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Les grands thèmes
Établir ici la longue filiation des ces hommes soucieux de transmission
dépasserait très largement mon propos. Les Gouliards y furent peut-être
pour quelque chose. Une des figures antiques les plus prisées fut celle de
la déesse Maât, déployant ses ailes protectrices sur le monde, figure qu’on
ne peut que rapprocher de celles des chérubins déployant leurs ailes sur le
propitiatoire de l’arche d’alliance.
Bas-relief du temple d’Horus, à Edfou
Maât est ainsi présente en de nombreux
tombeaux ou monuments égyptiens. On
retrouve ce dessin des ailes déployées chez
les Babyloniens, sous une forme à peine
différente si ce n’est un visage masculin.
Les Grecs qui connurent ce symbole ne
manquèrent pas de l’assimiler et le transmirent à leur tour. Les chrétiens alexandrins n’ignoraient pas ces représentations
bienfaisantes et protectrices de Maât et ses
figurations ne furent pas oubliées, pas plus que les images des chérubins de
l’Arche d’Alliance, issus en droite ligne des chérubins de Babylone...
Cathédrale de Metz. Façade septentrionale
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Symboles étranges des cathédrales
Les stryges messines portent, on l’a vu, des sortes de capuches, à vrai
dire des coqueluchons. Ce sont des capuchons comme en portaient les
moines. Faits d’une grosse bure, ils étaient de deux formes principales, les
uns en pointe et les autres ronds. La coiffe des fous pris également le nom
de coqueluchon. Ce mot vient du latin cucullus, mais pour la coiffe des
fous il semble dériver de coq dont le chant est dit coquelin, chanter étant
coqueliner. Les coqueluchons des fous de la comédie médiévale étaient
inspirés des crêtes du coq et se composaient de trois pointes dont deux
en forme d’oreille d’âne et la pointe centrale étant en forme de phallus
dressé. À défaut de ces appendices, on les ornait de grelots, dont la caractère sexuel n’est pas à démontrer ne serait-ce que par la forme et l’étymologie. Se peut-il qu’ici nous ayons affaire à des stryges et harpies folles ou
simplement encapuchonnées comme des religieux ? Un examen attentif du
bas-relief nous montre un coqueluchon à trois grelots sur la tête d’une des
harpies dont le corps possède une queue de coq tandis qu’en bas à droite,
un lièvre, ou un âne, possède un corps de poisson... C’est un rébus qui nous
est donné à voir ici, mais un rébus qui se lit globalement et non pas syllabe
par syllabe et dont la clef est celle des mystères anciens. Un grand nombre
de ces animaux fabuleux et inquiétants se retrouve ici encapuchonnés. Les
traditions religieuses imposaient aux hommes de se découvrir dans une
église. Inversement les femmes ne devaient pénétrer que la tête couverte.
Cette tradition était héritée des écrits de saint Paul : « Je veux cependant
que vous sachiez que le chef de tout homme c’est le Christ, que le chef de la
femme, c’est l’homme, et que le chef du Christ, c’est Dieu. Tout homme qui
prie ou qui prophétise la tête couverte, déshonore sa tête. Toute femme qui
prie ou qui prophétise la tête non voilée, déshonore sa tête : elle est comme
celle qui est rasée. Si une femme ne se voile pas la tête, qu’elle se coupe aussi
les cheveux. Or, s’il est honteux à une femme d’avoir les cheveux coupés ou
la tête rasée, qu’elle se voile. L’homme ne doit pas se couvrir la tête, parce
qu’il est l’image de la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de
l’homme. »281 Si l’on observe maintenant cet ensemble sculpté, on pourrait le considérer comme une psychomachie, entre les figurations animales
archaïques et ces mêmes figurations entrées au service de l’Église, ce qui
expliquerait la présence de ces hommes combattants insérés ça et là dans
l’ensemble, et celle de la sirène qui était l’image de la luxure, évoquée par le
grand écart des terminaisons caudales de la femme poisson et séductrice.
Émile Mâle formula une hypothèse analogue à propos des portails de la
Saintonge : « Mais il est une autre lutte autrement héroïque, c’est celle que
l’homme soutient tous les jours contre ses ennemis intérieurs. La vie tout
281. Paul, 1re Épître aux Corinthiens 11, 3-7.
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Les grands thèmes
entière n’est qu’une Psychomachie, une bataille qui se livre dans l’âme.
Ces forces qui se retournent en nous douloureusement : colère, orgueil,
envie, concupiscence, les Vertus des portails de l’Ouest les ont sous les
pieds. Rien de plus beau que ces figures triomphantes qui semblent nous
encourager. Ainsi les portails de l’Ouest, d’une archivolte à l’autre, nous
invitent à nous élever du travail à la vertu, et de la vertu à l’amour. »282
Entre la psychomachie religieuse à la psychomachie alchimique, il n’y a
que peu d’écart sous l’angle des moyens et finalités, à savoir la soumission des Vices, des parties malades de l’être et le triomphe de la Vertu,
des parties élevées de l’esprit. Le dragon, sous toute forme, n’est jamais
que l’illustration de l’état primordial, associant en lui le fi xe, son corps
serpentiforme, et le volatil, ses ailes, mais n’étant pas capable d’en assurer
la liaison harmonieuse. Le travail chevaleresque, chrétien ou alchimique,
consiste précisément à reconstruire à partir des deux composants initiaux
du dragon un seul être au sein duquel la force divine peut enfin émerger,
d’où la nécessité de sa mise à mort apparente et de la longue reconstruction.
Ceci nous conduit tout droits aux dragons des édifices religieux, dragons
qui sont parfois que des formes plus antiques des cocatrix et autres basilics.
Basilique Saint-Austremoine d’Issoire.
Chapiteau peint
Basilique Sainte-Madeleine
de Vézelay. Chapiteau
282. Emile Mâle, L’Art religieux en France au xiie siècle.
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Symboles étranges des cathédrales
L’aigle bicéphale
C’est à l’intérieur des édifices qu’il est le plus souvent représenté,
bien souvent en ornementation de meuble, ou meuble lui-même, tel les
lutrins. On trouve de nombreux lutrins semblables dans les églises orthodoxes. Ces lutrins, plus anciens car remontant au xiiie siècle sont plus ou
moins inspirés, à moins que ce ne soit l’inverse, des porte-livres de l’islam.
« L’aigle à deux têtes se rencontre à profusion sous le règne du plus grand
sultan seldjoukide de Konya, Alaeddin Keykübad (1219-1236) et de son
fils et successeur Keyhusrem II (1236-1246). On le découvre en effet sur
des tissus, des pierres taillées, des carreaux muraux ou des porte-Coran.
Comme pour toute problématique iconographique il est très difficile de
dire s’il s’agit d’un emprunt ou d’une recréation. »283 Parfois il est posé sur
un porte-livre. L’aigle bicéphale est un symbole très ancien. Les Hittites le
représentaient déjà. On le retrouvera à Byzance, et dans l’Empire ottoman.
Charles Quint en fit son emblème, puis les Tsars, tout comme les empires
allemand, autrichien, austro-hongrois. Les Templiers le connaissaient
et l’utilisaient comme signe. Il est encore présent sur les drapeaux de
nombreux pays slaves. L’aigle bicéphale du Saint Empire germanique est
apparu progessivement de Frédéric III aux Habsbourg austro-hongrois.
L’Aigle est sous le genre féminin en héraldique et en alchimie. C’est de
façon assez tardive qu’il fait son apparition, dans le chœur, au service des
officiants. Pour le religieux l’Aigle bicéphale symbolisait l’Aigle de Jean.
Les deux têtes étant les deux Jean, l’un regardait vers le passé l’autre le
futur. Le Livre ouvert est le livre de l’Écriture, l’Ancien et le Nouveau
Testament. La couronne était celle du Pape. Pour l’historien, le sigillographe284 ou le vexillologiste285, l’aigle était celle des armées romaines
converties au Christ, ou quelque copie d’une soierie turcomane qu’un
sculpteur s’était contenté de reproduire286. Pour l’historien, l’aigle est à
ne pas en douter l’aigle bicéphale romaine byzantine, portant le regard
sur l’empire d’Orient et sur l’empire d’Occident, puis adapté par Charles
Quint. Pour le politicien, l’aigle bicéphale exprime la domination sur
toute chose. Nous pourrions ainsi nous projeter dans l’autre et tenter de
voir ce qu’il voit, et ce, sans fin, sans doctrine finale. De belles images de
cet aigle se trouvent encore assez communément dans les églises, comme
celle d’Ornans par exemple et qui nous fournit un ensemble assez complet
283. Pierre Mollier, article paru dans le n°107-108 de Renaissances Traditionnelles, tome XXVII, 1996.
284. Sigillographe : spécialiste de l’étude des sceaux.
285. Vexillologiste : spécialiste de l’étude des étendards, drapeaux et emblèmes, du latin vexillum, drapeau.
286. Émile Mâle dans son magistral ouvrage, L’Art religieux en France au xiie siècle exprime cette idée : «Quant à nos
sculpteurs du xiie siècle, ils imitaient les figures du tapis byzantin apporté en France par les marchands de Venise, sans
se douter qu’elles pussent avoir une signification quelconque.. »
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Les grands thèmes
de sa symbolique chrétienne, revisitée par une province qui fut chérie de
l’Espagne. L’imperium est l’aigle. Le globe qu’il enserre est la terre, et, plus
à vrai dire, le monde palpable, le monde de la perception immédiate. Ses
deux têtes sont celles qui regardent vers les Amériques et vers l’Europe.
Le soleil ne se couche jamais sur les terres de l’empire. Il domine le livre,
expression de la Loi humaine, mais il est placé sous la tiare, expression de la
loi divine, dans le domaine de l’impalpable. L’aigle est le lien, l’axe vertical
entre les deux mondes, celui d’en-haut et celui d’en-bas, l’axe horizontal,
celui de l’Orient, de l’Europe, celui de l’Occident, du nouveau monde.
Ainsi donc l’empereur Charles Quint n’était que l’exécutant et le garant
du projet divin. Dieu était son droit, la Loi à suivre et à réaliser à partir
d’un Chaos apparent. L’artiste suivi-il encore une autre voie, plus mystérieuse encore ? Le Chaos primordial, l’apparente bivalence, la réunion
sur le même meuble de symboles ésotériques discrets est-elle fortuite ou
volontaire ou mieux encore, naturelle car induite par le sujet lui-même ?
Le meuble et son livre sont alors respectivement le fi xe et le grimoire287,
le Livre de Nature indispensable à qui veut entreprendre l’œuvre. L’aigle
devient le volatil288 et sa bicéphalie est celle du Mercure et du Soufre réunis,
formant alors un Y, symbole hermétique du sel, du médiateur salin. Bien
évidemment l’œuvre est l’accomplissement de, sous et par la volonté divine.
Regardant à sa droite et sa gauche il est le veilleur, celui qui est la mère
du trésor de philosophie. Il est une merveille. Le symbole est parfois plus
explicite encore comme dans l’aigle byzantin des premiers Paléologue289 ;
Il tient dans ses serres le serpent. Il est le gardien de la Loi, celui qui ouvre
les pages du livre et fait la lecture se place sous sa bienveillante autorité.
Que le lecteur ne vienne pas à trahir les paroles du livre, car sa parole serait
à jamais perdue. Serait-ce une chimère, ou simplement une apparence, un
effet de notre ignorance, de notre vision restreinte ? Soyons assurés qu’il
ne s’agit pas d’un monstre et encore moins d’une chimère. Les deux têtes
ne sont qu’une, tout comme Janus, l’homme à deux faces. Artefact au sens
strict et littéral de l’art. Effet de l’Art et traduisant notre difficulté intrinsèque, constitutive de l’homme, à dépasser les contradictions apparentes,
à surmonter les antinomies, les fausses dualités. J’ajouterai que l’artefact
de l’aigle bicéphale évoque en sus pour moi l’incommensurable incapacité
de l’homme à pénétrer les secrets profonds de l’univers, comme si sans le
savoir, et quand que cela fut la volonté du sculpteur ou de son commanditaire, l’aigle bicéphale pouvait aisément illustrer un traité de mécanique
287. Allusion cabalistique à l’art de grimer, déguiser, cacher.
288. Thème récurrent de l’alchimie et du rituel isiaque des anciens égyptiens Le volatil, ce qui s’évapore, monte et
symbolisé tout simplement par un volatile.
289. Dynastie Byzantine qui fut au pouvoir de 1259 jusqu’à la chute de Constantinople en 1453.
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Symboles étranges des cathédrales
quantique, ou encore évoquer les notions de continu et discontinu si chères
au grand physicien Heisenberg. L’aigle semble regarder à droite et à gauche.
Illusion probable la encore. Et si comme Janus il regarde devant et derrière
tout à la fois ? Il embrasse, il embrase290, d’un seul regard l’Occident et
l’Orient. Il abolit l’espace profane. La représentation « latérale » de la
tête n’est qu’une réminiscence de l’art sacré égyptien. L’aigle réunit dans
sa représentation écossaise les rites sacrés de la Rome antique et de la vallée
du Nil. Le dessin de cette aigle bicéphale est donc proprement hiéroglyphique, c’est-à-dire relevant de l’écriture sacrée, l’écriture au sens triple. Ses
ailes, largement déployées indiquent toujours qu’il embrasse tout l’espace.
Nous invite-t-il a embrasser le monde, à étreindre l’univers ? Les pennes,
ses digitations, sont écartées comme lorsque l’aigle plane dans les hauteurs
se laissant porter par les flux ascendants. Non seulement il observe devant,
derrière lui, à gauche à droite, mais aussi vers le sol. Est-il prêt à fondre sur
nous ? S’il fond sur nous, c’est comme une colombe, comme l’Esprit Saint.
Le lutrin de Saint Laurent n’exprime pas autre chose.
L’ouroboros
Ce symbole ne pouvait échapper à la sagacité de Charbonneau-Lassay
qui n’en n’ignorait pas les origines antiques : « Les Romains l’adoptèrent ainsi que diverses sectes chrétiennes et hérétiques, les Gnostiques, les
Ophites, mais nous ne savons pas exactement avec quelle signification.
Pendant le haut Moyen Âge les alchimistes, les hermétistes et ensuite les
héraldistes religieux et nobiliaires l’utilisèrent jusqu’à nous ». Les Mésopotamiens, comme les Égyptiens antiques employaient déjà cette image
symbolique. On peut en voir dans le tombeau de Toutankhamon et il
figure comme emblème de la résurrection de l’astre solaire. Fermé sur luimême, il est à lui seul l’image du monde créé se nourrissant de sa propre
substance. Ce sont les gnostiques alexandrins qui utilisèrent l’ouroboros
pour en faire un symbole ésotérique. Charbonneau-Lassay s’interroge
quant à la signification que lui donnaient ces gnostiques. Je crois pouvoir
290. « Je suis venu mettre un feu sur la terre; comme je voudrais qu’il soit déjà allumé» (Luc 12,V 49,53). À l’époque
où les Évangiles sont rédigés, les Aigles des armées romaines sont des emblèmes très connus, comme ils l’étaient déjà
du vivant du Christ. Ces aigles tenaient enserrées la foudre de Zeus Jupiter. Or il faut garder à l’esprit que la foudre de
Jupiter n’était pas pour les latins religieux un symbole guerrier, mais un symbole de protection. Jupiter dérive de Jovis
Pater, Père de Joie. On lit encore dans Matthieu (10, 34-49) : «Ne croyez pas, dit Jésus, que je sois venu apporter la
paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Je suis venu mettre la division entre j’homme et son
père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison.
Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi et celui qui aime son fils ou sa fille plus que
moi n’est pas digne de moi. Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. Celui qui assurera
sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi l’assurera. » On ne peut que rapprocher ce texte de celui de
Luc.
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Les grands thèmes
donner quelques éléments en se référant aux écrits des premiers Pères et
auteurs religieux. Saint Augustin d’abord qui dans son traité Des hérésies nous apporte quelques éclaircissements : « Leur nom vient du mot
serpent, qui se traduit en grec par ophis. Ils prétendaient que le serpent
n’était autre que le Christ, et ils avaient un serpent apprivoisé qui venait
se rouler sur leurs pains, et leur consacrer une sorte d’eucharistie. Certains
auteurs les font descendre des Nicolaïtes ou des Gnostiques : c’est dans
les fabuleuses fictions de ces sectaires qu’ils auraient puisé l’idée d’adorer
le serpent. »291 Irénée de Lyon en fait nous donne la clé : « Certains,
cependant, disent que c’est Sophia (Sagesse) elle-même qui fut le Serpent :
c’est pour cette raison que celui-ci s’est dressé contre l’Auteur d’Adam
et a donné aux hommes la gnose ; c’est aussi pour cela que le Serpent est
dit “plus intelligent que tous les êtres”. »292 Le serpent était pour eux le
symbole de la connaissance accessible qu’à de rares élus. En se roulant sur
lui-même il exprimait l’idée de la connaissance du tout et donc du monde
et le pseudo Tertullien, dans son livre Contre toutes les hérésies, ne disait
pas lui-même autre chose. On en fit l’emblème du cercle de l’année et c’est
à ce titre qu’il figure dans les zodiaques médiévaux, et de façon exceptionnelle293 sous sa forme de serpent, ou plus communément sous l’image d’un
homme ou d’un animal replié en cercle sur lui-même comme par exemple
au tympan du narthex de Vézelay. Nous ne le rencontrons en art religieux
quasiment que sous l’apparence d’un dragon ou de quelque autre créature
fantastique se mordant la queue, comme nous le montre un modillon de
l’ancienne église prieurale Saint-Nazaire-de-Corme-Royal, en CharenteMaritime294. L’église d’Échillais, datant de la même époque, située également en Charente-Maritime, en présente une variante assez proche. Les
gravures alchimiques ne le représentent le plus souvent que de cette façon,
comme par exemple dans l’Atalanta Fugiens de Michel Maïer, ou dans le
Traité de la pierre philosophale de Lambsprinck, alors que des manuscrits
alexandrins le montrent sous forme d’un serpent. La gravure du livre de
Lambsprinck semble inspirée des modèles religieux romans et gothiques
et l’allusion au dragon de nature, allié à l’ouroboros, est flagrante.
291. Saint Augustin, Des hérésies, XVII. Œuvres complètes de Saint Augustin traduites pour la première fois en
français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1869, tome XIV. p. 1-21. Traduction
de M. l’abbé Aubert.
292. Irénée, Contre les Hérésies 1; 30-15.
293. La cathédrale de Saint-Michel-Archange en Italie en possède un sous cette forme.
294. Fin du xiie siècle.
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Symboles étranges des cathédrales
Sixième gravure du traité de la Pierre Philosophale de Lambsprinck
L’emblème alchimique de l’ouroboros peut être regardé de différentes
manières et si l’on s’en tient à ses premiers emplois hermétiques attestés,
les écrits de Zozime295, il figurerait la dernière étape avant la transmutation, ce que ne semble pas confirmer les autres auteurs. Néanmoins, c’est
à une phrase de Zozime que se référeront les auteurs alchimistes de la
Renaissance, car Zozime écrivait qu’il était l’UN et que de cette unité,
tout partait et tout retournait, formule des plus inspirées des gnostiques
alexandrins. Ceci nous ramène au rôle de gardien de la Connaissance et
plus encore à l’emblème de l’initiation, et sur ce point les allégories chrétiennes gnostiques, qui perdurèrent dans les images, sont en accord.
