LE JAPON à la page
Transcription
LE JAPON à la page
LE JAPON à la page Le journal de Jetro Paris - n°57 / 4e trimestre 2007 Tribune SOMMAIRE 1/TRIBUNE 1/LES BRÈVES 2/ÉCONOMIE La R&D des entreprises étrangères installées au Japon est un réservoir de croissance 5/L’INTERVIEW Jean Christophe Baillie, Président, Gostai 5/Greater Nagoya Initiative 7/INNOVER Robots japonais de nouvelle génération : stratégies et opportunités 9/INVESTIR Le Japon accueille favorablement les fusions & acquisitions transfrontalières 10/À VOS AGENDAS 11/HORIZONS JAPON Le textile « made in Japan » s’affiche 12/LAURIERS À Kinotayo Après deux trimestres en demi-teinte à cause de la baisse des investissements domestiques dans le secteur financier, l'économie japonaise a retrouvé le chemin de la croissance. Le PIB a augmenté de 0,6 % au cours de la période juillet-septembre grâce notamment à la bonne tenue des exportations et des investissements du secteur privé. La faiblesse des chiffres n’est pas due, comme on pourrait le supposer, aux retombées des « subprimes », mais à l’impact de l’entrée en vigueur avant l’été d’une nouvelle loi venue renforcer les contrôles en matière de sécurité dans le secteur du bâtiment. Cette nouvelle législation a entraîné un allongement de la durée des constructions, au moins de quelques mois. Il ne s’agit pas du tout d’un problème structurel et la croissance devrait se redresser dès la fin de la période d’ajustement des professionnels du bâtiment. Le gouvernement japonais poursuit sa politique en faveur de la formation d’un meilleur environnement pour les investissements directs étrangers, notamment en matière de fusions et acquisitions accueillis de plus en plus favorablement. Dans le cadre de nos recherches comparatives des systèmes français et japonais, nous avons organisé courant novembre un atelier réunissant plusieurs dirigeants d’entreprises. Les conclusions montrent que, face aux fusions et acquisitions, nos deux pays ont le même souci du respect des actionnaires et semblent concernés par les mesures de protection et par l’accroissement de la transparence. Des différences subsistent entre les dispositifs japonais et européen, notamment sur les questions de réciprocité ou des relations avec les pays tiers, que nous allons continuer à étudier plus en profondeur. … Les brèves La commémoration en 2008 du 150 e anniversaire des relations francojaponaises donnera lieu à de nombreuses manifestations dans toute la France. N’hésitez pas à consulter régulièrement le site Internet de l’Ambassade du Japon en France (w w w.fr.emb-japan.go.jp). ////// Fin octobre, la chaîne de supermarchés Aeon Co. s’est lancée dans les ser vices bancaires en créant Aeon Bank. Contrairement à son concurrent Seven & i Holdings Co., dont les activités bancaires se limitent aux opérations de distributeurs automatiques de billets, Aeon prévoit d’ouvrir 90 guichets d’ici mars 2009. ////// A par tir de janvier 2008, le paiement des impôts pourra être effectué dans 40 000 « combini » (supérettes) sur tout le territoire japonais. ////// La R&D des entreprises étrangères installées au Japon … J’ai été récemment convié au vingtième anniversaire de Epsilon Composite, une entreprise qui développe une haute technologie dans la fibre de carbone. Cette PME girondine, leader mondial dans son domaine, vient d’inaugurer un bureau à Tokyo, avant d’en faire sa filiale commerciale et d’envisager l’installation d’une future usine. Cette « success story » illustre bien les opportunités qui s’offrent aux entreprises régionales innovantes. C’est un axe très intéressant, que nous voulons exploiter davantage et je vais d’ailleurs me rendre bientôt en Bretagne pour visiter deux pôles de compétitivité. Jetro Paris s’est également associé à la quinzaine japonaise qui a fédéré de nombreuses manifestations, culturelles et économiques, dans la région de Lille. Au Japon aussi, les régions font preuve de dynamisme. Fin novembre, une délégation de Greater Nagoya Initiative est venue à Paris présenter l’attractivité de sa région au cours d’un séminaire. Cette région, qui regroupe les préfectures de Aichi, Gifu et Mie, contribue pour une part majeure à la croissance économique du Japon grâce à des secteurs forts comme l’aéronautique, l’automobile et la fabrication de machines. Des entreprises de renom y sont installées : Brother, Toyota, Sharp… Les organismes économiques locaux et les entreprises ont uni leurs efforts pour montrer les atouts de leur région dans l’objectif d’attirer davantage d’entreprises étrangères dans le Greater Nagoya. 2 2008 sera une année importante puisque la France et le Japon fêteront le 150e anniversaire de l’établissement de leurs relations. Ce sera une occasion unique de promouvoir les liens qui unissent nos deux pays. La campagne « France-Japon, l’Esprit partenaire », coordonnée par le ministère français de l’Economie et Jetro, va être renouvelée et renforcée afin de rendre encore plus efficace la coopération franco-japonaise. Fin janvier, dans le cadre de la promotion de la « Japan Brand », Jetro accueillera au salon « Maison & Objet » les créations artisanales de vingt-sept entreprises japonaises sur le thème de l’alliance de la tradition et du design moderne. Nous serons aussi présents au Midem, le marché international de la musique, afin de faire connaître la pop japonaise en France et en Europe. Nous projetons également d’organiser, sans doute début septembre, un séminaire important consacré aux investissements entre la France et le Japon, avec la participation de grands industriels japonais. Enfin, au mois de novembre, le Grand Palais accueillera de nouveau le salon des Artistes Décorateurs, après dix-huit ans d’absence. Le Japon a été sollicité pour en être l’invité d’honneur et j’espère que le Meti et Jetro seront en mesure d’apporter leur soutien à cet événement et de présenter le nouveau japonisme au plus grand nombre de visiteurs français qui apprécient le design japonais, sa qualité et son effervescence. Tsuyoshi Nakai, Directeur général ÉCONOMIE La R&D des entreprises étrangères installées au Japon est un réservoir de croissance Attirer les investissements directs étrangers est une des priorités du gouvernement japonais, par ailleurs déterminé à relancer la croissance par le biais de l'innovation. Dans ce contexte, les investissements des sociétés étrangères dans des activités de recherche et développement (R&D) devraient contribuer à plus d'innovation au Japon, créer des emplois pour du personnel hautement qualifié, encourager la constitution de clusters industriels dans les régions et ainsi revitaliser l'économie japonaise. Dans un rapport publié récemment, Jetro analyse la situation de la R&D des entreprises étrangères installées au Japon et son impact sur l'économie japonaise Partout dans le monde, les entreprises multinationales dynamisent leur R&D en tirant parti des moyens disponibles dans d'autres pays. De nombreux experts ont néanmoins constaté que le Japon avait du mal à s'affirmer comme foyer d'innovation