Pan (mythologie) - Sorcellerie.org
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Pan (mythologie) Haut-relief de Pan, Palais Neuf (Rome) Personnage de la mythologie grecque, Pan (en grec ancien Πάν / Pán, « tout ») est le dieu de la totalité, de la Nature tout entière. Il est souvent identifié à Phanès ou Protogonos. Au cœur de la tradition orphique, il en est le dieu unique. Dieu des Bergers, des pâturages et des bois, né en Arcadie, il existe plusieurs versions sur sa naissance. Pan Il était si laid en naissant avec ses cornes et ses pieds de bouc, que sa mère l'abandonna. Hermès le transporta sur l'Olympe. Il mit en fuite par sa voix redoutable les Titans en guerre contre les dieux. Génie de la nature sauvage, son culte fut associé à celui de la Grand-Mère; plus tard, Pan entra dans le cortège de Dionysos. Pour les stoïciens et les orphiques, il devint le dieu de la Vie universelle et le Grand-Tout. Il épouvantait souvent les hommes par ses brusques apparitions; d'où l'expression de terreur panique. Le centre de son culte était en Arcadie, où il avait des sanctuaires sur le mont Parthenion, sur le Nomion, à Herdea, à Mégalopolis. A Marathon, il passait pour avoir déterminé la déroute des Perses. On lui consacra une grotte, la grotte dite de Pan., qu'on visite encore, au nord de l'Acropole. Sous Tibère, un pilote raconta, dit Plutarque, qu'il avait entendu retentir dans la nuit ces mots: " Le grand Pan est mort ! " Le mot est resté proverbial, pour caractériser la chute de puissantes institutions. Il est représenté tantôt avec des cornes et des pieds de bouc, une longue barbe et des cheveux crépus, et tantôt comme un beau jeune homme aux cheveux flottants, reconnaissable seulement à ses petites cornes, à sa syrinx et sa houlette. Les bas-reliefs le montrent présidant aux danses des nymphes, ou bien, ivre, agacé par les nymphes et poursuivi par les satyres. Mythe Pan est le protecteur des bergers et des troupeaux. Il est généralement figuré avec des pieds de bouc et des cornes. Souvent confondu avec les satyres (hommes à demi caprins, oreilles, queue et pieds de chèvre), Pan est représenté de manière moins humaine, caractérisé par sa laideur et sa sauvagerie. En plus de la nature, Pan est associé à la fécondité. L’Hymne homérique qui lui est consacré le nomme fils d'Hermès et d'une nymphe, fille de Dryops. Il naît ainsi sur le mont Cyllène, en Arcadie. Devant son apparence monstrueuse, sa mère s'enfuit, mais le père porte son fils sur l'Olympe(ce qui confèrera à Pan sa nature divine), où tous les dieux se réjouissent de le voir. Selon l'auteur, ce serait l'origine de son nom : tous [Pán] les dieux furent réjouis. Selon d'autres légendes, il passait pour le fils de Zeus et de Callisto ou de Zeus et de la nymphe Thymbris, ou encore de Zeus et d'Hybris, la déesse de la Démesure. Enfin, suivant des récits postérieurs à l'Odyssée, Pan est plutôt considéré comme le fils d'Hermès et de Pénélope qu'Ulysse aurait répudiée en raison de son infidélité, ou bien comme celui qu'elle conçut après avoir cédé successivement à ses cent huit prétendants 1. Pour concilier ces différentes variantes, Nonnos de Panopolis imagina l'existence d'une quinzaine de Pan différents, les uns issus du Pan primordial, alors considéré comme le fils de la nymphe-chèvre Amalthée et le frère de lait de Zeus, les autres nés d'Hermès par les nymphes Sosé et Pénélope2. - - Selon d'autres légendes, Pan n'aime pas l'Olympe, ou les dieux rient de son aspect, et préfère vivre dans les bois et les forêts en compagnie des satyres, nymphes et autres divinités de la nature. Selon Ovide (Métamorphoses, XI), Pan défie Apollon dans un concours musical jugé par Tmolos, roi lydien, finalement remporté par le dieu lui-même (le concours, avec notamment la présence de Midas, peut être rapproché de celui qui oppose Apollon et Marsyas). Pan est présenté comme le dieu de la foule, et notamment de la foule hystérique, en raison de la capacité qui lui était attribuée de faire perdre son humanité à l'individu paniqué, et de déchirer, démembrer, éparpiller son idole. C'est l'origine du mot « panique », manifestation humaine de la colère de Pan. Si l'on attribue à Pan des comportements peu bienveillants, il faut faire abstraction des attentions qu'il portait aux bergers et à leurs troupeaux dont il était naturellement le protecteur. - Le christianisme s'inspira sans