DESIGN P O VER T Y FIC TION
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DESIGN P O VER T Y FIC TION
SÉMINAIRE DESIGN EN TEMPS DE CRISE INITIÉ PAR FRANCESCA COZZOLINO ET JEAN-MICHEL BERTRAND DESIGN POVERTY FICTION MÉLANIE DAVROUX LOLA MARGUARITTE MELISSA RAFIN LOUIS BOUCHER CHARLES LEVAI JULES VAULONT 42 DESIGN POVERTY FICTION P.5 Compte rendu de la conférence Design Poverty Fiction de Stéphane Degoutin et Olivier Peyricot, EnsAD, 3/12/13 Interview avec Geoffroy Python du collectif Formes Vives Question à Achim Reichert du studio Vier5 pendant la Conférence Pratique+Critique, EnsAD, 25/03/13 P.5 No Logo P.5 P.5 4 DESIGN POVERTY FICTION Naomi Klein, NO LOGO, Ed. Actes Sud, 2001 ZÉRO ESPACE : TOUT EST ALTERNATIF : LE MARCHÉ DE LA JEUNESSE ET LE MARKETING DU COOL (p.113-148) Dans les années 1990, considérant que le marché de la jeunesse était le plus à même d’assurer la croissance de leurs ventes, les marques ont littéralement colonisé leur espace physique et mental. Elles ont tout mis en œuvre pour apparaître cool, engageant des « agents de changements » (des salariés chargés d’être jeunes) et des consultants spécialisés dans la recherche du cool. Dans sa partie « le Hip-Hop gonfles les marques » Naomi Klein évoque cette montée des marques, et leurs essors. Le fait qu’au cours de la dernière décennie, les jeunes Noirs des quartiers pauvres de l’Amérique ont constitué le marché exploité avec le plus d’ambition par les maîtres des marques. Ainsi, comment de grandes enseignes comme Nike ou Tommy Hilffiger tirèrent ainsi leurs succès, catapulter superstars des marques par les jeunes des quartiers pauvres qui les incorporaient au style Hip-Hop grandissant (le temps de la culture Rap, de la génération MTV, et de la mode grand concept). À cette époque les grandes marques savent que les profits tirés des vêtements à logos ne proviennent pas seulement de l’achat de ces vêtements, mais du fait qu’il faut voir ces logos sur « les gens qu’il faut ». Entre autres ici la jeunesse pauvres des ghettos américains. En s’associant au style Hip-Hop de nombreuses marques ont ainsi grandit dans les quartiers défavorisé, c’est le « black à tout prix ». Les chasseurs de cool s’arrêtent désormais en banlieue et dans les quartiers pauvre pour dénicher la perle de la nouvelle tendance. C’est un nouveau chapitre de la ruée vers l’or de l’Amérique ordinaire dans les quartiers pauvres. Qui prit son envol quand les rappeurs RunDMC rendirent hommage à leurs marques préférée dans leurs single « my Adidas ». Ou dès lors des hordes de jeunes cherches à ressembler à leurs idoles, arborants les mêmes pendentifs dorés, survêtements et chaussures, Adidas bien sur. Nous assisterons à ce moment à unes des montées les plus importantes de Marques. Ce qui retiendra notre attention dans ce qu’explique Naomi Klein est cet essors du cool par le biais de la pauvreté. De ce rendre compte que ces grandes enseigne que sont Nike, Adidas (etc.) doivent leurs popularités par une jeunesse défavorisé qui a vu en ces marques un moyen de promouvoir la culture Afro-Américaine. Bien sur elle ne sont pas les seuls exploiter car une fois ces tendances des quartiers pauvres identifiés, l’auteur explique comment les multinationales se sont lancées dans une campagne de récupération lançant des sous-marques faussement alternatives, faisant ainsi de l’argent sur le dos de ces mouvement avant gardistes. Ou le comment les grandes enseignes se sont faites de l’argent sur la culture populaire. « C’est terrible à dire, mais très souvent, les costumes les plus emballants sont portés par les gens les plus pauvres. » (le couturier Christian Lacroix au magazine Vogue, avril 1994) NO LOGO 41 40 DESIGN POVERTY FICTION COMPTE RENDU DE LA CONFÉRENCE DESIGN POVERTY FICTION DE STÉPHANE DEGOUTIN ET OLIVIER PEYRICOT ENSAD, 03/12/13 I - Présentation de la conférence Dans le cadre du séminaire « design en temps de crise » initié par Francesca Cozzolino et Jean-Michel Bertrand, nous avonsreçu le 3 Décembre dernier Stéphane Degoutin et Olivier Peyricot lors d’une conférence visant à nous présenter leur projet « DESIGN POVERTY FICTION ». - Stéphane Degoutin est artiste, écrivain, chercheur. Il conçoit des dispositifs artistiques, des textes théoriques, des lieux. Ses thèmes de recherche portent sur l’humanité après l’homme, la ville après l’espace public, l’architecture après le plaisir. Il est l’auteur des films Mute, Empty et Cyborgs dans la brume, du blog Propositions/spéculations, cofondateur du Musée de l’imaginaire terroriste, du collectif Nogo Voyages, auteur du photoblog Lost in Créteil, co-auteur des installations en ligne Googlehouse et What Are You ?, auteur de l’essai Prisonniers volontaires du rêve américain et de la structure de messages « Here is where we meet ». - Olivier Peyricot a dirigé la revue Mobile (1999-2002) avec Cédric Scandella et Chloé Braunstein, dont les objets étaient autant les questions d’espace: le stockage, de durée, le temps libre ou la proximité. Il écrit des ouvrages de design et développe des projets d’architecture, notamment avec Nicolas Dahan.En 2000, il crée l’Island Design Agency, avec des bureaux à Toulouse, et Paris, regroupant des architectes et des graphistes. Il créé des formes pour Michelin et des magasins pour la Mandarina Duck. Il a scénographié l’exposition Résidents 2003-2007 (Espace Electra, Paris), où étaient montrées des oeuvres de résidents des Récollets et de la cité internationale des arts. Il expose son travail dans D-Day, en 2005 au Centre Pompidou, au MoMA de New York ou encore dans Loud en 2008 à la galerie Tools. On parle de lui comme un guerrier du design, travaillant à la fois à l’intérieur et en dehors du système. Son design dépasse la question du style pour s’intéresser, au-delà de l’ergonomie et de la fabrique d’objets, aux comportements,à un design en mouvement, évolutif. Ils se réunissent en 2013 autour du projet « DESIGN, POVERTY FICTION ». « DESIGN, POVERTY, FICTION » est un festival, qui associe des communications scientifiques,des rencontres, des projections de films, un bar, des expériences de design et des propositions festives. Des théoriciens et des praticiens dialoguent sur la question des besoins humains fon- damentaux, des richesses CONFÉRENCE 5 6 cachées, des formes d’exploitation du travail à interroger. Il est issu d’une réflexion entre designers et théoriciens et la forme à construire est offerte aux étudiants de 4e et 5e année et de Master de trois écoles d’art et design en Europe: La Rietvelt, l’ESBA Angers et l’ENSAD Paris, qui en proposent le display, la part artistique et la programmation festive. Pour annoncer la conférence, nous avons créer des affiches et un GIF. Ces visuels sont constitués de brouillons, notes, impressions ratées que nous avons trouvé dans différentes salles de