L`accueil des 2/4ans : Prendre en compte leurs besoins
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L`accueil des 2/4ans : Prendre en compte leurs besoins
L’accueil des 2/4ans : Prendre en compte leurs besoins Quelles offres d’accueil pour les 2/4ans ? Différents lieux accueillent ces enfants de 2 à 4 ans : la crèche, l’assistante maternelle, la halte garderie, l’école, le centre de loisirs sans hébergement et la garderie périscolaire. Pour répondre au mieux aux besoins des enfants, une structure d’accueil, quelle qu’elle soit, doit : Réfléchir à la mise en place d’un projet pédagogique spécifique à la tranche d’âge 2-4 ans. Prendre en compte le développement individuel de l’enfant dans la collectivité. S’organiser autour des besoins de l’enfant et de ses parents. S’entourer de personnel ayant une formation spécifique petite enfance. La patience, la tolérance et la diplomatie sont des qualités que l’assistante maternelle doit acquérir au cours de son expérience professionnelle ; Je crois pouvoir dire que ces qualités sont souhaitables et nécessaires lorsque nous accueillons des enfants entre 2 et 4 ans. Quels que soient les enfants, il est indispensable de leur assurer les besoins fondamentaux, c'est-à-dire ce qui correspond à quelque chose d’indispensable à la vie : Respirer, manger et boire, éliminer, se mouvoir, dormir … Ce sont les besoins physiologiques. Hiérarchie des besoins de l’enfant, d’après Abraham Maslow Des besoins vitaux Le sommeil Les rythmes de sommeil sont à respecter. C’est pendant le sommeil que se fait, entre autres, la maturation du système nerveux. Dormir c’est important : …le rêve …les hormones qui renforcent le système immunitaire …le sommeil paradoxal est réparateur, la soupape est lâchée. Il est fondamental de respecter les veilles et le sommeil de l’enfant. Le coucher peut être difficile, c’est un moment de séparation pendant lequel l’enfant a besoin de sécurité affective. Il vit l’instant présent, n’a pas de repère dans le temps et l’espace. Rythmes des enfants de 2-4ans Sommeil= respect des siestes Vigilance = 11h et 17h Fatigue = 9h et 14h Attention, il faut faire très attention à la séparation de 8 mois à 4 ans. La sensibilité des enfants est très grande à ces âges. Des besoins d’ordre psychologique ou social Un besoin de sécurité affective : La qualité de l’attachement va permettre à l’enfant la confiance en l’autre et en lui-même ; bébé va acquérir l’estime de soi et la confiance. Un bébé ne vit pas sans sa maman, ou une personne qui lui donne les soins et les besoins nécessaires. Si l’attachement n’est pas sûr, ces enfants vont s’agripper, exprimer une angoisse. Nous devons protéger les enfants, nourrir leur attachement. L’enfant ne se développe pas comme un long fleuve tranquille, mais par étapes, chacune d’elles apportant de nouvelles compétences. Quand l’enfant vient au monde, il a déjà des capacités, des compétences précoces, son propre tempérament. Chez le bébé qui ne se développe pas, si on ne les fournit pas, il risque d‘avoir des déficits. • Dès la naissance, le bébé est séparé de sa maman, pas facile pour ce petit d’Homme. Lorsque bébé est tout petit, il ne peut se penser seul, il se vit comme le prolongement de sa mère. Pourtant la séparation physique est bien réelle, alors pour ne pas avoir à ressentir l’éloignement, il se met a rêver à sa mère, lorsque celle-ci est absente, il a ainsi le sentiment d’être toujours en sa présence et ne souffre pas de son absence. Pour le change, être face au bébé permet une relation privilégiée dans l’échange des regards, des sourires, des babillages… C’est un cadeau ! Alors pourquoi le tourner, le retourner ? C’est une coupure qui peut être évitée. • Toute séparation est à ménager avec délicatesse : - Angoisse du 8ème mois - Peur de perdre leur mère, leur père - Peur du visage étranger (peut se produire également vers 18 mois) - Les entrées en structure collective Il est important de nourrir l’affectif et la qualité de la relation. - Ce sont les parents les premiers fabricants (soutien, réconfort et encadrement) de leur enfant vers l’autonomie. - Le jeune enfant ne se repère pas dans le temps. Des rituels sont à conseiller : par exemple le coucher doit se dérouler à l’identique tous les soirs. - Des moyens qui le relient à sa famille : photos, courrier, objet transitionnel (doudou). Les entrées en structure doivent être si possible ménagées. Songer à la découverte des lieux, à une rencontre entre l’enfant, les parents, l’équipe d’encadrement. Les repères dans l’espace sont aussi plus difficiles à établir à cette étape. La plus grande aspiration de l’enfant est de grandir. Vers 18 mois – 2 ans : c’est le début de l’intelligence représentative. Une réaction nouvelle devant une découverte : il s’arrête, il réfléchit… Les besoins de différenciation et d’identité passent par le contact avec d’autres. Il est important que l’enfant soit