vendredi 24 octobre 2014 numéro 698

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vendredi 24 octobre 2014 numéro 698
VENDREDI 24 OCTOBRE 2014
N UMÉ RO 6 98
OUTSIDER ART FAIR :
L’ART BRUT FAIT
LA FOIRE  Lire page 16
FIAC 2014 : LA DERNIÈRE
D’YVON LAMBERT  page 4
ENTRETIEN AVEC LAURENT
LE BON, PRÉSIDENT DU
MUSÉE PICASSO PARIS  page 12
WWW.LEQUOTIDIENDELART.COM
SUSPENS AUTOUR DU PRIX
MARCEL DUCHAMP 2014
 page 7
2 EUROS
BRÈVES
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LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
LE MUSÉE DU QUAI BRANLY REND
HOMMAGE À CHRISTOPHE DE MARGERIE
> Le musée du quai Branly, à Paris, a salué le 21 octobre
la mémoire de « l’un de ses Grands Mécènes historiques »,
Christophe de Margerie, PDG de l’entreprise Total,
décédé le 20 octobre dans un accident d’avion à Moscou.
« Amateur d’art éclairé, et très impliqué dans les actions
de la Fondation d’entreprise Total, Christophe de Margerie
avait tenu à soutenir les actions du musée du quai Branly
pour promouvoir un art accessible au plus grand nombre.
Les valeurs au cœur des missions du musée du quai Branly :
le dialogue et le respect des cultures, sont également celles
que partageait le Président emblématique du groupe Total »,
a indiqué l’institution parisienne. La Fondation Total
soutient le musée depuis sa création à la fois sur le
terrain de ses expositions temporaires, de sa journée
des associations, que pour les résidences de son festival
Photoquai.
GERARD VAUGHAN NOMMÉ À LA TÊTE
DE LA NATIONAL GALLERY D’AUSTRALIE
> Professeur associé à l’Australian Institute of Art
History, à l’université de Melbourne, Gerard Vaughan
a été nommé pour trois ans, par le ministre fédéral
australien de la Culture, George Brandis, directeur de la
National Gallery d’Australie, à Canberra, à compter du
10 novembre. Il succède à Ron Radford, qui a fait valoir
ses droits à la retraite le 30 septembre, après 12 ans de
service à ce poste. Gerard Vaughan fut précédemment
directeur de la National Gallery of Victoria à Melbourne
pendant 13 ans, jusqu’en juillet 2012, et directeur
du British Museum Development Trust. Selon les
médias australiens, cette nomination vise à restaurer la
réputation du musée après le scandale né de la restitution,
le mois dernier, d’une statue médiévale de Shiva au
gouvernement indien, après que des recherches ont
démontré qu’elle avait été exportée illégalement.
CHRIS FITZPATRICK PREND LES RÊNES
DE LA KUNSTVEREIN DE MUNICH
> Directeur du centre d’art contemporain Objectif
Exhibitions à Anvers depuis 2012, Chris Fitzpatrick
a été nommé directeur de la Kunstverein de Munich, a
annoncé hier le conseil d’administration de l’institution.
Le curateur américain succédera le 1er janvier 2015 à Bart
van der Heide, en poste depuis cinq ans.
Chris Fitzpatrick.
© Photo :
Kunstverein
München.
Remise des Prix de
la Fondation Liliane
Bettencourt pour
l’intelligence de la
main, mardi
21 octobre 2014, salle
Wagram à Paris.
© C.Doutre-CAPA
Pictures pour la
Fondation Bettencourt
Schueller.
LES LAURÉATS DU PRIX BETTENCOURT POUR
L’INTELLIGENCE DE LA MAIN DÉCERNÉS
> Placée sous la présidence de Françoise Bettencourt
Meyers, la 15e cérémonie du prix Liliane Bettencourt pour
l’Intelligence de la main a distingué mardi 21 octobre
au soir, salle Wagram à Paris, deux artisans d’art, un
designer et, pour la première fois, un acteur des métiers
d’art, au travers de la nouvelle récompense Parcours.
Nathanaël Le Berre, dinandier, a reçu pour son œuvre
L’Infini le prix Talents d’exception, qui récompense une
réalisation alliant qualité esthétique et maîtrise des savoirfaire. Gérard Borde, céramiste, et Marc Aurel, designer,
se sont vus attribuer le prix Dialogues, récompensant
leur collaboration, pour le fauteuil Beyrouth. Enfin, Yann
Grienenberger, directeur du Centre international d’art
verrier de Meisenthal (Moselle), a reçu le prix Parcours,
pour sa contribution au secteur des métiers d’art. Les
œuvres lauréates des six dernières éditions sont exposées
du 24 au 27 octobre dans les nouveaux locaux de la
maison de ventes Piasa, 118 rue du Faubourg SaintHonoré, à Paris 8e.
ALAIN SEBAN ET BERNARD BLISTÈNE
ENTRENT DANS LA LISTE POWER 100
> Alain Seban et Bernard Blistène, respectivement
président du Centre Pompidou et directeur du musée
national d’art moderne, font leur entrée dans le
Power 100, liste des personnes les plus influentes
du monde de l’art, dont l’édition 2014 vient d’être
communiquée par le magazine ArtReview. Ils occupent,
ensemble, la 12e place. Nicholas Serota, directeur de la
Tate à Londres, se retrouve sur la première marche du
podium. Il est suivi du galeriste David Zwirner (New
York), d’Iwan Wirth (galerie Hauser & Wirth, Zürich,
Londres, New York, Los Angeles), de Glenn D. Lowry,
le directeur du MoMA (New York), de l’artiste Marina
Abramovic, d’Hans Ulrich Obrist et Julia Peyton-Jones,
directeurs des Serpentine Galleries (Londres), puis de
l’artiste Jeff Koons, du marchand Larry Gagosian, de
la galeriste Marian Goodman et, à la 10e place, de la
photographe Cindy Sherman.
www.artreview.com/power_100/
FIAC
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LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
Au revoir, Monsieur Lambert
Par Roxana Azimi
Cette édition de la FIAC est la dernière pour le galeriste parisien
Yvon Lambert qui a décidé de fermer sa galerie après plus de
quarante ans d’une riche activité. Les exposants de la FIAC
réagissent à ce départ et à l’évolution récente du métier.
Yvon Lambert sur son
stand de la FIAC.
© Photo : Roxana
Azimi
« Je suis un peu
ému ». Yvon Lambert
tourne la page : ce sera
sa dernière FIAC. Cet
été, il a annoncé la
fermeture de sa galerie
après plus de quarante
ans d’activité. Autant
dire qu’il représente un
morceau d’histoire et
qu’il fut le témoin des
mutations du monde des
galeries. Pour justifier
son retrait du milieu
de l’art, Yvon Lambert
évoque une lassitude :
« Je ne me reconnais pas
dans ce métier ». Un
métier qui, dans le haut
du panier, rime avec une
course contre la montre
pour garder les artistes.
