DOSSIER - L`Eco News

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DOSSIER - L`Eco News
Marché du véhicule neuf
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
D
ans le souci de conforter leurs volumes de vente
et de gonfler leur chiffre d’affaires, certains
concessionnaires automobiles et revendeurs
agréés ne se gênent pas pour rouler à la lisière
de la légalité. Même s’ils s’en défendent en criant haut et fort
qu’ils s’adaptent fidèlement à la législation en vigueur, le
désaveu se manifeste au quotidien, sur la réalité du terrain,
compte tenu des défaillances et manquements auxquels sont
exposés les clients. Ces derniers se disent souvent confrontés
à la publicité mensongère, à l’indisponibilité des pièces de
rechange, à la médiocrité du service après-vente, au nonrespect des délais de livraison et des dispositions des bons de
commande…
Mais apparemment, tous ces couacs ne suffisent pas pour
garantir une importante rentabilité, aux yeux de ces concessionnaires. Un nouveau stratagème commercial voit le jour ;
il consiste à créer, au niveau des showrooms, l’indisponibilité
de certains modèles qui se retrouvent étrangement en vente
dans les marchés d’occasion et sur la voie publique, à des
prix de beaucoup supérieurs à ceux affichés par les vendeurs
agréés. Certes, il très compliqué de faire le lien entre les concessionnaires et ces revendeurs informels, mais il n'en
demeure pas moins nécessaire de lever le voile sur cette pratique commerciale indélicate qui tend, malgré tout, à démontrer la complicité astucieuse de certains commerciaux avec les
maîtres de ces showrooms ambulants.
Afin de constater l’ampleur de cette nouvelle manœuvre
commerciale qui se pratique aux dépens des clients, L’Eco a
mobilisé ses journalistes, à l’occasion du salon Autoexpo
2013, pour percer l’univers «vrombissant» de ces marchands
ambulants de voitures neuves n
L’Eco
Bimensuel de l’économie et de la finance
DOSSIER
Le diktat des revendeurs ambuLants
33
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Dossier
DOSSIER
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
Les voitures sont remises en vente plus cher que prix de vente initial
Les revendeurs de voitures neuves investissent les quartiers
Le fiLon qui rapporte gros
Elles sont neuves, chères et prêtes à être livrées. Toutes marques confondues, elles
sont en vente libre sur les trottoirs d’Alger. Leurs vendeurs : des «concessionnaires
ambulants» qui activent tout bonnement à la lisière de la légalité.
Par Hamid Mohandi
L
es trottoirs d’Alger débarrassés
des marchands ambulants à
coups de promesses d’éradication du commerce informel, sont
squattés au vu et au su de tous par un
autre genre de commerciaux agissant
tout aussi dans l’informel mais dans
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un créneau qui s’avère pour le moins
juteux. Le principe est tout simple :
effectuer un bon de commande auprès
des concessionnaires légaux pour plusieurs voitures en promotion, négocier
en toute confidentialité des remises
additionnelles et planter sur la voie
publique un showroom. Les voitures
sont aussitôt remises en vente à un
prix supérieur au prix de vente initial.
Ainsi, ces revendeurs du neuf, appelés
communément «s’hab la remise», se
permettent des marges consistantes
qui oscillent entre 50 000 et 600 000
DA sur chaque voiture vendue, selon
bien sûr sa motorisation. Pour le
consommateur cela reste une aubaine
dans la mesure où il peut acquérir un
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197ch BVA
Dossier
d’écouler leur marchandise au plus notamment en évitant le contact direct
vite. Outre le marché de l’occasion et avec les clients jusqu’à ce que la tranles espaces publics, ils étendent les saction soit confirmée. Le téléphone
lisières du marché parallèle du véhicu- reste alors l’unique intermédiaire avec
le neuf aux sites web marchands. Les l’éventuel client. S’agit-il de mandaannonces de vente de ce genre de voi- taires agréés par les concessionnaires
ture pullulent et se taillent actuelle- dans la perspective de tirer profit du
ment une place primordiale sur la Toile marché de l’occasion dont les prix ne
algérienne.
répondent qu’à la logique du plus
Les modèles exposés sont les offrant ? S’agit-il de simples revenmêmes que ceux qu’on retrouve sur les deurs qui savent tirer leur épingle du
marchés de l’occasion et sur la voie jeu en transformant les retards de
publique, sauf que les revendeurs s’in- livraison qui caractérisent les modèles
génient à attirer le client en lui offrant les plus prisés au niveau des concesla possibilité de visionner les photos sionnaires en une opportunité d’enridu véhicule concerchissené, de s’informent ?
mer de ses
N o u s
caractéristiques
sommes
techniques et
loin d’apd’avoir
un
porter
les
Seul le numéro de téléphone
aperçu de ses
bonnes
affiché sur les vitres des
accessoires et
réponses,
véhicules en vente peut faire
options. En
mais tout
visitant cerporte à croiréférence à la véritable identité
tains sites qui
re
que les
des revendeurs.
consacrent une
deux supporubrique spésitions tienciale à ce
nent la route.
genre de pratique
Nous
avons
commerciale, on
joint par téléa vite remarqué que certains reven- phone certains de ces revendeurs et le
deurs disposent de gammes entières, ce constat est sans appel.
qui soulève bien entendu moult interIls assurent qu’ils peuvent obtenir la
rogations sur une éventuelle complici- carte de circulation (carte jaune) au
té des concessionnaires.
nom du client alors que la voiture a été
déjà vendue (deuxième main). Ce qui
L’identité des revendeurs,
confirme tout bonnement la complicité
une vraie question
de certains commerciaux au niveau des
Jusqu'à preuve du contraire, seul le concessionnaires qui créent volontairenuméro de téléphone collé sur les ment l’indisponibilité afin de
vitres des véhicules en vente peut faire contraindre les clients les plus pressés
Même le Net est squatté
Les revendeurs de voitures de ce référence à la véritable identité des à se rabattre sur le marché noir. Cette
genre exploitent toutes les opportuni- revendeurs. Et encore. Ces derniers pratique commerciale peu orthodoxe
tés susceptibles de leur permettre préfèrent travailler en toute discrétion, ne cesse de gagner du terrain.
Tout le monde peut en tirer un gain,
et le revendeur et le concessionnaire
qui, de la sorte, élargit l’assiette de la
Tableau illustrant la différence des prix
vente pour récupérer sur la taxe versée
Prix affiché par le
Prix proposé sur le
préalablement à l’exception du client
Marque de véhicule Données techniques
concessionnaire
marché informel
qui se retrouvera dans l’obligation de
Moteur 1.6 TDI 105ch
payer plus cher pour disposer de son
Golf 6 Match
à partir de
diesel, transmission
2 750 000 DA
Volkswagen
2 369 000 DA
véhicule dans l’immédiat.
manuelle
La question est de savoir pourquoi
Moteur 2.0 CRDI
chasser
le commerce ambulant pour
à partir de
Tucson Hyundai
4x4 177ch, diesel,
2 970 000 DA
2 186 621 DA
tolérer le commerce illicite des voitransmission manuelle
tures sur la chaussée n
4X4 – SUV, moteur
à partir de
H. M.
SANTA FE Hyundai
2.2 CRDI 4WD
4 260 000 DA
véhicule neuf sans attendre trop longtemps. Il faut dire que les délais de
livraison pratiqués par les concessionnaires peuvent aller jusqu’à 14 mois,
d’où la facilité qu’ont ces gens de la
rue pour écouler leur marchandise sans
encombre.
Showrooms à ciel ouvert
Après avoir suscité l’engouement
des adeptes du marché de l’occasion,
les véhicules neufs sont aujourd’hui
mis en vente tous les jours dans les
quartiers à grande fréquentation.
Exposées groupées ou dispersées à
proximité des places publiques, devant
les stations-service ou de lavage, ces
véhicules immatriculés «00» étalent
toute leur élégance sur les trottoirs et
attendent sereinement acquéreur.
Une virée du côté de la rue Parnet,
cité Maya, à Hussein Dey, place des
720 Logements à Aïn Naâdja, à Bab
Ezzouar, Chéraga… permet de constater de visu la présence des belles dernières.
