français - Migros Museum für Gegenwartskunst
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français - Migros Museum für Gegenwartskunst
Une institution du Pour-cent culturel Migros COLLECTION on display John Armleder, Richard Jackson, Robert Kusmirowski, A.R. Penck, Markus Raetz, Gerhard Richter, Pamela Rosenkranz, Niele Toroni, Christopher Wool 30 août–9 novembre 2014 Collection on Display présente une sélection d’œuvres de la collection du Migros Museum für Gegenwartskunst. La deuxième partie du cycle actuel dédié aux excès dans les formes et les motifs se consacre à la peinture et au dessin, dans leur sens le plus large. L’expositions interroge les connotations culturelles, historiques et artistiques de ces disciplines, affranchies depuis longtemps du format du tableau. Ce volet ne se consacre pas seulement aux œuvres qui ont contribué à écrire l’Histoire de l’art, mais également à celles qui posent un regard plein d’humour sur l’histoire de la peinture et évoque avec (auto-)dérision le rôle du peintre. The Laundry Room (2007–2014), œuvre de l’artiste américain Richard Jackson présentée pour la première fois dans le cadre d’une exposition de la collection d’un musée, et Variation über ein Thema von Kasimir Malewitsch – Variation on a Theme of Kasimir Malevich (2011) de l’artiste polonais Robert Kusmirowski sont les piècesmaîtresses de cet événement. Ces deux importantes installations seront entourées d’œuvres de John Armleder, A.R. Penck, Markus Raetz, Gerhard Richter, Pamela Rosenkranz, Niele Toroni et Christopher Wool qui, toutes, se confrontent à l’héritage de la peinture et participent à la discussion sur les effets de la peinture. La notion d’ « excès » englobe les transgressions, les débordements et les excédents. Si l’on veut le traduire en une caractéristique formelle de l’art, on peut évoquer un trop-plein de matériaux ou d’images. Mais l’excès peut également résider dans les gestes de réduction ou dans l’abstraction. Ce terme décrit aussi les méthodes artistiques – telles que la répétition, la manie ou une endurance supérieure à la moyenne. Le mythe de l’artiste travaillant avec excès – en dépit de la déconstruction du statut d’auteur – reste un sujet qui perdure dans l’art jusqu’à aujourd’hui. L’excès est un thème universel de l’art, utilisé aussi bien dans la forme que dans le motif, dans l’esprit d’une conception de l’œuvre postmoderne abolissant toute limite. La collection d’art reste toujours une forme d’excès dans le sens d’une juxtaposition de styles divers et d’une accumulation représentative. Les deux premières parties de cette exposition portent sur le médium de la peinture considéré, dans une certaine perspective, comme « l’art par excellence ». Les formes de l’excès et les gestes excessifs ne cessent d’y trouver une plate-forme. Dans le modernisme du XXe siècle, la peinture en tant que médium de la réflexion sur soi-même servait à défendre l’autonomie de l’art. À l’opposé, à l’époque postmoderne, elle fut mal vue et rétrogradée au statut de médium régressif, associé de façon primaire à soi-même et aux mystifications l’accompagnant. Il n’y a cependant pas eu de « fin de la peinture » et aujourd’hui, des questions conceptuelles ou sculpturales sont traitées à travers des pratiques picturales – et inversement, d’autres médias présentent un caractère tout aussi imagé ou pictural. La peinture en tant que discipline de l’excès apparaît dans les œuvres présentées ici à travers des techniques de répétition et la représentation stylisée de motifs. L’une des expressions de la répétition point sous la référence constante à l’époque moderne, sous forme de reprises ou même de copies. À l’inverse, on trouve également des œuvres s’interrogeant sur la façon dont la peinture peut développer un langage pictural autonome. Quelle importance peut obtenir un médium si traditionnel dans une culture numérique, inondée d’images ? Il ne s’agit pas uniquement de questionner ici la peinture en tant que partie d’un univers pictural illimité mais également le rôle de l’artiste. Commissaire : Judith Welter, Commissaire de la collection, Migros Museum für Gegenwartskunst Migros Museum für Gegenwartskunst Limmatstrasse 270 Postfach 1766 CH–8005 Zürich T +41 44 277 20 50 F +41 44 277 62 86 [email protected] migrosmuseum.ch pourcent-culturel-migros.ch Une institution du Pour-cent culturel Migros Ces aspects sont thématisés avec pertinence par Richard Jackson (*1939) et Robert Kusmirowski (*1973) dont les installations et les performances sont consacrées au processus