en contact avec des femmes et des hommes, à qui il va pouvoir s’identifier. Toute équipe d’encadrement devrait être mixte ! Ces relations ne passent pas essentiellement par la parole mais par l’attitude, le regard, l’expression du visage, le ton de la voix… Pour s’approprier le monde des adultes, souvent si troublant, l’enfant va les imiter. Les jeux symboliques occupent une grande place dans l’activité de l’enfant. Le besoin d’exploration s’appuie sur 3 autres besoins : - Le besoin d’autonomie : La plus grande aspiration de l’enfant est de grandir. Il a envie sans cesse de réussir. Ce n’est pas l’adulte qui décide à quel moment l’enfant doit conquérir son autonomie, c’est l’enfant qui le manifeste et l’adulte par sa vigilance doit le déceler. - Le besoin d’activité : Tous les actes de la vie quotidienne sont des activités et souvent, source d’apprentissage pour le jeune enfant. A 3-4 ans, l’enfant n’a pas terminé la découverte de son corps, commencé dans les premières années de sa vie. Les comptines et jeux de doigts, où l’enfant va nommer les parties de son corps, sont donc importants. Mais, il ne faut pas oublier que le corps appartient à l’enfant et qu’on ne peut pas y toucher sans son accord. L’enfant à cet âge est très curieux aussi de son corps et de celui de l’autre ; il a découvert ou découvre les différences physiques. - Le besoin de mouvement : Le besoin de mouvement est grand chez le jeune enfant : il marche, il grimpe, il saute, il rampe, il cherche son équilibre, il manipule… C’est une période d’apprentissage où il lui faut du temps et de la liberté d’action. Le mot à bannir : « Dépêche-toi ! ». Il n’a pas beaucoup d’endurance mais il récupère assez vite. Le jeu • C’est une priorité car jouer c’est grandir. Le jeu devrait être considéré comme l’activité la plus sérieuse des enfants. L’enfant habite son jeu comme il réalise des fantasmes. On s’aperçoit que l’enfant joue et rejoue, en fait, ses états infantiles : tant qu’il n’a pas joué au bébé qui pleure, il ne peut pas grandir et dépasser le « bébé » qui pleure en lui. Le jeu du « coucou » est loin d’être banal. L’enfant maîtrise ainsi la séparation et les retrouvailles. Vers 18 mois, les jeux autour du miroir contribuent à la reconnaissance de soi. Ils sont source de plaisir, l’enfant prend conscience de son corps, de son individualité. Un enfant qui s’ennuie va devoir réaliser qu’il ne peut pas tout attendre de l’adulte et qu’il doit trouver en lui-même de quoi stimuler sa pensée personnelle, de quoi rêver, de quoi s’occuper avec plaisir. • L’importance du jeu dans la construction de l’identité : Jouer à faire semblant. De 2 à 6 ans, viendront les jeux du « faire semblant » : Faire semblant d’être papa ou maman, « je ferais la reine et tu seras le roi » … Ces jeux symboliques ont une double fonction : la première est de ne plus subir la réalité. Le dentiste a été un « sauvage », qu’à cela ne tienne, l’enfant arrachera les dents de sa poupée ! Le coiffeur a coupé les belles boucles de l’enfant, la poupée en sera quitte pour une coupe sévère. Certaines poupées s’en souviennent encore ! L’enfant s’exprime véritablement par le jeu. Il est un langage secret. La deuxième fonction du « faire semblant » est d’apprendre des rôles futurs. Par la magie du « faire semblant », du déguisement, l’enfant vit de manière intense son intégration au monde des hommes. • Le dessin de l’enfant, expression de la maîtrise du corps. Il n’est pas rare de voir, un enfant victorieux, brandissant son dessin en direction d’un adulte. Celui-ci accueille parfois la production avec peu d’intérêt, le dessin n’ayant ni la forme convenue, ni beaucoup de réalisme. Le dessin rejoint alors la poche de l’adulte, puis … ensuite … la poubelle. Cette attitude n’est pas seulement due au désintérêt, elle est aussi liée à une méconnaissance des stades de développement de l’enfant. Le graphisme nécessite la maîtrise du corps et des gestes. A ce titre, le dessin de l’enfant est révélateur de sa motricité. Du gribouillage au traçage puis à l’expression par le dessin, le chemin sera relativement rapide. Le langage: De 18 mois à 3 ans, le petit enfant entre dans le monde du langage et tout change. Il est de plus en plus conscient de son existence propre. Cela se traduit par l’utilisation du « non », des moments d’agressivité. C’est entre 1 et 3 ans que l’agressivité est au plus fort. L’opposition, le changement brusque d’humeur, interrogation des interdits, c’est par ces manifestations qu’il peut réagir à la séparation. Il est accessible au dialogue et il peut penser l’absence. A 2 ans, il dispose environ de 300 mots et il peut en associer 2 ou 3. A 3 ans, il comprend le langage de ses activités quotidiennes. Il utilise le « je » et fait des phrases avec sujet, verbe et complément. Il pose aussi des questions : « Pourquoi ? » Les assistantes maternelles ont leur rôle à jouer, en complément de celui des