HDA 3ème « LES ARTS, témoins de l`Histoire

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HDA 3ème « LES ARTS, témoins de l`Histoire
HDA 3
ème
« LES ARTS, témoins de l’Histoire »
Par Marie-Pierre DAUTANE
Objectif : Etudier une « Affiche de propagande » de la Première guerre mondiale
« The French woman in war-time” »
(Traduction : « La femme française pendant la guerre »), transformé en « La Mobilisation des femmes ».
Georges Emile CAPON (1890 - 1980)
Affiche (lithographie* couleur), sur papier
Maison d’édition : Les Affiches Nouvelles, Paris.
1918
Dimensions : 120 x 80,5 cm
Commanditaire : « Section cinématographique de l’Armée française* »
Conservée au Musée d’histoire contemporaine/BDCI (Paris).
Cette affiche a été réalisée pour la version anglaise d’un documentaire de propagande, tourné par
Alexandre DEVARESNNES, pour la section cinématographique de l’armée française.
*Une lithographie est une technique d’impression qui permet la reproduction en plusieurs exemplaires,
d’un dessin gravé sur une pierre calcaire.
*La Section cinématographique de l’armée française a été créée en 1915, pour conserver des documents
filmés et photographiques sur la guerre, à des fins documentaire mais aussi de propagande.
BREVE
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BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR : On sait peu de choses de Georges Emile CAPON…
Il est né à Paris en 1880 et décédé à Paris en 1980.
Il a étudié à l’école Germain Pilon.
*L’Ecole de Paris rassemble tous les peintres, y compris étrangers, qui ont fait de Paris, le foyer de
C’est un peintre néo impressionniste.
la création artistique, de 1900 à 1960.
Il appartient à l’Ecole de Paris*.
Il s’est aussi rapproché de l’expressionisme.
Il a beaucoup peint à Montmartre, ce qui en fait un peintre dit « Montmartrois* ».
*Du XIXème au XXème siècle, beaucoup de peintres peignaient à Montmartre, qui était le principal centre artistique de Paris, avant le Montparnasse des
années 20.
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Il choisit, en tant que tel, des sujets comme les gens ordinaires, des cafés, des scènes de bal, des paysages urbains, des nus.
Il peint avec une technique moderne. On le voit d’ailleurs dans cette affiche, où les personnages sont représentés simplement et de manière
réaliste.
Ses peintures sont fortement composées, avec une gamme de couleurs équilibrées.
Il a exposé régulièrement dans les différents Salons.
Il a été mobilisé pendant la 1ère Guerre mondiale et a combattu pendant toute la guerre.
Il a réalisé des affiches pendant cette période.
Mouvement ou Courant artistique : Le Néo-impressionnisme. On l’appelle aussi Pointillisme.
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Ce mouvement est issu de l’Impressionnisme.
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Cette technique a été impulsée par des peintres comme Georges SEURAT (1859-1891), puis Paul
SIGNAC (1863-1935).
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Il se développe à la fin du XIXème siècle.
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La technique consiste à juxtaposer des petits points, des petites touches de peinture, en utilisant des
couleurs primaires (rouge, bleu, jaune) ou complémentaires (orange, violet, vert).
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Lorsque le tableau est regardé à une certaine distance, les points de couleur ne peuvent plus être
distingués et donnent l’illusion d’optique de se fondre les uns dans les autres.
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Les tableaux sont très élaborés : D’abord un long travail de croquis, puis un long travail en atelier
après le repérage en extérieur.
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C’est le critique d’art, Félix Fénéon, qui a utilisé le premier, ce terme, en 1886.
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En 1884, des peintres, dont les plus connus, sont SEURAT, SIGNAC, Camille et Lucien PISSARO,
fondent la Société des artistes indépendants.
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Ce courant, qui prend fin à la fin du XIXème, a beaucoup influencé les courants « Fauve »,
« L’Expressionnisme », mais aussi « L’Art abstrait ».
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Il a influencé des peintres comme MATISSE, KLEE ou MONDRIAN.
