Bilan d`Eco TLC Rencontres Innovation Compte Rendu

Transcription

Bilan d`Eco TLC Rencontres Innovation Compte Rendu
Bilan d’Eco TLC
Rencontres Innovation
Compte Rendu
25 Juin 2013 - Capital 8 - 32 rue de Monceau, 75 008 Paris
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L’espace rencontres
Eco TLC au coeur de la dynamique :
FÉDÉRER - INNOVER - VALORISER - SENSIBILISER
ACCOMPAGNER - DÉVELOPPER - CRÉER DU LIEN - SOUTENIR
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LES INNOVATEURS PARTICIPANTS
Entreprise
Trucs-Trouvailles
Représentant
Projet
Contact
Benjamin Marias
Séparation et broyage des chaussures
[email protected]
Audrey Ngomsik Fanselow
Décoloration des polyesters au CO2
supercritique
[email protected]
Fabrice Lodetti
Fils chaine et trame en fibres recyclées
[email protected]
Anita Raharisoa
Isolant phonique à base de chiquettes
de textile
[email protected]
Vincent Forget
Plaques décoratives incorporant des
fibres de textiles en fin de vie
[email protected]
Gaëtan Romuald
Développement de matériaux innovants
issus de rebuts textiles.
[email protected]
Sylvie Dameron
Mise au point technique du recyclage de
semelles
[email protected]
Maud Hardy /
Sébastien ADAM
Matières recyclées en coupons ou sous
forme de patchworks
[email protected] /
[email protected]
Jeanne Meillier
Vallée du recyclage textile
[email protected]
Cedric Dever
Séparation des fibres synthétiques et
naturelles.
[email protected]
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Au sein de l’espace rencontres :
Les gagnants du concours «FASHION AND TEXTILE COMPETITION, RECYCLING»
Pour faire émerger la visibilité de l’utilisation des fibres et des matières recyclées auprès de l’amont
de la filière, Eurovet a lancé une grande initiative auprès des écoles de mode et de design Européenne portant sur la création d’un vêtement ou d’accessoire sur la base de textiles recyclées, récompensant ainsi la créativité des étudiants des écoles de mode du Nord de l’Europe et leur intérêt
pour le recyclage et le développement durable.
Des tissus ont été mis à disposition des étudiants par la filière d’excellence régionale du Nord TEXTILE, Mode et Matériaux, U-Clife et Morteleque mais aussi par les fournisseurs de textile de Tissu
Premier : Gulberna-Supertex, Tintex et FPP Cotonnades.
12 étudiants de 5 écoles de mode européennes (Esmod Berlin pour l’Allemagne, St Luc pour la
Belgique, University of central Lancashire pour la Grande Bretagne, Esmod Roubaix et le Lycée
Sévigné pour la France) ont été présélectionnés pour réaliser des silhouettes avec toutes sources
de matières recyclées mais aussi les 100% recyclés ou les mélanges recyclés/bio proposés.
Un jury de professionnels s’est réuni sur le salon pour attribuer les 3 prix dont le grand prix « Fast
Fashion Lille » d’un montant de 3 000 euros.
Grand Prix Tissu Premier
Chloé PRUNIER
ESMOD
Roubaix
Les modèles présentés :
3ème Prix Tissu Premier
Aline Le Pennec
Lycée Sévigné - Tourcoing
2ème Prix Tissu Premier
Deborah Beardmore
University of Central Lancashire - Preston
Prix du Public - Eco TLC
Saruul Baatar
Lycée Sévigné - Tourcoing
Eco TLC a choisi d’accompagner cet événement en finançant le Prix
du Public, décerné par le vote des visiteurs du Salon Collections
- Tissu Premier à Lille les 5 et 6 juin. L’éco-organisme présentait
également sur cette exposition avec un film et une présentation
pour le grand public sur les différentes étapes du recyclage.
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PRESENTATION DU BILAN D’ECO TLC
Introduction - Jérôme Obry
Bonjour à toutes et à tous. Je suis extrêmement heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour trois raisons en particulier.
Lorsque nous nous sommes réunis, il y a un an et demi, avec le Conseil d’Administration d’Eco TLC, nous avons essayé
de définir notre mission, et le premier mot que nous avons trouvé est le mot « fédérer ». En effet, Eco TLC a pour
mission de fédérer les acteurs, pour que les déchets TLC soient mieux traités dans un esprit environnemental, social
et économique. L’ouverture de notre après-midi d’échanges, qui fait suite à notre Assemblée générale, constitue un
moment fédérateur dont je suis très heureux.
La deuxième raison est plus liée à ma position de metteur en marché. A mon sens, Eco TLC incarne une « manière
» de faire les choses. Dans la vie, on peut distinguer le résultat et la manière dont on réalise les choses. Le résultat
est ce que l’on peut atteindre, la manière renvoie à ce qui rend le résultat durable et répétitif. Lorsque l’on obtient un
résultat d’une manière non responsable et sans souci de longévité, on parvient certes à un résultat, mais sans savoir
le répéter. Eco TLC vise à incarner une forme de responsabilisation des metteurs en marché.
La troisième raison est plus personnelle. Je travaille chez ID Group, qui poursuit un projet politique, dont le slogan est
« Act for kids », que nous traduisons ainsi : « Agir pour que le monde progresse au service de l’enfant qui grandit ».
Nous agissons dans la sphère économique, en étant au service des enfants. En tant que père, je pense que notre posture est essentielle pour faire évoluer les sociétés. En effet, nos enfants ne regardent pas nos paroles, mais nos actes.
Seul un comportement exemplaire nous permettra de faire changer les choses. Dans ce contexte, Eco TLC joue un
rôle important à l’égard des citoyens. Il a vocation à changer
les comportements.
Avant d’ouvrir notre table ronde, je souhaiterais vous faire
partager quelques-unes de mes convictions autour de la
thématique de la consommation responsable.
J’ai d’abord l’intime conviction que nous allons passer de
la « société du trop » à la « société du tri ». Nous avons
vécu quelques années glorieuses, où le modèle consistait à
consommer toujours plus. Nous allons devoir réfléchir à des
manières de consommer différemment.
Ma deuxième conviction a trait au commerce. En tant que
metteurs en marché impliqués dans l’éco-organisme, nous
devons nous pencher sur les fondamentaux du commerce
permettant de répondre à la demande du client de demain. A mon sens, trois qualités seront incontournables :
pratique, esthétique, éthique.
Pratique, parce que le client recherche de plus en plus la praticité, ce que démontre le développement du commerce
« drive » ou de la consommation sur les Smartphones.
Esthétique, parce que je continue de penser que le visuel et la dimension esthétique sont des facteurs déterminants
dans l’acte d’achat et de consommation au sens large.
Ethique, parce que le client se pose de plus en plus les questions suivantes : qui fabrique ce produit ? Ce produit est-il
intelligent, recyclable ?
Ma troisième conviction est que la notion de « co » joue un rôle essentiel. Notre société, dite pyramidale, est en train
de devenir une société en liens. Le directeur général d’une entreprise du secteur, avec lequel je m’entretenais il y a
quelques jours, prenait l’exemple de la roue du vélo. Dans le management, aujourd’hui, le patron se trouve au centre
de la roue du vélo et constitue un axe, qui donne une direction, mais tout ne dépend pas de lui, et c’est bien l’ensemble
des collaborateurs, qui, en co-entreprenariat, font avancer l’entreprise.