Seat Ibiza, Renault Symbol, nouvelle Clio, Golf 6 Match, Tiguan R
Line Plus, Peugeot 207 Plus, Hyundai
Eon GLS ou Tucson, garés parfois à
quelques mètres des commissariats du
coin. Néanmoins, les revendeurs ne
s’aventurent pas à négocier publiquement avec leurs éventuels clients ; ils
préfèrent faire le négoce par téléphone
afin d’écarter les curieux et de tirer
aisément vers le haut l’enchère sur le
véhicule concerné jusqu’à ce qu’ils
obtiennent un prix permettant de générer une marge bénéficiaire très importante.
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3 285 000 DA
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Marché des voitures haut de gamme
Des milliarDs changent De mains s
C’est un véritable stand à ciel ouvert : des dizaines de voitures stationnées au bord
de la chaussée attendent preneurs. Le client possédant un compte à plusieurs zéros a
l’embarras du choix. A Sidi Yahia, on trouve des marques prestigieuses : Audi,
BMW, Land Rover, Mercedes, Porsche...
Par Mahmoud Chaal
DOSSIER
S
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ur les trottoirs, ils exposent leur
marchandise comme on expose
des chaussettes sur un étalage.
Riad, Nacim, Rafik ont un point commun : ils sont revendeurs de voitures.
Mais pas n’importe lesquelles. Des voitures de luxe. Chaque soir, ces maquignons ont un seul point de chute : le
quartier huppé de Sidi Yahia. En sillonnant le secteur, le constat est frappant,
c’est un véritable stand à ciel ouvert.
Des dizaines de voitures stationnées sur
les trottoirs, au bord de la chaussée,
attendent preneurs. Pour acheter, on a
l’embarras du choix, si on a un compte à
plusieurs zéro. A Sidi Yahia, on trouve
que des marques prestigieuses. Audi,
BMW, Land Rover, Mercedes,
Porsche… «Vous voulez un Hummer, je
vous le ramène», réplique Riad qui devine notre hésitation à propos du véhicule
que nous cherchons. Riad nous montre
ses trois bolides : une Audi Q3, une Q7
et un Land Rover rutilants, flambants
neuf. «Les trois sont toutes neuves, elles
sont immatriculées en 2013», nous prévient sereinement Riad, convaincu de
faire une bonne affaire avec nous. «Ce
sont les seules voitures disponibles ?
Vous avez d’autres modèles à nous proposer ?» Une question qui le gêne à
peine. Imperturbable. Il reçoit un appel
téléphonique sur l’un des trois portables
en sa possession. Il se lève et, pendant
quelques minutes, répond à son interlocuteur. «Bon, le Q7 est vendu», nous
informe Riad, oubliant notre question
qui l’a dérangé. «Mais si vous insistez
pour acheter le Q7, mon ami en a un.
Dans un instant, il sera là avec nous»,
nous propose-t-il.
Tout se fait avec du cash
Nous avons voulu savoir à combien il
avait vendu l’allemande. «Un peu plus
d’un milliard», s’est contenté de dire
Riad. Rien que ça ! Le prix un appartement dans la capitale. Nous avons voulu
connaitre la situation administrative du
Q3. «La voiture est-elle en règle ? Les
papiers du Q3 sont-ils sont en votre possession ?», l’interpelle-t-on. «Ce n’est
pas un souci», rétorque-t-il pour
dissiper nos craintes. «J’ai
uniquement la carte
jaune. Si vous
achetez, j’ai des
connaissances
pour mettre la
voiture
à
votre nom»,
tente-t-il de
nous rassurer
pour
n o u s
convaincre
de la régularité de la
transaction.
En ce qui
concerne l’assurance ? «Elle est
assurée tous risques
pour une année»,
précise le jeune
revendeur
qui
entame son travail à
17h, mais sa journée peut se prolonger jusque tard dans le nuit. Riad fixe un
rendez-vous à son collègue pour
22 heures. «Beaucoup de gens pensent
qu’on travaille pas beaucoup. Notre
métier est compliqué, très risqué. Il y a
des gens de mauvaise foi qui s’incrustent dans ce métier. Il y
a énormément de larrons qui s’improvisent vendeurs de
voitures,
mais
leur
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seul but est de prendre l’argent des autres
avant de disparaître dans la nature. Une
mise en garde à notre égard pour prendre
nos précautions si on décide d’acheter
auprès d’un autre revendeur.
Nacim arrive vers nous. Il est dans le
même business que Riad. Accroché à
notre discussion, il nous invite à prendre
un café. Il est presque 18 heures. «Je
viens de me réveiller, je suis rentré de
Sétif à 2 heures du matin. J’ai livré la
Mercedes blanche», dit-il à Riad, afin de
l a
retirer de
la liste des voitures à proposer aux
clients. «J’ai fait une bonne
affaire avec la Mercedes. J’ai gagné plus
de ce que j’espérais : 60 hajdra (millions)», se vante Nacim. En fait, Nacim
et Riad travaillent en collaboration, mais
chacun à son compte. Nacim vend les
voitures de Riad et vice-versa, mais chacun prend une commission chez l’autre
s’il lui vend une voiture. «J’ai 12 nouvelles 207 blanches toutes options, si tu
as une commande. Elles ont été livrées
ce matin», annonce Nacim, très actif.
Je demande : «Le Q3, tu me le cède à
combien ?» Avec un peu d’hésitation, il
me répond : « 8 millions de dinars. Si
tu es preneur, je te fais une
remise», réplique Nacim.
Son «collègue» Riad
tente
de
me
convaincre : «C’est
une
excellente
affaire, à ta
place
je
fonce !»
Nacim est
plus insouciant
et
extraverti
que Riad.
R a f i k
n’est pas
prolixe à
c a u s e
d ’ u n e
inflammation de la
gorge. Je me
retrouve,
alors en têteà- tête avec
Nacim. «Tu
accepte les
chèques, si tu
me vends une 207 ?», lui
dis-je. Je lui explique que je suis à
la recherche de plusieurs voitures pour
lancer une activité de location de voitures cet été. «Non, je travaille pas avec
les chèques. Personne, ici, n’accepte de
chèque. Tout se fait avec du cash»,
avoue-t-il avec nonchalance. Prêt à
vendre son stock, il me prévient toute-
fois : « Pour acheter une 207 chez un
concessionnaire, il faut attendre 6 mois.»
Et d’ajouter : « je te ramène toutes les
voitures que tu voudras. Je suis bien
introduit auprès des concessionnaires.
Mais j’achète en grande quantité. Mes
prix sont plus élevés que ceux des
concessionnaires.» «Les gens sont pressés d’avoir un véhicule. Attendre 6 mois,
c’est trop long pour le client. Il est prêt à
payer 5 millions de plus, il a immédiatement sa bagnole avec moi», tranche
Racim. Je demande : «Comment fais-tu
pour obtenir aussi rapidement autant de
voitures ?» «Les commerciaux des
concessionnaires sont mes amis. Je
donne de l’argent sous la table, en
contrepartie, j’obtiens ma commande
dans un délai record. Pas plus d’une
semaine», explique-t-il avec naturel.
Après cette confession, je profite de l’occasion pour en rajouter une couche :
«Qui achète, entre nous, toutes ces voitures de luxes stationnées dehors ?»
«Nous avons les gros commerçants, des
hommes qui sont dans le business mais
aussi des hauts responsables de l’Etat.
Les gens qui achètent ici évitent de passer par les concessionnaires pour ne pas
payer par chèque et laisser des traces de
leur achat. Les concessionnaires n’acceptent pas de cash», rétorque-t-il.
«Alors que chez les revendeurs, les transactions se font uniquement avec du
cash», argumente Nacim.
Le recours systématique à ce mode
de paiement assure l’anonymat, pour
éviter les enquêtes de la police et des
impôts sur l’origine des grosses sommes
d’argent qui changent de mains sur les
trottoirs.