« Il faut être là dans
les commencements, les
moments forts, les creux
d’une carrière », remarque
Olivier Belot, actuel directeur de la galerie Lambert, qui ouvrira en 2015 son
propre espace à Saint-Ouen. Pour un tel accompagnement, il faut désormais
mettre le paquet. Pour l’exposition de Lee Ufan au Château de Versailles, le
Parisien Kamel Mennour a engagé deux personnes, l’une pour assister l’artiste
coréen pendant neuf mois, l’autre pour contrôler l’entretien des pièces dans
le parc durant l’exposition. Il a aussi dû financer 100 % de la production de
l’exposition de Lili Reynaud-Dewar au Magasin de Grenoble en 2012. De son
côté, Emmanuel Perrotin doit injecter quelque 12 millions de dollars par an
pour produire les œuvres de Takashi Murakami. Car les galeries se substituent
fréquemment aux institutions, de plus en plus désargentées. Toute cette bonne
volonté ne suffit pas. Il faut s’agrandir dans des espaces parfois pharaoniques,
voire se développer à l’étranger. Non content d’avoir l’un des plus beaux
espaces parisiens, Emmanuel Perrotin dispose de deux antennes, à Hongkong
et à New York, tandis que son confrère Thaddaeus Ropac se déploie entre
Paris, Pantin et Salzbourg. Une frénésie immobilière au prix de l’étranglement.
« On peut être débordé financièrement. C’est no limit et non stop », reconnaît
Emmanuel Perrotin. Kamel Mennour le dit bien : « Tous les trois ou quatre ans,
il faut se mettre à niveau ».
Un flux tendu qui peut lasser. Si la décision d’Yvon Lambert a provoqué
YVON LAMBERT
REPRÉSENTE
UN MORCEAU
D’HISTOIRE ET IL
FUT LE TÉMOIN
DES MUTATIONS
DU MONDE DES
GALERIES
/…
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05
FIAC
un séisme dans le Landerneau parisien, il n’est pas le seul
à avoir choisi de fermer. L’an dernier, le galeriste parisien Jérôme de Noirmont
a aussi tiré sa révérence pour se concentrer sur la production d’œuvres.
Serge Le Borgne avait aussi déclaré forfait en 2010, face à la financiarisation
croissante de l’art. Mais le parallèle le plus probant est celui avec Anthony
d’Offay. Le marchand britannique a lui aussi défrayé la chronique en 2001 en
annonçant la fermeture de sa galerie londonienne alors qu’il était au faîte de sa
carrière. Tout comme Yvon Lambert, qui fit don à l’État français de sa collection
estimée à près de 100 millions d’euros, d’Offay s’est montré généreux envers
le Royaume-Uni en cédant à prix cassé - 26,5 millions de livres sterling pour
une valeur estimée de 125 millions de livres sterling - sa collection à la Tate à
Londres et à la National Gallery of
Scotland à Édimbourg. Sans doute
PEU DE
avait-il senti que sa galerie n’était
MARCHANDS
plus la plus énergique, même si elle
SONGENT
restait lucrative. Ou peut-être avait-il
TOUTEFOIS
anticipé la crise…
À S’ARRÊTER,
Peu de marchands songent
À BAISSER LA
VOILURE OU À
toutefois à s’arrêter, à baisser la
CHANGER DE
voilure ou à changer de métier.
MÉTIER
« Quand je fais une visite d’atelier, je
peux avoir la même vieille sensation
que j’avais eue quand j’ai rencontré
Dan Graham ou Richard Long, affirme Nicholas Logsdail, qui
a fondé en 1967 la Lisson Gallery à Londres. On ne sait jamais
ce qu’il y a au coin de la rue. Je suis plus fort qu’au début, je sais
plus de choses ». « J’espère mourir sur scène. Pour l’instant »,
sourit pour sa part le Parisien Georges-Philippe Vallois.
Yvon Lambert, lui, préfère s’adonner à son autre passion, la
bibliophilie. Mais il ne saurait tirer le rideau sans nous surprendre encore une
dernière fois. Pour le final, il expose… Adel Abdessemed (du 29 novembre au
20 décembre), un artiste avec lequel il n’a jamais travaillé auparavant et dont
il ne présentera que des nouvelles pièces. « C’est bien d’étonner les gens », glisse
un Lambert malicieux satisfait de partir au bon moment et avec panache.
SUITE DE LA PAGE 04
AU RE V O I R ,
MO NS I E UR
LAMBE RT
Le galeriste Kamel
Mennour à la FIAC.
© Photo : Roxana
Azimi
Vue du stand
de la galerie Lisson
sur la FIAC.
© Photo : Roxana
Azimi
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
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PHOTOS FIAC
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
Ils ont acheté à la FIAC
Par Roxana Azimi
Le collectionneur Tony
Salamé
Adrian Villar Rojas, 1990, de la série «Today
We Reboot the Planet», 12, 2014, 29,7 x 42 cm.
Courtesy Kurimanzutto, Mexico City.
Le collectionneur
Laurent Dumas
Gilles Barbier, Grande fontaine de chocolat, 2014.
Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, Paris.
Le collectionneur
Thibaut Poutrel
Marwa Arsanios, Carlton, 2008. Galerie
mor.charpentier (Paris, Bogota).
FIAC
Par Julie Portier
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LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
Suspens pour le Prix
Marcel Duchamp 2014
Les artistes sélectionnés pour le Prix Marcel Duchamp présentent
leur travail jusqu’au 26 octobre à la FIAC. Le lauréat sera
annoncé demain, samedi 25 octobre, à 11h30, sous l’escalier
d’Honneur. Portraits.
JULIEN PRÉVIEUX
Julien Prévieux, What
Shall We Do Next?
(Séquence #3), 2014, film
2k, 17’. Courtesy Galerie
Jousse Entreprise.
projet What Shall
Julien Prévieux.
des gestes de
© Photo : D. R.
Gestuelle du futur
Théo Mercier, Youth
hostel. © Erwan
Fichou & Théo
Mercier.
Théo Mercier.
© Photo : Assaf
Shoshan.
THÉO MERCIER
Pierres de cauchemar
Ce n’est pas une collection de pierres
rares que l’on croirait dessinées d’un
pinceau expert, comme les pierres
de rêves dont les paysages, révélés dans les marbrures,
sur la tranche lisse, épataient les esthètes. Celles-ci
seraient plutôt des pierres de cauchemars. Théo Mercier
les collectionne avec la même fascination qu’un Roger
Caillois, à l’ère du faux mondialisé et au temps où la
catastrophe est un motif décoratif. Pour le Prix Marcel
Duchamp, il présente ses sculptures
d’aquarium, « ready-made-in China »
chinés dans le monde entier, reflétant
peut-être entre les écailles de quelques
espèces exotiques couvées en jardinerie,
une certaine idée locale du style antique. Ces ruines
miniatures de mondes engloutis-déglutis viennent
poser leurs fondations en plastique sur des étagères
de type standard, fabriquées en marbre de Carrare.
Car le renversement - ou le dessalage comme on dit
en navigation - des valeurs est ce à quoi s’emploie
Théo Mercier, davantage semble-t-il, qu’à reprendre la
complainte du monde disparu sous sa propre image :
« (il) ne regrette rien ».
Entamé en 2006, le
we do next s’empare
manipulation de matériel high tech,
tels qu’ils sont décrits dans la littérature particulière des
brevets technologiques. Julien Prévieux poursuit cette
exploration dans un nouveau film et une série de pièces
dansées réalisées lors d’une résidence à Los Angeles.
En détournant les mouvements guidés par l’ergonomie
d’objets qui n’existent pas encore - suivant en cela la
méthode de la danse postmoderne qui s’approprie les
gestes de la vie quotidienne -, la chorégraphie se situe
à mi-chemin entre la science-fiction
et la démonstration commerciale.