Ma quatrième conviction a trait, bien sûr, à l’innovation et au développement. La créativité et les nouvelles idées sont
fondamentales pour générer du progrès.
Avant de céder la parole à Alain Claudot pour un point sur Eco TLC, je tiens à souligner que les actions de notre
éco-organisme sont le résultat d’un travail d’équipe. Je tiens à remercier l’équipe de cinq personnes d’Eco TLC, qui
accomplit un travail extraordinaire, dans l’énergie, l’envie et l’exemplarité pour à la fois assurer le quotidien, travailler
sur notre image et obtenir le ré-agrément.
5
Alain Claudot - Directeur Général
Eco TLC et
la responsabilité élargie du producteur
L’éco-organisme Eco TLC est une société de droit
privée, constituée de 29 entreprises, dont la plupart
sont présentes aujourd’hui. Nous sommes organisés
en différents collèges, qui représentent l’entièreté
des metteurs en marché, qu’ils interviennent dans le
secteur du commerce ou de l’industrie. Notre Conseil
d’administration est caractérisé par une grande stabilité, même si des mouvements réguliers participent à
l’enrichissement de nos travaux.
Il s’appuie, dans sa mission, sur le principe de la
responsabilité élargie du producteur (REP), énoncé
dans la loi de 2007, et inscrit à l’article L 541-10-3 du
Code de l’environnement. Ce principe laisse le choix au
producteur entre deux options : pourvoir lui-même à
la récupération et au traitement des produits qu’il met
en marché ; participer, en adhérant à l’éco-organisme,
à une démarche globale. Par la mutualisation des ressources et des idées, il peut ainsi participer à un projet
très riche, impliquant un certain nombre d’acteurs qui
sont par ailleurs en compétition : metteurs en marchés, opérateurs de tri, collectivités, pouvoirs publics,
etc.
Il est pour nous très enrichissant de travailler avec ces
différentes sensibilités et angles de vue, au service
d’un projet commun.
Je salue les entreprises qui viennent de nous rejoindre,
notamment à nos amis d’Armor Lux.
Notre éco-organisme vise à garantir la prise en charge
et le traitement de la fin de vie des textiles dont les
consommateurs ne veulent plus, dans les meilleures
conditions environnementales, économiques et
sociales.
Si la REP est un phénomène européen, la REP textile
n’existe à ce jour qu’en France. Nous commençons
d’ailleurs à être sollicités par nos voisins européens,
qui s’interrogent sur la pertinence de notre dispositif et
en envisagent le développement dans leur pays. Nous
avons donc le devoir d’être exemplaires, pour que
notre modèle puisse servir à d’autres.
Evolution des mises en marché sur six ans.
Le nombre de pièces de textile mises en marché est
estimé sur la base des déclarations des metteurs en
marché. Or, près de 95 % des metteurs en marché
adhèrent aujourd’hui à Eco TLC.
Les performances sont hétérogènes selon les secteurs
d’activité. Ainsi, certains secteurs ont particulièrement
souffert en 2012, comme la vente à distance, certains
acteurs de la grande distribution ou spécialistes de
jeans. A l’inverse, le commerce spécialisé en
habillement homme et femme et en chaussures
a eu tendance à maintenir ses positions, ainsi que
le secteur de la lingerie. S’agissant de la taille des
pièces, nous constatons que les grosses pièces ont
davantage souffert que les très petites pièces.
La récupération des chutes de production, et leur
transformation en produits non tissés ou feutres
existent depuis longtemps. En revanche, la récupération de vêtements usagés est en train de se
développer autour de différentes techniques certaines étant connues, d’autres étant nouvelles.
Le nombre de mises en marché reste assez stable
depuis 2007. Il se situe entre 2,2 et 2,5 milliards. Sur
les trois dernières années, nous relevons toutefois une
diminution moyenne de la mise en marché, de 2,2 %
en volume.
6
Bilan de la collecte et du tri
Pour améliorer la collecte, nous mettons un certain
nombre d’outils à la disposition de nos partenaires. Le
premier s’adresse aux citoyens : il s’agit d’une application pour Smartphone indiquant où se situent les
points d’apport de TLC usagés les plus proches.
Nous disposons aujourd’hui d’une
cartographie de la répartition des
différents points d’apport dans les
départements français. A ce jour,
500 collectivités sont partenaires
d’Eco TLC.
Le nombre de points d’apport
identifiés s’élève à 27 000. Par
ailleurs, il existe 170 détenteurs
de points d’apport couverts par
des conventions. Ainsi, l’enseigne
H&M deviendra un détenteur
de points d’apport. Aujourd’hui,
ce sont 150 000 tonnes qui sont
récupérées soit 25% d’un gisement total de TLC estimé
à 600 000 tonnes.
8,9%
8,6%
Crème
2nd/3ème c
Chaussures
22,6%
La filière est créatrice d’activité
et donc créatrice d’emploi. Ainsi,
330 emplois ont été créés dans5,2%
4,8%
les centres de tri, auxquels8,9%
il
8,6%
convient d’ajouter les emplois
induits,
en amont du tri par la collecte, et en
22,6%
aval du tri dans les boutiques.
En effet,
le marché de l’occasion est très49,8%
dynamique.
Effilochage
Essuyage
49,8%
Déchets
Crème
2nd/3ème choix
Chaussures
Effilochage
Essuyage
Déchets
4,8%
16,5%
4,4%
2,6%
Bénélu
24,4%
Emirat
Tunisie
10,9%
12,8%
Madag
Sénéga
La part récupérée représente
2,3 kilogrammes par an et par
habitant pour 9,5 kg mis en
vente.
L’objectif d’Eco TLC est bien
sûr de développer ces performances. Les résultats atteints
à ce jour sont déjà supérieurs
aux objectifs fixés dans notre
agrément avec l’état, tant en
termes de tonnages triés que
de tonnages valorisés.
5,2%
Les TLC collectés se répartissent
ainsi : 60 % sont réutilisés ; 31 %
sont recyclés ; 9 % sont éliminés.
125 596
136 830
113 012
76 175
65 000
2007
85 366
78 000
7
96 213
93 6
600
2008
2009
134 784
13
193 600
112
320
4,4%
16,5%
134 784
2,6%
10,3%
3,3%
3,8%
4,2% 6,6%
24,4%
10,9%
12,8%
3,3%
3,8%
4,2% 6,6%
2011
Bénélux
Allemagne
Emirats Arabes Unis
Inde et Pakistan
ObjectifsTunisie
de tri
10,3%
2010
Burkin
Togo
Madagascar
Mozambique
Sénégal
Autres
ObjectifsBurkina
de valorisation
Faso
Tonnages triés
Tonnages valorisés
2012*
LA Recherche et développement
A l’issue de la collecte et du tri, la filière poursuit des
objectifs en matière de recherche et développement
(R&D).
Pour ce faire, elle s’est fixé deux axes de travail :
> Des études :
> L’innovation :
Les états de l’art des techniques de recyclage
des textiles et des chaussures, dont les bilans sont
disponibles sur le site d’Eco TLC.