En somme, le commerce de la voiture
à Sidi Yahia est florissant. Des grosses
cylindrées se vendent sur la chaussée, au
détour d’un appel téléphonique. Ni la
police, ni les enquêteurs judicaires et
encore moins le fisc ne perturbent l’essor
de ce business hautement lucratif et net
d’impôt... n
M. C.
Bimensuel de l’économie et de la finance
DOSSIER
s sur les trottoirs à siDi Yahia
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Dossier
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Des revendeurs dans le flou
Au moins 100 000 DA
DOSSIER
Un véritable showroom à ciel ouvert
est dédié aux berlines
40
Ils sont installés partout, dans plusieurs communes de la
capitale. A une dizaine de kilomètres de sud-ouest d’Alger,
nous nous sommes rapprochés d’un de ces revendeurs
d’automobiles. Un véritable showroom à ciel ouvert est dédié
aux berlines. Une dizaine de voitures neuves de différentes
marques, Peugeot, Skoda, Volkswagen, Hyundai, Range
Rover et autres, sont exposées avec des plaques «à vendre».
Pour des mesures de sécurité et pour donner une image de
«professionnalisme», ce revendeur a loué la grande cour d’une
villa de 4 étages qu’il a aménagée en espace de vente. Quelques
voitures sont exposées sur cette esplanade, couvertes d’un bâche
transparente, d’autres sont à l’extérieur, sur le trottoir.
Par Fatima Bouhaci
D
eux petites pièces ont été édifiées aux deux coins de la cour ;
l’une sert de bureau au patron,
équipé d’un micro-ordinateur, d’un PC
portable, d’une imprimante et d’un téléphone-fax. Des fauteuils sont mis
autour du bureau, pour les clients qui
attendent. Sur le portail de la cour, une
grande pancarte annonce : «Vente,
reprise et location de voitures neuves et
d’occasion». Dehors, un homme
modeste, la quarantaine, surveille les
voitures et dès qu’un client s’approche
d’un véhicule, il se dirige vers lui pour
l’accueillir. C’est le commercial de la
maison; il accueille les clients, présente
les produits, annonce les prix, pas plus.
Et quand vous vous montrez intéressé,
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A De bénéfice pAr véhicule
Pas de facture et paiement cash
Nous nous présentons en tant que
représentants d’une entreprise souhaitant acquérir quatre à cinq véhicules
pour son personnel. Le commercial
appelle son patron, M. Mourad, qui
nous reçoit dans son bureau. «Que voulez-vous acheter et combien ?», deman-
Des affaires sans effort qui
rapportent gros
Selon un jeune connaisseur du marché de l’automobile, la plupart de ce
type de revendeurs accepte la reprise et
la revente de voitures neuves ou d’occasion mais en très bon état. C’est-à-dire
qu’ils peuvent vendre à un bon prix et
donc réaliser une bonne marge bénéficiaire. Notre interlocuteur, Hocine, nous
explique le principe du métier : «Les
gens viennent ici (chez ces revendeurs)
et lui demandent de vendre leurs voitures neuves en lui fixant un prix de
vente précis. Le revendeur ajoute alors
la marge qu’il veut et encaisse le tout
lui-même.»
Une hypothèse démontrée puisque
plusieurs ce revendeur que nous avons
rencontré, quand nous l’interrogeons
sur les papiers des voitures, nous dit que
certaines sont à son nom et d’autres sont
aux noms de ses amis, mais «toutes ont
la carte grise prête», assure-t-il. «Vous,
vous n’avez qu’à ramener votre argent
et vous avez votre voiture et ses papiers
le jour même.» Et d’ajouter : «Vous
n’avez pas à vous encombrer des files
d’attente interminables chez les concessionnaires ni à courir pour débloquer la
carte grise. Moi je vend un produit complet.»
Des prix exorbitants contre tous ces
avantages
Chez la plupart de ces revendeurs qui
profitent de leurs bonnes relations avec
les concessionnaires qui leur facilitent
la vente des voitures, tout est payant à
commencer par le délai de livraison qui
est nul. Une Peugeot 207 toutes options,
1.6 HDI 90 chevaux, est proposée à 1,7
million de dinars alors que chez le
concessionnaire elle était vendue (avant
qu’elle ne soit suspendue) à 1,6 millions
de dinars pour les mêmes caractéristiques mais avec un délai de livraison de
trois à quatre mois. Une Skoda Octavia
(motorisation 1.9 TDI 105 chevaux) est
proposée à 1,9 million de dinars. Le prix
de la même voiture chez Sovac Algérie
est de 1,8 millions de dinars. Une Passat
Volkswagen (moteur 2.0 TDI 140 chevaux) coûte 3,3 millions de dinars tandis que Sovac Algérie la vend à 2,999
millions de dinars. En faisant un simple
calcul, on s’aperçoit que ce revendeur
vend toutes les voitures neuves à un prix
supérieur d’au moins 100 000 DA par
rapport au concessionnaire, ce qui
représente une marge nette et plus encore s’il a bénéficié de remises pour
l’achat d’un quota important. Une autre
preuve que même les concessionnaires
sont complices dans les affaires de
revente informelle n
F. B.
Bimensuel de l’économie et de la finance
DOSSIER
il appelle son directeur. «C’est avec le
patron que vous pouvez négocier le
prix», nous dit le commercial qui essaie
de convaincre de la bonne qualité des
voitures. S’agissant de la cherté des
prix, il la justifie par le loyer et les
impôts. Quels impôts ? «La taxe du
registre du commerce», justifie le bonhomme. Ce qui signifie que ce revendeur est réglo et ne fait rien de flou.
Mais d’autres signes montrent tout le
contraire.
de-t-il. Nous répondons que nous
n’avons pas encore décidé des modèles
mais que nous avons besoin de quatre
voitures de tourisme et un véhicule utilitaire. Il profite alors de notre besoin
pour nous proposer une offre complète :
«Deux Octavia Skoda et la Peugeot 207
pour vos commerciaux. La Peugeot
Partner pour le transport de votre marchandise et la Volkswagen Passat pour
votre directeur.» Interrogé sur la possibilité de nous délivrer une facture pour
l’achat de ces voitures, M. Mourad est
catégorique : «Non, la facture ce n’est
pas possible. Moi je ne suis pas une
entreprise. Je fais de la vente de particulier à particulier, je ne peux pas faire de
facture.» Seulement un bon de vente
et/ou une attestation. «Je peux vous le
faire, avec mon cachet et ma signature»,
nous dit-t-il.
Des réponses contradictoires qui
nous laissent douter de la régularité de
ce vendeur. Pourquoi refuse-t-il de délivrer une facture alors qu’il dit posséder
un registre du commerce ? S’agissant du
paiement, cet affairiste nous dit : «Je
préfère le paiement en cash, sinon un
chèque à mon nom. Je n’accepte pas le
virement de compte à compte.» Et de se
justifier : «Je n’aime pas les va-et-vient
à la banque et puis certaines personnes
qui m’ont confié leurs voitures pour les
vendre ne possèdent pas de compte bancaire.»
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Dossier
DOSSIER
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Malgré les dispositions du décret exécutif 07-390
La quaLité de service n’y est pas
Le salon Autoexpo 2013 a été l’occasion pour les acquéreurs de dénoncer «les pratiques commerciales
trompeuses» dont ils sont victimes. Quand le service relation clients est en dessous de tout, les
consommateurs se révoltent. Une centaine de personnes ont manifesté haut et fort leur insatisfaction.
Cinq plaintes par jour au minimum ont été enregistrées par des concessionnaires. Ces derniers nient la
défaillance de leur service et qualifient l’acte de revendication d’«insensé» et «démesuré».
Par Samira Bourbia
«L
e sens de ‘réclamation’ est
péjoratif. Les Algériens sont
impulsifs et quelquefois ils
demandent l’impossible. Il faut qu’ils
assument leurs devoirs afin de réclamer
leur droits», explique Sarah D., commerciale chez KIV (représentant de marques
chinoises). Sur place, nous avons assisté à
une réclamation pour le moins bruyante
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d’un client exigeant qu’on le rembourse
ou qu’on lui change le véhicule acquis
chez ce concessionnaire, arguant qu’il
était accidenté. Nous nous sommes fondus
dans la foule des acheteurs potentiels pour
constater de visu l’ampleur de la contestation. Nous avons perçu un engouement
particulier pour les véhicules français,
anglais, allemands et japonais. Des files
d’attentes interminables d’hommes et de
femmes attendant leur tour dans des
cabines aménagées en service commercial
des concessionnaires. Alors que nous
attendons notre tour pour consulter le
commercial de Toyota, nous remarquons
un client qui négocie le versement de
l’acompte pour acquérir une Avanza à 162
millions de centimes. Une occasion pour
changer sa voiture, de marque Fiat. Il ne
cherche pas à savoir si la voiture sera
livrée dans un délai de 48 heures comme
promis par l’agent en charge de l’enregis-
Bimensuel de l’économie et de la finance
le client est toujours confronté à une
panoplie de problèmes dont il ignore la
solution».
