Au sujet de la prise en charge des TCA,Une histoire sans faim,L

Transcription

Au sujet de la prise en charge des TCA,Une histoire sans faim,L
Au sujet de la
charge des TCA
prise
en
Il y a un moment que je souhaite écrire
sur ce sujet. J’attendais pour cela le
témoignage d’un proche, adhérent de mon
association. Ce témoignage viendra mais
compte tenu des difficultés que je
rencontre souvent en ma qualité de
Présidente lorsque je cherche à orienter des malades ou des
proches ce billet sort plus tôt que prévu…
Vous l’avez peut-être vu, la home page du site
www.sabrinaTCA92 a été modifiée au niveau des onglets et des
menus. Un travail toujours en cours qui ne révolutionne pas le
site mais qui traduira plus précisément – je l’espère – la
vision que j’ai d’une association d’usagers comme celle que
j’ai choisi de créer. Presque un an après le lancement
officiel de SabrinaTCA92, pas mal de réflexion(s), des
rencontres (et des énervements lorsque j’ai moi-même du mal à
savoir qui de la Présidente, de l’auteure qui témoigne ou de
la « Combattante » qui travaille sur son fond de colère doit
s’exprimer ou agir), il est normal que le rôle que j’entends
jouer soit plus clair pour moi et par conséquent le
positionnement de l’association aussi.
Ma famille et moi ne connaissons que trop bien les difficultés
auxquelles se heurtent les proches quand il s’agit de faire
hospitaliser leur enfant et celles que rencontrent les
« Combattantes » qui comprennent qu’il est plus facile de s’en
sortir en s’entourant des bonnes personnes que toutes seules.
Encore faut-il les trouver les bonnes personnes…
La HAS dans ses recommandations en 2010 spécifiait que la
prise en charge n’était pas seulement hospitalière.
L’ambulatoire se développe, toutefois sa mise en place reste
complexe. Dans le contexte actuel, le plan global d’action
pour la santé mentale (2013-2020), le projet de loi Santé, et
surtout l’ouverture de l’hôpital sur la ville, les
associations d’usagers ont un rôle important à jouer et sont
devenues des acteurs à part entière dans le parcours de soins
des malades. On dira que j’ai retenu ce que j’ai entendu au
cours de la semaine passée sur les bancs d’université mais
effectivement si j’ai choisi de suivre un DIU santé mentale
dans la communauté c’est pour poser des mots et des concepts
sur les idées que je trouve intuitivement être les bonnes
depuis des mois.
« Recovery », « Empowerment », « démocratie médicale »… Je
suis rassurée : je vois que mes actions vont dans le bon sens
et qu’en transformant un savoir expérentiel en connaissance je
me donnerai les meilleures cartes pour agir efficacement. Les
changements de mentalités prennent du temps et c’est normal.
J’ai plus de mal avec les freins au changement ou l’inertie
quand on ne peut que constater que l’offre existante en
matière de soins et de prise en charge a montré ses limites.
On peut ne pas être d’accord et proposer de meilleures
solutions (merci déjà de venir débattre sur la place publique
pour dire ce qu’on a à dire…), refuser de se remettre en
question ou s’entêter à ne rien changer me paraît aberrant…
Quant à la grogne et la critique facile, si on s’en tient à ça
cela ne sert pas à grand-chose.
A titre personnel je comprends qu’on ne soit pas ok avec mon
côté militante. Pas parce qu’il me place clairement du côté
des usagers mais peut-être parce que le cocktail « dynamisme –
franc parler voir provoc’ – détermination » peut faire peur (
?) Je ne sais pas mais je pense qu’on ne doute pas de
l’authenticité de la démarche et du réel désir de coopération
avec tous les acteurs pouvant aider à lutter contre les
troubles alimentaires. En cela je ne le prends pas à titre
perso quand on se fâche un peu de ma manière de faire
lorsqu’elle n’est pas la bonne au premier coup. J’apprends et
je rectifie en cas d’erreur, je progresse aussi… La fâcherie
qui n’a pour but que de m’aider à ne pas commettre d’impair
n’a rien de dérangeante (même si sur le coup ce n’est pas très
agréable).
« Votre parole est dans certaines situations la seule
entendue »
(Pr Michel Lejoyeux)
Effectivement… Je ne peux citer tous les cas auxquels je pense
mais c’est un fait.
« De nouveau une courte nuit à réfléchir autour de la prise en
charge de P. L’inquiétude de collaborer avec la maladie et la
peur de mal faire me hante. La prise en charge actuelle nous
semble inadaptée et aucun leader entre la psychiatre et le psy
familial. Nous sommes donc seuls et P. s’enfonce dans la
maladie. P. et moi croyons en des solutions alternatives et
communiquons avec les anges. Mais là on a vraiment besoin de
l’expérience d’un terrien qui nous guide ! » (papa d’une jeune
anorexique).
Entre la « Combattante » qui ne signe pas le contrat qu’on lui
propose, qui se « fâche avec les blouses blanches » mais qui
continue d’échanger avec moi et dont je vois qu’elle me fait
toujours un peu confiance (parce qu’elle se reconnaît en
moi ?) ; celles qui m’expliquent qu’elles ne veulent plus
consulter à force d’essuyer ce qu’elles estiment être des
échecs en terme de prise en charge…
On me demandait sur ma page auteure pourquoi j’ai versé
quelques larmes « de frustration » malgré le dénouement
heureux avec le parrain de mon association suite à un petit
couac. Parce que je suis « parfois limitée dans l’aide que je
pourrais apporter (contraintes légales, manque de coopération
entre les acteurs concernés pour ne citer que ces
paramètres..)
Dois-je fermer la porte à une adhérente que le groupe de
parole ne semble pas pouvoir aider quand elle nous fait part
du bronx qu’il y a dans sa tête mais qui explique aussi
qu’elle « cherche des solutions maintenant que des médecins
lui ont dit qu’elle doit maigrir pour préserver sa santé, sans
qu’aucun ne vienne lui expliquer pourquoi elle a cet appétit
ni comment elle peut s’y prendre pour perdre du poids » ? (je
cite cette personne dont l’obésité a été qualifiée de
morbide).
La règle pour orienter les personnes qui me sollicitent
(personnellement ou via l’association) est plutôt simple.
Donner une adresse quand on me le demande, orienter vers les
urgences au moindre doute. Avec pas grand-chose entre les
deux. C’est le « pas grand-chose entre » qui me gêne…
Je reconnais qu’il faut tenir compte de la carte du monde de
chacun. Que le discours du soignant et le discours de la
« Combattante » ne sont pas toujours identiques mais que sur
le fond nous poursuivons un même but : aider au mieux et avec
les moyens dont nous disposons. « Urgence » par exemple ne
signifie pas la même chose pour un professionnel de santé qui
va s’appuyer sur les données somatiques ou pour moi qui voit
davantage le besoin d’être accompagnée dans un moment
difficile. Après une phase « d’observation » et forte de mes
apprentissages, je connais mieux la donne et les contraintes
auxquelles nous devons tous nous soumettre (d’où les délais
d’attente, d’où la difficulté à faire du sur-mesure, d’où
seulement 2 réponses possibles quand j’estime(rai) la
situation urgente…).
Encore une fois que fait-on de tous ceux et toutes celles
laissé(es) sur le bord de la route d’une bonne prise en
charge ? De celle à qui on répond qu’elle n’est pas dans un
état suffisamment critique pour être hospitalisée ? Ou encore
de celle à qui on répond « à votre âge, une hospitalisation,
vous rêvez… ».
Quand je me dis fâchée avec les psy je ne le suis pas plus que
ça. Je ne le serai jamais envers les personnes (anges médecins
ou pas) qui me redonnent confiance en la nature humaine et
sans qui « il y a longtemps que j’aurais lâché l’affaire ». Je
suis davantage en colère contre un système qui laisse passer
un train en marche quand une malade (qui gère comme elle peut
son anorexie depuis des années) formule une demande d’aide, se
heurte à des portes fermées. Des portes qui s’ouvriront peutêtre une fois qu’elle aura à nouveau décidé de se débrouiller
toute seule… Je parle en connaissance de cause, une structure
m’ayant tout de même rappelée 7 ans après ma demande
d’hospitalisation ( !) pour m’annoncer qu’un lit venait de se
libérer et que je pouvais venir (véridique, ce n’est pas un
sketch).
La colère à l’instar du train finit toujours par passer. Et
même s’il y a des loupés (de mon côté), je m’accroche au fait
que des soignants savent (et continuent de…) se remettre en
question ou partager leurs propres doutes.
Beaucoup d’autres choses me donnent de l’espoir et me
rassurent (si tant est que je douterai encore de ma légitimité
à aider). J’ai déjà écrit sur ce que m’apportent les groupes
que j’anime ou les messages de soutiens et de sympathie que je
reçois. La personne que je souhaite remercier à nouveau et
pour conclure cet article est celle qui a fait un don à
l’association et qui m’a ensuite écrit ces mots :
« Merci à toi !!! Rappelle-toi, l’émotion que j’ai ressentie
quand je t’ai parlé pour la première fois au téléphone après
tellement de messages laissés sur des répondeurs et restés
sans réponse, quel plaisir de parler à un être humain !