international, alors que par exemple la recherche internationale avancée en biotechnologies se concentre aux Etats-Unis, où se constituent de nombreux clusters industriels. Dans une étude publiée en mars 2007 (intitulée « Survey on R&D of Foreign-Affiliated »), Jetro fait le point sur la R&D des entreprises étrangères installées au Japon. En déterminant son impact sur l'économie et l'industrie japonaises, en analysant la place que tient l'archipel dans la façon dont ces entreprises gèrent leur R&D au niveau mondial, ainsi que les raisons qui les ont incitées à établir leurs activités de recherche au Japon, cette étude a permis de faire plusieurs recommandations en vue d'attirer dans le pays davantage de R&D d'entreprises étrangères. Considérant que la R&D se décline en trois stades distincts (recherche fondamentale, développement de produits et conception), Jetro a recensé 287 entreprises étrangères qui en 2006 avaient des activités de R&D au Japon, soit environ 10 % de l'ensemble des sociétés étrangères installées dans l'archipel. Parmi elles, soixante-quatre entreprises ont participé à cette étude. Près de 40 % de ces entreprises se sont établies au Japon avant 1980 : 53 % sont américaines, 45 % européennes - la part des sociétés européennes est d'ailleurs en augmentation depuis quelques années - et un faible pourcentage est originaire d'Asie et des autres régions du monde. Moins de 40 % sont issues de la conclusion d'une joint-venture, alors que les fusions par acquisition ou participation dans le capital d'entreprises existantes représentent environ un quart des cas, de même que la création Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2007 de filiales détenues à 100 % par leur maison-mère. La répartition par industrie nous apprend que les secteurs les plus représentés sont la chimie (27 %), les transports (12 %), le matériel électrique (12 %), le matériel en général (11%) et les produits pharmaceutiques et cosmétiques (10 %). La plupart des entreprises ont un effectif compris entre 11 et 100 employés (soit 41 %, contre 38 % pour les entreprises comprenant entre 100 et 999 employés). Installés en majorité dans les années 1990 ou à partir de 2000, ces centres de R&D emploient peu de personnel étranger et près de la moitié n'a aucun personnel non-Japonais. Pour quelles raisons les entreprises étrangères ont-elles établi leur R&D au Japon ? Environ 90 % des centres de R&D d'entreprises étrangères installées au Japon sont dédiés au développement de produit, 76 % ayant également comme objectifs la conception, les technologies de production, l'acquisition de certification de standards et la collecte d'informations. 28 % font aussi de la recherche fondamentale. Une analyse plus approfondie révèle que plus de 50 % sont engagés dans le développement de produits spécifiques pour le marché japonais (58,8 %), la conception (52,5 %), l'évaluation technologique et les tests (51,3 %), la récolte d'informations techniques (51,3 %) et les services après-vente (53,8 %). Les fonctions de R&D directement liées à des activités commerciales sur le marché japonais sont donc celles accomplies le plus intensivement. Interrogées sur les raisons qui les ont incitées à établir des centres de R&D au Japon, 75 % des entreprises expliquent qu'elles souhaitaient consolider leur développement de produits pour le marché japonais. Les autres raisons invoquées sont le désir de s'engager dans des activités de R&D liées aux capacités japonaises reconnues en matière de techniques de production (41,3 %), la volonté de tirer parti de la recherche japonaise et de ses connaissances éminentes (38,8 %) et enfin QUELLE MISSION POUR LA R &D AU JAPON ? économie celle de maintenir et d’augmenter les transactions réalisées avec des clients japonais (37,5 %). Dans les industries chimiques et pharmaceutiques, secteurs qui comptent de nombreux centres de R&D, l'étude de Jetro cite l'exemple de commercialisations issues des résultats de recherches conduites par des universités japonaises et/ou de celles réalisées par des sociétés à capital-risque. Elle montre aussi que les industries chimiques, automobiles et les technologies de l'information sont impliquées dans le développement de produits en liaison avec leurs clients au Japon. Une des entreprises explique par ailleurs que son activité de recherche et développement est répartie de manière géographique dans le monde (Amériques, Europe, Asie…), selon les coûts et selon la possibilité d'embaucher du personnel hautement qualifié. L'analyse par type de recherches fait ressortir les liens tissés avec des partenaires extérieurs. En recherche fondamentale, 60 % des entreprises se sont associées à des universités et 30 % à des organismes publics de recherche. En ce qui concerne le développement de produit, près de la moitié des entreprises évoque une coopération avec des universités et près de 30 % avec des organismes publics de recherche. Cette coopération s'ajoute à celle qui les associe à leurs clients et aux entreprises utilisatrices de leurs produits. En matière de conception, la collaboration avec des clients et des entreprises utilisatrices est cultivée par environ 30 % des entreprises et celle avec des universités ou les organismes publics de recherche par seulement 10 %. Elle est plus faible pour ce qui touche les technologies de production, les recherches de marché, la gestion des brevets et de la propriété intellectuelle etc. Où la R&D étrangère est-elle implantée ? Les sièges sociaux des entreprises étrangères ayant des activités de R&D au Japon sont principalement concentrés à Tokyo (68 % environ). Leurs centres de R&D sont quant à eux plus dispersés. 15 % seulement sont établis dans l'agglomération de Tokyo, les autres se situant dans la région du Kanto en dehors de Tokyo et enfin dans le Chugoku et l'île de Shikoku. Le plus souvent leur choix s'est fait en fonction du site où était déjà installée leur filiale japonaise (47,5 %) ou parce que l'endroit était facilement accessible depuis la maison-mère (27,5 %). Les coûts opérationnels entrent également en ligne de compte. Sont citées comme principales raisons de leur choix d'implantation les mesures instaurées par les autorités locales pour attirer les entreprises, la présence de clusters industriels où figurent des instituts de recherche dans le même secteur industriel, la mise à disposition de terrains par un partenaire japonais, le désir d'installer des opérations de R&D sur leur site de production ou de vente. En aucun cas, Tokyo n'a été choisie parce qu'elle était la capitale du pays. Une des questions portait sur les difficultés rencontrées au Japon dans le cadre de leurs activités 3 La R&D des entreprises étrangères installées au Japon de R&D. Le problème le plus communément mentionné concerne le recrutement d'un personnel de haut niveau (45,3 %), suivi de la communication avec le pays d'origine de l'entreprise ou avec d'autres régions du monde (43,8 %). Certaines entreprises soulignent les coûts élevés, notamment