Comme souvent chez Julien Prévieux,
la transposition brouille le message et
révèle le stade d’absurdité auquel les
mouvements naturels et le libre arbitre sont contrariés
par l’usage d’une technologie « intelligente ». Cette
gestuelle normalisée redéployée dans une danse readymade s’opère enfin à la limite de la légalité, puisque
« ce que nous allons faire plus tard » est la propriété des
multinationales de l’électronique. L’appropriation,
conjuguée au futur, est encore un geste politique.
/…
FIAC
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LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
SUSPE
Florian et Michaël
Quistrebert, Stripes
Painting 1, gesso et
acrylique sur bois,
46 x 63 cm, 2013.
Florian et Michaël
Quistrebert.
© Photo : D. R.
FLORIAN ET MICHAËL
QUISTREBERT
Optique haptique
Si, dans ses derniers mouvements,
elle convoquait l’abstraction
géométrique, n’oublions pas que
cette œuvre à quatre mains s’est jadis exprimée dans une
peinture chargée de romantisme noir. Florian et Michaël
Quistrebert ne jurent par aucun style - l’inconstance est
leur éthique - et ne sondent nullement les
survivances formelles du modernisme :
de son histoire, ils retiennent surtout
l’extension du domaine des perceptions.
Leur installation pour le Prix Marcel
Duchamp est une nouvelle expérience
visuelle, maximaliste, débordante, synesthésique peutêtre, bien qu’assez économe. La combinatoire entre une
projection lumineuse au sol et une peinture épaisse au
mur (une croûte chromée sans héritage identifiable dans
l’art pictural noble, dotée en sus d’une led mauve comme
celles des gadgets qui éclairent les trous de serrures)
déstabilise le corps et l’esprit qui tentent de trouver un
point de repère spatial ou conceptuel, tandis que les
reflets se contredisent, dans une sorte de transe bipolaire,
rustique et digitale.
ÉVARISTE RICHER
La caverne inversée
Evariste Richer,
Le Poids du monde
dédoublé, 2014,
balance de précision
Pesola, charte kodak
Q 13. Courtesy
l’artiste, Galerie
Meessen De Clercq
& Galerie SchleicherLang. © Photo :
Philippe Chancel.
Evariste Richer :
© Photo : D. R.
À l’extérieur de l’espace d’exposition,
comme sur le bas-côté de la scène ou à
l’entrée de la caverne, est suspendu Le
poids du monde retourné. Cette petite
sculpture est composée
d’un nuancier Kodak
et d’une petite balance.
« 6,2 grammes »,
tel est le poids du monde après sa
capture photographique. En archéologue des outils de
reproduction et de mesure qui confèrent à l’homme la
certitude de maîtriser son environnement, Évariste Richer
produit des épiphanies. Évocation du mythe platonicien
passé par l’histoire de l’architecture moderne, le fond de
cette caverne est tapissé d’un rayogramme bleu qui fait
apparaître le déplacement du soleil sur la baie vitrée de
l’atelier de l’artiste. Ce prélèvement, image à échelle 1,
enregistrement d’un temps écoulé, restaure une technique
utilisée pour les plans d’architecture et abandonnée à
cause de sa toxicité. Sur les deux autres murs, deux mires
comme deux yeux superposés regardent une vitrine qui
présente les ustensiles de l’invention du feu : l’avènement
de la première lumière artificielle et des ombres nocturnes.
PRIX MARCEL DUCHAMP, jusqu’au 26 octobre, stands 0.D40/
D42/E40/E42, FIAC, Grand Palais, 75008 Paris,
http://www.adiaf.com
RUBRIQUE
(OFF)ICIELLE
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LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
(OFF)ICIELLE — Les docks–Cité de la mode et du design
Paris 13 e — Jusqu’au 26 octobre
La foire (OFF)ICIELLE vue
par ses visiteurs, même
Collectionneurs, art advisors et curateurs ont répondu présent
à la foire (OFF)ICIELLE. Recueil d’impressions_par Cédric Aurelle
John Henry
Newton, 1994/1994
(Powercut), 2014,
55 x 70 x 50 cm.
Frutta, Rome.
C’est une « atmosphère chaleureuse et conviviale, l’impression de se
retrouver en famille » que Delphine Perru, art consultant parisienne, retient
de sa visite d’(OFF)ICIELLE. Elle est ravie d’avoir revu les beaux dessins
d’Henry Darger chez J-P Ritsch-Fisch (Strasbourg) provenant d’une collection
américaine, ainsi que les architectures d’A.C.M., un sculpteur d’art brut.
Parmi ses belles découvertes, figure aussi le solo show de Moussa Sarr chez
C’EST UNE
Martine et Thibault de la Châtre (Paris). Les jeunes curatrices marseillaises
« ATMOSPHÈRE
Emmanuelle Luciani et Charlotte Cosson (qui assurent notamment la
CHALEUREUSE
programmation hivernale du MAMO, centre d’art de la Cité Radieuse)
ET CONVIVIALE,
ont pour leur part été particulièrement attentives à la proposition de
L’IMPRESSION DE
M+B Gallery, de Los Angeles, qui présente notamment Dwyer Kilcollin, un
SE RETROUVER
EN FAMILLE »
artiste de la côte Ouest qu’elles avaient déjà découvert à l’Armory Show à
(DELPHINE PERRU) New York et qu’elles envisagent à présent d’intégrer dans une prochaine
exposition. Elles auraient toutefois apprécié de voir davantage de solo
shows pour vraiment découvrir le travail d’artistes émergents. Simmy
Swinder, art advisor basée à Los Angeles, a quant à elle été impressionnée
par la qualité de la fréquentation, le nombre de collectionneurs américains,
les « big names » présents le jour du vernissage. Elle a aimé le stand de la
galerie romaine Frutta qui présente un duo, la Danoise Ditte Gantriis et le
Britannique John Henry Newton. De son côté, le collectionneur Frédéric de
Goldschmidt, basé entre Paris et Bruxelles, a noté la bonne humeur, « même
si le lieu est un peu triste, mais il n’y a qu’un seul Grand Palais ! » Il a été
particulièrement sensible au principe du stand partagé, par exemple entre les
galeristes Levy.Delval (Bruxelles) et Anat Egbi (Los Angeles), une formule qui,
selon lui, fonctionne bien même sur de petites superficies. Il y a notamment
découvert le travail de Margo Wolowiec, dont il aurait aimé pouvoir acquérir
une œuvre s’il avait été plus rapide !
(OFF)ICIELLE, jusqu’au 26 octobre, Les docks – Cité de la mode et du design,
34, quai d’Austerlitz, 75013 Paris, http://www.officielleartfair.com
GILLES T. LACOMBE
LES INOUIS
Gilles T Lacombe
Vilgota, série «Les inouis», 2014
Acier, bois, mèches d’archets en crin de chevaux mâles de Mongolie
Pièces uniques
© Galerie Catherine Houard
15,rue Saint-Benoît 75006 Paris
[email protected]
w w w. c a t h e r i n e h o u a r d . c o m
INTERVIEW
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12
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
LAURENT LE BON, PRÉSIDENT DU MUSÉE PICASSO PARIS
Propos recueillis
par Roxana Azimi
« J’aimerais que le musée
Picasso soit un lieu de vie »
Le Musée Picasso Paris rouvre demain, 25 octobre, après cinq ans
de travaux et un psychodrame de six mois. L’institution propose
un feu d’artifice d’environ 450 œuvres accrochées par l’ancienne
présidente, Anne Baldassari.