parents et de la famille, dans cet apprentissage. L’autonomie passe invariablement par l’apprentissage de la propreté (vers 2 ans). Ceci s’effectue d’autant plus rapidement que l’on est patient et que l’on saura observer la maturité nécessaire à cet effet. L’enfant qui cherche la propreté doit être encouragé et stimulé par l’entourage, tant familiale, qu’accueillant. D’où l’intérêt de la communication quotidienne entre les adultes. Le stade anal est un moment important dans la maitrise, de l’emprise sur les parents. Les zones sphinctériennes, génitales sont des zones qui provoquent du plaisir et qui permet de se développer et grandir. Grandir est une complexité chez l’enfant. Le bébé éprouve très tôt du plaisir, celui de suçoter bien sûr, mais aussi d’être porté, câliné, caressé, aimé, d’être en lien avec les plaisirs de l’autre … Grandir, c’est vivre avec ses pulsions, intérioriser des interdits, pouvoir parler. Grandir, c’est apprendre à penser ensemble ou plutôt « avec » l’autre. Cet apprentissage prend sa source dans la vie émotionnelle du bébé. Pour grandir, il faut pouvoir régresser, rester petit et garder cette attitude, que l’on ne déserte pas ce que l’on a vécu, se réserver une possibilité de penser, de ressentir comme avant. Mieux tenir compte des ressources des jeunes enfants et faciliter leurs manifestations nécessite en effet de se défaire d’un certain nombre d’idées reçues. Rien de tel que l’ouverture d’esprit pour laisser s’exprimer la créativité. Un enfant qui s’intéresse aux autres et surtout, à l’autre, celui qui n’est pas comme lui, qui ne vit pas la même chose que lui, va nourrir ce monde extérieur, gagner en maturité et pouvoir exprimer une pleine créativité. Trop grand à la crèche ? Chez l’assistante maternelle ? Trop petit pour aller à l’école ? Les conditions d’un accueil réussi. L’école maternelle semble effectivement plus nettement tournée vers les activités dites « périscolaire » ou « pédagogiques ». Cependant, la crèche ou l’assistante maternelle propose elle aussi l’ensemble de ces activités, même si elles sont moins présentes en termes de durée. L’école favorise ensuite la préparation à l’écriture, alors que les autres structures accueillantes se centrent sur l’expression de la personne, grâce à des activités musicales. La comparaison des activités réalisées à l’école et à la crèche révèlent que les enfants réalisent autant d’activités dites « pédagogiques » quelle que soit l’institution. Un exemple d’accueil adapté : La maison des Trois Espaces (dans le Rhône) Une école où chacun à sa place (enfant à partir de 2ans, parents et enseignants). Dès l’origine du projet, et avant même que les murs n’existent, des maîtres mots ont fait (et continuent à faire) la spécificité de cette école : accueillir, transparence, confiance, respect, partenaire, équipe, parents premiers éducateurs… Ces mots sont porteurs de sens, de valeurs pour l’ensemble de l’équipe enseignante, en vue d’un seul et unique objectif : La réussite (au sens large) de chaque enfant. Accueillir, c’est tout mettre en œuvre pour que chaque famille, en franchissant la porte de l’école, se sente à l’aise. C’est aussi prendre le temps de recevoir, de se rencontrer, de discuter avec chacun. La rentrée se prépare à l’avance, c’est une discussion, un débat qui s’organise à partir d’une question posée par l’institutrice : « Pourquoi souhaitez-vous scolariser votre enfant à 2 ans ? » Toute réponse est acceptée comme valable : elles sont celles de parents. Une réflexion s’engage alors autour de la séparation, de la spécificité de cette tranche d’âge. Une bonne « séparation » est possible quand il existe des « bons liens ». Apparaît ainsi, la notion de « La suffisamment bonne distance ». La scolarisation : il est important de bien préparer une rentrée à l’école, de distinguer sa particularité par rapport aux autres lieux collectifs. Les enfants de 2 à 3 ans ont globalement les même besoins, quel que soit leur mode d’accueil : ils font en réalité ce qu’ils ont envie de faire. S’ils y parviennent, c’est probablement parce qu’il est difficile d’imposer à de jeunes enfants des activités qui ne les intéressent pas (ce que les éducateurs et les psychologues savent bien). Il faut développer un accueil des enfants de 2 à 3 ans qui permette de les accepter et de les respecter tels qu’ils sont, selon leur état de maturation physiologique et psychologique. Témoignage de conclusion : Au cours de cette formation sur l’accueil des enfants de 2-4ans, au fil de ces journées, nous avons travaillé ensemble des réflexions construites et réfléchies qui nous font penser que l’enfant de 2-4 ans peut passer les étapes de cette petite enfance si l’adulte est à son écoute, s’il lui laisse le « droit à la parole », s’il est vigilant, n’entrave pas la construction de ce bébé qui devient un enfant de plus en plus autonome. Danièle DAVID, assistante maternelle à Quimperlé