doute de l'apparence et du caractère sulfureux de ce dieu très populaire, et le « diabolisa » en octroyant ses attributs au démon, pour lutter contre le paganisme et toute autre tradition religieuse qui résistait à son implantation. C'est Pan qui fournit les chiens de la meute d'Artémis. Pan est le seul dieu à avoir un jour connu la mort, que l'on peut aussi interpréter comme une représentation du cycle des saisons, et du passage de la belle saison à l'automne puis a l'hiver. Amours La nymphe Syrinx se transforma en roseaux pour échapper à son désir. Comme le vent de son souffle faisait gémir les roseaux, en hommage, Pan confectionna un instrument de musique auquel il donna le nom de syrinx, connu sous celui de flûte de pan. La nymphe Écho dont la voix merveilleuse rendait tout homme amoureux. Pan la rattrapa et l'éparpilla sur toute la Terre. Il n'en reste que l'écho, pâle imitation et une fille, Lynx, qu'Héra, pour la punir d'avoir favorisé les amours de Zeus avec Io, métamorphosa en statue de pierre ou en un oiseau utilisé dans les conjurations amoureuses, le torcol3. Le berger de Sicile Daphnis, amant de Pan. Séléné (personnification de la Lune), qui se laissa séduire en acceptant un troupeau de bœufs blancs. La nymphe Euphéné, qui lui donne un fils, Crotos, devenu la constellation du sagittaire. Ainsi, Syrinx pourchassée par envie s'échappa et fut rassemblée post mortem (et ainsi rattrapée), alors qu'Écho pourchassée par jalousie fut rattrapée puis éparpillée dans la mort (et ainsi disparut). Le mythe de Pan concentre toute la dualité de l'imitation : désir/jalousie, rassembler/éparpiller, présence/absence. Épithètes, attributs et sanctuaire Ses attributs : la flûte de Pan, les cornes, les pattes de bouc Ses sanctuaires : L'Acardie, où il est le dieu national, se partageant avec Zeus le principal sommet de la région, le mont Lycée. L'une des grottes du versant Nord de l'Acropole lui est consacrée. Iconographie Né dans les bois de l'Arcadie, la région la plus isolée du Péloponnèse, Pan est vénéré par la population locale, attribuant à Pan des éléments pastoraux. À l'origine, il ressemble à un bouc redressé sur ses pattes arrières ; puis, au fil du temps, son humanité apparaît, et au final il ne conserve que deux cornes cachées dans sa chevelure. Les satyres partagent avec Pan des attributs communs, et suivront eux aussi une certaine humanisation : ils sont identifiables par leur barbe et leurs cheveux hirsutes, des oreilles pointues d'équidés, une longue queue chevaline et leur sexe est généralement en érection — attributs que le temps humanisera, notamment avec les textes de Praxitèle. Les satyres apparaissent comme de jeunes rustres, exprimant la brutalité érotique de la jeunesse4. Le dieu Pan et la nymphe Syrinx © Patrick Kersalé 2006 1. La légende du dieu Pan La légende Pan est narrée, entre autres, dans les Métamorphoses d’Ovide1 « Publii ovidii nasonis metamorphoseon liber primus/syrinx », long poème épique de plus de 15 livres en hexamètres, dont la composition débute probablement en l’an 1. « Au pied des montagnes glacées d’Arcadie, parmi les Hamadryades de Nonacris2, la plus célèbre était une Naïade que les nymphes appelaient Syrinx. Plus d’une fois, elle avait échappé aux satyres qui la poursuivaient et aux dieux qui hantaient les forêts ombreuses et les grasses campagnes. Elle honorait, par ses activités, la déesse d’Ortygie3 et lui avait même voué sa virginité ; ceinte elle aussi à la manière de Diane, elle aurait pu faire illusion et passer pour la fille de Latone, si elle n’avait eu un arc de corne, au lieu de l’arc d’or de la déesse. Même ainsi, on les confondait. Un jour qu’elle revenait du mont Lycée4, Pan la vit et, portant sur la tête une couronne d’aiguilles de pin, il lui adressa ces paroles... ». Il restait à Mercure à relater le discours de Pan, le dédain de la nymphe pour ses prières et sa fuite à travers champs jusqu’aux abords sablonneux du paisible Ladon5 ; là, les eaux arrêtant sa course, elle pria ses sœurs liquides de la métamorphoser. Pan croyait déjà Syrinx à sa merci, mais, dans ses mains, il n’avait saisi que des roseaux du marais et non le corps de la nymphe. Tandis qu’il poussait des soupirs, un souffle d’air à travers les roseaux produisit un son léger, une sorte de plainte. Séduit par cette nouveauté et par la douceur de cette mélodie, Pan dit : « Voilà qui me permettra de m’entretenir avec toi à tout jamais ! ». Et ainsi, grâce à des roseaux d’inégales longueurs joints avec de la cire, il perpétua le nom de la jeune fille. 