Les hommes étranges
Végétaux et vivants
Les chapiteaux concentrèrent au début de l’art les principaux symboles
religieux. Si ces symboles gagnèrent ensuite les tympans, les voussures et les
linteaux, ils continuèrent de porter par la suite, jusqu’au début de l’époque
gothique, des images variées et souvent ardues à déchiffrer en raison du peu
de place disponible pour y sculpter des emblèmes et des allégories complexes.
Démons et diablotins, pécheurs aux rictus étranges, animaux fantastiques,
ne constituent pas cependant l’essentiel décoratif et religieux. Les ornemen295. Zosime de Panopolis, Mémoires authentiques, Les Belles Lettres, 1945 (Zozime le thébain Nommé par erreur
le Napolitain. Chroniqueur byzantin. Il étudia puis enseigna l’alchimie à Alexandrie vers 270 ap. J.-C. Les écrits de
Zozime le rattachent aux gnostiques paléochrétiens.
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Les grands thèmes
tations tirées du monde végétal sont omniprésentes. On pourra toujours
évoquer les temples plus anciens et le réemploi de colonnades prises à d’anciennes constructions pour trouver des raisons historiques à cette profusion
végétale, mais ce qui poussa les bâtisseurs, à l’origine les clercs de communautés religieuses, à faire entrer le monde végétal au sommet des colonnes,
ne résulte pas de la volonté de copier les édifices antiques, même si des motifs
végétaux furent repris aux anciens. Ce qui poussa les clercs à faire réaliser
ces motifs décoratifs résulte d’une volonté religieuse et allégorique. Il fallait
que la cathédrale, ou le cloître, ou l’abbatiale ne fut pas absente, même en
dehors de la présence des hommes, du monde vivant, que les hommes du
Moyen Âge considéraient être aussi celui des plantes, des fleurs, des feuilles,
des arbustes et des fruits. Les allégories religieuses ne s’arrêtaient pas au seul
monde animal tel que le Physiologus décrivait. Ces allégories étaient vues
en toutes sortes d’occasion, de lieux et de circonstances parce que l’œuvre
divine était en tout et que tout pouvait refléter l’œuvre divine, y compris
des feuilles de choux et des ronces. La notion de floraire est équivalent à
celle du bestiaire, mais nous en avons perdu l’essentiel. Comme pour le
Physiologus, ce sont dans les caractéristiques vitales des plantes, dans leurs
façon de croître, d’être et de disparaître, ou encore leurs propriétés médicinales qui furent employées à tresser ces allégories, ou encore en se référant
aux végétaux présents dans la Bible. Le lys était un symbole de la Vierge,
par référence aux textes bibliques, le buisson ardent de Moïse, les feuilles
de palmiers, les roseaux, l’acacia, les chênes de l’Ancien Testament étaient
regardés comme des témoins et parfois les descendants des acteurs de la vie
des prophètes et des héros bibliques et de la vie du Christ. Le floraire des
chapiteaux est assez constant. On y trouve souvent le palmier en référence
à l’Évangile : « Ils prirent des branches de palmiers, et allèrent au-devant
de lui, en criant : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur,
le roi d’Israël ! »296 Cette arrivée du Christ sera célébrée plus tard par la
fête des rameaux. Les feuilles de palmiers sont donc souvent présentes et
ne sont que l’allégorie de la venue du Christ dans l’Église et dans l’église.
Les rameaux de palmiers et les palmiers eux-mêmes rappelaient en outre les
Psaumes : « Le juste pousse comme un palmier, il s’étend comme un cèdre
du Liban planté dans la maison du Seigneur, il pousse dans les parvis de
notre Dieu. Même âgé, il fructifie encore, il reste plein de sève et de verdeur,
proclamant la droiture du Seigneur : “Il est mon rocher ! En lui pas de
détours”. »297 Le palmier devint ainsi une image du Christ et pour les clercs
lors des Rameaux, ce sont des images antiques du Seigneur qui furent utili296. Jean 12, 13.
297. Psaume 92.
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Symboles étranges des cathédrales
sées pour accueillir le Christ à Jérusalem. Nous pourrions ainsi multiplier
les exemples de ces emprunts et de leurs motifs allégoriques. Cependant des
plantes étranges furent aussi prises comme modèles pour illustrer des chapiteaux. Tout comme il existe dans l’iconographie médiévale des animaux
chimériques, on trouve des plantes chimériques, associant des végétaux
différents entre eux, voire même des être vivants du règne animal. Souvent
ces plantes ressemblent à des lianes ou à des serpents et servent de cadre
à des têtes animales ou humaines, le tout formant une sorte d’amalgame,
de profusion vivante étrange. Les chapiteaux historiés de l’église romane
de Chauvigny en fournissent des exemples bien connus, ou encore ceux de
la cathédrale de Verdun. Quelques chapiteaux sur des colonnes engagées
de cet édifice roman incorpore à leurs motifs végétaux des personnages
comme s’ils participaient au monde végétal. Soit ils émergent simplement,
soit ils avalent ou régurgitent des volutes, soit encore ils prennent des formes
animales monstrueuses, avec cette constance du lien oral.
Toutes ces ornementations ne visent qu’un but : montrer l’unité de
la création dans l’ordre divin, c’est-à-dire celui de la Genèse. Après que
le monde minéral eut été formé, symbolisé par la pierre des colonnes,
furent créés les arbres et les plantes et les fleurs. Les eaux primordiales
sont constituées par le sol de l’édifice ou la base de la colonne qui est alors
baguée, c’est-à-dire distincte du sol. En s’élevant on suit la progression de
la Genèse et on voit apparaître les feuillages. Le cadre de l’Éden est prêt
et déjà le monde végétal se voit contenir des animaux, et même quelques
serpents, préfigurant celui qui tentera Ève. C’est dans ce grand schéma que
l’on trouvera ainsi sur quelques chapiteaux Adam et Ève.
Au-dessus de ce monde en création se tient le monde céleste. Ce monde
ancien en création n’est donc pas parfait. Il possède des aspects positifs
et négatifs qui seront rappelés parfois en d’autres chapiteaux par des
psychomachies, des luttes entre le bien et le mal. Cette lutte sera montrée
aux tympans romans, avec la victoire du Christ. Toute cette doctrine est
visible au tympan roman de Neuilly-en-Donjon. On y voit Adam et Ève
entre deux arbres et le serpent. Juste à côté on voit le Christ à table avec
les douze apôtres à Béthanie, où se tenait Lazare que Jésus avait ressuscité. Marthe, nous dit Jean, servait le repas298. C’est à l’occasion de ce
repas que Marie-Madeleine oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses
cheveux. « Marie prit une livre d’un parfum de nard véritable, oignit les
pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux, et la maison fut remplie de
298. Jean 12, 1-2.
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Les grands thèmes
l’odeur du parfum. »299 Il est à noter que la femme simplement désignée
par Marie chez Jean ne l’est chez Luc que par pécheresse.300 Au-dessus de
ces deux scènes du linteau les monstres vaincus tandis que des anges louent
Dieu avec leurs trompettes. Le résumé est saisissant.
Tympan de l’église de Neuilly-en-Donjon
La frise de l’avant nef de Cluny III était également ornée de motifs variés,
dont des entrelacs et des végétaux. À la cathédrale Saint-Bénigne, à Dijon,
c’est un chapiteau de la crypte qui propose un personnage si intriqué avec
des palmes qu’il est une représentation de l’homme arbre, l’homme feuillu,
variété de l’homme sauvage. Un des chapiteaux du portail de l’église du
prieuré de Ganagobie, en Provence, fait également surgir de motifs végétaux deux visages grimaçants. Ce thème est trop fréquent pour n’y voir
que des fantaisies d’artistes, argument trop souvent employé pour masquer
notre ignorance de la symbolique chrétienne médiévale et sans doute pour
nous permettre d’ignorer l’influence d’antiques traditions dont celle de
l’homme sauvage. Pour les Celtes, le jour correspondant à celui christianisé de la Saint-Martin, était celui de l’entrée dans le grand sommeil de
l’ours, une des allégories tutélaire de l’homme primitif, sauvage, vivant en
299. Jean 12,3.
300. Sur l’identité et la confusion des Marie-Madeleine, voir EDMS.
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Symboles étranges des cathédrales
harmonie avec la nature, mais bien peu socialisé. Cette figure était celle de
l’homme brut, qui conservait encore en lui la connaissance des mystères
de la nature mais n’ayant pas dominé son état. Au début de l’année, dès
que les jours basculaient vers plus de lumière, l’homme sauvage réapparaissait sous la forme de rameaux et de plantes décoratives aux feuilles non
caduques, c’est-à-dire au feuillage toujours vert, tel le houx, le gui et les résineux. De ces anciennes pratiques naquirent les traditions des couronnes
de Noël suspendues aux portes des maisons, les embrassades sous le houx
et encore la coutume du Gui-l’An-Neuf. La bûche de Noël faisait partie
de ces rites, bûche qui mise au feu devait durer jusqu’au lendemain pour
assurer la prospérité et le bonheur de la maison. Au plus profond de la nuit
était donc célébrée l’Espérance et l’attente des beaux jours. À ces rites, il
faut ajouter les cultes qui étaient rendus aux arbres. Les Celtes ne croyaient
pas que ces arbres étaient des divinités, mais ils les considéraient comme
des manifestations des divinités de la nature. Ces cultes aux arbres perdurèrent jusqu’à l’époque carolingienne et l’on connaît le combat féroce
contre les saxons mené par Charlemagne, jusqu’à la destruction de l’arbre
sacré de ces derniers, Irminsul,301 arbre qui était en fait un grand tronc
totémique selon la description qu’en fit le moine Rodolphe de Fulda dans
son hagiographie Translatio sancti Alexandri302 . Irminsul qui possède un
équivalent dans la mythologie scandinave : Yggdrasill, représentait l’ordre
supérieur des choses par l’union du ciel et de la terre, conception quasi
universelle. Le masque feuillu est une des anciennes formes des images de
ces cultes celtiques et fut souvent reproduit dans les cathédrales et édifices
religieux. Il incarnait en quelque sorte l’esprit des feuilles303. Ces cultes aux
arbres et aux hommes feuillus furent vigoureusement combattus par les
premiers chrétiens en Occident, avec plus ou moins de succès. Les hagiographies consacrées à saint Martin nous racontent que l’Apôtre des Gaules
fit couper un pin sacré vénéré par les hommes de son temps. L’épisode servit
de thème à l’iconographie chrétienne et c’est ainsi qu’un des chapiteaux
de Vézelay nous montre Martin faisant couper cet arbre, mais souvent les
imagiers lui substituèrent un palmier. Une scène analogue, plus ancienne,
est visible à l’église Saint-Martin de Vomécourt-sur-Madon. Un masque
feuillu se trouve à la cathédrale de Strasbourg et Zehnacker s’y attarde304.
Par quels motifs ces allégories antérieures à la christianisation des Gaules
se retrouvèrent-ils dans nos églises et cathédrales ? Sans aucun doute en
raison des interprétations différentes qui pouvaient être proposées, conci301. L’abattage eut lieu en 772.
302. Translatio Sancti Alexandri, Hildesheim, Gerstenberg, 1979.
303. Zehnacker Michel, La Cathédrale de Strasbourg, Éditions Alsatica, 1997, p. 66.
304. Ibid., p. 65-67.
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Les grands thèmes
liant l’iconographie chrétienne et celle païenne, malgré leurs apparentes
contradictions. L’Église tout d’abord qui usait de deux doctrines opposées, relatives aux cultes anciens. Pour les « purs et durs », tout ce qui
pouvait montrer, sauf en les diabolisant, les images des anciens cultes,
devait être combattu. C’est la position de saint Martin qui fait abattre
le pin sacré. Pour d’autres, plus libéraux, comme saint Augustin, il fallait
accepter ces formes anciennes en les revêtant de symboles chrétiens, quitte
à en faire des préfigurations du christianisme. Cette transformation des
cultes anciens se fit bien dans l’esprit de Saint Augustin qui préconisait
que là où l’on honorait et priait des déesses ou des dieux antiques, il suffisait d’y substituer les nouveaux, sans avoir besoin de détruire et les édifices
de culte et les représentations des divinités. Toutes celles-ci n’étaient que
la préfiguration des nouvelles.
Les deux écoles vécurent leurs vies parallèles et, selon les clercs et ecclésiastiques commanditaires des images à peindre ou sculpter, telle ou telle
image était regardée soit comme de nature positive ou négative. Ce débat
quant aux interprétations des images n’était pas simple à comprendre.
Pour en donner une idée, j’évoquerai la symbolique des feuilles. Pour les
uns, les feuilles étaient le symbole du péché, puisqu’Adam et Ève couvrirent leur nudité de feuilles. Pour d’autres au contraire, elles avaient été
usées par Adam et Ève en les prélevant sur les arbres de l’Éden, qui ne
pouvaient être que divins. Le péché était humain et la feuille ignorait le
péché. Enfin on pouvait aussi dire qu’en cachant le péché, les feuilles se
faisaient l’auxiliaire du mal... Débats byzantins et amusements de clercs,
dirons-nous. C’est de cette façon que les masques feuillus regardés tour
à tour comme image du mal et vus comme des allégories de la création
et de l’unité du monde. La vigne dont s’enivra Noé était maléfique mais
elle était aussi l’emblème du sang du Christ, et donc l’image du sacrifice
et de la rédemption. Le sens profond de ces images ne peut être compris
en fait que si l’on s’en tient au contexte dans lequel elles se tiennent. C’est
bien dans l’entourage, c’est-à-dire dans l’esprit du lieu, qu’il faut regarder
et comprendre ces symboles et non dans leur caractère premier qui n’est
qu’une image et non une allégorie. La baleine sans Jonas n’est plus l’allégorie du monde souterrain.
Les peuples étranges et monstrueux du tympan intérieur de Vézelay
et ailleurs. Le tympan central du narthex a fait l’objet de nombreuses
interprétations. La scène décrit la Pentecôte comme Émile Mâle l’a bien
montré. À vrai dire la Pentecôte chrétienne est une fête religieuse instituée
au ive siècle, célébrant la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres et le
tympan ne nous montre pas cette fête, mais l’événement qui donna lieu
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Symboles étranges des cathédrales
à la fête. Cette onction spirituelle collective est rapportée dans les Actes
des Apôtres. Elle eut lieu le jour de la Pentecôte juive, fi xé cinquante
jours après la Pâque juive. « Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se
trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du
ciel un bruit tel que celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la
maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu’on eût dites
de feu ; elles se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous
furent alors remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à parler en d’autres
langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le
ciel. Au bruit qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue :
chacun les entendait parler en son propre idiome. Ils étaient stupéfaits,
et, tout étonnés, ils disaient : ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous
Galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans
son propre idiome maternel ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de
Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d’Asie, de Phrygie
et de Pamphylie, d’Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de
Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes,
nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu ! »305
Pour les chrétiens, la Pentecôte marque le début de leur mission apostolique. Ayant reçu du Saint Esprit, et donc du Christ, les dons de prophétiser et parler toutes les langues, ils partiront donc dans toutes le contrées
de la terre pour y apporter la bonne nouvelle.
Vézelay : le
Christ tympan
du narthex
305. Actes des Apôtres 2, 1-11, Éditions du Cerf, 1997.
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Les grands thèmes
Des mains du Christ partent des traits fins, figurant les rayons de l’Esprit Saint. On sait que ces rayons étaient parfois peints en rouge, couleur
impériale et religieuse, évoquant la pourpre et le sang. Ce motif des mains
dont partent des rayons était déjà employé par les Égyptiens, lorsqu’ils représentaient Aton, le dieu unique dont le culte fut institué par Akhenaton, et
un procédé assez analogue était déjà peint avant le culte d’Aton, en plaçant
dans les mains des dieux et déesses des symboles de vie. On sait également
que le pouvoir de guérison et de miracle fut accordé aux apôtres par l’imposition des mains. La main de tous les temps est bien l’instrument tout
puissant, tout comme le verbe. De part et d’autre du Christ se tiennent les
apôtres qui portent tous un livre, les Évangiles, et sont déjà tournés vers
les quatre directions de la terre. Insérés entre le zodiaque externe, en périphérie de la scène on peut voir des petits groupes sculptés assez étranges à
première vue, mais qui se révèlent être pour quelques-uns la figuration des
pouvoirs thaumaturgiques reçus par les apôtres.
Tympan du narthex de Vézelay. Détail
Ces dons leur avaient été conférés auparavant comme Jean nous le
rapporte : « Je vous ai dit ces choses tandis que je demeurais auprès de
vous. Mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
c’est lui qui vous enseignera et qui vous remettra dans l’Esprit tout ce que
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Symboles étranges des cathédrales
je vous ai dit. »306 Plus loin, Jean rapporte encore des paroles du Christ
relatives à l’Esprit Saint alors qu’il apparaît aux disciples réunis après sa
résurrection : « Paix à vous, comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je
vous envoie. Et ce disant, il souffla sur eux et leur dit : recevez l’Esprit
Saint. »307
L’imposition des mains fut un des symboles les plus puissants des
dons reçus par les apôtres : « À leur arrivée, ceux-ci prièrent pour les
Samaritains afin qu’ils reçoivent le Saint-Esprit ; en effet, l’Esprit n’était
encore venu sur aucun d’entre eux : ils étaient seulement baptisés au nom
du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils
recevaient le Saint Esprit. »308 Et encore : « Alors Pierre et Jean se mirent
à leur imposer les mains, et ils recevaient l’Esprit Saint. Mais quand Simon
vit que l’Esprit Saint était donné par l’imposition des mains des apôtres, il
leur offrit de l’argent. »309 On peut donc penser que si les mains du Christ
de Vézelay sont si grandes, c’est à dessein, celui de montrer aux apôtres et
au chrétiens que l’Esprit Saint sera communiqué par les mains. C’est pour
ce motif que l’Esprit Saint n’y est pas montré comme traditionnellement
partant d’une colombe ou d’une image trinitaire. La main est en outre un
ancien symbole paléochrétien de Dieu. Usant de leurs pouvoirs les disciples
vont pouvoir aller enseigner les nations et guérir les malades. Ces malades
étonnés de leurs guérisons sont les personnages qui entourent la scène. On
y voit un pinaud, le tireur d’épine, contemplant comme surpris, son pied.
Ce pinaud n’est pas un « vrai » malade. Son épine symbolise ses péchés qui
l’empêchent de marcher vers Dieu. Ceux qui regardent tout aussi surpris
leur jambes dénudées sont des boiteux ou des paralytiques qui viennent de
retrouver l’usage de leurs jambes. Paralysés de l’esprit, ils retrouvent leurs
facultés, les sourds aux paroles du christ maintenant entendent, et ceux
qui avaient les yeux remplis des erreurs du monde retrouvent la vue. Les
lépreux de Vézelay nous rappellent ce symbolisme. Dans ce même bandeau
semi circulaire d’autres personnages symbolisent les nations que visiteront
les apôtres. Parmi ces peuples, les artistes figurèrent deux hommes à tête
de chien. Émile Mâle nous en donne l’origine, ils représentent les peuples
de l’Inde que saint Thomas ira évangéliser. Ces hommes à tête de chien
sont dits cynocéphales. Certes ils peuvent représenter l’Inde, mais alors
pourquoi ne figurent-ils pas sur le linteau avec les autres peuples étranges ?