l’école. Par cet « acte de recyclage » nous voulions mettre en avant le foisonnement des démarches créatives des étudiants (thème largement exploité dans l’évènement « DESIGN POVERTY FICTION »). Chaque affiche, unique, montre la diversité des écritures et méthodes de travail. Conférence : Retour d’expériences sur l’évènement « DESIGN POVERTY FICTION ». Présentation des différents objectifs de ce projet complexe. Initiation à la recherche dans le cursus du master. La thématique de « DESIGN POVERTY FICTION » est un sujet dont les élèves doivent s’emparer en tant que futurs designers « En Mars 2013, le festival « DESIGN POVERTY FICTION » célèbre le 40e anniversaire du premier choc pétrolier (mars 1973), qui marque l’entrée des pays occidentaux en crise permanente. » « Après quarante ans de crise, rien n’indique une rémission. Faut-il se résigner par manque d’alternatives? » Plusieurs options possibles: - on peut imaginer que les choses vont s’arranger par elles-mêmes ou bien - par manque d’initiatives nous allons devenir toujours de plus en plus pauvres. Cette proposition pédagogique reposait sur l’intention d’apporter une réponse à la crise en regardant de façon critique le peu de réponse données au cours des quarante dernières années et en s’appuyant sur une hypothèse : le design est une arme de maintient de l’ordre (très perfectionnée), une pratique se jouant sans cesse de sa transparence, illusionniste savante sans le savoir.» Ce manifeste est rédigé au départ, en partant du principe que le design est un outil et pas seulement une pratique, un outil au service de quelque chose. Mais au service de quelle idéologie et de quelle vision de la société ? En gardant en tête cette hypothèse que le design maintient l’ordre, on peut dès lors s’interroger sur quels ordres il agit ? =>Le design maintient tous les ordres, les choses telles quelles sont aujourd’hui. La société structurée, les pauvres au même endroit, les riches au même endroit, le design travaillerait à ce que le design ces choses là se maintiennent et s’agencent correctement les unes avec DESIGN POVERTY FICTION marge. C’est aussi un geste politique de faire ça, donc on s’y retrouve. MD Sur votre site, on remarque une vraie démarche pédagogique autour de vos projets. C’est intéressant de voir que vous expliquez ce que vous avez fait, appuyer vos projets de textes…Vous êtes pour le partage, pour un aller retour constant. GP On construit des images comme des souvenirs d’un moment particulier, souvenirs d’une rencontre avec des gens qui nous on plus. Ca se prête a notre travail. On va pas parler de quelle typo a été utilisé, le nombres de colonnes qu’on a utilisé… on bosse pas comme ça. On en dit pas ces choses la. On raconte plutôt que, c’était un « joli moi de mai », et qu’on a rencontré cette personne et que c’était cool. C’est la façon la plus intéressante qu’on a trouvé pour communiquer sur notre travail. On a des chose à dire sur notre boulot donc on essaye de les dire. On a mis ça en place très vite avec un blog. On fait un travail de rédaction. On le fait surement un peu inconsciemment. FORMES VIVES 39 38 chacun. Les choses font sens de fait car on a une position. Quand tu fais des images, parfois il faudrait qu’elles parlent d’elles mêmes, parfois il faudrait les théoriser. MD Vous participez beaucoup à des ateliers pédagogiques ( Gayté Lyrique … ). Comment cela fonctionne ? Qu’ essayez vous d’apporter pendant ces workshops ? Qu’est ce qui vous amène à avoir cette démarche ? GP On vient nous chercher. Il y a beaucoup de graphistes qui refusent d’en faire, il faut être attentionné, ça demande du boulot, il faut se déplacer.. On aime bien le faire, après on en discute pas mal sur notre blog, du coup on vient souvent nous chercher pour ça. Faire un workshop dans une MJC ou aux Beaux Arts, c’est très différent, donc on peut pas du tout proposer la même chose. Apres en général, il y’a une problématique, des outils à utiliser. Le workshop nous permet aussi à nous, d’avancer. On aime bien le faire car on a pas le statut d’enseignant, on a un statut particulier avec les élèves. On se tutoie, on met de la musique quand on bosse, on créé cet environnement qu’on a pas forcément à l’école. On fait ces workshops car nous, on ne les a pas eu ces workshop, et on aurait bien aimé. On aurait bien aimé avoir ces temps là , décomplexés, collectifs. On essaie de faire en sorte que ce soit plaisant pour tout le monde . Concrêtement, on a fait un workshop de sérigraphie aux Beaux Arts. Les images étaient intégrées à un processus. On faisait des réunions le matin puis on faisait des croquis qu’on mettait en commun. On mettait en place une micro politique. La politique est pas forcément là ou on l’attend, mais plus dans des questions d’organisation par exemple. MD Faire un workshop demande beaucoup de temps, d’énergie, qu’est ce que ça vous apporte ? GP Ce sont des bons moments. Ca nous apporte des choses, humainement, on va dans des milieux qu’on connait pas… Ce sont des choses chouettes. Les workshops existent que dans les milieux artistiques alors que l’on pourrait imaginer que ça soit aussi le cas chez les médecins par exemple. C’est un drôle de truc, on est accueilli dans des écoles, parfois on dort à l’hôtel ou chez les enseignants. On fait des fêtes avec les étudiants, on fait rentrer illégalement de la bière dans l’école… C’est assez cool et on rencontre plein de gens. On donne des conférences… c’est fatiguant mais c’est plaisant. MD Vous aviez aussi participé au workshop des Arts Déco..? (Workshop de 2011-2012 qui avait mobilisé une grande partie des étudiants de l’école des Arts Décoratifs afin de réfléchir à une amélioration du système pédagogique et administratif de l’école) GP Moi j’étais étudiant, j’y participais plus ou moins, mais je trouvais ça super intéressant. Tu vas plus à l’école, un amphi sert à autre chose… C’est aussi lié a la notion d’humour, d’être dans le plaisir, de rigoler… c’est le coté très charnel des choses. Donner une dimension vivante à des métiers qui ne le sont pas forcément. On a nous mêmes, beaucoup de références liées a l’art vivant, Nico est un grand fan de théâtre… Nous sommes toujours intéressés par les trucs en DESIGN POVERTY FICTION les autres. => « Petit coup de pied donné dans la fourmilière avant même d’avoir construit la fourmilière. » « DESIGNING POVERTY souhaite provoquer cette morale et ces esthétiques contemporaines en les confrontant à différentes quêtes existentielles parfois contradictoires, provocantes, voir à rebours. Objectif : un monde matérialiste à bousculer dans son imaginaire même. » Les deux créatifs ont donc formulé leur proposition sur la base d’un manifeste dont ils ont convenu que : « Questionner le monde matériel est pour nous quelque chose d’essentiel, c’est une question de recherche dans une