Les acquéreurs de véhicules
naviguent à vue
L’application du décret exécutif 390/07
par les concessionnaires fait défaut. Le
client se sent toujours victime d’abus.
Perdus dans la foule qui se bouscule pour
voir les nouveaux modèles Peugeot, nous
entendons par-ci par-là des gens qui se
plaignent des fausses promesses du
concessionnaire quant au délai de livraison. Ce n’est pas le seul cas, plusieurs
autres distributeurs – Sovac Algérie,
Renault Algérie, Toyota, Mahindra… –
ont enregistré des dépassements des délais
atteignant parfois une année, assure un
client de Renault venu de Médéa : «A ce
jour, je n’ai pas encore réceptionné mon
Master Renault commandé le 31 septembre 2012.» Hélas, il n’est pas le seul à
ignorer cette disposition de la loi. Nassim,
lui, réclame auprès de Chevrolet et Cherry
de revoir leur taux de 10% de l’acompte
sur le prix de vente toutes taxes comprises
du véhicule. «Je me suis retrouvé à payer
11 millions de plus. Où se plaindre ? Le
service clients fait la sourde oreille et je ne
veux pas aller en justice. Les concessionnaires font la loi sur le marché», s’indignet-il.
Deux autres clientes se sont plaintes de
la quantité de carburant dans le réservoir à
la livraison ; la loi stipule que le véhicule
doit être alimenté en carburant pour au
moins 50 kilomètres, «Nous avons dû faire
le plein d’essence à la station la plus
proche, à la sortie du véhicule de la maison, aucun de nos véhicules n’a pu aller
au-delà d’un kilomètre», indiquent ces
deux clientes de Suzuki.
Plus grave, le cas d’un client venu de
Skikda qui nous a confié, près du stand du
concessionnaire chinois Cherry, qu’il
n’avait pas encore sa carte jaune.
Rappelons, à cet effet, que la direction de
la réglementation des affaires générales et
du contentieux de la wilaya d’Alger a
publié, le 9 décembre 2012, une note destinée aux concessionnaires et aux importateurs de véhicules automobiles leur interdisant le renouvellement des «cartes
jaunes» au delà des 60 jours autorisés à
compter de la date de livraison indiquée
par le concessionnaire ou l’importateur.
En plus de notre constat sur le terrain,
l’Association de protection du consommateur et de son environnement (Apoce) a
enregistré une centaine de plaintes contre
les concessionnaires uniquement durant ce
salon. A qui la faute ? n
S. B.
Bimensuel de l’économie et de la finance
Dossier
clients l’ignorent souvent. Quant aux
concessionnaires, ils préfèrent que cela le
reste. Nous avons posé la question à ces
derniers et la réponse était sans appel :
Un engouement particulier pour les
véhicules français, anglais, allemands
«Nous ne pouvons répondre à cette queset coréen au Salon de l’automobile 2013
tion, référez vous à votre texte de loi, nous
ne sommes que des exécutants.»
Pour la plupart, nous sommes des
clients trop curieux et suspicieux. Tous les
représentants des concessionnaires fuient
la question des réclamations. Toutefois, la
majorité des services relations clients
mettent à la disposition de l’acheteur un
numéro de téléphone pour recevoir les
réclamations. Le directeur général de
Peugeot Algérie, M. Foret, reconnaît toutefois la réception de 5 réclamations par
jour. Il indique par ailleurs que «des
mesures correctives sont à chaque fois
engagées pour satisfaire le client».
Ainsi, nous fait remarquer Nacer, commercial chez Ford, «nos clients insatisfaits sont pris en charge directement par
nos services. Les raisons sont généralement liées aux délais de livraison, qui ne
sauraient dépasser les 30 jours pour un
véhicule disponible, seulement dans le
cas contraire, nous signons un accord
avec le client pour la prolongation du
délai».
Par contre d’autres, à l’instar d’Audi,
où nous nous sommes entretenus avec le
responsable marketing toujours en
notre qualité de
client, il n’avait
aucune idée de
trement.
Nous
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décret 390/07
le respect du décret
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concessionnaires et protéconforme
geant le client. «Depuis que
aux disj’occupe ce poste, je ne me
positions
suis jamais référé à un texte
du décret et du
de loi. Ce sont les patrons qui
cahier
des charges ainsi
sont les décideurs, dans tous
qu’aux règles et conditions prévues par la
les cas, le client lésé ne connait
pas non plus ses droits. Pourquoi alors se législation et la réglementation en
prendre la tête ?» Une attitude loin d’être vigueur». «Aller dans le détail des lois ne
un cas isolé puisque nous l’avons aussi m’intéresse pas. Et en quoi cela vous inténoté chez les commerciaux des autres resse t-il ? Vous êtes notre client et nous
veillerons à vos satisfaire», réplique ce
concessionnaires Nissan, Ford, Sovac…
responsable durement. Et d’ajouter que
«l’acte de transparence entre le client et le
Les concessionnaires fuient la
concessionnaire
n’est pas à l’ordre de
question des réclamations
Le décret exécutif 07-390 régissant la jour. Le seul point commun entre ces deux
relation entre le client et le concessionnai- signataires est l’acquisition et la vente de
re existe depuis plus de six ans mais les la voiture. Après l’acte d’enregistrement,
DOSSIER
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
43
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
Mustapha Zebdi, président de l’Apoce
«Plus de 50% des Plaintes concernent l
L’Association de protection et
d’orientation du consommateur et son
environnement de la wilaya
d'Alger (Apoce) vient d’établir une
liste de 22 types d’infractions
commises par les concessionnaires
DOSSIER
Par Nassima Benarab
44
U
n délai jugé très long par les
clients et qui peut aller jusqu’à 13
mois, alors que le délai de livraison ne doit pas dépasser les 45 jours, sauf
accord écrit entre le concessionnaires et
l’acquéreur, selon le décret exécutif
publié en 2007. En général, les concessionnaires trouvent des subterfuges et des
parades afin de ne pas tenir leurs engagements. Et les clients se plaignent souvent
de leurs comportements lorsqu’il s’agit de
faire valoir leurs droits en matière de
livraison et d'indemnisation.
«Chaque jour, des gens se font arnaquer par les publicités abusives et mensongères. Par exemple, ils annoncent des
livraisons immédiates, alors qu’en réalité
le délai peut aller jusqu’à un an», a expliqué M. Zebdi, qui ajoute : «Nous avons
reçu plusieurs requêtes de clients qui nous
font part de l’absence de la date de livraison sur le bon de commande. Le délai
de livraison leur est communiqué verbalement. C'est-à-dire que les concessionnaires n’osent pas l’écrire sur le document pour échapper à leurs engagements.» Il existe même des commandes
de véhicules qui ont été faites lors du
salon de l’auto de l’année dernière. Ces
clients ont payé la totalité du prix, mais
n’ont rien reçu à ce jour. D’autres concessionnaires disent que «le véhicule est disponible et qu’il sera livré dans 45 jours.
Et après avoir payé les 10%, ils vous
automobiles. La plus répandue est le
non-respect du délai de livraison, qui
représente plus de 50% des
réclamations totales enregistrées par
cette association, nous a confié son
président, Mustapha Zebdi.
informent que vous êtes obligé de payer
la totalité, sinon la commande n’est pas
prise en compte».
