vendredi 24 octobre 2014 numéro 698
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VENDREDI 24 OCTOBRE 2014 N UMÉ RO 6 98 OUTSIDER ART FAIR : L’ART BRUT FAIT LA FOIRE Lire page 16 FIAC 2014 : LA DERNIÈRE D’YVON LAMBERT page 4 ENTRETIEN AVEC LAURENT LE BON, PRÉSIDENT DU MUSÉE PICASSO PARIS page 12 WWW.LEQUOTIDIENDELART.COM SUSPENS AUTOUR DU PRIX MARCEL DUCHAMP 2014 page 7 2 EUROS BRÈVES PAGE 03 LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 LE MUSÉE DU QUAI BRANLY REND HOMMAGE À CHRISTOPHE DE MARGERIE > Le musée du quai Branly, à Paris, a salué le 21 octobre la mémoire de « l’un de ses Grands Mécènes historiques », Christophe de Margerie, PDG de l’entreprise Total, décédé le 20 octobre dans un accident d’avion à Moscou. « Amateur d’art éclairé, et très impliqué dans les actions de la Fondation d’entreprise Total, Christophe de Margerie avait tenu à soutenir les actions du musée du quai Branly pour promouvoir un art accessible au plus grand nombre. Les valeurs au cœur des missions du musée du quai Branly : le dialogue et le respect des cultures, sont également celles que partageait le Président emblématique du groupe Total », a indiqué l’institution parisienne. La Fondation Total soutient le musée depuis sa création à la fois sur le terrain de ses expositions temporaires, de sa journée des associations, que pour les résidences de son festival Photoquai. GERARD VAUGHAN NOMMÉ À LA TÊTE DE LA NATIONAL GALLERY D’AUSTRALIE > Professeur associé à l’Australian Institute of Art History, à l’université de Melbourne, Gerard Vaughan a été nommé pour trois ans, par le ministre fédéral australien de la Culture, George Brandis, directeur de la National Gallery d’Australie, à Canberra, à compter du 10 novembre. Il succède à Ron Radford, qui a fait valoir ses droits à la retraite le 30 septembre, après 12 ans de service à ce poste. Gerard Vaughan fut précédemment directeur de la National Gallery of Victoria à Melbourne pendant 13 ans, jusqu’en juillet 2012, et directeur du British Museum Development Trust. Selon les médias australiens, cette nomination vise à restaurer la réputation du musée après le scandale né de la restitution, le mois dernier, d’une statue médiévale de Shiva au gouvernement indien, après que des recherches ont démontré qu’elle avait été exportée illégalement. CHRIS FITZPATRICK PREND LES RÊNES DE LA KUNSTVEREIN DE MUNICH > Directeur du centre d’art contemporain Objectif Exhibitions à Anvers depuis 2012, Chris Fitzpatrick a été nommé directeur de la Kunstverein de Munich, a annoncé hier le conseil d’administration de l’institution. Le curateur américain succédera le 1er janvier 2015 à Bart van der Heide, en poste depuis cinq ans. Chris Fitzpatrick. © Photo : Kunstverein München. Remise des Prix de la Fondation Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, mardi 21 octobre 2014, salle Wagram à Paris. © C.Doutre-CAPA Pictures pour la Fondation Bettencourt Schueller. LES LAURÉATS DU PRIX BETTENCOURT POUR L’INTELLIGENCE DE LA MAIN DÉCERNÉS > Placée sous la présidence de Françoise Bettencourt Meyers, la 15e cérémonie du prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la main a distingué mardi 21 octobre au soir, salle Wagram à Paris, deux artisans d’art, un designer et, pour la première fois, un acteur des métiers d’art, au travers de la nouvelle récompense Parcours. Nathanaël Le Berre, dinandier, a reçu pour son œuvre L’Infini le prix Talents d’exception, qui récompense une réalisation alliant qualité esthétique et maîtrise des savoirfaire. Gérard Borde, céramiste, et Marc Aurel, designer, se sont vus attribuer le prix Dialogues, récompensant leur collaboration, pour le fauteuil Beyrouth. Enfin, Yann Grienenberger, directeur du Centre international d’art verrier de Meisenthal (Moselle), a reçu le prix Parcours, pour sa contribution au secteur des métiers d’art. Les œuvres lauréates des six dernières éditions sont exposées du 24 au 27 octobre dans les nouveaux locaux de la maison de ventes Piasa, 118 rue du Faubourg SaintHonoré, à Paris 8e. ALAIN SEBAN ET BERNARD BLISTÈNE ENTRENT DANS LA LISTE POWER 100 > Alain Seban et Bernard Blistène, respectivement président du Centre Pompidou et directeur du musée national d’art moderne, font leur entrée dans le Power 100, liste des personnes les plus influentes du monde de l’art, dont l’édition 2014 vient d’être communiquée par le magazine ArtReview. Ils occupent, ensemble, la 12e place. Nicholas Serota, directeur de la Tate à Londres, se retrouve sur la première marche du podium. Il est suivi du galeriste David Zwirner (New York), d’Iwan Wirth (galerie Hauser & Wirth, Zürich, Londres, New York, Los Angeles), de Glenn D. Lowry, le directeur du MoMA (New York), de l’artiste Marina Abramovic, d’Hans Ulrich Obrist et Julia Peyton-Jones, directeurs des Serpentine Galleries (Londres), puis de l’artiste Jeff Koons, du marchand Larry Gagosian, de la galeriste Marian Goodman et, à la 10e place, de la photographe Cindy Sherman. www.artreview.com/power_100/ FIAC PAGE 04 LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 Au revoir, Monsieur Lambert Par Roxana Azimi Cette édition de la FIAC est la dernière pour le galeriste parisien Yvon Lambert qui a décidé de fermer sa galerie après plus de quarante ans d’une riche activité. Les exposants de la FIAC réagissent à ce départ et à l’évolution récente du métier. Yvon Lambert sur son stand de la FIAC. © Photo : Roxana Azimi « Je suis un peu ému ». Yvon Lambert tourne la page : ce sera sa dernière FIAC. Cet été, il a annoncé la fermeture de sa galerie après plus de quarante ans d’activité. Autant dire qu’il représente un morceau d’histoire et qu’il fut le témoin des mutations du monde des galeries. Pour justifier son retrait du milieu de l’art, Yvon Lambert évoque une lassitude : « Je ne me reconnais pas dans ce métier ». Un métier qui, dans le haut du panier, rime avec une course contre la montre pour garder les artistes. « Il faut être là dans les commencements, les moments forts, les creux d’une carrière », remarque Olivier Belot, actuel directeur de la galerie Lambert, qui ouvrira en 2015 son propre espace à Saint-Ouen. Pour un tel accompagnement, il faut désormais mettre le paquet. Pour l’exposition de Lee Ufan au Château de Versailles, le Parisien Kamel Mennour a engagé deux personnes, l’une pour assister l’artiste coréen pendant neuf mois, l’autre pour contrôler l’entretien des