................. Marmousets et grimaçants .................................................................. Chapitre III – Imprégnations alchimiques et chrétiennes ....... Les imprégnations réciproques ............................................................ L’apport du Physiologus ......................................................................... 11 11 16 19 21 22 23 26 31 34 38 40 46 52 55 59 61 65 77 80 84 89 89 102 150761 - Folio : p478 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Notre-Dame ........................................................................................... Les mages de Strasbourg ...................................................................... Chapitre IV – Les mystères du parvis ...................................... Les programmes sculptés ..................................................................... Les trois Portes ....................................................................................... Bas-reliefs, statuaire et voussures des portails .................................. Les calendriers et les travaux de l’année ......................................... Le zodiaque d’Amiens et quelques autres ......................................... Des arbres et des buissons .............................................................. Les zodiaques de Notre-Dame de Chartres .................................. Curiosité strasbourgeoise ............................................................... Vision alchimique du zodiaque ..................................................... Le Tarot de la cathédrale Saint-Jean .............................................. Chapitre V – Les grands thèmes ............................................... Les vices et les vertus ............................................................................. Visions alchimiques ........................................................................ Couardise et courage ....................................................................... Le désespoir et l’espérance .............................................................. Le fi xe et le volatil : la prudence et la chasteté. La luxure ............... Le coq et le renard ............................................................................ Le phénix du Christ et du creuset .................................................. La patience et l’impatience ............................................................ La tempérance et la justice ............................................................. La foi et les aigles .............................................................................. L’obéissance et la désobéissance .................................................... La dureté et la douceur .................................................................... Les arts libéraux ..................................................................................... Trivium et quadrivium .................................................................... La Sagesse ......................................................................................... La mesure du monde ....................................................................... La Vierges allégoriques ......................................................................... Les cryptes, matrices de l’Église ................................................... Vierges sages et Vierges folles ........................................................ Les vases philosophiques et le sacré cœur ................................... Étranges créatures ................................................................................. Le hérisson d’Amiens et la prédiction de Sophonie ................... Ninive et les reptiles ........................................................................ Chimères .......................................................................................... Sirènes ............................................................................................... Le cocatrix et le basilic .................................................................... 105 107 111 111 115 122 125 146 146 171 174 176 177 179 179 185 188 192 193 194 196 199 200 203 204 206 208 208 210 214 214 214 215 222 227 229 232 233 235 244 150761 - Folio : p479 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Harpies et stryges ............................................................................ L’aigle bicéphale ............................................................................... L’ouroboros ...................................................................................... Les hommes étranges ............................................................................ Divertissements ? ................................................................................... Le peuple des modillons ....................................................................... Nudités et paillardises ? ....................................................................... Cracheurs d’eau et gargouilles ............................................................ Acrobates ................................................................................................ Chapitre VI – De Maître à disciple ......................................... De Maître à disciple : Histoire de Jérémie ........................................ Le Christ Pèlerin et la lanterne d’Hermès ........................................ Le Christ cornu ...................................................................................... Chapitre VII – Les emblèmes de l’alchimie chrétienne ? ......... Quand l’alchimie s’invite à la cathédrale .......................................... Les marqueteries de Lotto .............................................................. Le pavage de Sienne ......................................................................... Les quatre éléments de Crestet ...................................................... Le curieux portail Sud de Saint-Étienne de Metz ...................... Le Baphomet de Saint-Merry ........................................................ Le tombeau de François II ............................................................. Chapitre VIII – La cathédrale image du monde et de l’homme et de Dieu ................................................................................. Les images ............................................................................................... Multiplicités ..................................................................................... La cathédrale dans la cité ...................................................................... La Maison de Dieu et la Jérusalem céleste .................................. La forteresse alchimique et le jardin clos .................................... L’image du Christ et de la Croix ................................................... Le temple de Salomon et l’Église ................................................. L’image de l’homme ....................................................................... Le vaisseau des âmes ........................................................................ La cité des hommes ......................................................................... Le miroir de la nature ..................................................................... Chapitre IX – L’ombre et la lumière ......................................... Les labyrinthes ....................................................................................... Le labyrinthe disparu de Reims .................................................... Déambulations chartraines ........................................................... Le pavage amiénois ......................................................................... Saint-Quentin et quelques autres ................................................. 246 252 254 256 273 273 280 288 292 295 295 299 302 307 307 311 312 315 316 324 325 329 329 329 331 332 338 340 344 348 349 359 364 375 375 379 380 381 384 150761 - Folio : p480 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20 L : 170 - Couleur : Black - H : 240 Culte solaire ? .................................................................................. L’univers de couleurs ............................................................................. Les couleurs disparues .................................................................... Influence des lapidaires ................................................................... Du rouge au bleu ............................................................................. Les attributs colorés ........................................................................ Le bois et la pierre ................................................................................. Les jubés disparus ........................................................................... L’univers des stalles ......................................................................... Le verre et la lumière ............................................................................ Les rosaces ........................................................................................ Le chemin de lumière ..................................................................... Les rayons lumineux ....................................................................... Les méridiennes ............................................................................... Chapitre X – Quand les francs-maçons regardent les cathédrales ............................................................................... Francs-mestiers et francs-maçons ....................................................... Images strasbourgeoises ........................................................................ La communauté symbolique ............................................................... 384 385 385 394 394 396 397 397 405 410 417 423 426 428 À chacun selon ses yeux ? ......................................................... 457 Bibliographie .......................................................................................... Index des noms propres ........................................................................ 461 467 maquette réalisée par LHcom 05 63 56 57 58 www.lh-com.fr 435 435 439 447