Le groupe de parole, tous tes bons contacts et nos échanges
même à 23h ou minuit, m’ont été précieux pour aider mon mari,
mes filles et me soutenir !!!
J’ai besoin d’un peu de repos en ce moment après trois mois
très intenses, mais je garde en tête que j’ai quelque part une
alliée et une amie qui m’a aidée à avancer si vite malgré
toutes les difficultés…
Bravo pour tout ce que tu fais pour les patients et les
familles, tu dois être fière de toi !!!
Je t’embrasse et te dis encore un grand merci.
A bientôt »
C.
Un message comme celui-ci vaut bien d’essuyer la colère des
anges de temps à autre…
Sabrina
« Présidente-Combattante »
Ps : Merci aussi aux 575 internautes qui suivent à présent la
page Facebook de SabrinaTCA92, aux 415 « fans » de ma propre
page et tous ceux qui nous apportent leur soutien…
Lire aussi :
TCA et parcours de soin
La résilience comme but ultime ?
Source : blog psychologies.com.
Une histoire sans faim
« Tiens il pleut, il pleut de la
pluie. La pluie tombe sur les toits
dans les rues sur mes cheveux et ça
me met en joie. Aujourd’hui encore je
la regarde tomber et j’ai un mal fou
à comprendre. Il pleut !
Phénomène incroyable, là devant mes
yeux. Banal paraît-il. Moi je trouve ça vertigineux, de l’eau
sous forme de goutte qui tombe comme ça du ciel c’est
prodigieux. De la magie que personne ne voit, à croire que je
suis seule.
La plupart du temps j’entends autour de moi
» merde il
pleut » l’homme est un abruti, je le sais je l’étais aussi. Je
n’ai pas vu la pluie pendant tout ce temps qui sépare celle
que j’étais de celle que je suis. Aujourd’hui je vis et chaque
fois qu’il pleut, je ris ». Sandie Masson et Fred Nony.
Les premiers mots de la pièce de théâtre « Une histoire sans
faim » ont provoqué une vague d’émotions en moi. J’allais
passer un moment bien particulier au théâtre La Boussole à
Paris…
J’ai retenu mes larmes de justesse à de nombreuses reprises
tant il est rare de mettre en mots les maux avec une telle
justesse, comme Sandie a si bien su le faire.
La colère n’était pas aux abonnées absentes sans doute en
raison des nombreuses phrases prononcées à l’encontre
d’Annabelle M et que j’ai moi-même si souvent entendues.
Je le dis souvent, « chaque histoire est unique », mais
combien de points communs entre nous, les « Combattantes » si
je m’en tiens à la version Sabrina ? Les « Rescapées » des
rivages de la maigreur selon la version de Sandie…
Dans un précédent article (On a tous un professeur dans le
cœur) j’écrivais :
« Cela ne m’empêche pas de rappeler mon meilleur professeur,
celui à qui je dois le plus, c’est la vie. Le diplôme de la
vie vaut beaucoup de diplômes (…) Une amie me disait « mais
alors, il faut forcément toucher le fond pour… ? ». Pas
toujours. Mais effectivement, les personnes rescapées d’un
grave accident ou qui se remettent d’une maladie grave portent
souvent un regard différent sur la vie ensuite. Et
relativisent beaucoup de choses. Et placent pas mal de
personnes dans leur cœur… »
Annabelle c’est un peu Sabrina et Sabrina c’est un peu
Annabelle. Malgré les bonnes clés délivrées tout au long du
spectacle, certaines choses ne se traduisent pas en mots. Si
j’ai choisis cette image d’un oiseau sous la pluie pour
illustrer ce court billet ce n’est toutefois pas par hasard et
je sais que mes lecteurs souriront de ce clin d’œil. On dirait
une mésange d’ailleurs, « mes anges » ont de l’humour
Ce texte j’espère l’entendre encore et encore car ce spectacle
est plus qu’une pièce de théâtre bien jouée sur un thème qui
m’est cher. Le trio Sandie Masson, Fred Nony et Agnès Boury
proposent une recette originale qui permet de mieux comprendre
ce que vivent une anorexique et son entourage.
Sans en dévoiler l’intégralité j’invite simplement mes
lecteurs à voir cette pièce car pour moi ce n’est pas de
maladie ou de mort dont on parle, mais d’un long cri d’Amour…
Sabrina
Page Facebook de la pièce
Source : blog psychologies.com.
L'amour, plus fort que la
haine.
L'amour
triomphe
toujours
La nuit est tombée au terme de cette journée de deuil
national.
Après avoir pris un temps pour moi, j’ai fini de « me
soigner » en libérant un maximum de colère au sport.
Sympathique, mon directeur de salle que je n’avais pas vu
depuis un bon moment m’a souhaité d’aller « très bien ». En
ajoutant « à vous je ne dis pas bien mais « très » bien ». Un
peu de baume au cœur, ça fait toujours du bien monsieur
J’avais beaucoup d’énergie ce soir bien qu’ayant peu dormi.
Les nerfs… Et je dois avouer que « j’ai vu rouge » pendant le
Combat. Pardonnez-moi l’expression, en réalité je fais un
effort pour censurer les termes qui me viennent spontanément
en tête. J’essaie de faire un petit peu attention aux mots sur
utilisés sur les réseaux sociaux (et de leur impact) même si
j’aurais pu me justifier en arguant du fait que j’emploie
simplement des termes issus du petit lexique du Body Combat.
La différence est que ce soir contrairement à d’autres
Combats, les personnages (du calme, il ne sont que fictifs
!!!) placés entre moi et la glace n’étaient pas la poignée de
blouses blanches habituelle. Mince, mon thérapeute a du
travail et je suis encore plus incurable qu’on aurait pu le
penser : la colère de Sabrina n’est donc pas tournée qu’envers
un type de médecine…
J’ai partagé un article sur les psychotropes qui « ne peuvent
pas tout guérir ». Plutôt que d’inventer de nouvelles maladies
(et la pilule qui va avec bien sûr), je proposerai bien de
mettre des chercheurs sur le coup : le monde aurait bien
besoin d’une pilule anti-connerie (avis aux labos, le marché
est sans plus juteux que les pilules amincissantes).
Comme le sourire revient et que je tiens à rester l’optimiste
militante que je suis, j’ai envie de repartager ce témoignage
d’Audrey où elle évoque la foi qui l’a aidée tout comme moi.
Avec un rappel de ma part puisque Audrey évoque son
appartenance religieuse (et que je suis dans ma soirée je pose
mes mots) : toutes les religions enseignent la paix.
Bonne lecture à tous.
Sabrina
Lire le témoignage de Audrey « la Foi m’aide aussi Sabrina »
Se rappeler ses valeurs…
L’amour, plus fort que la haine. L’amour triomphe toujours.
« J’en reviens à l’Amour. Je crois que c’est tout simplement
ce qui m’a sauvé. Ce qui m’a retenu à la vie. Ce qui m’a fait
comprendre la beauté de cette vie (et hop ! je recase la
beauté ! trop forte !) »
(Léa Mauclère)
Lire l’article : L’Anorexie en 5 mots… Vue par deux jeunes
femmes en rémission
(page Facebook de L’âme en éveil)
Billet en hommage aux victime : Liberté de dire, liberté de
penser
Je repense à une méditation que j’avais faite à la Montagne
sans sommet et qui m’avait fait pleurer.
Qui es-tu ?
Je Suis Charlie …
Source : blog psychologies.com.
Liberté de dire, liberté de
penser
« E-parenthèse pour cause de départ en retraite intérieure »
tel est mon statut online aujourd’hui car je suis – comme la
plupart d’entre nous – très affectée par les événements
tragiques du 7 janvier. Je profite de ce moment d’hommages et
de recueillement général pour me recentrer un peu et je
préfère écrire un billet pour exprimer mon ressenti plutôt que
de commenter ou partager à tout va sur Internet. Il y aurait
tant à dire et sans doute à faire…
C’est en partant à la rencontre d’une Combattante que j’ai été
prévenue de l’attentat chez Charlie Hebdo. J’ai suivi comme
beaucoup d’entre nous les informations tout au long de la
journée et à l’instar du 11 septembre 2001 j’ai pris
conscience de l’ampleur du drame au fur et à mesure que les
nouvelles tombaient. Certes la journée m’a permis de faire
cette rencontre « magique » et de refaire le monde (entre
malades stabilisés) lors du diner mais la journée restera bien
triste dans ma mémoire.
Les réactions sont vives, massives, spontanées… Je suis
évidemment fière de voir un bel élan de solidarité nationale,
la journée ayant d’ailleurs été déclarée «jour de deuil
national en hommage aux victimes de l’attentat commis à Paris
le 7 janvier 2015 » par François Hollande dans un décret du 7
janvier.
Les messages de soutien, les témoignages
touchants, n’atténuent pas la colère.
sincères
et
La communication est l’une de mes passions et je ne peux
comprendre ce qu’il s’est passé. Mourir pour délit de liberté
d’expression…
Et puis il y a « le reste ». Les autres dégâts collatéraux si
j’ose dire. J’entends par là ces réactions vives et que je
peux comprendre car la peur, la haine ou la colère provoque
ces réactions qui nous dépassent. Mes lecteurs se souviendront
de ce passage de L’âme en éveil où je parle d’une réaction
violente de mon frère : « Au lieu de compatir ou de me parler
avec douceur, il s’est emporté et m’a hurlé de faire ce qu’on
me demandait de faire (…) Réaction sans doute normale
lorsqu’on croit perdre sa sœur ».