L’explication est à rechercher dans le symbolisme et non dans les origines
306. Jean 14, 25-26.
307. Jean 20, 21-22.
308. Actes des Apôtres 5, 8-17.
309. Actes des Apôtres 8, 18.
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Les grands thèmes
artistiques. Le chien, et d’une façon générale les canidés, ont souvent été
perçus comme des animaux psychopompes, c’est-à-dire conducteur des
esprits ou des âmes. Tel est bien le rôle d’Anubis le dieu à tête de chien
des Égyptiens. La légende des cynocéphales est rapportée par d’Isidore de
Séville, et fut reprise par Honorius d’Autun. Mais le sévillan n’avait fait que
puiser chez Pline l’existence de ce peuple à tête de chien, lui-même ayant
découvert leur existence chez le médecin grec d’Artaxerxés. « Ctésias a
écrit que dans beaucoup de montagnes une race d’hommes à têtes de
chien s’habille avec des peaux de bête, aboie au lieu de parler, et, armée de
griffes, se nourrit du produit de sa chasse sur les quadrupèdes et les oiseaux
: il ajoute qu’il y en avait plus de 120 000 en moment où il écrivait. »310
Ctésias voulait-il impressionner ses lecteurs grecs ? Il semble probable qu’il
ne fit que rapporter, en la présentant pour argent comptant, une tradition
mythologique relative aux chiens, doublée de faits plus prosaïques. On sait
qu’à Rome, des soldats de l’armée républicaine, les hastatii, se couvraient
parfois de peau de loup. Ces jeunes et émérites soldats devaient sans aucun
doute effrayer leurs adversaires et apparaître comme les messagers de la
mort. Que des tenues analogues aient été portées en « Inde », c’est-à-dire
en Perse, par de farouche guerriers, n’est pas improbable et contribua peutêtre à cette légende. Saint Christophe fut parfois qualifié de cynocéphale
et représenté comme tel en Orient. Or ce n’est pas dans l’origine prétendument orientale de saint Christophe qu’il faut rechercher cet attribut, mais
tout simplement dans son rôle de « passeur d’âme » à l’égal d’Anubis. Les
clercs n’ignoraient pas ces symboles, mais il y a fort à parier que ceux qui
exécutèrent le tympan n’étaient pas au fait de ces subtilités allégoriques.
Dans les Actes des Apôtres, on lit qu’après la descente de l’Esprit Saint,
Pierre fit un discours inquiétant à tous les présents, évoquant la prédiction du prophète Joël annonçant à demi mot l’Apocalypse, on comprend
que les deux cynocéphales annoncent à leur manière le Jugement Dernier :
« [...] et je produirai des prodiges dans le ciel en haut, – et des signes sur
la terre en bas, sang, feu, tourbillons de fumée. Le soleil sera changé en
ténèbres et la lune en sang – avant que ne vienne le jour du Seigneur, le
jour grand et glorieux. »311 L’Apocalypse est évoquée de manière manifeste dans ce tympan par les eaux, à droite du Christ, et par un feuillage
dense à gauche, semblant émaner du trône sur lequel le Christ se tient :
« Et il me montra un fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui
sortait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place de la ville et
sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant douze
310. Pline l’Ancien, L VII, C2.
311. Actes des Apôtres 2, 19-20.
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fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient
à la guérison des nations. »312
Mais c’est le linteau de ce tympan qui a retenu le plus l’attention des
historiens de l’art et des clercs. Ce linteau se compose de deux parties
distinctes séparées par saint Pierre et saint Paul. À gauche, pour l’observateur, une procession à caractère liturgique romain. La scène est inspirée des
représentations romaines du taurobole, sacrifice du taureau. Un flamine
tient la hache du sacrifice. On y a vu l’image des religions passées que les
apôtres devront combattre afin de convertir tous les hommes. Il s’y trouve
cependant bien plus, car cette image est encore une fois une allégorie. Le
taureau fut regardé comme un emblème du Christ. Victime innocente des
sacrifices anciens et donc image de son propre sacrifice pour le rachat du
genre humain, le taureau était tué soit lors de la cérémonie du suovetaurile,
lors de laquelle on sacrifiait en outre un porc et un mouton, soit lors du
taurobole dans le culte de Mithra. Le prêtre égorgeait le taureau au-dessus
d’une fosse recouverte d’un plancher percé de très nombreux trous, l’officiant, dans la fosse, était au sens propre baigné de sang.
Linteau du tympan de Vézelay. Détail partie gauche pour l’observateur
Cette évocation sur un linteau marque bien évidemment le passage des
portes. Le passage entre des portes, des colonnes, des stèles est une antique
tradition. Elle est très souvent imposée aux profanes. Elle possède une
origine sacrificielle dont on retrouve les traces en Assyrie antique. À l’origine, il s’agit encore d’un meurtre rituel. On sacrifiait un taureau représentant l’homme-dieu lui-même. Le taureau était ensuite coupé en deux
312. Apocalypse. 22,1.
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Les grands thèmes
moitiés égales et le profane devait passer entre les deux moitiés, indiquant
par là qu’il avait su se trancher lui-même, reconnaître ses deux entités
opposées et choisir la voie du juste milieu.
En choisissant cette scène à la partie gauche du linteau, les clercs ne
recherchaient donc pas à montrer seulement un culte ancien et révolu,
premier degré de la lecture, mais exprimaient la gloire du Christ par sa
passion. À droite du taureau, dans la scène, Pierre et Paul s’apprêtent
symboliquement à recevoir l’onction part le sang du Christ. C’est pour
ce motif qu’ils ne sont pas montrés aux côtés du Christ avec les autres
apôtres, mais sous le Christ, comme les officiants du taurobole. La mission
qui leur est dévolue est apparemment celle d’aller enseigner, comme les
autres apôtres, aux nations qui selon les interprétations les plus courantes
sont montrées à la partie droite du linteau.
↑ Linteau du tympan de Vézelay. Détail partie droite
↓ Linteau du tympan de Vézelay. Détail partie droite
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Symboles étranges des cathédrales
On peut y remarquer des personnages plus étranges encore. L’origine
de ces personnages se retrouve dans un livre d’Isidore de Séville, les Étymologies, lui-même à nouveau repris de Pline dans son livre VII, au chapitre
II. Il nous y parle de toutes sortes d’hommes curieux, à vrai dire des sortes
de fantaisies que la nature se serait plu à créer en des contrées lointaines.
Pline ne déclare pas les avoirs vues, mais rapporte ce qu’il en a lu. Parmi
ces étranges créatures, il mentionne les androgynes, moitié mâles, moitié
femelles, des « hommes sauvages, dont les pieds sont tournés en sens
contraire des nôtres... les Arimaspes, qui, avons-nous dit, n’ont qu’un oeil
au milieu du front. Ils sont continuellement en guerre autour des mines
avec les griffons, espèce d’animaux ailés, tels que la tradition les figure
d’ordinaire... les Ophiogènes, habitués à guérir par des attouchements les
morsures des serpents, et à extraire du corps les venins par l’imposition des
main... et encore plus loin... beaucoup d’hommes (cela est certain) ont plus
de cinq coudées... » Il parle aussi d’hommes appelés « Monocoles qui
n’ont qu’une jambe et qui sautent avec une agilité extrême ; il dit qu’on les
nomme aussi Sciapodes, parce que dans les grandes chaleurs, couchés par
terre sur le dos, ils se détendent du soleil par l’ombre de leur pied ». Pline
mentionne encore les pygmées, des cyclopes, et termine son petit exposé
par une phrase éloquente sur son scepticisme : « Maintenant passons à
quelques observations non contestées qu’on a faites sur l’homme. » On
retrouve à Vézelay quelques représentant de ces peuples curieux, comme les
pygmées, les géants, et d’autres tirés d’Isidore de Séville dont les panotii,
mentionnés par Pline, hommes aux grandes oreilles313. Pour les commentateurs, ces peuples étranges sont présentés pour indiquer que l’Esprit
Saint descendra sur tous les peuples. Cette idée ne peut être acceptée à
mon sens pour de multiples raisons. Nous devons tout d’abord garder à
l’esprit que les représentations qui nous sont données à voir ici ne sont
pas descriptives, mais allégoriques, et que ces allégories participent d’un
discours religieux et sacré. Ensuite les clercs suivaient les textes religieux
et à tout le moins se souvenaient que Dieu dans la Genèse fit l’homme à
son image et qu’il ne pouvait être question que l’image de Dieu fut celle
d’un quelconque sciapode ou panoti, peuples soigneusement évités ici. Ce
ne sont pas des peuples qui nous présentés ici mais des allégories, parfaitement en accord avec les personnages du bandeau qui ceint le tympan. Les
panotii illustrent une des paroles les plus courantes du Christ : « Que ceux
qui ont des oreilles entendent », les pygmées qui sont obligés de monter
à l’échelle sur leurs montures évoquent les difficultés à chevaucher vers le
313. Isidore de Séville, Ethymologies, L XII, C IV et Pline l’Ancien L VII C.II : « d’autres se couvrent tout entiers avec
leurs oreilles »
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Les grands thèmes
bien, les géants qui se plient sont à l’image des ambitieux et puissants, car
« il est plus facile à un chameau de passer par la porte de l’aiguille qu’à un
riche d’entre dans le royaume de Dieu ».
On ne saurait achever cette visite du tympan sans remarquer le
zodiaque et surtout les trois médaillons, juste au-dessus du Christ, représentant un chien, un acrobate et enfin une sirène, sujets pour le moins
inattendus pour surmonter le Christ dans sa mandorle... Ces trois figurent font la roue qui n’est rien d’autre que la roue du temps. L’acrobate,
figure courante de l’art religieux, y est positionné au centre de l’ensemble
des médaillons qu’il sépare donc en deux parties exactes. La partition du
zodiaque n’est pas la partition traditionnelle, celle des solstices, mais celle
de l’année débutant et finissant à la fin de décembre. Le Christ se tient
donc aux plus beaux jours de l’année, celle des moissons, la moisson des
âmes. L’acrobate cherche à établir entre les deux partitions un lien difficile
et nous rappelle le symbolisme des portes et de la voie du juste milieu. Le
chien qui le précède est le psychopompe, tandis que la sirène qui le suit
est l’image de la double nature, aqueuse et vivante, à l’image des flots et
des feuillages jaillissant du trône. Ces trois médaillons expriment pour les
alchimistes la mort de la matière première, la purification par l’arsenic,
suivie de la recomposition imagée par la double nature de la sirène.
Au trumeau, saint Jean-Baptiste illustre encore la partition apparente
des temps. Il annonce le Christ au profit duquel il s’effacera, mais cette
partition ici est celle des solstices. La représentation des temps est donc
complète, et le lien entre ces temps est le Christ, le rassembleur qui de ses
deux mains ouvertes envoie les langues de feu de l’Esprit Saint et rassemble
tous les hommes pour la grande moisson des âmes.
C’est un tout autre parti qui conduisit à l’ornementation de la colonne
de l’abbatiale de Souvigny. On y trouve les figures des peuples étranges
décrits par Pline et qui ont été volontairement omises à Vézelay : le satyre314,
le sciapode et l’hippopode315, toutes figures qu’Isidore de Séville évoquera.
Le sciapode comme l’hippopode et le satyre ne sont que des créations
mythologiques nées de faits réels mais dont la transcription s’est tellement
altérée dans le temps qu’elles prirent des attributs mythiques. Le sciapode
en constitue un bon exemple et Pline lui-même nous en donne, involontairement sans doute, l’origine, car il décrit dans le même chapitre évoquant
314. Il y a des satyres dans les montagnes indiennes situées au levant équinoxial : le pays est dit des Catharcludes. Ces
satyres sont très rapides ; ils courent tant à quatre pattes que sur leurs deux pieds : ils ont la face humaine, et leur agilité
fait qu’on ne les prend que vieux ou malades, Pline l’Ancien, op.cit.
315. L’hippopode possède en guise de pieds, des sabots de cheval. Cf. Isidore de Séville. L XI, CIII.
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Symboles étranges des cathédrales
les contrées d’Éthiopie et de l’Inde les gymnosophistes : Leurs philosophes,
qu’on appelle gymnosophistes, gardent depuis le matin jusqu’au soir les yeux
fixés sur le soleil, et se tiennent sur un seul pied pendant toute la journée dans
des sables brûlants. C’est probablement la rencontre de quelque voyageur
avec ces ascètes hindous qui donna lieu à cette image modifiée. Onésicrite,
un auteur grec qui accompagna Alexandre le Grand les mentionna. De
nos jours encore des gymnosophistes se livrent à un ascétisme particulier,
les uns décidant par exemple de vivre avec un bras levé en permanence,
d’autres en restant accroupis à jamais. La rencontre avec ces ascètes donna
lieu à des récits vite enjolivés et revêtus de caractères fantastiques.
Les moines clunisiens de Souvigny, en faisant voir ces hommes si
étranges sur une colonne montraient en outre bien d’autres créatures
comme la sirène, le mantichore, cité par le grec Ctésias, un cynocéphale,
une licorne, le griffon et enfin les animaux bien réels de l’Inde, comme
le lion, l’éléphant et l’aigle. Les deux autres faces du pilier portent un
zodiaque associé aux travaux des mois, hélas le pilier est brisé et il nous
manque donc bien des créatures. Tout ce bestiaire associé au calendrier
ne visait qu’à susciter chez les moines des recherches allégoriques par
lesquelles ils fortifiaient leur esprit et devaient découvrir les mystères
de la création à partir d’emblèmes repris aux anciens. La licorne est une
image de la Vierge, le griffon une image des défenseurs de la Foi car Pline
écrivit : « Les griffons, espèce d’animaux ailés, tels que la tradition les
figure d’ordinaire : les griffons extraient l’or des cavités souterraines, et le
défendent avec autant d’ardeur que les Arimaspes cherchent à le ravir. »
Le cynocéphale est aussi une image de saint Christophe et de saint Michel.
On peut de la sorte retrouver pour chacune de ces curieuses images les allégories chrétiennes. À Souvigny, la colonne de l’abbatiale n’était soumise
qu’à la contemplation des seuls moines, et l’emploi des allégories les plus
audacieuses pouvait se concevoir. Ces images n’étaient pas destinées aux
paysans, aux bourgeois, aux commerçants, aux artisans ni aux seigneurs et
ne pouvaient donc qu’être mal comprises du peuple. À Vézelay, église de
pèlerinage, les sciapodes, hippopodes et autres mantichores furent donc
écartés.
Un animal réel et mythique : la salamandre
On prêtait à la salamandre, ce petit amphibien noir aux belles taches
jaunes, le pouvoir de résister au feu. Le responsable de cette idée qui
perdura jusqu’à la fin de la Renaissance est Aristote qui disait d’elle qu’elle
avait le pouvoir d’éteindre le feu. Sans doute ne faisait-il que reprendre des
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Les grands thèmes
traditions plus anciennes fondées sur la caractère humide de la peau de
ce petit animal. Pline l’Ancien dans son livre X d’Histoire naturelle se fit
l’écho de ces croyances et déclarait que l’animal était si froid qu’il pouvait
vivre dans le feu316, mais ne semblait pas accorder de crédit à cette légende
car, écrivait-il au livre XII de son Histoire naturelle, si tel avait été le cas,
les hommes l’auraient utilisée pour combattre les incendies. Pour autant
Pline rapporta dans ce même livre qu’un animal, le pyralis, vivait dans les
forges de l’île de Chypre. Il décrivait cet animal comme possédant quatre
pattes et des ailes, reprenant les mythiques dragons ailés : « Quelques
animaux naissent même de l’élément destructeur de la nature : dans
les fourneaux où à Chypre on fait le cuivre, et au milieu du feu, vole
un animal à quatre pattes, ailé, de la taille d’une grosse mouche ; on le
nomme pyralis, d’autres l’appellent pyrauste. Tant qu’il est dans le feu, il
vit ; quand son vol l’en éloigne un peu, il meurt. »317 C’est encore dans le
symbolisme des dragons qu’il faut rechercher cette légende, à moins que
des auteurs anciens et inconnus de nous, des aèdes grecs, aient décrits de
façon allégoriques les braises qui s’envolaient des forges. Les anciens Égyptiens avaient déjà fait de la salamandre l’hiéroglyphe de l’homme mort de
froid. C’est bien le fait que cet animal fut à sang froid et à peau humide
qui est à l’origine de croyances qui dérivèrent jusqu’à en faire un animal
capable de vivre dans le feu. Les chrétiens ne manquèrent pas d’en tirer des
allégories, et saint Augustin, dans la Cité de Dieu écrivit : « Que dirai-je
pour prouver aux incrédules que des corps humains vivants et animés
peuvent non seulement ne jamais mourir, mais encore subsister éternellement au milieu des flammes et des tourments ? Car ils ne veulent pas que
notre démonstration se fonde sur la toute-puissance de Dieu, mais sur des
exemples. Nous leur répondrons donc qu’il y a des animaux qui certainement sont corruptibles, puisqu’ils sont mortels, et qui ne laissent pas de
vivre au milieu du feu, et de plus, que dans des sources d’eau chaude où
on ne saurait porter la main sans se brûler. »318 Saint Augustin visait à
n’en pas douter la salamandre. Le Physiologus incorpore naturellement la
salamandre et Guillaume le Normand nous la décrit comme suit : « La
salamandre est une beste qui de la coue et de la teste et de cors ressemble
lézarde ; si n’a poor que nul feu l’arde ; de feu ne crie nule chalor. Moult
316. Pline l’Ancien, Histoire naturelle, livre X, ch. 86. « Plusieurs disent que de la moelle épinière d’un homme il
se forme un serpent. En effet, beaucoup d’êtres proviennent d’une origine occulte et mystérieuse, même parmi les
quadrupèdes: telle est la salamandre, animal de la forme d’un lézard, au corps étoilé, et qui ne paraît jamais que duos
les grandes pluies; et disparaît dans le beau temps. Il est tellement froid, qu’il éteint le feu par son contact, comme
ferait la glace. »
317. Ibid., livre XI, ch. 42.
318. Saint Augustin, La Cité de Dieu, livre XXI, ch. 2.
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Symboles étranges des cathédrales
est de diverse color. S’en un feu vient par aventure, il l’steindra, que c’est
dreiture ; ja ne sera si alumez que il ne s’est tost achassez. »319
Dans l’iconographie chrétienne, c’est le caractère incombustible qui
sera retenu comme emblème de l’incorruptibilité, de la Foi qui ne peut
être détruite et donc encore de la chasteté de la Vierge Marie, de sa pudeur
et de sa virginité. La salamandre est en quelque sorte le parèdre du buisson
ardent, qui sera également un des attributs iconographiques de la Vierge.
Malgré cette parenté d’image et la force symbolique de la salamandre,
elle ne sera que peu représentée dans les cathédrales. On peut en voir à
Notre-Dame de Paris dans un des médaillons consacrés aux Vices et aux
Vertus. La porte rouge de la même cathédrale était ornée de salamandres.
Le portail Nord de Senlis possède une belle salamandre, mais celle-ci ne
doit sa place qu’à une donation de François Ier, qui avait fait de la salamandre son emblème, en vue de reconstruire la cathédrale qui avait été
atteinte par la foudre. À l’intérieur de la cathédrale d’Amiens, le pilier
du transept Nord-Ouest est orné de trois statues féminines incarnant les
Vertus. On y voit la Force qui tient dans sa main droite une sorte de salamandre qu’elle semble vouloir étrangler, et dans sa main gauche une tour.