Roxana Azimi_La réouverture du musée Picasso est-elle attendue ou pâtitelle de la polémique concernant l’éviction de l’ancienne présidente, Anne
Baldassari ?
Laurent Le Bon_Le test des Journées européennes du patrimoine était intéressant
pour mesurer l’intérêt des foules. La polémique a été une grosse campagne
médiatique que nous n’aurions pas pu nous offrir. Il y a un bruit qui circule. Je
constate que dans le Marais, tout le monde attend cette ouverture.
N’êtes-vous pas déçu de ne pas avoir fait vous-même l’accrochage ?
Non. L’histoire a fait que je suis arrivé dans une autre histoire en
cours. Le train était lancé. J’ai passé l’âge de faire les choses trop rapidement.
En revanche, je concevrai l’accrochage en septembre 2015 pour le trentième
anniversaire du musée. Je vais essayer de mettre en valeur la face cachée, le
continent des archives, les 200 000 pièces qui racontent tout le processus créatif.
Je voudrais montrer Picasso comme j’ai montré Dada, le fonctionnement créatif
qui fait qu’un bout de papier est aussi important qu’une huile.
Vous insistez souvent sur l’idée de « moviment », monument et
mouvement. Pourriez-vous préciser votre pensée ?
Ce bâtiment a une histoire qui va du XVIIe siècle à Jean-François
Bodin. On ne rentre pas dans quelque chose de figé, mais dans une
JE VOUDRAIS
complexité architecturale qu’il faut mettre en valeur. Il faut jouer en
MONTRER PICASSO
permanence en fonction de l’énergie et du budget, modifier les choses
COMME J’AI
par de nouveaux regards. Il n’y a pas un étage collection, un étage
MONTRÉ DADA, LE
exposition. Tout est exposition.
FONCTIONNEMENT
Picasso est certes un nom porteur mais n’est-il pas difficile de
CRÉATIF QUI FAIT
faire
revenir
régulièrement les gens dans un musée monographique ?
QU’UN BOUT DE
J’aimerais
que le musée soit un lieu de vie. Nous sommes dans le
PAPIER EST AUSSI
Marais, l’un des quartiers les plus vivants. Nous faisons un partenariat
IMPORTANT QU’UNE
HUILE
avec la foire YIA. Nous avons choisi deux artistes qui sont présentés
dans le jardin. Le musée Picasso, c’est l’Hôtel Salé, le jardin, la cour.
Laurent Le Bon.
© Photo : Béatrice
Hatala.
Vue du nouvel
accrochage du Musée
Picasso Paris.
© Photo : Béatrice
Hatala.
/…
RUBRIQUE
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14
INTERVIEW
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
Dans le décret constitutif du musée, certes tout doit
tourner autour de Picasso, mais Picasso, c’est le XXe siècle, cela permet de
relire l’histoire. À partir de 2016, nous allons essayer de prendre des thèmes
plus larges, comme Picasso et le primitivisme, exposition du Quai Branly dont
nous ferons un écho ici.
Qu’avez-vous prévu après l’exposition inaugurale ?
Nous avons une grande exposition sur la sculpture de Picasso en 2016.
En septembre 2015, nous contribuerons à « Picasso et l’art contemporain »
au Grand Palais et nous organiserons un écho chez nous. Nous avons l’idée
de travailler en amont avec un grand artiste vivant. Il y a le projet en 2016 de
Miquel Barceló qu’Anne Baldassari avait initié. Ce qui est intéressant, c’est
de trouver un artiste habité par Picasso mais dont l’œuvre ne ressemble
en rien à celle du maître. Vers 2017-18, nous irons au cœur de Picasso,
EN SEPTEMBRE
Picasso sur une année. C’est l’un des rares artistes dont on
2015, NOUS
peut montrer un projet du 1er janvier au 31 décembre. Nous
CONTRIBUERONS
allons nous concentrer sur l’année 1932, entre deux moments
À « PICASSO
fondamentaux, le premier tome du Zervos [catalogue des
ET L’ART
œuvres de Pablo Picasso par Christian Zervos, fondateur
CONTEMPORAIN »
AU GRAND
des Cahiers d’art] et la première grande monographie au
PALAIS ET NOUS
Kunsthaus de Zürich. Nous avons aussi avec le musée d’Orsay
ORGANISERONS
un projet Picasso bleu et rose, tentative de réunir une centaine
UN ÉCHO CHEZ
de chefs-d’œuvre.
NOUS
Une telle exposition coûte cher. Or, vous devez trouver plus de 60 %
de ressources propres avec une jauge limitée, une cafétéria minuscule...
Est-ce jouable ?
Nous allons nous battre. Nous ne pourrons pas faire dix expositions
par an. Actuellement, mis à part le groupe Eiffage, nous n’avons pas d’autres
mécènes. Tout est à faire : une association d’amis, des cercles internationaux...
Nous avons lancé une politique de privatisation qui marche. Les trois premiers
mois sont pleins. Nous jouons de notre centralité, de la nouveauté du lieu. Il y
a de la place pour des établissements d’échelle moyenne. On est plus efficace,
réactif quand on est petit. Le public attend aussi des musées avec une forte
identité.
L’inauguration cette semaine de trois lieux à Paris, dont deux
établissements publics, n’est-elle pas un cache-misère alors que les budgets
sont contraints ?
Citez-moi un pays où trois lieux ouvrent le même mois ? C’est certes
la fin d’une histoire. Nous avons eu la chance de créer des lieux pendant
quarante ans. Et c’est pas mal de se poser. Ce qui serait triste, c’est de ne pas
avoir l’argent pour faire tourner ces établissements.
SUITE DE LA PAGE 11
LAURE NT L E B O N,
P RÉ SID E N T DU
MUSÉ E PI CA SSO
PARI S
Vue du nouvel accrochage
du Musée Picasso Paris.
© Photo : Béatrice Hatala.
