DOSSIER - L`Eco News
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Marché du véhicule neuf Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 D ans le souci de conforter leurs volumes de vente et de gonfler leur chiffre d’affaires, certains concessionnaires automobiles et revendeurs agréés ne se gênent pas pour rouler à la lisière de la légalité. Même s’ils s’en défendent en criant haut et fort qu’ils s’adaptent fidèlement à la législation en vigueur, le désaveu se manifeste au quotidien, sur la réalité du terrain, compte tenu des défaillances et manquements auxquels sont exposés les clients. Ces derniers se disent souvent confrontés à la publicité mensongère, à l’indisponibilité des pièces de rechange, à la médiocrité du service après-vente, au nonrespect des délais de livraison et des dispositions des bons de commande… Mais apparemment, tous ces couacs ne suffisent pas pour garantir une importante rentabilité, aux yeux de ces concessionnaires. Un nouveau stratagème commercial voit le jour ; il consiste à créer, au niveau des showrooms, l’indisponibilité de certains modèles qui se retrouvent étrangement en vente dans les marchés d’occasion et sur la voie publique, à des prix de beaucoup supérieurs à ceux affichés par les vendeurs agréés. Certes, il très compliqué de faire le lien entre les concessionnaires et ces revendeurs informels, mais il n'en demeure pas moins nécessaire de lever le voile sur cette pratique commerciale indélicate qui tend, malgré tout, à démontrer la complicité astucieuse de certains commerciaux avec les maîtres de ces showrooms ambulants. Afin de constater l’ampleur de cette nouvelle manœuvre commerciale qui se pratique aux dépens des clients, L’Eco a mobilisé ses journalistes, à l’occasion du salon Autoexpo 2013, pour percer l’univers «vrombissant» de ces marchands ambulants de voitures neuves n L’Eco Bimensuel de l’économie et de la finance DOSSIER Le diktat des revendeurs ambuLants 33 Publicité Publicité Dossier DOSSIER L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Les voitures sont remises en vente plus cher que prix de vente initial Les revendeurs de voitures neuves investissent les quartiers Le fiLon qui rapporte gros Elles sont neuves, chères et prêtes à être livrées. Toutes marques confondues, elles sont en vente libre sur les trottoirs d’Alger. Leurs vendeurs : des «concessionnaires ambulants» qui activent tout bonnement à la lisière de la légalité. Par Hamid Mohandi L es trottoirs d’Alger débarrassés des marchands ambulants à coups de promesses d’éradication du commerce informel, sont squattés au vu et au su de tous par un autre genre de commerciaux agissant tout aussi dans l’informel mais dans 36 un créneau qui s’avère pour le moins juteux. Le principe est tout simple : effectuer un bon de commande auprès des concessionnaires légaux pour plusieurs voitures en promotion, négocier en toute confidentialité des remises additionnelles et planter sur la voie publique un showroom. Les voitures sont aussitôt remises en vente à un prix supérieur au prix de vente initial. Ainsi, ces revendeurs du neuf, appelés communément «s’hab la remise», se permettent des marges consistantes qui oscillent entre 50 000 et 600 000 DA sur chaque voiture vendue, selon bien sûr sa motorisation. Pour le consommateur cela reste une aubaine dans la mesure où il peut acquérir un Bimensuel de l’économie et de la finance 197ch BVA Dossier d’écouler leur marchandise au plus notamment en évitant le contact direct vite. Outre le marché de l’occasion et avec les clients jusqu’à ce que la tranles espaces publics, ils étendent les saction soit confirmée. Le téléphone lisières du marché parallèle du véhicu- reste alors l’unique intermédiaire avec le neuf aux sites web marchands. Les l’éventuel client. S’agit-il de mandaannonces de vente de ce genre de voi- taires agréés par les concessionnaires ture pullulent et se taillent actuelle- dans la perspective de tirer profit du ment une place primordiale sur la Toile marché de l’occasion dont les prix ne algérienne. répondent qu’à la logique du plus Les modèles exposés sont les offrant ? S’agit-il de simples revenmêmes que ceux qu’on retrouve sur les deurs qui savent tirer leur épingle du marchés de l’occasion et sur la voie jeu en transformant les retards de publique, sauf que les revendeurs s’in- livraison qui caractérisent les modèles génient à attirer le client en lui offrant les plus prisés au niveau des concesla possibilité de visionner les photos sionnaires en une opportunité d’enridu véhicule concerchissené, de s’informent ? mer de ses N o u s caractéristiques sommes techniques et loin d’apd’avoir un porter les Seul le numéro de téléphone aperçu de ses bonnes affiché sur les vitres des accessoires et réponses, véhicules en vente peut faire options. En mais tout visitant cerporte à croiréférence à la véritable identité tains sites qui re que les des revendeurs. consacrent une deux supporubrique spésitions tienciale à ce nent la route. genre de pratique Nous avons commerciale, on joint par téléa vite remarqué que certains reven- phone certains de ces revendeurs et le deurs disposent de gammes entières, ce constat est sans appel. qui soulève bien entendu moult interIls assurent qu’ils peuvent obtenir la rogations sur une éventuelle complici- carte de circulation (carte jaune) au té des concessionnaires. nom du client alors que la voiture a été déjà vendue (deuxième main). Ce qui L’identité des revendeurs, confirme tout bonnement la complicité une vraie question de certains commerciaux au niveau des Jusqu'à preuve du contraire, seul le concessionnaires qui créent volontairenuméro de téléphone collé sur les ment l’indisponibilité afin de vitres des véhicules en vente peut faire contraindre les clients les plus pressés Même le Net est squatté Les revendeurs de voitures de ce référence à la véritable identité des à se rabattre sur le marché noir. Cette genre exploitent toutes les opportuni- revendeurs. Et encore. Ces derniers pratique commerciale peu orthodoxe tés susceptibles de leur permettre préfèrent travailler en toute discrétion, ne cesse de gagner du terrain. Tout le monde peut en tirer un gain, et le revendeur et le concessionnaire qui, de la sorte, élargit l’assiette de la Tableau illustrant la différence des prix vente pour récupérer sur la taxe versée Prix affiché par le Prix proposé sur le préalablement à l’exception du client Marque de véhicule Données techniques concessionnaire marché informel qui se retrouvera dans l’obligation de Moteur 1.6 TDI 105ch payer plus cher pour disposer de son Golf 6 Match à partir de diesel, transmission 2 750 000 DA Volkswagen 2 369 000 DA véhicule dans l’immédiat. manuelle La question est de savoir pourquoi Moteur 2.0 CRDI chasser le commerce ambulant pour à partir de Tucson Hyundai 4x4 177ch, diesel, 2 970 000 DA 2 186 621 DA tolérer le commerce illicite des voitransmission manuelle tures sur la chaussée n 4X4 – SUV, moteur à partir de H. M. SANTA FE Hyundai 2.2 CRDI 4WD 4 260 000 DA véhicule neuf sans attendre trop longtemps. Il faut dire que les délais de livraison pratiqués par les concessionnaires peuvent aller jusqu’à 14 mois, d’où la facilité qu’ont ces gens de la rue pour écouler leur marchandise sans encombre. Showrooms à ciel ouvert Après avoir suscité l’engouement des adeptes du marché de l’occasion, les véhicules neufs sont aujourd’hui mis en vente tous les jours dans les quartiers à grande fréquentation. Exposées groupées ou dispersées à proximité des places publiques, devant les stations-service ou de lavage, ces véhicules immatriculés «00» étalent toute leur élégance sur les trottoirs et attendent sereinement acquéreur. Une virée du côté de la rue Parnet, cité Maya, à Hussein Dey, place des 720 Logements à Aïn Naâdja, à Bab Ezzouar, Chéraga… permet de constater de visu la présence des belles dernières. Seat Ibiza, Renault Symbol, nouvelle Clio, Golf 6 Match, Tiguan R Line Plus, Peugeot 207 Plus, Hyundai