A Jeu Egal lance la à Grenoble le 17 mai

Transcription

A Jeu Egal lance la à Grenoble le 17 mai
Les
phob.Ô.folies en 2006:
A Jeu Egal lance la
Journée Mondiale contre l'Homophobie
à Grenoble le 17 mai
Vers une reconnaissance
locale, nationale et internationale
des lesbiennes, des gays, des bi et des trans
phob.Ô.folies
Cette année, phob.Ô.folies est une journée de revendication,
de sensibilisation et d’information sur les homophobies
développée autour de la Journée Mondiale de lutte contre
l'Homophobie :
De la visibilité au coeur de la ville
(kissing en centre ville,
documentaire diffusé sur une télé locale)
Des créations et de la culture
(intervention des Soeurs de la
Perpétuelle Indulgence pour une lapidation en lien avec une performance
dansée)
L'engagement de partenaires
(pouvoirs publics – Ville de
Grenoble, Conseil Général de l’Isère, Région Rhône-Alpes – et partenaires
privés – radios et télévisions locales, journaux, associations,...)
Un ancrage local
(Expressions de témoignages sur la vie d'iséroises.
Présence dans un espace public Citoyen)
Contexte
Les homophobies : soutenir les évolutions dans le monde, en France...
Dans le monde, la situation des lesbiennes, gays, bi et trans est très contrastée : certains pays d'Europe viennent
d'autoriser le mariage et l'adoption pour les gays et lesbiennes. Pendant ce temps, une transsexuelle se fait
assassinée dans l'indifférence totale au Portugal, l'homosexualité est toujours considérée comme un crime,
réprimée voire punie de mort dans certains pays (comme les deux adolescents de 17 et 18 ans pendus en Iran le
19 juillet dernier). Dans des régions plus proches de nous, les tensions se ravivent avec le retour d'un ordre moral
strict comme en Pologne où le gouvernement se positionne fortement contre les droits des minorités sexuelles.
De même les nouvelles directives du Vatican dévalorisent clairement et brutalement les homosexuelles.
Actuellement, on observe aussi un regain des homophobies dans la société française. A JEU EGAL, Association
Lesbienne, Gays, Bi et Transsexuelle de Grenoble, s’engage pour la deuxième année.
Par bien des aspects, notre société a évolué depuis quelques années, elle est plus ouverte aux personnes qui
s’inscrivent dans une orientation sexuelle et affective ou une identité de genre différente : le PaCS a permis une
certaine reconnaissance des couples de même sexe ; les média, notamment le cinéma et la télévision, sont
porteurs d’une plus grande visibilité et d’une image globalement plus positive. Les homosexuelles1, les
bisexuelles, les transsexuelles sont (un peu) moins perçues comme des malades ou des déviantes.
Mais nous sommes encore loin d’une véritable acceptation. Comme en témoignent plusieurs rapports ou articles
de journaux, l’homophobie est toujours très présente, sans doute même en augmentation.
La France, après avoir été novatrice en créant le PaCS en 1999, accuse un retard sur ses principaux voisins
européens, qui poursuivent leur avancée vers l'égalité des droits entre homosexuelles et hétérosexuelles.
...et à Grenoble
Car à Grenoble aussi, les homophobies sont présentes. Elles continuent toujours au quotidien, dans la rue, par
les injures, les agressions verbales, la discrimination. Dans ces rues grenobloises où il est difficile pour un couple
de même sexe de juste se tenir la main sans attirer les regards des autres, interrogateurs, sceptiques, hostiles,
coléreux, haineux. Trop souvent encore, nous sommes confrontées à une hostilité marquée et affirmée.
Ce rejet se retrouve aussi dans le vécu des personnes que nous recevons, dans leur crainte d’être
« découvertes », dans leur difficulté à vivre sans se cacher, dans la souffrance qui accompagne la prise de
conscience de sa différence face à la société, dans le choix délicat d’un quartier où il sera un peu possible de
vivre libre.