pièces dans le parc durant l’exposition. Il a aussi dû financer 100 % de la production de l’exposition de Lili Reynaud-Dewar au Magasin de Grenoble en 2012. De son côté, Emmanuel Perrotin doit injecter quelque 12 millions de dollars par an pour produire les œuvres de Takashi Murakami. Car les galeries se substituent fréquemment aux institutions, de plus en plus désargentées. Toute cette bonne volonté ne suffit pas. Il faut s’agrandir dans des espaces parfois pharaoniques, voire se développer à l’étranger. Non content d’avoir l’un des plus beaux espaces parisiens, Emmanuel Perrotin dispose de deux antennes, à Hongkong et à New York, tandis que son confrère Thaddaeus Ropac se déploie entre Paris, Pantin et Salzbourg. Une frénésie immobilière au prix de l’étranglement. « On peut être débordé financièrement. C’est no limit et non stop », reconnaît Emmanuel Perrotin. Kamel Mennour le dit bien : « Tous les trois ou quatre ans, il faut se mettre à niveau ». Un flux tendu qui peut lasser. Si la décision d’Yvon Lambert a provoqué YVON LAMBERT REPRÉSENTE UN MORCEAU D’HISTOIRE ET IL FUT LE TÉMOIN DES MUTATIONS DU MONDE DES GALERIES /… PAGE 05 FIAC un séisme dans le Landerneau parisien, il n’est pas le seul à avoir choisi de fermer. L’an dernier, le galeriste parisien Jérôme de Noirmont a aussi tiré sa révérence pour se concentrer sur la production d’œuvres. Serge Le Borgne avait aussi déclaré forfait en 2010, face à la financiarisation croissante de l’art. Mais le parallèle le plus probant est celui avec Anthony d’Offay. Le marchand britannique a lui aussi défrayé la chronique en 2001 en annonçant la fermeture de sa galerie londonienne alors qu’il était au faîte de sa carrière. Tout comme Yvon Lambert, qui fit don à l’État français de sa collection estimée à près de 100 millions d’euros, d’Offay s’est montré généreux envers le Royaume-Uni en cédant à prix cassé - 26,5 millions de livres sterling pour une valeur estimée de 125 millions de livres sterling - sa collection à la Tate à Londres et à la National Gallery of Scotland à Édimbourg. Sans doute PEU DE avait-il senti que sa galerie n’était MARCHANDS plus la plus énergique, même si elle SONGENT restait lucrative. Ou peut-être avait-il TOUTEFOIS anticipé la crise… À S’ARRÊTER, Peu de marchands songent À BAISSER LA VOILURE OU À toutefois à s’arrêter, à baisser la CHANGER DE voilure ou à changer de métier. MÉTIER « Quand je fais une visite d’atelier, je peux avoir la même vieille sensation que j’avais eue quand j’ai rencontré Dan Graham ou Richard Long, affirme Nicholas Logsdail, qui a fondé en 1967 la Lisson Gallery à Londres. On ne sait jamais ce qu’il y a au coin de la rue. Je suis plus fort qu’au début, je sais plus de choses ». « J’espère mourir sur scène. Pour l’instant », sourit pour sa part le Parisien Georges-Philippe Vallois. Yvon Lambert, lui, préfère s’adonner à son autre passion, la bibliophilie. Mais il ne saurait tirer le rideau sans nous surprendre encore une dernière fois. Pour le final, il expose… Adel Abdessemed (du 29 novembre au 20 décembre), un artiste avec lequel il n’a jamais travaillé auparavant et dont il ne présentera que des nouvelles pièces. « C’est bien d’étonner les gens », glisse un Lambert malicieux satisfait de partir au bon moment et avec panache. SUITE DE LA PAGE 04 AU RE V O I R , MO NS I E UR LAMBE RT Le galeriste Kamel Mennour à la FIAC. © Photo : Roxana Azimi Vue du stand de la galerie Lisson sur la FIAC. © Photo : Roxana Azimi LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 PAGE 06 PHOTOS FIAC LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 Ils ont acheté à la FIAC Par Roxana Azimi Le collectionneur Tony Salamé Adrian Villar Rojas, 1990, de la série «Today We Reboot the Planet», 12, 2014, 29,7 x 42 cm. Courtesy Kurimanzutto, Mexico City. Le collectionneur Laurent Dumas Gilles Barbier, Grande fontaine de chocolat, 2014. Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, Paris. Le collectionneur Thibaut Poutrel Marwa Arsanios, Carlton, 2008. Galerie mor.charpentier (Paris, Bogota). FIAC Par Julie Portier PAGE 07 LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 Suspens pour le Prix Marcel Duchamp 2014 Les artistes sélectionnés pour le Prix Marcel Duchamp présentent leur travail jusqu’au 26 octobre à la FIAC. Le lauréat sera annoncé demain, samedi 25 octobre, à 11h30, sous l’escalier d’Honneur. Portraits. JULIEN PRÉVIEUX Julien Prévieux, What Shall We Do Next? (Séquence #3), 2014, film 2k, 17’. Courtesy Galerie Jousse Entreprise. projet What Shall Julien Prévieux. des gestes de © Photo : D. R. Gestuelle du futur Théo Mercier, Youth hostel. © Erwan Fichou & Théo Mercier. Théo Mercier. © Photo : Assaf Shoshan. THÉO MERCIER Pierres de cauchemar Ce n’est pas une collection de pierres rares que l’on croirait dessinées d’un pinceau expert, comme les pierres de rêves dont les paysages, révélés dans les marbrures, sur la tranche lisse, épataient les esthètes. Celles-ci seraient plutôt des pierres de cauchemars. Théo Mercier les collectionne avec la même fascination qu’un Roger Caillois, à l’ère du faux mondialisé et au temps où la catastrophe est un motif décoratif. Pour le Prix Marcel Duchamp, il présente ses sculptures d’aquarium, « ready-made-in China » chinés dans le monde entier, reflétant peut-être entre les écailles de quelques espèces exotiques couvées en jardinerie, une certaine idée locale du style antique. Ces ruines miniatures de mondes engloutis-déglutis viennent poser leurs fondations en plastique sur des étagères de type standard, fabriquées en marbre de Carrare. Car le renversement - ou le dessalage comme on dit en navigation - des valeurs est ce à quoi s’emploie Théo Mercier, davantage semble-t-il, qu’à reprendre la complainte du monde disparu sous sa propre image : « (il) ne regrette rien ». Entamé en 2006, le we do next s’empare manipulation de matériel high tech, tels qu’ils sont décrits dans la littérature particulière des brevets technologiques. Julien Prévieux poursuit cette exploration dans un nouveau film et une série de pièces dansées réalisées lors d’une résidence à Los Angeles. En détournant les mouvements guidés par l’ergonomie d’objets qui n’existent pas encore - suivant en cela la méthode de la danse postmoderne qui s’approprie les gestes de la vie quotidienne -, la chorégraphie se situe à mi-chemin entre la science-fiction et la démonstration commerciale. Comme