RÉOUVERTURE DU MUSÉE PICASSO LE 25 OCTOBRE, 5, rue de Thorigny, 75003 Paris,
jeune
cr eati on
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je u n e
cre
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exposition
d ’a r t
contemporain
— 65e édition
30.10 — 02.11 2014
a u C e n t q u at r e
— Pa r i s
5 rue Curial
7 5 0 1 9 Pa r i s
M ° s ta l i n g r a d /
CriMée / riquet
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C e ntq uatr e-Par i s, M i n i stèr e d e la C u ltu r e et d e la C o M M un i Cat i o n , l a r é g i o n i l e - d e - F r a n C e , l a V i l l e d e Pa r i s , n o r d
- l i e u x d ’a r t C o n t e M P o r a i n , l e sY M e V, B o e s n e r , C oto n
d o u x, li e u x-C o M M u n s, art [ ] C o lle Cto r, le Palai s d e s Par i s,
l a F o n d at i o n d ’ e n t r e P r i s e r i C a r d , a r t o s a k a , i n s t i t u t
F rançai s d u JaPo n kan sai, le Château d e s e rVièr e s, C utlo g,
l’i e sa, o Pto Ma, BaVar ia, ae s o P, artP r e s s, s las h, Zér o d e u x,
artaïs s i M e, le q u oti d i e n d e l’art, arte aCti o n s C u ltu r e lle s
tél. 01 85 56 00 36, www.museepicassoparis.fr
RUBRIQUE
stand 0.a08
Pilar albarracín*
Gilles barbier* — Julien berthier*
Julien bismuth — mike bouchet
alain bublex* — césar*
richard Jackson* — alain Jacquet*
adam Janes — Jean-Yves Jouannais
martin kersels* — Paul kos — Paul m c carthY
JeFF mills — arnold odermatt
henrique oliveira* — niki de saint Phalle*
Pierre seinturier — Jean tinGuelY*
keith tYson — Jacques villeGlé*
olav WestPhalen — Winshluss*
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sur notre stand
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Image d’AlAIn BuBlex d’après l’œuvre de Gilles Barbier
massimo Furlan — taro izumi
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16
FOIRE OFF
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
OUTSIDER ART FAIR — Hôtel Le A, Paris 8 e
Jusqu’au 26 octobre
L’art brut fait la foire
Pour la deuxième année consécutive, la Outsider Art Fair, créée
il y a 22 ans à New York, s’installe à l’Hôtel Le A, à deux pas
de la FIAC. Venus des quatre coins du monde, les 25 exposants
présentent les œuvres directement dans leurs chambres.
_par Richard Leydier
LES TRAVAUX
D’ARTISTES ISSUS
DES SPHÈRES DE
L’ART BRUT OU DE
L’OUTSIDER ART
INTÉRESSENT DE
PLUS EN PLUS LE
MONDE DE L’ART
CONTEMPORAIN
Œuvres de Paul
Toupet, salle de bains
de la Halle Saint
Pierre, sur Outsider
Art Fair.
Le cadre particulièrement chaleureux de l’Hôtel Le A est propice à la
rencontre avec les travaux d’artistes issus des sphères de l’art brut ou de
l’outsider art. Ces derniers intéressent de plus en plus le monde de l’art
contemporain. Air de Paris (Paris) expose ainsi les œuvres de Sarah Pucci,
qui était la mère d’une artiste représentée par la galerie. Durant plusieurs
années, elle a patiemment confectionné et envoyé à sa fille ce qu’elle nommait
des « gages d’amour », soit des objets constitués de perles, de paillettes et de
sequins, qui évoquent des gâteaux ou des boîtes de bonbons. Andrew Edlin
(New York), qui dirige désormais la foire new-yorkaise, accroche quant à
lui un beau dessin d’Henry Darger, mais aussi les architectures futuristes de
/…
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18
FOIRE OFF
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
Marcel Storr. Karen Lennox (Chicago) se concentre
également sur les grands noms de l’art brut, comme James Castle ou Bill
Traylor, mais elle montre aussi les peintures de Lee Godie, vieille femme qui
vivait dans la rue.
Signalons encore les
paysages de Joseph
Yoakum (chez Fleisher/
Ollman, Philadelphie),
qui voyagea de par
le monde, et les
« mutants » de Roger
Chomeaux (chez le
commissaire-priseur
Rouillac), ermite de la
forêt de Fontainebleau
qui bâtit un village
en matériaux de
récupération. Une
mention spéciale sera
attribuée aux défilés
de majorettes dessinés
par Bruce Davenport,
Jr (chez Louis B. James,
New York).
SUITE DE LA PAGE 15
L’ ART BRUT FA I T
LA FOI R E
OUTSIDER ART FAIR, jusqu’au 26 octobre, Hôtel Le A, 4 rue d’Artois, 75008 Paris,
http://fr.outsiderartfair.com
À noter, une exposition organisée par Anne et Julien, créateurs de la revue HEY !, se tient
au rez-de-chaussée.
Œuvre de Marcel Storr
sur le stand d’Andrew
Edlin (New York).
FOIRE OFF
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20
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
YIA (YOUNG INTERNATIONAL ARTISTS) ART FAIR
Le Carreau du Temple, Paris 3 e — Jusqu’au 26 octobre
YIA Art Fair, la foire
du Marais
La foire off s’installe cette année au Carreau du Temple pour
unifier son plateau concentré sur la jeune création_par Damien Sausset
Une saine énergie traverse la YIA Art Fair nouvellement installée au
Carreau du Temple. Cinquante galeries issues de douze pays et près de cent
artistes internationaux se mélangent dans un parcours si labyrinthique qu’il
est parfois difficile de savoir où l’on se situe. Mais c’est justement cela qui fait
le charme de ce salon. Les exposants ont ouvertement joué le jeu : présenter
des artistes jeunes, parfois inconnus sous nos latitudes, à l’image de la galerie
Sobering (Paris) qui présente les grands dessins du jeune Viet Bang Pham
(1 500 – 10 000 euros) ou les œuvres étonnantes d’Alexandra Hopft.
Tout aussi réussi est le stand de la Zoo Galerie de Nantes qui présente
LES EXPOSANTS ONT les tissus brodés et les objets de Camille Tsvetoukhine (3 200 euros),
OUVERTEMENT JOUÉ
celui de Patricia Dorfmann (Paris) avec notamment une sculpture
LE JEU : PRÉSENTER
murale tout en miroir de Baptiste Debombourg (6 000 euros).
DES ARTISTES
Citons aussi le stand de School Gallery (Paris) en forme de cabinet
JEUNES, PARFOIS
de curiosité, celui de la galerie Van der Grinten (Cologne) avec
INCONNUS SOUS
des portraits peints d’artistes par Marcus Neufanger (2 500 euros)
NOS LATITUDES
et l’installation de Simon Schubert (4 300 – 8 600 euros), Vivien
Roubaud (7 000 – 9 000 euros) chez Snap Projects (Lyon) ou Michael
Rampa (4 800 – 8 000 euros) à la Galerie Christopher Gerber (Lausanne).
Nombre de galeries ont opté pour des one-man-show. Certains stands
accueillent de véritables installations comme Sara Favriau et sa ville
aérienne en bâtonnets de bois (galerie Maubert, Paris) et surtout la très belle
installation de Charlemagne Palestine chez Lara Vincy (Paris). Enfin, le YIA
c’est aussi un parcours hors les murs dans le Marais avec notamment les films
de Laurent Fievet au Musée Picasso et ceux de Michel Journiac aux Archives
nationales. Bref, une bouffée d’air frais pour les amateurs d’art contemporain.
YIA (YOUNG INTERNATIONAL ARTISTS) ART FAIR, jusqu’au 26 octobre, Le Carreau
du Temple, 2, rue Eugène Spuller, 75003 Paris, http://yia-artfair.com
Vue de l’installation
de Simon Schubert,
12m2 sur YIA Art Fair,
papier, poudre de
graphite, sculpture en
céramique. Courtesy
Van der Grinten
Galerie, Cologne.