1
Pour éviter la lourdeur de la répétition de la forme « les homosexuels et les homosexuelles », dans le but de visibiliser à la fois le
masculin et le féminin, nous avons choisi de mettre les termes au féminin tout en marquant les lettres qui différencient les genres,
et d’écrire « les homosexuelles »
Du 18 au 25 février 2005, nous avons organisé phob.Ô.folies, une semaine lutte contre les homophobies. A
travers des actions multiples, déclinées au centre ville de Grenoble et sur le campus universitaire, cette
réalisation a permis non seulement d’informer et de sensibiliser de diverses façons le public, mais aussi de créer
des liens entre différents acteurs du combat contre les discriminations.
Elle a enfin permis de confirmer, à travers les différentes manifestations d’homophobie auxquelles nous avons
été confrontées, que ce travail est une urgence et une nécessité.
C’est pourquoi A JEU EGAL lance la Journée Mondiale contre l'Homophobie à Grenoble le 17 mai 2006.
Présentation de l’association
A JEU EGAL, une association sur le terrain
A JEU EGAL association Lesbienne, Gays, Bi et Trans de Grenoble, fondée le 3 août 1992, rassemble des gays,
des lesbiennes, des bisexuelles et toute personne se sentant concernée par l'homosexualité, personnellement ou
dans son entourage.
Depuis 1999, A JEU EGAL œuvre sur plusieurs axes :
l’aide au mieux-être et à l’acceptation de l’orientation sexuelle : il s’agit de développer des compétences
dans l’accueil et l’écoute des homosexuelles ainsi que des personnes qui s’interrogent sur leur orientation
sexuelle, afin d’apporter un soutien à celles et ceux qui en ont besoin, en particulier les jeunes de moins de
25 ans.
Les accueillantes sont des bénévoles formées à l’écoute par des psychothérapeutes, grâce au soutien
financier de la D.D.A.S.S. de l’Isère. Ils et elles assurent environ 150 entretiens par an. Certaines personnes
peuvent aussi bénéficier d’un suivi, en particulier les plus jeunes qui n’ont pas la chance de se sentir
soutenus par leur famille.
l’éducation à la sexualité et à l’amour. Les homosexuelles ne se définissent pas uniquement par des
pratiques sexuelles différentes de la majorité ; être homo, être bi, c’est aussi pouvoir être amoureux d’une
personne du même sexe. Mais le discours majoritaire sur la sexualité reste coercitif, et l’orientation sexuelle
ou l’identité de genre restent des thèmes occultés, et ces sentiments sont souvent encore difficiles à accepter
pour l’entourage, et de là, refoulés par celui ou celle qui les ressent. Nous essayons à la fois d’aider les
personnes à s’autoriser leurs propres sentiments, à dédramatiser leurs pratiques sexuelles, et à s’épanouir
dans leur vie amoureuse.
Nous intervenons ainsi auprès de nos adhérentes, dans des lycées, et sur le campus pour diffuser un message
sur la liberté fondamentale de chacun et de chacune à vivre sa vie en respectant ce qu’il ou elle se sent être
au plus profond de lui-même ou d’elle-même.
le maintien ou la restauration du lien social par l’organisation d’activités conviviales diversifiées et de
qualité. Ces activités permettent de créer du lien social entre les personnes qui viennent de passer par
l’accueil.
A JEU EGAL est aussi un lieu de mixité où filles et garçons de tous âges se rencontrent pour discuter,
débattre, échanger des expériences et des vécus et s’entraider. Cet espace de convivialité permet à chacun de
tisser des liens affectifs et amicaux, et donc de s’intégrer dans la société.
la prévention des IST et du suicide : la fragilité liée au stress de se confronter à la désapprobation de
l’entourage entraîne souvent une mauvaise image de soi (les jeunes homos ont 5 à 7 plus de risques
d’attenter à leur vie que les hétéros du même âge) qui entraîne un manque de motivation pour se protéger
des Infection Sexuellement Transmissibles (IST).