de fabrication de la peinture. Depuis les années 1970, l’artiste américain Richard Jackson se penche sur l’abolition de toute limite dans la peinture et commente avec humour, à travers ses installations, les poncifs, les traditions et les thèmes de cet art. Pour remplacer le pinceau, Jackson crée au fur et à mesure des « outils » spécialisés pour ses environnements picturaux qu’il fait intervenir dans la fabrication de sa peinture. Même les toiles ne servent plus de supports mais elles deviennent des éléments sculpturaux utilisés parfois pour appliquer de la couleur au mur. The Laundry Room (2007–2014) n’est pas seulement une « blanchisserie » mais également une sorte de laboratoire pour la fabrication d’une peinture qui tâche. Le décor provient d’un événement unique au cours duquel l’artiste avait mis dix machines à laver en route après y avoir remplacé l’eau par de la peinture. La peinture à l’acrylique colora les habits avec les trois couleurs primaires ainsi qu’avec les trois couleurs secondaires en résultant. Les couleurs furent ensuite mélangées une nouvelle fois dans les machines restantes dont sortirent cette fois-ci des vêtements de plus en plus sombres et sales, empilés et étendus dans l’installation finale sur des séchoirs à linge. Dans la « blanchisserie » de Jackson, on trouve également des objets sculpturals qui sont autant de références à l’histoire de la peinture. En face de cette confrontation radicale de Jackson avec la tradition (américaine) de la peinture, on découvre l’installation de Robert Kusmirowski, exposée elle aussi pour la première fois. Avec Variation über ein Thema von Kasimir Malewitsch – Variation on a Theme of Kasimir Malevich (2011), l’artiste polonais étudie les aspects du processus de création artistique habituellement invisibles. Ainsi, son installation met en scène l’atelier de Malevitch dans lequel un prototype de son Carré noir (1914-1915) a probablement vu le jour. Ici aussi, l’installation est le produit d’une performance de l’artiste. Dans le décor historique de Kusmirowski reconstitué avec précision, le travail de l’artiste est un processus de dur labeur, rude et physique. Il s’inscrit en contraste avec l’idée d’une peinture moderne européenne abstraite et cérébrale. L’abstraction ne signifie pas la fin de la peinture, mais elle lui apporte, à l’époque postmoderne, de nouveaux registres de formes. Dans ses œuvres, l’artiste allemand A.R. Penck (*1939) élabore ses propres modes de communication, en ayant recours à une esthétique prétendument primitive, à travers l’utilisation de symboles et de signes. C’est à l’intervention consciente d’un certain dilettantisme que l’on reconnaît ses toiles. Ce dernier se manifeste d’une part dans ses signes et motifs d’une grande simplicité, au fonctionnement similaire à celui des pictogrammes et au potentiel narratif confirmé. D’autre part, il transparaît également dans le choix du matériau, souvent simple et de bon marché, comme c’est ici la cas avec des restes de papier cartonné peints. Les travaux de Penck soulignent tout autant la popularité de la peinture comme mode d’expression que sa mystification. L’artiste répète inlassablement les mêmes motifs, contribuant ainsi à leur conférer sans cesse de nouvelles significations, toujours liées au sens dans lequel on regarde l’œuvre, ce sens pouvant être choisi librement dans l’œuvre exposée ici. Dans différents autoportraits, Markus Raetz (*1941) se consacre, pour sa part, au rôle de l’artiste et à la question de sa paternité par rapport à une œuvre. Il ne s’agit pas pour lui d’une réflexion sur lui-même, mais il s’intéresse bien davantage au potentiel des processus de perception et à leur mise en pratique artistique. Dans les années 1960 et 1970, il réalisa une œuvre proche, par ses thèmes et ses procédés, du pop art. Ses créations trouvent immanquablement leur origine dans l’expérimentation de techniques photographiques. Dans son approche de l’autoportrait, Markus Raetz utilise tout simplement des clichés de photomaton. Il utilise différentes méthodes pour créer des tableaux stéréotypés à base de quadrillages, de points, de simples traits ou de surfaces colorées. La série Selbstbidnisse II (1977) reprend à leur compte le thème de l’autoportrait en peinture. Le traitement d’un modèle en série sous des formes diverses et avec des matériaux différents est le point de départ de sa quête de l’autoportrait (multiple). La peinture de Christopher Wool (*1955) procède de façon plus mécanique, en s’intéressant à des modes de fabrication en