L`Alsace AFPA 21 07 2015
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L`Alsace AFPA 21 07 2015
Formation professionnelle À quel avenir se prépare l’Afpa ? L’évolution du principal organisme de formation professionnelle inquiète les syndicats. La mise en place d’une direction régionale Grand Est, calquée sur la réforme territoriale, est en cours. Et l’an prochain, l’association deviendra un Epic (établissement public industriel et commercial) pour, selon la direction, réaffirmer sa place dans le service public de l’emploi. Aujourd'hui 05:00 par Catherine Chenciner , actualisé Hier à 21:09 Vu 735 fois Environ 5 000 stagiaires sont formés chaque année à L’Afpa en Alsace (ici à Strasbourg), un chiffre en baisse constante. Photo L’Alsace/ Rencontre de l’intersyndicale Sud-FO-CFDT. Les mois à venir seront déterminants pour l’avenir de l’Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes), c’est une certitude de l’intersyndicale Sud-FO-CFDT, et c’est peut-être la seule. Car l’organisme, en difficulté financière depuis l’ouverture du marché de la formation en 2009, est en pleine restructuration, et ce sur plusieurs plans à la fois. À commencer par une réorganisation des directions régionales, calquée sur la réforme territoriale de l’État. « Les conseils régionaux sont nos principaux interlocuteurs et financeurs, nous avons anticipé », justifie Dominique Schwach, qui vient de prendre la direction dans le Grand Est, englobant la nouvelle grande région Acal (Alsace, Lorraine et ChampagneArdenne). Tout en restant une entité juridique nationale unique , « les régions Afpa passent de 22 à 13 ». Le nouveau directeur y voit, entre autres intérêts, la possibilité de « mutualiser les compétences et les plateaux techniques ». Par exemple, indique-t-il, « la Région Alsace entend soutenir des formations dans le domaine de la fibre optique. Dans la configuration Acal, on verra comment les mettre à profit pour tout l’ensemble. » Pas d’organigramme Du côté des syndicats, on s’inquiète d’abord du devenir des employés qui sont environ 90 dans les directions régionales à Nancy, Metz et Strasbourg. « Elles disparaîtront au profit de Metz, c’est sûr. On sait qu’un consultant a été embauché à ce sujet » , indique Alain-Michel Robert, représentant syndical CFDT. « Il n’y a pas d’organigramme de la grande région » , déplore Francine Landes, son homologue FO, qui espère en apprendre davantage lors d’un comité d’établissement d’ici la fin du mois. La crainte est que « les directions tentent d’équilibrer l’offre de formation ». Et que des binômes soient constitués sur des activités similaires, à Mulhouse et Metz (dans l’industrie), Colmar et Remiremont (le bois), ou encore Strasbourg et Nancy (le tertiaire). « Il y a un bruit de fond permanent, déstabilisant pour les salariés , enchaîne François Lacroix, élu Sud. Ce n’est pas normal de ne pas être informés des intentions de la direction. » Déjà, le site détaché de Cernay, comptant quatre formateurs dans les travaux publics et une cinquantaine de stagiaires, a fermé en juin. « Et celui de Soultz-sous-Forêts est menacé. » Autre mouvement annoncé, le basculement, prévu l’an prochain, de l’association en Epic (établissement public industriel et commercial). « C’est la réponse à deux problèmes distincts » , explique Dominique Schwach. D’une part, l’État « réaffirme la mission de service public de l’Afpa » , traversée, depuis l’ouverture à la concurrence, par « une question d’identité et un malaise interne » . Filiale commerciale Dans cet objectif, il lui est « demandé de séparer les activités purement commerciales et de créer, mi 2016, une filiale dont l’Epic sera actionnaire à 100 % ». Selon la direction, celles-ci représenteraient 20 à 25 % de l’ensemble. Mais cela pourrait se monter à bien plus, d’autant, relève l’intersyndicale, que les instances européennes auront à donner un avis. D’autre part, ajoute Dominique Schwach, « l’État pourra transmettre son patrimoine à l’Afpa ». Ce qui ne sera « pas forcément un cadeau » , fait remarquer Francine Landes, compte tenu de l’ampleur des remises en état. En outre, l’Afpa s’attend à ce qu’ « en contrepartie » , elle doive mettre ses pla-teaux techniques à disposition d’organismes de formation concurrents, tels les Greta ou CFA. Aussi, que la place de l’Afpa au sein du service public de l’emploi ait effectivement été rappelée par le ministre ne « change rien » : « C’est un double discours : elle suit déjà les priorités de l’État, l’accent mis sur la formation des demandeurs d’emploi ou des travailleurs handicapés, et ce n’est pas ce qui rapporte du chiffre d’affaires. » Car la problématique est bien celle-là : l’ampleur de l’activité à venir, dépendant des commandes des futurs conseils régionaux. « Quelle sera leur priorité pour la politique de formation professionnelle et quand les décisions seront-elles prises ? » , s’interroge l’intersyndicale. Des questions qu’elle soumet aujourd’hui à ses interlocuteurs et imposera surtout à l’occasion de la prochaine campagne électorale. EN BREF • L’Afpa a une mission de formation professionnelle et de requalification accessible à tous les publics, en particulier les plus éloignés de l’emploi. • La région Grand Est sera une des premières de France avec 22 centres de formation, environ 900 salariés (dont 250 en Alsace) et un chiffre d’affaires attendu autour de 86M€ (presque 28 M€ en Alsace). • L’Alsace compte trois établissements principaux à Strasbourg, Colmar et Mulhouse, avec des centres détachés, comme à Soultz ou Haguenau. Ces trois sites accueillent environ 5 000 stagiaires par an, soit en permanence 1 600, un chiffre en baisse régulière depuis plusieurs années. • En Alsace, environ 60 % des formations sont financées par la Région , le restant provenant de contrats avec Pôle Emploi, l’Agefip, des entreprises…