souvent chez Julien Prévieux, la transposition brouille le message et révèle le stade d’absurdité auquel les mouvements naturels et le libre arbitre sont contrariés par l’usage d’une technologie « intelligente ». Cette gestuelle normalisée redéployée dans une danse readymade s’opère enfin à la limite de la légalité, puisque « ce que nous allons faire plus tard » est la propriété des multinationales de l’électronique. L’appropriation, conjuguée au futur, est encore un geste politique. /… FIAC PAGE 08 LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 SUSPE Florian et Michaël Quistrebert, Stripes Painting 1, gesso et acrylique sur bois, 46 x 63 cm, 2013. Florian et Michaël Quistrebert. © Photo : D. R. FLORIAN ET MICHAËL QUISTREBERT Optique haptique Si, dans ses derniers mouvements, elle convoquait l’abstraction géométrique, n’oublions pas que cette œuvre à quatre mains s’est jadis exprimée dans une peinture chargée de romantisme noir. Florian et Michaël Quistrebert ne jurent par aucun style - l’inconstance est leur éthique - et ne sondent nullement les survivances formelles du modernisme : de son histoire, ils retiennent surtout l’extension du domaine des perceptions. Leur installation pour le Prix Marcel Duchamp est une nouvelle expérience visuelle, maximaliste, débordante, synesthésique peutêtre, bien qu’assez économe. La combinatoire entre une projection lumineuse au sol et une peinture épaisse au mur (une croûte chromée sans héritage identifiable dans l’art pictural noble, dotée en sus d’une led mauve comme celles des gadgets qui éclairent les trous de serrures) déstabilise le corps et l’esprit qui tentent de trouver un point de repère spatial ou conceptuel, tandis que les reflets se contredisent, dans une sorte de transe bipolaire, rustique et digitale. ÉVARISTE RICHER La caverne inversée Evariste Richer, Le Poids du monde dédoublé, 2014, balance de précision Pesola, charte kodak Q 13. Courtesy l’artiste, Galerie Meessen De Clercq & Galerie SchleicherLang. © Photo : Philippe Chancel. Evariste Richer : © Photo : D. R. À l’extérieur de l’espace d’exposition, comme sur le bas-côté de la scène ou à l’entrée de la caverne, est suspendu Le poids du monde retourné. Cette petite sculpture est composée d’un nuancier Kodak et d’une petite balance. « 6,2 grammes », tel est le poids du monde après sa capture photographique. En archéologue des outils de reproduction et de mesure qui confèrent à l’homme la certitude de maîtriser son environnement, Évariste Richer produit des épiphanies. Évocation du mythe platonicien passé par l’histoire de l’architecture moderne, le fond de cette caverne est tapissé d’un rayogramme bleu qui fait apparaître le déplacement du soleil sur la baie vitrée de l’atelier de l’artiste. Ce prélèvement, image à échelle 1, enregistrement d’un temps écoulé, restaure une technique utilisée pour les plans d’architecture et abandonnée à cause de sa toxicité. Sur les deux autres murs, deux mires comme deux yeux superposés regardent une vitrine qui présente les ustensiles de l’invention du feu : l’avènement de la première lumière artificielle et des ombres nocturnes. PRIX MARCEL DUCHAMP, jusqu’au 26 octobre, stands 0.D40/ D42/E40/E42, FIAC, Grand Palais, 75008 Paris, http://www.adiaf.com RUBRIQUE (OFF)ICIELLE PAGE 10 LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 (OFF)ICIELLE — Les docks–Cité de la mode et du design Paris 13 e — Jusqu’au 26 octobre La foire (OFF)ICIELLE vue par ses visiteurs, même Collectionneurs, art advisors et curateurs ont répondu présent à la foire (OFF)ICIELLE. Recueil d’impressions_par Cédric Aurelle John Henry Newton, 1994/1994 (Powercut), 2014, 55 x 70 x 50 cm. Frutta, Rome. C’est une « atmosphère chaleureuse et conviviale, l’impression de se retrouver en famille » que Delphine Perru, art consultant parisienne, retient de sa visite d’(OFF)ICIELLE. Elle est ravie d’avoir revu les beaux dessins d’Henry Darger chez J-P Ritsch-Fisch (Strasbourg) provenant d’une collection américaine, ainsi que les architectures d’A.C.M., un sculpteur d’art brut. Parmi ses belles découvertes, figure aussi le solo show de Moussa Sarr chez C’EST UNE Martine et Thibault de la Châtre (Paris). Les jeunes curatrices marseillaises « ATMOSPHÈRE Emmanuelle Luciani et Charlotte Cosson (qui assurent notamment la CHALEUREUSE programmation hivernale du MAMO, centre d’art de la Cité Radieuse) ET CONVIVIALE, ont pour leur part été particulièrement attentives à la proposition de L’IMPRESSION DE M+B Gallery, de Los Angeles, qui présente notamment Dwyer Kilcollin, un SE RETROUVER EN FAMILLE » artiste de la côte Ouest qu’elles avaient déjà découvert à l’Armory Show à (DELPHINE PERRU) New York et qu’elles envisagent à présent d’intégrer dans une prochaine exposition. Elles auraient toutefois apprécié de voir davantage de solo shows pour vraiment découvrir le travail d’artistes émergents. Simmy Swinder, art advisor basée à Los Angeles, a quant à elle été impressionnée par la qualité de la fréquentation, le nombre de collectionneurs américains, les « big names » présents le jour du vernissage. Elle a aimé le stand de la galerie romaine Frutta qui présente un duo, la Danoise Ditte Gantriis et le Britannique John Henry Newton. De son côté, le collectionneur Frédéric de Goldschmidt, basé entre Paris et Bruxelles, a noté la bonne humeur, « même si le lieu est un peu triste, mais il n’y a qu’un seul Grand Palais ! » Il a été particulièrement sensible au principe du stand partagé, par exemple entre les galeristes Levy.Delval (Bruxelles) et Anat Egbi (Los Angeles), une formule qui, selon lui, fonctionne bien même sur de petites superficies. Il y a notamment découvert le travail de Margo Wolowiec, dont il aurait aimé pouvoir acquérir une œuvre s’il avait été plus rapide ! (OFF)ICIELLE, jusqu’au 26 octobre, Les docks – Cité de la mode et du design, 34, quai d’Austerlitz, 75013 Paris, http://www.officielleartfair.com GILLES T. LACOMBE LES INOUIS Gilles T Lacombe Vilgota, série «Les inouis», 2014 Acier, bois, mèches d’archets en crin de chevaux mâles de Mongolie Pièces uniques © Galerie Catherine Houard 15,rue Saint-Benoît 75006 Paris [email protected] w w w. c a t h e r i n e h o u a r d . c o m INTERVIEW PAGE 12 LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 LAURENT LE BON, PRÉSIDENT DU MUSÉE PICASSO PARIS Propos recueillis par Roxana Azimi « J’aimerais que le musée Picasso soit un lieu de