Le problème n’est pas dans le délai de
livraison tant que le consommateur l’approuve et l’accepte. «Les concessionnaires doivent être transparents avec leurs
clients», affirme M. Zebdi. Pour lui, il est
préférable de «négocier un délai de livraison réel. C'est-à-dire pas limité à 45
jours». A condition qu’en cas de dépassement, «le concessionnaire s’engage à
payer la location d’un véhicule similaire ». Ceci protégera certainement les
intérêts des consommateurs parce qu’actuellement, «nous réglons 80% des
requêtes relatives à des véhicules neufs à
l’amiable, mais certains concessionnaires
n’indemnisent pas leurs clients», a-t-il
ajouté. «Chez Renault les choses se passe
bien, plus difficilement chez Hyundai et
Sovac ; d’autres ne comprennent que par
le scandale ou par la force, comme chez
Peugeot.» Certains acquéreurs ont payé la totalité mais ils n’ont rien reçu jusqu’à ce jour
Bimensuel de l’économie et de la finance
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
t le retard de livraison»
rent sur le marché algérien arnaquent également les clients par leurs conditions de
ventes «qui sont généralement inacceptables et abusives». Il existe même des
pièges qui obligent ces clients à accepter
leurs conditions. Il donne en exemple
qu’«un concessionnaire utilise des bons
de commande imprimés recto-verso, qui
affichent en première page tous les renseignements relatifs à la vente du véhicule,
tandis que le verso comporte une liste de
conditions de ventes écrites en caractères
très petits. Généralement le client qui
prend son bon de commande ne lit pas ces
conditions qui l’obligent quelquefois à
accepter des choses sans être informé».
Les fiches techniques
ne sont pas une référence
Certains conditions disent que l’acquéreur d’un véhicule neuf ne doit pas
prendre en référence les caractéristiques
techniques portées sur les brochures.
C'est-à-dire que s’il choisit son véhicule
neuf sur la base de ces fichiers, il risque
d’avoir de mauvaises surprises lorsque
qu’il recevra sa commande. «Si le client
choisit un véhicule noir, il risque de le
recevoir… orange. Et s’il a signé sur cette
condition, il risque de perdre son droit de
réclamation», affirme M. Zebdi.
DOSSIER
Les sanctions ne sont pas appliquées
aucun, bien qu’il existe des infractions
Le décret exécutif
07-390 du répétitives», dit notre interlocuteur. En cas
d’infraction, les autorités de contrô12 décembre 2007 régissant la vente
le doivent faire un constat de
de véhicules neufs en Algérie ne
manquement. C'est-à-dire que le
protège pas assez les
concessionnaire est obligé de
clients.
corriger son infraction dans un
«Parce
délai d’un mois. Si ce délai est
que non
dépassé, la direction du comseuler, les
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ment. Le président de
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l’Apoce trouve anormal
des lacunes
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abusi ères»
qu’après 50 ans d’indéqui permetong
pendance, «l’Algérie ne
tent
aux
mens
dispose pas de services
concessiond’homologation ni de
naires d’arnacrash test. Une preuve
quer les gens
que
le marché algérien laisse
sans être sancentrer n'importe quoi», affirme-t-il.
tionnés», a affirmé le président de
l’Apoce, qui cite en exemple que le cha- Les arnaques diaboliques des
pitre de sanction n’a jamais été appliqué. concessionnaires
Pour Mustapha Zebdi, la majorité des
«Citez-moi un concessionnaire à qui l’on a
retiré son agrément. A ma connaissance 95 concessionnaires automobiles qui opè-
La concomitance existe aussi dans
l’achat d’un véhicule neuf
«Nous avons reçu une requête étonnante. Un commercial a obligé un client à
acheter un autoradio coûtant 20 000 DA
pour pouvoir recevoir son véhicule le lendemain», a révélé le responsable de
l’Apoce, qui conseille aux futurs acheteurs d’être conscients des justes règles
d’achat qui protègent contre la tromperie
et les promesses illusoires, les erreurs
intentionnelles et pour éviter également le
mauvais choix qui cause des pertes financières en cas de changement ou d’annulation de l’achat de la voiture après avoir
payé un acompte n
N. B.
Bimensuel de l’économie et de la finance
45
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
Paiement en espèces au Salon de l’automobile
Du cash encore e
En dépit des avertissements de la direction de la Safex et du ministère du
Commerce interdisant le paiement en espèces pour l’achat de véhicules visant ainsi
à assurer plus de traçabilité aux transactions, plusieurs concessionnaires ont
continué à vendre en liquide leur véhicules lors du dernier salon Autoexpo 2013.
Par Samira Bourbia
DOSSIER
T
46
rois jours avant la fin du Salon
international de l’automobile,
Mouloud Slimani, directeur de
la promotion et de la coopération à la
Safex, a indiqué que «lors d’une opération de contrôle effectuée durant le
salon par les agents de la
Salon est une aubaine pour renflouer les
Safex au niveau des stands, Le
caisses et se débarrasser des stocks dormants
nous avons constaté le respect de cette mesure par les concessionnaires qui orientaient leurs clients
pour leurs versements dans les
banques».
Afin de vérifier le respect de cette
instruction interdisant la vente en
liquide, nous nous sommes présentés
en tant qu’acheteur potentiel souhaitant acquérir notre véhicule dans l’immédiat et de le payer en espèce. Le
premier service commercial que nous
avons consulté était celui du concessionnaire américain Ford. Le chargé
des ventes nous a expliqué les procédures à suivre avant l’enregistrement
de la commande. Au moment de l’enregistrement de la commande nous
avons exprimé la volonté de payer en
liquide, nous n’avons pas été surpris
par leur commercial qui nous a invités
dans une loge afin de verser discrètement la somme requise. Nous avons
proposé le paiement de plus de
100 000 DA cash ce à quoi il répondit : «Le client est libre de virer la
somme qu’il veut.» A la dernière
minute, nous avons changé d’avis
sous prétexte de réfléchir davantage
Bimensuel de l’économie et de la finance
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
avant de nous décider.
Nous avons sillonné plusieurs
autres stands à l’instar de Peugeot,
KIV, Toyota… qui n’étaient pas contre
cette pratique de paiement en liquide.
D’ailleurs, la majorité de ces concessionnaires ont aménagé des cabines
rien que pour réceptionner le paiement
en espèces. Interrogés, ils ont indiqué
qu'il n'y avait pas de décision formelle
et écrite officielle interdisant la vente
en espèces. Alors que ces mêmes
concessionnaires se sont mis d’accord
avec la Safex pour éviter les transactions en cash.
Mme Louffir attend depuis 5 heures
l’arrivée de son fils afin d’effectuer la
transaction d’achat avec Renault. Elle
a l’habitude d’acquérir ses voitures
durant le Salon et de les payer cash.
«Pourquoi les empêcher de vendre
durant le Salon ? Moi je me suis
déplacée de Tlemcen jusqu’ici pour
choisir le modèle qu’il me faut au lieu
de faire une commande qui prendra
des mois. Autant en profiter», affirme
Mme Louffir. La réalité est que les
citoyens sont habitués à acheter à la
Safex. Ni les vendeurs ni les clients ne
sont convaincus par cette instruction.
D'ailleurs, la plupart des commerciaux
que nous avons approchés nous ont
encouragés, lors de notre commande,
à utiliser le paiement en espèces afin
de nous éviter les déplacements et les
contraintes bancaires à travers le paiement par chèque certifié afin de
gagner de temps pour la livraison du
véhicule. «L'interdiction du paiement
par chèque n'est qu'une rumeur.
Comment peut-on amorcer nos ventes
si nous ne vendons pas à cette occasion ? De plus, le paiement en espèces
permet la confirmation rapide de la
commande et la livraison immédiate
du véhicule au client. Tandis qu'avec
le chèque certifié, le client doit
attendre au minimum 48 heures avant
la confirmation de la commande»,
explique un agent chez KIV. Une pratique très répandue parmi les commerciaux de la majorité des concessionnaires qui considèrent que le Salon est
une aubaine pour remplir les caisses et
se débarrasser des stocks de véhicules.