Accompagner les porteurs de projets, présents d’ailleurs à cette journée de rencontre, pour faire connaître
leurs travaux et les mettre en relation avec les acteurs
qui leur permettront de concrétiser.
Caractériser ce qui n’est pas valorisé en sortie de centre de tri, afin de connaître de manière plus
précise les composants pour lesquels il est primordial
de développer des solutions de recyclage.
peuvent prendre des formes diverses selon la commune ou la collectivité ; ils doivent avant
tout pouvoir être à l’abri des intempéries !
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Le futur de la filière :
L’objectif du prochain agrément, sur lequel Eco TLC est
en train de travailler avec les pouvoirs publics, est très
ambitieux. Il vise à passer de 150 000 à 300 000 tonnes
de récupération d’ici 2019. Un tel objectif implique de
développer fortement la capacité de tri, mais aussi de
trouver de nouveaux débouchés pour ces textiles, outre
le marché de la friperie. C’est pourquoi nous devons
explorer toutes les pistes existantes en termes d’activité liée aux TLC, voir par exemple si nous pouvons
80%
70%
60%
50%
40%
S’il existe une opportunité de mettre en place les maillons d’une chaîne d’une industrie française du recyclage du textile, il convient de la saisir dès aujourd’hui.
Des expériences concrètes existent à cet égard. Ainsi,
des producteurs de canapé envisagent de rembourrer
leurs coussins avec des matières recyclées. Des fabricants de chaussures proposent des chaussures à base
de matériaux recyclés. L’isolant Métisse commence
quant à lui à être connu. Toutes ces expériences
démontrent qu’il est possible de changer
les manières de faire. C’est pourquoi un
barème éco-modulé a été mis en place,
afin d’encourager les metteurs en marché
à incorporer des fibres recyclées dans la
production de leurs vêtements.
30%
20%
10%
0%
Hier
Aujourd’hui
effilocher du coton, effilocher de la laine, couper du
chiffon, incorporer des chiquettes de tissus dans des
panneaux décoratifs, dans des murs en béton, récupérer le caoutchouc de nos semelles, le broyer et en faire
de nouvelles semelles. Je vous invite, à cet égard, à
prendre connaissance des nombreux projets présentés
ce jour à cet égard.
Notre objectif est donc de faire baisser la part relative
de la réutilisation tout en augmentant la part relative
du recyclage. Quant à l’élimination, elle doit, à terme,
disparaître.
Aujourd’hui, l’essentiel des TLC récupérés sont
exportés. Si cet export est favorable pour la balance
commerciale, il est toutefois compensé par la part
importante de ces TLC que nous réimportons, dans la
mesure où nous ne savons pas les traiter en France. Il
convient donc de se demander s’il est vraiment préférable de céder ces TLC à d’autres.
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Demain
Toutes ces actions doivent être partagées,
communiquées, de l’amont vers l’aval, en
particulier vers le citoyen, qui doit participer à ce changement de comportement,
en apportant les vêtements dont il n’a plus
usage à un point d’apport, au lieu de les
jeter.
Cette sensibilisation passe par des campagnes directes de communication. Ainsi, comme
vous le savez, nous avons mené une campagne radio,
qui a généré une très forte croissance des visites sur
notre site Internet. Mais la communication peut aussi
intervenir de manière indirecte : chacun d’entre nous a
l’opportunité de transmettre à ses clients des messages d’achat responsable. Cela passe également par
les collectivités territoriales. Nous nouons en outre des
partenariats avec des associations qui ont des orientations très pédagogiques vers différentes cibles.
Vous l’avez compris, notre objectif est de faire du recyclage la « matière première » de notre préoccupation !
Je vous invite à présent nous faire part de vos questions sur Eco TLC.
TABLE RONDE
La consommation responsable, un effet de mode
ou un changement profond ?
Quels bénéfices pour les marques engagées ?
Participants de gauche à droite :
Eric BOËL, Directeur des Tissages de Charlieu et fondateur d’Altertex
Eric FROMANT, Fondateur de Sefior, agence d’expertise en économie de fonctionnalité
Valérie ROBERT
Dominique GIUSIANO, Président de Somewhere
Elisabeth LAVILLE, Fondatrice d’Utopies et auteur de L’Entreprise verte
Valérie robert
Bonjour à tous, je suis ravie de vous accueillir à cette
table ronde. Avant de céder la parole à nos invités, je
rappellerai quelques éléments de contexte.
Nous assistons à une hausse record du chômage 10,6 % au quatrième trimestre 2012 et 11,1 % fin 2013
-, qui s’accompagne d’un recul du pouvoir d’achat. La
consommation des articles d’habillement et de textile
est en baisse de 11,3 % en mars 2013. Sur le plan environnemental, face au réchauffement climatique et à
la raréfaction des ressources, nous devons faire face à
des défis globaux, en termes de transition énergétique
et de préservation de l’environnement. Par ailleurs, la
forte croissance démographique mondiale exerce une
pression accrue sur les ressources. Enfin, nous assis-
tons à déplacement du centre de gravité mondial vers
l’Asie, avec un risque de déclassement pour l’Europe
et une position incertaine pour la France. Dans ce
contexte, il nous faut préparer l’avenir.
Le site d’éducation à la consommation de la Commission européenne Dolceta définit la consommation
responsable comme « une consommation avertie et
solidaire, où l’individu prend conscience des conséquences de ses achats sur son environnement au sens
large (personnes, animaux et environnement physique)
». Consommer responsable, c’est donc être conscient
des impacts de nos achats sur l’environnement, mais
aussi dans le domaine social et économique.
9
Elisabeth Laville, selon vous, la consommation responsable relève-t-elle d’un changement profond ou d’un simple
effet de mode ?
ELisabeth Laville
J’espère qu’il s’agit d’un changement profond. Le développement durable est à mon sens, pour employer un anglicisme, mal « adressé » par les politiques publiques. En effet, ces dernières traitent en même temps la production et
la consommation durable.
L’idée dominante aujourd’hui, comme vous venez de le rappeler, est que nous devons intégrer, dans notre acte
d’achat, des considérations sociales et environnementales. Or, il existe une sorte de tabou, à savoir l’augmentation
du volume global de la consommation planétaire.
Au cours des trente dernières années, par des changements de pratiques, nous avons amélioré de 30 % la productivité avec laquelle nous utilisons les ressources naturelles. Grâce aux efforts consentis en termes d’éco-efficacité,
il faut aujourd’hui 30 % de ressources en moins pour produire une unité de PIB. Toutefois, en raison de la croissance
démographique et économique mondiale, et de l’explosion consécutive de notre consommation globale, nous avons
en réalité augmenté de 50 % notre consommation de ressources naturelles. Autrement dit, les efforts consentis du
côté de la production ne suffisent pas à compenser l’impact
de l’augmentation de notre consommation. Ce constat
concerne quasiment tous les marchés. Ainsi, aujourd’hui, les
téléphones portables pèsent moins de 100 grammes, alors
qu’ils pesaient plus de 500 grammes auparavant. Mais nous
avons assisté à une explosion du nombre de possesseurs de
téléphones. Il en va de même pour les voitures, qui sont à
la fois beaucoup moins gourmandes en carburant et moins
émettrices de CO2… mais aujourd’hui, 90 % des ménages
possèdent une ou plusieurs voitures.