Cette « salamandre » est probablement une image d’un petit dragon,
car le symbolisme chrétien de cet animal est positif, et on imagine mal la
Force étranglant la Chasteté et l’incorruptibilité, à moins que le geste de
la Force soit ambigu. La cathédrale de Reims avec ses milliers de statue
possède un couple de salamandres. Bien qu’elles soient en nombre des plus
restreints dans les édifices religieux, la salamandre de Notre-Dame de Paris
constituant une rareté qui fut remarquée, les alchimistes ne pouvaient
en ignorer ces représentations inattendues. Si Fulcanelli320 ne manqua
pas l’occasion de nous en donner le sens hermétique, cela ne signifie en
aucun cas que cette salamandre parisienne eut pour les sculpteurs et leurs
commanditaires une connotation alchimique. Le discret et rare symbole
chrétien fut détourné à la Renaissance par les disciples d’Hermès pour en
faire l’image de la Pierre fi xée au rouge, expression assez générique pour y
mettre toutes sortes de concepts. Le plus grand nombre s’accorda pour y
voir le soufre incombustible, à l’instar du Phénix renaissant de ses cendres,
et Fulcanelli en fit le symbole de la calcination : « Une femme, au longs
cheveux mouvants comme des flammes, vient ensuite. Personnifiant la
Calcination, elle presse sur sa poitrine le disque de la Salamandre qui vit
dans le feu et se nourrit de feu. Ce lézard fabuleux ne désigne pas autre
chose que le sel central, incombustible et fi xe, qui garde sa nature jusque
319. Op. cit., Le Bestiaire divin de Guillaume clerc de Normandie (ch. XXXIII), p.280.
320. Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrale, J.-J. Pauvert, Paris,1965, p. 105.
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Les grands thèmes
dans les cendres des métaux calcinés, et que les Anciens ont nommés
Semence métallique. » Plus loin, cependant, l’auteur affirme que c’est là
du moins une image spagyrique et qu’il faut y voir l’eau ardente, « l’étincelle vitale communiquée par le Créateur à la matière inerte ». Ce faisant
Fulcanelli se rapprochait peut-être du symbole chrétien de la Foi.
Divertissements ?
Le peuple des modillons
Le Moyen Âge roman fut le plus gourmand des ces figures curieuses,
mais il ne les employa le plus souvent qu’en des endroits où les regards se
portaient le moins aisément. À ce titre, les modillons, ces petites saillies
supportant des corniches extérieures, reçurent toutes sortes de petits
personnages, les un peu soucieux de pudeurs et les autres issus d’un
bestiaire revisité par la fantaisie. Certains de ces modillons firent l’objet
de restaurations plus ou moins fidèles comme ceux de l’église, bâtie au
milieu du xiie siècle, de Saint-Nicolas-de-Maillezay, en Vendée, dont on
peut retrouver les thèmes originaux, assez proches, en d’autres églises aux
modillons non restaurés. Ce sont essentiellement les régions de Saintonge
et du Sud-Ouest qui furent les plus prodigues pour ces motifs décoratifs.
Le thème des dévorants y fut développé. On voit des gueules plus ou moins
monstrueuses engloutir des hommes et des femmes dont on n’aperçoit plus
que la tête, ou même seulement la chevelure. C’est tout un bestiaire qui
anime ces modillons. On y remarque les animaux des forêts et des champs,
les animaux domestiques, et d’autres des régions lointaines, le tout agrémenté de monstres variés incorporant bien évidement quelques sirènes et
autres figures tirées du Physiologus. Certains, fort heureusement ne font
que nous tirer la langue et les modillons de l’église de Saint-Chillais nous
font voir de belles langues bien moqueuses, tout comme l’église du prieuré
voisin, Saint-Gaultier321.
À côté de ces éléments prisés par le Moyen Âge se tiennent des personnages moins recommandables, impudiques et irrévérencieux à souhait.
La question se pose naturellement de savoir si ces images gaillardes, voire
scatologiques, furent exécutées selon la seule fantaisie des artistes ou si
l’Église y prit une part quelconque. La question n’est malheureusement
pas élucidée et nous ne pouvons ne nous en tenir qu’à des hypothèses, tout
en étudiant les circonstances qui les virent apparaître.
321. Indre, xiie siècle.
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Symboles étranges des cathédrales
Ceci pose également la question de l’apparition des chapiteaux ornés
romans. Les premiers édifices paléochrétiens furent souvent des anciens
bâtiments impériaux romains. Ce sont à Rome et ailleurs des basiliques
que Constantin attribua aux chrétiens, puis l’Empire céda même des
édifices prestigieux, comme le panthéon de Rome, ou en fit construire
spécialement pour servir de lieu de culte. La basilique Sainte-Sophie
de Constantinople en est un des exemples les plus extraordinaire. Si en
Italie et en Orient, les basiliques et églises furent directement inspirées
des constructions impériales, l’Extrême Occident utilisa quant à lui des
constructions plus ou moins ruinées, et procéda ensuite à des constructions
nouvelles, en s’inspirant pour les édifices les plus prestigieux de basiliques
chrétiennes italiennes ou de constructions profanes locales. C’est ainsi que
le baptistère d’Aix-la-Chapelle fut érigée en copie de la basilique San-Vitale
de Ravenne. Mais le plus grand nombre des édifices resta modeste, et
l’on se contenta de réemployer des colonnes antiques dont les chapiteaux
étaient ornées de motifs classiques, comme ceux à feuilles d’acanthe, sans
se soucier d’un quelconque symbolisme. Deux édifices provençaux illustrent la manière dont on réemploya des colonnes antiques. Le premier est
la chapelle Saint-Quenin à Vaison-la-Romaine. Tout comme sa grande
sœur de Vaison, la cathédrale Notre-Dame de Nazareth fut édifiée sur les
vestiges de l’ancienne cité romaine. La chapelle est aujourd’hui en dehors
de la ville actuelle, comme elle le fut lors de sa construction entreprise sur
un site funéraire au xiie siècle. Jean-Paul Clébert, dans son Guide de la
Provence mystérieuse en fait une chapelle dont tous les éléments sont du
xiie siècle, ce qui est manifestement erroné. Un examen attentif des décors
externes de l’abside montre des colonnes antiques qui ont été récupérées et
insérées dans les murs. Ceci est particulièrement visible pour les colonnes à
chapiteaux corinthiens sises entre l’abside et les flancs latéraux. Les chapiteaux ont été retaillés dans leur partie haute afin d’y présenter des motifs
chrétiens, tandis que la base corinthienne reste de ce fait en saillie, preuve
évidente d’un réemploi d’antique avec modifications partielles.
Chapiteaux externes de la
chapelle Saint-Quentin
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Les grands thèmes
La chose n’est pas inattendue sur un site tel que Vaison-la-Romaine,
d’autant plus que la cathédrale actuelle, remontant au xie siècle pour l’abside avec des reprises et modifications au xiie pour la nef, fait suite à une
basilique paléochrétienne plus ancienne Un sondage fut réalisé en 19491950 sous l’abside et sous le parvis, puis des fouilles permirent de recouvrer
les fondations de la basilique paléochrétienne, mais plus encore ces fouilles
montrèrent que des éléments d’un monument antique à colonnes furent
utilisés pour asseoir le soubassement du xie siècle. Enfin, les fouilles dégagèrent à l’intérieur même de la cathédrale actuelle une colonne bilobée,
identique à celles des blocs de fondations. Les colonnes de marbre de l’abside quant à elles sont également des colonnes antiques. Ceci montre bien,
s’il en était encore besoin, que non seulement des éléments antiques furent
réemployés, mais que le plus souvent ces éléments étaient issus d’un édifice
cultuel antérieur situé à l’endroit même de la construction chrétienne,
en l’occurrence pour Notre-Dame de Nazareth une grande construction
romaine de type basilicale et remontant au ier et iie siècle de notre ère. Le
siège d’apparat de l’évêque, de cette cathédrale, qui était déjà présent dans
la basilique paléochrétienne précédente, est quand à lui visiblement un
siège d’apparat romain, repris dans les vestiges du théâtre antique.
Si les colonnes de la chapelle de Saint-Quenin sont celles d’un grand
monument disparu, tout comme celles de la cathédrale Notre-Dame de
Nazareth, on rencontre souvent dans cette Provence romane de tels réemplois d’opportunité mais limités à des colonnes plus modestes, comme
celles qui formaient le péristyle des grandes villas ou petits édifices votifs,
et ces colonnes ne furent pas retravaillées. Le magnifique baptistère de
Venasque322 en propose un résumé saisissant. Édifié au vie siècle sur un
monument antique, il est établi sur un plan en croix grecque à quatre absides
avec en son centre, mais légèrement désaxé, une cuve baptismale. À l’origine, le centre du baptistère était couvert d’une charpente qui fut remplacée
au xiiie siècle par une voûte d’arête. Chacune des absides s’ouvre par un arc
soutenu par deux colonnes monolithiques, le cul de four de chaque abside
étant supporté par cinq arcatures assises sur de petites colonnes. Les petites
colonnes antiques qui ornent l’intérieur de la construction ont été insérées sans grand souci d’homogénéité, certaines colonnes ayant été installées la tête en bas et d’autres seraient d’une facture contemporaine de la
construction. Quelques colonnes de réemploi ne sont pas d’égale grandeur
322. Venasque est un village du Vaucluse et qui occupait jadis le centre du Comtat Venaissin. Lors de la conquête au ve
siècle de la Provence par les Francs qui en évincèrent les Goths, les évêques de Carpentras se réfugièrent sur le rocher
qui domine les vallées de la Nesque et du Rieu et y fondèrent un évêché. Le site auparavant était un ancien castrum
romain. Le baptistère fut édifié par l’évêque Siffrein.
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Symboles étranges des cathédrales
et pour les unes il fut nécessaire de les surélever par des tambours. Les seules
colonnes travaillées sont les colonnes mérovingiennes alors qu’un chapiteau de style corinthien est de réemploi. Outre l’intérêt symbolique323 de
ce baptistère, sa date de construction constitue une photographie des réemplois d’antiques et de l’usage décoratif de colonnes et de chapiteaux, alors
des plus modeste. Il est à noter que le baptistère de Venasque fut érigé sur
un ancien petit temple romain, et qu’on usait déjà en ce lieu d’eau lustrale.
Baptistère de Venasque
À Pernes-les-Fontaines une église collégiale romane également sous
le patronage de Notre-Dame de Nazareth et remontant au xie siècle
témoigne de ces récupérations antiques dans leur construction. Le portail
de la façade méridionale est constitué, dit-on, d’un décor à l’antique, mais
une étude détaillée montre que l’entrée a été bâtie avec le réemploi quasi
intégral d’un portique ancien : colonnes cannelées et baguées, chapiteaux
corinthiens forts usés, entablement. Là encore le réemploi n’a pas été suivi
de reprises d’ornementations.
Ces quelques exemples montrent que les chapiteaux ornés sont apparus
assez tardivement et qu’ils se sont inspirés des antiques, soit en retravaillant
les décors d’antiques et que peu à peu les motifs romans se substituèrent
aux motifs antiques. Les entrelacs, puis les petites scènes romanes aboutissant au genre historié sont donc une invention romane qui développa
323. Les symboles de ce baptistère sont ceux des nombres. Les quatre absides sont les quatre points cardinaux, les
quatre évangélistes. La cuve baptismale de forme octogonale évoque la résurrection du Christ car on considérait que
si le monde avait été fait en sept jours, le jour de la résurrection était le huitième et dernier jour de l’œuvre divine. Les
cinq arches de chaque abside représentent les cinq sens, etc.
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Les grands thèmes
ensuite toute une imagerie romane propre, où le symbolisme l’emporta sur
la simple ornementation.
Les décors religieux furent d’abord peints, en s’inspirant des images des
manuscrits, ou des bas-reliefs ornant les sarcophages, eux même inspirés
des bas-reliefs romains, auxquels on ajouta des symboles chrétiens, comme
l’agneau, le chrisme, etc.
Vers les ixe-xe siècles, les premières constructions de style dit roman
apparurent. Les colonnes étaient d’abord modestes, de plan carré et
recevant directement les arrêtes des voûtes sur un petit entablement.
Progressivement on en vint à remplacer ces entablements par des chapiteaux à base carrée et élévation en trapèze, puis à décorer les faces visibles
des chapiteaux. Les premiers décors n’étaient en rien religieux, sinon qu’il
fallait rendre la maison de Dieu plus agréable. Les artistes disposèrent alors
d’une très grande liberté mais s’en tinrent à des décors repris à la nature,
ou inspirés de motifs tirés de petits objets, tels les reliquaires, les ivoires, et
la bijouterie profane fortement empreinte de l’art celte. C’est ainsi que l’on
sculpta des entrelacs, des motifs ondoyants, des cercles concentriques, agrémentés quelquefois d’animaux repris aux anciens, à travers le Physiologus.
Les bâtisseurs par la suite conçurent des édifices où ces chapiteaux, quitte
à être ornés, pourraient représenter quelques scènes religieuses. C’est ainsi
que cohabitèrent vers le xie et jusqu’au début du xiie siècle deux principaux types de chapiteaux ornés : les chapiteaux « profanes » et les chapiteaux historiés, religieux, quelques-uns de ces chapiteaux mêlant les deux
genres à la fois. Les scènes religieuses étaient des œuvres de commandite, et
donc sans grande latitude de liberté aux artistes qui ne disposaient comme
marge de manœuvre que celle du style, et encore, les clercs indiquaient
probablement le sens attendu, et donc les expressions nécessaires quant à la
compréhension de ce sens : visages graves ou gais, rictus, sourires, détachement. Le dernier domaine de liberté fut celui des chapiteaux « profanes »
ou encore des modillons. Mais il faut bien se poser la question de la réalité
de cette liberté. Pouvait-on concevoir que des fantaisies païennes ornassent les églises, les cloîtres et autres édifices ? Et si oui, quels motifs autorisa-t-on, et à quelles fins ? La question faillit bien se poser de manière
aussi brutale que celle de la querelle dite des images qui déchirait l’Empire
byzantin. Avait-on besoin d’images pour prier ou glorifier Dieu ? Saint
Bernard de Clairvaux324, le grand moine cistercien, dans son Apologie à
Guillaume de Saint-Thierry ne prend pas de gants avec ces œuvres lapidaires prisées des clunisiens, mais limite sa critique aux sujets profanes
324. 1090-1153.
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Symboles étranges des cathédrales
dont ceux des bestiaires : « Sans parler de l’immense élévation de vos
oratoires, de leur longueur démesurée, de leur largeur excessive, de leur
somptueuse décoration et de leurs curieuses peintures, dont l’effet est de
détourner sur elles l’attention des fidèles et de diminuer le recueillement...
On expose la statue d’un saint ou d’une sainte et on la croit d’autant plus
sainte qu’elle est plus chargée de couleurs... Mais que signifient dans vos
cloîtres, là où les religieux font leurs lectures, ces monstres ridicules, ces
horribles beautés et ces belles horreurs ? À quoi bon, dans ces endroits, ces
singes immondes, ces lions féroces, ces centaures chimériques, ces monstres
demi hommes, ces tigres bariolés, ces soldats qui combattent et ces chasseurs qui donnent du cor ? Ici on y voit une seule tête pour plusieurs corps
ou un seul corps pour plusieurs têtes : là c’est un quadrupède ayant une
queue de serpent et plus loin c’est un poisson avec une tête de quadrupède.
Tantôt on voit un monstre qui est cheval par devant et chèvre par derrière,
ou qui a la tête d’un animal à cornes et le derrière d’un cheval. Enfin le
nombre de ces représentations est si grand et la diversité si charmante et
si variée qu’on préfère regarder ces marbres que lire dans des manuscrits,
et passer le jour à les admirer qu’à méditer la loi de Dieu. Grand Dieu ! Si
on n’a pas de honte de pareilles frivolités, on devrait au moins regretter ce
qu’elles coûtent. »325 La virulente critique du cistercien ne s’adresse pas
aux sculpteurs, mais à leurs commanditaires, et il nous fait remarquer au
passage que ces sculptures ne sont pas gratuites. En outre, il omet, grâce
au ciel, les œuvres pornographiques ou scatologiques. Il est évident que
les sculpteurs n’en rajoutèrent pas, car pour eux ces décorations n’étaient
que de l’ouvrage à faire et à se faire payer. De par eux même, compte tenu
des efforts à produire, ils se seraient abstenus de toutes décorations. Ces
chapiteaux étaient donc, comme les modillons, œuvres demandées, non
libres et la seule liberté était celle du client, c’est-à-dire ici des clercs dirigeant l’ouvrage. Quels furent donc les buts poursuivis par ces clercs ? Ces
buts étaient, soyons en surs, à caractères symboliques. Bernard le rigoriste
ne pouvait l’ignorer, et s’il s’opposa à ces figures étranges c’est parce qu’il
pensait que la Foi n’avait pas besoin de ces allégories.
On doit impérativement distinguer à l’époque romane les constructions monastiques et les autres. Les cisterciens se firent les champions de
l’austérité des édifices et s’opposèrent comme on l’a vu aux clunisiens.
Pour les cisterciens il n’est non seulement nul besoin d’orner les abbatiales
cloîtres et autres bâtiments religieux destinés aux moines, mais au contraire
seul le dépouillement est de nature à ne pas détourner de la prière ceux
325. Œuvres complètes de Saint Bernard, traduction nouvelle par M. l’Abbé Charpentier, Paris, lib. Louis de Vivès,
1866, tome II, chap. XII, p. 28-29.
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Les grands thèmes
qui ont reçu l’habit. L’abbatiale de Boscodon, dans le Briançonnais, est
un témoignage de cette simplicité architecturale. Elle ne comporte qu’une
grand nef, sans collatéraux ni piliers. De hauts murs percés de fenêtres à
arcature romane, un transept tout aussi rigoureux, et un chevet du plus
grand dépouillement. Aucun modillon, aucune partie en frise ou saillie
et un cloître tout aussi austère. Les seules images sont celles des formes
géométriques simples, et encore ne sont elles décelables dans leur symbolisme qu’en étudiant minutieusement la disposition de quelques éléments.
Ainsi les trois fenêtres du chevet s’inscrivent elles dans un cercle et une
étoile à cinq branches tandis que les fenêtres latérales de la nef, au nombre
de douze évoquent les douze apôtres. Boscodon est donc fort décevante
pour l’amateur d’images médiévales alors que l’abbatiale reste pleine de
symboles cachés, mais ces symboles ne sont pas figuratifs et mis en images.
Les modillons étranges, tout comme les chapiteaux, exploitèrent
plusieurs thèmes allégoriques. Les dévorants, ces monstres qui engloutissent des hommes, figuraient l’homme dévoré par ses propres passions
et conduits tout droit à la gueule de Léviathan montrés sous différentes
formes. Parfois ce sont des chiens qui dévorent un homme, comme à SaintLéger-lès-Melle. Faut-il y voir une antique allusion aux psychopompes
comme Anubis ? La collégiale d’Herment326 dans le Puy-de-Dôme fait
dévorer les pécheurs par des monstres à têtes humaines ou inspirées de
félins. On découvre parfois un autre thème, plus rare, celui du « chat à
la bille » (abbaye de Nouaillé-Maupertuis, Saint-Savinien-de-Melle, etc.)
