La miniaturisation du
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La miniaturisation du
Dossier spécial La C miniaturisation du Shih-Tzu d’après l’article de Judy et Fran Calverese traduction Annette Morin 22 L E L I E N T I B É TA I N N°75 ommençons par étudier ce qui n’existe pas dans les livres : les faits ! le standard du Shih-Tzu a un langage qui lui est propre en ce qui concerne la taille, les proportions et la substance : “La taille au garrot est de 9 à 10 inches, pas moins de 8 inches, ni plus de 11 inches - Le poids idéal d’un chien adulte est de 9 à 16 livres ...de substance. Indépendamment de la taille, le shih-tzu est toujours compact, solide, d’un bon poids et d’une bonne substance.” Nous citons cette phrase, car à moins que vous n’exposiez cette race, les éleveurs ont tendance à oublier le standard, ou bien pire encore, ils préfèrent l’ignorer. Si vous exposez et que vous l’oubliez ou l’ignorez, vous gagnerez un peu moins souvent. Toutefois, si vous n’exposez pas mais que vous faites de l’élevage juste pour vendre des chiots, il est alors plus facile de suivre l’engouement du moment. Dans la limite supérieure du standard, vous rencontrerez peu de problèmes, que ce soit du point de vue de la concurrence ou de la santé. Tout d’abord, il n’y a pas de marché pour les grands Shih-Tzu. Ensuite, “grand” est la direction que prend “Mère nature” en ce qui concerne les canidés. Pour preuve, promenez-vous dans la ville de Philadelphie, et si vous avez la chance de voir un chien errant avant qu’il ne vous agresse, vous observerez que ce chien, à moins qu’il ne soit errant que depuis la première ou la deuxième génération, a des caractéristiques semblables à tous les chiens errants : ils font tous entre 35 et 40 livres, ont tous le poil court, la queue qui remonte sur le dos, un museau pointu, les oreilles dressées mais recourbées en leurs extrémités, un stop modéré, des yeux plutôt sur le devant de la face et non sur les côtés. Voyagez à travers le monde, et vous vous apercevrez que les chiens errants sont tous du même modèle où qu’ils vivent. C’est le travail de “Mère nature” qui consiste à ramener le chien à l’aspect qu’elle a prévu. Aussi, un grand Shih-Tzu retourne t’il vers la taille de ses ascendants. Les éleveurs subissent une pression pour rapetisser la taille du Shih Tzu.Les raisons sont simples : l’espace est réduit pour la plupart des propriétaires ou des acheteurs éventuels. Beaucoup de gens, en particulier les personnes âgées recherchent un animal de compagnie qui puisse rester sur les genoux. Les petits chiens sont plus mignons, comme un “bébé”. Il est plus facile de nettoyer après le passage d’un petit chien, de le porter, de le manipuler, et les raisons en cela sont multiples... Aussi pour l’éleveur, la décision est simple : visez petit car c’est ce qui se vend, c’est alors le commencement des ennuis... Il y a deux manières fondamentales pour “fabriquer” petit : par la consanguinité ou bien en croisant deux petites tailles. Chaque solution a ses problèmes. Biologistes et généticiens savent depuis longtemps que la consanguinité tend à réduire la taille. Un apport de sang nouveau aura tendance à augmenter la taille. C’est ainsi que beaucoup d’éleveurs pratiquent la consanguinité sans faire d’ouverture de sang pour continuer à diminuer la taille. Le problème ? La consanguinité augmente les gènes récessifs, ils ne sont pas particulièrement mauvais car, après tout, nous n’aurions pas toutes sortes de races diverses s’il n’y avait pas eu les gènes récessifs. Les gènes dominants reviennent toujours au chien “idéal” de MèreNature ainsi qu’on l’a expliqué auparavant. Fondamentalement, les gènes récessifs n’apportent rien à la survie d’une créature à moins qu’ils ne présentent un avantage précis, mais nous les éleveurs, avons la possibilité d’intervenir dans le processus naturel de sélection en décidant si un gène est intéressant. Ainsi, nous “aidons” les chiots à vivre alors que leur mère les laisserait mourir. Après tout, chaque chiot qui survit représente plusieurs centaines de dollars. Un vieux dicton tel que : “S’il ressemble à un Shih-Tzu, s’il aboie comme un Shih-Tzu, marche comme un Shih-Tzu, alors ça doit être un shihTzu” n’est pas forcément exact. Si c’est un Shih-Tzu il devrait pouvoir se reproduire, mais les problèmes de reproduction augmentent de façon dramatique lorsque les tailles sont trop petites. Il en résulte des mâles qui ne peuvent se reproduire que par insémination artificielle, des femelles qui ne peuvent