Ce constat nous impose d’agir. Pourtant, ce tabou est très
ancré. La croissance de la consommation signifie croissance économique et renvoie à l’augmentation du bonheur
individuel. Ainsi, le calcul des émissions de CO2, tel qu’il est prévu dans le protocole de Kyoto, est basé sur la production et non sur la consommation. Or, les deux approches donnent des résultats très différents. En Angleterre, entre
1990 à 2008, les émissions de CO2 ont diminué de 19 % si le calcule porte sur la production. Mais si le calcul intègre
ce que le pays consomme, les émissions sont en hausse de 20 %. Il en résulte un différentiel de près de 40 %.
Dès lors, la consommation responsable ne peut pas être un phénomène de mode. Il convient de s’attaquer à la question de la consommation globale, qui constitue pour les acteurs économiques un enjeu majeur, difficile à résoudre.
Valérie robert
Dans l’édition 2013 des chiffres de la consommation responsable, vous soulignez que les consommateurs veulent
connaître l’origine et le lieu de fabrication des produits.
ELisabeth Laville
En effet, en 2013, 88 % des consommateurs disent privilégier les entreprises ayant une implantation locale, contre 72
% en 2012. La crise et le chômage ont indubitablement joué un rôle dans cette évolution.
Une étude de l’IFOP, parue en début d’année, montre que pour 95 % des personnes interrogées, acheter un produit
made in France relève d’un acte citoyen. Il existe donc bien une dimension d’engagement. Dans certains secteurs,
cet engagement est plus complexe. Nous assistons, sur un certain nombre de marchés, à un « France Washing »
comme on parle de « Green Washing ». Autrement dit, nous voyons apparaître des publicités mettant en avant la
création d’emplois en France. Les entreprises souhaitent répondre à une demande. Certaines entreprises relocalisent pour d’autres raisons, s’apercevant qu’une relocalisation leur permet des gains en termes de délais et de
réactivité.
Valérie robert
Selon vous, la catastrophe survenue récemment au Bangladesh peut-elle avoir un impact sur la consommation
responsable ?
ELisabeth Laville
Il existe une prédisposition latente des consommateurs à intégrer des considérations responsables à leurs actes
d’achat. Ils ont toutefois des points d’entrée différents, comme le montre une étude récente sur les LOHAS :
• 20 % des consommateurs ont cette préoccupation quoi qu’il arrive. Ce sont les « alter-consommateurs » ;
10
• 20 % entrent sur le sujet par le biais de l’avantage santé. Appelés les « naturalites », ils sont par exemple très
sensibles à la campagne Greenpeace sur les teintures et les conservateurs dans les textiles.
• 20 % tiennent compte de considérations responsables, à condition que le produit soit à la mode. Ce sont les « drifters ». Si les premiers vêtements en coton recyclé étaient sans style, il importe de proposer des produits aussi sexys
que les autres avec un marketing qui ne soit pas en retrait.
• 20 % des consommateurs sont les « conventionals », ils achèteront responsable si ce n’est pas plus cher.
• Il reste enfin 20 % d’irréductibles qui sont indifférents à ces considérations.
Je retiens de cette étude qu’une bonne partie des consommateurs est prédisposée à intégrer des considérations de
consommation responsable. La question est de savoir comment ils se comportent à l’égard du textile, notamment
dans le contexte d’un événement comme celui du Bangladesh.
Les intérêts des consommateurs s’organisent comme des cercles concentriques : moi, ma famille, la santé de mes
enfants, ma maison, mon quartier, ma région, mon pays, puis la planète. La considération planète étant beaucoup
plus éloignée, les consommateurs auront du mal à l’intégrer d’emblée dans leurs considérations d’achat. De même,
l’achat bio est avant tout motivé par des raisons de santé, et non de prise en compte de l’environnement, sauf pour
les alter-consommateurs. Il n’est donc pas évident que les consommateurs tiennent compte de l’événement survenu
au Bangladesh. La disposition des consommateurs à intégrer ces considérations dans leur acte d’achat sera d’autant plus forte que le bénéfice est proche et concret pour le consommateur.
Valérie robert
Au sein du système linéaire actuel, dans lequel nous produisons, consommons et jetons, nous assistons à l’apparition
d’une nouvelle forme de consommation collaborative, appelée « shwopping », contraction des termes anglais shopping
et swap (échanger). On retrouve le shwopping sur des sites
comme MonFashionDepot, VestiaireCollective, VideDressing, mais il est aussi mis en place par des marques comme
Burton, qui a invité ses clients à rapporter leurs vêtements en
échange de bons pour les Restos du Cœur, ou encore H&M
qui a mis en place une collecte de vêtements.
Comment décryptez-vous ces comportements de consommation ? D’où vient, selon vous, la motivation des consommateurs à rapporter leurs vêtements ?
ELisabeth Laville
En premier lieu, ces initiatives donnent aux consommateurs l’opportunité de se débarrasser de vêtements qu’ils
ne portent plus. En Angleterre, la campagne lancée par Marks & Spencer et Oxfam, qui a donné envie à toutes ces
marques de faire de même, a rappelé que 50 % environ de nos vêtements dorment dans nos armoires, dont une
partie est neuve.
Par ailleurs, une étude du Credoc sur la seconde vie des objets montre que 90 % des vêtements adultes ont été
achetés neufs. Nous achetons beaucoup, à l’occasion de soldes, de ventes privées, etc. Lorsque les enseignes
donnent aux consommateurs l’opportunité de rapporter leurs vêtements, le succès est au rendez-vous. Ainsi, Monoprix a été submergé.
La campagne de Marks & Spencer, lancée dans le cadre d’un partenariat avec Oxfam, consiste à inviter les clients à
rapporter chez Oxfam les vêtements non portés, à condition qu’ils comportent au moins une pièce Marks & Spencer.
En échange, les consommateurs obtiennent un coupon d’achat valable chez Marks & Spencer. En trois ans, deux
millions de clients ont participé, rapportant en tout sept millions de pièces de vêtements. Cela a généré un chiffre
d’affaires de trois millions de livres pour Oxfam, et 55 % des consommateurs ont utilisé le coupon d’achat. Au final,
le projet a représenté sept millions de livres de bénéfice net pour Marks & Spencer. Devant un tel succès, l’opération
devrait être généralisée.
Je suis surprise que les marques en France ne le fassent que ponctuellement. Il serait à mon sens possible de le
faire en permanence.
La marque Patagonia aux EU a noué un partenariat avec Ebay : il existe, sur le site Patagonia, une boutique Ebay, où
les clients peuvent revendre leurs vêtements Patagonia d’occasion. L’initiative a été critiquée à l’origine. Patagonia a
estimé que ce système allait mener vers sa marque des personnes qui ne pourraient s’offrir les vêtements neufs. En
outre, cela visait à faire découvrir les vertus des vêtements Patagonia, qui sont garantis à vie.
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Valérie robert
Je me tourne à présent vers Eric Fromant. Pour vous, la consommation responsable est-elle un effet de mode ou un
changement profond ?
eric fromant
Je ne crois pas à un effet de mode. A mon sens, nous sommes plutôt face à une tendance de fond, c’est-à-dire une
évolution lente, mais inexorable. Cette évolution résulte de la synergie de deux phénomènes. Le premier concerne
les consommateurs et le second les entreprises.