Quelques œuvres de peintres néo-impressionnistes :
Un détail de ce même tableau
« Une baignade à Asnières »,
Georges SEURAT, 1883-1884
« Un dimanche après-midi sur l’île de la Grande jatte »,
Georges SEURAT, 1884-1886
Quelques œuvres de Georges Emile CAPON :
« Le démolisseur », Paul
SIGNAC,
1896-1899
« Trois personnages attablés dans un bar »,
Georges Emile CAPON,
Affiches :
Deux Affiches pour le Comité américain des régions
dévastées de France, après la 1ère Guerre mondiale
« Au café », Georges Emilie CAPON, 1927
« Au café »,
Georges Emile CAPON, 1930
Affiche pour la Croix rouge et pour
l’Union des femmes de France,
1917-1918
« La Java », Georges Emile CAPON, 1925
« Alpes », Affiche pour la SNCF,
Georges Emile CAPON, 1956
Contexte historique de l’œuvre :
 Nous sommes en 1917-1918.
 C’est la période de la Première Guerre mondiale.
 Ces années sont celles de la « Guerre totale » (Référez-vous à votre cours !)
 C’est une période d’intense mobilisation de toutes les forces autour de la guerre :
- Les soldats au front,
- Les civils à l’arrière, en particulier les femmes, qui remplacent les hommes et participent activement à l’effort de
guerre,
- L’économie, les finances,
- Les gouvernements. En France, c’est Georges Clémenceau qui dirige un gouvernement d’Union nationale,
complètement tourné vers l’effort de guerre,
- Mais aussi les esprits, par la propagande !
Cette affiche est un des nombreux exemples d’affiches de propagande parues pendant cette période, dans tous les Etats en guerre.
Pensez au « Tutoriel » !
Georges Clémenceau visitant les poilus dans les tranchées
Description de l’affiche
 Nous voyons des femmes dans leurs activités.
 Les personnages sont 3 principaux. S’y rajoutent 2 enfants, une petite fille et un nourrisson.
- Leur taille est importante. Elle prend plus de la moitié de l’affiche, dans le sens vertical.
- Chacune d’entre-elle est représentée dans une activité et une couleur y est associée :
 A gauche, tournée vers la gauche, en bleu (de travail), une « munitionnette ». Est-elle en pantalon ? Je vous rappelle que le port du pantalon
était interdit aux femmes à cette époque et que justement, elles commencent à le porter pendant cette période à l’usine (Fait choquant pour l’époque !).
On la voit actionner une machine à fabriquer des munitions, des obus sans doute.
 Au centre, en blanc, une mère qui allaite son enfant.
Elle est assise, en compagnie de sa petite fille, qui nous tourne le dos.
On sent une relation tendre entre elles-deux. La mère se penche vers elle.
La fillette lui tend une lettre, référence au père qui est à la guerre et qui a écrit à sa famille.
Sa position centrale montre que « être mère », est l’occupation la plus naturelle des femmes.
 A droite, tournée vers la droite, en rouge, une femme qui bêche son champ, avec une fourche.
Elle est légèrement courbée, car son activité demande de l’effort.
 Au 1er plan : les femmes et les enfants
A l’arrière-plan :En filigrane, la Marianne. Elle est casquée et porte une cuirasse. Elle symbolise les combats mais aussi la victoire.
Au dessus, le titre de l’affiche.
 Le décor est planté avec précision. A chaque femme est associé un univers, qui correspond à son activité :
 La munitionnette, à l’établi de l’usine  Cela l’associe à l’univers du travail.
Chose peu commune avant la guerre. Puisque les femmes remplacent les hommes qui sont au front.
 La mère, au panier à ses pieds, avec des légumes qui en débordent  C’est le milieu familial, avec ses taches ménagères et les enfants, mais
aussi le lien avec la terre qui nourrit les civils à l’arrière et les soldats au front…
 La paysanne, dans son champ de maïs  C’est le milieu agricole. Il faut nourrir la population civile mais aussi les soldats.
 Les lignes directrices :
 Elles sont ici verticales. Elles rythment notre regard, évoquant la force de ses femmes, entièrement dévouées à leurs taches.
Elles sont renforcées par la position des corps, des objets dans le décor.
La Marianne dans le filigrane est, elle aussi dans une position qui inspire la puissance et la force.
 Les lignes horizontales, délimitent les zones des textes et de l’implantation du décor.
 Il y a aussi 2 diagonales, qui délimitent la zone la plus importante (en forme de pyramide), le centre où se situe la mère et qui convergent vers
le point de fuite, matérialisé par la Marianne, qui focalise notre attention.