ceux des terrains ou la location des bureaux. Elles peuvent aussi faire face à de nombreuses situations où les chercheurs ont besoin d'engager des négociations directes ou des discussions avec leur siège à l'étranger, ce qui suppose un personnel avec de très bonnes aptitudes à s'exprimer en anglais. Petit tour du monde de la concentration des activités de R&D 4 Aux Etats-Unis la tendance est à la constitution de clusters industriels high-tech près des universités et des instituts de recherche avec des employés hautement qualifiés, comme dans la Silicon Valley ou à San Diego, Pittsburgh ou Austin. Plus spécifiquement, les sociétés de capital-risque créées par des universités ou des instituts de recherche sont devenues des acteurs essentiels dans les clusters industriels et on assiste à une concentration rapide dans ces zones de jeunes entreprises innovantes de type spin-off et spin-out issues de ces sociétés. Les entreprises japonaises et européennes d'envergure mondiale se sont elles aussi établies aux Etats-Unis pour poursuivre d'une part des recherches conjointes avec les universités et les instituts de recherche et d'autre part des partenariats commerciaux avec des sociétés de capital-risque. L’Inde présente une concentration de centres privés de R&D dans des parcs scientifiques créés par le gouvernement. Les autorités y améliorent les infrastructures, garantissant la commodité des activités des entreprises et un environnement quotidien confortable grâce au financement d'équipements institutionnels et commerciaux. De tels lieux existent à Bangalore, à Chennai, Hyderabad et à Noida. En Corée du Sud, la R&D est regroupée à Séoul, mais la concentration démographique et industrielle excessive, le manque d'espace disponible et la détérioration de l'environnement de la recherche sont devenus problématiques. Le gouvernement encourage l'établissement de sites de R&D ou leur transfert en dehors de Séoul. La Daedeok Valley à Daejon offre un exemple typique. Conséquence de cette politique de décentralisation, on peut voir des agglomérats d'entreprises de R&D non seulement à Séoul mais aussi à Gyeonggi et dans la région de Daejeon. Des clusters industriels se sont formés dans certaines régions comme par exemple la Wonju Medical Device Techno Valley, spécialisée dans l'équipement médical. En Europe, des mesures ont été prises pour regrouper les centres de R&D sur la base d'un projet industriel spécifique, comme le projet Minatech à Grenoble en France et le projet Alba en Ecosse (Grande-Bretagne). Attirer la R&D des entreprises étrangères Les entreprises étrangères disposant d'un centre de R&D au Japon se déclarent majoritairement satisfaites, puisque 60,9 % créditent leurs activités de R&D au Japon de « développement réussi pour le marché japonais et fortes ventes ». Plus de la moitié (60 %) d'entre elles a l'intention d'accroître ses activités en termes de budget, de sujets de recherche et de personnel, alors que seulement 3 % pensent réduire ou interrompre leurs activités. Celles qui ont ouvert un centre de R&D récemment sont plus enclines à envisager une expansion. Vu leur croissance économique et leurs coûts opérationnels relativement faibles, la Chine et l'Inde sont les autres pays asiatiques envisagés pour des installations de R&D tant par les entreprises qui ont participé à l'étude de Jetro que plus généralement par les experts. Il en ressort que ces deux pays pourraient mettre en danger la position du Japon. A travers l'étude des problèmes rencontrés par les entreprises et en tenant compte de l'intensification de la concurrence avec la Chine et des craintes formulées par certains d’une industrie japonaise qui « se vide », Jetro a mis en lumière plusieurs points qui pourraient aboutir à des recommandations en vue d'attirer au Japon la R&D d'entreprises étrangères. La nature de la R&D menée par les entreprises récemment installées au Japon, la collaboration avec les universités et les organismes publics de recherche, ainsi que l'examen de cas d'entreprises sont autant de signes positifs pour la recherche fondamentale au Japon. Les sociétés étrangères sont en quête d'esprits brillants dans le monde entier et le Japon offre un potentiel suffisant à cet égard. Certes le marché japonais devrait se contracter à cause du déclin de la population et les coûts restent plus élevés que dans les pays voisins. Mettre en avant l'attrait du Japon en tant que marché ne suffira pas à attirer la R&D étrangère au Japon. Il faut aussi amener à maturation les fruits encore verts de la recherche fondamentale et appliquée. Une approche efficace serait de combiner des mesures d'encouragement, qui exploitent les potentialités des universités et organismes publics de recherche dans la recherche fondamentale, avec un soutien aux actions communes industries-milieux universitaires et aux efforts menés pour établir un dispositif de coopération avec des entreprises étrangères. La recherche et développement doit être taillée sur mesure pour répondre aux besoins du marché et aux clients japonais, mais installer des activités de R&D au Japon peut également servir pour s’introduire auprès d’entreprises japonaises en plein développement mondial, que ce soit dans l'automobile, la construction, l'équipement de bureaux, le matériel électrique, les machines outils ou l'industrie chimique. Les régions japonaises ont énormément d'atouts qu'elles doivent mettre en avant pour attirer les entreprises étrangères. Elles doivent analyser les réalisations techniques disponibles - mais peu exploitées - dans les universités, les instituts de recherche et dans leur structure industrielle. Un inventaire complet des forces de chaque région permettra, comme dans d'autres pays, de créer des clusters industriels centrés sur un réseau pointu d'innovation et offrant une concentration d'activités. La création de tels réseaux d'innovation passe par le développement de projets qui induisent une meilleure collaboration avec les universités et les organismes de recherche et facilitent le transfert en douceur du fruit des recherches vers les groupes et les entreprises étrangers qui s'installent dans les régions japonaises. Isabelle Comtet Le journal de Jetro Paris /4e trimestre 2007 L’ INTERVIEW Jean-Christophe Baillie, Président Gostai (photo Gostai) Pouvez-vous nous présenter les activités de votre société ? Gostai développe URBI, la première plateforme logicielle universelle pour la robotique, une solution complète pour contrôler des robots au niveau matériel et logiciel, avec une forte orientation vers l'intelligence artificielle (IA). La société a été fondée en mars 2006 à l'ENSTA, l’Ecole nationale supérieure de techniques avancées, et apporte les technologies innovantes et le savoir-faire du monde de la recherche académique à la robotique appliquée. Gostai s'adresse au marché en plein essor de la robotique personnelle : robots compagnons, robots de loisir programmables, robot d'assistance à domicile. L'objectif est de fournir une base universelle pour