école de design, mais aussi dans la pratique au quotidien en tant que designer, en tant qu’auteur, en tant qu’artiste. On prend le terme de «design» au sens large parce qu’on a des pratiques au delà de la conception, on est vraiment dans la notion de projet qui est le lieu commun de l’école puisqu’on s’y retrouve tous. » Problématique : Comment réinterroger ce monde matérialiste à travers la pauvreté ? La pauvreté comme objet de design. « DESIGNING POVERTY part du constat cynique que dans les sociétés occidentales hautement organisées, le retour de la pauvreté est un objet de design. La pauvreté se dessine, se conçoit. Serait-elle esthétique, serait-elle volontaire. Le nec-plus ultra de l’être bobo serait-il l’être pauvre ? » DESIGNING POVERTY : est-ce qu’il y a une question esthétique? Est-ce qu’il y une aspiration dans notre société pour cette question de pauvreté ? Est-elle juste subie ? ou fait-elle partie de l’esthétique actuelle, contemporaine, dans l’air du temps ? => référence à « l’être bobo ». DESIGN, POVERTY, FICTION expose des expériences de modes de vie, des hypothèses politiques et des dispositifs artistiques qui utilisent la pauvreté comme un matériau de projet. Faire de la pauvreté un lieu d’expériences. S’intéresser à ce qui dans la notion de pauvreté a une potentialité positive, prendre la crise permanente de l’occident comme un matériel potentiel, d’alternatives, et non pas comme une sorte de fatalité. Ambigüité : car la pauvreté est vue d’un point de vue « petit bourgeois ». Ainsi, il vaut mieux prendre ce sujet comme un terrain d’expériences, la notion d’expériences est importante dans le projet, il ne faut pas semer de fausses vérités, mais raisonner comme un designer, comme si on pouvait concevoir des modes de vie alternatifs d’un point de vue de designer et qui soient expérimentables et qui donnent lieu à des expériences de modes vie qui restent à l’état d’expérience, qui restent des tentatives, sans buts de démonstration. CONFÉRENCE 7 8 DESIGN POVERTY FICTION On a pas tous le même rapport à l’environnement. On intervient donc pas, de la même façon. Il y a énormément de façon de faire. MD Il y a une notion de plaisir dans votre travail, vous dites, sur votre site internet «Nous économisons nos forces et nos moyens pour ne produire que ce qui convient au partage. C’est prendre en compte la globalité des moyens mis à disposition, se détourner des automatismes et faire des choix sensibles. Préférer les petites choses et les infimes départs, ce que Jean-Christophe Bailly nomme utopia povera.» Vous parlez d’un économie de moyens, mais aussi de plaisir, le désir. Commet combinez vous économie de moyens, et ces termes de désir et de plaisir ? est ce qu’on doit toujours faire dans l’économie pour être juste ? GP Oui, l’économie de moyens car on bosse avec des gens qui n’ont pas beaucoup d’argent, donc il faut s’adapter, on serait blindé de fric, on réaliserait des trucs avec plus de moyens. L’économie de moyen vient du contexte mais on a toujours été touché par des choses comme l’Arte Povera. C’est aussi un moyen de communiquer. Quand on voit des choses qui ont été faites avec peu d’outils, genre du scotch comme t’as chez toi, en tant que spectateur, tu comprends, et en quelque sorte « ça triche moins ». Thomas Hischorn, bosse beaucoup avec du carton, scotch, catalogue de La Redoute, etc. Ce sont des choses qu’on a chez nous, donc on est touché plus facilement. Oui l’économie de moyens nous branche, mais parfois on va imprimer des sérigraphies dans des ateliers haut de gamme avec du matériel de pointe, ça dépend du contexte, ça dépend de nos envies… ça dépend de nos affinités du moment. Donc bon, on est pas non plus des graphistes de l’économie de moyens. Vu qu’on fait tout nous mêmes, on fait des installations, on bricole nous mêmes avec des outils accessibles, on bosse avec du matériel électro portatif… L’économie vient aussi de ça, on est pas très bon là dessus, et on fait des choses qui sont presque de l’ordre de la maquette. Moi j’accorde énormément d’importance à l’inutile. L’inutile c’est sortir de la logique du design au plaisir de ce que ça va entraîner, ce qui n’est pas forcément la gratuité, le décoratif. Je lie plus l’inutilité à la question de l’intuition. L’intuition est liée à une autre vision que la vision rationaliste, qui dit que, on doit communiquer un contenu, servir quelque chose… qu’on a une « responsabilité » là dessus… MD Ceci va en quelque sorte à l’encontre de ce que l’on nous apprend a l’école, qui est, faire des images qui soient justes, balancées, sans gratuité, quelles soient justifiées, et qui doivent faire sens… GP Le sens est important. On apprend a l’école le moderniste tardif, qui est de moins en moins simple à comprendre, et flou pour beaucoup de gens. Aux Arts Déco, j’ai été un peu baigné la dedans. Sur cette question de responsabilité… la responsabilité que je m’accorde, c’est d’être sincère, de pas être cynique. Je trouve que le cynisme c’est le truc le plus moche, parce que le cynisme se moque. Il y a une question de liberté, d’être dans une recherche, de copier, de regarder, de pas t’empêcher de faire choses, et surtout pas quand t’es étudiant. C’est compliqué car ça dépend des personnalités, des attitudes de FORMES VIVES 37 36 DESIGN POVERTY FICTION « Un asservissement aux thèses de la frugalité et de l’ascétisme fera, selon nous, du design le chantre idéal du maintien de la pauvreté. Cette nouvelle pauvreté fait le jeu d’un nouveau marketing. Où est passée l’idée que le designer pouvait être au service de l’homme ? » « Comment réinventer des modes de vie ? Comment réinventer l’humain ? Y-aurait-il d’autres projets, au-delà du retour en arrière à une économie de survie ou en deçà du matérialisme exponentiel, surexploité par le capitalisme d’apparence hédoniste : quel espace de pensée et d’imaginaire ? » « Mechanical Turk, néo-primitivisme, culture punk, hard discount, vie dans le désert, potlatch, discours contradictoires de l’aide humanitaire, salariat VS aides sociales … » => « Modes de vies qui nous intéressent, quelques approches jetées en vrac, pas un discours académique, mais à travers ces exemples voir comment avec des associations rapides et barbares d’idées on peut fabriquer la pensée. » Concrètement réunion de 3 écoles de design : - Sandberg : Master de la Rietvelt à Amsterdam, - ESBA, École des Beaux-Arts d’Anger, - ENSAD École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, => 3 écoles avec des cultures, des approches et des pédagogies très différentes, étudiants extrêmement différents. Faire un mélange et voir ce qu’il se passe. En amont, 6 workshops avec les étudiants : Workshop 1 : « DESIGNING THE ACADEMIC SEMINAR » Prendre le modèle du colloque académique pour le repenser. Designer : repenser la forme extrêmement