Les moments de parole et de convivialité sont aussi l’occasion de diffuser des messages de prévention dans
le cadre de la lutte contre les IST
Grâce au soutien financier de la D.D.A.S.S. de l’Isère nous avons aussi pu nous former à la gestion de la
crise suicidaire : son identification, les premiers gestes, la stratégie de prise en charge. Grâce à un partenariat
actif avec la délégation départementale de AIDES, nous luttons contre le redémarrage de l’épidémie de
SIDA.
des actions de militance, en agissant pour la reconnaissance des droits et des libertés pour les
homosexuelles, lesbiennes, bisexueles et trans. A JEU EGAL participe notamment activement à la semaine
Gays et Lesbienne organisée par le collectif C.I.GA.LE. chaque année en juin à Grenoble.
2
Nous développons aussi des liens avec d'autres acteurs de la vie sociale (SOS Racisme, EVE , des lycées
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comme le lycée Jacques Prévert à Fontaine, des étudiants comme le BDE de l'ARSH, Fraka, le Dahu ,
4
5
6
Aides , des établissements commerciaux, l’ODPS , le CRIJ , des réseaux nationaux comme Moules-Frites
ou l’Inter Centres LGBT…).
Au 15 février 2006, l’association compte 70 adhérentes et une centaine de personnes qui la fréquentent
régulièrement. Notre public (830 accueils entre 2000 et 2005) est essentiellement étudiant (59 % des personnes
reçues) et jeune avec 69 % de moins de 25 ans.
2
Espace de Vie Etudiante, structure interuniversitaire d’animation du campus de Grenoble
Guide de Grenoble
4
Association de lutte contre le SIDA
5
Office Départemental de Prévention du SIDA
6
Centre Régional Information Jeunesse
3
Présentation du projet
Les phob.Ô.folies
phob.Ô.folies en 2006 : informer les grenobloises et les sensibiliser à
la lutte contre l'homophobie, avec le soutien des pouvoirs publics, de
partenaires privés.
La difficulté concrète, encore à notre époque, dans notre ville, pour des personnes d’assumer leur construction
personnelle et de se projeter dans une image positive montre que notre société est porteuse d’un ensemble de
pré-supposés invisibles de valorisation d’un modèle unique, et d’une référence, unique elle aussi :
l’hétérosexualité.
Ces facteurs induisent un regard formaté et négatif sur les lesbiennes, gays, bi et trans (y compris par ellesmêmes). C’est pourquoi nous nous engageons contre ce regard si pesant, si oppressant, et pourtant si présent.
Pour que ce combat soit entendu et qu’il porte, nous le souhaitons commun avec les pouvoirs publics et soutenu
par des partenaires privés.
Enfin, parce qu’A JEU EGAL est une association locale, nous voulons créer une dynamique alliant les
citoyennes et la ville de grenoble.
Une initiative locale qui relie la ville au monde
La première édition de phob.Ô.folies, en 2005, a été une semaine de sensibilisation généraliste, qui posait les
bases d'une réflexion aussi étendue que possible sur les homophobies.
En 2006, nous souhaitons, lors de la Journée Mondiale contre l'Homophobie, impulser une implication
émotionnelle et intellectuelle du public, qui nous semble un préalable pour que le plus grand nombre de
personnes puisse entendre nos remarques et nos questions, et ainsi élaborer une réflexion sur ses représentations
des personnes LGBT.
Nous avons donc choisi d'interpeller le public grâce à un temps fort, une présence médiatique marquée, et des
actions centrées autour de la représentation et de messages très impliquants.
Cette journée sera l'incarnation locale, le relais auprès des grenoblois et des grenobloises et un maillon d'une
chaîne nationale et internationale de sensibilisation générale autour de l'homophobie.
