Lire l`interview - L`Apogée Courchevel

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L’Apogée du raffinement urbain à la montagne
India Mahdavi & Joseph Dirand :
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Deux architectes-designers, un même projet
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Deux styles, une même philosophie
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Deux personnalités passionnées et un même respect pour chaque projet qu’ils réalisent.
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Ils aiment donner aux lieux un sens et une âme.
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Ils aiment les challenges et les contraintes.
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Deux « architectes-photographes » : l’un en noir et blanc, l’autre en technicolor.
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Ils créent des ambiances chargées d’histoires
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Ils ont une maîtrise des volumes et des perspectives.
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Ils ont un style élégant : l’un maximaliste, l’autre minimaliste.
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Ils ont en commun l’amour de l’Inde où India a été conçue et dont elle porte le nom ; Joseph
pour y avoir séjourné souvent avec ses parents.
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Ce sont les chouchous de la mode
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Ils aiment écrire des scénarios et les réaliser en 3 dimensions.
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Ils ont une complicité personnelle et professionnelle.
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Ils aiment que leurs créations soient rythmées.
India Mahdavi et Joseph Dirand parlent d’une seule voix pour ce projet qui les a rassemblés :
Pourquoi cette collaboration ?
I : « Elle est venue naturellement, avec le contexte de contraintes de temps et d’espace. Joseph et moi
nous nous connaissons depuis très longtemps et nous respectons énormément nos travaux respectifs.
Même démarche de travail et surtout mêmes valeurs. Nous avons tous les deux une formation
d’architecte : nous travaillons sur la structure de l’espace et de la lumière. Ce sont des fondements
importants pour qu’un lieu fonctionne. Cependant nous avons des écritures différentes : la mienne est
plus colorée, plus mixée, plus féminine. Celle de Joseph est plus architecturée, plus masculine, plus
sobre. »
J : « India et moi avons la même façon de travailler. Sur ce projet, nous étions totalement en osmose,
nous y avons pris énormément de plaisir. »
I : « C’était un vrai challenge pour nous deux, il fallait faire un projet qui soit fluide. Mais nous avons
naturellement mélangé ce que l’un et l’autre proposaient. C’est rare de voir des architectes qui offrent
un travail commun qui ne soit pas contrasté, qui fonctionne comme une entité.
Pour ce travail de réflexion, nous sommes partis de l’échelle de l’établissement de base. Une
architecture de Courchevel que nous ne pouvions modifier. »
J : « Plutôt que de rentrer dans la réalisation d’un faux chalet, nous avons pensé ensemble qu’il fallait
plutôt créer une maison de maître, un manoir comme on peut en trouver en Suisse ou au Tyrol. Ce
sont des ‘maisons maçonnées’ qui possèdent une architecture qui s’adapte à la montagne. C’est
finalement des bâtiments de ville à la montagne.
Nous voulions un endroit chaleureux et cosy. La montagne est le lieu où l’on passe toute la journée
dans le froid, où l’on fait beaucoup de sport et cela dans une lumière aveuglante. Quand on rentre à
l’hôtel, on voulait créer un endroit qui enveloppe, qui caresse, où le bruit est feutré, un endroit où la
lumière est agréable, où les choses sont faciles, évidentes.
India et moi avions souhaité redécouper le volume, pour en faire des espaces rythmés par les envies et
les humeurs. »
I : « Cet espace nous le voulions aussi comme un château familial avec un côté palace qu’il fallait
intégrer. Nous avons écrit un scénario, dans lequel ceux qui y « jouent » se l’approprient et trouvent
une harmonie, un équilibre, où chacun peut vivre et raconter sa propre histoire. »
J : « Nous avions le choix : soit créer le côté montagne rustique, soit créer une ambiance sophistiquée
et chaleureuse comme dans une maison de maître. On ne voulait pas raconter de fausses histoires, on a
créé une maison qui se serait transformée au cours des années en hôtel.