RUBRIQUE
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021
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
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22
EXPOSITION
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
12 E ÉDITION DU PARCOURS SAINT-GERMAIN — Quar tier
de Saint-Germain-des-Prés, Paris 6 e — Jusqu’au 31 octobre
Les artistes dans les
petits papiers de SaintGermain-des-Prés
Le Parcours Saint-Germain propose un florilège d’interventions
d’artistes dans les boutiques et cafés de Saint-Germain-des-Prés,
à Paris_Par Damien Sausset
Parmi les propositions du Parcours Saint-Germain 2014, se distinguent
trois interventions : celles d’Artus de Lavilléon, d’Alice Anderson et de Le
Gun. Représenté par la galerie Suzanne Tarasieve (Paris), le collectif Le Gun,
formé de cinq artistes, intervient au Café de Flore avec une installation assez
détonante. Au premier étage, ils reconstituent le fameux Bar des Cornichons,
haut lieu de beuverie pour quelques Surréalistes dans les années 1920. Tous les
objets minutieusement construits en carton sont rehaussés de jeux de mots
à la Prévert et d’images licencieuses peintes en noir et blanc. Trop rarement
présentée en France, Alice Anderson occupe l’Hôtel de l’Industrie
avec une sculpture-installation où le tissage de milliers de fils
en or génère une forme labyrinthique majestueuse. Quant à
Artus de Lavilléon, c’est dans un ancien atelier en fond de cour
qu’il déploie ses grands dessins à mi-chemin entre le graffiti et
le slogan publicitaire. Avec le papier pour thème cette année, les
LE COLLECTIF
37 autres expositions méritent le détour, telle Nicole Tran Ba Vang
LE GUN,
chez Barbara Bui avec ses peintures détournant l’esthétique de la
FORMÉ DE
publicité luxueuse pour magazines de mode, ou encore Cathryn
CINQ ARTISTES,
Boch et ses papiers cousus et peints chez La Perla. On peut
INTERVIENT
également citer Derrick Adams chez Hackett London, Alexandra
AU CAFÉ DE
Loewe chez Martin Margiela ou Fritz Panzer chez Robert Clergerie.
FLORE AVEC UNE
INSTALLATION
ASSEZ
DÉTONANTE
12E ÉDITION DU PARCOURS SAINT-GERMAIN, jusqu’au 31 octobre,
point accueil, Place Saint-Germain, 76006 Paris,
http://www.parcoursaintgermain.com
Intervention de
Le Gun au Café de
Flore dans le cadre
du Parcours SaintGermain 2014.
© Suzanne Tarasieve,
Paris. © Photo :
Flavien Prioreau.
RUBRIQUE
SPÉCIAL
FIAC
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FIAC
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24
Propos recueillis
Dans cette rubrique spéciale FIAC, nous faisons dialoguer
des ar tistes avec des collectionneurs qui leur ont donné un
coup de pouce à un moment stratégique de leur parcours.
par Roxana Azimi
LE QUOTIDIEN DE L’ART | MERCREDI 22 OCT. 2014 NUMÉRO 696
Éva Bergera et Pierre-Antoine
Baubion
Éva Bergera et Pierre-Antoine Baubion se sont rencontrés
lors du dernier Salon de Montrouge. Le collectionneur
l’a exposé ensuite chez lui.
Roxana Azimi_Pourquoi choisissez-vous de montrer des artistes du
Salon de Montrouge ?
PAB_Je suis intéressé par l’art contemporain en général, mais
Éva Bergera
fondamentalement par l’émergence. Lorsque j’avais une société, je m’intéressais
et Pierre-Antoine
aux énergies nouvelles. J’estime que comme collectionneur, on ne doit pas se
Baubion.
contenter d’observer. Il faut participer.
© Photo :
Roxana Azimi.
Quelle est votre façon de « participer » ?
PAB_Au Salon de Montrouge, il y a déjà une bonne sélection. Je fais mon
tour et je choisis trois ou quatre artistes qui font sens pour moi. Je les expose
en juin-juillet chez moi, à Courbevoie. Je fais tout cela sans formalisme. À
Montrouge, les artistes bénéficient d’un coup de projecteur fabuleux, mais après,
le soufflé retombe. À ma toute modeste échelle, je propose de prolonger l’éclairage.
JE PENSAIS
Qu’est-ce que ce coup de projecteur vous a apporté ?
QUE LES
EB_À Montrouge j’ai rencontré ma galerie, qui me présente actuellement
COLLECTIONNEURS
N’ACHETAIENT sur la plateforme Émergence à Slick Attitude. Chez Pierre-Antoine, j’ai pu
rencontrer Benjamin Nay, un jeune collectionneur qui me présente au prochain
QUE DES
VALEURS SÛRES. Prix Découverte du Palais de Tokyo. J’y ai aussi rencontré des membres de l’Adiaf.
JE DÉCOUVRE
C’est vraiment une suite.
SOUDAIN DES
PAB_Pour moi, c’est le début d’un contact privilégié avec les artistes.
GENS QUI
Quelle image aviez-vous jusque-là des collectionneurs ?
VEULENT SUIVRE
EB_Je n’avais pas vraiment d’image. Je suis étonnée par leur engagement.
LES JEUNES
Je pensais que les collectionneurs n’achetaient que des valeurs sûres. Je découvre
ARTISTES
soudain des gens intéressés, qui veulent suivre les jeunes artistes. Lorsque j’ai
(ÉVA BERGERA)
reçu le courriel de Pierre-Antoine Baubion, je ne savais pas trop quoi penser, je
ne le connaissais pas. J’ai demandé à Stéphane Corréard [directeur du Salon de
Montrouge] ce qu’il en pensait et il m’a dit : « vas-y ».
Sur quelle durée pensez-vous suivre les artistes que vous sélectionnez ainsi ?
PAB_Certains artistes n’ont pas besoin de moi. On ne peut pas non plus
éternellement suivre. Je donne le petit coup de pouce entre le coup de projecteur
de Montrouge et l’entrée dans le monde de l’art.
MONTROUGE
Par Julie Portier
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26
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
Amélie Bertrand :
“Trap-paintings”
Amélie Bertrand peint. Elle peint lentement, avec une rigueur
égale à sa désinvolture. Elle peint dans son studio, en haut de
la tour du 6-B à Saint-Denis, comme dans l’atelier d’un maître
de la Renaissance, en écoutant à fond les claviers
monophoniques de Zombie Zombie. Après avoir exposé au Salon
de Montrouge en 2009, elle présente ses trois dernières toiles sur
le stand de la galerie Semiose à (OFF)ICIELLE. Et c’est au Collège
de France qu’elle parlera de sa peinture le 31 octobre dans un
colloque organisé par la chaire de métaphysique et philosophie
de la connaissance : « c’est pas mortel ? ».
AMBIANCES
VITRIFIÉES DIGNES
DES JEUX VIDÉO
OÙ IL S’AGIT DE
TROUVER UNE
TRAPPE POUR
ÉCHAPPER AU
PIRE
Elle ne dessine jamais mais détoure sur Photoshop des images trouvées
sur Internet. Sa palette lui paraît la plus juste quand elle ressemble à un
système RVB. Ses couleurs ne montent pas en jus mais s’appliquent en
couches uniformes. Si Piero della Francesca voyait ses perspectives, il se
retournerait dans sa tombe. Son « Grand Tour », elle l’a fait le long des
stations balnéaires décaties, aux abords des mini-golfs en faillite ou dans les
jardinets des zones pavillonnaires. C’est de ces paysages fabriqués pour les
besoins de l’enchantement qu’Amélie Bertrand tire ses motifs anxiogènes,
ensuite ré-agencés sur la toile où ils s’imbriquent, s’articulent, se chevauchent,
se coincent parfois, pris dans une rixe chirurgicale sans drame ni fioriture car
ce genre d’affects ne l’intéresse pas. D’ailleurs, elle ne fait aucun commentaire
au sujet de cette apparente obsession pour le style médiéval dévoyé au rayon
décoration des jardineries ou dans d’autres boudoirs moins fréquentables, ni
sur ces ambiances vitrifiées dignes des jeux vidéo où il s’agit de trouver une
trappe pour échapper au pire (curieusement, elle n’y a jamais mis les pieds).