Dans ces images, c’est le monde toute entier qui se fait engloutir, comme
si l’univers du pécheur disparaîtrait avec lui. Le symbolisme des animaux
dans les bestiaires du Moyen Âge est avant tout tiré de leur comportement,
leur aspect ne venant,que de loin, en second lieu. Les symboles liés au chat
n’échappent pas à cette règle. Le chat fut introduit en Gaule vers le iiie
siècle av. J.-C. Il bénéficiait alors d’une image positive, celui-ci s’attaquant
aux rats et souris, périls des provisions. D’autre part, il était pour les Phéniciens comme pour le Égyptiens un animal positif, il protégeait Amon-Ré,
et incarnait la déesse Bastet. Mais les Celtes le regardèrent autrement.
Capable de voir la nuit, de percer les ténèbres et de se mettre en chasse
quant tout dort, il devint l’image des forces des ténèbres. Chez les premiers
chrétiens d’Orient, il conserva son image antique, mais en Occident son
image se dégrada. Les chats au pelage noir furent les premières victimes de
ces préjugés. Les représentations du chat tenant dans sa gueule une bille
sont issues en droite ligne de cette image celtique négative. Le chat à la
326. Édifiée vers 1145.
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Symboles étranges des cathédrales
bille devient l’image du Léviathan. Il emporte dans les ténèbres le monde.
Annonçant la mort, sous cette forme si indirecte, depuis les modillons
romans qui aujourd’hui peut encore y voir ces témoignages symboliques
où se mêlent les symboles orientaux revisités par les Celtes ?
Nudités et paillardises ?
S’il est des figures que l’on s’attend à ne pas trouver en de tels lieux religieux, ce sont bien ces petits personnages ou scènes à caractère obscène. Les
goliards, je l’ai indiqué au chapitre premier, y sont peut-être pour quelque
chose, mais on ne saurait y voir leur empreinte dans toutes ces représentations. Si le magnifique tympan de Conques nous offre de discrètes allusions aux vices et aux vertus, il nous montre par ailleurs sans ambiguïté un
diable au phallus démesuré et aux testicules généreuses. L’artiste cependant
fit de la verge du diable une sorte de serpent et tout près de lui une femme
aux seins nus regarde sans équivoque le sexe infernal. La scène est toute
pleine de petites fantaisies équivoques et le tympan suggère par ailleurs des
sodomites et des pète-en-gueule, encore nommés soufflaculs.
Tympan de Conques
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Les grands thèmes
À Notre-Dame de Reims, le tympan du Jugement Dernier servit de
prétexte aux artistes pour sculpter toutes sortes d’hommes et de femmes
sortant de leurs cercueils et nous présentant sans plus de façons leurs postérieurs. La portail rémois semble pour cette scène de la Résurrection de
la chair, s’être inspiré par quelques écoinçons de la cathédrale de Ferrare.
Que le Jugement Dernier et la présentation des enfers soient illustrés
avec des hommes et de femmes nus n’est pas anormal, même si quelques
outrances y sont parfois montrées. Il fallait bien que le peuple reconnût ses
propres manières et penchants obscurs, et l’Église ne pouvait y trouver à
redire. Plus étonnant sont ces montre-culs, ces déféquants et autres petits
obscènes placés ici et là. Certes, ils ne sont pas nombreux et leurs représentations ne constituent pas une généralité, mais tout au contraire, des
singularités si étranges qu’elles ne manquent pas d’attirer les regards des
curieux. Ici l’étrangeté prit le pas sur le nombre, pour aboutir in fine au
même résultat : la curiosité et l’interrogation. Comme pour les modillons
se pose la questions du motif des ces figures, de ces soufflaculs et exhibitionnistes. Une tradition, que je n’ai pu vérifier, mais que racontent
quelques compagnons tailleurs de pierre, assure que parfois ces obscénités furent placées volontairement par des sculpteurs, en retour de non
paiements de leurs travaux. L’explication est plaisante et si la chose fut
possible, elle ne constitua pas la règle. Le couloir qui conduit à la crypte
de Bourges est orné de culs de lampes formés de petits personnages dont
un nous montre sans plus de façon le derrière nu. Un des éléments qui
nous permet de retrouver les motifs de ces scènes est sans doute que les
images à caractère sexuel ou scatologique sont essentiellement représentées
à l’extérieur des édifices et de façon relativement discrète. Ce sont de petits
éléments architecturaux qui servent de support à ces images obscènes,
comme les modillons, les tailloirs, de petites frises ou quelques chapiteaux
externes engagés. L’intérieur des églises, des basiliques ou des cathédrales
ne comporte jamais de telles scènes, ou de façon si exceptionnelle que l’on
peut affirmer qu’il s’agit bien là d’une règle. Le petit montre cul de SaintNicolas-de-Port est à ce titre un exemple de cette rareté. Reste encore à
définir ce qui ressort de l’obscène ou du simple figuratif réaliste. Les morts
sortant de leur cercueils et nous montrant leur postérieur, comme on les
voit à Notre-Dame de Reims, ne sont pas à proprement parler des figures
gaillardes ou grivoises ; il s’agit simplement de représentation réaliste, sans
arrière pensée grivoise. La nudité est le costume qui convient aux élus qui
retrouvent l’état de l’innocence première, tel celui d’Adam et d’Ève qui
ne découvrirent leur nudité qu’après voir goûté au fruit de l’arbre de la
connaissance. Cette façon de nous montrer les élus est si constante à partir
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Symboles étranges des cathédrales
du xiiie siècle que les damnés sont montrés vêtus au contraire des élus.
À Bourges, le portail du Jugement Dernier nous les montre encore bien
ainsi et le seul personnage habillé lors de la résurrection de la chair, un
évêque, ne se retrouve pas avec les élus. Lors de la résurrection de la chair,
les humbles sortent nus et les riches vêtus.
Notre-Dame de Reims. Tympan du Jugement Dernier
Le long cortège des évêques, des princes et de bourgeois dans leurs vêtements d’apparats, mené par des démons dans la gueule béante de Léviathan
ou poussé dans quelque énorme chaudron, est tout aussi choquant, à y
regarder de plus près, que les élus dénudés. Ne nous y trompons pas, les
hommes d’Église du cortège des damnés ne sont pas ceux du diocèse, et
les hommes et les femmes d’alors établissaient bien la différence entre les
prélats dévoyés, complices des féodaux injustes ou ambitieux, et les saints
hommes serviteurs de Dieu. L’histoire ne manque pas de nous rapporter
l’existence des ces clercs parés de la mitre par la volonté d’un féodal puissant et guerroyant si besoin. Au xiiie siècle, le souvenir de ces imposteurs
était encore vif et justifia que de tels hommes fussent dépeints promis aux
enfers. Suger, le grand abbé de Saint-Denis, avait lui-même fait partie de ces
clercs qui s’étaient d’abord mis au service des pouvoirs temporels. Véritable
ministre et conseiller de Louis VI le Gros, il se montra un ardent défenseur
du Royaume de France, mais élevé à la dignité abbatiale par une élection,
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Les grands thèmes
il se mua en un grand homme d’Église, chose dont se félicita le rigoureux
et dogmatique saint Bernard de Clairvaux. Suger ne fut jamais promis aux
gémonies des sculpteurs parce qu’au temporel il avait toujours été droit et
fidèle et sa seconde vie fut à vrai dire une extraordinaire élévation. Qu’il
édifiât ensuite une nouvelle église où la lumière devint son maître architecte n’est donc pas étonnant. Mais que dire de ces évêques et prélats,
placés et nommés par des féodaux ralliés à la cause d’Henri Ier Beauclerc,
descendant du Conquérant, duc de Normandie et roi d’Aquitaine ? Et
même d’Ordéric Vital, du camp Anglo-Normand ? Leurs noms ne nous
sont connus que par la grâce de leurs écrits et non pas pour leurs exploits
liturgiques ou spirituels. Enfin nombre de clercs s’étaient engagés ensuite
dans la querelle dite des investitures, querelle ayant opposé Henri IV, puis
Henri V327, empereur germanique328 et roi des Romains au pape quant
à la nomination des évêques, Henri V prétendant que ces nominations
n’étaient dans ses terres que de son seul ressort... Si l’on ajoute enfin les
schismatiques et tous les seigneurs brigands qui pillèrent les terres et les
biens de leurs sujets, comme celles de leurs voisins, on comprend mieux
qui sont ces beaux personnages couronnés et mitrés insérés dans la cohorte
des damnés. Leurs représentations n’étaient pas tournées contre l’Église,
mais contre tous ceux qui s’en étaient montrés des ennemis, et quelque soit
leur rang, et surtout si leur rang était élevé ! Nulle critique du clergé donc,
ni de la royauté, mais seulement rappel salutaire, adressé à tous.
De la sainte nudité, allégorie du dépouillement et de la chasteté, allusion de la genèse et des fins ultimes, à l’obscénité, il y a tout un monde que
les artistes médiévaux et leurs commanditaires franchirent aisément. Il ne
s’agissait pas en fait de montrer des obscénités ou des paillardises, mais
de figurer assez crûment, afin qu’il n’y eut nulle équivoque, les péchés de
la chair et les autres, qui emplissaient le monde. On les montra donc de
façon naturelle à l’extérieur des édifices et non pas à l’intérieur329. Pour
découvrir quels sont ces péchés, ces comportements coupables, il suffit de
se reporter aux pénitentiels, ces recueils de péchés, soigneusement classés,
avec en regard les pénitences à infliger. Les pénitentiels devinrent peu à peu
de véritables traités de pornographie et ceux qui les compulsaient devaient
s’échauffer à la lecture des turpitudes à combattre. Compte tenu du caractère particulier de ces péchés de chair, ils n’eurent pas droit à des repré327. 1086-1125.
328. 1111-1125.
329. Les péchés sont figurés à l’intérieur des églises, mais portés par des démons se heurtant à des saints ou saintes. En
outre les péchés de chair furent soigneusement écartés, sauf rares exceptions, des éléments décoratifs intérieurs.
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Symboles étranges des cathédrales
sentations aux tympans des cathédrales, ni à de grands étalages sculptés.
On les relégua donc à des parties mineures, externes. Les fidèles curieux
pouvaient en levant les yeux, et en cherchant bien, voir figurer les pratiques
des lits clos ou des granges emplies du foin des campagnes.
Basilique de Saint-Nicolas-de-Port
L’église de Corme-Écluse dans la Saintonge nous donne par ses
modillons et tailloirs un petit aperçu des actes licencieux ou obscènes
représentés aux yeux des fidèles. De la défécation ostentatoire au travers
d’un anus carré, à la luxure, en passant par une gorgone, l’univers du mal
est taillé dans la pierre, parfois inséré discrètement dans des rinceaux.
En Charente et ailleurs, les modillons de différents édifices constituent
une véritable encyclopédie lapidaire des actes ou pratiques sexuelles
condamnables. L’église Saint-Quentin de Chermignac nous fait voir une
étreinte, Saint-Martin à Archingeay nous propose une femme à la vulve
offerte tandis que des serpents semblent s’abreuver à ses seins. L’église de
Givrezac associe gloutonnerie, beuverie et impudeur. L’église romane de
Sainte-Colombe reproduit un sexe masculin. Les historiens de l’art, les
symbolistes et autres spécialistes ne s’accordent pas quant aux motivations
des commanditaires et les différentes écoles peuvent être résumées ainsi :
Les moralistes qui y voient les péchés à proscrire. Les scènes licencieuses
sont donc pour eux des contre-modèles. Au lieu de montrer les bonnes
pratiques, on stigmatise les mauvaises. Pour d’autres, ces images sont des
réminiscences d’anciennes traditions populaires et pour les derniers ces
représentations nous viennent des cultes antiques de la fertilité. Il est fort
probable que c’est plutôt au cas par cas que l’on peut tenter des interprétations et que le même édifice reçut à la fois des images de contre-modèle,
des images populaires et des images héritées des cultes antiques, celtiques,
germains et latins. C’est le cas des organes masculins et féminins exposés
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en toute impudeur. Phallus et vulves étaient chez les anciens censés
protéger du mauvais sort. Chez les latins, par exemple, on faisait porter
aux enfants de petites amulettes en forme de phallus. Les organes génitaux étaient en outre porteurs de symboles initiatiques et la célébration des
mystères d’Éleusis s’achevait pour les nouveaux initiés par l’ostentation
d’organes sexuels.
Une autre caractéristique de ces images crues réside dans la laideur des
personnages, laideur contrastant singulièrement avec la beauté des élus.
Cette laideur n’est pas accidentelle, même si l’art roman était encore assez
peu figuratif et réaliste, et le même parti d’opposition laideur-beauté se
retrouva employé avec force dans l’art ogival. Il n’est que d’observer les
tympans de nos cathédrales pour s’en convaincre. On retrouve dans cet
emploi la très ancienne idée qui faisait de la beauté une marque divine,
idée que les Juifs, comme les Phéniciens, les Égyptiens, les Grecs et les
Romains partageaient. Les divinités laides n’étaient que des faire valoir
des beaux dieux, et le Beau Dieu d’Amiens n’est pas nommé ainsi pour
rien. Les nombreux prophètes juifs qui se manifestèrent au en Palestine
au début de notre ère n’ignoraient pas cette croyance et l’utilisèrent, et
la nudité de ces personnages n’était pas impudique ; tels furent d’ailleurs
regardés en d’autres contrées comme l’Inde les gymnosophistes. La nudité
de ces philosophes était sacrée, et cette idée était encore présente chez les
chrétiens jusqu’au ve siècle. Ils n’hésitèrent pas à nous montrer Jésus entièrement nu, recevant le baptême dans les eaux du Jourdain, comme on peut
le voir dans la splendide mosaïque du baptistère dit des Ariens à Ravenne.
Ravenne.
Baptistère des Ariens
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Symboles étranges des cathédrales
La nudité sacrée s’oppose donc à la nudité obscène, et ce ressort symbolique était employé dans les rites à mystères des anciens. Quand les juifs
exprimèrent leur désapprobation en voyant des athlètes nus participer
aux jeux établis par Hérode le Grand, ils ne le firent que parce qu’à leurs
yeux des athlètes ne pouvaient se prétendre à l’égal des hommes saints,
et pire encore étaient ensuite honorés par les non juifs comme des dieux.
Une anecdote de la vie d’Hérode le Grand, qui fut à la fois héllénophile et
judaïsant, atteste bien de cette sacralisation de la nudité. Trois ennemis du
roi s’introduisirent dans la salle de bains pour le tuer, mais ils se trouvèrent en face d’Hérode qui était nu. Les soldats s’enfuirent effrayés. Cette
anecdote fut certainement inventée dans le dessein de prouver le caractère
divin d’Hérode330.
On trouve dans l’iconographie chrétienne quelques traces de cette
ancienne nudité sacrée, mais se limitant à des parties bien précises du corps,
comme les pieds et la tête. « La nudité des pieds est propre aux figures
divines, aux Anges, aux Apôtres, aux Évangélistes et aux Prophètes ; elle
ne doit jamais être attribuée à la sainte Vierge ; elle n’est l’attribut d’aucun
autre personnage, et si, pour des motifs particuliers, on peut, en certaines
circonstances, leur laisser les pieds nus, ce n’est plus que par accident et
sans aucune valeur capable de les caractériser. »331 Les hommes doivent
pour prier se découvrir la tête. On doit cette « habitude » à la lecture
de saint Paul : « Tout homme qui prie, la tête couverte, fait honte à son
chef ; au contraire, toute femme qui prie sans avoir de voile sur la tête, fait
honte à son chef. »332 Bien avant Paul, les artistes grecs opéraient déjà une
distinction de nudité entre les hommes et les femmes, et seuls les hommes
furent, dès la période archaïque, sculptés nus, les femmes restant drapées.
À ces aspects traditionnels, on peut aussi ajouter à ces fantaisies charnelles le fait de retrouver sa propre humanité et ses faiblesses, plus particulièrement dans les figurations grossières. Tel était donc l’homme, livré
à ses passions, soumis à sa nature et ignorant des saints commandements
de l’Église. La vie, en dehors de l’Église et de l’église n’était donc qu’une
agitation triviale. Il suffisait de franchir les portes pour que ces figurations des désordres de la chair disparaissent. Sans doute les hommes et les
femmes du peuple ignoraient les écrits d’Augustin condamnant la fornication, et ignoraient-ils même le sens de ce mot de fornication. Pour les clercs
mystiques, le commerce de chair ne pouvait s’entendre que celui pratiqué
330. Sur la vie d’Hérode voir Hérode le Grand de Christian-Georges Schwentzel, Éd. Pygmalion, 2011.
331. Grimouard de Saint-Laurent (Henri Julien Comte de), Guide de l’art chrétien, réed. Éd. Nabu presse, 2010, p. 91
et 95.
332. Corinthiens XI, 4.
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Les grands thèmes
en vue de la procréation, et ceci dans la simplicité et la modération. Tout
autre objet relevait de la fornication. Mais il ne fut pas simple pour ces
clercs de faire admettre semblable doctrine surtout vis-à-vis du peuple des
gens modestes, et guère plus aisé vis-à-vis des chevaliers, féodaux et gens
de guerre. La fornication était condamnable par ce qu’elle pouvait écarter
l’homme de sa marche vers Dieu, en le ramenant à sa condition animale333.
Ce n’était pas l’acte qui était condamnable mais ses possibles conséquences.
Saint Augustin nous livre d’ailleurs cette vision : « Ici donc le bienheureux Apôtre, en qui parlait le Christ, semble avoir voulu élever la gravité du
péché de fornication au-dessus de la gravité de tous les autres péchés qui se
commettent par l’intermédiaire du corps, mais qui néanmoins ne rendent
pas l’âme humaine esclave et dépendante du corps, comme elle le devient
dans le seul acte de la fornication, où la fougue impétueuse de la passion
la confond avec le corps, l’y unit, l’y colle en quelque sorte et l’y enchaîne
étroitement, si étroitement, qu’au moment où il se livre frénétiquement à
cet acte brutal, il lui est impossible de voir ou de vouloir autre chose que ce
qui peut y porter son âme. »334 La défécation qui nous rappelle cette condition animale primitive n’était pas condamnée car nul ne peut y trouver
un grand plaisir. Mais il n’était pas inutile de nous rappeler précisément
par ces montre-culs cette condition. Il n’est pour finir qu’une pratique qui
paradoxalement ne fut pas l’objet d’une condamnation vigoureuse, celle de
la masturbation, bien qu’elle fut montrée quelques fois sur des cathédrales
romanes. Albert le Grand considérait même au xiiie siècle que la masturbation chez les jeunes filles leur permettait de conserver une vie chaste féminine « de cette façon elles tempèrent leurs parties génitales et deviennent
plus chastes »335, tandis que l’on conseillait aux chevaliers de « s’agiter le
membre » afin de ne pas être tenté de culbuter les jouvencelles. Le dernier
aspect de cette trivialité apparente est celui d’un exorcisme collectif, d’une
autodérision, assez semblable in fine à ce qui se produisait lors des bacchanales romaines ou dans les fêtes dites des fous, et qui permettait à l’homme
de prendre quelque distance avec lui-même en se moquant de ce dont la
nature l’avait doté.
Ce sont donc tous ces aspects symboliques auxquels se rattachent ces
images apparemment licencieuses et crues. La encore les symboles lapidaires médiévaux ne peuvent être lus qu’à différents degrés, non contradictoires, mais complémentaires.
333. Sur cette question voir EDMS.
334. Saint Augustin, Sermon CLXII, in Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois sous la
direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.