 On remarque une symétrie, ce qui donne l’équilibre à l’affiche. Les femmes à l’opposé sont dans une position inversée, la femme au centre, est
celle vers qui tout converge…
 Le titre est placé dans le tiers supérieur de l’image et donc mis ainsi en valeur.
 Dans le tiers inférieur sont indiquées les activités des femmes.
 Et au centre, la figure allégorique de la Marianne, qui représente le but de toutes les activités des femmes : Contribuer à l’effort de guerre,
pour la France et la victoire.
 Les formes sont rectangulaires et verticales, ce qui renforce encore, l’impression de force et de solidarité dans ce groupe complémentaire.
 Les éléments présents sont à la même échelle que les personnages, puisque ce sont « leurs outils ».
Chaque femme est associée à une d’entre eux :
 La munitionnette, à la machine qu’elle actionne.
 La mère qui allaite, au panier.
 La paysanne à sa fourche
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L’affiche n’est pas un photomontage, mais un tirage d’une lithographie originale de Georges Emile Capon.
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L’angle de vue, comme souvent, est frontal, de plein pied, afin de nous rendre « acteur ». En voyant l’engagement de ces femmes
dans « l’effort de guerre », nous ne pouvons que nous y engager à notre tour…
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L’effet recherché est de rendre le spectateur acteur, partie prenante. Il faut le convaincre.
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Les éléments donnant du sens, sont bien sûr :
 Chacune des activités des femmes.
 Les objets et le décor associés.
 La Marianne dans le filigrane.
 La lettre que tend la petite fille.
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Les couleurs ont un sens précis : On remarque qu’elles sont contrastées, peu nombreuses. Le bleu, blanc, rouge sont les couleurs du
drapeau français. C’est le symbole du patriotisme de ces femmes, certes dévouées au bien être de leur famille mais surtout,
tendues vers un but commun, « l’effort de guerre ». Elles sont disposées en bandes comme le drapeau tricolore.
Hormis ces couleurs essentielles, qui font partie du message, les autres couleurs sont plutôt neutres, dans les gris. Ce, pour ne pas
attirer notre regard.
La couleur de la Marianne est elle-aussi, importante. Elle se détache comme une ombre qui la recompose à notre regard, un peu
comme les filigranes des billets. Elle est très présente à notre regard.
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Le texte le plus important se situe dans le tiers supérieur. L’artiste a fait le choix du rouge, qui attire immédiatement notre
regard (Référence au sang versé par les soldats pour la patrie).
Il est d’une taille importante.
L’utilisation de l’italique et de cette typographie aigue, renforce l’impression de mouvement, du combat, que livrent la France et ces
femmes dans leur travail quotidien.
Le texte situé dans le tiers inférieur donne les informations, concernant le commanditaire de l’affiche. S’y trouve aussi la signature
de l’artiste.
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Il n’y a pas de slogan. Le titre en anglais, annonce en fait, le film de propagande, commandé par l’armée. Il montre la mobilisation
de l’arrière et en particulier des femmes.
Interprétation de l’œuvre
(Aidez-vous des questions suivantes) Mais surtout que ressentez-vous devant cette œuvre !
Cette affiche a pour but de développer le patriotisme.
Le film, qu’elle annonce, est un montage de plusieurs scènes d’actualité, dans une fiction, montrant le rôle exceptionnel tenu
par les femmes pendant le conflit.
L’affiche en ce sens, est la synthèse de cela.
Nous y voyons les activités des femmes : les nouvelles, à l’usine. Les traditionnelles au champ. Le rôle éternel de mère.
La position centrale de la mère qui allaite son bébé, montre bien que le rôle traditionnel de la mère est le plus important !
Car le nourrisson est l’avenir de la nation, en ces temps de mort et de destruction. Il faut donc promouvoir la natalité, pour
remplacer les soldats morts au front.
Cette œuvre a un style réaliste, qui nous fait entrer de plein pied, dans son sens : Le rôle à la fois nouveau et traditionnel
des femmes françaises, mais aussi leur courage et leur force et leur héroïsme face à l’adversité.
C’est bien une affiche de propagande, qui utilise toutes les techniques de composition et psychologiques, pour convaincre le
spectateur d’adhérer à ce qu’elle montre.
A vous maintenant d’en donner une interprétation personnelle…
Munitionnettes en 1917, en pantalon !

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