Eon GLS ou Tucson, garés parfois à quelques mètres des commissariats du coin. Néanmoins, les revendeurs ne s’aventurent pas à négocier publiquement avec leurs éventuels clients ; ils préfèrent faire le négoce par téléphone afin d’écarter les curieux et de tirer aisément vers le haut l’enchère sur le véhicule concerné jusqu’à ce qu’ils obtiennent un prix permettant de générer une marge bénéficiaire très importante. DOSSIER L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 3 285 000 DA Bimensuel de l’économie et de la finance 37 Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Marché des voitures haut de gamme Des milliarDs changent De mains s C’est un véritable stand à ciel ouvert : des dizaines de voitures stationnées au bord de la chaussée attendent preneurs. Le client possédant un compte à plusieurs zéros a l’embarras du choix. A Sidi Yahia, on trouve des marques prestigieuses : Audi, BMW, Land Rover, Mercedes, Porsche... Par Mahmoud Chaal DOSSIER S 38 ur les trottoirs, ils exposent leur marchandise comme on expose des chaussettes sur un étalage. Riad, Nacim, Rafik ont un point commun : ils sont revendeurs de voitures. Mais pas n’importe lesquelles. Des voitures de luxe. Chaque soir, ces maquignons ont un seul point de chute : le quartier huppé de Sidi Yahia. En sillonnant le secteur, le constat est frappant, c’est un véritable stand à ciel ouvert. Des dizaines de voitures stationnées sur les trottoirs, au bord de la chaussée, attendent preneurs. Pour acheter, on a l’embarras du choix, si on a un compte à plusieurs zéro. A Sidi Yahia, on trouve que des marques prestigieuses. Audi, BMW, Land Rover, Mercedes, Porsche… «Vous voulez un Hummer, je vous le ramène», réplique Riad qui devine notre hésitation à propos du véhicule que nous cherchons. Riad nous montre ses trois bolides : une Audi Q3, une Q7 et un Land Rover rutilants, flambants neuf. «Les trois sont toutes neuves, elles sont immatriculées en 2013», nous prévient sereinement Riad, convaincu de faire une bonne affaire avec nous. «Ce sont les seules voitures disponibles ? Vous avez d’autres modèles à nous proposer ?» Une question qui le gêne à peine. Imperturbable. Il reçoit un appel téléphonique sur l’un des trois portables en sa possession. Il se lève et, pendant quelques minutes, répond à son interlocuteur. «Bon, le Q7 est vendu», nous informe Riad, oubliant notre question qui l’a dérangé. «Mais si vous insistez pour acheter le Q7, mon ami en a un. Dans un instant, il sera là avec nous», nous propose-t-il. Tout se fait avec du cash Nous avons voulu savoir à combien il avait vendu l’allemande. «Un peu plus d’un milliard», s’est contenté de dire Riad. Rien que ça ! Le prix un appartement dans la capitale. Nous avons voulu connaitre la situation administrative du Q3. «La voiture est-elle en règle ? Les papiers du Q3 sont-ils sont en votre possession ?», l’interpelle-t-on. «Ce n’est pas un souci», rétorque-t-il pour dissiper nos craintes. «J’ai uniquement la carte jaune. Si vous achetez, j’ai des connaissances pour mettre la voiture à votre nom», tente-t-il de nous rassurer pour n o u s convaincre de la régularité de la transaction. En ce qui concerne l’assurance ? «Elle est assurée tous risques pour une année», précise le jeune revendeur qui entame son travail à 17h, mais sa journée peut se prolonger jusque tard dans le nuit. Riad fixe un rendez-vous à son collègue pour 22 heures. «Beaucoup de gens pensent qu’on travaille pas beaucoup. Notre métier est compliqué, très risqué. Il y a des gens de mauvaise foi qui s’incrustent dans ce métier. Il y a énormément de larrons qui s’improvisent vendeurs de voitures, mais leur Bimensuel de l’économie et de la finance Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 seul but est de prendre l’argent des autres avant de disparaître dans la nature. Une mise en garde à notre égard pour prendre nos précautions si on décide d’acheter auprès d’un autre revendeur. Nacim arrive vers nous. Il est dans le même business que Riad. Accroché à notre discussion, il nous invite à prendre un café. Il est presque 18 heures. «Je viens de me réveiller, je suis rentré de Sétif à 2 heures du matin. J’ai livré la Mercedes blanche», dit-il à Riad, afin de l a retirer de la liste des voitures à proposer aux clients. «J’ai fait une bonne affaire avec la Mercedes. J’ai gagné plus de ce que j’espérais : 60 hajdra (millions)», se vante Nacim. En fait, Nacim et Riad travaillent en collaboration, mais chacun à son compte. Nacim vend les voitures de Riad et vice-versa, mais chacun prend une commission chez l’autre s’il lui vend une voiture. «J’ai 12 nouvelles 207 blanches toutes options, si tu as une commande. Elles ont été livrées ce matin», annonce Nacim, très actif. Je demande : «Le Q3, tu me le cède à combien ?» Avec un peu d’hésitation, il me répond : « 8 millions de dinars. Si tu es preneur, je te fais une remise», réplique Nacim. Son «collègue» Riad tente de me convaincre : «C’est une excellente affaire, à ta place je fonce !» Nacim est plus insouciant et extraverti que Riad. R a f i k n’est pas prolixe à c a u s e d ’ u n e inflammation de la gorge. Je me retrouve, alors en têteà- tête avec Nacim. «Tu accepte les chèques, si tu me vends une 207 ?», lui dis-je. Je lui explique que je suis à la recherche de plusieurs voitures pour lancer une activité de location de voitures cet été. «Non, je travaille pas avec les chèques. Personne, ici, n’accepte de chèque. Tout se fait avec du cash», avoue-t-il avec nonchalance. Prêt à vendre son stock, il me prévient toute- fois : « Pour acheter une 207 chez un concessionnaire, il faut attendre 6 mois.» Et d’ajouter : « je te ramène toutes les voitures que tu voudras. Je suis bien introduit auprès des concessionnaires. Mais j’achète en grande quantité. Mes prix sont plus élevés que ceux des concessionnaires.» «Les gens sont pressés d’avoir un véhicule. Attendre 6 mois, c’est trop long pour le client. Il est prêt à payer 5 millions de plus, il a immédiatement sa bagnole avec moi», tranche Racim. Je demande : «Comment fais-tu pour obtenir aussi rapidement autant de voitures ?» «Les commerciaux des concessionnaires sont mes amis. Je donne de l’argent sous la table, en contrepartie, j’obtiens ma commande dans un délai record. Pas plus d’une semaine», explique-t-il avec naturel. Après cette confession, je profite de l’occasion pour en rajouter une couche : «Qui achète, entre nous, toutes ces voitures de luxes stationnées dehors ?» «Nous avons les gros commerçants, des hommes qui sont dans le business mais aussi des hauts responsables de l’Etat. Les gens qui achètent ici évitent de passer par les concessionnaires pour ne pas payer par chèque et laisser des traces de leur achat. Les concessionnaires n’acceptent pas de cash», rétorque-t-il. «Alors que chez les revendeurs, les transactions se font uniquement avec du cash», argumente Nacim. Le recours systématique à ce mode de paiement assure l’anonymat, pour éviter les enquêtes de la police et des impôts sur l’origine des grosses sommes d’argent qui changent de mains sur les trottoirs. En somme, le commerce de la voiture à Sidi Yahia est florissant. Des grosses cylindrées se vendent sur la chaussée, au détour d’un appel téléphonique. Ni la police, ni les enquêteurs judicaires et encore moins le fisc ne perturbent l’essor de ce business hautement lucratif et net d’impôt... n M. C. Bimensuel de l’économie et de la finance DOSSIER s sur les trottoirs à siDi Yahia 39 Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Des revendeurs dans le flou Au moins 100 000 DA DOSSIER Un véritable showroom à ciel ouvert est dédié aux berlines 40 Ils sont installés partout, dans plusieurs communes de la capitale. A une dizaine de kilomètres de sud-ouest d’Alger, nous nous sommes rapprochés d’un de ces revendeurs d’automobiles. Un véritable showroom à ciel ouvert est dédié aux berlines. Une dizaine de voitures neuves de différentes marques, Peugeot, Skoda, Volkswagen, Hyundai, Range