S’agissant des consommateurs, ils prennent conscience que la baisse de prix correspond de plus en plus à une
baisse de qualité, et que finalement, sur la durée, « le bon marché coût cher ».
Dans un contexte de crise, où le pouvoir d’achat est en baisse, ce facteur change
les esprits. Le consommateur devient de plus en plus un « consommacteur ». Il a
de plus en plus conscience du gâchis généré par la société d’hyperconsommation.
Il est sensible à empreinte écologique des produits, mais aussi aux pollutions et
aux conditions de travail contestables.
Les entreprises prennent quant à elles conscience d’un effet ciseaux. D’un côté,
elles sont face à un changement d’attitude des consommateurs, lié à une baisse
du pouvoir d’achat. Il en résulte une baisse de volume, une pression sur les prix,
et la nécessité de s’adapter. D’un autre côté, elles sont confrontées au prix croissant des ressources matérielles. La détention d’une matière première devient une
arme politique. Nous l’avons vu en 1973 avec le pétrole, et plus récemment avec
les terres rares. A cette envolée des prix s’ajoute la hausse régulière du coût de la
main-d’œuvre asiatique.
Dans ce contexte, l’économie de fonctionnalité représente le contraire de l’obsolescence programmée.
La plupart des consommateurs ont pris conscience que l’obsolescence programmée équivaut en quelque sorte à un vol de pouvoir d’achat. Elle revient aussi à un
vol de part de marché, parce que celui qui la pratique empêche un autre secteur de bénéficier du pouvoir d’achat
qui est ainsi capté. Lorsque l’on fabrique deux à quatre produits au lieu d’un seul, cela entraîne une surconsommation d’énergie et de matières premières. Par conséquent, cela donne lieu à une augmentation des coûts, dans
un contexte où il est difficile d’augmenter les prix. En conséquence, la masse salariale baisse en conséquence.
Ceci donne lieu à une réduction des salaires domestiques ou au recours à la main-d’œuvre asiatique. A terme, la
consommation stagne. On dit que la baisse de la consommation grippe la machine économique. Or, par définition,
les salariés et les consommateurs sont les mêmes. C’est le sens de la phrase de Henry Ford, qui accordait des augmentations à ses employés pour qu’ils achètent ses voitures, créant ainsi un cercle vertueux.
A l’inverse de l’obsolescence programmée, l’économie de fonctionnalité vise à dégager des économies d’énergie et
de matières premières. Elle fait appel à une main-d’œuvre de qualité, qui coûte donc plus cher et provoque ce cercle
vertueux. L’exemple classique est celui de Xerox. Dans ce modèle, un doublement de la masse salariale entraîne
200 millions de dollars de profits annuels supplémentaires, la main-d’œuvre de qualité ayant notamment permis de
recycler un certain nombre de composants. De même, dans les années 1960-1970, la main-d’œuvre allemande était
la plus chère d’Europe, ce qui n’empêchait pas l’économie allemande de fonctionner remarquablement. Il convient
donc d’être attentif, non au coût de la main-d’œuvre, mais au rapport de ce qu’elle produit sur ce qu’elle coûte.
Par conséquent la consommation responsable relève à mon sens d’une tendance de fond.
Comme vous l’indiquez dans votre mémoire, les Occidentaux ont mis 50 ans pour passer d’un type de consommation
à un autre. Les Japonais sont allés plus vite, car ils ont commencé plus tard. Les pays émergents iront probablement plus vite. Néanmoins, ils ont une telle boulimie de consommation que les effets psychologiques sont toujours
lents. Si nous changeons de modèle rapidement, nous entraînerons un effet de compétitivité que ces pays n’auront
pas, car ils seront toujours en retard d’une époque. Si nous faisons l’effort de nous reconvertir, nous serons reconvertis avant les autres et nous redeviendrons compétitifs.
Valérie robert
L’UIT et l’UFTH ont mis en place des expériences de lean management entre 2010 et 2012, avec un bilan très positif,
puisque 96 % des entreprises continuent à faire fonctionner le système mis en place. Quelles sont les différences
entre le lean management et l’économie de fonctionnalité ? Est-il possible de mettre les deux en place au sein d’une
même entreprise ?
eric fromant
Oui, cela est possible. L’économie de fonctionnalité est un modèle économique, alors que le lean management ren12
voie à une procédure, qui a commencé avec le lean manufacturing, consistant à raccourcir les délais entre la réception de la commande et la réception du paiement. Cette approche ne tient pas compte de la nature de l’offre. Le lean
management doit intervenir après le choix du modèle économique et la définition de l’offre.
Valérie robert
Que pensez-vous de la marque Mud Jeans, qui propose des jeans en leasing ?
eric fromant
Il ne s’agit pas de leasing, mais de location, puisque le client n’est pas consommateur en dernière instance. Je ne
connais pas suffisamment ce cas pour porter un jugement. J’émettrais néanmoins un certain nombre de réserves.
Les chiffres dont j’ai eu connaissance montrent que l’on dépense plus en louant un jean qu’en en achetant un nouveau. Sachant qu’un jean se porte en moyenne 400 fois, et que la dépense de Mud Jeans s’élève à 80 ou 100 euros
par an, même en supposant qu’on le porte tous les jours de l’année, le modèle me semble plus cher.
L’économie de fonctionnalité revient à baisser les prix et augmenter les marges en même temps. L’un des intérêts de
l’économie de fonctionnalité revient à se différencier et à dominer par les coûts en diminuant radicalement la quantité de matière première consommée. Les économies sur les ressources matérielles sont partagées avec le client.
Je ne retrouve pas ces paramètres dans le modèle de Mud Jeans.
Valérie robert
Vous soulignez que nous nous sommes trompés de combat en délocalisant, car cela a donné lieu à une perte d’innovation.
eric fromant
Dans les années 1980, de nombreux articles publiés dans la Harvard Business Revue préconisaient de faire descendre l’autonomie vers tous les niveaux de responsabilité dans l’entreprise, sans remettre en cause la hiérarchie.
L’idée était que chaque poste pouvait trouver des idées et innover. Cela permettait aussi d’avoir de multiples
échanges à l’intérieur d’un certain niveau de responsabilité, ce qui a donné lieu au développement de la gestion par
projets.
La délocalisation a mis un terme à cette évolution. On a pensé abaisser les coûts en recourant à une main-d’œuvre à
bas prix. On n’a fait que retarder une évolution. Ainsi, depuis Ariane, TGV, Airbus, les centrales nucléaires, la France
ne s’est pas illustrée dans des secteurs innovants. La crise va nous obliger à revenir vers l’innovation. Sans innovation, on arrive à une guerre des prix qui provoque l’effondrement des marges.
L’innovation organisationnelle, qui renvoie à l’économie de fonctionnalité, est plus facile à mettre en place que l’innovation technologique. Elle a donc un retour sur investissements plus garanti.
Valérie robert
Eric Boël, considérez-vous la consommation responsable comme un effet de mode ou comme un changement profond ?
eric boël
Pour moi, il s’agit clairement d’un mouvement de fond, inexorable. Au risque de choquer, je vous rappellerai la
définition du système capitaliste par Milton Friedman, selon lequel le métier de l’entreprise consiste à faire du profit,
avec comme seule contrainte de respecter la loi. Qui souhaiterait encore un système aussi simple et aussi peu
humain que celui-là ? Nous sommes tous en train d’évoluer dans nos entreprises.