vie » Le Musée Picasso Paris rouvre demain, 25 octobre, après cinq ans de travaux et un psychodrame de six mois. L’institution propose un feu d’artifice d’environ 450 œuvres accrochées par l’ancienne présidente, Anne Baldassari. Roxana Azimi_La réouverture du musée Picasso est-elle attendue ou pâtitelle de la polémique concernant l’éviction de l’ancienne présidente, Anne Baldassari ? Laurent Le Bon_Le test des Journées européennes du patrimoine était intéressant pour mesurer l’intérêt des foules. La polémique a été une grosse campagne médiatique que nous n’aurions pas pu nous offrir. Il y a un bruit qui circule. Je constate que dans le Marais, tout le monde attend cette ouverture. N’êtes-vous pas déçu de ne pas avoir fait vous-même l’accrochage ? Non. L’histoire a fait que je suis arrivé dans une autre histoire en cours. Le train était lancé. J’ai passé l’âge de faire les choses trop rapidement. En revanche, je concevrai l’accrochage en septembre 2015 pour le trentième anniversaire du musée. Je vais essayer de mettre en valeur la face cachée, le continent des archives, les 200 000 pièces qui racontent tout le processus créatif. Je voudrais montrer Picasso comme j’ai montré Dada, le fonctionnement créatif qui fait qu’un bout de papier est aussi important qu’une huile. Vous insistez souvent sur l’idée de « moviment », monument et mouvement. Pourriez-vous préciser votre pensée ? Ce bâtiment a une histoire qui va du XVIIe siècle à Jean-François Bodin. On ne rentre pas dans quelque chose de figé, mais dans une JE VOUDRAIS complexité architecturale qu’il faut mettre en valeur. Il faut jouer en MONTRER PICASSO permanence en fonction de l’énergie et du budget, modifier les choses COMME J’AI par de nouveaux regards. Il n’y a pas un étage collection, un étage MONTRÉ DADA, LE exposition. Tout est exposition. FONCTIONNEMENT Picasso est certes un nom porteur mais n’est-il pas difficile de CRÉATIF QUI FAIT faire revenir régulièrement les gens dans un musée monographique ? QU’UN BOUT DE J’aimerais que le musée soit un lieu de vie. Nous sommes dans le PAPIER EST AUSSI Marais, l’un des quartiers les plus vivants. Nous faisons un partenariat IMPORTANT QU’UNE HUILE avec la foire YIA. Nous avons choisi deux artistes qui sont présentés dans le jardin. Le musée Picasso, c’est l’Hôtel Salé, le jardin, la cour. Laurent Le Bon. © Photo : Béatrice Hatala. Vue du nouvel accrochage du Musée Picasso Paris. © Photo : Béatrice Hatala. /… RUBRIQUE PAGE 14 INTERVIEW LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 Dans le décret constitutif du musée, certes tout doit tourner autour de Picasso, mais Picasso, c’est le XXe siècle, cela permet de relire l’histoire. À partir de 2016, nous allons essayer de prendre des thèmes plus larges, comme Picasso et le primitivisme, exposition du Quai Branly dont nous ferons un écho ici. Qu’avez-vous prévu après l’exposition inaugurale ? Nous avons une grande exposition sur la sculpture de Picasso en 2016. En septembre 2015, nous contribuerons à « Picasso et l’art contemporain » au Grand Palais et nous organiserons un écho chez nous. Nous avons l’idée de travailler en amont avec un grand artiste vivant. Il y a le projet en 2016 de Miquel Barceló qu’Anne Baldassari avait initié. Ce qui est intéressant, c’est de trouver un artiste habité par Picasso mais dont l’œuvre ne ressemble en rien à celle du maître. Vers 2017-18, nous irons au cœur de Picasso, EN SEPTEMBRE Picasso sur une année. C’est l’un des rares artistes dont on 2015, NOUS peut montrer un projet du 1er janvier au 31 décembre. Nous CONTRIBUERONS allons nous concentrer sur l’année 1932, entre deux moments À « PICASSO fondamentaux, le premier tome du Zervos [catalogue des ET L’ART œuvres de Pablo Picasso par Christian Zervos, fondateur CONTEMPORAIN » AU GRAND des Cahiers d’art] et la première grande monographie au PALAIS ET NOUS Kunsthaus de Zürich. Nous avons aussi avec le musée d’Orsay ORGANISERONS un projet Picasso bleu et rose, tentative de réunir une centaine UN ÉCHO CHEZ de chefs-d’œuvre. NOUS Une telle exposition coûte cher. Or, vous devez trouver plus de 60 % de ressources propres avec une jauge limitée, une cafétéria minuscule... Est-ce jouable ? Nous allons nous battre. Nous ne pourrons pas faire dix expositions par an. Actuellement, mis à part le groupe Eiffage, nous n’avons pas d’autres mécènes. Tout est à faire : une association d’amis, des cercles internationaux... Nous avons lancé une politique de privatisation qui marche. Les trois premiers mois sont pleins. Nous jouons de notre centralité, de la nouveauté du lieu. Il y a de la place pour des établissements d’échelle moyenne. On est plus efficace, réactif quand on est petit. Le public attend aussi des musées avec une forte identité. L’inauguration cette semaine de trois lieux à Paris, dont deux établissements publics, n’est-elle pas un cache-misère alors que les budgets sont contraints ? Citez-moi un pays où trois lieux ouvrent le même mois ? C’est certes la fin d’une histoire. Nous avons eu la chance de créer des lieux pendant quarante ans. Et c’est pas mal de se poser. Ce qui serait triste, c’est de ne pas avoir l’argent pour faire tourner ces établissements. SUITE DE LA PAGE 11 LAURE NT L E B O N, P RÉ SID E N T DU MUSÉ E PI CA SSO PARI S Vue du nouvel accrochage du Musée Picasso Paris. © Photo : Béatrice Hatala. RÉOUVERTURE DU MUSÉE PICASSO LE 25 OCTOBRE, 5, rue de Thorigny, 75003 Paris, jeune cr eati on .or g je u n e cre �a– t i on exposition d ’a r t contemporain — 65e édition 30.10 — 02.11 2014 a u C e n t q u at r e — Pa r i s 5 rue Curial 7 5 0 1 9 Pa r i s M ° s ta l i n g r a d / CriMée / riquet ve r n i s sag e m e r. 29.10 18 / 23 H C e ntq uatr e-Par i s, M i n i stèr e d e la C u ltu r e et d e la C o M M un i Cat i o n , l a r é g i o n i l e - d e - F r a n C e , l a V i l l e d e Pa r i s , n o r d - l i e u x d ’a r t C o n t e M P o r a i n , l e sY M e V, B o e s n e r , C oto n d o u x, li e u x-C o M M u n s, art [ ] C o lle Cto r, le Palai s d e s Par i s, l a F o n d at i o n d ’ e n t r e P r i s e r i C a r d , a r t o s a k a , i n s t i t u t F rançai s d u JaPo n kan sai, le Château d e s e rVièr e s, C utlo g, l’i e sa, o Pto Ma, BaVar ia, ae s o P, artP r e s s, s las h, Zér o d e u x, artaïs s i M e, le q u oti d i e n d e l’art, arte aCti o n s C u ltu r e lle s tél. 01 85 56 00 36, www.museepicassoparis.fr RUBRIQUE stand 0.a08 Pilar albarracín* Gilles barbier* — Julien berthier* Julien bismuth — mike bouchet alain bublex* — césar* richard Jackson* — alain Jacquet* adam Janes — Jean-Yves Jouannais martin kersels* — Paul kos — Paul m c carthY JeFF mills — arnold odermatt henrique oliveira* — niki de saint Phalle* Pierre seinturier — Jean tinGuelY* keith tYson — Jacques villeGlé* olav WestPhalen — Winshluss* virGinie YasseF *artistes Présentés sur notre stand 36, rue de Seine 75006 Paris — fr T.