Rover et autres, sont exposées avec des plaques «à vendre». Pour des mesures de sécurité et pour donner une image de «professionnalisme», ce revendeur a loué la grande cour d’une villa de 4 étages qu’il a aménagée en espace de vente. Quelques voitures sont exposées sur cette esplanade, couvertes d’un bâche transparente, d’autres sont à l’extérieur, sur le trottoir. Par Fatima Bouhaci D eux petites pièces ont été édifiées aux deux coins de la cour ; l’une sert de bureau au patron, équipé d’un micro-ordinateur, d’un PC portable, d’une imprimante et d’un téléphone-fax. Des fauteuils sont mis autour du bureau, pour les clients qui attendent. Sur le portail de la cour, une grande pancarte annonce : «Vente, reprise et location de voitures neuves et d’occasion». Dehors, un homme modeste, la quarantaine, surveille les voitures et dès qu’un client s’approche d’un véhicule, il se dirige vers lui pour l’accueillir. C’est le commercial de la maison; il accueille les clients, présente les produits, annonce les prix, pas plus. Et quand vous vous montrez intéressé, Bimensuel de l’économie et de la finance Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 A De bénéfice pAr véhicule Pas de facture et paiement cash Nous nous présentons en tant que représentants d’une entreprise souhaitant acquérir quatre à cinq véhicules pour son personnel. Le commercial appelle son patron, M. Mourad, qui nous reçoit dans son bureau. «Que voulez-vous acheter et combien ?», deman- Des affaires sans effort qui rapportent gros Selon un jeune connaisseur du marché de l’automobile, la plupart de ce type de revendeurs accepte la reprise et la revente de voitures neuves ou d’occasion mais en très bon état. C’est-à-dire qu’ils peuvent vendre à un bon prix et donc réaliser une bonne marge bénéficiaire. Notre interlocuteur, Hocine, nous explique le principe du métier : «Les gens viennent ici (chez ces revendeurs) et lui demandent de vendre leurs voitures neuves en lui fixant un prix de vente précis. Le revendeur ajoute alors la marge qu’il veut et encaisse le tout lui-même.» Une hypothèse démontrée puisque plusieurs ce revendeur que nous avons rencontré, quand nous l’interrogeons sur les papiers des voitures, nous dit que certaines sont à son nom et d’autres sont aux noms de ses amis, mais «toutes ont la carte grise prête», assure-t-il. «Vous, vous n’avez qu’à ramener votre argent et vous avez votre voiture et ses papiers le jour même.» Et d’ajouter : «Vous n’avez pas à vous encombrer des files d’attente interminables chez les concessionnaires ni à courir pour débloquer la carte grise. Moi je vend un produit complet.» Des prix exorbitants contre tous ces avantages Chez la plupart de ces revendeurs qui profitent de leurs bonnes relations avec les concessionnaires qui leur facilitent la vente des voitures, tout est payant à commencer par le délai de livraison qui est nul. Une Peugeot 207 toutes options, 1.6 HDI 90 chevaux, est proposée à 1,7 million de dinars alors que chez le concessionnaire elle était vendue (avant qu’elle ne soit suspendue) à 1,6 millions de dinars pour les mêmes caractéristiques mais avec un délai de livraison de trois à quatre mois. Une Skoda Octavia (motorisation 1.9 TDI 105 chevaux) est proposée à 1,9 million de dinars. Le prix de la même voiture chez Sovac Algérie est de 1,8 millions de dinars. Une Passat Volkswagen (moteur 2.0 TDI 140 chevaux) coûte 3,3 millions de dinars tandis que Sovac Algérie la vend à 2,999 millions de dinars. En faisant un simple calcul, on s’aperçoit que ce revendeur vend toutes les voitures neuves à un prix supérieur d’au moins 100 000 DA par rapport au concessionnaire, ce qui représente une marge nette et plus encore s’il a bénéficié de remises pour l’achat d’un quota important. Une autre preuve que même les concessionnaires sont complices dans les affaires de revente informelle n F. B. Bimensuel de l’économie et de la finance DOSSIER il appelle son directeur. «C’est avec le patron que vous pouvez négocier le prix», nous dit le commercial qui essaie de convaincre de la bonne qualité des voitures. S’agissant de la cherté des prix, il la justifie par le loyer et les impôts. Quels impôts ? «La taxe du registre du commerce», justifie le bonhomme. Ce qui signifie que ce revendeur est réglo et ne fait rien de flou. Mais d’autres signes montrent tout le contraire. de-t-il. Nous répondons que nous n’avons pas encore décidé des modèles mais que nous avons besoin de quatre voitures de tourisme et un véhicule utilitaire. Il profite alors de notre besoin pour nous proposer une offre complète : «Deux Octavia Skoda et la Peugeot 207 pour vos commerciaux. La Peugeot Partner pour le transport de votre marchandise et la Volkswagen Passat pour votre directeur.» Interrogé sur la possibilité de nous délivrer une facture pour l’achat de ces voitures, M. Mourad est catégorique : «Non, la facture ce n’est pas possible. Moi je ne suis pas une entreprise. Je fais de la vente de particulier à particulier, je ne peux pas faire de facture.» Seulement un bon de vente et/ou une attestation. «Je peux vous le faire, avec mon cachet et ma signature», nous dit-t-il. Des réponses contradictoires qui nous laissent douter de la régularité de ce vendeur. Pourquoi refuse-t-il de délivrer une facture alors qu’il dit posséder un registre du commerce ? S’agissant du paiement, cet affairiste nous dit : «Je préfère le paiement en cash, sinon un chèque à mon nom. Je n’accepte pas le virement de compte à compte.» Et de se justifier : «Je n’aime pas les va-et-vient à la banque et puis certaines personnes qui m’ont confié leurs voitures pour les vendre ne possèdent pas de compte bancaire.» 41 Dossier DOSSIER L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Malgré les dispositions du décret exécutif 07-390 La quaLité de service n’y est pas Le salon Autoexpo 2013 a été l’occasion pour les acquéreurs de dénoncer «les pratiques commerciales trompeuses» dont ils sont victimes. Quand le service relation clients est en dessous de tout, les consommateurs se révoltent. Une centaine de personnes ont manifesté haut et fort leur insatisfaction. Cinq plaintes par jour au minimum ont été enregistrées par des concessionnaires. Ces derniers nient la défaillance de leur service et qualifient l’acte de revendication d’«insensé» et «démesuré». Par Samira Bourbia «L e sens de ‘réclamation’ est péjoratif. Les Algériens sont impulsifs et quelquefois ils demandent l’impossible. Il faut qu’ils assument leurs devoirs afin de réclamer leur droits», explique Sarah D., commerciale chez KIV (représentant de marques chinoises). Sur place, nous avons assisté à une réclamation pour le moins bruyante 42 d’un client exigeant qu’on le rembourse ou qu’on lui change le véhicule acquis chez ce concessionnaire, arguant qu’il était accidenté. Nous nous sommes fondus dans la foule des acheteurs potentiels pour constater de visu l’ampleur de la contestation. Nous avons perçu un engouement particulier pour les véhicules français, anglais, allemands et japonais. Des files d’attentes interminables d’hommes et de femmes attendant leur tour dans des cabines aménagées en service commercial des concessionnaires. Alors que nous attendons notre tour pour consulter le commercial de Toyota, nous remarquons un client qui négocie le versement de l’acompte pour acquérir une Avanza à 162 millions de centimes. Une occasion pour changer sa voiture, de marque Fiat. Il ne cherche pas à savoir si la voiture sera livrée dans un délai de 48 heures comme promis par l’agent en charge de l’enregis- Bimensuel de l’économie et de la finance le client est toujours confronté à une panoplie de problèmes dont il ignore la solution». Les acquéreurs de véhicules naviguent à vue L’application du décret exécutif 390/07 par les concessionnaires fait défaut. Le client se sent toujours victime d’abus. Perdus dans la foule qui se bouscule pour voir les nouveaux modèles Peugeot, nous entendons par-ci par-là des gens qui se