La fameuse génération Y, si difficile à comprendre, refuse de travailler uniquement par sens du devoir. Elle ne veut
travailler que dès lors qu’elle voit un sens à son travail. Le développement durable, en intégrant les trois composantes que sont le social, l’environnement et l’économie, n’est-il pas précisément en train de redonner un sens à nos
économies et à nos entreprises ? N’est-il pas également de nature à fédérer, mobiliser, séduire nos salariés, mais
aussi nos clients, en mettant en place un gain d’image évident pour l’entreprise actrice de développement durable ?
J’en suis intimement convaincu. Je n’imagine pas qu’une entreprise puisse fonctionner sans avoir intégré les schémas du développement durable à l’horizon de dix ou quinze ans.
Valérie robert
Pensez-vous que la catastrophe survenue au Bangladesh pourrait contribuer à une relocalisation du tissu industriel
en France ?
eric boël
A mon sens, tout ce qui permet de garantir au consommateur que le produit a été fabriqué « proprement » constituera un facteur différenciant, favorisant l’acte d’achat.
13
Le textile amont en France, hors confection, représente aujourd’hui 70 000 emplois. A titre de comparaison, l’industrie du luxe représente 35 000 emplois.
Les entreprises regroupées au sein d’Altertex sont convaincues que le consommateur d’aujourd’hui veut acheter un
produit à la mode, largement diffusé, ayant un rapport qualité-prix qui tient la route. Dès lors que ces trois conditions
sont réunies, il est prêt à acheter plus responsable. L’idée d’Altertex est donc de rendre cela possible.
La chemise que je porte, achetée 40 euros, est composée d’un fil de coton qui coûte un
euro. Si ce coton est bio, il coûtera 1,30 euro. Le surcoût « durable » de cette chemise
s’élève donc, en valeur absolue, à 30 centimes d’euros. On peut imaginer la mise en
place d’un système accessible au consommateur, tant sur le bio, que sur le responsable ou le recyclé. L’idée d’Altertex est de rendre accessible, pour les metteurs en
marché, l’utilisation de textiles respectueux du développement durable au sens large.
S’agissant de la catastrophe du Bangladesh, je rappelle que nous avons en France,
les règles environnementales et sociales parmi les plus exigeantes de la planète. Ces
règles ont généré des distorsions de coûts qui ont balayé des pans entiers de nos industries. Dès lors, tout ce qui
nous permet de valoriser ces vertus environnementales et sociales, qui ont une vraie valeur, va dans le bon sens. Les
achats responsables correspondent en particulier au made in France, au label Origine France garantie, à l’affichage
environnemental.
Le label Origine France garantie, créé il y a quatre ans, implique que la confection ait lieu en France. Or, dans le
textile, il y a peu de confection en France. Un label spécifique a donc été décliné pour les matières textiles. Ainsi, un
vêtement confectionné au Maghreb, mais contenant de la matière textile fabriquée en France, sera labellisé.
Valérie robert
Vous avez travaillé sur l’affichage environnemental avec la plateforme textile, puis dans le cadre de l’expérimentation
nationale, qui vient de s’achever. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cet affichage, et quels bénéfices il
apporte aux marques qui le mettent en place ?
eric boël
A l’issue du Grenelle de l’environnement, l’une des premières lois votées a prévu que le consommateur a le droit
d’être informé sur le poids environnemental des produits qu’il achète. C’est de cette loi que découle l’affichage environnemental.
Comme je vous l’ai dit, nous sommes convaincus que dès lors que nous valorisons les vertus environnementales et
sociales de nos productions auprès du consommateur, nous leur apportons une valeur ajoutée importante. L’affichage environnemental constitue une manière de valoriser nos produits.
Nous participons au groupe de travail créé par le gouvernement via l’ADEME et
l’Afnor. 17 entreprises françaises du textile ont participé à l’expérimentation. Toute
la filière était rassemblée, incluant des filateurs, tisseurs, tricoteurs, ennoblisseurs,
confectionneurs et distributeurs. Nous avons mené une cinquantaine d’analyses de
cycles de vie, qui ont montré le gain environnemental significatif d’une production
euro-méditerranéenne par rapport à une production axée sur l’Asie.
Une expérimentation est sur le point d’être lancée au niveau européen. L’ambition de
notre groupe de travail est de prouver que cet affichage environnemental est à la fois
gérable par les entreprises et fiable pour les consommateurs. Au terme de deux ans
d’expérimentation, nous pouvons affirmer que ce dispositif est simple à utiliser et
incitatif pour les entreprises. Nous avons travaillé avec le cabinet Cycleco, qui a créé
le calculateur Spin it, permettant d’effectuer des analyses de cycle de vie simplifiées
de manière très rapide.
Valérie robert
Pouvez-vous nous apporter un témoignage sur la marque Létol, créée au sein de votre entreprise ?
eric boël
Notre co-entreprenariat avec Létol, qui repose sur l’initiative d’une styliste de talent, illustre de manière concrète
de tout ce que je viens de vous présenter. Les étoles de la marque, en coton biologique, sont labellisées Altertex et
Origine France garantie. Toutes les étapes de fabrication ont lieu dans un rayon de vingt kilomètres. Créée il y a deux
ans et demi, la marque est déjà diffusée dans 250 boutiques et connaît une très forte croissance. L’argument numéro
un auprès des consommateurs n’est pas seulement le bio, mais le made in France. Le circuit direct entre l’usine et
la boutique nous permet en outre d’offrir ce produit à un prix accessible au consommateur.
14
Valérie robert
Dominique Giusiano, vous êtes président de Somewhere, que vous avez acheté à Redcats en 2012. Somewhere est
une marque responsable qui a mis en place la campagne « Videz vos placards, Somewhere recycle vos pulls ! ».
Pouvez-vous nous en dire plus sur cette opération ?
DOminique Giusiano
La société Somewhere a été créée en 1993 au sein de La Redoute. En la rachetant il y a un an et demi, nous avons
souhaité repositionner cette marque forte et lui permettre de retrouver son ADN.
Les valeurs premières de la marque sont l’authenticité et la convivialité. L’authenticité renvoie au naturel. Notre
premier slogan était d’ailleurs « une envie de naturel ». Elle est également liée au confort, à la simplicité et à la praticité, qui correspondent au respect de la nature. Quant à la convivialité, elle signifie prendre du plaisir mais aussi le
partager. La démarche du développement durable fait partie de l’ADN de la marque. Ainsi, la marque a été l’une des
premières, dès 2005, à lancer une ligne homewear en coton biologique, sans toutefois le valoriser auprès des clients.
Par ailleurs, la marque avait conclu un accord avec un agriculteur normand concernant des hectares de plantation de
lin, pour une ligne de vêtements en lin biologique.
Nous menons également depuis longtemps des démarches
de développement durable, à travers par exemple nos
magasins éco-conçus, ou encore en adoptant une logique de
papier 100 % recyclés pour l’ensemble de nos catalogues.