Hier j’ai donc lu des commentaires qui m’ont mise mal à
l’aise. Je ne mentionne même pas les commentaires incitant
directement à la haine raciale, je pourrai aussi devenir
violente verbalement… Je pense à des messages qui
entretiennent les polémiques ou aux internautes qui ne peuvent
s’empêcher de commenter alors qu’ils sont invités à faire
silence. Et sans doute arrêter de s’agiter pour ressentir, et
respirer…
Les médias font leur travail en ce moment. Pour une fois je me
suis permis des partages au nom de mon association qui n’ont
rien à voir avec la santé mentale. J’ai même adressé un petit
mot personnel à quelques journalistes avec qui j’échange. Je
suis donc peinée et je reconnais toute la noblesse du métier
de journaliste (dans ma lointaine jeunesse je voulais même
être journaliste sportif
Je suis aussi l’hyper connectée que l’on sait bien que ces
derniers temps je râle un peu sur la nouvelle appli msn qui
fait biper mon téléphone dès qu’on me parle en privé sur
Facebook (quand vous n’êtes même pas essorée de la douche
après un Combat, ce bzz est très énervant !). J’aime être
informée en temps réel et les interactions via les réseaux me
sont nécessaires au quotidien. Je sais me passer des écrans
mais je l’avoue si je pars en vacances je préfère tout de même
l’hôtel avec wi-fi que sans (spéciale dédicace pour une partie
de l’équipe SabrinaTCA92 qui comprendra…).
Malgré tout je ne peux que constater que cette masse
d’information fait que les esprits s’échauffent, parfois on se
brouille même avec des amis lors de ce type de drame. Et au
final tout le monde oublie le cœur du sujet et ce pourquoi on
sort les pancartes. Récupération politique et j’en passe.
« Je ne suis pas croyant. Peut-être que ce soir je le regrette
car j’aimerais dire à mes amis à travers l’au-delà combien je
les aime ».
Philippe Val (ex directeur de Charlie Hebdo)
J’ai la chance d’avoir réussi à fédérer des personnes de tout
horizon. Parce qu’elles sont malades ou concernées par la
maladie. Ou parce qu’elles soutiennent mes actions tout
simplement parce que la cause est noble et dépasse tous les
clivages.
Je pense que nous avons tous pleuré hier.
Si je trouve normal de publier, partager et commenter en ligne
pour libérer la colère ou exprimer sa peine, je n’ai pas très
envie de participer à ce tumulte en ligne aujourd’hui. Pour
une fidèle du reportage en temps réel cela peut surprendre.
Des amis proches se sont trompés dans les messages qu’ils
m’ont laissé me voyant déconnectée et silencieuse. Ce ne sont
pas ces commentaires (que je gère plutôt bien en tant qu’admin
je crois…) sur mes espaces.
Ceux qui continue(rai)ent d’alimenter le débat autour de la
liberté d’expression ou autre n’ont sans doute pas lu mon
livre et ne comprennent donc pas ma colère.
« Il est donc important d’adopter une vision plus large, et
cela passe par un éveil collectif. Si je peux participer à cet
éveil, ma mission terrestre sera accomplie ».
Je crois l’avoir écrit plusieurs fois au Professeur Lejoyeux
de manière un petit peu informelle. Je ne vomis plus la vie
mais je suis toujours en colère de la « bargitude du monde ».
J’insiste sur l’hyper sensibilité des anorexiques dans mes
écrits et lorsqu’on me demande de parler de mes émotions ou
d’expliquer cette colère je cite souvent des « scènes de vie »
(lire mon blog). Une simple engueulade entre voyageurs dans un
bus peut « m’agresser » et aviver ma colère. Je laisse
imaginer mon ressenti depuis hier.
J’ai choisi d’éteindre la radio toujours allumée d’habitude.
Je suis vraiment heureuse de pouvoir compter sur une armée
d’anges parmi mes amis et je ne crois pas que ce sera sur mes
pages que l’on verra des e-joutes verbales.
Aujourd’hui je comprends encore mieux ceux qui invitent à
éteindre les écrans régulièrement (je ne cite plus de nom même
si tout le monde a compris et je promets de consulter si mon
assiduité sur cette page de psychologie positive devient
réellement pathologique). Je ressens un « trop ». Trop
d’incompréhension, trop de douleur, trop d’informations, trop
de débats, et trop de colère.
Je l’ai écrit avec un sourire mais sur un fond de vérité à
l’attention de mes amis Facebook : le seul fanatisme que je
tolère est celui de la Bonheur Attitude. J’écrivais dans
mail (et là aussi je ne cite plus de nom mais c’est
deuxième ange médecin et ces deux-là se disputent toujours
plus haute marche du podium), que je vais opter pour
silence et si j’ai une pancarte à brandir ce sera celle-ci :
« Ma religion, mon addiction, mon optimisme… »
un
au
la
le
« Oui, en ce jour de deuil national, la vie est précieuse et
faut la saisir comme elle vient et prendre soin de sa santé !
»
Tout est dit Sarah…
Sabrina
A lire également : L’amour, plus fort que la haine. L’amour
triomphe toujours
Source : blog psychologies.com.
Scènes de vie - "Au sujet de
la liberté"
Ces derniers jours et en raison de mes
partages récents on m’a dit à plusieurs
reprises « que de chemin parcouru » ! Oui et
non… Il m’en reste beaucoup à parcourir. Ce
soir, à ma salle de sport, j’ai tout de même
eu une prise de conscience.
Je m’amusais pleinement…
Et j’ai vu dans la glace une athlète derrière moi.
« Parfaite ». Qui faisait ses mouvements à fond. Qui se
regardait (et s’aimait) dans la glace. Pas un « pet de gras »
comme on dit. Un physique adolescent, sans formes…
Il n’y a pas si longtemps que ça, peut-être un peu plus d’1
an, je me suis entendue dire à mon thérapeute que bien que je
sache cela anormal je ne pouvais m’empêcher de regarder ce
type de corps…de femmes/ado… avec un brin de nostalgie.
Ce soir aucune nostalgie. Plutôt de la peine pour cette
athlète. Visiblement dans un contrôle absolu. Et plutôt sur le
fil du rasoir.
Pour moi, c’est quand vous allez au sport non plus pour
contrôler quoi que ce soit (poids, image…) mais davantage pour
vous sentir « en famille », pour rire, échanger, vous amuser,
vous éclater, vous surpasser…que vous pouvez dire que vous
avez (chèrement) acquis votre liberté.
Je pèse certainement plus lourd que cette athlète, mais je
suis repartie légère et plus libre, je ne crois pas me tromper
en disant cela.
Ce soir en l’observant je me suis vue il y a quelques années
et oui je peux dire qu’il y a eu du chemin. Je lui souhaite
simplement de trouver le sien plus tôt…
Et pour l’anecdote, quand vous allez au Sh’bam un vendredi
soir pour une séance de sport détente et bonne humeur et que
vous vous retrouvez au Attack faute de participants au cours
de danse… ça pique un peu…
Sabrina
Source : blog psychologies.com.
Combat d’une anorexique pour
sa renaissance : The power of
love
Comme toujours et surtout en période de
congés il se passe beaucoup de choses
online, surtout pour une Présidente hyper
connectée. Et comme ce fut le cas pour
chaque date importante cette année, me
voici inspirée pour en rendre compte. Focus
sur ce Noël 2014… Ce texte regroupe différentes publications
et échanges que j’ai eus ces derniers jours.
Cette année 2014 est une très belle année pour moi. J’attends
l’apothéose du 31 avec impatience pour faire le plein
d’endorphines (je n’invente rien puisqu’un lien a été établi
entre le rire et la production d’endorphines) entourée des
personnes qui comptent le plus pour moi. En ce jour de Noël je
souhaite remercier ma famille pour la soirée de Bonheur
Attitude hier soir !
Ces photos représentent beaucoup pour moi. Une tatie fière de
ses 2 petits rayons de soleil, une fille fière de son père (ce
héros) trésorier de mon association, de ma maman qui prend la
pause pour moi (prête à tout ma maman, bientôt une kamikaze du
web comme sa fille…) et de mon frère que je travaille encore
un peu (d’ici peu je lui colle L’âme en éveil entre les
mains !)
Le travail en équipe avec Quintessence est une réussite :
Combat d’une anorexique pour sa renaissance… on confirme.
Ce fut un beau Noël, le cadeau est magnifique.
Je m’étais toujours promis que je ne partagerai jamais les
photos de ces années-là. Comment j’en suis arrivée à parcourir
cet album le soir en rentrant de cette belle soirée je ne sais
pas, ce n’est pas l’esprit Noël. Mais l’ange qui m’a alors
parlé en privé a raison. C’est bien aussi de les avoir même si
j’en ai peu (et c’est tant mieux) pour ne pas oublier, et pour
mieux se projeter dans l’avenir…
Les photos « au plus bas » (j’en ai 3) sont indescriptibles.