instituée et parfois contre-productive qu’est le colloque universitaire et appliquer dessus des outils de design : - Conférence, - perturbations, - sélection de films, - musique, - fête, - nourriture. « DESIGN POVERTY FICTION » évènement qui dure 48h et mélange tous ces éléments. Workshop 2 : « MIXING THE ACADEMIC WITH THE NON ACADEMIC » => invités universitaires, académiques mélangés avec des invités non académiques. Organisateurs, artistes invités pour les workshops, intervenants invités pour les conférences : designers, artistes, sociologues, philosophes… CONFÉRENCE 9 10 DESIGN POVERTY FICTION Nul besoin d’être expert, urbaniste, élu politique ou spéculateur immobilier pour s’interroger sur la question de la ville, son état présent et ce vers quoi nous aimerions qu’elle se développe. Ce sont des questions dont les citadins-citoyens doivent se saisir.» Avec ce type d’action, notre volonté est de participer implicitement à rendre désirable une réappropriation citoyenne de la chose politique, de notre devenir commun. Pouvez vous me parler un peu plus de ce projet et de votre démarche ? GP Moi j’étais pas encore avec les gars à ce moment là. C’est un boulot particulier car il ne correspond pas à une commande. C’est une proposition d’intervention dans la ville avec les outils du graphisme. Faire de la typo, de la couleur, des formes. On avait carte blanche, et on a présenté ce qu’on avait sur le coeur. Ca marche souvent comme ça, on lit un truc dans un bouquin, qui va nous toucher, et on propose un projet. Pour ce projet, ce livre c’était « Les sentiers d’utopie » de Isabelle Fremeaux et John Jordan, qui était beaucoup dans cette idée concrète d’utopie aujourd’hui. Le mot « utopie » était un peu devenu un mot valise dans lequel on mettait beaucoup de choses. Ce livre retrace le parcours d’un universitaire et d’une artiste qui parcours l’Europe pour aller voir des espèces d’utopies concrètes, des communautés rurales, etc. Et donc c’était fabuleux, on trouvait ça super, et on voulait interroger ces notions là, mais plutôt avec un regard sur la ville. On voulait présenter des choses et qu’elles suscitent des envies, que l’on sorte de ce rapport binaire, frontal, à la politique, qui veut que ce soit très « sérieux », bien que l’on oppose pas sérieux à sympathique. C’était un travail de représentation sur des termes que l’on trouve chouettes, qui sont ouverts, qu’on peut partager, dont on peut parler… MD Comment concrètement ce genre de projets peut participer à une amélioration des conditions actuelles? GP : Nous, on le sait pas vraiment… on a pas un retour précis sur combien de personnes ont vu l’expo, combien de personnes voteront à gauche après.. Ce genre d’études, on les a pas, mais on partage avec les commanditaires, on bosse ensemble. On a aussi ce principe de laisser « les choses faire » et du coup on leur laisse une ouverture possible, et on espère que certains ont pris des photos, qu’elles seront visibles, qu’on en parlera… tout ça c’est bien, ça vie. Apres, on a pas ce rapport rationnel de s’avoir si ça a servi ou pas. Le problème, c’est un peu ça, de toujours vouloir rationaliser. C’est typiquement le truc qui te pousse à la passivité complète. Si tu penses à tous les problèmes dans le monde.. c’est pas la bonne porte d’entrée pour agir. Il faut être dans l’hyper local, toi, ton corps, ce que t’arrives à toucher, ce que t’arrives à accrocher… si tu te débrouilles avec ça c’est déjà pas mal. Un texte de Vincent Perrotet « Partager le regard » disait que, tout le monde devait changer, tout les graphistes devraient changer de méthode. Nous on fait pas de théorie.On dit pas comment faut que bossent les autres. J’ai des amis qui bossent dans la pub, d’autres avec qui on est ennemis politique, mais il y a d’autres choses dans la vie. Quand t’es sur des lignes radicales c’est compliqué, ça créé des débats, ça met des distances parfois, mais en tout cas on a pas de théorie qui dirait comment les graphistes devraient agir idéalement. FORMES VIVES 35 34 DESIGN POVERTY FICTION Projet de logo : Graphisme : Romée de la Bigne, Basile de Gaulle => volonté de faire quelque chose de très cheap. II - Références (ayant alimentées la proposition de Stéphane Degouti et Olivier Peyricot, ainsi que les travaux des étudiants.) DESIGNING POVERTY : « stop being poor » Paris Hilton => difficulté à construire un discours dessus Whole Earth catalog : objet important et accompagnant le festival, référence essentielle, catalogue de survie des années 60 (sorte de pré-internet). « Technique relativement, simple, pauvre pour agglomérer les choses ensemble et faire sens ! » => agglomération de références. Outils pour s’émanciper. « Réinventer la société à partir de rien. » [Le Whole Earth Catalog est un catalogue américain de contreculture publié par Stewart Brand entre 1968 et 1972, puis occasionnellement jusqu’en 1998. Les Whole Earth Catalogs proposaient toutes sortes de produits à la vente (vêtements, livres, outils, machines, graines — des choses utiles à un style de vie créatif et autosuffisant), mais ne vendaient directement aucun de ces produits. Les noms des vendeurs et les prix étaient listés à côté des produits proposés.] Revue Shelter : équivalent du Whole Earth Catalog mais pour l’habitat. Donne de multiples exemples de constructions bon marché, à faire soi-même => idée de communautés. « Medellin urbanismo social » : Exposition au Pavillon de l’Arsenal qui eu lieu du 22/09/2011 au 23/10/2011 qui présente des alternatives intéressantes. Interventions modestes mais coordonnées entre elles, avec peu de moyens, mais efficaces. [Connue hier pour son narcotrafic et son fort taux de criminalité, Medellin, métropole d’environ 4 millions d’habitants, s’est radicalement transformée en moins de 10 ans. L’exposition Medellin urbanismo social raconte l’histoire d’une métamorphose exemplaire menée par les équipes municipales de Sergio Fajardo et Alonso Salazar convaincus que l’architecture et l’urbanisme sont les vecteurs d’une transformation sociale profonde. Un crédo « le plus beau pour les humbles ; une exigence, la rapidité ; un outil, le « projet urbain intégral » ! Medellin urbanismo social détaille cette transformation débutée dans le quartier de Santo Domingo, un des plus pauvres et des plus violents de la ville, premier à bénéficier de la méthode inventée dite du « projet urbain intégral ». Ce système depuis répété à d’autres secteurs, permet non seulement d’apporter les services publics de base aux habitants, mais génère aussi de nouvelles opportunités pour l’éducation ou la création de commerces. L’importance donnée à la création simultanée de moyens de transports innovants offre aux habitants les plus CONFÉRENCE 11 12 DESIGN POVERTY FICTION importantes que ça. Déjà le « Design graphique » … ! Ce qui est plus important