plaignent des fausses promesses du concessionnaire quant au délai de livraison. Ce n’est pas le seul cas, plusieurs autres distributeurs – Sovac Algérie, Renault Algérie, Toyota, Mahindra… – ont enregistré des dépassements des délais atteignant parfois une année, assure un client de Renault venu de Médéa : «A ce jour, je n’ai pas encore réceptionné mon Master Renault commandé le 31 septembre 2012.» Hélas, il n’est pas le seul à ignorer cette disposition de la loi. Nassim, lui, réclame auprès de Chevrolet et Cherry de revoir leur taux de 10% de l’acompte sur le prix de vente toutes taxes comprises du véhicule. «Je me suis retrouvé à payer 11 millions de plus. Où se plaindre ? Le service clients fait la sourde oreille et je ne veux pas aller en justice. Les concessionnaires font la loi sur le marché», s’indignet-il. Deux autres clientes se sont plaintes de la quantité de carburant dans le réservoir à la livraison ; la loi stipule que le véhicule doit être alimenté en carburant pour au moins 50 kilomètres, «Nous avons dû faire le plein d’essence à la station la plus proche, à la sortie du véhicule de la maison, aucun de nos véhicules n’a pu aller au-delà d’un kilomètre», indiquent ces deux clientes de Suzuki. Plus grave, le cas d’un client venu de Skikda qui nous a confié, près du stand du concessionnaire chinois Cherry, qu’il n’avait pas encore sa carte jaune. Rappelons, à cet effet, que la direction de la réglementation des affaires générales et du contentieux de la wilaya d’Alger a publié, le 9 décembre 2012, une note destinée aux concessionnaires et aux importateurs de véhicules automobiles leur interdisant le renouvellement des «cartes jaunes» au delà des 60 jours autorisés à compter de la date de livraison indiquée par le concessionnaire ou l’importateur. En plus de notre constat sur le terrain, l’Association de protection du consommateur et de son environnement (Apoce) a enregistré une centaine de plaintes contre les concessionnaires uniquement durant ce salon. A qui la faute ? n S. B. Bimensuel de l’économie et de la finance Dossier clients l’ignorent souvent. Quant aux concessionnaires, ils préfèrent que cela le reste. Nous avons posé la question à ces derniers et la réponse était sans appel : Un engouement particulier pour les véhicules français, anglais, allemands «Nous ne pouvons répondre à cette queset coréen au Salon de l’automobile 2013 tion, référez vous à votre texte de loi, nous ne sommes que des exécutants.» Pour la plupart, nous sommes des clients trop curieux et suspicieux. Tous les représentants des concessionnaires fuient la question des réclamations. Toutefois, la majorité des services relations clients mettent à la disposition de l’acheteur un numéro de téléphone pour recevoir les réclamations. Le directeur général de Peugeot Algérie, M. Foret, reconnaît toutefois la réception de 5 réclamations par jour. Il indique par ailleurs que «des mesures correctives sont à chaque fois engagées pour satisfaire le client». Ainsi, nous fait remarquer Nacer, commercial chez Ford, «nos clients insatisfaits sont pris en charge directement par nos services. Les raisons sont généralement liées aux délais de livraison, qui ne sauraient dépasser les 30 jours pour un véhicule disponible, seulement dans le cas contraire, nous signons un accord avec le client pour la prolongation du délai». Par contre d’autres, à l’instar d’Audi, où nous nous sommes entretenus avec le responsable marketing toujours en notre qualité de client, il n’avait aucune idée de trement. Nous l’existence du l’avons interrogé sur décret 390/07 le respect du décret e qui stipule que p u stipulant la livraison c e j’oc e «le contrat de u q dans les 48 heures, il a s i vente liant le «Depu ste, je ne m à répondu ignorer comconcessionplètement l’existence ce po ais référé naire au m a d’un décret exécutif suis j xte de loi» client doit régissant l’activité des un te ê t r e concessionnaires et protéconforme geant le client. «Depuis que aux disj’occupe ce poste, je ne me positions suis jamais référé à un texte du décret et du de loi. Ce sont les patrons qui cahier des charges ainsi sont les décideurs, dans tous qu’aux règles et conditions prévues par la les cas, le client lésé ne connait pas non plus ses droits. Pourquoi alors se législation et la réglementation en prendre la tête ?» Une attitude loin d’être vigueur». «Aller dans le détail des lois ne un cas isolé puisque nous l’avons aussi m’intéresse pas. Et en quoi cela vous inténoté chez les commerciaux des autres resse t-il ? Vous êtes notre client et nous veillerons à vos satisfaire», réplique ce concessionnaires Nissan, Ford, Sovac… responsable durement. Et d’ajouter que «l’acte de transparence entre le client et le Les concessionnaires fuient la concessionnaire n’est pas à l’ordre de question des réclamations Le décret exécutif 07-390 régissant la jour. Le seul point commun entre ces deux relation entre le client et le concessionnai- signataires est l’acquisition et la vente de re existe depuis plus de six ans mais les la voiture. Après l’acte d’enregistrement, DOSSIER L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 43 Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Mustapha Zebdi, président de l’Apoce «Plus de 50% des Plaintes concernent l L’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement de la wilaya d'Alger (Apoce) vient d’établir une liste de 22 types d’infractions commises par les concessionnaires DOSSIER Par Nassima Benarab 44 U n délai jugé très long par les clients et qui peut aller jusqu’à 13 mois, alors que le délai de livraison ne doit pas dépasser les 45 jours, sauf accord écrit entre le concessionnaires et l’acquéreur, selon le décret exécutif publié en 2007. En général, les concessionnaires trouvent des subterfuges et des parades afin de ne pas tenir leurs engagements. Et les clients se plaignent souvent de leurs comportements lorsqu’il s’agit de faire valoir leurs droits en matière de livraison et d'indemnisation. «Chaque jour, des gens se font arnaquer par les publicités abusives et mensongères. Par exemple, ils annoncent des livraisons immédiates, alors qu’en réalité le délai peut aller jusqu’à un an», a expliqué M. Zebdi, qui ajoute : «Nous avons reçu plusieurs requêtes de clients qui nous font part de l’absence de la date de livraison sur le bon de commande. Le délai de livraison leur est communiqué verbalement. C'est-à-dire que les concessionnaires n’osent pas l’écrire sur le document pour échapper à leurs engagements.» Il existe même des commandes de véhicules qui ont été faites lors du salon de l’auto de l’année dernière. Ces clients ont payé la totalité du prix, mais n’ont rien reçu à ce jour. D’autres concessionnaires disent que «le véhicule est disponible et qu’il sera livré dans 45 jours. Et après avoir payé les 10%, ils vous automobiles. La plus répandue est le non-respect du délai de livraison, qui représente plus de 50% des réclamations totales enregistrées par cette association, nous a confié son président, Mustapha Zebdi. informent que vous êtes obligé de payer la totalité, sinon la commande n’est pas prise en compte». Le problème n’est pas dans le délai de livraison tant que le consommateur l’approuve et l’accepte. «Les concessionnaires doivent être transparents avec leurs clients», affirme M. Zebdi. Pour lui, il est préférable de «négocier un délai de livraison réel. C'est-à-dire pas limité à 45 jours». A condition qu’en cas de dépassement, «le concessionnaire s’engage à payer la location d’un véhicule similaire ». Ceci protégera certainement les intérêts des consommateurs parce qu’actuellement, «nous réglons 80% des requêtes relatives à des véhicules neufs à l’amiable, mais certains concessionnaires n’indemnisent pas leurs clients», a-t-il ajouté. «Chez Renault les choses se passe bien, plus difficilement chez Hyundai et Sovac ; d’autres ne comprennent que par le scandale ou par la force, comme chez Peugeot.» Certains acquéreurs ont payé la