Celles de l’hôpital : une horreur, un vrai mec au regard
éteint. La photo souvenir de mon premier droit de visite ? Le
25 décembre 2006 alors que j’étais hospitalisée depuis
juillet, en pleurs disant au revoir à maman. Les photos de la
« guérison » : difforme…
La photo qui immortalise la naissance de ma plus grande nièce
le 2 avril 2008 (9 mois après ma sortie) montre juste un
regard triste et 8 kilos envolés déjà pour redevenir un
squelette l’été qui suivait…
Quelques heures avant ce réveillon 2014, je disais à mon amie
belge Nathalie Decoo de ne pas « casser l’ambiance »
puisqu’elle me demandait si elle pouvait évoquer ses Noëls
gâchés. J’ai changé d’avis car le « plus jamais ça » passe
aussi par ses souvenirs douloureux.
Je me suis excusée de ce partage, mais il faut parfois sortir
les choses. Pour mieux apprécier le moment présent. Et les
Combattantes l’ont bien compris. En tout cas les lecteurs de
ma page auteure.
Aujourd’hui le poids est ok. La cicatrice au poignet reste…
Aujourd’hui, 25 décembre, c’est aussi le jour de la naissance
de Joker, mon labrador, dont je parle dans L’âme en éveil.
« Mais mes trois « amours » ont été Joker, mon labrador, Olaf,
l’american staff de mon frère, et Fanny, notre chatte
chartreuse. Ils m’ont accompagnée très longtemps, m’ont connue
malade et incapable de leur donner tout l’amour que j’avais
pour eux… »
Voici un extrait d’un mail que j’ai écrit il y a quelques
jours seulement, je revenais sur le clash avec Psynapse et
j’évoquais ma rencontre avec un ami hypnotiseur :
« Il a traversé paris un dimanche, pris 4h de son
venir m’hypnotiser et que je ne reste pas sur un
alors que déjà j’étais si gênée qu’il fasse tout
m’avait mise à l’aise, et confirmé après qu’il
temps pour
échec. (…)
ça mais il
avait été
content de m’aider… Et bien au cours de l’hypnose mon chien
Joker est venu… je ne sais comment te dire, il est descendu et
était à mes côtés, me montrait qu’il était toujours là.
C’était fort. Et au bout d’un moment je l’ai senti me dire au
revoir et remonter là-haut. Comme s’il était juste venu me
montrer qu’il est toujours là à veiller sur moi. Je suis en
larmes là…
D’ailleurs j’étais secouée pendant l’hypnose aussi. Je l’ai
raconté à B. après et il a accueilli ce que je lui disais. Le
monde de l’hypnose est un monde à part… »
Je me suis aperçue en relisant (première fois que je rouvre
mon livre !) le passage sur mes animaux que je n’ai pas
mentionné Téquila, ma chinchilla, que j’ai pourtant portée sur
l’épaule dans tous Clamart pendant des années (sourire de la
boulangère là…)
Une pensée pour toutes ces étoiles qui brillent là-haut.
Le Père Noël est décidément très malin. Cette année il a
encore deviné le cadeau qui me ferait le plus plaisir. Etre
« là ». Et aimer…
Et mes amis les GOptimistes ont raison : « restons des
enfants » (merci à eux pour les sms reçus !)
(Joker t’avais trop la classe et on s’amusait bien mais j’ai
retrouvé les photos et promis celle du labrador en supporter
des Boulogne Boys reste sous clef…).
Dans la série des belles émotions j’ai aussi reçu des messages
magnifiques ces derniers jours. Comme ce SMS alors que je ne
connaissais pas le numéro (mais nous avons échangé ensuite et
je me souviens bien…) :
« Bonjour Sabrina. Je ne pense pas que tu te souviennes de
moi, sans doute un peu de notre rencontre. En tout cas je me
souviens bien de ta personnalité forte décidée mais aussi
réceptive. Je suis ton blog, le développement de ton
association et te félicite.
Je ne sais pas pourquoi je
t’écris maintenant, peut-être l’envie de rejoindre du côté des
« guéries » celles que tu as accompagné et accompagnes. Je te
souhaite de bonnes fêtes avec ceux et celles que tu aimes et…
j’ai adoré ton dernier post quand tu racontes chanter à tuetête dans ta voiture » A. (lire l’article Histoires de
valeurs, d’Amour et d’Anges : une approche sociologique de
L’âme en éveil)
Malgré toutes ces bonnes choses, j’ai failli passer un mauvais
25 décembre. Et j’en veux beaucoup à l’ange un peu démoniaque
qui finira par me tuer. Mais j’ai lu ces lignes, adressées
dans un mail à Irène et j’ai pu renaître à nouveau (c’est bien
je passe mon temps à mourir puis ressusciter) et aller puiser
mon inspiration à ma salle de sport ou le
sauna/méditation marche à tous les coups :
cocktail
« Bref, ma rencontre avec Sabrina ne devait être qu’une
rencontre comme celle que j’ai dans mon activité associative
depuis une dizaine d’années (…) Mais Sabrina n’est pas comme
toutes les personnes que je croise (je ne compte plus, le
nombre dépassant le millier)… Sabrina, c’est celle qui m’a un
peu réconcilié avec la vie, et beaucoup avec les sentiments,
avec l’amour aussi (…) Sabrina, sa souffrance je l’ai prise en
pleine face, son ressenti est devenu mien, je lis dans ses
pensées quand je suis auprès d’elle, voire quand je lis ses
messages… ».
Et quand Irène dit qu’il « assure grave cet ange !!! » je ne
peux que confirmer (mais Irène je dois tout de même ressortir
ton cv voir si tu as aussi la formation nécessaire pour me
coacher…)
Trop plein d’émotions j’apprends à gérer. J’ai demandé à
toutes les personnes directement concernées par ce billet
toutes les autorisations nécessaires et leur réponse positive
me touche beaucoup. J’ai lu quelque part de très belles
phrases au sujet de l’Amour : « L’anorexie était un moyen de
survie. Le moyen de montrer que j’étais bien plus qu’un corps,
et de demander à être aimée pour ce que je suis
véritablement ». Ou bien encore « Je n’ai jamais recherché
l’homme parfait. La recherche de la perfection, j’ai vu ce que
ça donne ! En revanche, quelqu’un qui me fasse vibrer, qui
m’aime pour celle que je suis réellement, ça oui. L’Amour
viendra peut-être comme le reste maintenant que je me connais
mieux »
Bref, je me suis vue demander si on pouvait mourir d’amour ?
3615 les Anges, vous avez la réponse ?
« L’âme toujours en éveil, le cœur en sursis », ça claque pour
un Tome 2…
Deux choses pour conclure, j’ai promis de transmettre le
message à mes nièces. « Troptop » vous demande de continuer de
grandir pour rendre la vie belle… Merci de suivre la
prescription médicale ou bien je vous fais convoquer au
tribunal des anges médecins. Et sincèrement quand un ange
médecin s’énerve on ne fait pas la fière, j’en sais quelque
chose (j’y pense aux résolutions 2015, bien à vous Professeur…
)
Outre le clin d’œil à mon frère et son amie (pour le choix du
cadeau hier…), mes lecteurs eux comprennent pourquoi j’ai
choisi de donner ce titre à cet article et je voulais conclure
en musique. Mais non, je ne propose pas The power of love, en
route vers le paradis me semble plus approprié cette fois :
Paradise (Mon Chemin)
A nouveau, Joyeux Noel à toutes et tous, personnes et
associations amies et à toutes celles qui ont apporté ce PLUS
qui fait que la vie et ses combats méritent qu’on les vivent
intensément, humainement et sincèrement.
Sabrina
J’étais obligée, elle fait un tabac sur les réseaux celle-là…
Enfin, elle a du succès (pour le tabac j’oriente volontiers).
Et juste une nouvelle réclamation les anges : il manque un
ange médecin à l’appel, si ça continue je le vire du podium
des anges… (et je ne veux pas).
Source : blog psychologies.com.
Histoires de valeurs, d’Amour
et d’Anges : une approche
sociologique de L’âme en
éveil
Toujours ce hasard qui fait bien les choses, je
suis actuellement un séminaire à l’Institut
Mutualiste Montsouris sur la psychopathologie
de l’adolescent et les sciences sociales. Avec
le livre de Mathieu Bellahsen « La santé
mentale – Vers un bonheur sous contrôle » à
lire, j’ai envie de revenir sur quelques
notions de mon propre livre. Et de formuler un
souhait personnel pour Noël : me rapprocher
toujours plus de mes valeurs bien que je ne le fasse plus de
manière inappropriée avec les TCA…
Je découvre cet ouvrage de M.Bellahsen. Préhistoire du concept
de l’hygiène mentale, courants progressistes, critique,
réorganisation de la psychiatrie… il retrace l’histoire des
dérives de « l’alliance entre santé mentale et
néolibéralisme ». S’il considère le fait d’amener les
problématiques de bonheur et de qualité de vie sur le devant
de la scène comme un progrès, il encourage à analyser et à
lutter contre la reprise de ces notions, c’est-à-dire sur la
légitimation du discours de l’adaptation. « La santé mentale
est la capacité de s’adapter à une situation à laquelle on ne
peut rien changer ». Dans l’introduction M.Bellahsen
questionne : « Que penser des personnes qui ne s’adaptent pas
à une situation à laquelle elles ne peuvent rien changer, qui
refusent de s’adapter, voire qui concourent à changer la
situation ? Dans cette définition normative les
révolutionnaires peuvent aisément être considérés comme
porteurs de problèmes de santé mentale, disqualifiant par-là
les luttes sociales au profit
réactionnaire et aseptisée ».
d’une
vision
du
monde
Dans mon esprit les liens se font… Les anorexiques sont-elles
des révolutionnaires ? L’une des questions clés du livre est
peut-être (mais il faut que je le termine !) « Quelle place
donnons-nous au(x) fou(s) ? ». Ma question sera « Quelle place
donner aux anorexiques ? » Retour sur quelques notions de
L’âme en éveil…
Difficile de convaincre (et je n’essaie pas d’ailleurs)
certains spécialistes du bienfondé de la démarche d’un livre
qui parle d’anges à de nombreuses reprises (sourire). Tant
pis, car ceux qui s’en tiennent à cela sans prendre le temps
de décrypter les messages en filigrane derrière ces histoires
d’anges n’ont pas compris mon livre (re-sourire) !