c’est tout les rapports humains, et pas seulement ceux liés au graphisme. Rencontrer des gens, faire bien son travail, être sincère, répondre correctement, bien faire… après la profession en elle même… La « critique » du design graphique, au final elle nous alimente assez peu. Nous, on parle beaucoup plus de politique, de démarches associatives, de modes de vie qui nous intéressent… de bouquins qui nous ont marqués… MD Sortir de ce «cadre» du design graphique, et aller rencontrer des gens, est-ce votre moyen de répondre à la crise ? Mais n’a t-il pas quand même une position à prendre ? GP Nous on ne répond pas du tout à la crise ! Pour moi c’est très orgueilleux de dire que le designer est capable de répondre à la crise. Pour nous, le design ne sauvera pas le monde. Faut pas croire que le monde est perturbé par des problèmes de représentations, et que le designer va être capable, d’éclaircir un peut tout ça… MD GP Il a une position à prendre mais c’est tout d’abord une position d’humilité. Déjà il faut redescendre et pas se dire que comme on maîtrise un bon nombre de connaissances, et qu’on a fait des études élitistes, qu’on sait faire plein de choses, alors qu’en fait, on ne sait rien faire ! On est pas manuel, on sait pas construire de maisons, on sait pas faire pousser nos légumes… Il y a pleins de choses que l’on ne sait pas faire qui sont essentielles à la construction d’une société. Il faut redescendre de notre piédestal. On sait se débrouiller, on sait prendre le métro et dessiner des cartes pour que les gens puissent le prendre aussi. A part ça, on est démuni. Nous, on a pas les outils pour répondre à la crise, on fait notre truc, dans notre coin, on essaye de s’amuser, le désir et le plaisir sont hyper importants. On a des valeurs à défendre, mais qui doivent être partagées. On répond pas à la crise, mais ce que l’on dit souvent c’est que l’on « bosse pour des choses qui en valent la peine » . On fait des choix, on choisit des gens qui sont dans des initiatives qui nous touchent, que l’on trouve futées, intelligentes et qui correspondent à notre envie de vie, quoi ! On bosse avec des associations qui nous plaisent, avec des gens avec qui on peut discuter, avec qui il y a de l’échange… on veut pas que ça devienne compliqué avec pleins d’intermédiaires, même si ça peut nous arriver parfois… MD Pour vous le graphisme doit donc entretenir un lien fort avec la société? GP Il n’y a pas de graphisme en dehors de la société. Tout graphisme est engagé. Un «pubard» est lui aussi, engagé dans quelque chose. T’es fondamentalement dans la société, après c’est une position; vers quelle société, toi, tu veux tendre, et y contribueer, mais bon… t’es pas un sauveur quoi. MD Par rapport au projet « Notre ville utopique » (vitrine d’art municipale dans le centre ville de Fontenay-sous-Bois, association Fontenay en scènes, Avril 2011 ), vous dites sur votre site internet : FORMES VIVES 33 32 DESIGN POVERTY FICTION défavorisés l’accès à la ville centre jusqu’alors interdit. La confiance a chassé le scepticisme. En 9 ans, la ville entière s’est métamorphosée : le Metrocable est devenu, outre un moyen de transport au service de l’inclusion urbaine, un objet de curiosité pour les touristes ; la bibliothèque d’Espagne, un symbole de la place primordiale accordée à l’éducation, … et les espaces publics des lieux propices à la vie sociale.] Vincent Beaubois théorise sur la figure du pauvre au Moyen-Âge. Exemple : Le dit des Ribauds de Grève : production poétique sur le thème du pauvre, brutalité, spontanéité. Rutebeuf (1230? - 1285?) Le Dit des ribauds de Grève Pauvre, te voilà bien en point ! Les arbres dépouillent leurs branches et d’habit tu n’en as point, aussi auras-tu froid aux hanches. Qu’il te faudrait maintenant pourpoints, surcots fourrés avec des manches ! En été tu gambades bien, l’hiver tu traînes tant la jambe ! Cirer tes souliers ? Pas besoin : tes talons te servent de planches. Les mouches noires t’ont piqués, à présent c’est le tour des blanches. Ci encoumence li diz des ribaux de grève Ribaut, or estes vos a point : Li aubre despoillent lor branches Et vos n’aveiz de robe point, Si en aureiz froit a voz hanches, Queil vos fussent or li porpoint Et li seurquot forrei a manches ! Vos aleiz en eté si joint, Et en yver aleiz si cranche ! Vostre soleir n’ont mestier d’oint : Vos faites de vos talons planches. Les noires mouches vos ont point, Or vos repoinderont les blanches. Le pauvre fait partie de la société, il est un objet d’étude et donne lieu à un regard. Image de Saint François d’Assise qui durant toute sa vie a fait la promotion de la solidarité aux pauvres, aux démunis, aux marginalisés. Il dénonca les injustices et s’opposa à toute appropriation. Gens qui pratiquent la pauvreté au quotidien comme une posture de vie. John Zerzan, est l’un des principaux intellectuels qui défend le néo-primitivisme. Selon cette théorie, on aurait perdu depuis le néolithique une grande partie de notre qualité de vie. CONFÉRENCE 13 14 DESIGN POVERTY FICTION INTERVIEW AVEC GEOFFROY PYTHON DU COLLECTIF FORMES VIVES Nous livrons ici le témoignage de Geoffroy Pithon, un graphiste qui voit le design avec modestie. Loin de concevoir le design comme une solution à la crise, il se questionne sur ce que les apports technologiques mettent en crise dans le design graphique et, nous parle des «utopies concrètes» qu’il conçoit avec ses collègues, comme le projet «Notre ville utopique» MÉLANIE DAVROUX En tant qu’acteur du design, pouvez-vous identifier une crise du design graphique ? Est-ce que pour vous, la crise est une crise seulement économique, ou est-ce qu’on la retrouve aussi dans notre pratique de designer graphique ? GOEFFROY PYTHON En fait moi je pense ne pas qu’il y ait une crise. Il y a des perturbations dans pleins d’aspects de notre mode de vie de société occidentale. Le design comme on l’apprend et comme on le pratique , est lié a un mode de vie occidental, très urbain, qui est plus ou moins perturbé. Les autres membres du collectif, penseraient peut être pas la même chose que moi, mais personnellement, je pense que la présence de la technologie a énormément perturbé le graphisme, en ce qui concerne le design en général, je pense que la technologie a complètement changé notre rapport à l’image. Et ça se contraste de plus en plus, plus on fait des découvertes en technologie. En réalité, ce n’est pas la technologie qui est le problème, c’est qui s‘en sert, qui a les clés, qui ne les a pas. On est dans un moment, ou il n’y a jamais eu autant de technologie dans nos vies, et notamment dans le graphisme. Je pense que l’on peut parler de grands thèmes, comme la crise de la représentation, la crise des images… Mais LE mot « Crise », moi j’y crois pas trop, j’appellerai pas ça « crise ». Aujourd’hui, il y a des crises