Caulerpa racemosa

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Caulerpa racemosa
Projet OCEANS : Causes et conséquences des proliférations d’organismes marins
NOTE DE VEILLE SCIENTIFIQUE
Judith C. Klein
Caulerpa racemosa var. cylindracea
(Sonder) Verlaque, Huisman & Boudouresque
Origine : Australie du sud-ouest
Introduction : Trafic maritime? Aquarium ?
Impacts : Formation de mattes denses, modification des
communautés benthiques et des paramètres physico-chimiques.
Reproduction : Sexuée et végétative
Maximum de biomasse : Septembre-octobre
Distribution en France : Très répandu en Méditerranée
© Klein & Verlaque 2008
DESCRIPTION : Caulerpa racemosa var. cylindracea est une Chlorobionte (« algue verte ») marine de couleur verte.
Reconnaissable par ses axes rampants (stolons) avec des rhizoïdes et des frondes dressés portant des ramules en forme de
vésicules, sa taille peut atteindre entre 1 et 11 cm. Elle a une reproduction sexuée et végétative.
Distribution : L’espèce est native de l’Indo-Pacifique, d’une petite région entre Perth et Hopetoun en Australie du sud-ouest.
Elle a été introduite en Méditerranée (Albanie, Algérie, Chypre, Croatie, Espagne, France, Grèce, Italie, Lybie, Malte, Tunisie,
Turquie) et en Atlantique Nord (Iles Canaries, Espagne) (Fig. 1). La première signalisation en Europe a été réalisée en 1990 en
Lybie. Le vecteur d’introduction reste, à l’heure actuelle, inconnu.
Figure 1. Carte de la distribution de Caulerpa en Méditerranée et en Atlantique nord (îles Canaries).
Point rouge = Première signalisation en Europe. © Klein & Verlaque 2008.
Habitat : Caulerpa racemosa var.
cylindracea colonise les habitats
benthiques entre 0 et 40 m de
profondeur (max. 70 m), à
l’exception des herbiers denses de
Posidonia oceanica et des
substrats meubles instables. Les
écosystèmes pristines* (exemple :
Parc National de Port-Cros) sont
colonisés par cette espèce invasive
au même titre que les écosystèmes
plus ou moins dégradés.
IMPACTS & GESTION : La colonisation du substrat par Caulerpa racemosa var. cylindracea entraine des changements des
communautés benthiques en termes de diversité, d’abondance, et de dynamiques saisonnières de la flore (Klein & Verlaque
2008, 2009) et de la faune (Vázquez-Luis et al. 2009). La présence d’une matte de Caulerpa modifie les paramètres physicochimiques au niveau des sédiments (Piazzi et al. 2005). Une gestion de l’espèce n’est actuellement ni pratiquée ni envisagée.
Des études d’éradication en France et en Italie ont montré qu’une éradication manuelle était impossible (Klein & Verlaque
2008, 2011).
POINT INTERESSANT : Caulerpa racemosa var. cylindracea moins connue et moins médiatisée que Caulerpa taxifolia pose
cependant de plus grandes problèmes écologiques en Méditerranée (Klein & Verlaque 2008). Bien que la biomasse de
Caulerpa taxifolia soit plus grande par m2 que celle de Caulerpa racemosa var. cylindracea, cette dernière a une croissance
plus grande, une distribution locale et en Méditerranée plus large (12 contre 7 pays) et une progression plus rapide (Tableau 1).
Actuellement, de grandes lacunes scientifiques existent sur cette espèce en France.
Tableau 1. Comparaison des caractéristiques des deux
espèces Caulerpa racemosa var. cylindracea (R) et
Caulerpa taxifolia (T).
Caractéristique
Comparaison
Biomasse
T>R
Croissance
R>T
Nombre de taches
R>T
Capacité de propagation R > T
Progression
R>T
* pristine = sans influence de l’homme, non-dégradé
REFERENCES
Klein J. & Verlaque M. (2008). Marine Pollution Bulletin 56: 205-225.
Klein J. & Verlaque M. (2009). Hydrobiologia 636: 369-378.
Klein J.C. & Verlaque M. (2011). Journal of the Marine Biological Association of
the United Kingdom 91: 117-125.
Piazzi L. et al. (2005). Cryptogamie Algologie 26 (2):189–202.
Vázquez-Luis M., Sanchez-Jerez P. & Bayle-Sempere J.T. (2009). Estuarine,
Coastal and Shelf Science 84: 161-170.