ce type de robots, qui les rendent tous compatibles et sur laquelle une véritable industrie du logiciel robotique pourra se développer. Vous avez développé une technologie innovante que vous avez baptisée URBI et qui est intégrée dans le robot officiellement choisi pour remplacer l'Aibo de Sony à la RoboCup. Que signifie URBI et quelles sont les principales caractéristiques de cette technologie ? URBI est l’abbréviation de « Universal Real-time Behavior Interface » et est basé sur un langage de script issu de plusieurs années de recherche académique. Ce langage, simple à utiliser, intègre nativement de nombreuses innovations fondamentales pour la robotique et l'IA, comme le parallélisme, la programmation événementielle, des contrôles moteurs avancés et une architecture de composants distribués. Les atouts clés d'URBI sont : simplicité et puissance, flexibilité (tout robot, tout OS), modularité (architecture de composants UObject) et le parallélisme et l'événementiel (innovation technologique). En facilitant le développement d'une industrie logicielle pour la robotique, URBI va permettre de dynamiser la croissance du marché de (suite p. 6) Greater Nagoya Initiative Greater Nagoya Initiative (GNI) fédère les ambitions économiques et commerciales des trois préfectures d'Aichi, Gifu et Mie. Un séminaire organisé à Paris le 23 novembre, en collaboration avec Jetro Paris, a permis à GNI d'exposer aux entreprises françaises l'étendue de ses ambitions, illustrées par le témoignage de dirigeants de grandes entreprises de la région. Yoshihiro Yasui, président de Brother, a présenté la genèse du projet, mis en œuvre en 2004 et englobant une zone géographique de 100 km de rayon autour de Nagoya, où la concentration des entreprises est très élevée. GNI cherche aujourd'hui à s'ouvrir à l'international, à attirer des entreprises autour de cette marque unique, fruit du partenariat entre quatre cents organismes - laboratoires, entreprises, universités et industries. Yoshihiro Otsuji, directeur général du bureau de GNI, s'est attaché à présenter ses atouts. Sans parler de sa position centrale au Japon, la région présente un PIB plus important que celui de la Turquie ou de la Belgique. La facilité d'accès de la zone (aéroport international, trois ports et desserte par le Shinkansen) la rend particulièrement attrayante. Son industrie est prospère : 44 % de la production automobile de l'archipel est effectuée dans la région, ainsi que 47 % des pièces détachées et 53 % de la production aéronautique. De nombreux centres de R&D y sont implantés, contribuant activement au développement industriel du Japon. Rappelons également que l'Exposition Universelle a eu lieu à Aichi en 2005. Le bureau du GNIC est un comptoir unique offrant services et informations à toutes les initiatives étrangères. Depuis sa création, 28 entreprises étrangères se sont établies avec succès dans la région. Pour sa part, Kanji Kurioka de Toyota Motor Corporation a invité les entreprises françaises à participer au salon international Messe Nagoya 2008, sur le thème de l'environnement et de l'énergie. Il a proposé aux PME françaises désireuses d'investir dans le Greater Nagoya de participer au salon (suite p. 6) 5 Interview (suite de la p. 5) Jean-Christophe Baillie, Président la robotique personnelle, comme MS-DOS l'a fait pour le PC dans les années 1980. Votre solution est utilisée dans le robot Nao, développé par votre partenaire français Aldebaran Robotics, pour la prochaine édition de la RoboCup 2008 qui se déroulera en Chine. Envisagez-vous de participer à d'autres manifestations que la RoboCup ? Gostai Gostai participe à de nombreuses manifestations du monde de la robotique en France et dans le monde. La RoboCup est effectivement le rendez-vous annuel de tous les passionnés de robotique et nous sommes absolument ravis de A VOS AGENDAS Jusqu’au 27 janvier 2008, le National Museum of Nature and Science à Tokyo (Ueno Park) présente « Karakuri, anime and the latest robots », une exposition rassemblant des dizaines de robots, depuis les premiers « karakuri » (poupées automates) jusqu’aux plus récents robots humanoïdes. + D’INFOS : www.kahaku.go.jp participer à cet événement. Nous sommes également présents lors d'autres compétitions et festivals de robotique en France. Les salons professionnels comme RoboBusiness et RoboDevelopment, qui ont lieu aux Etats-Unis deux fois par an, nous permettent de présenter notre technologie et nos produits aux acteurs clés de la robotique mondiale. Dans le cadre de notre développement en Asie, nous avons réalisé plusieurs voyages au Japon depuis un an, qui nous ont apporté de nombreuses opportunités. Nous participons cette année au salon IREX à Tokyo qui est l'événement professionnel majeur du marché de la robotique au Japon. Votre présence à l'IREX illustre-t-elle une volonté d'être plus présent sur le marché japonais ? Les marchés japonais et coréen sont certainement les plus actifs dans le domaine de la robotique actuellement. Le développement de notre activité dans cette région du monde est donc une priorité et nous comptons ouvrir une structure dès 2008 afin de soutenir notre présence. Nous bénéficions pour nous aider dans cette évolution d'un soutien important d'institutions japonaises, et de la ville d'Osaka en particulier, qui est aujourd'hui le cœur de la robotique au Japon. Nous sommes par exemple la seule entreprise étrangère membre de Roobo, un groupement de 250 entreprises japonaises de la robotique, qui nous permet par exemple de participer à l'IREX dans les meilleures conditions possibles. Propos recueillis par Patricia Cohen L’International Robot Exhibition IREX 2007 s’est tenue du 28 novembre au 1er décembre à Tokyo Big Sight. + D’INFOS : www.irex2007.jp 6 (suite de la p. 5) Messe Nagoya dans le cadre d'une première approche du marché. Elles pourraient ensuite bénéficier des prestations de l'Investment Business Support Center de Nagoya où des experts les conseilleront avant son implantation. A son tour, Tsuyoshi Nakai, directeur général de Jetro Paris, a fait le point sur les nombreuses alliances franco-japonaises nées nouées depuis quelques années, les plus emblématiques étant à l'origine de nouveaux modèles d'affaires. L'objectif de l'ancien Premier ministre Koizumi de doubler les investissements directs au Japon en cinq ans a été atteint. Diverses réformes ont émaillé ces dernières années afin de faciliter les fusions et acquisitions et de laisser aux entreprises étrangères plus de place dans l'économie japonaise. Louis-Michel Morris, directeur général d'Ubifrance, a souligné qu’aborder le marché japonais était certes difficile, long et coûteux, mais c’est un marché plus sûr et plus mature que son voisin chinois. Les objectifs dans un avenir proche sont de plusieurs ordres : relancer le dialogue politique après le changement de présidence en France, favoriser la coopération décentralisée - Tokyo étant saturée d'événements - et le dialogue avec les collectivités territoriales, promouvoir