série standardisés et à leur capacité à permettre une signature personnalisée de l’artiste. Pour la série de peintures à laquelle appartient l’œuvre Ohne Titel (1992), Wool applique de la couleur sur des plaques en aluminium, à l’aide de pochoirs ou de rouleaux à brosse dure. Ainsi, Wool s’approprie certes les qualités d’un artisan et, en dépit de la standardisation technique, il obtient une patte bien particulière à travers certaines imprécisions volontaires. Le retour au modèle décoratif et à sa répétition renvoie à la question de l’abstraction, assimilée, à l’époque moderne, à l’aura de l’œuvre. Dans une série, Wool utilise aussi bien des morceaux de textes que des citations. Il accole les mots les uns aux autres, souvent sans interruption, à tel point qu’il n’est la plupart du temps pas aisé de les déchiffrer du premier coup d’œil. L’agencement en série, décoratif et minimaliste, et la réflexion ainsi livrée sur la tradition artistique de la peinture contrastent avec les tournures ironiques et les citations issues de divers contextes Migros Museum für Gegenwartskunst Limmatstrasse 270 Postfach 1766 CH–8005 Zürich T +41 44 277 20 50 F +41 44 277 62 86 [email protected] migrosmuseum.ch pourcent-culturel-migros.ch Une institution du Pour-cent culturel Migros populaires qu’il utilise. Avec Want To Be Your Dog, Wool reprend un titre de chanson de 1969 de The Stooges. L’artiste suisse John Armleder (*1948), qui a créé, au cours des quarante dernières années, une œuvre importante et d’une grande diversité, s’est rendu connu à la fin des années 1960 par ses actions Fluxus menées avec le groupe d’artistes genevois Écart. Dans les années 1980, il se détourne de la création actionniste et se concentre sur la peinture et la sculpture. Il développe notamment l’ensemble d’œuvres Furniture Sculptures. Celles-ci sont composées d’une part de meubles ou d’objets du quotidien usagés, d’autre part de compositions peintes abstraites et minimalistes. Les objets du quotidien sont peints ou reliés à la peinture dans un contexte sculptural, conférant ainsi à cette dernière un caractère tridimensionnel. L’œuvre Ohne Titel (Furniture Sculpture) (1998), acquise par le musée, fait partie de cette série. Une corbeille à linge usagée des années 1950 est placée sur un socle, accédant ainsi au statut d’objet sculptural et démise de sa fonction originelle. Cette forme classique de présentation de sculptures est dénaturée par la hauteur exagérée et par le bois brut et bon marché du socle. La toile peinte en monochrome derrière la corbeille à linge devient une tapisserie d’arrière-plan. Depuis le milieu des années 1960, Gerhard Richter (*1932) dissèque le « degré de véracité » à travers le medium de la peinture mais également la genèse des images – notamment dans ses célèbres « photos peintes », des toiles utilisant des modèles photographiques qui se caractérisent par leur flou pictural et évoquent des photos impressionnistes. Chose marquante dans son œuvre, le refus de l’évidence qu’il exprime dans un style de peinture pluraliste. À compter du milieu des années 1970, il travaille majoritairement sur des tableaux abstraits. Dans ce cas, à l’instar des œuvres présentés ici, Richter ne part pas d’un motif préétabli mais il avance couche par couche, au cours d’un processus de longue haleine, à l’aide d’un pinceau et d’un racloir. Les superpositions de peinture et les corrections restent en grande partie visibles pour le spectateur. L’œuvre de Niele Toroni (*1937) s’est d’abord développée à travers une série d’actions qu’il organisa de 1966 à 1967 avec Daniel Buren, Michel Parmentier et Olivier Mosset sous le nom de B.M.P.T. Leur objectif étant de se limiter à la répétition d’un certain motif arbitraire, les artistes réduisaient leur pratique picturale au « degré zéro », qu’il s’agisse de la finalité du travail ou de l’intervention personnelle de l’artiste. Depuis 1967, Toroni peint des empreintes de pinceaux à intervalles réguliers de 30 cm avec un pinceau n° 50. Son mode d’action est en toute logique dépersonnalisé, cependant ses Empreintes de pinceau no. 50 répétées à intervalles réguliers (1993) sont toujours le résultat d’une réalisation des empreintes par un individu singulier. Dans l’animation vidéo Death of Yves Klein (2011) de Pamela Rosenkranz (*1979), l’artiste remplace le bleu déposé par Klein en 1956 sous le nom de « International Klein Blue » (IKB) par le scintillement bleu de la surface d’un écran LCD. En mélangeant des pigments de couleur bleue, l’objectif de Klein était de préserver