Les Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) sont des
maladies à part entière, ayant une composante psychologique
importante. Les comportements, attitudes et réactions
problématiques qu’ils induisent vis-à-vis de l’alimentation et
de la nourriture concernent à la fois la personne malade mais
également son entourage (qui ne sait comment intervenir, et
qui pense même parfois être la cause du TCA). Les facteurs
déclenchants des troubles du comportement alimentaires sont
multiples et encore peu connus, mais des analogies ont été
établies chez les personnes souffrant de ces maladies. On
retrouve fréquemment des problèmes d’estime de soi, une
extrême sensibilité, des difficultés à communiquer avec les
autres et à exprimer ses émotions (notamment au sein de la
famille). Pour en revenir sur les composantes, on s’accorde
sur le fait que les déterminants des TCA sont multiples et
souvent intriqués ; biologiques, psychologiques et sociaux.
C’est ce dernier déterminant qui m’intéresse, le rôle du
milieu socio-culturel.
Les troubles du comportement alimentaire sont de plus en plus
médiatisés. Sujet à la mode, il inspire et il fascine.
Parallèlement à cela, nous assistons actuellement à un
véritable culte pour les mannequins brindilles aux corps
longilignes pré-pubères et aux courbes inexistantes. Deux
raisons qui peuvent influencer l’apparition des TCA ? En tout
cas, un contexte qui favorise la maîtrise et la minceur, je
suis bien d’accord… Néanmoins on se trompe à mon sens en
faisant le procès de la société (lire mon article Stop aux
procès !). En tout cas cette forme de procès. S’il existe une
forme de pression sociale évidente, il me semble que la
minceur (la maigreur !) n’est qu’une partie immergée de
l’iceberg et que l’iceberg est moins « fashion ». Le message
de l’anorexique est plus profond. A l’instar de Jacqueline
Kelen, je parle de soif d’Amour et d’idéaux forts. Interrogez
des anorexiques et écoutez le nombre de fois où elles vous
diront « je vomis la vie ». Pourtant la pulsion de vie est
toujours là. Ce n’est pas la vie qu’elles vomissent. Un monde
qui les dérange, qui heurte ces hypersensibles,
l’individualisme, le matérialisme, cette perte de valeurs et
j’arrête l’énumération – la liste est longue –, cela me semble
plus probable.
Chacune avance à son rythme et on peut se trouver « coincée »
au niveau du malaise social sans bien comprendre « ce qui
cloche en nous ». Elles me demandent souvent pourquoi une
fille « qui a tout pour être heureuse » se tue à petit feu
comme elles le font en faisant du sur place trop longtemps (ou
en tournant en rond…) au rythme des restrictions, des crises,
des phases de répit et des rechutes.
Je sais que bon nombre de mes lectrices se retrouvent dans mon
texte et je trouve cela magique lorsque certaines, ayant déjà
commencé leur cheminement mais qui n’ont pas forcément posé
les mots plus tôt, me disent que mes histoires d’anges leur
parlent. J’aime bien quand elles me captent en privé, et me
demandent parfois de manière hésitante « Mais c’est quoi un
ange pour toi ? » Je ne réponds pas à cette question. Je
continue de dire que je veux que chacun y mette ce qu’il veut
y mettre.
J’ai choisi de témoigner de mon parcours d’anorexique
boulimique mais je ne pouvais renoncer à l’envie de
transmettre autre chose. Je ne pouvais pas oublier ce qui fais
que je me suis accrochée et cette petite flamme qui s’est
allumée en 2006 alors que tout s’obscurcissait pour moi
(Qu’est-ce qu’être vivant ?). J’ai eu du mal à trouver comment
concilier tout cela et comment assumer ma « bargitude » comme
je dis. Aujourd’hui je suis plutôt fière du résultat avec mon
livre et des retours positifs que l’on me fait.
J’ai connu la version la plus archaïque de la psychiatrie.
Quand je parle de mon sentiment d’injustice c’est surtout
celui d’avoir été punie pour cause de poursuites d’idéaux trop
élevés. Par une « mesure disciplinaire » on m’a parquée dans
un HP pendant 1 an où j’ai été mise en « observation »
(décidément même 7 ans après ce terme me fait toujours
halluciner tellement il en dit long…) et où j’ai perdu ma
dignité (Privation Vs Restriction de liberté : entretien). Où
j’ai surtout compris que j’étais le Mal, qu’on allait
m’apprendre ce qu’était le Bien et surtout qu’on allait me
remettre dans la norme pour me relâcher dans la vie
« soignée » mais surtout brisée et sans repères. J’imagine que
ce n’est pas vraiment la leçon qu’on espérait que j’allais en
tirer.
« Les thérapeutes qui souhaitent aider leurs patients ne
doivent jamais mépriser, condamner ou rejeter le moindre
aspect de la conduite du patient, simplement parce qu’il est
gênant, déraisonnable ou même irrationnel. Le comportement du
patient fait partie du problème qui est amené dans le cabinet,
il constitue l’environnement personnel au sein duquel la
thérapie doit prendre son effet ». (MH Erickson)
Je case cette belle citation de Milton Erickson mais c’est un
hors sujet. L’HP n’est pas un cabinet et les psychiatrisés ne
sont pas en thérapie. Autant pour moi…
« La santé c’est le luxe de pouvoir tomber malade et de s’en
relever » (Canguilhem)
Ma révolution fut un échec, je me suis fait mater. Et j’ai
fait profil bas pour sortir… Je peux continuer de regretter
qu’on ne m’ait pas écoutée ou comprise, mais je reconnais tout
à fait que je m’y suis plutôt mal prise pour me faire
entendre. Il y a d’autres moyens de faire passer un message
que de se laisser mourir. Quant à ma violence… On y a répondu
violemment, 1 partout.
Cela ne m’empêche pas de penser qu’il faut continuer de
s’interroger sur ce qu’exprime l’anorexique. Sans écarter les
autres composantes bien sûr, le malaise social, la quête
d’Amour et le désir de transcendance méritent d’être davantage
investi par les professionnels.
Et si les anorexiques étaient plutôt des messagères venues
soigner une société malade ?
Je fais actuellement un travail sur mes valeurs et je me sens
sur la bonne voie pour m’en rapprocher (il reste du travail,
bon courage monsieur l’ange thérapeute). Ce soir je suis en
famille pour fêter Noël et ce repas angoissant il y a quelques
années sera un bon moment entourée des gens que j’aime. Je ne
parle même pas de la Saint Sylvestre car je frissonne rien
qu’à l’idée d’accueillir au siège de SabrinaTCA92 (alias la
Maison du Bonheur) Nathalie (témoignage), Irène (témoignage),
ma combattante Marine (témoignage) et d’autres ami(es) que
j’aime profondément (Evitez de me retourner la maison, merci
les amis…). Ce qui nous unit ? Une histoire de valeurs sans
doute…
Mes anges sont à fond en ce moment, avec des larmes de
bonheur, des voisins qui me regardent avec suspicion depuis
qu’ils m’entendent éclater de rire à travers les murs toute
seule chez moi ou bien des amoureux qui se retournent en
souriant pour faire un signe à celle qui chante à tue-tête
dans sa voiture (en plein embouteillage et entourée
d’automobilistes mécontents, forcément ça dénote un peu).
Juste une réclamation les anges, me donner l’inspiration la
nuit à 3h du matin alors que je réveillonne le soir et que
j’ai une réunion de travail à 9h c’est limite là… Mais j’ai
accepté ma mission et je n’avais pas envie de me fâcher en ce
jour de fête et dire « ah non laissez-moi dormir les anges ».
Disons qu’ils me font tellement de cadeaux que je peux bien
faire ça pour eux.
A tous je vous souhaite un bon Noël et je conclurai en
reprenant un extrait de publication vue sur Facebook (mes amis
font de très beaux partages…).
Sabrina
Noël est là et je vous invite à remonter dans le temps…
Rappelez-vous le meilleur Noël que vous n’ayez jamais vécu
quand vous étiez enfant.
Souvenez-vous des images, des odeurs, des goûts, ce que vous
avez touché, les personnes présentes.
Rappelez-vous quelques-uns de vos gestes…
Et si d’aventure vous n’avez jamais vécu de magnifique Noël
lorsque vous étiez enfant, inventez-en un.
Imaginez-le exactement comme vous voudriez qu’il soit.