l'innovation et enfin développer les échanges de personnes. Gérard Degonse, directeur général Finance-Administration de JC-Decaux, a témoigné de l'expérience au Japon du groupe n°1 mondial du mobilier urbain. L'entreprise s'est alliée à Mitsubishi Corporation en 2000 au sein d'une jointventure dont le succès lui a valu cette année le prix de l'investissement au Japon. La publicité était alors interdite dans le domaine public et JC-Decaux a d'abord signé des contrats d'affichage publicitaire en exclusivité avec les centres commerciaux Aeon Jusco en 2001 et Ito Yokado en 2004. La réglementation ayant évolué en sa faveur en 2003, l'entreprise a pu lancer l'affichage publicitaire sur abris-bus. Elle est présente aujourd'hui dans treize des vingt premières villes du Japon, l'objectif pour 2010 étant d'en couvrir quatre-vingt. A Nagoya, l'afficheur a signé un contrat d'exclusivité de vingt ans, pendant lesquels la ville ne finance plus les abris-bus. Le message du séminaire est clair : la région de Nagoya est à considérer avec grande attention pour une entreprise désireuse de s'implanter au Japon. Les transports sont nombreux et stratégiques, les loyers très compétitifs et le tissu industriel particulièrement dense. Caroline Artus Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2007 INNOVER Robots japonais de nouvelle génération : stratégies et opportunités Si les robots domestiques n'ont pas encore envahi notre quotidien, toutes les plus grandes entreprises japonaises se sont lancées dans la robotique industrielle. Le Japon occupe le premier rang en recherche et développement dans ce domaine, mais les enjeux technologiques et financiers sont tels que les grands laboratoires cherchent à regrouper leurs forces et à partager leurs compétences. Depuis 2003, un laboratoire conjoint franco-japonais s'est spécialisé dans les recherches en robotique humanoïde. Le développement des premières plates-formes de robotique dans Au Japon, pays depuis longtemps déjà perçu comme une grande puis- l'industrie remonte aux années 1970. Ces systèmes automatiques sance de l'industrie robotique, en termes de technologie et de taille mécanisés, capables de réaliser une ou plusieurs actions prédétermi- de marché, le secteur des robots autonomes connaît une croissance nées (manipulation, soudure, assemblage, peinture) avaient pour rapide. En effet, confronté à de nombreuses questions démogra- principale limite d'opérer sans référence au monde extérieur. Depuis phiques et économiques, le gouvernement a choisi de faire des robots ce premier âge, l'essor de l'électronique et de l'informatique a ouvert le fer de lance de son industrie et de devenir le champion des tech- un large champ à des traitements plus évolués tels que le traitement nologies robotiques, à travers les secteurs du robot industriel, du de l'image, la perception et l'interaction avec l'environnement. Ainsi robot humanoïde et du robot d'assistante, où il est le plus en avan- sont nés les robots de seconde génération que nous connaissons ce. Les applications civiles des robots de seconde génération dans aujourd'hui, équipés de capteurs visuels et tactiles leur permettant l'industrie et la domotique drainent aujourd'hui l'essentiel des d'être autonomes, apprenants, communicants et dotés d'un semblant investissements. de comportement. Le Japon, premier producteur de robots industriels Selon l'étude « World Robotics 2007 » de l'IFR (International Federation of Robotics), le nombre de robots utilisés dans l'industrie mondiale s'élevait fin 2006 à environ 951 000 unités, dont 352 000 au Japon (parc le plus important du monde), 151 000 aux Etats-Unis et 32 100 en France. Malgré un certain ralentissement en 2006, le secteur des robots industriels reste loin devant la robotique de services en terme de commande et de taux d'équipement. Au niveau mondial, le nombre de robots industriels installés devrait augmenter de 10 % en 2007, International Robot Exhibition de Tokyo (Photo Nikkan) A ce stade nombreux sont les ingénieurs qui affirment que de la même façon que les mobiles ou les ordinateurs ont bouleversé nos habitudes de vie, les robots vont être amenés à prendre une place importante dans notre environnement quotidien, professionnel et privé, dans un futur pas tellement éloigné. Ils commencent d'ailleurs déjà à assister les handicapés et les personnes âgées, à surveiller nos maisons et à intervenir à la place des pompiers dans des environnements dangereux. Cette profonde évolution est synonyme pour les entreprises de perspectives très intéressantes sur un marché en pleine expansion. En effet les volumes de ventes mondiales atteignent des niveaux inéga- conséquence d'une automatisation croissante de toutes les industries et de la diminution importante des coûts. La dynamique devrait être plus forte dans les pays à forte croissance comme la Chine et moindre dans les pays industrialisés. Le Japon, premier producteur et utilisateur de robot industriels, entame déjà sa reconversion, avec la mise en place massive dans le secteur automobile, pionnier en matière de robotisation des outils de production, de robots polyvalents de nouvelle génération qui ne se limitent plus à des tâches répétitives. Dans ses usines japonaises, Toyota remplacera à terme la majorité de sa main d'œuvre manuelle par des robots. Des robots à usage domestique lés (25 milliards de dollars prévus en 2010), tirés par la multiplication Le marché de la robotique domestique et de loisir commence juste à des applications, que ce soit dans l'électroménager, le divertissement, prendre forme et il est déjà pris d'assaut par les grands noms de le secteur médical, l'assistance aux personnes âgées, et par la deman- l'électronique japonais (Honda, Sony, NEC…) pour qui l'apparition de de croissante des pays émergents notamment dans le secteur de la robots communicants dans les foyers est une opportunité d'accroître robotique industrielle. leurs débouchés. 7 Robots japonais de nouvelle génération Le parc mondial des robots domestiques à usage personnel a atteint 3,5 millions d'unités en 2006 dont 69 % de robots ménagers, le reste étant dédié au divertissement. Jusqu'à présent les robots domestiques étaient majoritairement constitués de robots d'entretien, de types aspirateurs et tondeuses autonomes. Mais le marché des robots assistants, allant de la chaise roulante « intelligente » à l'humanoïde capable de venir en aide pour les tâches ménagères, en passant par les combinaisons exosquelettes, est très prometteur et devrait représenter près de la moitié du marché de la robotique domestique en 2010. Le choix de favoriser ce secteur est stratégique pour l'archipel. La population vieillit et les personnes âgées représentent près de 20 % de la population. La robotisation de la société est donc vue comme un moyen de parer à la pénurie de main d'œuvre, d'éviter la délocalisation et d'améliorer la qualité des soins destinés aux personnes âgées. D'ores et déjà, au Japon, 3 % des travailleurs sont des robots (5 fois moins en