partout, dès que ça va pas on parle de crise. Je doute beaucoup de cette crise économique. Mais si on utilise ce mot de « crise » ça témoigne qu’il y a en effet, une perturbation, et je pense que c’est très lié aux développent de cette technologie. J’ai l’impression qu’on était témoin de cette crise lorsqu’on était étudiant. Ca fait pas longtemps que je suis sorti de l’école, et les gars non plus . Mais c’était des questions qui étaient aussi énormément alimentées dans la pédagogie… des questions qui concernaient notre avenir en tant que graphiste. Aujourd’hui, on appréhende ces questions différemment, c’est plus si difficile à intégrer, on fait avec ce qu’on a, avec ce que les gens ont. On ne peut plus être sur cette radicalité qu’on peut avoir quand on est étudiant. Enfin, ce que je veux dire c’est que, lorsque l’on travaille, on n’est plus dans la théorie. Quand t’es étudiant, t’es pas dans de véritables commandes, tu n’es pas intégré socialement. L’école reste un laboratoire. Donc j’ai l’impression qu’on en est plus « témoin » à ce moment là. On se prend plus trop la tête avec ce genre de questions. Il y a d’autres choses plus FORMES VIVES 31 30 DESIGN POVERTY FICTION => théorie sur le retour à l’état primitif. Nous sommes actuellement dans une période où il y a le plus de communautés utopiques, toutes ses théories sont des terrains intéressants face à la crise. [John Zerzan (né en 1943) est un auteur américain, philosophe du primitivisme. Ses travaux critiquent la civilisation comme oppressante dans son essence, et défendent des modes de vie conçus comme plus libres tirant leur inspiration des chasseurs-cueilleurs préhistoriques. Zerzan va jusqu’à critiquer la domestication, le langage, la pensée symbolique (des mathématiques jusqu’à l’art) et le concept de temps. Ses livres principaux sont Elements of Refusal (1988), Future Primitive and Other Essays (1994), Running on Emptiness (2002), Against Civilization : Readings and reflections (2005) et Twilight of the Machines (2008).] Utopie d’un design alternatif appliqué au monde contemporain Comment concrètement peut-on combiner des postures de ce genre avec la société actuelle ? Posture de combinaison, mode de vie alternatifs : Posture punk : affirme et revendique la faiblesse, la disgrâce. Posture à l’encontre des postures habituelles, retrait de la société. => dérives sur le phénomène punk à chien : vivent vraiment la pauvreté, page wikipédia ! Phénomène en recrue d’essence, mode de vie qui fonctionne. [Un « punk à chien » est un type de jeune marginal errant, apparu dans les années 1990 avec le mouvement des free parties et généralement accompagné de chiens1, nommé en référence au mouvement punk des années 1970-1980.] Les modes de vie alternatifs = possibilités autres ! Black bloc : manifestation où l’on se rend non identifiable, phénomène de disparition visuelle. Disparition du social par la neutralité. Masse sortie de la société. [Un Black Bloc (ou « Bloc noir ») est un regroupement éphémère d’individus au cours d’une manifestation, dans le but de mettre en place une foule anonyme non identifiable par la police. Cette stratégie peut servir afin de permettre la réalisation d’actions illégales contre tout ce qui est perçu comme symbole matériel du capitalisme par les anarchistes, ou encore, selon les anarchistes à protéger la manifestation des «attaques policières». Les Black Blocs sont des structures informelles et décentralisées, @sans appartenance formelle ni hiérarchie. Ils sont constitués principalement d’activistes des mouvances anarchistes.] Notre Dame des Landes Affiche trouvée sur le site : quelle est la vision du pauvre? CONFÉRENCE 15 16 DESIGN POVERTY FICTION AR Je crois que ça deviens comme ça car on veut travailler vite, on veut que les gens comprennent, par exemple pour le musée (de Francfort), le musée a une une histoire de présentation de nouvelles identités, ils ont eu 4 présentations de nouvelles identités, et nous on leur a dit vous nous donnez ce boulot là et on va pas fair une présentation après vous décidez si vous nous prenez ou pas si vous nous choisissez et vous dites oui maintenant, et on commence tout de suite mais on va pas faire de présentation et ensuite vous vous décidez, vous dites maintenant, oui ou non et après commence tout de suite. Et ils ont dit oui, et on été déjà dans l’accueil, ils ont eu du scotch et du marker, on a vu ça comme matériel qu’ils avaient et on a commencé tout de suite, la même heure de travaux, et a cause de ça on a pas voulu retourner au bureau, penser à ce qu’il faut faire, car eux on eu un problème avec l’identité visuelle et il faut régir tout de suite. Il fallait leurs donner la confiance que quelque chose se passe maintenant pour eux. Et pour moi la decadence ce n’est pas de montrer quelques chose et que l’on fait beaucoup et beaucoup, ce n’est pas la decadence mais on peut faire quelque chose qui n’en a pas a pas besoin peut être? Pour moi c’est ça c’est la decadence, c’est de d’avoir la liberté de faire quelque chose qu’une autre personne peut penser que c’est trop. mais je m’en fou. C’est un peu l’idée de décadence. Mais ce mot décadence je ne l’ai jamais eu dans ma tête quand je travaillais c’est venu quand j’ai vu ce film et là je me rendais compte que c’est aussi une façon d’avoir de la liberté. MD Cette façon rapide que vous avez de travaillez est-ce que vous l’utilisait dans vos autres projets ou c’était spécifique à ce projet? ou c’est une méthode plutôt que vous revendiquez? AR Ce résultat là c’était parce que la situation étaient comme ça. C’est le résultat là. Bien sur j’essaye d’économiser mes moyens, mon énergie, non mai je dois réfléchir, à Francfort par exemple une recherche n’était pas très importante car je connaissais déjà la ville, j’ai fais mes études dans une ville à côté de Francfort donc je connaissais. Mais à Zurich il faut être là ou en Corée du Sud il faut y aller, il faut voir, il faut être là pour regarder des choses, pour boire un verre, il faut rencontrer de gens. Il faut faire comme ca, comme ca ce n’est pas tout de suite un résultat. Ce n’est pas toujours comme ça mais quand on est assez nourri comme lorsque l’on est plein d’informations là on peut travailler, et là si on a assez de chose dedans on a assez pour travailler. Comme l’idée de la géométrie en Suisse quand on peut travailler contre ou avec, ce que ça veut dire d’être dans un pays, dans une culture avec cette cathédrale de géométrie. VIER5 29 28 n’est pas destiné à quelques un et qui est partageable par tous dans le but d’améliorer la vie en société? AR Ah, bien sur. C’est un bon argument de dire que ce n’est pas un travail personnel, on ne peut pas tuer soit même au travail, c’est nous qui travaillons, ici, il y’a toujours quelques chose de personnel, mais l’idée est d’avoir d’autres