Tarn - Le patrimoine de Midi-Pyrénées

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Tarn - Le patrimoine de Midi-Pyrénées
La commune du Verdier (Tarn)
Fig. 1. La partie ouest du territoire communal.
La petite commune du Verdier se situe sur les coteaux calcaires du nord du département du
Tarn, à une trentaine de kilomètres à l’ouest d’Albi et à une douzaine de kilomètres au nord
de Gaillac. Elle appartient au canton de Castelnau-de-Montmiral. La forêt de Grésigne est à
proximité, à quelques kilomètres, au nord-ouest.
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Fig. 2. Le territoire communal (le vallon de l’Escourou).
Fig. 3. Localisation de la commune du Verdier (carte CAUE du Tarn).
1 - Présentation du territoire communal
La commune qui s’étend sur 954 ha, offre des paysages de collines ouverts et riants, ponctués
par un habitat dispersé. Des vues dégagées permettent de voir au loin les villages voisins :
Castelnau-de-Montmiral au sud-ouest, perché sur un promontoire, Vieux à l’est.
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Le Verdier appartient à une plus vaste entité géographique communément appelée
plateau cordais ou causse de Cordes, plateau calcaire hérité de l’ère tertiaire. Le point le plus
haut est à 290 m d’altitude environ, au Pech de Jouzelles.
Fig. 4. Le Pech de Jouzelles au nord, le point le plus haut de la commune (294 m).
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Fig. 5. Extrait de la carte IGN au 25000e montrant les limites de la commune.
Bien que faiblement étendu, le territoire communal présente pourtant des paysages
variés : paysages de vallée, et en particulier celle de la Vère et du Vervère, de crête, de causse
et de zones boisées. Ces différents milieux offrent des ressources naturelles diversifiées. Le
Verdier fait partie des communes des confins nord du vignoble de Gaillac et appartient au
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secteur des hauts-coteaux. Le nord de la commune, secteur le plus haut, est marqué par une
ambiance caussenarde : calcaire affleurant et bois de petits chênes pubescents assurent une
transition vers le massif de la Grésigne.
Fig. 6. Bancs de calcaire affleurant, à la sortie nord du village.
Fig. 7. Banc de calcaire à l’ouest de Pièces Longues.
Au sud, la Vère est à l’origine d’une vallée d’alluvions très fertile. Trois autres
ruisseaux, le Vervère, l’Escourou et l’Escandérou coulent du nord au sud et viennent grossir
le cours de la Vère. Ils déterminent trois vallées parallèles qui ont évidé le plateau calcaire
créant quatre croupes formant un relief de collines aux altitudes régulières (entre 250 et 280 m
d’altitude environ) et aux surfaces faiblement ondulées. De nombreuses sources qui
parsèment le territoire sont à l’origine du développement de plusieurs hameaux ou fermes. Le
village se situe sur la rive droite de la Vère, sur un promontoire, à la confluence du Vervère et
de l’Escourou.
Les cultures animent encore fortement les paysages. Les sols calcaires des hauteurs ont
favorisé le développement de la vigne qui est toujours très présente, principalement sur les
plateaux.
Selon les témoignages recueillis par Daniel Loddo1, les terrains de la vallée de la Vère
étaient plantés essentiellement de champs de lin et de chanvre jusqu’au début du XX e siècle.
Le nom occitan de canavals était donné aux champs plantés de ces plantes textiles. Un
témoignage recueilli par Daniel Loddo concernant le remembrement de la vallée de la Vère
fait état des petits champs de 30 m sur 20 m délimités par des murets de pierre qui existaient
le long de la rivière. L’auteur précise aussi qu’il avait le long de la rivière des petits fossés où
l’on faisait rouir le chanvre. Mais le remembrement de la vallée de la Vère dans les années
1
LODDO (D.), 1997, p. 77.
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5
1970 a fortement modifié le paysage, faisant disparaître les structures bocagères et rectifiant
le cours même de la rivière.