335. Albert le Grand, De Animalibus, IX, 1, 1, 7.
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Cracheurs d’eau et gargouilles
Les gargouilles dans l’esprit du plus grand nombre sont indissociables
des cathédrales. Or des basiliques et des églises en sont également dotées.
On les regarde avec étonnement comme si les sculpteurs s’étaient ingéniés
à poser le plus haut possible toutes ces créatures fantastiques. On ne peut
se représenter Quasimodo, le bossu sonneur des cloches de Notre-Dame
de Paris, sans se le figurer entouré de gargouilles, appuyé à une balustrade
haut perchée, d’où il regarde la ville à ses pieds, comme si les gargouilles
étaient un peu son image... Mais Quasimodo est entouré de chimères et
les gargouilles n’apparurent pas au début de l’art ogival et furent souvent
placées après l’achèvement des constructions. C’est le cas de Notre-Dame
de Paris, achevée en 1190, où elles furent installées plus tardivement sans
doute vers 1225 pour les premières, les dernières ayant été posées vers
1240. En 1220, on vit quelques premières gargouilles apparaître à NotreDame de Laon. À compter du milieu du xiiie siècle, leur emploi fut généralisé dans les constructions des cathédrales, mais dans des régions bien
particulières : l’île de France, la Champagne, l’Est, les autres régions n’y
recourrant que peu, sauf lorsque les bâtisseurs venaient des régions où les
gargouilles s’étaient imposées. Cette simple répartition géographique des
gargouilles témoigne de son invention dans un but pragmatique : déverser
l’eau de pluie des toitures et autres parties élevées. On constata en effet
que l’eau bien que canalisée et menée vers des chéneaux, parfois en bois,
ou des exutoires, rongeait doucement les parties inférieures et à long terme
pouvait avoir des effets désastreux pour les murs et renforts parce que les
conduites ne pouvaient évacuer toute l’eau tombée des versants, et qu’elle
débordait. L’idée, ingénieuse de rejeter aussi loin que possible des murs
les eaux de pluie, par le biais de petites conduites en saillies, et donc de
multiplier les points d’évacuation, fut mise à profit. Les architectes donnèrent à ces conduites en pierre des formes d’abord légèrement ouvragées
inspirées de celles des fontaines antiques. Bientôt ce furent des cracheurs
d’eau aux formes variées qui s’installèrent sous les versants des toitures et
aux angles des tours. Peu à peu, ces « conduites » prirent l’aspect qu’on
leur connaît aujourd’hui. Le mot gargouille est révélateur de leur fonction ; gar étant un des anciens synonymes de pierre, et les gouilles étant
des petites pièces d’eau ou de petits filets d’eau. Un jeu de mot évident se
fit jour avec gargueule, gueule de pierre, et gargouillis, de la même origine.
On les nomma encore gargolles et mêmes guivres. Les gargouilles offrent
une extrême diversité de styles, de genres et de formes, si bien que l’on peut
assurer qu’il n’en existe pas une seule qui soit identique à une autre. En
effectuer une classification serait un exercice périlleux et complexe, sans
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Les grands thèmes
être sûr que ce classement serait opportun. On peut cependant en distinguer quelques types généraux, apparus au cours du temps. Les premières
ne sont que de simples canalisations évidées, puis on voit apparaître des
formes animales d’abord discrètes, limitées à la gueule puis plus complètes,
avec corps et pattes. Les animaux domestiques sont fréquents, comme le
cochon, le chien, plus rarement le bouc et le chat. On les dote d’attributs, et
les cochons reçoivent des muselières, comme ils en portaient dans les rues
selon les lois locales. Apparurent ensuite des créatures fantaisistes, plus
ou moins monstrueuses, et enfin presque simultanément des créatures à
forme humaine ou mi humaine mi animales. Les gargouilles descendirent
parfois des parties hautes des cathédrales et grandes églises pour gagner
des constructions plus modestes comme les cloîtres. Ces dernières sont les
plus visibles et reçurent outre leur mission aquatique une mission symbolique. Étant dans leur ensemble élevées et peu visibles des fidèles, elles
constituèrent un domaine de liberté statuaire plus grand. Faut-il voir dans
ces gargouilles une quelconque portée symbolique ?
On peut remarquer que les gargouilles ne représentent pas des figures
religieuses, et quand elles sont de formes animales, les animaux employés
ne sont pas dans leur très grande majorité des animaux des bestiaires christologiques. L’agneau ne s’y trouve pas, pas plus que la colombe, le pélican
ou le cerf. Nul poisson, nul aigle, rien qui puisse évoquer la fonction
baptismale ou allégorique du Christ, des apôtres, ou des saints. On n’y
trouvera pas plus des images de prophètes, d’anges, ou de martyres. Le
peuple des gargouilles n’est pas celui des symboles divins. Il côtoie celui des
chimères et des gardiens profanes. Il est le peuple dédié à jamais aux basses
œuvres de l’édifice, celui des cracheurs d’eau, comme si en faisant passer
dans leurs gueules l’eau du ciel on voulait les condamner pour l’éternité à
sentir passer en eux l’eau sans pouvoir la retenir un seul instant. C’est un
peu le petit monde des pécheurs, des damnés, des réprouvés qui se trouve
malgré lui à tenir le rôle ingrat de gardien des pierres et plus encore même
de gardiens de l’église.
Ces créatures répondaient donc, outre leur fonction pragmatique,
à de multiples desseins. Le premier était celui fort ancien, de se tenir en
veilleurs terribles, défendant l’entrée des sanctuaires ou des lieux sacrés.
Leur aspect était bien en accord avec cette fonction de gardiens malgré
eux, de vaincus soumis et désormais alliés. Par ce procédé l’Église réemployait les anciennes images des monstres gardiens des sanctuaires, images
déjà employées par les Assyriens et les Babyloniens, ou encore les Égyptiens. Les nombreux dragons vaincus par les soldats de l’Église, tels saint
Georges, saint Michel, et ceux soumis et tenus en laisse comme de simples
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Symboles étranges des cathédrales
chiens par sainte Marguerite se retrouvèrent hissés, enchaînés dans la
pierre, eux qui semaient la terreur et l’effroi ne semaient plus que les eaux
de pluie... C’est une Église triomphante qui s’expose ainsi. Ceux qui vous
pourchassaient pour vous dévorer, ceux qui régnaient sur les ténèbres et la
mort sont vaincus, ils sont devenus vos serviteurs. On ne pouvait trouver
plus belle image du christianisme triomphant.
Gargouilles de
Notre-Dame de Paris
Quelquefois, il semble qu’un véritable programme iconographique ait
été suivi dans la création des gargouilles. À Notre-Dame de Strasbourg ,
elles sont rangées, selon leurs formes, dans un ordre précis. De la partie
orientale de la façade méridionale en passant par la façade occidentale pour
rejoindre l’Est par la façade septentrionale, elles perdent peu à peu leurs
caractères monstrueux pour revêtir des formes plus humaines, comme si
on avait voulu montrer qu’en suivant le chemin du soleil dans sa course,
on quittait le monde animal pour accéder au monde de l’homme et donc
de Dieu. Le cloître qui jouxte la cathédrale Saint-Étienne de Toul propose
également un cheminement symbolique et offrait sans aucun doute aux
membres du chapitre quelques sujets de méditation, ces gargouilles étant
situées sous les versants du cloître et donc particulièrement visibles de
tous. On peut y remarquer un démon, un cochon, un léopard, un oiseau
de proie, de hommes à la bouche immensément ouverte dans un rictus et
soutenant leur mâchoire pour accentuer encore l’impression de douleur, et
encore un cochon muselé comme si enfin l’animal était dompté pour
finir par un religieux, une des rares représentations de ce type statuaire,
souriant, apaisé et tenant un vase par lequel s’écoule les eaux du ciel. Par
un long cheminement ces gargouilles nous proposent de passer du rôle de
démon captif à celui du Verseau, réconcilié avec Dieu et lui-même.
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Les grands thèmes
Cloître de Saint-Étienne de Toul
Jusqu’à l’art ogival flamboyant, les gargouilles peuplèrent le sommets
des basiliques et des cathédrales, puis ces créatures ne furent plus employées
comme si on n’en avait plus besoin, ce qui est un peu vrai car des changements de style d’architecture alliés à des progrès technique dans la collecte
des eaux de pluie ne les rendaient plus nécessaires, et aussi sans doute parce
que les clercs se détournèrent des anciens symboles.
Basilique Saint-Nicolas-de-Port (début xvie siècle)
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Acrobates
On les trouve surtout dans l’art roman. Le Moyen Âge les fit représenter en divers édifices religieux, au point d’en faire un sujet classique.
Ces acrobates ne manquent pas de nous interpeller. Quel est leur rôle
dans les églises ? Que font-ils dans les modillons romans, les chapiteaux,
et placés ça et la dans nos grandes cathédrales gothiques ? Fantaisies de
sculpteurs ou de peintre, ou volonté délibérée du commanditaire ? Quant
aux interprétations sur le symbolisme de ces acrobates, elles sont parfois si
divergentes que de nos jours encore on ne semble pas avoir une doctrine
partagée. Ce serait pour quelques-uns le symbole du retournement, la
plupart des acrobates représentés ayant les jambes tournées vers le ciel336,
ils seraient également une image de la conversion. Ainsi l’acrobate nu d’un
des modillons de l’église d’Aulnay-de-Saintonge ne serait que l’allégorie
de l’homme qui montre par son attitude la conversion qu’il a réalisé en
lui, et ses pensées maintenant tournées vers le ciel se traduisent par son
corps également tourné vers le ciel. Les deux acrobates d’un des chapiteaux de la même église exprimeraient la même conversion. On évoque
également la figuration de la spiritualisation, la maîtrise de soi. Que ce soit
au monastère de Charlieu, à l’abbatiale Saint-Pierre d’Airvault, à Villierssous-Chizé, à Thuret, à Issoire, les acrobates investissent les églises. Une
première remarque s’impose : le plus grand nombre d’entre eux se retrouvent dans la même région, la Saintonge et encore dans le Massif Central.
Plus rares dans l’Est et le Nord, ils semblent s’être donné rendez-vous en
Charente, dans les Deux-Sèvres. Ceci nous amène à penser que ces acrobates furent placés par une même école symbolique. La seconde remarque
est que ce sont essentiellement la Bible, les bestiaires comme le Physiologus,
et les écrits des Pères de l’Église, puis leurs commentateurs qui servirent des
sources aux commanditaires. Or dans ces écrits les acrobates ne tiennent
pas de rôle. Pour figurer l’élévation spirituelle, la conversion, la maîtrise
de soi, bien d’autres images plus parlantes et classiques furent employées.
Enfin, ces acrobates sont parfois de simples transpositions masculines du
thème de la sirène bifide ou encore du dualisme, quand ils ne sont pas des
petits personnages obscènes que l’artiste préféra vêtu.
Le grand débat, si je puis dire, à propos de ces acrobates est de savoir si
ce sont des images positives, des allégories de la vertu ou des images négatives, des figures du mal, à moins qu’ils ne soient que l’expression de la
dualité de l’homme, dualité à dépasser pour s’élever vers Dieu.
336. Anne et Robert Blanc, Monstres, sirènes et centaures : Symboles de l’art roman, Éditions du Rocher, 2006.
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150761 - Folio : p293 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18
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Les grands thèmes
Au Moyen Âge, les acrobates étaient présents dans les fêtes populaires. Ils
accomplissaient aussi leurs tours dans les logis seigneuriaux, et tout comme
les comédiens et saltimbanques n’étaient pas en odeur de sainteté. L’Église
ne portait pas sur eux un regard attendri. En représentant ces gymnastes
populaires, les commanditaires savaient très bien qu’ils montraient des
réprouvés. Nos difficultés d’interprétation proviennent du fait que nous
rangeons dans la même rubrique des personnages fort différents. Les antipodistes, qui tournent leurs jambes vers le ciel, tentent sans aucun doute
de marcher la tête à l’envers et de ce fait éloignent leur esprit du ciel et non
pas l’inverse comme on le lit parfois. D’ailleurs ces acrobates sont souvent
des personnages assez frustres, voire grotesques. Cette première catégorie
est donc à charge négative et évoquerait plus la représentation de l’homme
« gesticulant » qui, ne se tournant pas vers la prière, éprouve les plus
grandes difficultés à trouver sa place dans le royaume du ciel. Cette image
dévalorisante est celle de la perception première des observateurs et des
fidèles. Mais une des caractéristiques essentielles du symbolisme médiéval
réside dans ses degrés de lecture multiple, à proprement parler hiéroglyphique, et qui ne sont pas en opposition, mais viennent en complément
les uns des autres, les degrés « supérieurs » de lecture, étant réservés aux
clercs, jusqu’au sens ultime qui n’est à la portée que de quelques religieux
les plus instruits dans les mystères divins. Je me suis exprimé la-dessus dès
le début de cet ouvrage, car cette donnée est absolument primordiale et est
issue d’une tradition alexandrine dont Denys d’Alexandrie, dit l’Aréopagite, fut un des promoteurs. Le second sens, qu’il n’était pas convenable
de mettre à la portée de tous, était celui de la Rédemption de tous les
pécheurs, y compris les comédiens acrobates et autres hommes de spectacle qui trouveraient tous leur place dans le royaume de Dieu, comme
tous les autres pécheurs qui étaient représentés par ailleurs, à condition
qu’ils demandent le pardon de leurs fautes. Faire connaître ce point de
doctrine aurait été préjudiciables aux pécheurs qui auraient continué de
vivre dans la faute, remettant
à plus tard leur confession. Or
l’Église entendait combattre
ici-bas le vice, et maintenant, et
non pas plus tard. Position toute
byzantine, et fort proche par le
raisonnement de celles des gnostiques alexandrins.
Basilique d’Issoire.
Chapiteau peint
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150761 - Folio : p294 - Type : pINT 12-11-06 11:14:18
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Symboles étranges des cathédrales
La seconde catégorie de nos acrobates n’est en fait, je l’ai dit, que la
déclinaison au masculin du thème si courant de la sirène à la queue
bifide. On peut voir dans la basilique un de ces acrobates qui présente
une analogie flagrante avec ces sirènes. Il ne s’agit pas plus ici de marcher
sur le ciel. Notre acrobate, tout comme la sirène, exprime sa dualité et la
maîtrise de soi. La troisième catégorie est celle des personnages se tenant
les uns les autres et, fréquemment, se faisant la courte échelle comme on
peut le voir à l’église Saint-Nicolas de Maillezais. Dans ce dernier cas,
l’image est parlante d’elle-même. Les hommes s’ils s’entendent peuvent
accéder au royaume de Dieu, et l’on notera que ces acrobates ne sont pas
tous représentés tête en bas et jambe en haut, mais bien dans la position
de l’élévation spirituelle, c’est-à-dire la tête vers la voûte céleste. On peut y
voir également une discrète allusion à l’échelle de Jacob, mais plus encore
une allégorie de la généalogie du Christ, c’est sans aucun doute la raison
pour laquelle ces assemblages d’acrobates se trouvent sur des piliers, des
pieds-droits ou encore dans l’arcature de portails d’entrée. Enfin, et l’on
ne peut en aucun cas négliger cette piste symbolique, celle des jeux de mots
tant appréciés au Moyen Âge qui ici consista à reproduire des expressions
populaires, donnant corps ainsi à des vues de l’esprit, comme se fendre en
deux, être cul par-dessus tête (un grand nombre de nos acrobates sont tout
simplement montrés ainsi), ou encore marcher sur la tête, se faire la courte
échelle, etc. À y regarder de plus près, bien des acrobates, des modillons
ou des chapiteaux ne font qu’illustrer ces images parlées, parfois assez
crues, et bien des personnages ne font aussi que nous montrer leur derrière
et se rattachent simplement au symbolisme des montre-culs et autres
pète-en-gueule.
Les commanditaires, et à l’époque romane les abbés, choisirent ces
thèmes assez populaires parce qu’ils possédaient à leurs yeux plusieurs
sens. Que le peuple s’amusât de ces représentations, peu importe, il finirait
bien par se poser des questions et accéderait peut-être à des images plus
subtiles. Enfin, ne perdons pas de vue les religieux eux-mêmes, spectateurs
de ces bizarreries, car c’était bien à eux, avant que d’être destinées à la
masse des fidèles, que ces images allégoriques s’adressaient. L’âge gothique
se détourna progressivement de ces représentations qui ne formaient que
rarement un ensemble cohérent dans un édifice roman. Le xiiie siècle
s’engagea dans la voie des grandes représentations théologiques mais en
conservant, voire en amplifiant le système allégorique à lecture multiple.