France). International Robot Exhibition de Tokyo (Photo Nikkan) Pourtant malgré une offre de robots domestiques en pleine phase d'accélération et des progrès rapides, la demande ne croit pas aussi rapidement que prévue. Pour une part, les compagnies se concentrent pour l'heure sur le développement technique plutôt que sur le développement commercial et parallèlement les robots interactifs développés restent souvent au stade de prototype. Il serait nécessaire de définir clairement leur usage et leurs capacités pour stimuler la demande. On commence toutefois à assister au succès de certains produits comme le chien robot Aibo de Sony, le robot aspirateur Roomba ou encore le Robosapien, jouet en forme de robot humanoïde partiellement programmable. Partager ses compétences 8 capacités d'innovation dans les différents domaines de la robotique. Si sa maîtrise de la mécanique et de l'électronique est reconnue de tous, il souffre de lacunes en matière de reconnaissance vocale et visuelle et en intelligence artificielle. D'ailleurs la Japan Robot Association (JRA) souligne l'existence d'une spécialisation des pays dans le domaine de la robotique. Pour y remédier, les chercheurs japonais sont amenés à solliciter de nouveaux produits et de nouvelles technologies à l'étranger et notamment en France où l'innovation est importante comme le montre le succès de la start-up parisienne Alderaban Robotics. A l'opposé des grands groupes d'électronique asiatiques, cette structure indépendante de quinze personnes créée par Bruno Maisonnier en Pour promouvoir la recherche, le gouvernement soutient et coordon- juillet 2005 a mis au point le robot bipède Nao. Celui-ci intègre des ne l'action des différents acteurs : ministères, régions, agences, uni- technologies complexes et évoluées lui permettant de marcher et de versités et entreprises de façon à ce que la cristallisation s'orienter dans l'espace, de comprendre ses interlocuteurs et de technologique de tous les secteurs autour d'un même objectif reconnaître leur voix et leur visage. Ces qualités ainsi que sa plate permette le développement, l'intégration et la standardisation plus forme évolutive en ont fait un choix idéal pour prendre la relève de rapide de nouvelles technologies. l'Aibo lors de la compétition de football RoboCup 2008 qui mettra Ainsi un rapport rédigé à la demande du ministère de l'Economie, du aux prises des équipes de robots préparés par des laboratoires et des Commerce et de l'Industrie (Meti) par des ingénieurs du secteur des universités de plusieurs pays. technologies de pointe a permis de déterminer les secteurs clés en Des partenariats stratégiques sont également mis en place comme par matière d'investissement et de définir des programmes pluriannuels exemple le Japan French Robotics Laboratory, laboratoire associé créé spécifiques à chaque type de robots. Un programme dédié aux robots en 2003 par l'AIST japonais (National Institute of Advanced Industrial d'assistance médicale a ainsi été mis en place sur la période Science and Technology) et le CNRS français (Centre national de 2005-2007, suivi d'un programme de production industrielle pour la recherche scientifique) qui rassemble des chercheurs japonais et période 2006-2010. Les enveloppes attribuées à chaque secteur en français dans le domaine de la recherche fondamentale en robotique. fonction des objectifs peuvent atteindre des montants très impor- Cette collaboration porte sur des thématiques précises telles que la tants, comme en 2006 où près de 25 millions d'euros ont été versés coopération homme-robot, les modes de locomotion ou encore l'inte- par le Meti aux principaux programmes. raction multirobots. Les entreprises japonaises restent tout de même le moteur de l'inno- Le leadership de l'industrie robotique japonaise est aujourd'hui indé- vation avec une contribution aux efforts de recherche et développe- niable et devrait mener à la généralisation des robots domestiques ment (R&D) de près de 80 % (55 % en France) et de nombreux dans les foyers japonais d'ici 2025. Pour assurer la pérennité de ces laboratoires universitaires travaillent en partenariat avec celles-ci sur avancées et mettre sur pied une industrie de premier plan, l'archipel des thèmes variés, qui vont de la robotique sous-marine aux applica- devra renforcer ces capacités actuelles de R&D et surtout promouvoir tions médicales, en passant par l'interaction entre robots. Les autori- une politique active d'alliances stratégiques et de coopération inter- tés locales jouent également leur rôle avec de nombreuses incitations nationale avec des chercheurs et constructeurs du monde entier pour fiscales destinées aux entreprises. intégrer et développer plus rapidement les nouvelles innovations et se L'une des grandes difficultés rencontrées par le Japon pour mener à positionner comme champion d'un créneau en plein essor. bien ses ambitions internationales s'explique par la disparité de ses Beni Baumeister Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2007 INVESTIR Le Japon accueille favorablement les fusions & acquisitions transfrontalières Les investissements directs étrangers (IDE) au Japon ont atteint 107 milliards d'euros à la fin de 2006, soit un quadruplement depuis 1998. Cependant, par rapport aux autres pays industrialisés, son niveau reste encore très faible, s'établissant à seulement 2,5 % du PIB, contre 29 % en France, 37 % au Royaume-Uni et 13 % aux EtatsUnis. Cela signifie-t-il que le Japon est toujours fermé aux entreprises étrangères qui voudraient s'y installer ? disposer d'une importante trésorerie pour acheter une société japonaise au-dessus d'une certaine taille. La première application pratique de cette technique devrait être finalisée en janvier 2008 : Citigroup, un groupe financier américain, et Nikko Cordial, une maison de courtage japonaise, dont 68 % du capital est contrôlé par le groupe américain à l'issue d'une l'OPA amicale réalisée en juin 2007, se sont mis d'accord pour une filialisation complète via une fusion triangulaire. Si le gouvernement espère que cet assouplissement dynamise les F&A par les sociétés étrangères au Japon, les entreprises japonaises, quant à elles, s'apprêtent à mettre en place des mesures de protec- Selon le gouvernement japonais, c'est le manque de fusions et acqui- tion contre les OPA hostiles. A la fin juin 2007, 370 entreprises, soit sitions (F&A) transfrontalières qui garde les IDE au Japon à ce faible environ 10 % de toutes les sociétés cotées en bourse, étaient dotées niveau. Alors que près de 80 % des IDE au niveau mondial consiste en d'un dispositif anti-OPA. Et au cours de l'été 2007, Bulldog Sauce, un fusions et acquisitions transfrontalières (seulement 20 % en investis- fabricant japonais de produits alimentaires, a réussi à déjouer une OPA sement greenfield) et que l'accroissement des IDE y est synonyme hostile lancée par Steel Partners Japan, une filiale japonaise d'un fond d'accroissement des F&A, le nombre des fusions et acquisitions réali- d'investissement