totalité mais ils n’ont rien reçu jusqu’à ce jour Bimensuel de l’économie et de la finance Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 t le retard de livraison» rent sur le marché algérien arnaquent également les clients par leurs conditions de ventes «qui sont généralement inacceptables et abusives». Il existe même des pièges qui obligent ces clients à accepter leurs conditions. Il donne en exemple qu’«un concessionnaire utilise des bons de commande imprimés recto-verso, qui affichent en première page tous les renseignements relatifs à la vente du véhicule, tandis que le verso comporte une liste de conditions de ventes écrites en caractères très petits. Généralement le client qui prend son bon de commande ne lit pas ces conditions qui l’obligent quelquefois à accepter des choses sans être informé». Les fiches techniques ne sont pas une référence Certains conditions disent que l’acquéreur d’un véhicule neuf ne doit pas prendre en référence les caractéristiques techniques portées sur les brochures. C'est-à-dire que s’il choisit son véhicule neuf sur la base de ces fichiers, il risque d’avoir de mauvaises surprises lorsque qu’il recevra sa commande. «Si le client choisit un véhicule noir, il risque de le recevoir… orange. Et s’il a signé sur cette condition, il risque de perdre son droit de réclamation», affirme M. Zebdi. DOSSIER Les sanctions ne sont pas appliquées aucun, bien qu’il existe des infractions Le décret exécutif 07-390 du répétitives», dit notre interlocuteur. En cas d’infraction, les autorités de contrô12 décembre 2007 régissant la vente le doivent faire un constat de de véhicules neufs en Algérie ne manquement. C'est-à-dire que le protège pas assez les concessionnaire est obligé de clients. corriger son infraction dans un «Parce délai d’un mois. Si ce délai est que non dépassé, la direction du comseuler, les u merce informe la direction ment il o j e u er q u a q h a de l’industrie qui opère un n’est pas C n « ont ar ités f retrait provisoire de l’agréappliqué, e s gens les public ment. Le président de mais il y a t e par s l’Apoce trouve anormal des lacunes e v abusi ères» qu’après 50 ans d’indéqui permetong pendance, «l’Algérie ne tent aux mens dispose pas de services concessiond’homologation ni de naires d’arnacrash test. Une preuve quer les gens que le marché algérien laisse sans être sancentrer n'importe quoi», affirme-t-il. tionnés», a affirmé le président de l’Apoce, qui cite en exemple que le cha- Les arnaques diaboliques des pitre de sanction n’a jamais été appliqué. concessionnaires Pour Mustapha Zebdi, la majorité des «Citez-moi un concessionnaire à qui l’on a retiré son agrément. A ma connaissance 95 concessionnaires automobiles qui opè- La concomitance existe aussi dans l’achat d’un véhicule neuf «Nous avons reçu une requête étonnante. Un commercial a obligé un client à acheter un autoradio coûtant 20 000 DA pour pouvoir recevoir son véhicule le lendemain», a révélé le responsable de l’Apoce, qui conseille aux futurs acheteurs d’être conscients des justes règles d’achat qui protègent contre la tromperie et les promesses illusoires, les erreurs intentionnelles et pour éviter également le mauvais choix qui cause des pertes financières en cas de changement ou d’annulation de l’achat de la voiture après avoir payé un acompte n N. B. Bimensuel de l’économie et de la finance 45 Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Paiement en espèces au Salon de l’automobile Du cash encore e En dépit des avertissements de la direction de la Safex et du ministère du Commerce interdisant le paiement en espèces pour l’achat de véhicules visant ainsi à assurer plus de traçabilité aux transactions, plusieurs concessionnaires ont continué à vendre en liquide leur véhicules lors du dernier salon Autoexpo 2013. Par Samira Bourbia DOSSIER T 46 rois jours avant la fin du Salon international de l’automobile, Mouloud Slimani, directeur de la promotion et de la coopération à la Safex, a indiqué que «lors d’une opération de contrôle effectuée durant le salon par les agents de la Salon est une aubaine pour renflouer les Safex au niveau des stands, Le caisses et se débarrasser des stocks dormants nous avons constaté le respect de cette mesure par les concessionnaires qui orientaient leurs clients pour leurs versements dans les banques». Afin de vérifier le respect de cette instruction interdisant la vente en liquide, nous nous sommes présentés en tant qu’acheteur potentiel souhaitant acquérir notre véhicule dans l’immédiat et de le payer en espèce. Le premier service commercial que nous avons consulté était celui du concessionnaire américain Ford. Le chargé des ventes nous a expliqué les procédures à suivre avant l’enregistrement de la commande. Au moment de l’enregistrement de la commande nous avons exprimé la volonté de payer en liquide, nous n’avons pas été surpris par leur commercial qui nous a invités dans une loge afin de verser discrètement la somme requise. Nous avons proposé le paiement de plus de 100 000 DA cash ce à quoi il répondit : «Le client est libre de virer la somme qu’il veut.» A la dernière minute, nous avons changé d’avis sous prétexte de réfléchir davantage Bimensuel de l’économie et de la finance Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 avant de nous décider. Nous avons sillonné plusieurs autres stands à l’instar de Peugeot, KIV, Toyota… qui n’étaient pas contre cette pratique de paiement en liquide. D’ailleurs, la majorité de ces concessionnaires ont aménagé des cabines rien que pour réceptionner le paiement en espèces. Interrogés, ils ont indiqué qu'il n'y avait pas de décision formelle et écrite officielle interdisant la vente en espèces. Alors que ces mêmes concessionnaires se sont mis d’accord avec la Safex pour éviter les transactions en cash. Mme Louffir attend depuis 5 heures l’arrivée de son fils afin d’effectuer la transaction d’achat avec Renault. Elle a l’habitude d’acquérir ses voitures durant le Salon et de les payer cash. «Pourquoi les empêcher de vendre durant le Salon ? Moi je me suis déplacée de Tlemcen jusqu’ici pour choisir le modèle qu’il me faut au lieu de faire une commande qui prendra des mois. Autant en profiter», affirme Mme Louffir. La réalité est que les citoyens sont habitués à acheter à la Safex. Ni les vendeurs ni les clients ne sont convaincus par cette instruction. D'ailleurs, la plupart des commerciaux que nous avons approchés nous ont encouragés, lors de notre commande, à utiliser le paiement en espèces afin de nous éviter les déplacements et les contraintes bancaires à travers le paiement par chèque certifié afin de gagner de temps pour la livraison du véhicule. «L'interdiction du paiement par chèque n'est qu'une rumeur. Comment peut-on amorcer nos ventes si nous ne vendons pas à cette occasion ? De plus, le paiement en espèces permet la confirmation rapide de la commande et la livraison immédiate du véhicule au client. Tandis qu'avec le chèque certifié, le client doit attendre au minimum 48 heures avant la confirmation de la commande», explique un agent chez KIV. Une pratique très répandue parmi les commerciaux de la majorité des concessionnaires qui considèrent que le Salon est une aubaine pour remplir les caisses et se débarrasser des stocks de véhicules. Sur place, nous avons constaté que le montant en espèce diffère selon le concessionnaire et son objectif. Il y a ceux qui exigent juste le paiement en espèces des 10% d'acompte et d'autres le limitent à 50 000 DA. Tout le temps de notre présence au Salon, nous n’avons rencontré aucun agent de la direction de la Safex chargé de vérifier le respect de l’instruction n S. B. Bimensuel de l’économie et de la finance DOSSIER e et toujours 47 Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Recettes générées par la promotion Une moyenne de 20% dU chiffre d’affaires poUr les concessionnaires DOSSIER Le Salon international de l'automobile d’Alger est devenu l'événement incontournable pour