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Index des noms propres
A
Abbé J.-B. Roze 68
Abbé Parenty 26, 471
Abbé Suger 382, 413
Abbeville 47
Abel 95, 334
Abou Simbel 420
Abraham 66, 69, 142, 220, 356, 362
Abram 143
Absalon 309
Actes de Pierre 82
Actes de Thomas 443
Actes des Apôtres 258
Adalbéron 22
Adam 95, 254, 257, 277, 338
Agen 36
Aiguille-du-Puy 239
Aix-la-Chapelle 219, 270, 332
Akhenaton 259
Alain de Lille 87
Albert de Cologne 97
Albert de Ratisbonne 86, 97
Albert le Grand 86, 97, 209, 283
Albert le Teutonique 97
Albertus Grotus 97
Albi 8, 72, 109, 215, 334, 382, 395, 399
Alchimie 204
Aldhelm de Malmesbury 232
Alexandre le Grand 266
Alexandrie 67, 89, 335
Ali Baba 117
Aliénor d’Aquitaine 382
Alix de Bretagne 83
Altus 196
Alyscamp 443
Amadour 347, 470
Ambroise de Milan 99, 123
Amiens 4, 5, 24, 40, 47, 50, 68, 72, 78, 94, 103, 110, 122,
130, 131, 135, 136, 137, 150, 154, 155, 160, 162, 165, 170,
179, 183, 191, 199, 210, 220, 226, 268, 281, 295, 298,
324, 328, 330, 333, 334, 344, 347, 348, 371, 377, 382,
392, 395, 396, 399, 404, 418, 423, 443, 446, 450
Amon 150
Amon Ra 43
Anastasis 338
Anatomia auri 144, 235
Ancien Testament 68, 69, 177, 330
Angers 222, 237
Anjou 48
Anne de Bretagne 197, 321
Annus 124
Anubis 215, 261, 275, 388
Apocalypse 19, 109, 221, 223, 261, 300, 332
Apocalypse de Baruch 143
Apollon 124, 191, 353, 392
Apologie à Guillaume de Saint Thierry 273
Apôtre des Gaules 256
Arbor vitae cruxifi x Jesu 143
Arbre de Jessé 96, 143
Archange Michel 4
Arche 245
Arche d’Alliance 341, 396
Arche de Noé 348
Archingeay 280
Argobast 24
Ariane 373, 377
Aristote 19, 87, 227
Arles 223, 355, 443
Arnauld de la Chevalerie 183
Arras 101, 371
Arreau 304
Art du potier 94
Artaxerxés 19, 261
Artémis 162
Artémise d’Éphèse 145
Arthépius, 216
Arthur John Evans 372
Astarté 25, 299, 352
Atalanta Fugiens (fugitive) 297, 369
Atergatis 234
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Symboles étranges des cathédrales
Atlantis (revue) 212
Atlas 81
Aton 259
Aubry de Humbert 375
Auch 406
Auguste Steinlein Auguste 206
Aulnay de Saintonge 288
Aurora Consurgens 94
Autun 134, 175, 299, 348, 362
Auxerre 54, 233, 349, 371
Avallon 20, 126, 444
Avarich 22
Avaricum 22
Aventin 114
Azoth 234, 318
Azoth ou le moyen de faire de l’or 94, 235
Brennus 34
Brescia 191
Brinay 383
Brou 215, 322
Brunet Eugène 212
Byzance 248
C
Cahors 329
Caïn 95, 334
Caladrius, 243
Cambrai 50
Camille Croué Friedmann 386
Camille Jullian 350
Camillo da Urbino 307
Cana 96
Caniculus 104
Canseliet Eugène 96, 315, 409
B
Canseliet Eugène 216
Babel 115
Cantique des Cantiques 191, 218, 363, 392
Babylone 113, 245, 292, 331
Cantorbéry 372
Badel Émile 386
Capitole 34
Bâle 28
Capoue 446
Balthazar 103
Carcassonne 446
Baphomet 174, 320
Cassien 174, 350
Baptistère de Venasque 271
Cassodiore 205
Baptistère des Ariens 123, 281
Castor 23
Barcelone 51
Celer 114
Basile Valentin 159, 235, 318
Cernunnos 23
Bastet 275
César 172
Bataille de l’âme 177
Châlons-en-Champagne 14
Batsdorf 91, 375
Chantiers du Cardinal 65
Bayeux 380
Chaos 113
Bayeux 47, 51, 338, 351
Chapelle Dessous-Terre 353
Béatrice 102, 310
Charbonneau-Lassay 164, 191, 193, 237, 250, 368
Beau Dieu 396
Charlemagne 49, 132, 171, 219, 256, 322, 356, 358
Beaudoin de Reviers 351
Charles IX 132, 171
Beaulieu sur Dordogne 178, 223
Charles le Chauve 39
Beaune 4
Charles Perrault 157
Beauvais 50, 135, 328, 333, 415
Charles Quint 248
Belen 353
Charles VII 324
Bélénus 36, 353
Charlieu 288
Bélial 320
Chartres 22, 28, 36, 42, 43, 46, 47, 54, 65, 69, 73, 74, 76,
Béliar 320
78, 79, 80, 81, 82, 102, 103, 105, 108, 130, 132, 137, 145,
Bénévent 451
152, 156, 162, 167, 168, 181, 203, 218, 220, 221, 222, 298,
Benjamin 291
299, 328, 337, 344, 352, 354, 371, 373, 374, 376, 378,
Bergame 307
382, 387, 407, 413, 414, 417, 422, 446, 451
Béroald de Verville 183
Château d’Angers 222
Bestiaire Divin 237
Chauvigny 254
Béthanie 254
Chêne de Mambré 142, 362
Béziers 242
Chêne de Moréh 143
Bianchini Francesco 426
Cherau Ollivier 34
Bibliotecha chemica curiosa 315
Chermignac 280
Bibliotheca Hermetica 315
Chersonèse 83
Boaz 329, 341
Chérubins 245
Bologne 426
Cherves-Richemont 332
Boquého 387
Cheylade 304
Bosch Jérôme 216
Childebert 23
Boscodon 8, 275, 339
Christ 5, 9, 13, 29, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 63, 65, 66, 68,
Bossuet 118
69, 71, 74, 75, 83, 84, 87, 93, 94, 95, 96, 98, 99, 101, 102,
Boulogne-sur-Mer 350
Bourges 22, 42, 46, 53, 65, 218, 235, 238, 242, 277, 278, 105, 109, 113, 117, 119, 122, 123, 124, 127, 132, 133, 134,
135, 136, 137, 138, 139, 143, 146, 150, 151, 153, 154, 158,
306, 337, 338, 387, 394, 399, 408, 410, 415, 426, 451
159, 160, 163, 164, 165, 166, 167, 168, 169, 171, 173, 187,
Brenac 304
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150761 - Folio : p469 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
- Couleur : Black
- H : 240
Index des noms propres
188, 189, 191, 192, 193, 195, 196, 197, 204, 205, 207,
208, 209, 210, 211, 212, 214, 227, 228, 237, 243, 244,
246, 253, 291, 292, 293, 295, 297, 299, 309, 315, 316, 337,
350, 363, 367, 374, 377, 379, 389, 392, 394, 398, 412,
418, 437, 451
Christ aurifique 80
Christ Chronocrator 124
Christ Médecin 208
Christ Moissonneur 145
Christ Pêcheur 238
Christ tempocrator 123
Christ Verseau 197
Christ Vigneron 243
Christine de Suède 116
Christophe 68
Chrysomelle 149
Chypre 267
Cibinensis 95
Cimay 304
Cité de Dieu 96, 267, 333
Cîteaux 87
Clément 67
Clément XI 426, 428
Climaque 207
Clovis 22, 28, 356
Cluny 17, 49, 78, 125, 180, 188, 231, 255, 343
Cnossos 372
Cocqault 375
Colchide 116
Collégiale d’Herment 275
Cologne 52, 86
Colombe Michel 321
Compostelle 351
Concile d’Agde 399
Concile d’Orange 358
Concile de Chalcédoine 412
Concile de Latran 10, 301, 398
Concile de Nicée 62
Concile de Trente 395, 399, 400
Confesseurs 118
Conques 74, 218, 276, 299, 383
Constantin 25, 42, 270, 356
Constantinople 270
Contre les Hérésies 90, 190
Contre toutes les hérésies 251
Convivio 209
Corascène 216
Corbeny 48
Corme Royal 251
Corme-Ecluse 280
Corpus Hermeticum 96, 309
Corpus Hermeticus 92
Cosme 1er 307
Crampon Maurice 78
Crestet 311
Ctésias 19, 261
Cybèle 24, 25, 174
D
Da Vinci Code 428
Dacien 83
Dagobert 351
Dagon 234
Dames de Dessous Terre 102
Dames du labyrinthe 374
Dan Brown 427
Daniel 45, 95, 221
Dante 102, 209, 310, 345
Danti Egnazio 425
David 84, 95, 230, 405, 441
De Alchemia 87
De civitate dei contra paganos 333
De divina proportione 447
De Institutione divinarum litterarum 205
De institutione saecularium lectionum 205
De La Borde 95
De lapidus 390
De mineralibus 97
De naturis rerum 240
De planctu naturae 87
Dédale 372
Delboy 204
Delphes 67
Déméter 351
Démocrite 19
Demouy Patrick 375
Denis l’Aréopagite 67, 68
Denys d’Alexandrie 16, 224, 289
Denys l’Aréopagite 67, 403
Description de l’ancienne, moderne et nouvelle ville de
Tonnerre 241
Deutéronome 93
Diane 352
Dijon 255, 338
Diodore de Sicile 81
Diogène 297
Dioscoride 390
Dits de Marcoul et Salomon 78
Diversarum artium schedula 411
Donteville Henri 38
Douvres 351
Douze clefs de philosophie 159
Douzetemps 336
Duc de Blancs 320
Dujols 182, 322
Dujols Pierre 31
Dujols-Fulcanelli 110
E
Échelle de Jacob 96, 117, 207
Échelle de la Sagesse 138
Echillais 238, 251
Éden 116, 254, 257, 361
Edfou 245
Église et la Synagogue 330
El-Asnam 371
Éleusis 67, 143, 281
Elie 300
Éliphas Lévi 310, 320
Élisabeth 78, 80, 119, 393
Elne 231
Éloi 26
Émile Mâle 5, 15, 65, 72, 78, 111, 198, 199, 223, 246, 257,
260,332, 339, 407
Enfant Jésus 392, 440
Éphèse 67
469
150761 - Folio : p470 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
- Couleur : Black
- H : 240
Symboles étranges des cathédrales
Épinal 297
Épine 14
Epistolae ad corinthios 193
Épître aux Colossiens 444
Épître aux Corinthiens 321
Épître aux Romains 177
Ermete Trimegisto 308
Ésagil 113
Esaïe 332
Essarois 320
Esus 23, 27
Étymologies 232, 264, 390
Euclide 447
Eurises 23
Évangile de Jean 133
Évangile de Matthieu 145
Ève 95, 143, 155, 173, 177, 188, 231, 254, 257, 277, 319,
338
Evrard 378
Évreux 47
Eyrinée Philalète 116
Ézéchiel 95, 293, 300
Gerbert d’Aurillac 209
Givrezac 280
Glose ordinaire 7
Gondopharès Ier 443
Goulia 37
Gouliards 37, 245
Gourcy P.L. 32
Graal 79, 105
Graouly 231
Grasset Claude Sosthène 32
Grasset d’Orcet 32, 37, 40, 182
Grégoire de Tours 22, 28, 29, 204
Grégoire le Grand 62, 177
Grégoire XIII 425, 428
Gréville-Hague 64
Grimouard de Saint Laurent 342
Grimouard de Saint-Laurent 194
Guibert de Nogent 279
Guillaume d’Auvergne 94
Guillaume de Normandie 319
Guillaume de Paris 94
Guillaume de Saint-Th ierry 273
Guillaume II 433
Guillaume le Clerc 227, 237, 243
Guillaume le Conquérant 49, 279
Guillaume le Normand 267
F
Favier Jean 78
Fée Carabosse 157
Ferrare 119, 223, 277
Festus Avienus 350
H
Figeac 134, 304
Hananya 292
Filet d’Ariane 91
Heisenberg 250
Fils de l’Homme 315
Héliopolis 193
Flamel 183, 209, 324
Hélios 191
Flavius Josèphe 143
Henri 1er Beauclerc 279
Florence 425
Henri de Sully 427
Focillon 15
Henri Focillon 64
Fortuna 23
Henri IV d’Allemagne 219, 279
Fourvière 14
Hercule 20, 116
François 1er 324
Hermas 333
Hermès 4, 20, 96, 116, 161
François de Médicis 307
Hermès Trismégiste 92, 96, 308
François II, duc de Bretagne 321
Hérode 82, 184
Fraternité pythagoricienne 67
Hérode le Grand 282, 341, 396
Frédéric II de Hohenstaufen 124, 219
Herrade de Landsberg 415
Fribourg-en-Brisgau 52, 438
Hiérarchie Céleste 331
Frithjof Hallmann 380
Fulcanelli 5, 31, 32, 110, 132, 149, 179, 182, 192, 197, Hill 191
Hilqiyahou 291
211, 226, 294, 303, 322, 324
Hincmar 22
Hippocrate 209
G
Historia (revue) 212
Gabriel 393
Homère 231
Gadès 33
Honfleur 352
Galilée 346
Honorius d’Autun 63, 242, 261
Galla Placidia 220, 444
Hortulus sacer 336
Ganagobie 255
Hortus deliciarum 415
Ganzenmüller 98
Horus 20, 105, 245, 393, 442, 449
Gargantua 37
Hôtel Lallemant 235, 238
Gaspar 103
Houphouët Boigny 51
Gaucher de Reims 375
Huysmans 63, 340
Gautier de Coincy 347
Hymne des saints Confesseurs 118
Gaza 234
Gélase 1er 10
I
Genèse 139, 177, 254, 334, 348
Imbolc 46
Georges Aurach 90
Innocent III 300, 398
Géraud de Cardaillac 329
470
150761 - Folio : p471 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
- Couleur : Black
- H : 240
Index des noms propres
L
L’Atalanta fugiens 251
L’entrée ouverte au palais fermé du Roi 336
L’Épine 399
La complainte de Nature à l’alchimiste errant 324
La Flûte enchantée 40
La Sauve 233
La Toyson d’Or 183
La vie très horrifi que du grand Gargantua 37
Lac de Génésareth 346
Lactance 193, 310
Ladislas Roi de Hongrie et de Bohème 95
J
Lafond Jean 407
Jacob 364, 405
Lambsprinck 215, 251, 369
Jacques Cellier 375
Langon 23
Jacques Cœur 150, 218, 242
Languet de Gergy 427
Jacques de Landshut 441, 442
Laningen 86
Jacques de Molay 29
Laon 24, 28, 36, 46, 47, 48, 50, 73, 75, 76, 108, 135, 180,
Jacques de Voragine 68, 82, 332, 364
206, 217, 284, 304, 329, 359, 383, 470, 471
Jakin 329, 341
L’Art profane à l’Église 198
Janus 45, 115, 249, 317, 450
Lasterye Robert 31
Jason 116
Latran 116
Jean 94, 133, 255, 332, 346, 396, 398
Lazare 254
Jean d’Orbais 375
Le Bestiaire du Christ 164, 193
Jean de Mandeville 390
Le Cour 150
Jean Dionisos 212
Le Mans 47, 304
Jean Le Loup 375
Le Monnier (Charles Claude) 427
Jean Raynaud 48
Le Mystère de la Croix de Jésus-Christ et de ses Membres 336
Jehan Lallemant 150
Le Mystère des Cathédrales 5
Jehan Trupin 404
Le Puy 383
Jensat 384
Lectoure 24
Jérémie 113, 291, 292, 293
Jérusalem 29, 41, 143, 202, 212, 228, 254, 295, 329, 340, Légende Dorée 68, 82, 364
Léocade 22
360, 363, 374
Léonard de Vinci 445
Jérusalem céleste 348
Les Demeures philosophales 197
Jessé 84, 94, 143
Les eaux merveilleuses du tonnerrois 241
Jéssé 363
Jésus 63, 68, 69, 72, 119, 137, 151, 172, 254, 330, 350, 351, Les monstres dans la pensée médiévale européenne 241
Léviathan 119, 276, 359
360, 442
Liber de compositione alchimiae 90
Jésus-Christ 78, 81, 111, 193, 388
Liber Monstrorum 232
Joachim 119
Liber octo capitularum de lapide philosophorum 87
Joinville 347
Liber octo capitularum de lapide philosophorum 97
Jonas 95, 257
Libéthra 184
Joseph 65, 363, 405
Lisieux 352
Josias 291
Livre d’Enoch 91, 321
Jour des expiations 172
Livre de la sainte Trinité 93
Jourdain 44, 360
Livre des Figures hiéroglyphiques 143
Juda 158, 423
Livre des Figures hiéroglyphiques d’Abraham le Juif 183
Judas 400
Livre des Jubilés 321
Jugement Dernier 4, 64
Livre des Rois 343
Jules César 22
Livre du Vénérable Docteur Allemant Messière Bernard
Julien l’Apostat 25
Comte de la Marche Trévisane 94
Jung Carl 95
Londres 36, 434
Junon 34
Longinus 339
Jupiter 23, 32, 423
Longpont 352
Justin 82
Lorenzo Lotto 307
Lorenzo Valla 30
K
Lorenzotti 197
Karnak 23
Louis Charpentier 54
Khalid 90
Louis d’Harcourt 51
Kheops 110
Louis IX 322
Krauss Henry 51
Louis VI le Gros 14, 278
Louis VII 382
Introitus apertus ad occlusum regis palatinum 116
Irénée de Lyon 90, 92, 190
Irminsul 256
Isaac 66, 69, 402
Isaac de Baulot 196, 315
Isaïe 84
Isidore de Séville 62, 232, 261, 264, 390
Isis 20, 92, 105, 150, 352, 393
Israël 123, 398
Issoire 130, 223, 235, 288
471
150761 - Folio : p472 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
- Couleur : Black
- H : 240
Symboles étranges des cathédrales
Louis XII 324
Louis XIII 22
Louis XIV 22
Louis, fi ls de Philippe le Sage 378
Luc 397
Luca Pacioli 447
Lucca 232
Lucifer 299
Lucques 372
Lug 24, 36, 46
Lugdunum 174
Lugdunum clavatum 46
Lutèce 32, 33
Luxeuil-les-Bains 24
Luz 304
Lyon 33, 36, 46, 174, 304
M
Maât 245
Mages 103
Maïer Michel 251
Maître Albert 97
Maître de Justice 221
Maître Renaud 378
Manget 315
Mantes 338
Mantoue 124
Marbode 390
Marcoul 78
Marduk 113
Marguerite d’Autriche 215, 324
Marguerite de Provence 347
Maria Stella 102
Marie 5, 65, 72, 396, 418
Marie de Médicis 307
Marie-Madeleine 5, 254, 337, 350, 387
Marquis de Carabas 157
Marquis de Palombra 116
Mars 23, 24, 151, 155, 162
Marseille 174, 350
Marsile Ficin 307, 309
Marthe 254, 350
Martianus Capella 204
Martin Luther 399
Massilia 33
Mathieu 342
Matthieu 94, 105, 211, 330, 346, 376, 397, 442
Maurice de Gandillac 67
Maurice de Sully 50
Mausolée de Galla Placidia 220
Melchior 441
Melchisédech 69, 220
Melle 304
Mélusine 231, 236
Mercure 20, 23, 24, 36, 191, 239
Mercure de France 428
Mérelle 35
Métamorphoses 365
Metz 13, 23, 28, 32, 42, 47, 70, 71, 95, 111, 181, 185, 186,
188, 196, 198, 223, 229, 230, 231, 234, 236, 237, 242,
243, 244, 304, 312, 313, 315, 317, 329, 342, 406, 467, 471
Mey 236
Michel Maïer 297
Michel-Ange 299
Miklos Melchior de Szeben 95
Milan 25
Minos Kalokairinos 372
Minotaure 372
Miracles de Notre-Dame 347
Mirepoix 376, 380
Miserere 377
Mithra 18, 23, 25, 122, 174, 316, 392, 446
Moine Théophile 411
Moïse 62, 79, 95, 96, 212, 253, 299, 341, 397, 398, 405,
412, 420
Monastère de Souvigny 231
Mons Tumba 353
Mont 401
Mont Mercure 33
Mont Saint-Michel 36, 223, 242, 329, 351, 352, 353
Mont Sinaï 79, 212, 299, 310, 412
Mont Tombe 353
Montluisant 94, 110, 130, 215, 216
Montmartre 36
Moulins-lès-Metz 236
Mozac 235
Mozart 40
Musée de Cluny 324, 331
Musée de Normandie 351
Musée de Souvigny 125
Musée du Louvre 400
Musée Marmottan 324
Mutus Liber 196, 315
Mycènes 117
Mylius 144, 235, 369
Mystère des Cathédrales 183
N
Nabuchodonosor 292
Nantes 321
Nantes 197, 304, 321, 354
Narbonne 54
Nautes Parisii 352
Nazareth 44
Neckam Alexander 240
Neptune 149
Néron 356
Neufchâteau 42
Neuilly en Donjon 254
Nicolas Droguet 413
Nicolas Flamel 143
Nicolas Rolin 5
Nil 350
Nîmes 340
Ninive 227, 228, 331
Noé 95, 165, 194, 225, 244, 257, 347, 356
Noël 171
Nohant-Vic 338
Notre Dame 101
Notre-Dame de Bonne Délivrance 352
Notre-Dame de Dessous Terre 298
Notre-Dame de l’Yvrande 352
Notre-Dame de la Délivrande 351
Notre-Dame de Nazareth 298
Notre-Dame du Mont Tombe 352
Nouaillé-Maupertuis 275
472
150761 - Folio : p473 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
- Couleur : Black
- H : 240
Index des noms propres
Nout 445
Noyon 26, 471
O
Oannes 234
Observatoire de Paris 426, 429
Odyssée 231
Oeuvre Notre Dame 433, 440
Olier 429
Onésicrite 266
Opus Majus 98
Ordéric Vital 279
Ordre du Temple 29
Origène 26, 65, 67, 69, 99, 111, 296, 363
Orion 162
Osiris 92, 105, 150, 190, 388, 442
Oswald Wirth 197
Ouranos 81
Oursel Raymond 66
Ovide 365
Oxygès 142
P
Padoue 86
Palais Jacques Cœur 218
Palais public de Sienne 197
Palatin 114
Paolo Dal Pozzo Toscanelli 425
Papesse 174
Pâques 96, 132, 136, 171, 363
Paracelse 209
Paray-le-Monial 304
Paris 5, 14, 18, 19, 22, 27, 31, 34, 42, 47, 50, 51, 52, 54, 67,
68, 71, 72, 76, 77, 79, 80, 82, 86, 89, 90, 91, 92, 94, 95, 98,
99, 101, 102, 103, 108, 109, 110, 120, 121, 127, 130, 131,
132, 134, 135, 138, 140, 147, 152, 155, 156, 157, 158, 175,
179, 181, 183, 184, 186, 187, 189, 192, 198, 201, 204, 205,
206, 208, 216, 224, 241, 242, 268, 274, 284, 304, 310,
315, 318, 324, 332, 339, 347, 349, 352, 359, 365, 367, 369,
375, 382, 383, 394, 399, 400, 407, 411, 426, 427, 429,
432, 451, 469, 472
Pasteur Hermas 333, 334
Paul III 399
Pavie 86
Pélage 177
Pellerin Jean Charles 297
Pernes-les-Fontaines 54, 59, 272
Péronne 48
Perréal Jean 321,424
Phanès 123
Phébus 191, 316
Philalète 336
Philibert le Beau 215
Philippe le Bel 29, 35
Philippe le Sage 378
Philippe Walter 63
Philon d’Alexandrie 99, 296, 363
Phocée 33
Physiologus 99, 100, 227, 229, 241, 253, 267, 269
Piazza Vittorio 116
Pic de la Mirandole 209
Piccolpassi 94, 147
Pie X 399
Pierre Raffi n 13
Pierre de Beauvais 241
Pierre de Dreux 83
Pierre Lombard 10
Pilate 400
Platon 19, 87
Pline 99, 158, 227, 240, 261, 264
Pline l’Ancien 18, 267, 390
Poitiers 304, 371
Polirone 124
Pollux 23
Polybe 19
Pontremoli 372
Popelin Claudius 147
Poséidon 149
Posidonius 19
Poutre de Gloire 394
Prague 52
Pretiosissimum Donum Dei 90
Processus sub forma Missae 95
Prosper Mérimée 13, 383, 433
Provins 144
Pseudo Denys 120, 331
Pseudo Lulle 94
Pseudo Matthieu 103, 363
Pseudo Tertullien 251
pseudo-Tentateur 214
Psychomachie 177
Puy-en-Velay 36, 232, 237, 239
Pythagore 38, 92, 205, 447
Q
Quatre Animaux 119
Quatre Vivants 222
Quimper 340
R
Ra, (Râ) 350, 392
Rabelais 37
Ratis 350
Ratisbonne 87, 97
Ravenne 8, 20, 62, 123, 220, 270, 281, 361, 371, 444
Raymond de Toulouse 311
Raymond Lulle 93
Recueil de plusieurs traités de philosophie hermétique 95
Regina mundi 102
Régius 434, 443, 447
Regnobert 351
Reims 8, 22, 28, 43, 46, 47, 50, 52, 69, 70, 72, 73, 76, 80,
101, 107, 108, 109, 119, 121, 130, 136, 140, 181, 185, 208,
210, 217, 221, 268, 277, 278, 296, 304, 338, 344, 371,
375, 377, 418, 454, 468
Reinach Salomon 191
Remiremont 24, 329
Remus 114
Rennes 390
Réprouvé 68
Rictus Barrus 82
Ripley 324
Rivière Patrick 226
Rivista Europea 37
Robert de Cotte 22
Robert de Luzarches 378
473
150761 - Folio : p474 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
- Couleur : Black
- H : 240
Symboles étranges des cathédrales
Saint Jean-Baptiste 4, 43, 421, 422, 425, 450
Saint Jean de Réome 240
Saint Jean Eudes 219
Saint Jean 221
Saint Jérôme 232, 299
Saint Laurent 105, 250, 312, 440
Saint Lizier 340
Saint Louis 51, 142, 322, 347, 356
Saint Luc 79, 145, 153, 195, 255, 342
Saint Mamet 26
Saint Marc 360
Saint Martin 26, 255, 256, 391