1 - Poète latin né en 43 av. J.-C. à Sulmone, mort en 17 ap. J.-C. 2 - Les Hamadryades étaient des nymphes des forêts ; Nonacris une ville du nord de l’Arcadie, patrie du dieu Pan et des bergers. 3 - Ortygie : autre nom de l’île de Délos. 4 - Montagne du Sud de l’Arcadie, consacrée au dieu Pan. 5 - Fleuve d’Arcadie, consacré à Apollon. 2. La légende d’Hermès Une légende ancienne, telle que la rapporte Homère, fait allusion à la dispute entre Apollon et Hermès après que ce dernier a dérobé les bœufs confiés à la garde de son immortel frère : « Zeus, ayant mis un terme à cet incident en faisant rendre le bétail, Hermès donna à Apollon la lyre qu’il venait de construire à l’aide d’une carapace de tortue et les sons mélodieux apaisèrent le juste ressentiment de son frère. Apollon lui donna en échange une baguette d’or, prototype du caducée, et lui confia la garde du céleste troupeau. Apollon devint ainsi, avec la première lyre, musicien et dieu de la musique, tandis qu’Hermès, devenu berger, se fabriquait une flûte faite de plusieurs roseaux pour remplacer la lyre qui, à présent, lui manquait. » De cette légende, il ressort qu’Hermès est l’inventeur de la syrinx, instrument dont son fils héritera ; ce fils, Pan, est ainsi mis en relation avec la flûte qui porte son nom. 3. La syrinx dans la Grèce antique Le mot grec « syrinx » désigne tout objet long et creux. Le sens de « flûte de Pan » attesté par Homère n'est pas le seul. Dans l'Iliade, ce terme signifie aussi un étui de lance. Chez les tragiques, il peut désigner le moyeu d'un char. Chez Polybe, une galerie souterraine, une mine. Étymologiquement, syrinx se rapproche du sanscrit surungâ, litt. Couloir souterrain. Aujourd'hui ce terme désigne l'organe du chant des oiseaux. Le mot syrinx, lorsqu'il se rapporte à la flûte, peut lui-même désigner trois objets différents chez les Grecs : a) l'instrument appelé communément flûte de pan : flûte polycalame (c'est-à-dire à plusieurs tuyaux) ; b) une flûte monocolame, c'est-à-dire un tuyau unique sur lequel s'adaptait une bouche biseautée, jouant le rôle d'excitateur ; c) cette bouche biseautée elle-même. Cette distinction importante se trouve, pour a et b, clairement exprimée dans un fragment de l'Hagiopolite : « Il y a deux espèces de syringes : la syringe à un seul tuyau et la syringe à tuyaux multiples. » Les divers écrits que nous ont laissés les auteurs de l'époque ne spécifient pas toujours « syringe polykalamos » ou « syringe monokalamos » donnant ainsi naissance à des erreurs d'interprétations et à des confusions. La douzième Pythique de Pindare, qui narre une curieuse anecdote relative à l'aulète (joueur d'aulos) d'Agrigente, révèle l'existence de la syrinx : « Pendant qu'il était occupé à exécuter le morceau de concours, son anche vint à se cacher dans la bouche et alla s'attacher au palais ; le virtuose se mit en devoir d'emboucher l'instrument au moyen des seuls tuyaux comme une syrinx. Les auditeurs étonnés, prirent plaisir à ce genre de sonorité, et Midas obtint le prix. » Ce texte met donc en lumière l'existence d'une flûte désignée par le terme syrinx, instrument dont l'excitateur est bien un biseau et non une anche comme sur l'aulos. L'appellation syrinx de la bouche biseautée des flûtes monocalames ressort à l'évidence du passage suivant de Plutarque : « Téléphane de Mégare (célèbre aulète du temps d'Alexandre) avait une telle aversion pour l'usage des syrinx qu'il ne permit jamais aux facteurs d'en appliquer sur les aulos. Ce fut la principale raison qui l'empêcha de disputer le prix au concours pythique. » 4. Rôle de la syrinx polycalame La syrinx polycalame est naturellement associée à la vie campagnarde, loin de la musique savante et des concours. Ainsi trouve-t-on dans Platon (République III) : « Il te reste donc la lyre et la cithare, utiles à la ville ; aux champs, les bergers auront la syrinx.» On la voit dans la main des satyres, compagnons de Dyonisos. Elle est, par excellence, l'instrument de Pan et apparaît surtout sur les vases du IVe siècle qui représentent ce dieu avec prédilection. 