Sur place, nous avons constaté que le
montant en espèce diffère selon le
concessionnaire et son objectif. Il y a
ceux qui exigent juste le paiement en
espèces des 10% d'acompte et d'autres
le limitent à 50 000 DA. Tout le temps
de notre présence au Salon, nous
n’avons rencontré aucun agent de la
direction de la Safex chargé de vérifier
le respect de l’instruction n
S. B.
Bimensuel de l’économie et de la finance
DOSSIER
e et toujours
47
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
Recettes générées par la promotion
Une moyenne de 20% dU chiffre d’affaires poUr les concessionnaires
DOSSIER
Le Salon international de l'automobile d’Alger est
devenu l'événement incontournable pour les
concessionnaires automobiles qui y présentent leurs
nouveaux modèles et surtout lancent de grandes
campagnes de promotion des ventes. Chaque année, c'est
l'occasion de doubler, voire tripler leurs ventes en moins de
dix jours. Grace aux remises proposées lors de cet
événement, les concessionnaires réalisent entre 10 à 25%
de leur chiffre d’affaires global. C’est le constat fait
Meriem Cherroune,
responsable chez
Volkswagen Algérie
Neïla Hamadouche,
directrice marketing chez Hyundai Motors Algérie
«Notre stratégie marketing se base sur la
disponibilité, le prix et la qualité. Mais aussi,
sur les promotions des ventes et sur la
publicité.» Depuis 10 ans, les remises sont
systématiques chez Volkswagen Algérie au
cours du Salon de l’automobile, «On vient
ici pour profiter de l’occasion et pour
augmenter nos ventes», dit-elle. En termes
de communication et de promotion des
ventes, «nous réalisons 20% à 25% de notre
chiffre d’affaires annuel», a-t-elle estimé. Les
premiers jours du Salon, Volkswagen a
enregistré environ 350 commandes par
jours contre 24 commandes par jour pour la
marque Audi, où les promotions varient
entre 400 000 DA et 500 000 DA n
Nassima Benarab
48
auprès des responsables marketing des différentes marques
présentes à la 16e édition du Salon international de
l’automobile d’Alger qui s’est déroulé fin mars dernier. Si
les promotions font le bonheur de certains
concessionnaires, les acheteurs risquent toutefois se faire
arnaquer via des promotions mensongères qui en réalité
leur coûtent plus cher. Il a été remarqué également que
dans certains cas, ces promotions servent à augmenter,
après la date de la promotion, le prix initial des véhicules.
«Les consommateurs
algériens réagissent aux
promotions. C ’est
normal, puisque les
promotions assurent en
général la satisfaction
supplémentaire d’avoir
acheté moins cher que
les autres acheteurs ou
moins cher que prévu»,
a-t-elle jugé. Il faut
savoir, ajoute la même
responsable, que les
budgets marketing des
entreprises consacrés
aux promotions sont très
importants
comparativement avec
celui de la publicité. La
promotion marketing des
ventes agit plus vite que
la publicité, ce qui
«nous permet de
doubler largement nos
ventes de véhicules
durant les dix jours de la
foire», a-t-elle précisé n
N. B.
Bimensuel de l’économie et de la finance
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
Avis des clients
«C’est après la période des promotions qu’on remarque une
augmentation de la demande pour certaines catégories de
nos véhicules. Nous avons des acheteurs fidèles qui auraient
continué à acheter avec ou sans promotion.» La part des promotions dans le chiffre d’affaires de Peugeot représente une
moyenne de 10% annuellement, a-t-il avancé n
N. B.
Ghenima Nehar, chargée marketing et
communication de Sodi Automotive (distributeur de
Fiat, Lancia et Alfa Romeo)
«Les promotions ne font que augmenter de manière significative les ventes», a-t-elle avancé, en affirmant : «Nous avons
un stock disponible, ce qui nous a encouragés à nous lancer
dans les remises» n
N. B.
Hakim Haboul,
responsable marketing
de Kia Algérie
Chez Kia Algérie, aucune
remise n’a été affichée sur les
véhicules lors du salon. «Notre
stratégie marketing est claire»,
nous a déclaré son
responsable marketing, Hakim
Haboul, ajoutant qu’«on ne
peut pas proposer des remises
alors que la capacité de notre
stock ne permet même pas de
répondre à la demande de
nos clients fidèles» n
N. B.
Nacer, 41 ans, architecte :
«J'y crois pas trop»
«Il faut savoir que les produits les plus recherchés
dans les gammes ne sont pas forcément celles
qui sont en promotion. Généralement, si je
cherche un modèle particulier, ils disent que la
promotion n’est pas appliquée sur ce modèle
ou qu’il n’est pas encore disponible. Pis encore,
j’ai remarqué que certains concessionnaires
affichent des prix soi-disant promotionnels en
hors taxes sans le déclarer. C’est lorsque vous
faites la commande qu’ils vous disent qu’il faut
payer les taxes puisqu’elles ne sont pas incluses
dans le prix. D’après mon expérience, je crois
qu’il faut aller vers les produits en promotion
qu’on connait déjà et qu’on a essayés
auparavant pour ne pas prendre de risque.»
Abdelkader,
52 ans, commerçant :
«J’ai fait une bonne affaire»
«Je viens d’acheter une nouvelle Sunny Acenta
Parck toutes options. Ce véhicule coûte
1 550 000 DA mais moi je l’ai payée 1 370 000
DA. J’ai bénéficié d’une remise de 180 000 DA
grâce aux promotions que la marque Nissan
Algérie applique lors de ce salon. Je suis très
content de cette bonne affaire. C’est un
véhicule que je compte garder longtemps.»
Amina, 23 ans,
étudiante en pharmacie :
«Chez les petites marques,
l’offre est plus large»
DOSSIER
Pierre Foret,
directeur général de Peugeot Algérie
«D’après ce que j’ai remarqué, ce sont les
petites marques de véhicules (chinoises et
indiennes) qui offrent beaucoup plus de remises.
Dans mon cas, en tant qu’étudiante et selon
mon budget, c’est ce qui m’arrange. Je trouve
par exemple que GM Trade propose plusieurs
solutions et offre des remises plus fréquentes par
rapport aux autres marques. Ils ont fixé le prix de
la Cherry QQ à 667 000 DA en payement cash
contre 737 000 DA à crédit n
Propos recueillis par Nassima Benarab
Bimensuel de l’économie et de la finance
49
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
Pierre Foret, directeur général de Peugeot Algérie
1 000 véhicules semi-industriels pour 2013
Les deux constructeurs français Peugeot Algérie et Renault Europe s’associent
dans un partenariat portant sur un projet de nouvelle unité de production de
véhicules semi-industriels. Ce projet, qui va de pair avec l’installation de l’usine
Renault, permettra aux constructeurs français de se tailler une bonne part du
marché national des véhicules, d’autant que la production préconisée pour cette
année est déjà estimée à 1 000 véhicules. Le directeur général de Peugeot Algérie,
Pierre Foret, explique cet engouement pour le marché algérien.
DOSSIER
Pierre Foret
50
Réalisé par Samira Bourbia
L’Eco : en 2011, Peugeot Algérie a
enregistré une croissance de 46%.
Un taux faible par rapport aux
années précédentes. Comment
appréciez-vous cette évolution ?
Pierre Foret : le marché algérien
est l’un des plus dynamiques pour
notre label, depuis trois ou quatre ans,
tout particulièrement en 2012.
D’ailleurs, Peugeot a enregistré en
2012 une croissance de 48% qui est
au même niveau qu’au premier
semestre 2013. Cette progression est
très significative pour Peugeot, qui est
une marque historique de l’automobile. En 2011, les ventes de Peugeot
étaient en repli, mais en 2012 nous
avons rattrapé cette régression.
La progression des ventes en 2012
a doublé de presque 98% par rapport à
2011. La même tendance pour 2013,
notamment avec la consécration du
modèle 107 qui était le véhicule le
plus vendu en Algérie par rapport à
tout autre modèle et toutes marques
confondues.
La 308 figure également dans la
première catégorie et il y a des versions de véhicules pour la location et
les utilitaires, tels que les Partner qui
ont permis à la marque de finir deuxième sur le marché pour l’activité 2012.
Bimensuel de l’économie et de la finance
La maison-mère PSA Peugeot
Citroën est secouée par une crise
depuis plus d’une année. Quel est
son impact sur les vente en Algérie
et comment avez-vous pu gérer la
dégringolade des prix du véhicule
neuf ?