Saint Martin (Lucca) 233
Saint Maurice de Vienne 130
Saint Merry 304, 320
Saint Michel 5, 20, 24, 119, 191, 223, 232, 323, 447
Saint Michel d’Aiguilhe 232, 237, 239
S
Saint Mont 329
Sacré Cœur de Jésus 219
Saint Nazaire 242
Sagrada Familia 51
Saint Nectaire 11
Saint 238
Saint Nicolas 96, 119
Saint Aignan 383
Saint Nicolas de Maillezay 269
Saint Ambroise 26
Saint Omer 130, 315, 371
Saint-Antoine-en-Dauphiné 422
Saint Ouen 26
Saint Antoine le Grand 96
Saint Paul 24, 177, 246, 262, 321, 334, 444
Saint Aubin-sur-Mer 351
Saint Augustin 16, 26, 67, 96, 99, 123, 177, 251, 257, 267, Saint Piat 82
Saint Pierre 24, 262
296, 333
Saint Pierre aux Nonnains 23, 329
Saint Austremoine 130
Saint Pierre d’Airvault 288
Saint Bénigne 255
Saint Pierre sur Dives 426
Saint Bernard 207, 273, 382
Saint Pulchrone 24
Saint Bertin 130, 371
Saint Quenin 270
Saint-Brisson-sur-Loire 304
Saint Quentin 47, 371, 380
Saint Castor 340
Saint Rémi (Rémy) 22, 28, 69
Saint-Chillais 269
Saint Romaric (Romaryc) 24, 329
Saint Christophe 20, 68, 96, 261, 364
Saint Saintin 24
Saint Clément 83, 193, 231, 242
Saint Savin 348
Saint Clément (Rome) 123
Saint Savinien de Melle 275
Saint Colomban 24, 232
Saint Sulpice 8, 426
Saint Corentin 340
Saint Thomas 260, 443
Saint Denis 130, 382
Saint Thomas d’Aquin 86, 178
Saint Denis 14, 51, 67, 83
Saint Trophime 223
Saint des Saints 396
Saint Vénier 23
Saint Dié 39
Saint Victor 350
Saint Eloi 26, 471
Saint Vincent 36, 83, 432
Saint Esprit 34, 96, 220, 258, 377, 471
Saint Vincent Depaul 429
Saint Étienne 42, 82, 230
Saint Zéphirin 10
Saint-Étienne d’Auxerre 233
Saint-Benoît-sur-Loire 223
Saint-Étienne-du-Mont 349
Saint-Bertrand-de-Comminges 399
Saint Eutrope 223, 237
Saint-Denis 278, 363
Saint Firmin 225, 334, 392
Saint-Dié 235
Saint François d’Assise 39, 322
Sainte Agathe 23, 380
Saint George 96
Sainte Anne 66, 96, 119
Saint Georges 82, 223, 323
Sainte Cécile 382
Saint Gilles 337
Sainte Chapelle 65, 109, 382
Saint Gilles du Gard 11
Sainte Foy de Conques 74, 218
Saint Graal 29, 150
Sainte Hélène 230
Saint Grégoire 81
Sainte Marguerite 230
Saint Hilaire 223
Sainte Marie des Anges (Rome) 426
Saint Hilaire de Melle 223
Sainte Sophie 270
Saint Jacques 351
Sainte-Colombe 280
Saint Jacques de Compostelle 40, 135, 139, 374
Saintes 33, 237
Saint Jacques de la Boucherie 184
Saintes Maries 350
Saint Jean 112, 259, 421, 432
Rocamadour 347
Rodez 401
Rodolphe de Fulda 256
Roger Bacon 98
Roman de la Rose 87
Roman pseudo-clémentin 82
Rome 14, 23 24, 34, 36, 39, 40, 42, 45, 62, 82, 89, 90, 97,
115, 116, 123, 195, 261, 270, 293, 329, 333, 353, 354, 361,
372, 374, 392, 426, 427
Romulus 114
Rosarium philosophorum 94
Rosart Maurice 424
Rouen 26, 28, 29, 47, 101, 304, 338, 355, 451, 471
Rufi n d’Aquilée 99
Rziha Franz 57, 59, 435
474
150761 - Folio : p475 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
- Couleur : Black
- H : 240
Index des noms propres
Saintes-Maries-de-la-Mer 210 350
Strasbourg 24, 28, 29, 50, 52, 56, 58, 73, 101, 103, 108,
130, 137, 170, 237, 286, 329, 339, 355, 423, 433, 435, 438
Saint-Étienne-des-Grès 352
Stryges 242
Saint-Gaultier 269
Suger 14, 278, 363
Saint-Léger-lès-Melle 275
Sulat 196
Saint-Nicolas de Maillezais 290
Symbola aurea 94
Saint-Nicolas-de-Port 412
Saint-Nicolas-de-Port 51, 277, 340, 347, 365, 366, Synagogue 217, 436
Synode d’Arras 63
386,412
Saint-Omer 380
T
Saint-Pol-de-Léon 402
Tarot de Marseille 197
Saint-Tugdual 402
Tarot des imagiers du Moyen Âge 197
Saint-Vétérin 24
Tarvos Trigaranus 23
Saint-Wandrille 304
Taufbrunnen 355
Salem 220
Temple de Salomon 29, 57, 329, 348
Salle capitulaire du Puy 383
Templiers 49
Salomon 57, 78, 95, 105, 329, 341, 418, 444
Tentateur 214, 436
Samain 46
Testament de Raymond Lulle 93
Samarobriva 24
Theatrum chemicum 95
Sammël 306
Théodore de Bry 215, 369
Samson 20, 158, 405
Théodose 26, 356
San Petronio (Bologne) 426
Théophraste 390
San Reparatus 371
Thésée 373, 377
San Vitale 8
Thomas d’Aquin 10, 97, 123, 131
Santa Maria del Fiore 425
Thomas de Cormont 378
Sarah 79, 350
Thuret 288
Saturne 157
Tiamat 113
Savoret André 219
Tibère 23
Savouret Pierre 315
Tite-Live 34, 114
Sédécias 291
Titicaca 117
Semo sanctus 82
Titus 25
Senlis 268
Tonnerre 240
Sens 47, 130, 371, 382
Toscanelli 425
Sergus 236
Toul 47, 286, 339
Sermon sur la Montagne 83
Toulouse 371
Serrabone 231
Tournai 26, 471
Servius 232
Toutankhamon 250
Sibylle de l’Hellespont 308
Traité de la pierre philosophale 251
Sibylle de Libye 309
Traité d’alchimie 94
Sienne 308, 322, 388, 415
Translatio sancti Alexandri 256
Sigismond Tizio 309
Trévisan 94
Simon 260, 346
Trinité 96, 112, 153
Simon le magicien 82
Trismosin 183, 324
Simon Mattifas de Buci 50
Troyes 47
Simon Pierre 346
Tschaen 424
Sirius 104
Smertios 23
U
Société de Mythologie Française 38
Ubertin de Casale 143
Soissons 47, 54
Ulhberger 58
Sol invictus 317
Ulm 52
Somme Théologique 97, 124
Una Woodruff 240
Sophonie 225, 226, 295
Urbiger 219
Sorbonne 86
Ursin 22
Sothis 104, 442
Souillac 223
V
Source de Malézieux 311
Vaison-la-Romaine 59, 270, 298, 301
Souvigny 125, 127, 231, 266
Valezis 36
Speculum ecclesiae 242
Van der Weyden 4
Stella Maris 347
Van Helmont 218
Sterling Charles 324
Van Lennep 95, 204
Stolcius 311
Vannes 14
Strabon 149
Vauquelin des Yveteaux 95, 218
Venasque 23, 271, 444
Straccalli Alfredo 37
475
150761 - Folio : p476 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
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Symboles étranges des cathédrales
Venise 86
Vénus 155, 352
Verdun 15, 24, 101, 254
Versailles 317
Vézelay 4, 14, 17, 36, 74, 109, 119, 127, 130, 133, 134,
136, 156, 169, 186, 188, 223, 247, 256, 257, 258, 260,
262, 263, 264, 265, 266, 304, 329, 339, 343, 349, 356,
362, 421
Vienne 52
Vierge 117, 119, 154, 160, 161, 163, 220, 352, 418
Vierge Marie 22, 81, 93, 101, 144, 268, 363, 387, 405,
413, 440
Vierges noires 102, 374
Villard de Honnecourt 52, 376
Villersalem 304
Villiers-sous-Chizé 288
Vincent de Beauvais 87, 390
Vingt quatre vieillards de l’Apocalypse 221
Violle, r.p. 65
Viollet-le-Duc 13, 136, 182, 340, 354, 394
Virgo pariturae 102, 329
Viridarium chymicum 311
Vitruve 445
Vomécourt sur Madon 256
Vouvant 232
Vulcain 23
Vulgate 299
W
Würzburg 57
Y
Yahvé 397
Yamoussoukro 51
Yehoyaqim 291
Yggdrasill 256
York 340, 434
Yvrande 352
Z
Zacharie 198
Zehnacker Michel 171, 212
Zeus 81
Zohar 317
Zozime 80, 252
150761 - Folio : p477 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
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Cyan
Magenta
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Table des matières
Introduction ...........................................................................................
7
Chapitre I – Les vrais mystères des cathédrales .......................
Le cadre religieux ...................................................................................
L’indicible émoi .....................................................................................
Les sources symboliques et antiques ..................................................
Les sources mythologiques antiques ..................................................
Les sources écrites et orales de l’Antiquité .........................................
Les sources imagées ...............................................................................
Persistances antiques .............................................................................
Le véritable mystère ? ............................................................................
Gothique ? ..............................................................................................
La langue des oiseaux ? .........................................................................
Les gouliards ..........................................................................................
Le délicat problème de l’orientation ..................................................
L’argent des cathédrales ........................................................................
Les bâtisseurs ..........................................................................................
La loge des Compagnons et la chambre du trait ..............................
Les marques des tailleurs ......................................................................
Chapitre II – La cathédrale, encyclopédie médiévale, livre
d’image ? ..................................................................................
Les emmurés vivants .............................................................................
Les atlantes et hagiophores ..................................................................
Marmousets et grimaçants ..................................................................
Chapitre III – Imprégnations alchimiques et chrétiennes .......
Les imprégnations réciproques ............................................................
L’apport du Physiologus .........................................................................
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150761 - Folio : p478 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
- Couleur : Black
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Notre-Dame ...........................................................................................
Les mages de Strasbourg ......................................................................
Chapitre IV – Les mystères du parvis ......................................
Les programmes sculptés .....................................................................
Les trois Portes .......................................................................................
Bas-reliefs, statuaire et voussures des portails ..................................
Les calendriers et les travaux de l’année .........................................
Le zodiaque d’Amiens et quelques autres .........................................
Des arbres et des buissons ..............................................................
Les zodiaques de Notre-Dame de Chartres ..................................
Curiosité strasbourgeoise ...............................................................
Vision alchimique du zodiaque .....................................................
Le Tarot de la cathédrale Saint-Jean ..............................................
Chapitre V – Les grands thèmes ...............................................
Les vices et les vertus .............................................................................
Visions alchimiques ........................................................................
Couardise et courage .......................................................................
Le désespoir et l’espérance ..............................................................
Le fi xe et le volatil : la prudence et la chasteté. La luxure ...............
Le coq et le renard ............................................................................
Le phénix du Christ et du creuset ..................................................
La patience et l’impatience ............................................................
La tempérance et la justice .............................................................
La foi et les aigles ..............................................................................
L’obéissance et la désobéissance ....................................................
La dureté et la douceur ....................................................................
Les arts libéraux .....................................................................................
Trivium et quadrivium ....................................................................
La Sagesse .........................................................................................
La mesure du monde .......................................................................
La Vierges allégoriques .........................................................................
Les cryptes, matrices de l’Église ...................................................
Vierges sages et Vierges folles ........................................................
Les vases philosophiques et le sacré cœur ...................................
Étranges créatures .................................................................................
Le hérisson d’Amiens et la prédiction de Sophonie ...................
Ninive et les reptiles ........................................................................
Chimères ..........................................................................................
Sirènes ...............................................................................................
Le cocatrix et le basilic ....................................................................
105
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111
111
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146
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150761 - Folio : p479 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
- Couleur : Black
- H : 240
Harpies et stryges ............................................................................
L’aigle bicéphale ...............................................................................
L’ouroboros ......................................................................................
Les hommes étranges ............................................................................
Divertissements ? ...................................................................................
Le peuple des modillons .......................................................................
Nudités et paillardises ? .......................................................................
Cracheurs d’eau et gargouilles ............................................................
Acrobates ................................................................................................
Chapitre VI – De Maître à disciple .........................................
De Maître à disciple : Histoire de Jérémie ........................................
Le Christ Pèlerin et la lanterne d’Hermès ........................................
Le Christ cornu ......................................................................................
Chapitre VII – Les emblèmes de l’alchimie chrétienne ? .........
Quand l’alchimie s’invite à la cathédrale ..........................................
Les marqueteries de Lotto ..............................................................
Le pavage de Sienne .........................................................................
Les quatre éléments de Crestet ......................................................
Le curieux portail Sud de Saint-Étienne de Metz ......................
Le Baphomet de Saint-Merry ........................................................
Le tombeau de François II .............................................................
Chapitre VIII – La cathédrale image du monde et de l’homme
et de Dieu .................................................................................
Les images ...............................................................................................
Multiplicités .....................................................................................
La cathédrale dans la cité ......................................................................
La Maison de Dieu et la Jérusalem céleste ..................................
La forteresse alchimique et le jardin clos ....................................
L’image du Christ et de la Croix ...................................................
Le temple de Salomon et l’Église .................................................
L’image de l’homme .......................................................................
Le vaisseau des âmes ........................................................................
La cité des hommes .........................................................................
Le miroir de la nature .....................................................................
Chapitre IX – L’ombre et la lumière .........................................
Les labyrinthes .......................................................................................
Le labyrinthe disparu de Reims ....................................................
Déambulations chartraines ...........................................................
Le pavage amiénois .........................................................................
Saint-Quentin et quelques autres .................................................
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150761 - Folio : p480 - Type : pINT 12-11-06 11:14:20
L : 170
- Couleur : Black
- H : 240
Culte solaire ? ..................................................................................
L’univers de couleurs .............................................................................
Les couleurs disparues ....................................................................
Influence des lapidaires ...................................................................
Du rouge au bleu .............................................................................
Les attributs colorés ........................................................................
Le bois et la pierre .................................................................................
Les jubés disparus ...........................................................................
L’univers des stalles .........................................................................
Le verre et la lumière ............................................................................
Les rosaces ........................................................................................
Le chemin de lumière .....................................................................
Les rayons lumineux .......................................................................
Les méridiennes ...............................................................................
Chapitre X – Quand les francs-maçons regardent les
cathédrales ...............................................................................
Francs-mestiers et francs-maçons .......................................................
Images strasbourgeoises ........................................................................
La communauté symbolique ...............................................................
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À chacun selon ses yeux ? .........................................................
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Bibliographie ..........................................................................................
Index des noms propres ........................................................................
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