Fig. 8. La vallée de la Vère.
Fig. 9. Quelques arbres remarquables ponctuent le territoire communal, ici le chêne de Jouzelles.
On peut donc dire que le territoire du Verdier est essentiellement agricole et de culture
variée où dominent encore la vigne, les céréales et les prairies.
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Le territoire rural se caractérise par un habitat très dispersé. Fermes et hameaux,
parsèment le territoire. Les fermes de polyculture réservent une place importante à l’activité
vigneronne. Le Verdier appartenait au vignoble de Gaillac dont l’appellation ancienne est
celle de vin du haut Pays qui désignait les vins de la vallée de la Garonne et ses affluents.
Fig. 10. L’habitat dispersé dans la partie ouest de la commune (Fonrigal et Amat).
La commune n’est pas située sur un axe de communication majeur à l’échelle du
département. Elle est traversée par des routes départementales qui desservent le nord-ouest du
Tarn et qui l’inscrivent dans un réseau routier secondaire.
La D1 qui traverse la commune d’est en ouest et qui passe au sud du village relie Albi à
Puycelci. La D15 qui suit le tracé du Vervère relie Gaillac à Saint-Antonin Noble-Val (Tarnet-Garonne) vers le nord. Percés dans la seconde moitié du XIXe siècle, ces deux
départementales étaient à l’origine les chemins de grande communication n° 1 et n° 15.
2 - Éléments d’historique
Étymologie
Le nom de la commune viendrait de l’occitan verdier c'est-à-dire le verger. Selon le
dictionnaire des communes du Tarn, la plus ancienne mention connue date de 1259 où il est
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fait mention du nom de viridario2. En 1875, dans son ouvrage sur le département du Tarn,
Maurice Bastié, indique que cette « étymologie est parfaitement justifiée par la grande
quantité d’arbres fruitiers qu’on voit dans ce fertile vallon, sur la pente des coteaux dont le
territoire est entrecoupé et qui font de cette commune une des plus productives et des plus
agréables du canton ».
La Préhistoire
Le dolmen de Peyro Lebado (Pierre Levée) se situe au nord de la commune « sur un plateau
calcaire à peu près plat et de quelques hectares de surface» 3, à 280 m d’altitude environ.
(voir la carte fig. 11). Une douzaine d’ateliers de silex datant au moins du Moustérien ont été
repérés, par M. Delpech et G. Farenc au Ségalar, les Sésins, le Garric, Catusse, la Gusanié, les
Plaines, le Rial, Escourou, Bennac, Jourdes, le Causse et le Claux. Ils s’inscrivent au sein des
industries lithiques du Paléolithique (entre -300000 et -30000 ans) caractérisé par le
développement de l'outillage réalisé sur de petits éclats transformés par retouche. Les silex du
Verdier, particulièrement abondants, « affleure en ban, rognons ou plaquettes4 ». Ils sont
reconnaissables par leur toucher très doux et une couleur jaune dans la majorité des cas. Ils
ont été retrouvés essentiellement entre la vallée du Tarn et celle de l’Aveyron. Le Néolithique
est aussi présent sur toute la commune où des haches polies ont été retrouvées.
2
LE POTTIER (J.), 1990, p. 535.
DELPECH (M.), FARENC (G.), 1958, p. 125.
4
LODDO (D.), 1997, p. 7.
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8
Fig. 11. Carte de repérage des dolmens et gisements de silex sur la commune du Verdier
(par M. Delpech, et G. Farenc, extraite de la Revue du Tarn, 1956, p. 316).
Le silex du Verdier aurait aussi servi à la fabrication de meules de moulin après la
Révolution française. Ces meules de silex étaient rarement faites d’un seul bloc. Elles étaient
assemblées par morceaux et cerclées de fer. Elles ont remplacé progressivement celles en grès
ou en calcaire qui laissaient des éclats de pierre dans les farines. Selon M. Delpech et Farenc,
les meules du moulin d’Aymar seraient en silex.