Je peux estimer l’impact dans le
bon sens du terme. Car pour l’Algérie
la crise a eu un impact positif sur
l’économie, notamment, sur le volume
de ventes de véhicules. Il faut reconnaitre que l’Algérie, depuis la crise
économique qui sévit en Europe a de
plus en plus une économie croissante
contrairement à l’Europe qui est en
forte récession. L’Algérie devient un
pays très important pour la marque. La
dégringolade des prix des véhicules
neufs de Peugeot n’a pas touché le
marché algérien. D’ailleurs, Peugeot
propose des prix qui correspondent à
différents modèles adaptés au marché
algérien. Notre gamme de prix varie
entre 999 000 DA pour la 107 et la
301 Access, jusqu’à 3, 7 millions de
dinars pour la 508 GTI. Nous considérons nos prix raisonnables et accessibles. Nous ne voulons pas tomber
dans le marché d’«act selling» qui
verse dans l’informel. Ces actes de
revente de véhicules dénaturent le
marché et ne sont d’aucune utilité pour
le client. Raison pour laquelle nous
essayons d’avoir des prix accessibles
pour le client. Il faut savoir que nous
faisons le maximum pour que le client
puisse accéder à sa commande dans les
temps. A titre d’exemple, nous enregistrons une demande importante sur
le modèle 308. Cependant, concernant
l’entrée de l’Algérie dans le capital de
PSA Peugeot, personnellement, je
pense que c’est une rumeur qui s’est
propagée durant le salon de l’automobile d’Oran. En plus, je n’ai pas de
commentaire à faire là dessus.
Adhérez-vous aux mesures du
décret exécutif 2007 régissant votre
activité en Algérie ?
Ce sont les lois algériennes qui font
que le marché algérien est exceptionnel. En effet, nous nous adaptons au
mieux avec ces spécificités et c’est à
nous d’avoir les processus et les
moyens adaptés pour que tout fonctionne correctement.
Nous sommes une entreprise de
droit algérien donc nous nous adaptons
aux mieux à la législation algérienne.
Nous n’avons pas de problème avec
les Douanes algériennes ni avec les
impôts ou toute autre autorité.
Peugeot tente en permanence de
perfectionner ses services. Est-ce
la raison invoquée pour la
signature de partenariats avec
l’association Baraka et AXA
L’installation d’une usine Renault
Assurances ?
en Algérie influerait-il sur votre
Exact. Nous venons de signer un
panier de vente ? Que pensez-vous à partenariat avec AXA Assurances, qui
ce projet ?
est un avantage très important pour les
C’est un choix stratégique de clients particuliers qui ont souscrit au
Renault, ce qui ne figure pas parmi les contrat d’assurance AXA. En effet, en
priorités et les plans stratégiques de cas d’accident, il y a une prise en charPeugeot. Cependant nous restons très ge totale définie concernant la réparaattentifs à l’évolution du marché. tion du véhicule.
D’ailleurs nous avons mis en place, à
C’est une première en Algérie. Une
Oran, en décembre 2012 une unité
expertise qui est menée par
semi-industrielle qui permet en partel’assureur AXA en accord
nariat avec un carrossier de
avec le client et Peugeot
R e n a u l t
afin de prendre en charge
Européen
directement la réparal’assemblation du véhicule. Ce
ge du véhisont des réparations
,
3
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1
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ne débourse rien. Ce
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Depu ts de marc
Algérie. Cette
partenariat remonte
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unité ne compau
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décembre 2012.
.
%
de 20
employés algéActuellement, il
riens. Sa capacité
est opérationnel,
de
production,
nous sommes en
depuis son lancetrain
de
le
ment, est de 500
déployer dans d’autres
véhicules et nous
réseaux.
prévoyons d’atteindre
Ce sont des contrats qui sont gérés
les 1 000 véhicules pour l’année 2013. selon les prix du marché. Concernant
Nous souhaitons, à travers cette initiati- le partenariat avec l’association
ve, répondre aux attentes de nos clients Baraka, il vise à sensibiliser l’enet même à celles des programmes mis semble de la société en matière de préen place comme les dispositifs d’aide vention routière. Nous souhaitons que
aux jeunes Ansej, ANDI… étant donné le comportement sur la route soit
que nous travaillons, en amont, avec ces animé par la prudence n
organismes.
S. B.
Bimensuel de l’économie et de la finance
Dossier
Afin de comptabiliser le nombre de
vos clients et définir leurs attentes
c’est important de connaitre le parc
total roulant de Peugeot en Algérie…
Nous avons du mal à connaitre le
chiffre exact de notre parc total. Mais
je peux donner une estimation par rapport à ce parc roulant total qui, aujourd’hui, représente plus de 700 000 véhicules Peugeot. Quant à l’estimation de
véhicules du parc dont la vie moyenne
est de dix ans, nous comptons en
somme entre 400 000 et 500 000 véhicules en Algérie. C’est important de le
distinguer car nous nous adaptons à la
législation algérienne qui impose le
renouvellement de ce parc automobile
chaque dix ans. Nos ventes sont aussi
importantes que notre parc, pour 2012,
nous avons vendu 440 000 véhicules.
Concernant le chiffre de vente des
véhicules utilitaire et léger, Peugeot
compte à son actif un peu plus de
66 000 véhicules. Ce qui signifie un
taux de 4% de parts de marché, ce sont
les statistiques de fin décembre 2012.
Depuis début 2013, nos parts de marché ont progressé à hauteur de 20%.
Grâce à nos efforts, la marque pulvérise des records d’année en année en
Algérie et nous sommes classés premier sur le marché de l’auto.
DOSSIER
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
51
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
Pièces de rechange
La casse auto rivaLise avec Les concessionnaires
Par Lydia Yahia
A
DOSSIER
u moment où les citoyens déplorent le manque de pièce de
rechange, notamment celle des
véhicules récents, les concesimporte la marque du véhicule,
sionnaires automobiles à l’ima- Peu
la pièce recherchée est disponible
ge de Citroën, Toyota, Renault,
Haïma, Nissan, Peugeot et autres, affirment que ces accessoires automobiles sont
disponibles.
A l’occasion du Salon international de
l’automobile, nous avons interrogé
quelques représentants de ces concessionnaires ; la réponse était identique : les
pièces de rechange sont disponibles. Pour
sa part, Anis Touat, commercial chez
Citroën, nous a déclaré «assurer la disponibilité de toutes les pièces de rechange
nécessaires à tous les véhicules Citroën.
Sauf pour les DS que nous ne commercialisons pas encore à 100%». Concernant le
manque de certaines pièces de rechange,
le même commercial a précisé qu’«il suffit
d’un coup de téléphone à la maison mère
en France pour qu’elle l’envoie immédiatement». Cependant, «le fléau auquel tous
les clients de pièces détachées sont
confrontés est la contrefaçon et la cherté
de la pièce d’origine, sans oublier la lenteur dans la livraison des articles commandés à l’étranger. Pour cela, la majorité des Peu importe la marque du véhicule et
clients se tourne vers la pièce de rechange quelle que soit l’année de sa fabrication, la
d’occasion» a déclaré Mohamed, un visi- pièce recherchée est sûrement disponible.
teur rencontré dans les couloirs de ce On trouve de tout dans cet endroit fréquenté par une centaine de visiteurs par
salon.
Nous avons décidé de faire une virée à jour, venus des quatre coins de l’Algérie.
la casse auto de Draâ Ben Khedda, à «C’est une véritable issue de secours», a
14 km du chef-lieu de la wilaya de Tizi estimé un vendeur dans ce marché.
Toutefois, en interrogeant Mourad sur
Ouzou, sur la RN 25. Sur les lieux, nous
son
choix porté sur la pièce de rechange
avons constaté le fourmillement des acheteurs de pièces de rechange d’occasion et d’occasion, ce client rencontré sur place
les nombreuses transactions effectuées dit : «Je ne fais jamais confiance aux vendans ce grand espace. Un espace de est deurs de pièces de rechange neuves. J’ai
réservé à la vente de toutes sortes de déjà acheté une pièce contrefaite au prix
pièces de rechange. Les deux côtés de la d’une pièce d’origine sans m’en rendre
route sont encombrés de carcasses de compte. Cette pièce était bien emballée et
véhicules accidentés. Regroupant une cen- portait l’estampille d’une grande marque.
taine de mécaniciens, cette casse auto Mais peu après ma voiture est retombée en
détient plus d’une vingtaine de garages. panne. C’est ce qui m’a poussé à ne faire
confiance qu’aux casses auto car, ici au
52
De l’avis des experts, le marché national de la pièce de
rechange est quasiment hanté par la contrefaçon. La
cherté de la pièce d’origine et la lenteur dans la livraison
des articles commandés à l’étranger font que la plupart
des consommateurs se dirigent vers les casses auto.
moins, je suis sûr que la pièce est réellement d’origine. Et puis son prix est abordable.»