Programme prévisionnel de la journée
Horaires
Lieu
Action
Affichage des témoignages accompagnés des
du conseil général, supports de sensibilisations
EVE, commerces,
sites Internet
Toute la semaine Hall de la mairie,
Mardi 16 Mai
20h
Mercredi 17 Mai
12h
14h30
20h
Médias locaux
Interventions d'information et de sensibilisation sur
l'homophobie
EVE (campus)
Soirée débat : les homophobies
Centre ville
Kissing. manifestation de visibilité LGBT
Centre ville
Restitution symbolique des injures
Lieu citoyen
Ouverture officielle avec les pouvoirs publics à partir
des témoignages locaux
Lapidation par les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence
Performance dansée
Cocktail / discussion
Après le 17 Mai
Télévisions locales Documentaire sur la Journée à Grenoble
Journée Mondiale de Lutte Contre l’Homophobie.
phob.Ô.folies s’inscrit dans le cadre de la Journée Mondiale de lutte contre l’homophobie, un projet de
l’ILGA soutenu par Louis-Georges TIN.
1° Quels sont les objectifs pratiques de cette
Journée ?
En pratique, notre premier objectif est de susciter des actions. Elles pourront
prendre des formes très diverses : un débat dans une classe, une exposition dans
un café, une animation dans la rue, une émission à la radio, une projection dans
une maison de quartier, une table ronde organisée par un parti politique, un
concours de nouvelles lancé par un journal, une campagne de sensibilisation
menée par un syndicat, etc. Ces initiatives pourront êtres portées par des
associations LGBT (lesbiennes, gaies, bi et trans), par des organisations de
défense des droits humains, mais aussi par des citoyennes et des citoyens de tous
horizons. En effet, aujourd’hui, de nombreuses personnes qui ne s’intéressaient
pas spécialement à l’homosexualité se sentent de plus en plus interpellées par ce
problème qu’est l’homophobie.
condition de rappeler sans cesse au grand public que notre combat ne concerne
pas seulement l’homosexualité masculine, mais qu’il s’agit tout autant des
lesbiennes, des bi et des trans. Dans ces conditions, l’expression LGBT nous
paraît très utile afin de mettre en évidence la diversité des problèmes évoqués.
En effet, l’homophobie concerne les lesbiennes (lesbophobie), les gais
(gaiphobie) et les personnes bisexuelles (biphobie). Par ailleurs, notre
engagement nous porte aussi à combattre la transphobie qui, quoique distincte
de l’homophobie puisqu’elle concerne l’identité de genre et non l’orientation
sexuelle, renvoie malgré tout à des dispositifs sociaux souvent proches des
logiques homophobes elles-mêmes.
En définitive, nous refusons les exclusives. Nous parlons de la " Journée
Mondiale de l’homophobie ", mais nous tenons aussi à rappeler au grand public
que nous nous battons pour les droits des lesbiennes, des gais, des bi et des
trans, c’est-à-dire pour les personnes LGBT, et contre toutes les discriminations
en général.
Le second but de cette Journée est de coordonner et rendre visibles les actions.
Si elles ont lieu le même jour, elles seront d’autant plus visibles et efficaces. Et
si ce jour devient un rendez-vous annuel, les médias et l’opinion publique seront
d’autant plus attentifs aux questions soulevées, ainsi qu’aux progrès ou reculs
constatés. Par ailleurs, ceux qui coordonnent cette Journée pourront faire le
compte rendu des actions menées, renseigner les journalistes et favoriser les
échanges de bonnes pratiques entre les acteurs de terrain.
3° Qu’en est-il justement des autres
discriminations ? Cette Journée contre
l’Homophobie ne risque-t-elle pas des les
occulter ?
Ce projet a un troisième objectif : il s’agit d’inscrire cette Journée au calendrier
national dans un maximum de pays, et ensuite, pourquoi pas, de la faire adopter
au niveau international. Evidemment, c’est une visée lointaine, si ce n’est
utopique. Mais la reconnaissance officielle n’est pas seulement un symbole,
encore les symboles sont-ils une chose essentielle, on le sait bien. Elle
contribuera à la pérennisation du combat. Elle permettra aussi de montrer que la
lutte contre l’homophobie n’est pas seulement l’affaire des personnes homo, bi
ou trans, mais qu’elle relève pleinement de l’autorité publique et de la volonté
de l’ensemble de la société.