les concessionnaires automobiles qui y présentent leurs nouveaux modèles et surtout lancent de grandes campagnes de promotion des ventes. Chaque année, c'est l'occasion de doubler, voire tripler leurs ventes en moins de dix jours. Grace aux remises proposées lors de cet événement, les concessionnaires réalisent entre 10 à 25% de leur chiffre d’affaires global. C’est le constat fait Meriem Cherroune, responsable chez Volkswagen Algérie Neïla Hamadouche, directrice marketing chez Hyundai Motors Algérie «Notre stratégie marketing se base sur la disponibilité, le prix et la qualité. Mais aussi, sur les promotions des ventes et sur la publicité.» Depuis 10 ans, les remises sont systématiques chez Volkswagen Algérie au cours du Salon de l’automobile, «On vient ici pour profiter de l’occasion et pour augmenter nos ventes», dit-elle. En termes de communication et de promotion des ventes, «nous réalisons 20% à 25% de notre chiffre d’affaires annuel», a-t-elle estimé. Les premiers jours du Salon, Volkswagen a enregistré environ 350 commandes par jours contre 24 commandes par jour pour la marque Audi, où les promotions varient entre 400 000 DA et 500 000 DA n Nassima Benarab 48 auprès des responsables marketing des différentes marques présentes à la 16e édition du Salon international de l’automobile d’Alger qui s’est déroulé fin mars dernier. Si les promotions font le bonheur de certains concessionnaires, les acheteurs risquent toutefois se faire arnaquer via des promotions mensongères qui en réalité leur coûtent plus cher. Il a été remarqué également que dans certains cas, ces promotions servent à augmenter, après la date de la promotion, le prix initial des véhicules. «Les consommateurs algériens réagissent aux promotions. C ’est normal, puisque les promotions assurent en général la satisfaction supplémentaire d’avoir acheté moins cher que les autres acheteurs ou moins cher que prévu», a-t-elle jugé. Il faut savoir, ajoute la même responsable, que les budgets marketing des entreprises consacrés aux promotions sont très importants comparativement avec celui de la publicité. La promotion marketing des ventes agit plus vite que la publicité, ce qui «nous permet de doubler largement nos ventes de véhicules durant les dix jours de la foire», a-t-elle précisé n N. B. Bimensuel de l’économie et de la finance Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Avis des clients «C’est après la période des promotions qu’on remarque une augmentation de la demande pour certaines catégories de nos véhicules. Nous avons des acheteurs fidèles qui auraient continué à acheter avec ou sans promotion.» La part des promotions dans le chiffre d’affaires de Peugeot représente une moyenne de 10% annuellement, a-t-il avancé n N. B. Ghenima Nehar, chargée marketing et communication de Sodi Automotive (distributeur de Fiat, Lancia et Alfa Romeo) «Les promotions ne font que augmenter de manière significative les ventes», a-t-elle avancé, en affirmant : «Nous avons un stock disponible, ce qui nous a encouragés à nous lancer dans les remises» n N. B. Hakim Haboul, responsable marketing de Kia Algérie Chez Kia Algérie, aucune remise n’a été affichée sur les véhicules lors du salon. «Notre stratégie marketing est claire», nous a déclaré son responsable marketing, Hakim Haboul, ajoutant qu’«on ne peut pas proposer des remises alors que la capacité de notre stock ne permet même pas de répondre à la demande de nos clients fidèles» n N. B. Nacer, 41 ans, architecte : «J'y crois pas trop» «Il faut savoir que les produits les plus recherchés dans les gammes ne sont pas forcément celles qui sont en promotion. Généralement, si je cherche un modèle particulier, ils disent que la promotion n’est pas appliquée sur ce modèle ou qu’il n’est pas encore disponible. Pis encore, j’ai remarqué que certains concessionnaires affichent des prix soi-disant promotionnels en hors taxes sans le déclarer. C’est lorsque vous faites la commande qu’ils vous disent qu’il faut payer les taxes puisqu’elles ne sont pas incluses dans le prix. D’après mon expérience, je crois qu’il faut aller vers les produits en promotion qu’on connait déjà et qu’on a essayés auparavant pour ne pas prendre de risque.» Abdelkader, 52 ans, commerçant : «J’ai fait une bonne affaire» «Je viens d’acheter une nouvelle Sunny Acenta Parck toutes options. Ce véhicule coûte 1 550 000 DA mais moi je l’ai payée 1 370 000 DA. J’ai bénéficié d’une remise de 180 000 DA grâce aux promotions que la marque Nissan Algérie applique lors de ce salon. Je suis très content de cette bonne affaire. C’est un véhicule que je compte garder longtemps.» Amina, 23 ans, étudiante en pharmacie : «Chez les petites marques, l’offre est plus large» DOSSIER Pierre Foret, directeur général de Peugeot Algérie «D’après ce que j’ai remarqué, ce sont les petites marques de véhicules (chinoises et indiennes) qui offrent beaucoup plus de remises. Dans mon cas, en tant qu’étudiante et selon mon budget, c’est ce qui m’arrange. Je trouve par exemple que GM Trade propose plusieurs solutions et offre des remises plus fréquentes par rapport aux autres marques. Ils ont fixé le prix de la Cherry QQ à 667 000 DA en payement cash contre 737 000 DA à crédit n Propos recueillis par Nassima Benarab Bimensuel de l’économie et de la finance 49 Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Pierre Foret, directeur général de Peugeot Algérie 1 000 véhicules semi-industriels pour 2013 Les deux constructeurs français Peugeot Algérie et Renault Europe s’associent dans un partenariat portant sur un projet de nouvelle unité de production de véhicules semi-industriels. Ce projet, qui va de pair avec l’installation de l’usine Renault, permettra aux constructeurs français de se tailler une bonne part du marché national des véhicules, d’autant que la production préconisée pour cette année est déjà estimée à 1 000 véhicules. Le directeur général de Peugeot Algérie, Pierre Foret, explique cet engouement pour le marché algérien. DOSSIER Pierre Foret 50 Réalisé par Samira Bourbia L’Eco : en 2011, Peugeot Algérie a enregistré une croissance de 46%. Un taux faible par rapport aux années précédentes. Comment appréciez-vous cette évolution ? Pierre Foret : le marché algérien est l’un des plus dynamiques pour notre label, depuis trois ou quatre ans, tout particulièrement en 2012. D’ailleurs, Peugeot a enregistré en 2012 une croissance de 48% qui est au même niveau qu’au premier semestre 2013. Cette progression est très significative pour Peugeot, qui est une marque historique de l’automobile. En 2011, les ventes de Peugeot étaient en repli, mais en 2012 nous avons rattrapé cette régression. La progression des ventes en 2012 a doublé de presque 98% par rapport à 2011. La même tendance pour 2013, notamment avec la consécration du modèle 107 qui était le véhicule le plus vendu en Algérie par rapport à tout autre modèle et toutes marques confondues. La 308 figure également dans la première catégorie et il y a des versions de véhicules pour la location et les utilitaires, tels que les Partner qui ont permis à la marque de finir deuxième sur le marché pour l’activité 2012. Bimensuel de l’économie et de la finance La maison-mère PSA Peugeot Citroën est secouée par une crise depuis plus d’une année. Quel est son impact sur les vente en Algérie et comment avez-vous pu gérer la dégringolade des prix du véhicule neuf ? Je peux estimer l’impact dans le bon sens du terme. Car pour l’Algérie la crise a eu un impact positif sur l’économie, notamment, sur le volume de ventes de véhicules. Il faut reconnaitre que l’Algérie, depuis la crise économique qui sévit en Europe a de plus en plus une économie croissante contrairement à l’Europe qui est en forte récession. L’Algérie devient un pays très important pour la marque. La dégringolade des prix des véhicules neufs de Peugeot n’a pas touché le marché algérien. D’ailleurs, Peugeot propose des prix qui correspondent à différents modèles adaptés au