Vous allez ressentir qu’en pensant à ce Noël idéal, votre cœur
est en train de s’ouvrir.
La chose la plus merveilleuse de Noël est l’Amour.
Alors, maintenant, laissez l’esprit de l’amour vous envahir.
Amenez dans votre cœur tous ceux que vous connaissez et que
vous aimez.
Enveloppez-les de cet amour.
Sachez que ce sentiment d’amour, cet esprit de Noël, vous
pouvez l’avoir en vous partout, toute l’année, pas seulement à
Noël.
Vous êtes Amour. Vous êtes des Anges…
Source : blog psychologies.com.
On a tous un professeur dans
le cœur…
Avec un titre comme ça je vais inquiéter
le parrain de SabrinaTCA92 mais c’est
simplement dû à un tweet de France
Culture qui m’a fait sourire… De toute
façon c’est vrai aussi pour le Pr
Lejoyeux mais j’ai activé le mode « pro »
donc la parenthèse est fermée et retour
au sujet : les profs ! Un billet qui devrait donner des idées
à ceux qui le liront. Qui n’a pas quelque chose à dire ou à
écrire au sujet des enseignants qui ont croisé sa route ?
J’ai toujours adoré l’école. Pas d’effort à faire pour le
travail à la maison ou les leçons à apprendre, j’étais celle
qui en redemandait si je trouvais que la maîtresse ne m’en
avait pas donné assez… Toujours première de la classe ou en
tout cas à me battre (de manière très amicale) avec mes
camarades pour la plus haute marche du podium même si parfois
j’étais obligée de la partager ou de soigner ma déception en
cas de deuxième place. J’étais aussi « boulimique » de dictées
et les grandes vacances étaient synonymes de « cahiers de
vacances », youplaboum ! (un peu moins youplaboum quand les
maths ont commencé à me donner du fil à retordre…) Tableau
clinique pas si dramatique que ça : je n’étais pas rejetée
pour cause de « tête de classe et tête à claque », j’avais
même pas mal d’amis et le contact facile. Mais pas que et je
pouvais aussi être détestée ce qui ne me dérangeait pas le
moins du monde d’ailleurs. Souvent arrogante et toujours sûre
de moi, seule la réussite (scolaire, sportive…) m’importait et
je dirais que je ne me posais pas les bonnes questions tout
simplement parce que je ne savais pas ce que signifiait se
remettre en cause. Forcément quand à 16 ans « tout s’arrête »
pour cause d’anorexie – fini la compétition et poursuite
d’études sur un mode chaotique car rythmées par la maladie –
c’est l’échec. Et là, tu t’aperçois que ta confiance de façade
et ton assurance ne sont que ça : une façade. Sous l’armure tu
es fragile, en quête d’amour et en manque de repères. Estime
de soi déficiente diront certain(e)s (suivez le regard ou bien
visionnez cette émission : ici et maintenant) et c’est un fait
; si je n’étais pas « Sabrina la plus forte », qui étais-je ?
Pour recoller au thème de l’article, j’adorais l’école et en
toute logique j’aimais beaucoup mes institutrices (je n’ai eu
qu’un seul homme instituteur). J’ai relativement peu de
souvenirs de la maternelle par contre ma maîtresse de CP reste
l’un de mes plus beaux souvenirs de l’école primaire. Je
savais lire avant d’arriver dans sa classe et je ne pense pas
me tromper sur le fait qu’elle m’aimait beaucoup. Nous sommes
restées en contact longtemps après même une fois que j’avais
quitté cette école et je continuais de venir lui rendre une
visite de temps en temps juste pour le plaisir d’échanger
quelques nouvelles. Je me souviens de toutes mes autres
institutrices, à chaque fois de bons souvenirs. Sauf peut-être
cette remplaçante un peu folle de CE1qui a continué de nous
faire rire longtemps après avec les autres victimes tombées
dans cette classe à double niveau mais sur le coup ce n’était
pas très drôle d’avoir une prof qui vous enseigne des choses
fausses (véridique). En CM2 j’ai aussi eu la maîtresse qui
terrorisait tous les gamins dans l’établissement et qui était
connue pour mettre les élèves « au trou », entendez par là
sous son bureau quand ils avaient fait une bêtise et qui leur
donnait des coups de pieds avec ses chaussures pointues de
temps en temps. Dis comme cela ça peut sembler drôle mais là
encore ça l’est nettement moins sur le moment…
Nous rencontrons tous un certain nombre de profs. Je ne vais
pas faire l’inventaire de tous ceux dont je garde des
souvenirs ou des anecdotes. Ceux qui ont une place dans mon
cœur ? Ceux-là se comptent sur les doigts de la main. Bien sûr
ceux qui nous marquent le plus sont certainement ceux qui sont
véritablement amoureux de leur profession et qui arrivent à
vous faire aimer les maths tellement ils sont bons dans ce
qu’ils font et vous communiquent leur passion. C’est une
spéciale dédicace à mon prof de 3ème décédé bien trop tôt… Je
l’aimais beaucoup et pas seulement parce qu’il était fan de
sport et m’appréciait donc malgré mes notes catastrophiques
dans sa matière. Je vais citer ma prof d’italien qui m’a
connue de mon arrivée au Lycée Michelet de Vanves en 4ème
(j’ai fait ma dédicace dans le théâtre de ce Lycée en mai,
séquence émotions…) jusqu’à la terminale, cette année où j’ai
loupé 6 mois de cours car très affaiblie. La première à
s’apercevoir de ma maigreur à la rentrée 98. Une des rares à
avoir pris le temps de me parler en tête à tête de mes
difficultés et à tenter de m’aider du mieux qu’elle pouvait.
Avec le recul j’ai pu prendre conscience de son sentiment
d’impuissance à pouvoir le faire d’ailleurs. De l’étudiante
volontaire je suis devenue en quelques mois un fantôme au fond
de sa classe, à presque m’étaler sur la table car épuisée et
déprimée ou juste déjà « ailleurs ». Il convient de dire que
pendant des années j’ai continué à aller au maximum de cours
mais « j’étais là sans être là ».
D’autres profs mériteraient d’être cités mais d’une manière
générale et à l’instar des soignants rencontrés au cours d’un
parcours de soins lui aussi « chaotique » (on va dire ça comme
ça), je n’ai pas eu la chance de rencontrer des personnes
prêtes à me prendre par la main pour m’accompagner au cours de
ces années difficiles. Bien que peu formés aux troubles, j’ai
l’intime conviction que la plupart des professeurs voyaient
tout de même ma détresse et que tous ont fermé les yeux, faute
de savoir que faire ou pour d’autres raisons plus ou moins
légitimes à mes yeux. Le fait est qu’on m’a laissée errer dans
des couloirs sans rien dire ou rien faire.
« Je reste dubitative sur la manière dont les professeurs ont
géré mon cas. Si mon professeur d’italien s’est fait du souci
(c’était une personne très humaine), tous mes autres
professeurs n’ont jamais fait la moindre remarque ou allusion.
Ils n’ont pas montré qu’ils étaient sensibles à ma détresse ou
qu’ils m’ouvraient la porte si je décidais de me confier à
eux. Leur moyen de m’aider a été de jouer sur mes notes. Mais
une note ne soigne pas l’âme ». (L’âme en éveil)
Ils ont raison chez France Culture : on a tous un professeur
dans le cœur. J’en ai plusieurs. Et concernant ceux dont je me
souviens moins bien j’ai en tout cas un profond respect pour
eux. Ils sont plus ou moins bons dans ce qu’ils font mais ils
font en tout cas un très beau métier (et pas facile).
Transmettre un savoir est magnifique et il se passe parfois
des choses magiques entre les 4 murs d’une salle de classe.
Quand on est fait pour ce métier on est peut-être comme ma
maman – institutrice à la retraite – capable de reconnaître ou
se souvenir de la plupart de ses élèves 20 ans après et alors
qu’elle les a connu alors âgés de 3 ou 4 ans ! Remarque au
passage concernant mon choix de titre, peut-être que les
enseignants peuvent écrire « on a tous un élève dans le cœur »
?!
Malgré tout le respect que j’ai envers les professeurs, les
diplômes et les figures d’autorité quelles qu’elles soient,
cela ne m’empêche pas de rappeler que mon meilleur professeur,
celui à qui je dois le plus, c’est la vie. Le diplôme de la
vie vaut beaucoup de diplômes. Sans développer je crois que
l’on comprend facilement tout ce que cette phrase signifie.
Plus que la vie je dirais l’Adversité. On apprend tellement de
ses erreurs et de ses échecs ! En cela l’anorexie a été un
excellent professeur et cela ne me choque pas de dire merci à
la maladie de temps en temps. Je ne suis pas la seule personne
qui revient de loin à tenir ces propos et récemment je
rencontrais un autre ancien malade (une autre maladie) que
j’entends souvent dire « grâce à ma maladie ».
Une amie me disait « mais alors, il faut forcément toucher le
fond pour… ? ». Pas toujours. Mais effectivement, les
personnes rescapées d’un grave accident ou qui se remettent
d’une maladie grave portent souvent un regard différent sur la
vie ensuite. Et relativisent beaucoup de choses. Et placent
pas mal de personnes dans leur cœur…
Sabrina
« Les TCA ne sont plus alors qu’un moyen de hurler ce qu’on
aimerait dire depuis si longtemps : « Foutez-moi la paix !