5. La flûte de Pan, symbole de l'unité Le mot Pan est à l’origine du terme « panique », mais signifie également signifie « le tout ». La fuite panique est une réaction protectrice même si, dans son aveuglement, elle peut provoquer la mort collective. Heureusement la flûte du dieu est là pour rassembler le tout en l'unique. Chaque tuyau de roseau symbolise chacune des brebis du troupeau et la cire qui unit les tubes, la paix ou l'absence de la manifestation de Pan. Avant que Pan ne fabrique sa flûte, donc ne réunisse les tubes de roseau, la panique régnait dans les troupeaux et rien ne semblait pouvoir les unir de nouveau. Ainsi, la nymphe Syrinx devait-elle tenir une place de choix dans l'esprit des bergers. Sur les sarcophages paléochrétiens du IVe S. ap. J.-C., Pan est présent uniquement à travers la représentation de sa flûte accrochée dans un arbre. Le vent, en s'engouffrant dans les tuyaux, assure l'unité du troupeau. En ne représentant que l'attribut du dieu, on choisit le meilleur parti du satyre. Ainsi Pan est-il à la fois protecteur et destructeur : d'une part, il effraie les nymphes et disperse les troupeaux, d'autre part il les réunit grâce à sa flûte, symbole de l'unité retrouvée. 6. La flûte de Pan monoxyle dans l’empire romain On trouve, dans l'empire romain, les deux grandes familles de flûtes de Pan : les flûtes polycalames et les flûtes monoxyles6. C'est à cette dernière catégorie d'instruments que nous allons nous intéresser. La flûte de Pan monoxyle se présente sous la forme d'une petite planchette de bois ouvragée dans l'épaisseur de laquelle sont creusés des tubes de longueurs différentes, généralement en ordre décroissant unique. Il est assez rare de trouver, à travers la peinture et la sculpture romaine ou galloromaine des représentations de flûtes de Pan monoxyles. Ce phénomène est facilement explicable : le caractère suggestif d'une flûte polycalame est bien supérieur à celui d'un instrument monoxyle qui ne nous montre pas ses tuyaux. De plus, la flûte de Pan se trouvant la plupart du temps représentée tenue par le dieu Pan, l'évocation de la légende de Syrinx aurait moins de sens. La découverte, le 26 juin 1906, dans un puits au cimetière Saint-Père, au cours de fouilles de la ville d'Alésia (site 075, lieu 09), d'une flûte de Pan monoxyle nous donne la preuve irréfutable de l'existence de ce type d'instrument dans le monde romain. Elle est identique, dans l'esprit, au trou de suspension près, au fieould et au pihurlet pyrénéens. Cet instrument gallo-romain a subi deux restaurations successives. Il est en bois, d'une essence difficile à identifier, mais qui se rapprocherait du chêne. L'une des deux faces de la syrinx d'Alésia est décorée de figures géométriques (demi cercles, lignes horizontales) incisées dans le bois ; l'autre face est lisse. Huit tuyaux (le huitième est mutilé) ont été forés à l'origine dans le corps de cet instrument. Ils mesurent, selon les mensurations de Th. Reinach, respectivement 71 ; 63 ; 55 ; 50,5 ; 43,5 ; 39 ; 35,5 et 31,5 mm de long. Les orifices circulaires de ces tuyaux représentent une déclivité allant de la face lisse à la face incisée, ce qui laisserait supposer que cette syrinx pouvait être jouée la face décorée vers l'extérieur, ce qui situerait les sons aigus à main droite du joueur. Souvent difficilement accessible à la raison, le symbolisme originel perdure pourtant dans l’inconscient collectif. Aussi longtemps que l’objet existe, il continue de nourrir le tissu social et d’enrichir, d’élargir la communication au-delà des frontières qui bornent les esprits et les mémoires. Par la grâce de son caractère universel, il jette un pont entre tous les humains, de tous âges, sexes ou races. Le symbolisme originel est étroitement lié à la forme de l’objet archétypal ainsi qu’à la nature des matériaux employés. En outre, il est le reflet de la nature des rapports sociaux en usage à l’heure de sa création. Ajoutons qu’il est simple par vocation [1], faute de quoi il ne traduirait pas une réalité originelle. Dans cet essai, seuls deux caractères symboliques, liés à l’archétype, sont présentés. Le premier tient à sa forme. Il est spécifique de la flûte de Pan [2] et est traité dans le premier chapitre. Le second est lié au matériau. Il est partagé par toutes les flûtes de chaumes et fait l’objet du second chapitre. Dans le troisième chapitre, l’objectif recherché est de montrer que les caractères symboliques originels, même dégradés, doivent pouvoir être retrouvés tout au long de la vie de l’instrument.