accoucher qu’avec l’aide d’une césarienne, des chiots porteurs de défauts congénitaux, apparents ou non. Souvenez-vous, dans la nature les changements évoluent lentement, si l’on devait ramener aujourd’hui un loup à un homme de Néanderthal, il le reconnaîtrait, mais il ne saurait que faire d’un Shih-Tzu, sauf peut-être un bonnet ou une écharpe. Nous modifions les chiens à une vitesse vertigineuse, un éleveur peut en quelques générations produire une nouvelle race de chien, mais pas forcément robuste. Réduire la taille altère profondément la solidité, comme par exemple la nécessité d’avoir recours à des césariennes, en raison de la rapidité du changement de taille le code génétique des chiens ne change pas en fonction de la réduction de la taille. si vous avez par exemple un Shih-Tzu miniature, vous avez dû remarquer qu’il avait de grands yeux, la réduction de la tête est plus rapide que la réduction des yeux, et de ce fait, ils empiètent légèrement sur les côtés de la tête. Ceci ne représente pas un danger pour la survie du chiot, mais d’autres problèmes moins visibles le sont. Souvent, les chiots que l’on fait reproduire pour leur petite taille ont des anomalies du système nerveux comme l’épilepsie. Demandez à votre vétérinaire, il aura certainement une liste horrible de tares résultant de la miniaturisation. Et que dire à propos des chiens-nains ? bien que le nanisme soit quelque chose qui puisse arriver naturellement, en dehors de la consanguinité, cela crée également des problèmes. Dés que quelque chose est plus petit que ce qui est prévu par Dame Nature, la survie devient un défi. Plus on s’éloigne de “l’idéal” plus on rencontre des problèmes. Le défi commencera dans la portée lorsque le plus petit doit faire face à la fratrie. La conséquence en est que cela donne souvent un chiot plus agressif parce que sa survie en dépend. Cette attitude persévère au travers de leurs contacts avec les humains, particulièrement avec les enfants, qui sont également plus petits en tant qu’humain, mais encore 8 fois plus grand qu’un Shih-Tzu de 4 livres. Cela est contraire au standard de la race. A propos du tempérament, le standard souligne que “le principal but d’un Shih-Tzu est d’être un animal de compagnie, il est essentiel que son tempérament soit ouvert, joyeux, affectueux, amical et confiant envers tous”. Bien sûr, on va nous faire remarquer que “Il est possible de réduire l’impact des gènes récessifs en introduisant dans le programme de croisement consanguin un sujet réduit mais vigoureux”, vrai dans une certaine mesure, mais comment pouvez-vous cerner un problème qui ne remonterait à la surface que des mois ou des années après que le chiot n’ait été vendu ? En outre, comme je l’ai mentionné plus haut, chacun représente plusieurs centaines de dollars de revenus. On entend aussi : “J’ai (ou j’ai connu) un petit gabarit (mâle ou femelle) qui produisait d’adorables chiots miniatures qui n’avaient aucun problème de santé” D’accord, mais laquelle de ces progénitures avez-vous suivi pendant toute sa vie ? Ont-ils été utilisés pour la reproduction ? Quel a été le pourcentage de succès ? quel a été le pourcentage de mortalité des chiots ? A moins que vous puissiez me montrer une étude aussi complète que celles éditées par Cornell et autres centres de recherche, qui contredirait les résultats déjà remis, et qui énoncerait en termes techniques ce que cet article énonce en termes de profanes, nous resterons sceptiques. En conclusion à tout ceci, c’est que l’on a fait de nombreuses générations de sélection rigoureuse pour arriver un produire un Shih-Tzu de qualité. La norme américaine du Shih-Tzu a été élaborée dans le but de maintenir cette uniformité pour éviter l’accroissement de problèmes inévitables qui arriveraient si les éleveurs ne faisaient que ce qu’ils voulaient. Pendant les 14 années où nous avons élevé, nous avons vu des modes aller et venir : couleurs, encolure trop haute, ossature trop fine, accroissement de la taille de la tête, pour n’en mentionner que quelques-unes. Dieu merci, les éleveurs finissent par revenir au standard. Si quelqu’un veut un plus petit chien, dites-lui de chercher un York, un Papillon, ou un Chihuahua. S’il veut un chien de bon tempérament, capable de vivre vieux et que l’on peut prendre sur les genoux, dites leur qu’il pèsera au moins 9 livres. S’il arrive que vous ayez justement un chiot plus petit que la norme, vendez-le avec un contrat sous réserve de stérilisation, mais ne succombez pas à la tentation de le faire reproduire. 23