marché algérien. Notre gamme de prix varie entre 999 000 DA pour la 107 et la 301 Access, jusqu’à 3, 7 millions de dinars pour la 508 GTI. Nous considérons nos prix raisonnables et accessibles. Nous ne voulons pas tomber dans le marché d’«act selling» qui verse dans l’informel. Ces actes de revente de véhicules dénaturent le marché et ne sont d’aucune utilité pour le client. Raison pour laquelle nous essayons d’avoir des prix accessibles pour le client. Il faut savoir que nous faisons le maximum pour que le client puisse accéder à sa commande dans les temps. A titre d’exemple, nous enregistrons une demande importante sur le modèle 308. Cependant, concernant l’entrée de l’Algérie dans le capital de PSA Peugeot, personnellement, je pense que c’est une rumeur qui s’est propagée durant le salon de l’automobile d’Oran. En plus, je n’ai pas de commentaire à faire là dessus. Adhérez-vous aux mesures du décret exécutif 2007 régissant votre activité en Algérie ? Ce sont les lois algériennes qui font que le marché algérien est exceptionnel. En effet, nous nous adaptons au mieux avec ces spécificités et c’est à nous d’avoir les processus et les moyens adaptés pour que tout fonctionne correctement. Nous sommes une entreprise de droit algérien donc nous nous adaptons aux mieux à la législation algérienne. Nous n’avons pas de problème avec les Douanes algériennes ni avec les impôts ou toute autre autorité. Peugeot tente en permanence de perfectionner ses services. Est-ce la raison invoquée pour la signature de partenariats avec l’association Baraka et AXA L’installation d’une usine Renault Assurances ? en Algérie influerait-il sur votre Exact. Nous venons de signer un panier de vente ? Que pensez-vous à partenariat avec AXA Assurances, qui ce projet ? est un avantage très important pour les C’est un choix stratégique de clients particuliers qui ont souscrit au Renault, ce qui ne figure pas parmi les contrat d’assurance AXA. En effet, en priorités et les plans stratégiques de cas d’accident, il y a une prise en charPeugeot. Cependant nous restons très ge totale définie concernant la réparaattentifs à l’évolution du marché. tion du véhicule. D’ailleurs nous avons mis en place, à C’est une première en Algérie. Une Oran, en décembre 2012 une unité expertise qui est menée par semi-industrielle qui permet en partel’assureur AXA en accord nariat avec un carrossier de avec le client et Peugeot R e n a u l t afin de prendre en charge Européen directement la réparal’assemblation du véhicule. Ce ge du véhisont des réparations , 3 cule transforgaranties, le client 1 0 2 ut b é d mé en ne débourse rien. Ce é h is Depu ts de marc Algérie. Cette partenariat remonte ar unité ne compau mois de nos p progressé ont te que des décembre 2012. . % de 20 employés algéActuellement, il riens. Sa capacité est opérationnel, de production, nous sommes en depuis son lancetrain de le ment, est de 500 déployer dans d’autres véhicules et nous réseaux. prévoyons d’atteindre Ce sont des contrats qui sont gérés les 1 000 véhicules pour l’année 2013. selon les prix du marché. Concernant Nous souhaitons, à travers cette initiati- le partenariat avec l’association ve, répondre aux attentes de nos clients Baraka, il vise à sensibiliser l’enet même à celles des programmes mis semble de la société en matière de préen place comme les dispositifs d’aide vention routière. Nous souhaitons que aux jeunes Ansej, ANDI… étant donné le comportement sur la route soit que nous travaillons, en amont, avec ces animé par la prudence n organismes. S. B. Bimensuel de l’économie et de la finance Dossier Afin de comptabiliser le nombre de vos clients et définir leurs attentes c’est important de connaitre le parc total roulant de Peugeot en Algérie… Nous avons du mal à connaitre le chiffre exact de notre parc total. Mais je peux donner une estimation par rapport à ce parc roulant total qui, aujourd’hui, représente plus de 700 000 véhicules Peugeot. Quant à l’estimation de véhicules du parc dont la vie moyenne est de dix ans, nous comptons en somme entre 400 000 et 500 000 véhicules en Algérie. C’est important de le distinguer car nous nous adaptons à la législation algérienne qui impose le renouvellement de ce parc automobile chaque dix ans. Nos ventes sont aussi importantes que notre parc, pour 2012, nous avons vendu 440 000 véhicules. Concernant le chiffre de vente des véhicules utilitaire et léger, Peugeot compte à son actif un peu plus de 66 000 véhicules. Ce qui signifie un taux de 4% de parts de marché, ce sont les statistiques de fin décembre 2012. Depuis début 2013, nos parts de marché ont progressé à hauteur de 20%. Grâce à nos efforts, la marque pulvérise des records d’année en année en Algérie et nous sommes classés premier sur le marché de l’auto. DOSSIER L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 51 Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Pièces de rechange La casse auto rivaLise avec Les concessionnaires Par Lydia Yahia A DOSSIER u moment où les citoyens déplorent le manque de pièce de rechange, notamment celle des véhicules récents, les concesimporte la marque du véhicule, sionnaires automobiles à l’ima- Peu la pièce recherchée est disponible ge de Citroën, Toyota, Renault, Haïma, Nissan, Peugeot et autres, affirment que ces accessoires automobiles sont disponibles. A l’occasion du Salon international de l’automobile, nous avons interrogé quelques représentants de ces concessionnaires ; la réponse était identique : les pièces de rechange sont disponibles. Pour sa part, Anis Touat, commercial chez Citroën, nous a déclaré «assurer la disponibilité de toutes les pièces de rechange nécessaires à tous les véhicules Citroën. Sauf pour les DS que nous ne commercialisons pas encore à 100%». Concernant le manque de certaines pièces de rechange, le même commercial a précisé qu’«il suffit d’un coup de téléphone à la maison mère en France pour qu’elle l’envoie immédiatement». Cependant, «le fléau auquel tous les clients de pièces détachées sont confrontés est la contrefaçon et la cherté de la pièce d’origine, sans oublier la lenteur dans la livraison des articles commandés à l’étranger. Pour cela, la majorité des Peu importe la marque du véhicule et clients se tourne vers la pièce de rechange quelle que soit l’année de sa fabrication, la d’occasion» a déclaré Mohamed, un visi- pièce recherchée est sûrement disponible. teur rencontré dans les couloirs de ce On trouve de tout dans cet endroit fréquenté par une centaine de visiteurs par salon. Nous avons décidé de faire une virée à jour, venus des quatre coins de l’Algérie. la casse auto de Draâ Ben Khedda, à «C’est une véritable issue de secours», a 14 km du chef-lieu de la wilaya de Tizi estimé un vendeur dans ce marché. Toutefois, en interrogeant Mourad sur Ouzou, sur la RN 25. Sur les lieux, nous son choix porté sur la pièce de rechange avons constaté le fourmillement des acheteurs de pièces de rechange d’occasion et d’occasion, ce client rencontré sur place les nombreuses transactions effectuées dit : «Je ne fais jamais confiance aux vendans ce grand espace. Un espace de est deurs de pièces de rechange neuves. J’ai réservé à la vente de toutes sortes de déjà acheté une pièce contrefaite au prix pièces de rechange. Les deux côtés de la d’une pièce d’origine sans m’en rendre route sont encombrés de carcasses de compte. Cette pièce était bien emballée et véhicules accidentés. Regroupant une cen- portait l’estampille d’une grande marque. taine de mécaniciens, cette casse auto Mais peu après ma voiture est retombée en détient plus d’une vingtaine de garages. panne. C’est ce qui m’a poussé à ne faire confiance qu’aux casses auto car, ici au 52 De l’avis des experts, le marché national de la pièce de rechange est quasiment hanté par la contrefaçon. La cherté de la pièce d’origine et la lenteur dans la livraison des articles commandés à l’étranger font que la plupart des consommateurs se dirigent vers les casses auto. moins, je