américain, en adoptant des mesures anti-OPA. sées par les entreprises étrangères au Japon reste peu important : Cela ne signifie pas forcément la montée du patriotisme économique même s'il a doublé depuis 1998, il plafonnait à 87 en 2005 (1 035 aux dans l'archipel car, selon une enquête du quotidien économique Etats-Unis et 2 544 dans les 25 pays de l'Union européenne). Nikkei réalisée en septembre 2006, pour 74,2 % des entreprises Les fusions triangulaires enfin autorisées dotées d'un dispositif anti-OPA, le but était d'empêcher un rachat par un « acquéreur abusif » préjudiciable à la valeur de l'entreprise. En C'est la raison pour laquelle le gouvernement a assoupli la réglemen- effet, dans le cas de Steel Partners - Bulldog, le premier a été consi- tation en matière de F&A dans le nouveau code des sociétés en 2006. déré comme un acquéreur abusif par le tribunal de grande Instance de Cette réforme contient, entre autres, l'autorisation des fusions trian- Tokyo qui a statué qu’« il était à craindre que la recherce du profit ne gulaires à partir de mai 2007. Cette méthode permet à un groupe conduise Steel Partners à manœuvrer de manière à réaliser à court et étranger de fusionner sa filiale japonaise avec l'entreprise nipponne moyen terme un bénéfice en revendant les actions de sa cible à la qu'il souhaite acquérir en apportant ses propres actions et non pas société elle-même ou à des tiers, et finalement à procéder à la liqui- celles de sa filiale japonaise, ce qui était, avant le 1er mai 2007, le seul dation des actifs de sa cible ». moyen de paiement d'une l'offre publique d'échange (OPE). A cause Si les entreprises japonaises deviennent de plus en plus vigilantes vis-à-vis de cette restriction, de nombreuses sociétés étrangères qui voulaient de fonds d'investissement qui augmentent le taux de participation dans des acquérir une entreprise japonaise l'achetaient en numéraire en ayant capitaux nippons - plus de 70 % des entreprises interrogées par le recours à une offre publique d'achat (OPA). Ceci constituait un frein Nikkei ont plaidé pour un durcissement de la réglementation de fonds important pour les investissements étrangers au Japon car il fallait d'investissement -, une autre enquête de Nikkei montre que 78,7 % L’ ÉVOLUTION DES IDE AU JAPON L’ ÉVOLUTION DES IDE DANS LES PAYS INDUSTRIALISÉS (en % du PIB) Source : Meti 9 Le Japon accueille les F&A transfrontalières des salariés accepteraient un rachat par une société étrangère si cela L’ ÉVOLUTION DU NOMBRE DES F & A AU JAPON améliorait la valeur de leur entreprise. Même en cas d'OPA hostile, près de 40 % des salariés ont répondu qu'ils feraient leur choix en examinant la rationalité du projet de fusion proposé par l'acquéreur. Avec ce changement de mentalité, la question qui se pose n'est plus de savoir si un acquéreur est étranger, mais s'il est bon pour leur entreprise. Le nombre des sociétés ayant adopté un dispositif anti-OPA s'est accéléré en 2005 et 2006, qui coïncident avec la période où on a vu de grandes OPA hostiles entre des entreprises japonaises dans certains secteurs comme les médias et le papier : Livedoor (portail internet) vs Nippon Broadcasting System, Rakuten (hypermarché en ligne) vs Tokyo Broadcasing System et Oji Paper Group contre Hokuetsu Paper Mills. En considérant que l'entreprise appartient aux actionnaires, plus de 60 % des patrons japonais se montrent plutôt Source : Meti favorables à lancer une OPA hostile sur leurs compatriotes si le pro- Récemment la filiale japonaise du fonds d'investissement américain jet renforce la valeur de l'entreprise. Steel Partners a augmenté sa participation dans plusieurs entreprises nipponnes, ce qui a accéléré l'adoption de dispositifs de défense anti-OPA dans l'archipel. En mai 2005, le Meti (ministère de VIENT DE PARAITRE l'Economie, du Commerce et de l'Industrie) avait donné comme ligne directrice que l'adoption d'un plan de défense contre les OPA L’édition 2007 du livre blanc de Jetro sur le commerce international et les investissements directs étrangers (« 2007 White Paper on International Trade and Foreign Direct Investment ») vient de paraître. Le résumé en anglais est téléchargeable sur le site : www.jetro.go.jp/en/stats/white_paper/ hostiles, le déclenchement même de ce plan et son abandon devaient toujours viser à garantir l'intérêt de l'actionnaire et la valeur de l'entreprise. Aki Yamasaki 10 A VOS AGENDAS PREMIER TRIMESTRE 2008 Jetro participera à plusieurs salons à Paris au cours du premier trimestre : Maison & Objet du 25 au 29 janvier au Parc des Expositions de Paris-Nord Villepinte : Jetro présente le design japonais au sein de NOW, l’univers du design à vivre. Vingt-sept sociétés japonaises exposeront leurs créations avec notre soutien. Expolangues du 6 au 9 février à Paris-Porte de Versailles, en partenariat avec l’Association des enseignants de japonais en France (AEJF). Première Vision, premier salon mondial des tissus du 19 au 22 février à Paris-Nord Villepinte, où Jetro présentera sur son stand des échantillons de l’ensemble des exposants japonais. CONTACT : Naomi Goto au 01 42 61 59 76 ou [email protected] Salon international de l’Agriculture du 23 février au 2 mars à Paris-Porte de Versailles : Jetro organise le pavillon japonais regroupant une dizaine d’entreprises agroalimentaires. CONTACT : Brigitte Georges au 01 42 61 59 79 ou [email protected] DU 27 AU 31 JANVIER 2008 En collaboration avec la MPA (Music Publishers Association), Jetro sera présent, avec une dizaine d’entreprises japonaises, à la 42e édition du Midem, le marché international de la musique qui se tiendra au Palais des festivals de Cannes. CONTACT : Caroline Artus au 01 42 61 59 80 ou [email protected] DU 13 AU 15 FÉVRIER 2008 Nanotech 2008, le salon international des nanotechnologies, se tiendra au Tokyo Big Sight du 13 au 15 février. + D’INFOS : www.ics.co.jp/nanotech/en/ CONTACT : Patricia Cohen au 01 42 61 59 77 ou [email protected] Le Centre UE-Japon pour la Coopération industrielle, fondé par la Commission européenne et le Meti avec le soutien de Jetro, propose diverses formations au Japon axées sur la découverte du management et des marchés japonais, de l’organisation et des structures industrielles au Japon. Les prochaines formations à l’attention de managers travaillant dans des entreprises européennes sont : DU 2 AU 9 MARS 2008 DU 19 MAI AU 13 (OU 20) JUIN 2008 « Distribution & Business Practices in Japan » : « HRTP - Japan Industry Insight » : D’une durée de huit jours, cette mission procure aux participants les connaissances nécessaires à l’élaboration d’une strétégie de marketing efficace pour les marchés asiatiques et japonais en particulier. Date limite de candidature : 12 décembre 2007 + D’INFOS : www.eu-japan.eu/europe/dbp.html CONTACT :+ 32 2 282 0043 ou [email protected] Cette formation de quatre à cinq semaines au Japon a pour objctif d’aider les entreprises européennes à mieux comprendre les structures industrielles et commerciales, ainsi que la pratique