+33(0)1 46 34 61 07 www.galerie-vallois.com Image d’AlAIn BuBlex d’après l’œuvre de Gilles Barbier massimo Furlan — taro izumi PAGE 16 FOIRE OFF LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 OUTSIDER ART FAIR — Hôtel Le A, Paris 8 e Jusqu’au 26 octobre L’art brut fait la foire Pour la deuxième année consécutive, la Outsider Art Fair, créée il y a 22 ans à New York, s’installe à l’Hôtel Le A, à deux pas de la FIAC. Venus des quatre coins du monde, les 25 exposants présentent les œuvres directement dans leurs chambres. _par Richard Leydier LES TRAVAUX D’ARTISTES ISSUS DES SPHÈRES DE L’ART BRUT OU DE L’OUTSIDER ART INTÉRESSENT DE PLUS EN PLUS LE MONDE DE L’ART CONTEMPORAIN Œuvres de Paul Toupet, salle de bains de la Halle Saint Pierre, sur Outsider Art Fair. Le cadre particulièrement chaleureux de l’Hôtel Le A est propice à la rencontre avec les travaux d’artistes issus des sphères de l’art brut ou de l’outsider art. Ces derniers intéressent de plus en plus le monde de l’art contemporain. Air de Paris (Paris) expose ainsi les œuvres de Sarah Pucci, qui était la mère d’une artiste représentée par la galerie. Durant plusieurs années, elle a patiemment confectionné et envoyé à sa fille ce qu’elle nommait des « gages d’amour », soit des objets constitués de perles, de paillettes et de sequins, qui évoquent des gâteaux ou des boîtes de bonbons. Andrew Edlin (New York), qui dirige désormais la foire new-yorkaise, accroche quant à lui un beau dessin d’Henry Darger, mais aussi les architectures futuristes de /… PAGE 18 FOIRE OFF LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 Marcel Storr. Karen Lennox (Chicago) se concentre également sur les grands noms de l’art brut, comme James Castle ou Bill Traylor, mais elle montre aussi les peintures de Lee Godie, vieille femme qui vivait dans la rue. Signalons encore les paysages de Joseph Yoakum (chez Fleisher/ Ollman, Philadelphie), qui voyagea de par le monde, et les « mutants » de Roger Chomeaux (chez le commissaire-priseur Rouillac), ermite de la forêt de Fontainebleau qui bâtit un village en matériaux de récupération. Une mention spéciale sera attribuée aux défilés de majorettes dessinés par Bruce Davenport, Jr (chez Louis B. James, New York). SUITE DE LA PAGE 15 L’ ART BRUT FA I T LA FOI R E OUTSIDER ART FAIR, jusqu’au 26 octobre, Hôtel Le A, 4 rue d’Artois, 75008 Paris, http://fr.outsiderartfair.com À noter, une exposition organisée par Anne et Julien, créateurs de la revue HEY !, se tient au rez-de-chaussée. Œuvre de Marcel Storr sur le stand d’Andrew Edlin (New York). FOIRE OFF PAGE 20 LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 YIA (YOUNG INTERNATIONAL ARTISTS) ART FAIR Le Carreau du Temple, Paris 3 e — Jusqu’au 26 octobre YIA Art Fair, la foire du Marais La foire off s’installe cette année au Carreau du Temple pour unifier son plateau concentré sur la jeune création_par Damien Sausset Une saine énergie traverse la YIA Art Fair nouvellement installée au Carreau du Temple. Cinquante galeries issues de douze pays et près de cent artistes internationaux se mélangent dans un parcours si labyrinthique qu’il est parfois difficile de savoir où l’on se situe. Mais c’est justement cela qui fait le charme de ce salon. Les exposants ont ouvertement joué le jeu : présenter des artistes jeunes, parfois inconnus sous nos latitudes, à l’image de la galerie Sobering (Paris) qui présente les grands dessins du jeune Viet Bang Pham (1 500 – 10 000 euros) ou les œuvres étonnantes d’Alexandra Hopft. Tout aussi réussi est le stand de la Zoo Galerie de Nantes qui présente LES EXPOSANTS ONT les tissus brodés et les objets de Camille Tsvetoukhine (3 200 euros), OUVERTEMENT JOUÉ celui de Patricia Dorfmann (Paris) avec notamment une sculpture LE JEU : PRÉSENTER murale tout en miroir de Baptiste Debombourg (6 000 euros). DES ARTISTES Citons aussi le stand de School Gallery (Paris) en forme de cabinet JEUNES, PARFOIS de curiosité, celui de la galerie Van der Grinten (Cologne) avec INCONNUS SOUS des portraits peints d’artistes par Marcus Neufanger (2 500 euros) NOS LATITUDES et l’installation de Simon Schubert (4 300 – 8 600 euros), Vivien Roubaud (7 000 – 9 000 euros) chez Snap Projects (Lyon) ou Michael Rampa (4 800 – 8 000 euros) à la Galerie Christopher Gerber (Lausanne). Nombre de galeries ont opté pour des one-man-show. Certains stands accueillent de véritables installations comme Sara Favriau et sa ville aérienne en bâtonnets de bois (galerie Maubert, Paris) et surtout la très belle installation de Charlemagne Palestine chez Lara Vincy (Paris). Enfin, le YIA c’est aussi un parcours hors les murs dans le Marais avec notamment les films de Laurent Fievet au Musée Picasso et ceux de Michel Journiac aux Archives nationales. Bref, une bouffée d’air frais pour les amateurs d’art contemporain. YIA (YOUNG INTERNATIONAL ARTISTS) ART FAIR, jusqu’au 26 octobre, Le Carreau du Temple, 2, rue Eugène Spuller, 75003 Paris, http://yia-artfair.com Vue de l’installation de Simon Schubert, 12m2 sur YIA Art Fair, papier, poudre de graphite, sculpture en céramique. Courtesy Van der Grinten Galerie, Cologne. RUBRIQUE PAGE 021 LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 PAGE 22 EXPOSITION LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 12 E ÉDITION DU PARCOURS SAINT-GERMAIN — Quar tier de Saint-Germain-des-Prés, Paris 6 e — Jusqu’au 31 octobre Les artistes dans les petits papiers de SaintGermain-des-Prés Le Parcours Saint-Germain propose un florilège d’interventions d’artistes dans les boutiques et cafés de Saint-Germain-des-Prés, à Paris_Par Damien Sausset Parmi les propositions du Parcours Saint-Germain 2014, se distinguent trois interventions : celles d’Artus de Lavilléon, d’Alice Anderson et de Le Gun. Représenté par la galerie Suzanne Tarasieve (Paris), le collectif Le Gun, formé de cinq artistes, intervient au Café de Flore avec une installation assez détonante. Au