suis sûr que la pièce est réellement d’origine. Et puis son prix est abordable.» Contre toute attente, nous avons constaté que même dans ce marché, les pièces contrefaites sont disponibles. Omar, mécanicien dans cette casse auto, nous dit que «des pièces contrefaites issues des entreprise parallèles asiatiques sont aussi disponibles ici. Elles varient du 1er jusqu’au 3e choix. Personnellement, je déconseille à mes clients d’acheter ces pièces contrefaites. En effet, leur prix est intéressant. Toutefois, en comptabilisant le nombre d’accidents causés par ces pièces, l’on se rend compte qu’il est préférable d’acheter une pièce d’origine un peu plus cher plutôt que de risquer sa vie et celle des autres» n L. Y. Bimensuel de l’économie et de la finance Recouvrement de la taxe sur les véhicules neufs Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 près de 127 millions de dinars depuis 2009 S oumis pourtant à de lourdes taxations et à de restrictives procédures d’importation, le marché du véhicule neuf en Algérie est en pleine croissance ; ces dernières années, les ventes enregistrent une progression fulgurante passant de 219 900 en 2009 à 442 599 véhicules tous types confondus vendus en 2012. Le chiffre a largement doublé, ce qui suppose de surcroit une très forte hausse du montant des recettes fiscales liées aux transactions du véhicule neuf. Effectivement, le montant a quasiment triplé. En 2012, le montant recouvré était de 50 039 millions de dinars, contre 32 499 millions de dinars en 2011, soit une hausse de 53%. Durant l’année 2010, le montant recouvré, au titre de cette taxe, était de 25 454 millions de dinars, contre 18 940 millions de dinars durant l’année 2009, précise la direction générale des impôts. Il est opportun de rappeler, par ailleurs, que la taxe sur les transactions des véhicules neufs a été instaurée en vertu de la loi de finances complémentaire pour 2008 afin de réduire, un tant soi peu, les importations de véhicules qui ne cessaient de s’emballer. La taxe a été revue à la hausse pour certaines catégories en 2009, tandis que son champ d’application a été élargi pour englober les remorques, semi- Siège du ministère des Finances De 2009 et 2012, le marché de l’automobile a rapporté au Trésor public 126 932 millions de dinars, au titre de la taxe sur les transactions de véhicule neuf, a indiqué, à L’Eco, la Direction générale des impôts. remorques, véhicules de transport de personnes ainsi que les motocyclettes et cyclomoteurs à la faveur de la loi de finances complémentaire 2010. Dès lors, cette taxe varie entre 50 000 et 200 000 DA pour les véhicules de tourisme et utilitaires à moteur essence et entre 70 000 et 500 000 DA pour les véhicules de tourisme et utilitaires à motorisation diesel. Elle est de 150 000 à 300 000 DA sur les véhicules de transport de personnes, 50 000 à 100 000 DA pour les motocyclettes, 300 000 à 500 000 DA pour les véhicules de tourisme des sociétés et de 300 000 à 700 000 DA pour les engins. Outre ces recettes qui viennent renflouer annuellement les caisses du Trésor public, les concessionnaires sont soumis à l’acquittement des droits de douane, des taxes sur la valeur ajoutée et sur le chiffre d’affaires…. A quoi sert tout cet argent ? La question mérite aussi d’être posée quant à façon de gérer cette manne. Les deux arrêtés interministériels du 31 octobre 2011, parus au Journal officiel n°38 du 24 juin 2012, apportent une réponse partielle à ces questions. Ces deux arrêtés fixent en effet la nomenclature des recettes et dépenses ainsi que les modalités de suivi et d'évaluation du Fonds spécial pour le développement des transports publics. Ce compte a été créé en 2009 avec pour unique objet de soutenir les tarifs des transports effectués par l’Etablissement public de transport urbain et suburbain de la wilaya d’Alger (Etusa), les établissements publics de transport urbain et suburbain, les transports publics par métro et tramway effectués par l’Entreprise métro d’Alger (EMA), le transport ferroviaire de banlieue effectué par la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF). Ledit compte est alimenté par une quote-part du produit de la taxe sur les transactions des véhicules neufs et la contribution des concessionnaires de véhicules. La taxe prélevée par le concessionnaire est reversée, comme en matière de droit de timbre, au titre de la première mise en circulation, alors qu’elle est acquittée à l’importation par les usagers de manière préalable à tout dédouanement auprès des recettes des impôts du lieu de situation du bureau des Douanes en charge des formalités. S’agissant de la contribution des concessionnaires automobiles, le taux a été fixé à 1% du chiffre d’affaires et il est acquitté au titre de chaque mois auprès des recettes des impôts territorialement compétents dans les 20 premiers jours du mois suivant n H. M. Bimensuel de l’économie et de la finance DOSSIER Par Hamid Mohandi 53 Dossier L’éco n°64 / du 16 au 30 avril 2013 Pour une valeur de 88,82 milliards de dinars 91 891 véhicules importés en deux mois DOSSIER L'importation de véhicules a augmenté de 23,28% en janvier et février 2013 Par Mourad Allal E n effet, les importations algériennes de véhicules ont poursuivi leur hausse durant les deux premiers mois de l'année 2013 avec 91 891 véhicules pour une valeur de 88,82 milliards de dinars, selon le bilan rendu public par le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (CNIS), cité par l’APS. Les achats à l'international de véhicules par l'Algérie ont augmenté de 23,28% en janvier et février 2013 par rapport à la même période en 2012, durant laquelle l'Algérie avait acquis 74 534 véhicules pour une valeur de 63,72 milliards de dinars. Pour rappel, en 2012, l'Algérie a importé 568 610 véhicules pour une valeur de 514,43 milliards de dinars contre 390 140 véhicules en 2011, soit une hausse de 45,75%. Les françaises en tête Selon le bilan du CNIS, les voitures 54 Alors que le gouvernement tente de réduire les importations d’automobiles, jugées trop élevées, les chiffres officiels des Douanes relèvent une augmentation fulgurante des entrées de véhicules en Algérie en 2012, mais surtout durant les premiers mois de l’année en cours. françaises arrivent en tête des véhicules importés par l'Algérie, suivies par les coréennes. Le groupe PSA (Peugeot-Citroën) a ainsi surclassé Renault durant cette période avec 19 622 véhicules vendus pour plus de 17 milliards de dinars, contre seulement 17 388 véhicules vendus par ce dernier pour une valeur de 13,73 milliards de dinars. Le sud-coréen Hyundai Motors a écoulé sur le marché algérien 9 250 unités pour plus de 7 milliards de dinars contre 6 853 unités vendues durant la même période de l'année 2012 pour une valeur de 4,36 milliards de dinars. En revanche, en 2012 le groupe Renault a vendu 115 502 véhicules pour une valeur de 91,83 milliards de dinars, contre 75 956 unités en 2011, en hausse de 52,06% en termes de nombre. La marque Peugeot a occupé en 2012 la deuxième place avec 65 756 voitures (61,75 milliards de dinars) vendus contre 35 130 (32,65 milliards de dinars), en hausse en nombre de 87,18% et de 87,30% en valeur. Le Sud-coréen Hyundai a occupé, en 2012, la troisième place avec 51 048 véhicules (33,84 milliards de dinars), contre 50 697 unités (29,46 milliards de dinars) en 2011, enregistrant également une hausse en valeur et en nombre de respectivement 14,89% et 0,69%. La forte progression des ventes de véhicules automobiles résulte de la très forte hausse de la demande consécutivement notamment aux hausses salariales et les rappels des fonctionnaires, relèvent des analystes, qui font remarquer qu'en dépit des dispositions de la LFC 2009, les importations des véhicules ont repris leur tendance haussière dès 2010. Une des motivations de la LFC 2009 était de réduire les importations de véhicules à travers la suspension du crédit à la consommation n M. A. Bimensuel de l’économie et de la finance