projets. On a pas beaucoup de projet, on a plutôt des projets en long terme. Pour pouvoir travailler sur ces projets, de pouvoir investir des recherches, pour pouvoir investir des développements et réagir aux changement qui viennent aussi dans les projets en cours. Pour moi le modernisme ça à l’air d’être quelque chose de léger, et ça je trouve bien de ne pas penser qu’il faut faire comme ça car dans la tradition on a fait ça comme ca. Par contre c’est bien de connaitre la tradition car eux aussi ils ont fait à l’époque comme il faut faire à ce moment, comme Johnston dans le London Underground l’as fait à l’époque comme ça, maintenant on ne peut plus faire comme ça, mais à l’époque de travailler avec un caractère grotesque c’était faut faire underground, en bas sinon c’est cimetière. MÉLANIE DAVROUX Vous avez parlez de décadence et de liberté dans vos projets. Et en même temps on resent une esthétique d’économie de moyen, une sorte d’économie visuel quand vous utilisez du scotch ou du spray. Est ce que l’économie de moyen rentre dans vos préoccupations ou est ce que c’est plus l’esthétique de l’économie de moyen qui vous intéresse? DESIGN POVERTY FICTION Les gens se mettent volontairement dans des conditions de vie précaires, « camp retranché », groupes de jeunes présents depuis 2 ans, passent des hivers dans la boue etc … pour défendre un mode vie, militants pour un mode vie alternatif ! Nébuleuse. Rapport à un espace extrêmement difficile. Personnes qui pratiquent leur engagement et leur idée de la société et donc pratiquent le design dont il ont besoin. Communauté utopique anarchistes, [La Colônia Cecília est une communauté libertaire qui a vu le jour au Brésil en 1890 dans l’État du Paraná. C’est l’aspect le plus connu de l’anarchisme italien au Brésil et sa première manifestation.] Question de manière très frontale de la survie et de la société à partir de rien. The crisis, revue de Robert Owen, « for the change from error and misery, to truth and hapiness » pense que cette « crise » est un élément dont il va sortir quelque chose, qui va produire une nouvelle société. [Robert Owen, né le 14 mai 1771 à Newtown (comté de Montgomeryshire) et mort le 17 novembre 1858 dans la même ville, était un socialiste réformateur gallois. Il est considéré comme le « père fondateur » du mouvement coopératif.] Shakers, [Les convictions puritaines des Shakers leur ont fait développer un style propre de mobilier, dépouillé de tout ajout décoratif. Longtemps considéré comme purement utilitaire, le mobilier Shaker a ces dernières années attiré l’attention de designers qui y voient une préfiguration du minimalisme actuel. Aux États-Unis, les Shakers sont essentiellement connus pour cette raison, bien davantage que pour leurs opinions religieuses, et les meubles shakers d’époque se vendent à des prix très élevés.] Fouriéristes mouvement issu des théories de François Marie Charles Fourier, né le 7 avril 1772 à Besançon (Doubs) et mort le 10 octobre 1837 (à 65 ans) à Paris, est un philosophe français, fondateur de l’École sociétaire, considéré par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du « socialisme critico-utopique », dont un autre représentant fut Robert Owen. Plusieurs communautés utopiques, indirectement inspirées de ses écrits, ont été créées depuis les années 1830. => background du festival + grand nombre de communautés intentionnelles aujourd’hui : Dancing rabbit eco village [La culture de la communauté intègre le féminisme, le respect pour les arts, la décision par consensus, la non-violence et de la communication non-violente . Le désir commun de durabilité de l’environnement sous-tend toutes les décisions du Dancing Rabbit Eco Village. La communauté se présente comme un exemple viable de vie durable et vise à diffuser sa vision grâce à des visites, des stages, des échanges de travail, des publications académique et des conférences.] CONFÉRENCE 17 18 DESIGN POVERTY FICTION QUESTION À ACHIM REICHERT DU STUDIO VIER5 CONFÉRENCE PRATIQUE+CRITIQUE ENSAD, 25/03/13 CHARLES LEVAI J’avais lu dans un article vous concernant dans WAD que vous aviez une certaine vision sociale par rapport à votre travail et je me demandais comment ca se traduisez dans votre travail? ACHIM REICHERT Social, pourquoi c’est social? Par exemple avec Chaumont, avec les petites boîtes. Parce que avec le graphisme, si on fait par exemple de la publicité, on a ce privilège d’avoir cette espace en ville dans la rue, en hauteur, que les gens doivent voir, ils sont attaqués par ça. Ce n’est pas une critique, comme créateurs nous avons cette position privilégiée, nous pouvons faire quelque chose et que les autres doivent avaler. Ils sont confrontés avec ça. C’est là (dans la rue) mais c’est aussi des choses qu’on prends en main, on y est confronté si on prend un journal ou de la publicité dans les boîtes aux lettres, et ça c’est quelque chose qui est un privilège, et nous croyons qu’il ne faut pas travailler seulement hiérarchiquement, il faut trouver des moyens pour casser cette hiérarchie. Je trouve ça bien qu’il y ai des grandes affiches, je suis humain, c’est normal de trouver ça cool une grande affiche. Mais je crois qu’il faut trouver des possibilités de rendre ça accessible et de parler au même niveau aux gens, et il faut réaliser par exemple, on peut imprimer une super affiche pour 3000 euros avec 5 couches, une vraie valeur, mais c’est envoyer à une personne qui par hasard dans lemailing list de Bretigny car elle habite a Bretigny, mais normalement elle va pas recevoir gratuitement une affiche qui n’est pas une affiche publicitaire seulement, car l’affiche normalement est affiché et le flyer imprimé en quadrichromie en papier glacé. Et on veut jouer avec les proportions, parce que si on dit affiche c’est pour Times Square ou parcourt à Paris, les gens voit en l’air de la pub, de la pub, de la pub, et les flyers c’est dans la rue et tout ce qui est pour toi c’est moche, quand c’est dans la boîte aux lettres c’est moche. On veut détruire ça, on veut donner des choses. Avec les boites rouges (à Chaumont) tout le monde peut toucher, changer la communication eux même, ça c’est quelques choses de social je crois. Mais je ne veux pas jouer en bas, je veux jouer en haut, partout et avec tout le monde. Oui le modernisme, oui. Est ce qu’il y a une poursuite de l’idée du modernisme? PHILLIPE MILLOT AR AR Créer une forme qui est une forme correct pour cela et qui Et votre définition du modernisme? PM Derrière le coté brutale de l’image, on à l’impression qu’il y a la poursuite de l’idéale moderniste. PM VIER5 27 26 DESIGN POVERTY FICTION => Modes de vie alternatifs : n’est pas une période révolue de l’histoire, mais est très présente et très active ! Heurter des références qui ont à priori un rapport éloigné. III - Compléments / infos sur