Laissez-moi expérimenter la vie et faire des erreurs ! » Ne
dit-on pas que tout ce qui ne tue pas nous rend plus fort ?
Permettez-moi de devenir adulte, de vivre ma vie. C’est le
message que j’adressais… »
Source : blog psychologies.com.
Médecine du corps, médecine
de l’âme
La médecine à laquelle j’ai eu droit se
limitait à soigner le corps. Cela
explique pourquoi j’ai tout fait pour
qu’on me fiche la paix et, qu’à peine
sortie de l’hôpital, j’ai poursuivi mon
cheminement d’anorexique/boulimique. Je
n’avais – malgré mon apparence normale –
pas atteint le niveau de conscience
requis et pas assimilé la leçon me permettant de passer à
autre chose. Ici, la spiritualité commence à devoir être prise
en considération dans mon histoire. Par spiritualité,
j’entends tout ce qui se rapporte à l’esprit, à l’essence de
la vie, de l’être.
Les médecins qui m’ont soignée sont très loin d’avoir compris
qui ils soignaient. Ils ont soigné un corps, certes. On peut
dire qu’ils ont fait leur boulot. En partie du moins, car ils
ont laissé mourir mon âme. Et un corps sans âme n’est que
douleur sur terre.
Le psychiatre s’est trompé sur l’attitude à adopter avec moi
comme avec les anorexiques en général. De son air hautain, il
semblait émaner de lui un « Je sais » me renvoyant à mon
absence de savoir et cela créait une barrière entre nous.
Aucun de nous ne voulait plier et un rapport de forces nous a
opposés du début à la fin de l’hospitalisation. Nos rencontres
n’avaient, dès lors, rien de constructives. Il n’y a que sur
la fin, quand j’ai joué à l’agneau que cette guerre non
déclarée a cessé. Mon attitude mielleuse ne devait pas tromper
grand monde quant à mon objectif : sortir, rien de plus.
Il imposait ses schémas comme s’il détenait l’unique vérité.
Il m’a pourtant dit, après coup, comment lui et son équipe
avançaient en réalité à tâtons avec moi. Je reconnais qu’au
début je n’étais pas en mesure d’adhérer ou de coopérer à la
démarche de soins. Mais une fois ma lucidité retrouvée, cela
aurait été convenable de me respecter en me proposant un
véritable suivi et une relation de confiance faite de
compromis de part et d’autre.
Recourir à ce type de médecine face à une anorexique, c’est
aller vers l’échec à coup sûr. Je ne suis pas la seule de cet
avis. L’anorexique refuse, corps et âme, le monde qu’on lui
sert sur un plateau. Forcer une anorexique, comme ce fut le
cas pour moi, à nier ses aspirations d’absolu revient à la
tuer car c’est dans ces aspirations qu’elle trouve la force de
continuer à vivre, tandis que « d’autres adolescents −
refusant de manière radicale ce monde superficiel où l’âme
est, si ce n’est niée, du moins un sujet tabou − passent
carrément à l’acte ». Jacqueline Kelen est certainement celle
qui explique le mieux et de manière simple toute la noblesse
de la cause défendue par les personnes anorexiques, du moins
un type bien particulier d’anorexiques dont je fais partie.
Ma famille a été écartée du processus thérapeutique et j’ai
été en isolement complet pendant plusieurs mois. Cette
méthode, inventée par le docteur Charcot à la fin du dixneuvième siècle est censée ne plus être appliquée de nos
jours. « Nous n’en sommes plus là, par bonheur […] fort
heureusement, les traitements administrés ont un peu changé. »
J’aurais souhaité faire le même constat, mais cela n’a pas été
le cas pour moi. « La séparation doit être responsabilisante
[…] et non pas apparaître comme une punition. » De nouvelles
méthodes ayant fait leurs preuves chez les Anglo-Saxons
commencent à se développer, mais l’isolement des anorexiques
est encore courant.
Le pire en ce qui me concerne est que les médecins avaient
compris leur échec lorsqu’on a décidé de ma sortie, mais ils
ne pouvaient plus que dispenser ces soins de « réparation de
la carrosserie », ou remise aux normes si vous préférez. Ils
ont dû me laisser sortir tout en sachant que mes troubles
perdureraient. Les conséquences visibles de la maladie
étaient, pour un temps, effacées seulement.
Ce n’est évidemment pas au sein d’un hôpital psychiatrique,
manquant cruellement d’effectif et de personnel formé à
traiter ce genre de troubles, que j’aurais pu être suivie de
manière adéquate sur le plan psychologique. Je crois même que
les étudiants en médecine n’ont qu’un chapitre abordant les
TCA au cours de leur cursus. C’est bien trop peu pour
prétendre à un semblant de compréhension de ces maladies
tellement complexes.
Les personnes qui sont passées par là sont plus à même
d’entendre la souffrance des autres anorexiques/boulimiques.
En cela, je n’ai plus de doute quant à ma légitimité à en
parler. Tant d’actions de communication, de prévention,
d’organisation d’événements sont à faire. Je peux apporter mes
compétences et les mettre au service de cette cause qui me
tient à cœur. C’est sans doute la raison pour laquelle je suis
venue et surtout restée sur Terre. Ce savoir, je l’ai acquis
sur le terrain, en allant au bout de l’anorexie comme au bout
de la boulimie. J’ai vu mes parents qui ont failli perdre leur
fille faute d’être entourés, aidés, soutenus et orientés.
Les activités proposées par mon association devront en tenir
compte et permettre de garder du lien social dans une optique
de mieux-être global.
Il est impossible que la médecine d’aujourd’hui ne voie pas
les bénéfices d’une approche plus holistique. Elle se doit
d’avoir à la fois une approche classique c’est-à-dire
pragmatique et rationnelle (qui correspond à la formation
initiale des médecins) et une approche nouvelle qui écoute la
personne, l’observe attentivement et s’imprègne de son vécu
afin de « capter » des informations non verbales qui
permettent parfois de trouver plus facilement l’origine du
symptôme. La prise en charge thérapeutique s’en trouvera
facilitée. Je suis, bien évidemment, pour une médecine
corps/esprit dite intégrative. D’autres ont ouvert la voie et
je ne fais que réécrire un message qui n’est pas encore assez
bien passé à mon goût, puisque trop peu appliqué.
Une conférence à laquelle j’ai assisté durant le premier
sommet de la conscience en juin 2013 expliquait bien l’intérêt
de ce type de médecine. Je me suis familiarisée avec la notion
selon laquelle nous sommes des Êtres de lumière. La matière
n’est qu’un état de vibrations énergétiques. Il existe
d’autres niveaux de réalité et le corps physique ne peut être
le seul élément à prendre en compte si l’on veut aider et
surtout soigner une personne.
Notons que la colère peut par exemple se trouver dans le corps
émotionnel. Il est donc important d’adopter une vision plus
large, et cela passe par un éveil collectif. Si je peux
participer à cet éveil, ma mission terrestre sera accomplie.
La médecine holistique prend en compte l’individu dans sa
globalité : sur les plans physique, mental, émotionnel et
spirituel, et je suis persuadée que pour soigner des jeunes
filles qui me ressemblent cette approche est celle qui peut
obtenir les meilleurs résultats.
J’ai d’ores et déjà une idée précise des activités qui seront
proposées dans le cadre de mon association, et c’est en toute
bonne conscience que j’aborde la possibilité d’offrir des
services. Ce terme peut déranger, mais je dois seulement
continuer de poursuivre mon objectif initial qui est d’aider.
Comme on me l’a écrit dans un message de sympathie lors de la
création de l’association : aime et fais ce que tu veux !
(dilige et quod vis fac !) Ce précepte signifie qu’avant toute
action, il s’agit de cultiver un amour désintéressé et une
acceptation inconditionnelle de l’autre. Car de la racine de
l’amour, il ne peut germer que du bon.
Mes valeurs de dinosaure, je les défends depuis quinze ans, ce
n’est pas demain que je vais en changer. Ceux qui me
connaissent, qui croient en moi, savent pourquoi je commence
ce nouveau challenge.
J’espère que les psychiatres en devenir s’ouvriront enfin aux
différentes facettes de l’anorexie et expérimenteront de
nouvelles façons de soigner leurs patientes. « Expérimenter »
est un terme mal choisi et je ne dis pas que les personnes
malades doivent être considérées comme des cobayes. Je suggère
d’instaurer un réel dialogue, de mettre en place des outils de
diagnostic plus précis et d’orienter les malades vers les
professionnels compétents avec qui les choses avancent. Il
peut y avoir des ratés, mais il ne tient qu’à nous de tenter
autre chose. Le recours aux médecines douces me semble être
une évidence. Une nécessité. Je préconise des séances de
relaxation, sophrologie, massages et autres.
Je suis convaincue qu’il faut oser, que risque-t-on à faire
bouger les choses ? C’est pour ces raisons que mon souhait le
plus cher concernant mon association est de créer
véritablement du lien : du lien entre patients et soignants,
du lien entre les membres de mon équipe, du lien avec mes
partenaires, du lien avec mes adhérents et entre mes
adhérents.