Contre toute attente, nous avons
constaté que même dans ce marché, les
pièces contrefaites sont disponibles.
Omar, mécanicien dans cette casse auto,
nous dit que «des pièces contrefaites
issues des entreprise parallèles asiatiques
sont aussi disponibles ici. Elles varient du
1er jusqu’au 3e choix. Personnellement, je
déconseille à mes clients d’acheter ces
pièces contrefaites. En effet, leur prix est
intéressant. Toutefois, en comptabilisant le
nombre d’accidents causés par ces pièces,
l’on se rend compte qu’il est préférable
d’acheter une pièce d’origine un peu plus
cher plutôt que de risquer sa vie et celle
des autres» n
L. Y.
Bimensuel de l’économie et de la finance
Recouvrement de la taxe sur les véhicules neufs
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
près de 127 millions de dinars depuis 2009
S
oumis pourtant à de lourdes taxations et à de restrictives procédures
d’importation, le marché du véhicule neuf en Algérie est en pleine croissance ; ces dernières années, les ventes enregistrent une progression fulgurante passant de 219 900 en 2009 à 442 599 véhicules tous types confondus vendus en
2012. Le chiffre a largement doublé, ce
qui suppose de surcroit une très forte
hausse du montant des recettes fiscales
liées aux transactions du véhicule neuf.
Effectivement, le montant a quasiment triplé. En 2012, le montant recouvré était de
50 039 millions de dinars, contre 32 499
millions de dinars en 2011, soit une hausse de 53%. Durant l’année 2010, le montant recouvré, au titre de cette taxe, était
de 25 454 millions de dinars, contre
18 940 millions de dinars durant l’année
2009, précise la direction générale des
impôts.
Il est opportun de rappeler, par ailleurs,
que la taxe sur les transactions des véhicules neufs a été instaurée en vertu de la
loi de finances complémentaire pour 2008
afin de réduire, un tant soi peu, les importations de véhicules qui ne cessaient de
s’emballer. La taxe a été revue à la hausse
pour certaines catégories en 2009, tandis
que son champ d’application a été élargi
pour englober les remorques, semi-
Siège du ministère des Finances
De 2009 et 2012, le
marché de l’automobile a
rapporté au Trésor public
126 932 millions de
dinars, au titre de la taxe
sur les transactions de
véhicule neuf, a indiqué, à
L’Eco, la Direction
générale des impôts.
remorques, véhicules de transport de personnes ainsi que les motocyclettes et
cyclomoteurs à la faveur de la loi de
finances complémentaire 2010. Dès lors,
cette taxe varie entre 50 000 et 200 000
DA pour les véhicules de tourisme et utilitaires à moteur essence et entre 70 000 et
500 000 DA pour les véhicules de tourisme et utilitaires à motorisation diesel. Elle
est de 150 000 à 300 000 DA sur les véhicules de transport de personnes, 50 000 à
100 000 DA pour les motocyclettes,
300 000 à 500 000 DA pour les véhicules
de tourisme des sociétés et de 300 000 à
700 000 DA pour les engins.
Outre ces recettes qui viennent renflouer annuellement les caisses du Trésor
public, les concessionnaires sont soumis à
l’acquittement des droits de douane, des
taxes sur la valeur ajoutée et sur le chiffre
d’affaires….
A quoi sert tout cet argent ?
La question mérite aussi d’être posée
quant à façon de gérer cette manne. Les
deux arrêtés interministériels du 31
octobre 2011, parus au Journal officiel
n°38 du 24 juin 2012, apportent une
réponse partielle à ces questions. Ces
deux arrêtés fixent en effet la nomenclature des recettes et dépenses ainsi que les
modalités de suivi et d'évaluation du
Fonds spécial pour le développement des
transports publics. Ce compte a été créé
en 2009 avec pour unique objet de soutenir les tarifs des transports effectués par
l’Etablissement public de transport urbain
et suburbain de la wilaya d’Alger (Etusa),
les établissements publics de transport
urbain et suburbain, les transports publics
par métro et tramway effectués par
l’Entreprise métro d’Alger (EMA), le
transport ferroviaire de banlieue effectué
par la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF).
Ledit compte est alimenté par une
quote-part du produit de la taxe sur les
transactions des véhicules neufs et la
contribution des concessionnaires de
véhicules. La taxe prélevée par le concessionnaire est reversée, comme en matière
de droit de timbre, au titre de la première
mise en circulation, alors qu’elle est
acquittée à l’importation par les usagers
de manière préalable à tout dédouanement
auprès des recettes des impôts du lieu de
situation du bureau des Douanes en charge des formalités.
S’agissant de la contribution des
concessionnaires automobiles, le taux a
été fixé à 1% du chiffre d’affaires et il est
acquitté au titre de chaque mois auprès
des recettes des impôts territorialement
compétents dans les 20 premiers jours du
mois suivant n
H. M.
Bimensuel de l’économie et de la finance
DOSSIER
Par Hamid Mohandi
53
Dossier
L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013
Pour une valeur de 88,82 milliards de dinars
91 891 véhicules importés en deux mois
DOSSIER
L'importation de véhicules a augmenté
de 23,28% en janvier et février 2013
Par Mourad Allal
E
n effet, les importations algériennes de véhicules ont poursuivi leur hausse durant les
deux premiers mois de l'année 2013
avec 91 891 véhicules pour une valeur
de 88,82 milliards de dinars, selon le
bilan rendu public par le Centre national de l'informatique et des statistiques
des Douanes (CNIS), cité par l’APS.
Les achats à l'international de véhicules par l'Algérie ont augmenté de
23,28% en janvier et février 2013 par
rapport à la même période en 2012,
durant laquelle l'Algérie avait acquis
74 534 véhicules pour une valeur de
63,72 milliards de dinars.
Pour rappel, en 2012, l'Algérie a
importé 568 610 véhicules pour une
valeur de 514,43 milliards de dinars
contre 390 140 véhicules en 2011, soit
une hausse de 45,75%.
Les françaises en tête
Selon le bilan du CNIS, les voitures
54
Alors que le
gouvernement tente de
réduire les importations
d’automobiles, jugées trop
élevées, les chiffres officiels
des Douanes relèvent une
augmentation fulgurante
des entrées de véhicules en
Algérie en 2012, mais
surtout durant les
premiers mois de l’année
en cours.
françaises arrivent en tête des véhicules importés par l'Algérie, suivies
par les coréennes. Le groupe PSA
(Peugeot-Citroën) a ainsi surclassé
Renault durant cette période avec
19 622 véhicules vendus pour plus de
17 milliards de dinars, contre seulement 17 388 véhicules vendus par ce
dernier pour une valeur de 13,73 milliards de dinars. Le sud-coréen
Hyundai Motors a écoulé sur le marché
algérien 9 250 unités pour plus de
7 milliards de dinars contre 6 853 unités vendues durant la même période de
l'année 2012 pour une valeur de
4,36 milliards de dinars. En revanche,
en 2012 le groupe Renault a vendu
115 502 véhicules pour une valeur de
91,83 milliards de dinars, contre 75
956 unités en 2011, en hausse de
52,06% en termes de nombre.
La marque Peugeot a occupé en
2012 la deuxième place avec 65 756
voitures (61,75 milliards de dinars)
vendus contre 35 130 (32,65 milliards
de dinars), en hausse en nombre de
87,18% et de 87,30% en valeur. Le
Sud-coréen Hyundai a occupé, en
2012, la troisième place avec 51 048
véhicules (33,84 milliards de dinars),
contre 50 697 unités (29,46 milliards
de dinars) en 2011, enregistrant également une hausse en valeur et en
nombre de respectivement 14,89% et
0,69%.
La forte progression des ventes de
véhicules automobiles résulte de la très
forte hausse de la demande consécutivement notamment aux hausses salariales et les rappels des fonctionnaires,
relèvent des analystes, qui font remarquer qu'en dépit des dispositions de la
LFC 2009, les importations des véhicules ont repris leur tendance haussière
dès 2010. Une des motivations de la
LFC 2009 était de réduire les importations de véhicules à travers la suspension du crédit à la consommation n
M. A.
Bimensuel de l’économie et de la finance