Je préfère que l’on dise : ‘ils ont transformé quelque chose’ plutôt que ‘ils ont créé le dernier endroit à
la mode’. On a tous une culture propre et il existe des endroits où il n’y a pas de passé mais dans
lesquels on a l’impression d’avoir déjà des souvenirs et nous y forgeons alors des moments, des
rituels. »
I : « Nous avons créé un blason, qui est le logo de l’Apogée Courchevel inspiré du travail du
photographe Wilson Bentley, que l’on retrouve également sur les têtes de lit et au pied de celui-ci sur
des coffres cloutés. »
J : « L’hôtel est composé d’une succession de séquences dans lesquelles les matériaux y jouent un rôle
important. Nous avions les mêmes désirs de dépouillement et de chaleur, c’est paradoxal mais nous
avons réussi à les conjuguer. Nous avons créé un lobby d’entrée juste pour dire bonjour, comme un
hall, et nous y avons ajouté un petit salon à côté. Un endroit chaleureux avec une cheminée où l’attente
correspond à un moment agréable, un endroit où l’on peut aussi lire, boire un verre, etc.
C’est comme une extension du bar, un premier bar plus feutré et confortable en paradoxe au bar à
champagne créé comme un club privé. Avec son comptoir en marbre, sa cheminée, ses lumières
tamisées, celui-ci est un lieu pour la dernière partie de soirée.
Nous voulions, avec ces trois bars, quelque chose d’informel. Nous sommes à la montagne, en famille,
avec les enfants, on veut rire et on veut partager des moments. Ces lieux sont des « cellules de vie »
avec des rythmes différents. L’hôtel est créé, comme une succession de vie sociale.
On a mélangé du ‘mobilier club’ avec d’autres plus seventies ou sixties avec des formes arrondies, cela
donne un petit côté vintage. C’est ce mélange des genres qui devient cohérent et qui donne
l’impression de rentrer chez quelqu’un pour passer un bon moment.
Au restaurant, on peut manger au bar ou dans les salles à manger entre couples ou amis. »
I : « Pour ma part je voulais que les chambres soient conçues comme des entités à part. Chaque suite
est un mini chalet avec une entrée : un endroit pour se poser, accrocher sa doudoune et se déchausser.
Il y a une générosité d’espace dans chacune des chambres un confort avec de la rondeur, un travail
d’arches, d’alcôves où l’on pourrait se lover. Un endroit qui ne vous écrase pas par le décor, un endroit
que l’on s’approprie. Il fallait une valeur esthétique mais également authentique. Nous avons choisis
des matières comme le bois de sapin, de la laine, du velours et des couleurs bordeaux, vert sapin, un
bleu-vert, des vichys… des matériaux qui enveloppent.
Pour les salles de bain, j’ai voulu un mélange bicolore entre le marbre Fior di Bosco et la pierre noire
du Zimbabwe, pour donner plus de profondeur, de volupté cossue, tout cela rehaussé de pointes de
laiton brossé. La plupart des salles de bain ont des doubles fenêtres sur la chambre et, de la baignoire,
une vue sur la montagne. Cette lumière du jour indirecte participe au bonheur. »
J : « Nous voulions créer un endroit qui nous enveloppe, qui nous protège, fermé face à l’immensité.
Nous avons choisi des matériaux chauds (laine, cuir, nubuck, lin, etc.). La variété et la richesse des
tissus apportent ce côté personnel chaleureux non aseptisé. L’utilisation du bois était évidente, les
plafonds sont réalisés en caissons et l’on a également travaillé les marbres (français : sarrancolin, Saint
Laurent et irlandais : Connemara) car chacun exprime quelque chose. On l’a travaillé sur les
cheminées, comptoirs, plateaux de tables, dans le spa… Ils deviennent des objets qui s’adaptent aux
endroits plus feutrés. On trouve aussi des bronzes patinés, des touches dorées par-ci par-là et, avec les
luminaires, ces jeux de lumière sur le bois d’ébène, c’est sublime ! »