premier étage, ils reconstituent le fameux Bar des Cornichons, haut lieu de beuverie pour quelques Surréalistes dans les années 1920. Tous les objets minutieusement construits en carton sont rehaussés de jeux de mots à la Prévert et d’images licencieuses peintes en noir et blanc. Trop rarement présentée en France, Alice Anderson occupe l’Hôtel de l’Industrie avec une sculpture-installation où le tissage de milliers de fils en or génère une forme labyrinthique majestueuse. Quant à Artus de Lavilléon, c’est dans un ancien atelier en fond de cour qu’il déploie ses grands dessins à mi-chemin entre le graffiti et le slogan publicitaire. Avec le papier pour thème cette année, les LE COLLECTIF 37 autres expositions méritent le détour, telle Nicole Tran Ba Vang LE GUN, chez Barbara Bui avec ses peintures détournant l’esthétique de la FORMÉ DE publicité luxueuse pour magazines de mode, ou encore Cathryn CINQ ARTISTES, Boch et ses papiers cousus et peints chez La Perla. On peut INTERVIENT également citer Derrick Adams chez Hackett London, Alexandra AU CAFÉ DE Loewe chez Martin Margiela ou Fritz Panzer chez Robert Clergerie. FLORE AVEC UNE INSTALLATION ASSEZ DÉTONANTE 12E ÉDITION DU PARCOURS SAINT-GERMAIN, jusqu’au 31 octobre, point accueil, Place Saint-Germain, 76006 Paris, http://www.parcoursaintgermain.com Intervention de Le Gun au Café de Flore dans le cadre du Parcours SaintGermain 2014. © Suzanne Tarasieve, Paris. © Photo : Flavien Prioreau. RUBRIQUE SPÉCIAL FIAC Votre abonnement de 1 an pour 195€ 155€ Offre valable du 22 au 29 octobre 2014 Pour profiter de cette offre,rendez-vous sur www.lequotidiendelart.com FIAC PAGE 24 Propos recueillis Dans cette rubrique spéciale FIAC, nous faisons dialoguer des ar tistes avec des collectionneurs qui leur ont donné un coup de pouce à un moment stratégique de leur parcours. par Roxana Azimi LE QUOTIDIEN DE L’ART | MERCREDI 22 OCT. 2014 NUMÉRO 696 Éva Bergera et Pierre-Antoine Baubion Éva Bergera et Pierre-Antoine Baubion se sont rencontrés lors du dernier Salon de Montrouge. Le collectionneur l’a exposé ensuite chez lui. Roxana Azimi_Pourquoi choisissez-vous de montrer des artistes du Salon de Montrouge ? PAB_Je suis intéressé par l’art contemporain en général, mais Éva Bergera fondamentalement par l’émergence. Lorsque j’avais une société, je m’intéressais et Pierre-Antoine aux énergies nouvelles. J’estime que comme collectionneur, on ne doit pas se Baubion. contenter d’observer. Il faut participer. © Photo : Roxana Azimi. Quelle est votre façon de « participer » ? PAB_Au Salon de Montrouge, il y a déjà une bonne sélection. Je fais mon tour et je choisis trois ou quatre artistes qui font sens pour moi. Je les expose en juin-juillet chez moi, à Courbevoie. Je fais tout cela sans formalisme. À Montrouge, les artistes bénéficient d’un coup de projecteur fabuleux, mais après, le soufflé retombe. À ma toute modeste échelle, je propose de prolonger l’éclairage. JE PENSAIS Qu’est-ce que ce coup de projecteur vous a apporté ? QUE LES EB_À Montrouge j’ai rencontré ma galerie, qui me présente actuellement COLLECTIONNEURS N’ACHETAIENT sur la plateforme Émergence à Slick Attitude. Chez Pierre-Antoine, j’ai pu rencontrer Benjamin Nay, un jeune collectionneur qui me présente au prochain QUE DES VALEURS SÛRES. Prix Découverte du Palais de Tokyo. J’y ai aussi rencontré des membres de l’Adiaf. JE DÉCOUVRE C’est vraiment une suite. SOUDAIN DES PAB_Pour moi, c’est le début d’un contact privilégié avec les artistes. GENS QUI Quelle image aviez-vous jusque-là des collectionneurs ? VEULENT SUIVRE EB_Je n’avais pas vraiment d’image. Je suis étonnée par leur engagement. LES JEUNES Je pensais que les collectionneurs n’achetaient que des valeurs sûres. Je découvre ARTISTES soudain des gens intéressés, qui veulent suivre les jeunes artistes. Lorsque j’ai (ÉVA BERGERA) reçu le courriel de Pierre-Antoine Baubion, je ne savais pas trop quoi penser, je ne le connaissais pas. J’ai demandé à Stéphane Corréard [directeur du Salon de Montrouge] ce qu’il en pensait et il m’a dit : « vas-y ». Sur quelle durée pensez-vous suivre les artistes que vous sélectionnez ainsi ? PAB_Certains artistes n’ont pas besoin de moi. On ne peut pas non plus éternellement suivre. Je donne le petit coup de pouce entre le coup de projecteur de Montrouge et l’entrée dans le monde de l’art. MONTROUGE Par Julie Portier PAGE 26 LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 Amélie Bertrand : “Trap-paintings” Amélie Bertrand peint. Elle peint lentement, avec une rigueur égale à sa désinvolture. Elle peint dans son studio, en haut de la tour du 6-B à Saint-Denis, comme dans l’atelier d’un maître de la Renaissance, en écoutant à fond les claviers monophoniques de Zombie Zombie. Après avoir exposé au Salon de Montrouge en 2009, elle présente ses trois dernières toiles sur le stand de la galerie Semiose à (OFF)ICIELLE. Et c’est au Collège de France qu’elle parlera de sa peinture le 31 octobre dans un colloque organisé par la chaire de métaphysique et philosophie de la connaissance : « c’est pas mortel ? ». AMBIANCES VITRIFIÉES DIGNES DES JEUX VIDÉO OÙ IL S’AGIT DE TROUVER UNE TRAPPE POUR ÉCHAPPER AU PIRE Elle ne dessine jamais mais détoure sur Photoshop des images trouvées sur Internet. Sa palette lui paraît la plus juste quand elle ressemble à un système RVB. Ses couleurs ne montent pas en jus mais s’appliquent en couches uniformes. Si Piero della Francesca voyait ses perspectives, il se retournerait dans sa tombe. Son « Grand Tour », elle l’a fait le long des stations balnéaires décaties, aux abords des mini-golfs en faillite ou dans les jardinets des zones pavillonnaires. C’est de ces paysages fabriqués pour les besoins de l’enchantement qu’Amélie Bertrand tire ses motifs anxiogènes, ensuite ré-agencés sur la toile où ils s’imbriquent, s’articulent, se chevauchent, se coincent parfois, pris dans une rixe chirurgicale sans drame ni fioriture car ce genre d’affects ne l’intéresse pas. D’ailleurs, elle ne fait aucun commentaire au sujet de cette apparente obsession pour le style médiéval dévoyé au rayon décoration des jardineries ou dans d’autres boudoirs moins fréquentables, ni sur ces ambiances vitrifiées dignes des jeux vidéo où il s’agit de trouver une trappe pour échapper au pire (curieusement, elle n’y a jamais mis les pieds). S’il est tentant d’attribuer un commentaire philosophique à cette récurrence de