S’il est tentant d’attribuer un commentaire philosophique à cette récurrence
de signes menaçants - chaînes, pics anti-pigeons, grillages, murs capitonnés
ou pierres tombales - et à l’accord parfait entre les attributs de la guerre
et du divertissement baignés dans une lumière californienne, pour Amélie
Bertrand il n’y a là que des solutions à des problèmes de peinture. En somme,
À gauche, Amélie
Bertrand, Trap, 2014,
huile sur toile,
90 x 80 cm. Courtesy
Semiose galerie, Paris.
Amélie Bertrand,
Sans titre, 2014, huile
sur toile, 90 x 80 cm.
Courtesy Semiose
galerie, Paris.
/…
RUBRIQUE
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28
MONTROUGE
LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698
si ses ciels sont bleus ou ses arbres sont des palmiers,
c’est parce que la texture vaporeuse des nuages ou des buissons ne convient
pas à sa manière de peindre. La toile est envisagée comme une surface à
remplir de motifs sans profondeur, où il s’agit d’importer des contrastes de
couleur, des ombres, des lignes dynamiques et des perspectives tronquées
« pour voir si ça tient toujours ». Cet
attirail de simili sert une stratégie
anti-illusionniste, où le tableau ne
promet aucun horizon : derrière le
décor, on accède à un autre décor. Il
reconduit à sa surface toute tentative
de s’y projeter, après avoir appâté le
regard pour mieux le coincer dans un
angle ou le piéger dans une treille,
ne faisant qu’appliquer les stratégies
perverses du spectacle. Ces peintures
ne racontent rien, elles ne représentent
rien, mais leur présence est terrifiante.
Plus glaçante encore est cette manière
d’aboutir au faux en épurant le vrai,
et retomber par coïncidence sur le réel
bordé de palissades, de sorte que cette
claustrophobie en plein air ressemble
à une expérience vécue. Non loin d’ici,
la barque de Truman est venue se cogner contre l’horizon en carton.
SUITE DE LA PAGE 26
A MÉ L I E
BE RTRA N D :
“ TRAP-PA INTI NG S”
Texte publié dans le cadre du programme de suivi critique des artistes du Salon de Montrouge, avec
le soutien de la Ville de Montrouge, du Conseil général des Hauts-de-Seine, du ministère de la Culture
et de la Communication et de l’ADAGP.
Amélie Bertrand,
Palmiers, 2014,
huile sur toile,
150 x 130 cm.
Courtesy Semiose
galerie, Paris.
Fiac Daily Edition
OC TOBE R 24TH 2014
Sonia Delaunay,
a colorful woman
IV
I
FRANÇOIS
PINAULT
PULLS OUT ALL THE
STOPS AT FIAC
III
EXPERIENCE
OF LOSS
WWW.THE-ART-DAILY-NEWS.COM
I SSUE 6 9 8
FIAC
II
THE ART DAILY NEWS | OCTOBER 24TH 2014 ISSUE 698
François Pinault
pulls out all the stops at FIAC
By Roxana Azimi
François Pinault.
© Photo: Matteo De Fina
Raymond Hains,
SAFFA, 1971. Galerie
Max Hetzler (BerlinParis)
© Photo: Roxana
Azimi
When one loves something, one doth not count the cost! Such is
the collector François Pinault’s philosophy. Together with his advisors and
collaborators (Jean-Jacques Aillagon, Caroline Bourgeois, Odile de Labouchère
and Martin Bethenod), the collector bought no less than 37 artworks at FIAC
on Wednesday – all in a single morning! The Breton billionaire may well
possess numerous beautiful pieces by Roni Horn, but he still accorded ample
attention to an opaline blue sculpture at Hauser & Wirth (Zürich, London).
He specifically set his sights on the historically important Saffa by Raymond
Hains at Max Hetzler (Berlin, Paris), RH Quaytman at Miguel Abreu (New
York) and Robert Gober at Matthew Marks (New York). Not to mention a
little foray to (OFF)ICIELLE, where he notably acquired works by Moussa Sarr
at the Galerie Martine et Thibault de la Châtre.
Le Quotidien de l’Art
-Agence de presse et d’édition de l’art - - 61, rue du Faubourg Saint-Denis 75010 Paris - - ÉDITEUR Agence de presse et d’édition de l’art, Sarl au capital social
de 10 000 euros. 61, rue du Faubourg Saint-Denis, 75010 Paris - - RCS Paris B 533 871 331 - - CPPAP 0314 W 91298 - - ISSN 2275-4407 - www.lequotidiendelart.com - - Un site internet hébergé par Serveur Express, 8, rue Charles Pathé à Vincennes (94300), tél. : 01 58 64 26 80
PRINCIPAUX ACTIONNAIRES Nicolas Ferrand, Guillaume Houzé, Jean-Claude Meyer - - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Nicolas Ferrand - - DIRECTEUR DE LA RÉDACTION
Philippe Régnier ([email protected]) - - RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Roxana Azimi ([email protected]) - - MARCHÉ DE L’ART Alexandre
Crochet ([email protected]) - - EXPOSITIONS, MUSÉES, PATRIMOINE Sarah Hugounenq ([email protected]) - - TRADUCTIONS Audrey
Concannon, Simon Thurston CONTRIBUTEURS Cédric Aurelle, Emmanuelle Lequeux, Isabelle de Wavrin, Julie Portier - - DIRECTRICE COMMERCIALE Judith Zucca
([email protected]), tél. : 01 82 83 33 14 - - ABONNEMENTS [email protected], tél. : 01 82 83 33 13 - - IMPRIMEUR Point44, 94500
Champigny sur Marne - - CONCEPTION GRAPHIQUE Ariane Mendez - - SITE INTERNET Dévrig Viteau © ADAGP Paris 2013 pour les œuvres des adhérents
VISUELS DE UNE Installation views of Douglas Gordon’s Solo exhibition «Phantom» at Gallery Yvon Lambert, Paris, April 2011. Image shows Douglas Gordon’s
installation «Phantom», 2010 - - Vue du nouvel accrochage du Musée Picasso Paris. © Photo : Béatrice Hatala.
Sonia Delaunay, Composition pour jazz, 2e série, No F 344, Paris 1952. © Pracusa 2013057. © Courtesy Natalie Seroussi et Galerie Zlotowski, Paris.
.
FIAC
III
THE ART DAILY NEWS | OCTOBER 24TH 2014 ISSUE 698
LE MUSÉE D’UNE NUIT (SCRIPT FOR LEAVING TRACES)
The Hippocrène Foundation
Paris 16 e — Until December 20 th
Experience of loss
The Hippocrène Foundation plays host on its modernist site
to the surrealist spirit of the David Roberts Arts Foundation
collection_by Emmanuelle Lequeux
Vue de l’exposition
« Le musée d’une
nuit (script for
leaving traces) ».
Courtesy Fondation
Hippocrène.