1-1 - La communauté du Verdier au Moyen Âge
L’histoire de la communauté du Verdier a été écrite par Élie Rossignol, historien de la
seconde moitié du XIXe siècle qui a pu consulter des sources anciennes5. Il indique que
jusqu’au début du XIVe siècle, la communauté du Verdier était associée à celle de Cahuzac.
Elle demande à en être séparée en 1327 pour former un bailli distinct et c’est en 1359 qu’elle
est érigée en une communauté indépendante. Pour obtenir cette séparation de juridiction
d’avec Cahuzac, les jurats du Verdier, Adémar de Jordan et Raimond du Verdier, ont alors
appuyé leur argument sur l’éloignement du chef-lieu et sur le fait qu’une partie des crimes
demeuraient impunis.
En août 1359, la communauté du Verdier obtient ce qu’elle voulait. « Jean fils du roi
de France et son lieutenant en Languedoc érige le Verdier en communauté avec deux consuls
5
ROSSIGNOL (É.-A.), 1865, p. 338.
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9
élus chaque année par le juge d’Albigeois sur présentation de quatre candidats faite par les
prud’hommes »6. Mais les consuls du Verdier ont eu à maintes reprises l’occasion d’engager
des poursuites contre les seigneurs de Cahuzac pour la défense de leurs droits de 1441 à 17567
.
Les consuls étaient élus tous les ans à la Saint-Jean-Baptiste. La communauté devait
au roi 15 livres pour le privilège de chasse et de pêche et autre albergue de 6 livres pour
l’usage et facultés des habitants dans la forêt de Grésigne, en particulier de prendre du bois
mort pour le chauffage. La communauté est encore confortée dans ses droits en 1617 par une
ordonnance de la réformation des eaux et forêts8. Les consuls du Verdier font réaliser un
compoix en 14759 pour prélever la taille. Saint-Bauzile était alors associé au Verdier. Un autre
compoix est rédigé en 164410.
Élie Rossignol indique encore qu’il n’y avait pas de four, de forge et de moulin banal
au Verdier et que les habitants allaient cuire le pain au four du sieur de Cahuzac au Verdier. Il
se tenait deux foires par an : le mercredi après Pâques et le lendemain de la Saint-André.
Le domaine du Verdier est mis en vente en 1639 et une seconde fois en 1643. Les
habitants se portèrent adjudicataires chaque fois et en firent de nouveau cession au roi à
condition qu’ils ne soient plus aliénés11.
La communauté du Verdier appartenait à la sénéchaussée de Toulouse. La paroisse de
Saint-Pierre et Saint-Paul du Verdier dépendait entièrement du diocèse d’Albi qui nommait le
curé et qui prélevait les dîmes.
L’église paroissiale Saint-Paul
La première église paroissiale se situait au lieu-dit Saint-Paul, à l’ouest du territoire
communal. L’église actuelle qui est venue coloniser le large fossé qui ceinturait le village au
Moyen Âge a été construite au XVIe siècle probablement pour des raisons de commodité.
6
Ibidem, p. 338.
A. D. Tarn, 313 EDT FF1 (E 4415).
8
A. D. Tarn, 313 EDT DD 1 (E 4412).
9
La page de garde du compoix est conservée aux Archives départementales du Tarn (313 EDT CC 1 (E 4424))
et le compoix est conservé dans les archives de la famille Maignial. Il compte parmi les plus anciens du
département. Il n’a pas pu être exploité pour la présente étude.
10
A. D. Tarn, 313 EDT CC1 (E 4424).
11
BASTIÉ, 1875, p. 320.
7
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10
Fig. 12. Localisation du site de la première église Saint-Paul.
De la première église paroissiale il ne reste rien, mis à part le toponyme et peut-être
une croix qui selon un témoignage en marquerait le souvenir. La ferme de Saint-Paul située à
proximité du site de l’ancienne église présente un pan de mur construit en grand appareil,
mise en œuvre jamais observée par ailleurs sur la commune pour des bâtiments du XIX e
siècle. Peut-être faut-il y voir le remploi de blocs provenant des ruines de l’église situées juste
au-dessus de la ferme ?