signes menaçants - chaînes, pics anti-pigeons, grillages, murs capitonnés ou pierres tombales - et à l’accord parfait entre les attributs de la guerre et du divertissement baignés dans une lumière californienne, pour Amélie Bertrand il n’y a là que des solutions à des problèmes de peinture. En somme, À gauche, Amélie Bertrand, Trap, 2014, huile sur toile, 90 x 80 cm. Courtesy Semiose galerie, Paris. Amélie Bertrand, Sans titre, 2014, huile sur toile, 90 x 80 cm. Courtesy Semiose galerie, Paris. /… RUBRIQUE PAGE 28 MONTROUGE LE QUOTIDIEN DE L’ART | VENDREDI 24 OCT. 2014 NUMÉRO 698 si ses ciels sont bleus ou ses arbres sont des palmiers, c’est parce que la texture vaporeuse des nuages ou des buissons ne convient pas à sa manière de peindre. La toile est envisagée comme une surface à remplir de motifs sans profondeur, où il s’agit d’importer des contrastes de couleur, des ombres, des lignes dynamiques et des perspectives tronquées « pour voir si ça tient toujours ». Cet attirail de simili sert une stratégie anti-illusionniste, où le tableau ne promet aucun horizon : derrière le décor, on accède à un autre décor. Il reconduit à sa surface toute tentative de s’y projeter, après avoir appâté le regard pour mieux le coincer dans un angle ou le piéger dans une treille, ne faisant qu’appliquer les stratégies perverses du spectacle. Ces peintures ne racontent rien, elles ne représentent rien, mais leur présence est terrifiante. Plus glaçante encore est cette manière d’aboutir au faux en épurant le vrai, et retomber par coïncidence sur le réel bordé de palissades, de sorte que cette claustrophobie en plein air ressemble à une expérience vécue. Non loin d’ici, la barque de Truman est venue se cogner contre l’horizon en carton. SUITE DE LA PAGE 26 A MÉ L I E BE RTRA N D : “ TRAP-PA INTI NG S” Texte publié dans le cadre du programme de suivi critique des artistes du Salon de Montrouge, avec le soutien de la Ville de Montrouge, du Conseil général des Hauts-de-Seine, du ministère de la Culture et de la Communication et de l’ADAGP. Amélie Bertrand, Palmiers, 2014, huile sur toile, 150 x 130 cm. Courtesy Semiose galerie, Paris. Fiac Daily Edition OC TOBE R 24TH 2014 Sonia Delaunay, a colorful woman IV I FRANÇOIS PINAULT PULLS OUT ALL THE STOPS AT FIAC III EXPERIENCE OF LOSS WWW.THE-ART-DAILY-NEWS.COM I SSUE 6 9 8 FIAC II THE ART DAILY NEWS | OCTOBER 24TH 2014 ISSUE 698 François Pinault pulls out all the stops at FIAC By Roxana Azimi François Pinault. © Photo: Matteo De Fina Raymond Hains, SAFFA, 1971. Galerie Max Hetzler (BerlinParis) © Photo: Roxana Azimi When one loves something, one doth not count the cost! Such is the collector François Pinault’s philosophy. Together with his advisors and collaborators (Jean-Jacques Aillagon, Caroline Bourgeois, Odile de Labouchère and Martin Bethenod), the collector bought no less than 37 artworks at FIAC on Wednesday – all in a single morning! The Breton billionaire may well possess numerous beautiful pieces by Roni Horn, but he still accorded ample attention to an opaline blue sculpture at Hauser & Wirth (Zürich, London). He specifically set his sights on the historically important Saffa by Raymond Hains at Max Hetzler (Berlin, Paris), RH Quaytman at Miguel Abreu (New York) and Robert Gober at Matthew Marks (New York). Not to mention a little foray to (OFF)ICIELLE, where he notably acquired works by Moussa Sarr at the Galerie Martine et Thibault de la Châtre. Le Quotidien de l’Art -Agence de presse et d’édition de l’art - - 61, rue du Faubourg Saint-Denis 75010 Paris - - ÉDITEUR Agence de presse et d’édition de l’art, Sarl au capital social de 10 000 euros. 61, rue du Faubourg Saint-Denis, 75010 Paris - - RCS Paris B 533 871 331 - - CPPAP 0314 W 91298 - - ISSN 2275-4407 - www.lequotidiendelart.com - - Un site internet hébergé par Serveur Express, 8, rue Charles Pathé à Vincennes (94300), tél. : 01 58 64 26 80 PRINCIPAUX ACTIONNAIRES Nicolas Ferrand, Guillaume Houzé, Jean-Claude Meyer - - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Nicolas Ferrand - - DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Philippe Régnier ([email protected]) - - RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Roxana Azimi ([email protected]) - - MARCHÉ DE L’ART Alexandre Crochet ([email protected]) - - EXPOSITIONS, MUSÉES, PATRIMOINE Sarah Hugounenq ([email protected]) - - TRADUCTIONS Audrey Concannon, Simon Thurston CONTRIBUTEURS Cédric Aurelle, Emmanuelle Lequeux, Isabelle de Wavrin, Julie Portier - - DIRECTRICE COMMERCIALE Judith Zucca ([email protected]), tél. : 01 82 83 33 14 - - ABONNEMENTS [email protected], tél. : 01 82 83 33 13 - - IMPRIMEUR Point44, 94500 Champigny sur Marne - - CONCEPTION GRAPHIQUE Ariane Mendez - - SITE INTERNET Dévrig Viteau © ADAGP Paris 2013 pour les œuvres des adhérents VISUELS DE UNE Installation views of Douglas Gordon’s Solo exhibition «Phantom» at Gallery Yvon Lambert, Paris, April 2011. Image shows Douglas Gordon’s installation «Phantom», 2010 - - Vue du nouvel accrochage du Musée Picasso Paris. © Photo : Béatrice Hatala. Sonia Delaunay, Composition pour jazz, 2e série, No F 344, Paris 1952. © Pracusa 2013057. © Courtesy Natalie Seroussi et Galerie Zlotowski, Paris. . FIAC III THE ART DAILY NEWS | OCTOBER 24TH 2014 ISSUE 698 LE MUSÉE D’UNE NUIT (SCRIPT FOR LEAVING TRACES) The Hippocrène Foundation Paris 16 e — Until December 20 th Experience of loss The Hippocrène Foundation plays host on its modernist site to the surrealist spirit of the David Roberts Arts Foundation collection_by Emmanuelle Lequeux Vue de l’exposition « Le musée d’une nuit (script for leaving traces) ». Courtesy Fondation Hippocrène. © Photo : Aurélie Cenno. Staking an exhibition on rolling the dice of objective chance? The David Roberts Arts Foundation (DRAF), located in London, lends itself nicely to this exercise in Paris during the FIAC week. The only way to choose artworks, from over 2,000 works in the London collection, to slip into the (spatially) small host site of the Hippocrène Foundation meant carrying out a tailor-made selection, expanding perspective through a proper dose of fiction. So the Director of DRAF, Vincent Honoré, drew inspiration from the architecture created by Mallet-Stevens. In fact, the latter designed the entire street. And Honoré unearthed everything in the collection that might resonate with the space: a photograph by Man Ray, who