amphithéâtre Arles le guide - Patrimoine de la ville d`Arles

Transcription

amphithéâtre Arles le guide - Patrimoine de la ville d`Arles
L’AMPHITHÉÂTRE D’ARLES
L’amphithéâtre a été édifié au nord-est de la ville antique, sur les pentes septentrionales de
la colline de l’Hauture. Il domine un quartier qui s’étend jusqu’au Rhône et fut connu au
Moyen Âge sous le nom de Bourg-Neuf.
Son orientation, qui ne tient pas compte de la trame générale de la ville antique, est probablement due à la présence d’une légère dépression de la colline. A la suite de cette contrainte
topographique, le rocher affleure à l’ouest, tandis qu’il se trouve, au nord-est, à une profondeur de plusieurs mètres, ce qui a permis la conservation des vestiges antérieurs à l’amphithéâtre.
La construction de l’amphithéâtre a nécessité le démantèlement d’une partie de l’enceinte primitive
de la ville, qui remonte probablement à la période augustéenne – la présence de ces vestiges nous
fournit une première indication pour sa datation. D’autre part, l’étude stylistique de l’édifice permet
de le rapprocher du Colisée de Rome construit quelque temps auparavant.
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L’amphithéâtre remonterait ainsi à la dernière décennie du Ier siècle ap. J.-C., ce qui correspond à un
période d’extension de la ville antique également constatée à d’autres endroits de la cité.
Dès la fin de l’Antiquité, l’édifice a servi de lieu d’habitation avant de devenir l’un des refuges de la
population arlésienne. Au Moyen Âge, la défense a été renforcée par quatre tours qui donnent aux
arènes d’Arles leur physionomie si particulière. L’amphithéâtre devint alors une véritable petite
ville, avec sa place publique aménagée au centre et une chapelle qui abritait les reliques de saint Genest, le martyr local. Après des tentatives infructueuses de réaménagement au XVIIIe siècle, l’amphithéâtre a été totalement dégagé entre 1823 et 1844.
L'amphithéâtre représenté sur une gravure de 1686
A la suite de ces diverses affectations, l’amphithéâtre nous est parvenu dans un état très lacunaire.
La grande majorité des gradins n’existent plus ; la galerie intérieure du premier étage ne subsiste
que du coté est ; l’étage supérieur – si bien conservé à Nîmes – a été récupérée jusqu’à la surface
extérieure des ouvertures du premier étage.
Avec un grand axe de 136 m de longueur et un petit axe de 107 m, les arènes d’Arles sont légèrement plus grandes que celles de Nîmes et occupent le vingtième rang parmi les amphithéâtres du
monde romain. Haute de 21 m, la façade comprend deux niveaux de soixante arcades en plein
cintre, séparées par des pieddroits massifs de section rectangulaire. Une ouverture plus large souligne les extrémités des deux axes du monument : l’entrée principale ne se trouvait pas au nord,
comme c’est le cas aujourd’hui, mais du coté ouest où l’on voit les vestiges d’un escalier donnant
sur la ville.
La cavea (espace réservé aux spectateurs) comprenait 34 gradins. Cette cavea était divisée en quatre
sections (maeniana) où les spectateurs étaient répartis selon leur rang social. Les places avaient une
largeur uniforme de 0,40 m, ce qui permet d’estimer la capacité totale à environ 21 000 spectateurs.
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La cavea est aujourd’hui détruite dans ses parties hautes mais à l’origine, les gradins partant du podium montaient sans solution de continuité jusqu’au sommet du monument ou se trouvait un attique
maintenant disparu. Pour permettre aux visiteurs d’accéder aux gradins, avait été développé un ingénieux dispositif de galeries circulaires, de passages horizontaux et d’escaliers disposés alternativement.
Maquette de l'amphithéâtre restitué (musée départemental Arles antique)
Au rez-de-chaussée, la galerie extérieure est particulièrement remarquable, notamment par sa couverture d’énormes dalles monolithes. Elle donnait accès à une galerie intérieure, voûtée en plein
cintre, qui s’ouvrait sur le premier maenianum et sur la partie basse du deuxième. De la galerie extérieure, des escaliers permettaient également d’atteindre le premier entresol d’où on avait accès soit
au deuxième maenianum, soit à la galerie extérieure du premier étage. Cette dernière, voûtée en
plein cintre, est moins haute que celle du rez-de-chaussée. De cette galerie, on pouvait soit emprunter un escalier pour accéder au troisième maenianum, soit, par un palier horizontal, regagner un
deuxième entresol d’où montait un escalier à l’attique qui formait le quatrième maenianum.
La partie centrale, réservée aux jeux, était séparée des gradins par un mur soigneusement
appareillé : le mur du podium. Il est revêtu de grandes dalles de pierre sur lesquelles sont encore visibles les traces d’une inscription monumentale rappelant les largesses d’un magistrat local. Dans
cette partie du podium s’ouvrent quatre portes, deux plus réduites dans le petit axe, deux plus
grandes dans les cotés nord et sud, le niveau de leur seuil étant situé à environ 2 m au-dessus du sol
actuel.
En effet, à l’origine, le sol de la piste était plus haut et formé d’un plancher en bois, dont les lames
reposaient sur un bourrelet de pierre, au sommet de la partie inférieure du podium. En sous-sol, une
multitude de murs et de socles assuraient la stabilité du plancher tout en laissant la place à la machinerie et aux décors nécessaires pour les spectacles. Le plan du rez-de-chaussée, avec ses galeries
circulaires, se retrouve en sous-sol – du moins partiellement. Ces souterrains communiquaient avec
le sous-sol de l’arène proprement dite (la piste), formant un ensemble unique parmi les amphithéâtres romains.
Alors que le théâtre était réservé aux spectacles à caractère "culturel", l’amphithéâtre était réservé
aux combats, soit de gladiateurs luttant entre eux, soit de gladiateurs affrontant des fauves. Les
combats étaient organisés à l’occasion des différentes fêtes généralement financées par des magistrats locaux dont la carrière dépendait parfois de ces largesses.
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Plan du sous-sol de l'amphithéâtre
L’origine sociale des gladiateurs était assez variée. A coté des criminels condamnés à mort ou aux
travaux forcés, on trouvait des volontaires attirés par l’argent ou la gloire, mais sans doute aussi par
le caractère dangereux de ce statut. Le combat durait jusqu’à la mort de l’adversaire. Si l’un deux
s’avouait vaincu, il demandait la grâce du public qui, levant la main, baissant le pouce, décidait de
sa vie. Si son exécution était réclamée, le vainqueur égorgeait le vaincu et recevait une palme et une
prime importante. Si après un engagement de cinq ans minimum, le gladiateur était toujours en vie,
il était alors libéré.
Texte de Marc Heijmans, extrait de « Arles, le guide : musées, monuments,
promenades », Éditions du patrimoine, 2001.
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