© Photo : Aurélie
Cenno.
Staking an exhibition on rolling the dice of objective chance? The David
Roberts Arts Foundation (DRAF), located in London, lends itself nicely to this
exercise in Paris during the FIAC week. The only way to choose artworks, from
over 2,000 works in the London collection, to slip
into the (spatially) small host site of the Hippocrène
Foundation meant carrying out a tailor-made
selection, expanding perspective through a proper
dose of fiction. So the Director of DRAF, Vincent
Honoré, drew inspiration from the architecture
created by Mallet-Stevens. In fact, the latter designed
the entire street. And Honoré unearthed everything
in the collection that might resonate with the
space: a photograph by Man Ray, who shot his film
Les Mystères du château de Dé at the Villa Noailles;
a drawing by Tamara de Lempicka; or a sculpture
by the Scot Martin Boyce, a direct reference to the
typography of the Modernist master. Around this
core group, enriched with the muted paintings of
Sergej Jensen or Ayan Farah, Honoré has designed an
unfinished scenario, haunted by surrealism. Like, for
instance, fragmented bodies, the horribly disjointed
doll from Sarah Lucas or the carved figure in black
wood by Enrico David. As Surrealist as a forest of
signs to decipher: indexed objects and antique heads
by Benoît Maire; a pile of mail heaped on the floor, prearranged by Nina Beier
and Marie Lund; or the mask shaped like a book of light, the iconic image
associated with Pierre Huyghe. Instrument of knowledge as much as blindness,
the latter piece effectively sums up an exhibition as much concerned with the
emergence of form as the threat of its disappearance.
PROPOS D’EUROPE 13: LE MUSÉE D’UNE NUIT (SCRIPT FOR LEAVING TRACES), until
December 20th, The Fondation Hippocrène, 12, rue Mallet-Stevens, 75016 Paris.
Tel: +33 (0) 1 45 27 78 09, www.fondation-hippocrene.fr
EXHIBITION
IV
THE ART DAILY NEWS | OCTOBER 24TH 2014 ISSUE 698
SONIA DELAUNAY, LES COULEURS DE L’ABSTRACTION
Musée d’ar t moderne de la Ville de Paris,
Paris 16 e — Until 22 Februar y 2015
Sonia Delaunay,
a colorful woman
The Musée d’art moderne de la Ville de Paris presents a
retrospective on the colorist Sonia Delaunay, who for far too long
remained in the shadow of her husband Robert. The latter
is currently the subject of an exhibition at the Pompidou Center_
by Roxana Azimi
Portrait by André
Villers, 1971.
© Pracusa 2013057.
© BNF. André Villers.
© Adagp, Paris 2014.
The Sonia Delaunay
retrospective at the Musée d’art
moderne de la Ville de Paris is
rewarding for two reasons: dense
and finely constructed, it aids in
gauging the scope and intelligence
of an oeuvre equal to capturing
both aesthetic changes and social
upheavals. It has resulted in a
simultaneous exhibition of works
by her husband, Robert Delaunay,
at the Pompidou Center. Actually,
it was high time that the museums
re-examined Sonia whose last
retrospective dates back to 1967...
The public collections, principally
the Pompidou Center and the
Bibliothèque nationale de France,
retain an abundance of her works,
thanks to donations she made in
1964 and 1977. Yet her work has
too often been viewed in relation
to, if not to say, on the sidelines
of her husband’s work. ‘The texts
on the history of abstraction were
written in a manner that is scarcely
modern,” notes Anne Montfort, co-curator of the
YET HER WORK
exhibition. “Reading Bernard Dorival, he talks about
HAS TOO OFTEN
Sonia only until Robert’s death in 1941; later, there
BEEN VIEWED
are two lines about her. Michel Seuphor excludes her
IN RELATION
from the history of abstract painting because she was
TO, IF NOT TO
close to the street arts and fashion. On Robert’s death,
SAY, ON THE
Sonia sought to write about her husband’s work and
SIDELINES OF
ended up being merged with the latter until her own
HER HUSBAND’S
WORK
work became indistinguishable from his”. Added to
this was a stubborn machismo... it was not until the
late 1960s that Sonia Delaunay came to be regarded as a living treasure, and
invited to appear on television programs.
From the outset, the chronological exhibition design establishes the
specific traits associated with this artist, then called Terk, a young student
from the enlightened St. Petersburg bourgeoisie. Although enmeshed for
four decades with Robert, whom she met in 1907 and married three years
/…
EXHIBITION
V
THE ART DAILY NEWS | OCTOBER 24TH 2014 ISSUE 698
later, her training and her approach to color were different. A student at the
Academy of Fine Arts in Karlsruhe, she later moved to Paris. Between 1906
and 1908, she tried her hand at all the styles before finding her own with
Yellow Nude, 1908, which points to the influence of Matissian ornaments,
colors coming from the Fauves and Die Brücke. Cubism? She barely adhered
to it, probably because composition took precedence over color, which she
could not abandon. “Before meeting Robert, Sonia was already an accomplished
painter,” insists Cécile Godefroy, co-curator of the event.
Except that upon meeting him, she briefly
put painting aside and engaged in “ladies’ works”:
BETWEEN 1906
embroidery and patchwork. Though not for long. The
AND 1908, SHE
couple invented a formal language, Simultanism – all
TRIED HER HAND
AT ALL THE STYLES circles, curves and rectangles, which culminated in the
Prose du Transsibérien et la petite Jehanne de France (Prose
BEFORE FINDING
of the Trans-Siberian and of Little Jehanne of France)
HER OWN WITH
YELLOW NUDE
where Sonia’s motifs accompanied poetry by Blaise
Cendrars. But she would go further, offering a genuinely
comprehensive aesthetic that would overflow into the domestic sphere and
into the streets that so fascinated her, as evidenced by the sublime Bal Bullier,
1913, on loan from the Musée national d’art moderne/Centre Pompidou..
Like the Russian avant-garde and the Italian Futurists, Sonia Delaunay
was not afraid of the Applied Arts: she was firing on all cylinders – designing
dresses, costumes and book bindings, in addition to dabbling in advertising.
Thanks to this versatile talent she would be the family’s breadwinner from
1921, when she began to sell her models. Robert supported her by patenting
a device for presenting fabrics, reconstituted here for the exhibition. Sonia’s
artistic journey did not end with the death of her dear collaborator in 1941.
In the 1950s and 1960s, she enlarged her formats, freed herself from the
language of the 1920s, and joined the Groupe Espace. She also injected color
into some of Charlotte Perriand’s libraries for the Maison de la Tunisie at the
Cité universitaire de Paris. She was creative, active and tireless to the end.
SONIA DELAUNAY, LES COULEURS DE L’ABSTRACTION, until 22 February 2015 at the
Musée d’art moderne de la Ville de Paris. 11 Avenue du Président Wilson, 75116 Paris.
Tel: +33 (0) 1 53 67 40 00, www.mam.paris.fr
ROBERT DELAUNAY, RYTHMES SANS FIN, until 12 January 2015 at the Pompidou Center,
75004 Paris. Tel: +33 (0) 1 44 78 12 33, www.centrepompidou.fr
Sonia Delaunay,
Rythme Couleur, 1964.
© Pracusa 2013057.
© Musée d’Art
Moderne de la Ville de
Paris / Roger-Viollet.

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