Non. S’il importe d’envisager la Discrimination comme un phénomène général,
il est nécessaire de la combattre aussi sous ses formes spécifiques –et
l’homophobie est l’une de ces formes. Faute de quoi, le discours et l’action
demeurent dans l’abstraction, dans l’indifférenciation, si ce n’est dans la
confusion.
2° Vaut-il mieux parler d’homophobie, ou de
LGBTphobie ?
Le mot " LGBTphobie " devrait permettre de tenir compte à la fois des
lesbiennes, des gais, des bi et des trans. Malheureusement, ce qu’on voudrait
gagner en visibilité, on le perd en fait en lisibilité. Le mot " homophobie " est
aujourd’hui connu, et reconnu, dans un grand nombre de pays. Le mot "
LGBTphobie " est, lui, à peu près inconnu dans la plupart des pays du monde.
Par ailleurs, certains suggèrent même LGBTQphobie pour inclure les " queer ".
Pourquoi pas en effet ?
Selon nous, tout est affaire de contexte. Une " Journée Mondiale de la
LGBTphobie " aurait évidemment peu de chances d’être comprise du grand
public, et encore moins d’être reconnue par les instances nationales ou
internationales. Nous n’y gagnerions pas beaucoup. Et c’est pourquoi nous
préférons la formule " Journée Mondiale de Lutte Contre l’homophobie ", à
C’est d’ailleurs l’un des intérêts de la Journée Mondiale des Femmes. Elle
permet de mettre l’accent de manière spécifique sur l’inégalité entre les sexes.
De même, la Journée Mondiale de Lutte Contre l’Homophobie permettra de
mettre l’accent de manière spécifique sur l’inégalité entre les sexualités.
Cependant, la lutte contre l’homophobie débouche nécessairement sur
l’affirmation des droits sexuels en général, qu’il s’agisse du sexe, du genre, de
l’identité de genre ou de l’orientation sexuelle. C’est pourquoi elle rejoint le
combat contre le sexisme ; ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les personnes les
plus sexistes sont souvent, en même temps, les plus homophobes. Mais elle
rejoint aussi la lutte contre le sida et contre toutes les infections sexuellement
transmissibles, l’autonomie sexuelle ne pouvant guère s’exercer sans un accès
minimal à l’information et aux soins.
Enfin, la lutte contre l’homophobie débouche aussi sur l’affirmation des droits
humains en général. Du reste, les associations LGBT s’engagent souvent bien
au-delà des problématiques sexuelles, et elles se trouvent ainsi à l’unisson de
nombreux autres mouvements sociaux dont elles sont bien sûr solidaires. Dans
ces conditions, la Journée Mondiale de Lutte Contre l’Homophobie favorisera le
rapprochement entre les associations LGBT et les associations de défense des
droits humains.
4° En quoi la Journée Mondiale se distingue-telle de la Marche des Fiertés ?
6° La Journée Mondiale prendra-t-elle la
même forme un peu partout ?
Ces deux événements se distinguent précisément dans la mesure où ils se
complètent :
C’est peu probable. L’homophobie prenant des formes très diverses selon les
espaces géographiques ou sociaux, les réponses apportées seront certainement
très différentes elles aussi.
- au niveau du principe : les Marches mettent l’accent sur la fierté des
lesbiennes, des gais, des bis et des trans, qui refusent l’opprobre ; la Journée
Mondiale, elle, montre que la véritable honte, c’est l’homophobie, laquelle doit
être déconstruite dans ses logiques sociales et combattue sur le terrain.
- au niveau de la pratique : à travers la Marche des fiertés, nous sortons dans la
rue pour nous faire entendre de la société civile ; à travers la Journée Mondiale,
nous rentrons dans la société civile pour porter le débat au cœur même des
institutions, des écoles, des quartiers, etc. On le voit, les deux démarches sont
tout à fait symétriques et complémentaires.