shot his film Les Mystères du château de Dé at the Villa Noailles; a drawing by Tamara de Lempicka; or a sculpture by the Scot Martin Boyce, a direct reference to the typography of the Modernist master. Around this core group, enriched with the muted paintings of Sergej Jensen or Ayan Farah, Honoré has designed an unfinished scenario, haunted by surrealism. Like, for instance, fragmented bodies, the horribly disjointed doll from Sarah Lucas or the carved figure in black wood by Enrico David. As Surrealist as a forest of signs to decipher: indexed objects and antique heads by Benoît Maire; a pile of mail heaped on the floor, prearranged by Nina Beier and Marie Lund; or the mask shaped like a book of light, the iconic image associated with Pierre Huyghe. Instrument of knowledge as much as blindness, the latter piece effectively sums up an exhibition as much concerned with the emergence of form as the threat of its disappearance. PROPOS D’EUROPE 13: LE MUSÉE D’UNE NUIT (SCRIPT FOR LEAVING TRACES), until December 20th, The Fondation Hippocrène, 12, rue Mallet-Stevens, 75016 Paris. Tel: +33 (0) 1 45 27 78 09, www.fondation-hippocrene.fr EXHIBITION IV THE ART DAILY NEWS | OCTOBER 24TH 2014 ISSUE 698 SONIA DELAUNAY, LES COULEURS DE L’ABSTRACTION Musée d’ar t moderne de la Ville de Paris, Paris 16 e — Until 22 Februar y 2015 Sonia Delaunay, a colorful woman The Musée d’art moderne de la Ville de Paris presents a retrospective on the colorist Sonia Delaunay, who for far too long remained in the shadow of her husband Robert. The latter is currently the subject of an exhibition at the Pompidou Center_ by Roxana Azimi Portrait by André Villers, 1971. © Pracusa 2013057. © BNF. André Villers. © Adagp, Paris 2014. The Sonia Delaunay retrospective at the Musée d’art moderne de la Ville de Paris is rewarding for two reasons: dense and finely constructed, it aids in gauging the scope and intelligence of an oeuvre equal to capturing both aesthetic changes and social upheavals. It has resulted in a simultaneous exhibition of works by her husband, Robert Delaunay, at the Pompidou Center. Actually, it was high time that the museums re-examined Sonia whose last retrospective dates back to 1967... The public collections, principally the Pompidou Center and the Bibliothèque nationale de France, retain an abundance of her works, thanks to donations she made in 1964 and 1977. Yet her work has too often been viewed in relation to, if not to say, on the sidelines of her husband’s work. ‘The texts on the history of abstraction were written in a manner that is scarcely modern,” notes Anne Montfort, co-curator of the YET HER WORK exhibition. “Reading Bernard Dorival, he talks about HAS TOO OFTEN Sonia only until Robert’s death in 1941; later, there BEEN VIEWED are two lines about her. Michel Seuphor excludes her IN RELATION from the history of abstract painting because she was TO, IF NOT TO close to the street arts and fashion. On Robert’s death, SAY, ON THE Sonia sought to write about her husband’s work and SIDELINES OF ended up being merged with the latter until her own HER HUSBAND’S WORK work became indistinguishable from his”. Added to this was a stubborn machismo... it was not until the late 1960s that Sonia Delaunay came to be regarded as a living treasure, and invited to appear on television programs. From the outset, the chronological exhibition design establishes the specific traits associated with this artist, then called Terk, a young student from the enlightened St. Petersburg bourgeoisie. Although enmeshed for four decades with Robert, whom she met in 1907 and married three years /… EXHIBITION V THE ART DAILY NEWS | OCTOBER 24TH 2014 ISSUE 698 later, her training and her approach to color were different. A student at the Academy of Fine Arts in Karlsruhe, she later moved to Paris. Between 1906 and 1908, she tried her hand at all the styles before finding her own with Yellow Nude, 1908, which points to the influence of Matissian ornaments, colors coming from the Fauves and Die Brücke. Cubism? She barely adhered to it, probably because composition took precedence over color, which she could not abandon. “Before meeting Robert, Sonia was already an accomplished painter,” insists Cécile Godefroy, co-curator of the event. Except that upon meeting him, she briefly put painting aside and engaged in “ladies’ works”: BETWEEN 1906 embroidery and patchwork. Though not for long. The AND 1908, SHE couple invented a formal language, Simultanism – all TRIED HER HAND AT ALL THE STYLES circles, curves and rectangles, which culminated in the Prose du Transsibérien et la petite Jehanne de France (Prose BEFORE FINDING of the Trans-Siberian and of Little Jehanne of France) HER OWN WITH YELLOW NUDE where Sonia’s motifs accompanied poetry by Blaise Cendrars. But she would go further, offering a genuinely comprehensive aesthetic that would overflow into the domestic sphere and into the streets that so fascinated her, as evidenced by the sublime Bal Bullier, 1913, on loan from the Musée national d’art moderne/Centre Pompidou.. Like the Russian avant-garde and the Italian Futurists, Sonia Delaunay was not afraid of the Applied Arts: she was firing on all cylinders – designing dresses, costumes and book bindings, in addition to dabbling in advertising. Thanks to this versatile talent she would be the family’s breadwinner from 1921, when she began to sell her models. Robert supported her by patenting a device for presenting fabrics, reconstituted here for the exhibition. Sonia’s artistic journey did not end with the death of her dear collaborator in 1941. In the 1950s and 1960s, she enlarged her formats, freed herself from the language of the 1920s, and joined the Groupe Espace. She also injected color into some of Charlotte Perriand’s libraries for the Maison de la Tunisie at the Cité universitaire de Paris. She was creative, active and tireless to the end. SONIA DELAUNAY, LES COULEURS DE L’ABSTRACTION, until 22 February 2015 at the Musée d’art moderne de la Ville de Paris. 11 Avenue du Président Wilson, 75116 Paris. Tel: +33 (0) 1 53 67 40 00, www.mam.paris.fr ROBERT DELAUNAY, RYTHMES SANS FIN, until 12 January 2015 at the Pompidou Center, 75004 Paris. Tel: +33 (0) 1 44 78 12 33, www.centrepompidou.fr Sonia Delaunay, Rythme Couleur, 1964. © Pracusa 2013057. © Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris / Roger-Viollet.