Fig. 13. Mur en grand appareil de la ferme de Saint-Paul.
Fig. 14. La croix de pierre marquerait l’emplacement
de la première église paroissiale Saint-Paul.
En 1791, à l’occasion de la vente du terrain12, une description des vestiges en a été
dressée :
12
A. D. Tarn, Q122, Acte de vente n° 472 daté du 27 may 1791.
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11
« Une terre en friche et quelques restes d’une vieille église détruite depuis des
siècles l’un contigu à l’autre, situés au local de Saint-Paul commune du Verdier,
canton de Castelnau-de-Montmiral, de laquelle église il ne reste que les
fondemens de trois murs et l’entrée qui porte le clocher ainsi que le fondement
d’une chapelle contigu à lad. église lad. terre et église contenant trois boisseaux
et demi et confrontant du Levant avec le chemin de Mouère au Verdier, du midi
couchant-nord et dit couchant le cimetière de la commune du Verdier appelé de
Saint-Paul et écurie (…) chemin partant de la maison du citoyen Albeugé et
aboutissant audit chemin public de Mouère au Verdier ».
Ainsi sait-on que l’église était entourée d’un cimetière, encore en activité en 1791, et
qu’elle était à l’état de ruine ; il n’en restait que des soubassements de murs et le clocher.
Celui-ci devait se trouver sur l’entrée de l’église, dispositif qui sera repris au XVIe siècle sur
la nouvelle église du village.
1-2- La commune du Verdier
En 1790, la municipalité du Verdier (canton de Castelnau-de-Montmiral et district de
Gaillac) est créée ; en l’an X, elle est érigée en commune (canton de Castelnau-de-Montmiral,
arrondissement de Gaillac)13. Elle reprend les limites de l’ancienne paroisse. Les habitants
sont les verdierois.
La population au XIXe siècle
Le cadastre de 1812 donne quelques indications sur la structuration de la population
possédante. Outre les nombreux cultivateurs, plusieurs personnes sont désignées comme
« propriétaire » et en particulier celles qui possèdent les grandes maisons telles que Fonrigal,
Jouzelles, la Guilhabertié, Jourdes, Larroque et la Capusié. Jacques Maignial est également
signalé comme propriétaire de la demeure du village. D’autre part, il ressort du premier
cadastre quelques corps de métiers autour de l’activité textile : 1 peigneur de chanvre et 1
autre de laine sont mentionnés ainsi que 5 tisserands et 4 tailleurs. Un maçon et un charpentier
sont encore cités. Enfin, on retrouve les artisans habituels : 2 forgerons, 1 serrurier, 2
cordonniers, 2 sabotiers et 2 charrons.
En 1862, Auguste Tranier donne le chiffre de 176 maisons sur l’ensemble de la
commune pour une population totale de 635 habitants soit près de trois fois plus qu’en 2010.
En 1862, dans le village, on compte 231 habitants et 69 maisons.
13
LE POTTIER (J.), 1990, p. 535.
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12
Un territoire de polyculture
Auguste Tranier indique encore que l’on compte au Verdier 672 hectares de terres
labourables, 2 de jardins, 73 de près, 94 de vignes, 20 de bois et 63 de friches et de pâtures14.
Sur les terres, on produit du froment et du maïs, et de l’anis en petite quantité. « On y fait du
vin d’assez bonne qualité », selon lui.