Il paraît que la méditation ou la sophrologie entrent dans
certains hôpitaux. Ces approches pourraient être salutaires
pour les anorexiques et boulimiques. Je ne mentionnerai pas
tout ce qui me semble utile. J’espère avoir l’occasion de
montrer concrètement en quoi mon approche, somme toute
originale, est efficace. Déjà des malades m’ont dit merci de
les avoir aidées à un moment difficile de leur vie. Si des
parents me confirment que j’ai su les épauler, encore une fois
j’en serai satisfaite.
Certains trouvent un exutoire dans l’art, que ce soit de la
danse-thérapie ou toute autre forme d’art. À cela je réponds :
« Pourquoi pas ! » Personnellement, ce n’est pas ce qui aurait
pu m’aider et l’ergothérapie était un supplice pour une
personne aussi peu manuelle que moi. Mais, comme il faut bien
passer le temps à l’hôpital, c’est déjà mieux que fumer toute
la journée ! Je ne suis pas étroite d’esprit, je me dis que
ces exutoires ne doivent pas être écartés. J’envisage moi-même
de proposer de « mettre des mots sur les maux » grâce à un
atelier d’écriture ou bien encore proposer un travail sur le
rapport à l’image avec l’aide d’une photographe.
Il n’existe pas de règle. Chaque histoire est unique, chaque
cheminement l’est aussi. On peut s’en sortir vite ou plus
doucement, définitivement ou pas.
Que ce soit clair, quand il y a urgence et que le pronostic
vital est en jeu, l’hospitalisation s’impose. Toutefois,
j’exhorte les médecins à tenter d’instaurer le dialogue par
tous les moyens et de faire adhérer la patiente à la démarche
de soins. Plus elle s’impliquera et plus la guérison sera
possible et rapide. Assurez-vous d’avoir envisagé toutes les
pistes.
Permettre à la personne souffrant de TCA de dompter son malêtre dans un premier temps est déjà un grand pas en avant. Il
serait souhaitable de lui faire accepter qu’elle puisse être
mal, triste ou dégoûtée par le monde et de rester à flot, de
maintenir au minimum un poids en cas d’anorexie, avant de
pouvoir entamer une reprise de poids.
Je pense au problème auquel sont confrontées les salles de
sport comme celle que je fréquente. Comment gérer les cas
d’anorexies ? Rendre le certificat médical obligatoire ne
changerait sans doute rien au problème, elles iront ailleurs
ou obtiendront ledit certificat sous forme de complaisance.
Leur interdire l’accès à la salle ? Et si le sport est la
seule chose qui les maintient « connectées » à la réalité ? Ce
n’est bien sûr qu’une problématique des TCA sur laquelle je
souhaite me pencher.
Les troubles alimentaires sont extrêmement difficiles à
détecter. Les anorexiques peuvent être très manipulatrices, en
ce sens je suis loin d’être unique.
Mes parents ont ainsi été les derniers à se rendre compte de
ma maigreur. Cela vous étonne ? Pas moi ! Je précise – et j’ai
pu le vérifier en récoltant des témoignages – que les proches
réalisent brutalement la perte de poids, comme si elle
devenait visible du jour au lendemain. Je ne saurais
l’expliquer, mais tout à coup le symptôme saute aux yeux,
avant non !
J’en veux davantage à mon entraîneuse qui me connaissait
depuis toute petite et j’estime qu’elle était la mieux placée
pour détecter le problème dès son apparition. Elle aurait dû
être vigilante, lors de mon adolescence, car on sait bien que
c’est une période de fragilité surtout pour les jeunes filles
pratiquant certaines disciplines sportives. Mes performances
en chute libre et la maigreur commençant à être visible
auraient dû sonner l’alarme chez elle. Les entraîneurs
sportifs devraient être formés à détecter les premiers signes
de la maladie. Pour citer à nouveau le court-métrage Sacha, on
voit que, dans cette histoire vraie, la maladie débute par un
régime en milieu sportif. Dans la pièce Le Destin de Plectrude
(d’après Amélie Nothomb) dont je fais la promotion, la jeune
anorexique vit pour sa passion : la danse.
Les profils types présentent un perfectionnisme accru, un
désir d’absolu et une poursuite d’idéaux. Le problème chez les
anorexiques c’est que leurs idéaux sont tellement élevés
qu’elles se prennent les pieds dans le tapis. Personne ne me
contredira quand je dis que mes aspirations étaient et restent
nobles. Ceux qui blâment les anorexiques de se laisser crever
de faim alors qu’elles ont de quoi se nourrir ou les
boulimiques de faire ce qu’elles font avec la nourriture,
devraient revoir leur jugement en prenant compte de ce qui
vient d’être dit.
Mon conseil aux proches et aux parents serait de bien faire
attention aux modifications des habitudes alimentaires de la
personne fragile. Il ne sert à rien pour une mère de
s’inquiéter si son enfant saute un
comportements étranges et répétitifs
repas mais des
doivent attirer
l’attention, avec l’éternel refrain : le dialogue est de mise.
Enfin, si votre fille vous semble précoce, forte et solide,
elle a peut-être davantage besoin d’amour et d’attention qu’il
n’y paraît. Une enfant sérieuse, sage, avec peut-être trop de
responsabilités pour son âge peut être encline à développer ce
type de problèmes.
Je refuse malgré tout de crier au scandale quant au traitement
auquel j’ai eu droit. Je n’oublie pas que, quelques années
auparavant, j’ai eu la chance de me faire soigner dans un
service spécialisé et que c’est moi qui n’ai pas su la saisir.
C’est cela que je veux éviter à d’autres. Faire de cette
erreur un apprentissage, savoir qu’on peut aussi se nourrir de
l’expérience – des erreurs comme des réussites – des autres.
Effectivement, je n’étais, lors de cette première
hospitalisation, tout simplement pas prête à guérir. Le
contexte et le manque de lits étant ce qu’ils sont, je trouve
normal que ma place ait été donnée à une fille mieux disposée
à l’idée de guérir. Je garde un profond sentiment d’amertume
et il me faut vivre avec et l’accepter. Je pars du principe
que les choses sont telles quelles sont et l’expérience des
hôpitaux de Paris, aussi terrible fût-elle, a sans aucun doute
un sens dans ma vie.
C’est un fait : en ne traitant que l’ « aspect poids » on m’a
obligée à mettre une croix sur l’essence même de mon identité,
sans m’en expliquer les bénéfices et sans m’aider à en
supporter la perte.
Sabrina
L’âme en éveil, le corps en sursis (Editions Quintessence)
Source : blog psychologies.com.
Histoire de Combats
Les ami(es) et tous ceux qui me
suivent depuis des mois savent
l’importance que je donne au sport.
Si je donne une conférence sur le
Sport et les TCA ce n’est pas anodin
: j’ai une relation complexe au sport
synonyme pour moi de plongée dans
l’anorexie mais synonyme également de
reconstruction. L’athlétisme reste un sujet douloureux pour
moi et j’étais très émue de rencontrer Clavel Kayitaré mais
aujourd’hui j’ai trouvé une nouvelle famille dans l’univers du
fitness et mes coachs peuvent prendre place dans le Club de
mes anges… Mon Combat c’est aussi grâce à vous qu’il prend
sens les sportifs !
J’ai adoré prendre la pose avec l’une de mes coachs de Combat
à la salle : fun !
Les photos sont allées rejoindre un album « Histoire de
Combats » et je trouve cela très sympa de voir l’évolution
depuis ce fameux jour de Novembre 2013 où je remettais pour la
première fois les pieds sur le stade du CSMC et où un autre
coach (Mickael que je remercie au passage) nous a aidé à
prendre le cliché dont je rêvais.
Par 2° ce jour-là, j’en ai fait plus d’un tour de stade ! Et
cela reste un très bon souvenir même pour ma pauvre stagiaire
qui s’est gelée pendant 2h
Merci à toi Adélaïde (même si tu ruines ma com’ sur la notion
de Combat et de lutte… ton sourire est magnifique !) et merci
à ma « famille sportive », les coachs et les athlètes qui se
sont prêtés au jeu.
L’âme en éveil circule maintenant à la salle, je suis sûre que
d’autres photos compléteront l’album : quand ils veulent, ils
savent se lâcher les Combattants !
A défaut d’attaché de presse je soulève une armée de
Combattants pour jouer mes chargés de com’, faites de votre
mieux mais dopez moi les ventes de L’âme en éveil svp
Dois-je annoncer à l’auteur de
éditions Plon que j’ai très
désirs à Adelaïde ? Je décline
mes coachs peuvent-elles faire
le 12 juin dernier ?
la préface de mon livre et aux
envie d’offrir Réveillez vos
toute responsabilité bien sûr,
pire que mes jeunes stagiaires
Un petit tour sur l’album souvenir de la conférence Réveillez
vos désirs du Pr Michel Lejoyeux, vous comprendrez ce que je
veux dire…
J’en profite pour remercier Dragon Bleu et Venum car avant le
fameux shooting de Novembre 2013 j’ai fait 4 ou 5 fois le tour
du globe pour obtenir les autorisations nécessaires qui m’ont
permis de faire cette couverture.
Dragon Bleu, distributeur officiel de la marque n°1 mondial du
freefight-streetwear et Venum eux-même m’ont encouragée et
soutenue dans mon « Combat »… Merci…& fight !
Sabrina
Conférence Réveillez vos désirs photos
Source : blog psychologies.com.

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