Par ailleurs, certaines personnes qui, quoique sensibles au problème de
l’homophobie, pensent ne pas avoir leur place au sein d’une Marche des Fiertés,
pourraient malgré tout apporter leur contribution à travers l’alternative que
constitue une Journée Contre l’Homophobie. De manière analogue, mais à
l’échelle internationale, dans certains pays où l’organisation d’une Marche des
Fiertés est manifestement impossible, une action contre l’homophobie pourrait
être envisagée à l’occasion de la Journée Mondiale, surtout lorsque,
officiellement du moins, l’homosexualité n’est pas condamnée par les lois en
vigueur. En ce sens, la Journée Mondiale peut constituer un levier politique
prolongeant l’action des fiertés pour les personnes ou les pays qui ne peuvent
pas (ou ne veulent pas) s’inscrire dans la logique de celles-ci. Mais dans
l’ensemble, il est clair que ces deux démarches sont à la fois nécessaires et
complémentaires.
5° Parler d’homophobie, n’est-ce pas se
complaire dans une attitude de victimes ?
Il est peu probable que les victimes de l’homophobie aient lieu de se complaire
dans un pareil rôle. Les actes et les discours homophobes sont une réalité qu’on
ne peut (plus) ignorer. Notre but est précisément de dénoncer les violences
passées et présentes pour prévenir, ou du moins limiter, les violences futures. Le
problème n’est pas l’homosexualité, mais l’homophobie : nous devons donc
concentrer nos efforts sur ce terrain.
Que nous le voulions ou non, nous sommes toutes et tous des enfants de
l’homophobie. Cependant, le combat que nous menons contre elle, et d’abord en
nous-mêmes, nous rend plus forts qu’elle-même. Loin de nous affaiblir dans une
attitude de victimes, la connaissance des mécanismes de l’homophobie sociale
fait de nous des sujets plus autonomes. C’est pourquoi l’affirmation d’une
politique LGBT ne peut se faire sans une déconstruction préalable des logiques
qui la rendaient jusqu’alors impossible, et qui la rendent désormais nécessaire.
Dans de nombreux pays du Sud, le problème réside dans le mariage forcé
(hétérosexuel bien sûr), notamment pour les femmes ; dans de nombreux pays
du Nord, c’est l’interdiction du mariage (homosexuel bien sûr) qui est au cœur
des débats. Dans certains milieux, les hommes sont exclus ou lynchés sur la
place publique, tandis que les femmes sont enfermées ou punies dans le silence
des gynécées. Dans certains cas, l’homophobie s’exerce au nom de Dieu, dans
d’autres cas, au nom de la Science. Parfois, l’homosexualité est condamnée mais
les transgenres sont " tolérés ", et parfois c’est l’inverse. Selon les cas, la
bisexualité est regardée comme un moindre mal ou comme le comble du vice,
etc.
Bref, les situations sont multiples, et le travail de coordination générale ne
pourra que révéler la couleur originale et spécifique des initiatives menées ici et
là. De fait, depuis quelques décennies, de nombreuses actions très positives ont
vu le jour. Les marches des fiertés ont lieu un peu partout dans le monde et sont
de plus en plus nombreuses. En 1996, l’Afrique du Sud a ouvert la voie (bientôt
suivie par l’Équateur) en affirmant dans sa constitution l’égalité entre tous les
citoyens, quels que soient leur sexe, leur identité ou leur orientation sexuelle.
Par ailleurs, depuis quelques années, existe aux Etats-Unis une journée du
souvenir pour les victimes d’actes transphobes. Désormais, elle est aussi
célébrée par des associations en Espagne, en France, au Chili et au Canada. Et
depuis 2003, le Canada organise chaque année une Journée nationale de lutte
contre l’homophobie dont nous devons nous inspirer.