Les déclarations de travaux conservées dans les archives communales donnent la
quantité de terres plantées en vignes pour les années 1910 à 193015. En 1910, on dénombre
180 ha (dont 20 de jeunes vignes non productives). Une progression régulière amène à 230 ha
(dont 12 non productives) à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En 1924, année
moyenne, les vignerons de la commune produisent 7000 hectolitres de vin. L’observation
suivante est faite : « La vigne a produit beaucoup de raisins, la cueillette a été très difficile à
cause des pluies mais la qualité a été moyenne. »
Des efforts sont aussi menés à ce moment pour améliorer les rendements et la qualité
du vin. En 1912, le rapport annuel conservé dans les archives de la commune mentionne que
« grâce aux conférences de M. le professeur ? de Gaillac et grâce aux leçons d’agriculture
données au cours d’étude les habitants de la commune utilisent de plus en plus d’engrais
chimiques (…) la vigne a donné plus qu’on ne l’espérait. Des sulfates répétés ont enrayé les
maladies cryptogamiques. La cochylis et l’endernis n’ont pas été constaté ».
Dans les mêmes années, en 1923, les cultivateurs du Verdier cultivent 140 ha de blé et
de froment, 30 d’avoines et 201 ha sont réservés aux pâturages. La même année, sont
dénombrés 44 animaux de race chevaline, 70 bœufs, 62 vaches, 101 ovins et seulement une
dizaine d’animaux d’espèce caprine.
Le territoire a donc été fortement marqué par l’agriculture. Les fermes constituent près
de la moitié du bâti recensé au cours de l’inventaire. À côté du chai, du pressoir et des cuves
en ciment on reconnaît bien souvent une petite étable construite pour une paire de bœufs,
quelques vaches et parfois un cheval. Une place importante pour le fourrage est réservée dans
les niveaux supérieurs. La polyculture est aussi perceptible à travers les édicules affectés à
14
15
TRANIER (A.), 1862, p. XVIII et p. XXXVI.
A. C. le Verdier, 3 F, statistiques agricoles.
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l’élevage des lapins, poules, cochons et parfois une chèvre. Le potager et le verger figurent
aussi parmi les annexes indispensables.
Une entreprise de battage, l’entreprise Aurel, est créée à l’extrême fin du XIXe siècle.
Elle se situait en limite nord du village de part et d’autre de la place de la Grèze.
Les hameaux remplacés par de grandes exploitations agricoles au XIXe siècle
À Escourou et à Jourdes, on perçoit comment, au cours du XIXe siècle, de grandes
exploitations agricoles ont remplacé un hameau. À Jourdes, le cadastre de 1812 témoigne de
la présence d’un hameau constitué de plusieurs petites fermes qui appartiennent pour quatre
sur six à des membres d’une même famille (les Bouyssou). L’analyse des bâtiments actuels
permet de dire qu’au cours du XIXe siècle une grosse exploitation agricole a progressivement
remplacé les petites unités antérieures. L’étable est reconstruite à neuf dans de grandes
proportions. Le chai et le cuvage prennent la place des anciennes habitations. L’habitation
principale est aménagée là où se tenaient autrefois les granges. Autour de la cour est, les
bâtiments anciens sont conservés et restructurés.
Fig. 15. Les différentes propriétés de Jourdes à partir du cadastre de
1812.
Fig. 16. Plan de situation à partir des observations faites en 2010.
Ce phénomène de restructuration d’un hameau en une grande exploitation agricole au
cours du XIXe siècle a aussi pu être observé au hameau d’Escourou où un grand corps de
bâtiment qui abritait plusieurs petites fermes est restructuré pour devenir une seule
exploitation.
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Les moulins
La carte de Cassini datée de la seconde moitié du XVIII e siècle ne mentionne que
quatre moulins au Verdier : deux sur le cours de la Vère et deux autres sur le Vervère. En
1812, au moment où est dressé le premier cadastre, il en existe six. Trois sont installés sur des
dérivations de la Vère. D’est en ouest, on rencontre le Chaltré, Larroque et Aygue Paulès.
Trois autres sont représentés sur des dérivations du Vervère : le moulin d’Aymar, le Ressegou
et le moulin de la Viale. Tous sont des moulins à farine.
Fig. 17. La carte de dite de Cassini (seconde moitié du XVIIIe siècle).