au maximum l’intensité lumineuse afin de restituer la couleur authentique. En outre, il s’intéressait également à l’idée de dématérialisation. Le bleu comme symbole de la représentation chrétienne de la rédemption après la mort est imbriquée, dans ses œuvres, avec l’idée avant-gardiste de l’immatériel. Rosenkranz reprend à son compte le processus de réincarnation en ayant recours aux technologies modernes, elles-mêmes soumises à de continuels changements. Le travail de Rosenkranz tente de formuler une antithèse matérielle à la mystification religieuse de la couleur. En reproduisant la couleur, l’artiste profane le caractère particulier que Klein lui avait conféré. Rosenkranz abolit la référence à un « bleu unique ». Sur l’écran ainsi que dans les reproductions imprimées, la couleur apparaît chaque fois avec des couleurs différentes de l’original. De même, l’artiste renvoie aux aspects biologiques de la perception, chaque œil voyant les couleurs différemment. En outre, elle analyse également la mort de Klein, évoquée dans le titre, et sa dématérialisation dans une perspective médicale. La bande-son de la vidéo est composée de mises en garde par rapport aux substances nocives que Klein utilisa pour ses expériences chimiques et qui, comme l’avancent certaines spéculations, auraient mené à sa mort précoce. L’œuvre Because They Tried to Bore Holes in My Greatest and Most Beautiful Work (2012) fait partie d’une série d’œuvres pour laquelle Rosenkranz a imprimé des reproductions numériques des Monochromes de Klein. Les impressions JPEG en grand format ont été collées à la main par l’artiste. Ainsi, chaque tableau accède au statut d’exemplaire unique, non seulement en raison des variations de couleurs dues au scan, mais également par le travail réalisé par l’artiste, au cours duquel sont apparues des bulles d’air, différentes d’une impression à l’autre. La conservation de l’oxygène dans les bulles apparues au cours de la production fait allusion à la citation de Klein reprise dans le titre. Dans son Chelsea Manifesto, Klein avait en effet désigné le bleu du ciel dans lequel les oiseaux « essayaient de faire des trous » comme l’une de ses œuvres. Migros Museum für Gegenwartskunst Limmatstrasse 270 Postfach 1766 CH–8005 Zürich T +41 44 277 20 50 F +41 44 277 62 86 [email protected] migrosmuseum.ch pourcent-culturel-migros.ch Une institution du Pour-cent culturel Migros Richard Jackson The Laundry Room, 2007–2014 Steel, wood, PVC, resin, metal, acrylic paint, washing machines, clothes Dimensions variable A.R. Penck Ohne Titel, 1972–1973 Acrylic on cardboard; 55 parts Ca. 300 x 300 cm Markus Raetz Selbstportrait – Selbstbildnisse II, 1977 Spray paint on wrapping paper on waxed cotton on a depaphit plate 98 x 70 cm Robert Kusmirowski Variation über ein Thema von Kasimir Malewitsch - Variation on a Theme of Kasimir Malevich, 2011 Various materials Dimensions variable Markus Raetz Selbstportrait – Selbstbildnisse II, 1977 Spray paint on wrapping paper on waxed cotton on a depaphit plate 97.5 x 69.7 cm Markus Raetz Selbstportrait als Klaus Kinsky – Selbstbildnisse II, 1977 Spray paint on wrapping paper on waxed cotton on a depaphit plate 92 x 82.5 cm Migros Museum für Gegenwartskunst Limmatstrasse 270 Postfach 1766 CH–8005 Zürich Markus Raetz Selbstportrait – Selbstbildnisse II, 1977 Spray paint on wrapping paper on waxed cotton on a depaphit plate 93.4 x 86 cm T +41 44 277 20 50 F +41 44 277 62 86 [email protected] migrosmuseum.ch pourcent-culturel-migros.ch Une institution du Pour-cent culturel Migros Christopher Wool Ohne Titel, 1992 Enamel on aluminum 229 x 153 cm Gerhard Richter Ohne Titel (479-1), 1981 Oil on canvas 120 x 175 cm Niele Toroni Empreintes de pinceau no. 50 répétées à intervalles réguliers, 1993 Acrylic on canvas 100 x 100 cm John Armleder Ohne Titel (Furniture Sculpture), 1998 Wood, furniture, acrylic on canvas 320 x 120 x 62 cm Gerhard Richter Ohne Titel (434), 1978 Oil on canvas 201 x 336 cm Niele Toroni Empreintes de pinceau no. 50 répétées à intervalles réguliers, 1993 Acrylic on canvas 200 x 200 cm Migros Museum für Gegenwartskunst Limmatstrasse 270 Postfach 1766 CH–8005 Zürich Pamela Rosenkranz Death of Yves Klein, 2011 Single channel animation on Samsung flatscreen (color, sound) 5:49 min., Loop Pamela Rosenkranz Because They Tried to Bore Holes in My Greatest and Most Beautiful Work, 2012 Inkjet print, plexiglass, double-sided foil, bubbles 180 x 150 cm T +41 44 277 20 50 F +41 44 277 62 86 [email protected] migrosmuseum.ch pourcent-culturel-migros.ch