Déjà en 2011, nous avions vendu des produits en laine recyclée. Notre souhait était d’aller plus loin, en récupérant la
laine des pulls que nos clients nous rapporteraient.
En octobre 2011, nous avons donc lancé une opération de
recyclage complet de pulls. En janvier 2012, nous avions collecté, sur les 30 boutiques de l’époque, plus de 15 000 pièces,
soit l’équivalent de plus de quatre tonnes de pulls. Nous n’avions pas prévu une telle affluence.
Un premier travail a porté sur le déferrage, c’est-à-dire la suppression de tout ce qui ne relève pas du fil dans les
pulls. La transformation des pulls en mèches et en fils a eu lieu en février 2012. Un mois plus tard, nous avons lancé
le jeu « Avant, j’étais un pull » sur Facebook et le site Internet de Somewhere. Ce concours demandait aux clients de
proposer les designs des vêtements que nous allions confectionner avec la laine en provenance de leurs pulls.
Des pulls et une écharpe ont été fabriqués à partir du mois de juillet. Enfin, la collection de ces produits a été mise
en vente dans les boutiques en octobre 2012.
Nos clients se sont fortement mobilisés, tant pour la collecte que pour le concours. Nous avons bénéficié du soutien
d’Eco TLC, qui nous a aidés à trouver les bons partenaires. L’Institution de Coordination des Interventions des Aides
à Domicile (ICIAD) a ainsi beaucoup travaillé sur le déferrage et le tri. Enfin, la Filature du Parc a transformé les
pulls récoltés en mèches puis en fils. La société, qui a plus de 60 ans d’existence, détient un réel savoir-faire de fils
cardés, preuve que les savoir-faire sont maintenus en France.
En termes de bilan, le succès commercial s’est révélé mitigé, notamment en raison du produit, qui n’offrait pas un
toucher pas assez doux et souple. Par ailleurs, nous sommes restés sur un choix de coloris un peu trop classiques.
Enfin, le prix était assez élevé.
Ce succès mitigé s’explique également par la complexité du processus et la difficulté de communiquer à son sujet.
La perception du cycle de consommation n’est pas encore totalement intégrée par nos clients. D’ailleurs, au départ,
dans le concours, certains clients suggéraient d’utiliser les pulls en les assemblant. Ils n’avaient pas forcément saisi
que nous revenions à l’étape de fil.
Par ailleurs, le relais de l’opération dans la presse a été limité. Si nous avons bénéficié d’un bon suivi au moment de
la collecte, le sujet a ensuite été jugé trop complexe en dépit de nos efforts de pédagogie sur les différentes étapes
du projet.
En revanche, le projet s’est révélé très mobilisateur au sein de l’entreprise. Je vous ai rappelé nos valeurs et notre
histoire. Nos équipes ont plébiscité l’idée, et la mobilisation a été fantastique. Ce projet a été très fédérateur et a permis une approche de ces valeurs dans l’entreprise, suscitant une réelle fierté d’appartenance.
Par rapport aux clients, nous avons mené un travail d’explication dans nos magasins. Tous les clients à qui nous
avons donné une explication ont été convaincus de l’intérêt de la démarche.
15
QUESTIONS DE LA SALLE
Lauriane tiard
Vous avez tous qualifié ce changement d’inexorable, lent et indispensable. Comment pourrait-il être provoqué ?
Comment accélérer cette évolution ? L’impulsion incombe-t-elle aux consommateurs ou aux entreprises ?
eric Fromant
L’expérience de l’économie de fonctionnalité est empirique, dans le sens où les entreprises ont recherché des économies de fonctionnalité pour répondre à un besoin. Or, nous constatons que lorsque l’offre est adaptée à l’attente
du client, elle fonctionne très bien. Il s’agit d’une innovation organisationnelle de rupture, qui change les comportements et provoque une réaction en chaîne.
elisabeth laville Comme le montre l’étude sur les LOHAS évoquée précédemment, je pense que les consom-
mateurs sont majoritairement prêts. En revanche, ils n’entreront pas dans le sujet par le même biais. L’enjeu
consiste donc à réussir à parler à tous, ou du moins au plus grand nombre. Une niche de 20 % représente déjà une
niche conséquente. Sur la plupart des marchés, l’information manque. En effet, le consommateur ne sait pas à quoi
il doit prêter attention lors de son achat. L’exemple des fleurs est à cet égard révélateur. La plupart des consommateurs ignorent que 75 % des roses sont importées par avion, d’Afrique, d’Inde, etc. Contrairement aux fruits et
légumes, l’affichage de l’origine n’est pas obligatoire pour les fleurs et les plantes.
Concernant les chaussures, il n’existe quasiment aucune offre responsable en France. Les enjeux portent donc sur
la qualité et le dynamisme de l’offre. Les grands acteurs du marché doivent se lancer sur le marché responsable,
en utilisant leur force de frappe en termes de marketing pour rendre cette offre attractive. A ce jour, il n’existe sur
le marché que des marques hyper-alternatives, hyper-engagées, pour la plupart mal connues. Le marché manque
d’acteurs majeurs qui se lancent sur le marché responsable. Dire que les consommateurs ne sont pas prêts est un
prétexte. Comme je le dis à mes clients, une entreprise a les clients qu’elle mérite.
ANDRE-PIERRE DOUCET
Je suis un ancien administrateur d’Eco TLC, dont j’ai participé à la mission de préfiguration. J’ai également dirigé
des travaux d’affichage environnemental dans le secteur du sport, au sein de la plateforme ADEME / Afnor.
Vous avez évoqué le rôle du consommateur et de l’entreprise pour impulser un changement. Mais il existe également un troisième acteur, à savoir
l’Etat. Ce dernier détient à la fois le monopole de la réglementation et
de la fiscalité. Dès lors, il peut impulser des changements majeurs. En
termes de fiscalité, l’éco-participation est un volet intéressant.
Concernant la réglementation, l’affichage environnemental constitue un
levier extraordinaire. Nous arrivons à cet égard la fin d’un premier cycle,
celui de l’expérimentation en France, et à la veille d’un deuxième cycle,
celui de l’expérimentation européenne. Le parlement va rendre son rapport au gouvernement, pour que ce dernier décide si l’affichage environnemental doit devenir contraignant. Parallèlement, le Sénat auditionne
des opérateurs, mais également des associations de consommateurs. Le lobbying est intense. Pour le moment, certains acteurs ont pris l’avantage. Ils militent pour un affichage environnemental volontaire, mais encadré réglementairement. Une telle approche favorisera forcément ceux qui ont pris de l’avance dans le domaine. Nous ne devons
pas rater l’étape historique consistant à rendre obligatoire l’affichage environnemental.
Je vous rappelle que l’étiquette énergétique a complètement transformé le marché de l’électroménager en l’espace
de deux ans. Nous devons être attentifs à ce sujet. Monsieur Boël, quel est votre sentiment à l’égard de l’affichage
environnemental ? Souhaitez-vous aller vers une application volontaire encadrée ou vers un système obligatoire ?
eric boël
Le souhait de nombreux industriels du secteur, dont je fais partie, est l’affichage obligatoire. J’adhère à vos propos.
Cette impulsion serait colossale. L’affichage environnemental permettra d’avoir information réelle sur les produits.
