Maître Zen Sengai (1750-1837) Textes de l`exposition

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Maître Zen Sengai (1750-1837) Textes de l`exposition
Maître Zen Sengai (1750-1837)
Textes de l’exposition
Le moine zen Gibon Sengai (1750–1837)
Fils d’un paysan, Sengai est né dans la région montagneuse du centre du Japon. Il entre à onze ans
dans un monastère zen où on lui donne le nom de Gibon, qui signifie «probité». A l’âge de quarante
ans, il est nommé abbé du Shôfukuji, le plus ancien monastère zen au Japon, sur l’île méridionale de
Kyûshû.
Il deviendra célèbre sous son nom de famille, Sengai, «l’ermite de la falaise». La falaise ou l’écueil
symbolise la limite périlleuse entre la réalité tangible et l’inconcevable, et donc, ce nom convenait
parfaitement à un moine zen à la recherche de l’Eveil. Sengai aimait évoquer la conscience des
situations limites et, au sens figuré, des possibilités de perception ambiguës, dans des histoires
pleines d’humour, aisément et directement compréhensibles. Bien souvent, plus son mode de
représentation pictural est concis et percutant, plus profondes sont les maximes qu’elles recèlent.
Peintures et calligraphies de Sengai
A l’âge de 62 ans, Sengai s’était retiré de ses fonctions d’abbé, afin de se consacrer pleinement à la
peinture. Ses peintures et ses calligraphies lui servaient avant tout pour l’enseignement de ses
disciples; toutefois, elles étaient aussi appréciées par les paysans de la région. Les inscriptions
figurant sur ses peintures témoignent de sa faculté d’adapter ses messages aux besoins et aux
capacités intellectuelles de chacun de leurs destinataires.
Sengai, qui était en premier lieu un moine zen et non pas un artiste, a utilisé l’héritage artistique de la
peinture à l’encre avec une grande liberté, et en même temps, il a développé une forme d’expression
tout à fait particulière. Sa création artistique, imprégnée de l’esprit du bouddhisme zen, avait d’abord
pour but de soutenir le spectateur réceptif dans ses efforts à atteindre la connaissance. Mais il ne se
limitait pas aux thèmes courants du courant zen. Il découvrit une quantité de nouveaux sujets qui, en
raison de leur concision et de leur sobre sagesse, sont inséparablement liés à son nom.
Il se dégage de certaines peintures une insouciance presque enfantine. La pensée qui se cache
derrière l’image et l’inscription que Sengai traçait de sa propre main étaient manifestement plus
importantes pour lui qu’une représentation longuement mûrie.
L’art inspiré par le bouddhisme zen
Lors de l’ouverture de l’exposition Sengai au Kunsthaus de Zurich, en 1963, l’abbé du monastère du
Myôshinji était présent. A la question d’une visiteuse qui lui demandait comment on pouvait étudier le
zen, il aurait répondu: «Regardez les œuvres de Sengai. Le zen est partout.»
Cette réponse est typique d’un maître du zen. Car l’une des composantes essentielles de
l’enseignement zen est la transmission de la Vérité fondamentale de maître à disciple. Cette méthode
d’apprentissage se fonde sur la conviction que la transmission de la Vérité se fait de «cœur-esprit» à
«cœur-esprit». Elle va ainsi à l’encontre de la croyance aveugle dans le texte et d’une instruction
purement théorique.
La principale pratique du zen, mot qui signifie «méditation», est le zazen ou «la méditation assise».
L’objectif du zen est l’expérience individuelle de l’Eveil. Les maîtres spirituels peuvent provoquer chez
leurs disciples le processus de connaissance de soi qui est décisif pour atteindre l’Illumination. Dans
ce sens, les peintures de Sengai sont une sorte d’aide à la connaissance de soi.
© Katharina Epprecht

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