Enfin, au-delà des initiatives locales ou nationales, deux faits retiennent notre
attention dans la mesure où ils mettent en jeu les instances internationales. Le
premier concerne la récente résolution présentée par le Brésil à la Commission
des Droits de l’Homme des Nations Unies pour faire reconnaître les droits des
personnes LGBT. Bien entendu, nous ne pouvons que soutenir cette initiative et
nous espérons qu’elle pourra être votée au plus tôt, malgré les obstacles
rencontrés jusqu’ici. Le second fait est un peu plus ancien, mais n’est pas moins
significatif : le 17 mai 1990, l’Assemblée générale de l’Organisation Mondiale
de la Santé supprimait l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Ce
faisant, elle entendait mettre fin à plus d’un siècle d’homophobie médicale. Dès
lors, poursuivant cette logique historique, nous souhaitons que le HautCommissariat aux droits de l’Homme et la Commission des Droits de l’Homme
des Nations Unies condamnent également l’homophobie dans ses manifestations
politiques, sociales et culturelles en reconnaissant cette Journée. La décision de
l’OMS constitue pour nous une date historique et un symbole fort : nous
proposons donc que cette Journée mondiale ait lieu chaque année le 17 mai.
Louis-Georges Tin
Manchester, août 2004
Kissing
Toutes les représentations visuelles de tendresse ou d’affection amoureuses qui nous permettent de nous
construire dans la société sont exclusivement hétérosexuelles. Toutes les histoires d’amour dans les films, tous
les couples sur les affiches, toutes les images dans les magazines, toutes les histoires dans les livres, mettent en
scène un homme et une femme.
Ce contexte renforce l’idée dangereuse que l’homosexualité peut être tolérée dans le cercle privé mais que
l’hétérosexualité reste la norme dans les sphères publiques. Ce déséquilibre est une source forte d’homophobies.
Et tout ces éléments rendent très difficiles pour les homosexuelles la construction de leurs repères positifs.
Nous proposons de changer ce regard orienté en nous autorisant à être nous même dans les rues.
Restitution des injures aux structures / personnalités
homophobes
Au cours de la première semaine phob.Ô.folies en 2005, nous avons été confrontées à de nombreuses réactions
homophobes insultantes ou violentes.
Ces injures sont typiques de ce que l’ensemble des personnes LGBT reçoivent toute l’année dès qu’elles sont
"trop" visibles.
Nous voulons montrer cette année que nous refusons d’accepter que ces injures définissent ce que nous sommes.
Nous voulons montrer que nous revendiquons un autre regard sur nous : nous nous considérons comme des
personnes à part entière, légitimes dans leurs affections et leurs amours.
Pour ceci, nous avons décidé de rendre symboliquement les injures qu’on nous envoie, au moyen de papiers sur
lesquels seront inscrites ces injures. Ces papiers seront remis à nos agresseurs. Nous leur exprimerons ainsi que
ces insultes sont leurs, que nous les refusons, et les leur restituons.
Témoignages locaux
Le recueil des témoignages locaux sur l'homophobie et leur diffusion permettra une prise de conscience de la
réalité de cette discrimination dans la vie grenobloise.
Exemple de l'un des témoignages, par Antoine, grenoblois de 40 ans :
C'était le 16 janvier 2006. Avec mon copain, Stéphane, on sortait du concert d'Albin de la Simone, à
Sainte Marie d'en Bas.
On était à l'angle de la rue de la Poste et de la rue de Bonne. Comme chacun rentrait chez lui, on était
en train de se dire bonsoir, il était dans mes bras, je l'embrassais.
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A un moment, il y a quatre jeunes qui sont passés. J'étais appuyé le dos contre le mur d'un magasin, je
les voyais bien. L'un deux a dit aux autres, sur un ton très méprisant, très agressif : « Eh, vous avez vu
? Putain, c'est dégueulasse... Passe-moi le lance-flamme !!! ».
Ils ont continué à faire quelques pas, mais ils semblaient attendre quelque chose. D'habitude, on se tait
pas trop tous les deux, quand on se fait agresser. Mais là, c'était trop pour moi. Stéphane était pas
super bien, ce soir-là, et je me voyais pas jouer les Rambos face à eux quatre.