des affaires au Japon. Date limite de candidature : 27 février 2008 + D’INFOS : www.eu-japan.eu/europe/hrtp.html CONTACT :+ 32 2 282 0043 ou [email protected] Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2007 (photos Jetro Paris et Première Vision) HORIZONS JAPON Le textile « made in Japan » s’affiche Le succès de la dernière Japan Fashion Week à Tokyo a mis en avant fois à Première Vision) et de nombreuses nouvelles matières à base le renouveau de la mode au Japon et prouvé la créativité d’une de fils mélangés. Les fibres naturelles s’imposent de plus en plus. industrie en quête de développement international. Parallèlement à Avanti Inc. et A-Girl’s Co. sont spécialisées dans le coton biologique, cette montée en puissance, le textile « made in Japan » s’affiche Daiwabo met en avant ses tissus précieux en fibres fines naturelles à aujourd’hui au niveau mondial. Heureux mélange entre tradition et base de coton, laine et soie. Pour toutes ces tisseurs, le maître-mot modernité, les créations des tisseurs jouent sur le registre de la qua- reste la très haute qualité de leurs productions. lité et de l’innovation. De nombreux fabricants japonais se sont lancés dans les textiles bio- A Paris, le salon Première Vision consacré aux tissus d’habillement a logiques, à l’instar de Sojitz Corp. qui vient de mettre sur le marché un accueilli du 18 au 21 septembre vingt-six exposants japonais, venus coton biologique mélangé à d’autres matières produites en respectant présenter leurs créations pour la saison automne-hiver 2008-2009. l’environnement. NichimenFashion Co., une des filiales de ce groupe, Répartis sous différents univers textiles dans le salon, ils étaient par a choisi de miser sur l’habillement « écolo » et d’orienter ses activi- ailleurs réunis sous la bannière de Jetro Paris, qui pour l’occasion tés vers les petits fabricants de vêtements. Bien que conscients de avait aménagé un stand regroupant des échantillons de chacun des l’intérêt de cette nouvelle tendance, ceux-ci n’ont en effet pas la exposants, attirant ainsi de nombreux acheteurs du monde entier. capacité de développer leur propre gamme de tissus biologiques. Parmi les exposants, Itoi Textile utilise des mélanges de fibres naturelles, de coton, de laine, de lin et de sasa-washi (feuilles de bambou) Les perspectives 2008 pour créer une collection d’une élégante simplicité, destinée aux Au Japon, plusieurs manifestations sont consacrées à l’industrie vêtements décontractés de très haute qualité. Kuroki Co. est recon- textile. Japan Creation, le grand salon textile au Japon désormais nu pour ses toiles denim ; Nikke, un des grands fabricants japonais bi-annuel, s’est tenu du 5 au 7 décembre, accueillant plus de 44 000 fondé en 1896, développe une large variété de tissus principalement visiteurs non seulement du Japon, mais aussi d’Asie, d’Europe et des à base de laine fine. L’entreprise, qui a ouvert des bureaux à New Etats-Unis. Il avait été précédé mi-novembre par le Creation Business York, Milan et Shanghai, poursuit son internationalisation. Toray Forum, exclusivement réservé aux acheteurs professionnels. En Industries Inc., un autre géant du secteur, est engagé non seulement France, la prochaine édition de Première Vision, en février, accueille- dans l’industrie textile, où il est réputé pour ses fibres synthétiques ra bien entendu de nombreux exposants japonais. Parallèlement, et microfibres, mais aussi dans la mode, la chimie fine, les produits Jetro organise à Milan, au Musée national des Sciences et pharmameutiques ou encore les matériaux composites. Techniques, sa troisième exposition consacrée au textile japonais. Une vingtaine de fabricants de la région du Kansai et d’autres régions La fibre écolo des textiles biologiques du Japon rencontreront du 11 au 13 février les grandes maisons Première Vision a attiré également des entreprises plus petites, italiennes, telles Prada, D&G ou Nina Ricci, et des designers indus- venues présenter leurs mailles ou jerseys (Miyata Co., Hasegawa triels. Nul doute que les fabricants japonais y découvriront de réelles Corp.), leurs dentelles (Sakae Lace Co. qui participait pour la première opportunités. Isabelle Comtet 11 LAURIERS À Kinotayo 12 Percevant le cinéma comme un vecteur et coordonner des événements cinéma- Mary » de d'échanges et d'accès à la civilisation et tographiques, ainsi que des opérations à Takayuki à la culture japonaises, le festival a su destination des écoliers ; le Val d'Oise et Nakamura, remar- mobiliser les cinéphiles malgré les grèves son comité d'expansion économique, quable documen- de transport en région parisienne. dont les relations étroitement tissées taire sur une De nombreux partenaires ont soutenu depuis vingt ans avec le Japon et Osaka, vieille dame mys- cette édition : des entreprises témoignent de leur intérêt porté aux térieuse. Le prési- japonaises - Toyota, Funai, ANA, échanges avec ce pays. Rappelons que dent du festival Soficar - mais aussi françaises - CPS plus de soixante sociétés japonaises sont Michel Motro a Technologies, l'hôtel Fouquet's Barrière implantées dans ce département. souligné que son et Laser Subtitling notamment - ainsi Treize films sortis au cours des dix-huit objectif était de faire de Kinotayo un que des associations culturelles et régio- derniers mois au Japon ont été présen- festival européen grâce à la diffusion des films en numérique. Cette La deuxième édition de Kinotayo, le festival du film japonais à l’ère numérique, s'est déroulée du 13 au 20 novembre 2007 en Ile-de-France. (www.kinotayo.fr) année, seul quatre heures de nales : la Fondation franco-japonaise tés au public. Le Prix du public a été films sur les vingt-trois heures projetées Sasakawa, premier acteur privé en attribué à « Strawberry shortcakes » de étaient en qualité numérique, le nombre France dans le domaine des échanges Hitoshi Yazaki et à « Aria » de Takushi de salles équipées étant encore trop fai- culturels; la Maison de la culture du Tsubokawa. Deux Soleils d'or ont été ble. La société Smartjog, spécialisée Japon à Paris ; l'office national du tou- décernés : le Grand prix à « How to dans le transfert numérique de contenus risme japonais ; Jetro Paris ; la Mairie become myself » de Jun Ichikawa, film et partenaire de Kinotayo, prêtera sa de Pari ; l'association Ecrans VO du Val touchant et subtil sur l'adolescence et le technologie à la troisième édition du d'Oise dont la mission est de diffuser prix du Premier film à « Yokohama festival en 2008. Caroline Artus Directeur de la publication : Tsuyoshi Nakai. Rédacteur en chef : Daisuke Yamaguchi. Rédaction/publication : Isabelle Comtet ([email protected]).. Les articles expriment les opinions des rédacteurs et ne reflètent pas nécessairement l’opinion du Jetro. Dépôt légal : 4e trimestre 2007. N° ISSN : 1254-6666. Publication Jetro Paris - Organisation japonaise du commerce extérieur 151 bis, rue Saint-Honoré 75044 Paris cedex 01. Tél. 01 42 61 27 27. Internet : http: //www.jetro.go.jp/france/paris