Je suis convaincu que nous avons tous, y compris les distributeurs, intérêt à avancer sur le sujet. Je regrette les
résistances opposées par certaines entreprises et fédérations. Pour une fois, la France est vraiment en avance.
DOminiqiue Giusiano
De mon point de vue de distributeur, je vous poserai une question iconoclaste. Pensez-vous que nos consommateurs
finaux seront prêts à payer plus cher un article identique étant noté A plutôt que D ?
Par ailleurs, vous dites que la filière a eu beaucoup de difficultés à maintenir sa compétitivité avec les réglementations. Avec l’affichage environnemental, les entreprises du textile ne risquent-elles pas de ne plus être aux normes ?
16
Tous les Français ne sont pas forcément attentifs à ces critères de production.
eric boël
Rien ne justifie qu’un produit responsable soit laid, mal diffusé ou plus cher. A cet égard, nous devons trouver des
solutions. L’exemple de l’opération de Somewhere est très significatif. Vos clients n’auraient pas acheté le produit
s’ils n’avaient eu connaissance du projet sous-jacent.
Concernant votre deuxième remarque, les analyses de cycle de vie, pour des produits équivalents, ont montré qu’une
fabrication euro-méditerranéenne a des impacts trois à cinq fois inférieurs en termes d’émissions de gaz à effet de
serre. Les citoyens sont attentifs à ces facteurs.
Nous devons trouver des solutions nous permettant de redonner de l’activité au système économique. Par exemple,
les exigences auxquelles nous nous plions en termes de teinture sont si élevées, que nous avons tout intérêt à les
valoriser.
LES INTERVENANTS
Animée par Valérie ROBERT - Intervenante ESMOD / ISEM
Avec une solide expérience en Création et Coordination de collection exercée dans le Prêt
à porter féminin chez Florence (Prêt à porter Luxe), Infinitif, Weill, Jacqueline Riu, Bernard
Zins, Burberry et Mulberry, Valérie Robert est convaincue de l’urgence pour l’industrie de
la mode d’aller vers un nouveau modèle économique qui n’épuise pas nos ressources et
qui assure la pérennité de nos métiers.
Passionnée par ce défi, elle a réalisé un travail de recherche dans le cadre de son MBA à
l’IFM sur le thème de l’éco-conception dans le but de créer des produits dont le cycle de
vie est en boucle fermée.
Valérie anime aujourd’hui des modules de formation sur le développement durable et la
mode à ESMOD dont elle est diplômée.
Elisabeth LAVILLE - Fondatrice d’UTOPIES et de www.mescoursespourlaplanete.fr
Fondé en 1993, Utopies est reconnue comme «L’agence pionnière dans le conseil en développement durable» (cf. Enjeux-Les Echos). Elisabeth Laville accompagne des entreprises diverses, depuis les pionniers (Ben&Jerry’s et The Body Shop) aux grands groupes comme
Lafarge, L’Oréal.
Elle a oeuvré pour le développement de partenariats avec le PNUE et le Global Compact
et a été à l’initiative de plusieurs groupes de travail comme «Entreprises & Construction
durable» et «Publicité & Communication responsable», pour encourager le partage de
bonnes pratiques.
Auteure de «L’Entreprise verte» (ed. Village Mondial) qui a reçu le prix Synapsis en 2002, elle est
également très active en matière de sensibilisation du grand public via sa structure cofondée avec Marie Balmain «Graines de changement» et le site www.mescoursespourlaplanete.com est né de cette structure.
17
Eric FROMANT - Fondateur de Sefior – Expertise en Économie de fonctionnalité
Docteur es chimie-biochimie et diplômé de HEC - Executive-MBA, Eric FROMANT a dirigé
plusieurs entreprises et collaboré durant dix années au sein du Comité Européen de Normalisation.
Par sa société de conseil PM-Sefior, il est maintenant spécialisé dans le conseil stratégique
basé sur les avantages de l’économie de fonctionnalité dont il a actualisé les éléments clés
en les adaptant aux besoins des entreprises. Ce modèle permet un accroissement sensible
des marges et de la compétitivité (prix ou hors prix), tout en conjuguant, différenciation
et domination par les coûts. Il vient de publier : « Les clés du renouveau face à la crise !
Economie de fonctionnalité : mode d’emploi pour les dirigeants d’entreprise » (éditions EMS,
septembre 2012).
A ce titre, il est membre expert de l’Institut de l’Economie Circulaire, Expert APM, ainsi
que directeur de discussion à HEC sur la reprise d’entreprise.
Eric BOËL - Directeur des Tissages de Charlieu et Fondateur d’Altertex
Originaire de la région roannaise, Eric Boël rachète Les Tissages de Charlieu il y a 15
ans. Fondée au tout début des années 1900, elle est devenue depuis les années 90 une
des plus performantes société de tissages de France, leader dans le Jacquard. Cette
entreprise de 50 personnes réalise aujourd’hui 8 millions d’euros de CA en innovant pour
maintenir sa compétitivité.
Altertex est le 1er réseau d’entreprises françaises et européennes éco-responsables engagées pour un textile éthique et solidaire. Créé en 2009 par un collectif de PME engagées
dans le développement durable, il regroupe l’ensemble de la chaîne de valeur du textile et
de l’habillement : filateurs, tisseurs, tricoteurs, ennoblisseurs, confectionneurs, marques
et distributeurs. Par ailleurs, en tant que Président de la Fédération Française de Tissage
Soierie, il est fortement engagé dans le projet gouvernemental sur l’affichage environnemental.
Dominique GIUSIANO - Président de Somewhere
Entrepreneur depuis peu, «textilien par passion », Dominique Giusiano a fait toute sa carrière au sein du secteur habillement : ETAM, La Blanche Porte, les 3 Suisses, Monoprix et
enfin Redcats Children and Family Brands dont il occupa le poste de CEO jusqu’en Mars
2012. A ce titre, il fut le représentant légal de Kering (alors PPR) à la présidence d’Eco
TLC pendant 2 ans et demi.
Début 2012, il rachète la marque Somewhere au groupe Redcats, avec son épouse et
son Directeur financier Philippe Defontaine. Avec 24 boutiques, ils ont l’ambition de voir
grandir Somewhere en la « marque responsable qui s’engage aussi au travers d’une offre
respectant la planète et les hommes en conciliant avant tout bien-être, style et plaisir.»
En 2011, Somewhere lance une campagne inédite : collecter de la maille en magasin pour
en refaire une gamme en fibres recyclées, selon des designs proposés par la clientèle.
18
CONCLUSION DU PRÉSIDENT
Je remercie tous les intervenants pour ces débats
passionnants. De vos échanges, je retiens en particulier
l’apanage du « et ». Nous vivons depuis longtemps sur
la notion du « ou ». Autrement dit, sommes-nous vertueux « ou » dans l’intérêt ?
A mon sens, la seule voie permettant d’agir différemment consiste à faire se rencontrer ces
deux notions, en les reliant par un « et », en parvenant à être vertueux, tout en intégrant
notre intérêt. Si nous ne prenons pas ce chemin, nous resterons dans les extrêmes, à savoir
les schémas capitalistiques outranciers ou le secteur caritatif. La voie médiane doit nous
permettre d’avancer et de prendre nos responsabilités d’adulte en répondant à la question :
Quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ?
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