Le moulin d’Aymar et celui de la Viale peuvent être datés du XVIe ou du début du
XVIIe siècle. Le moulin de la Viale en particulier conserve une structure très homogène
construite en moellons équarris de calcaire assisés. La voûte de l’ancienne salle des rouets est
en place ainsi que les ouvertures d’origine et notamment une croisée de pierre à meneau et
traverse. Le moulin d’Aygues Paulès, quant à, lui pourrait aussi être une construction très
ancienne mais il n’a pas été possible de l’approcher au moment de l’inventaire.
En 1923, il existe encore une minoterie qui est dite « à meules ». Il s’agit de celle
installée au moulin de la Viale ; elle subsistera jusqu’en 1927.
Le moulin du Ressegou a aujourd’hui complètement disparu. Les cinq autres
conservent encore des bâtiments importants. Lors des travaux de remembrement de la vallée
de la Vère dans les années 1970, les canaux des moulins du Chaltré et de Larroque ont été
comblés. Le moulin de la Viale, encore en activité, fournit l’énergie nécessaire pour chauffer
la maison construite en extension contre le moulin.
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La commune compte actuellement 238 habitants. Si de nombreuses maisons du village
demeurent inhabitées, en revanche, bon nombre de fermes isolées ou dans les hameaux ont
retrouvé des habitants. Leur rénovation, bien souvent entreprise dans des proportions
importantes, est conditionnée par la qualité de l’architecture elle-même ainsi que par la qualité
des sites dans lesquels les bâtiments anciens s’inscrivent.
Sonia Servant
Chargée de l’inventaire du patrimoine, CAUE du Tarn
Mai 2010
(c) Conseil général du Tarn ; (c) Inventaire général Région Midi-Pyrénées
BIBLIOGRAPHIE
BASTIÉ (Maurice), Description complète du département du Tarn, tome premier Albi, Imprimerie
Nouguiès, 1875, p. 320-321.
CROZES (Hippolithe), Répertoire archéologique du département du Tarn, Paris, Imprimerie
Impériale, 1865, p. 86.
DELPECH (M.), FARENC (G.), « Le site préhistorique du Verdier », la Revue du Tarn, 1956, n° 4, p.
314-321.
DELPECH (M.), FARENC (G.), « le dolmen du Verdier, Péira Levada », la Revue du Tarn, 1958, n°
4, p. 125-129.
LODDO (Daniel), Entre Cordas e Gresinha : (cantons de Castelnau de Montmiral, Cordes et Vaour),
C.O.R.D.A.E./La Talvera, 1997.
ROQUES (Jean), Guide du Tarn, éditions de la Revue du Tarn, Albi, 1981, Le Verdier, p. 468-471.
ROSSIGNOL (Élie-A.), Monographies communales ou études statistiques, historique et
monumentales du département du Tarn, Première partie arrondissement de Gaillac, vol. III, canton de
Castelnau-de-Montmiral, Le Verdier, p. 337-346, Toulouse, Paris, Albi, 1865.
TRANIER (A.), Dictionnaire historique et géographique du département du Tarn, Albi, 1862
p. XVIII, p. XXXVI.
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SOURCES
Archives communales
3 F. Statistiques agricoles
Registre des cultures pour les années 1920-1930.
M. Édifices communaux – Monuments et établissements publics
Église, mairie, école
1 G. Impôts directs
État de classement des propriétés non bâties 1813
Livre de mutation 1820-1830
Matrices de 1882
Archives départementales du Tarn
Q. Biens nationaux et domaines
Q 122, Acte de vente n° 472 daté du 27 may 1791.
3 P Cadastre
3 P 26 Plans du cadastre, sections A à F
3 P 2344 Matrices de 1813, tableau indicatif des propriétaires, des propriétés foncières et de
leurs contenances, sections A à F, 1813.
3 P 2347 Matrices cadastrales des propriétés bâties, registre des augmentations et diminutions
des propriétés bâties (années 1880-1890).
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