Alors on a remonté la rue de la Poste vers l'appart de Stéphane. J'entendais plus les jeunes. Mais
quand on est arrivés à la hauteur de la rue Millet, deux des jeunes arrivaient vers nous, ils avaient fait
le tour par la rue de Sault.
Mon idée, ça a été qu'ils avaient cherché à nous prendre en tenaille : deux qui marchaient derrière
nous dans la rue de la Poste, et deux qui nous rejoignaient en faisant le tour du pâté de maisons.
On n'a pas cherché à vérifier si on avait raison : on était juste en bas de chez Stéphane, on est entrés
dans son immeuble, on a refermé la porte et on est montés. Je suis reparti un bon moment après, il n'y
avait plus personne.
D'habitude, c'est moins tendu. Bon, on est tout le temps dévisagés dès qu'on ose se montrer un peu,
même si c'est juste se tenir la main ou se faire un bisou, et il y a souvent des injures dans ces cas-là,
aussi. Pourtant, j'ai pas l'impression d'être particulièrement provocateur, mais il faut vraiment pas
grand-chose pour que les gens réagissent mal. Heureusement, il y a parfois un sourire ou un regard
complices ou amusés, mais le plus souvent, ce sont des injures, de la colère ou du mépris...
A force, ça finit par être super lourd, on se sent pas en sécurité, on se sent pas acceptés.
Les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence
L’ordre des Soeurs de la Perpétuelle Indulgence fut créé à San Francisco, le samedi de Pâques 1979 par un
groupe de militants homosexuels. Depuis, partout dans le monde, des Couvents se sont ouverts : aux Etats-Unis,
en Australie, en Amérique du Sud et en Europe, à Londres, Paris (1991), ...
Partout, les Soeurs font voeux d’aider leur communauté et la société entière, de lutter contre les exclusions, de
prôner la tolérance, la non-violence et la paix, de lutter contre le SIDA en apportant leur aide charitable. Elles
répandent à tout moment des messages de prévention par la promotion du sexe sans risque.
Les soeurs de la Perpétuelle Indulgence se veulent visibles, outrageantes et même provocantes car elles pensent
qu’il est parfois nécessaire de choquer pour faire réfléchir et changer les habitudes.
La lapidation est une action publique dédiée à la lutte contre l’homophobie et plus particulièrement ciblée sur la
violence et les injures. Elle permet de mettre en évidence l’impact des mots, des attitudes agressantes, et le
ressenti de celles et ceux qui en sont victimes.
L’une des Soeurs est "frappée" à plusieurs reprises par des jets de papiers roulés en boule sur lesquels sont
inscrites des injures homophobes. Chaque papier l’atteint plus, et elle s’effondre progressivement sous chaque
coup, avant d’être tuée ou de se suicider sous la dernière injure.
Cette action permet d’interpeller le public à la fois sur les agressions, la répression institutionnalisée (comme les
récentes condamnations à mort en Iran) ou sur les risques de suicides, 7 à 13 fois plus élevés pour les jeunes
LGBT.
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Performance dansée
Suite à la lapidation, intégré à la scénographie, une performance dansée reprend les messages dénonçant
l'homophobie et revendiquant la juste place des lesbiennes, gays, bi et trans dans la société, dans une démarche
de création culturelle.
Cette danse, intégrant des éléments chorégraphiés ainsi que des improvisation, vecteur d'informations et
d'images nouvelles, est un moyen intéressant, innovant et ludique pour traiter le thème de l'homophobie.
Cette action a tout son sens au cœur de la journée du mercredi 17 Mai, Journée Mondiale de lutte contre
l'Homophobie. Cette création sera l'occasion d'investir des locaux citoyens comme le hall de la Mairie ou celui
du Conseil Général, lieux stratégiques de vie locale.
Documentaire sur une télévision locale
Pour toucher un grand nombre de personnes, à l'occasion des phob.Ô.folies, nous avons décidé de proposer à
la suite de la journée la diffusion d'un documentaire sur les télévisions locales reprenant l'ensemble des actions.
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