le workshop Workshop projecting / Christian Barani 1er workshop en préparation au festival. Travail sur l’espace de projection. « Un workshop pour créer des dispositifs de projection ou de monstration de l’image en mouvement comme alternatives au White cube ou à la Black box, avec comme matière première une sélection de films de la One Minutes Foundation. » Workshop high tech keynote/Cédric Scandella 2e workshop : « Un workshop dédié à la mise en forme high-tech d’idées, de concepts ou d’aventures humaines autour de la pauvreté et de l’expérimentation. S’inspirant des stratégies de communication comme l’exposé, la tribune, la Key Note, la Ted, la conférence de presse, le showcase, l’allocution, le lancement de produit ». Workshop Cut Up /The One Minutes Foundation 3e workshop : « Réalisés avec la collection de 30 000 vidéos de 1mn de la One Minutes Foundation, Cut Up sont des intermèdes, des coupures publicitaires, des piratages respectueux. » Workshop Low Tech Conf / Frédéric Danos 4e workshop : « Frédéric Danos propose de développer un ensemble d’interludes low-tech, supports et illustrations de concepts à connaître, d’idées formidables sur le thèmes de la pauvreté, du travail et de la fiction. » Workshop festi. space / Stéphane Barbier-Bouvet 5e workshop : « mettre en espace le festival et l’enrichir par la construction. Ce sera une façon d’accueillir les publics, de vivre les idées, de partager des intuitions politiques et sociales. Le projet fera usage des restes, tentera le recyclage et l’astuce, occupera le bâtiment et sa périphérie, se pensera en rapport avec la ville et les habitants d’Hornu. » Grand Hornu, lieu du festival. => poche de pauvreté d’Europe, situé au coeur d’une région extrêmement sinistrée depuis la fermeture des mines et la fin de l’activité industrielle (essentiellement textile) dans la région. Architecture du 19e siècle. Grand Hornu, bâtiment dédié à la réparation des outils et animaux. [Le Grand-Hornu est un ancien complexe industriele charbonnages faisant partie de l’ancienne commune d’Hornu, située dans la région du Borinage, à une dizaine de kilomètres à l’Ouest du centre de Mons, dans le Hainaut en Belgique. Ce site fait partie du patrimoine majeur CONFÉRENCE 19 20 DESIGN POVERTY FICTION poverty fiction » => « on a pas pris ça comme une censure mais une sorte de négociation avec le réel. » Futur projet, sera lié à des questions similaires mais aura une approche plus précise, certainement plus accentuée sur la question du néo-primitivisme. Etudiants volontaires. Au départ le choix de la ville (pour installer le festival) s‘est posé sur la ville de Denain, ville la + pauvre de France, où le FN à fait un score incroyable. Ville de Denain pas loin de Roubaix. Mais finalement choix s’est porté sur le Grand Hornu : avantage de la place, coté fonctionnel, même si Denain aurait été plus intéressant (il y aurait sûrement eu un projet pus participatif). DESIGN POVERTY FICTION : Apporter quelque chose de bien qui ne soit pas condescendant. Pas de conférences sur les pauvres, chez les pauvres ! Ne pas être stigmatisé. Recherche d’une forme créative : «on a brainstormé un p’tit peu». Conférence didactique sous la forme de la keynote à la Steve Jobbs : conférence assez facile, qui vous parle assez facilement. « On pense qu’on peut designer la conférence aujourd’hui, pour lui faire dire des choses, pour aller vers des publics. Comme en graphisme, les conférences peuvent prendre différents niveaux de lecture. » CONFÉRENCE 25 24 perturbation du système : « pause pipi » de Medhi : inciter à aller aux toilettes. Comment nous faire sortir de la conférence? Donner une autre entrée à la conférence. Conclusion de l’événement « DESIGN POVERTY FICTION » : Discours, texte de synthèse rédigé avec regard journalistique. Puis à venir, préparation d’une publication qui retranscrit, résume l’évènement. Aspect plus théorique. « DESIGN POVERTY FICTIONv» fut une expérience avec pour idée principale de réunir des démarches différentes. Ce festival donnera lieu à d’autres expériences. La réunion de beaucoup d’étudiants a été dynamique et intéressante. Travail d’organisation assez lourd et assez long, beaucoup de logistique, gestion de lieu et d’évènement. Démarche épuisante. À l’avenir, formules moins ambitieuses qui mettront plus l’accent sur le fond que sur la mise en forme. Question du public : Quelle réception ? Quel débat suscité sur cette notion de pauvreté? => Question de pauvreté a fait débat dès le départ, car associer pauvreté au design est très complexe. Sommes-nous auteur de plus de pauvreté ? Il y a t’il une pérennisation du système ? Créer de la pauvreté en négatif. Vision globale de l’action du designer. C’est une question profonde car elle a un impact sur l’autre. D’où on regarde la pauvreté ? => en tant que designer, en tant qu’européens, dans un contexte d’écoles assez luxueuses … questionnement fort de la pauvreté. Du coup, la question de la pauvreté a été plus envisagée comme un champ exploratoire, comme une utopie… Possibilité théorique : écrire et penser autour de la pauvreté. Ouvrir des champs, des possibilités. L’idée de la conférence, du festival, est de poser des balises au loin, « on les voit, on les repère, on sait qu’il y aura quelque chose à faire qu’on pourra traiter plus tard ». Permet de faire de la pédagogie. DESIGNING POVERTY, titre original : double sens: - Le design serait un complice de la production de pauvreté VS - Le design comme création d’utopies et d’expériences. => Ambigüité, se faire rencontrer deux approches différentes = stimulant ! Anecdote : Le premier titre, DESIGNING POVERTY, fut refusé par les organisateurs. Peur que le titre soit vu de manière cynique par le public, par la population environnante. DESIGN POVERTY FICTION : Titre moins direct et moins accrocheur. Titre « DESIGNING POVERTY reste un titre dur mais certainement plus stimulant «intellectuellement que design DESIGN POVERTY FICTION de Wallonie. De style néoclassique, il compte aujourd’hui parmi les beaux témoignages architecturaux de l’ère industrielle et comprend une des plus anciennes cités ouvrières au monde. Le site est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2012 lors de la 36e session du Comité du patrimoine mondial.] Corons autour. => modèle type, forme architecturale de l’industrie du 19e. Instigateur du projet architectural : Monsieur Gorge, rapport très patriarcale à ses ouvriers. En 2002, le Grand Hornu devient un musée d’Art Contemporain. Il est situé à côté de l’Hyper Cora : « 2 choses qui s’imposent comme une vision actuelle de l’Europe » => Très mauvaise gestion des espaces. Pas d’aménagement de la ville. Réalité urbaine très dure ! « Envie d’inviter les gens du coin à assister aux conférences mais … personne n’est venu. » Mauvaise organisation du festival, méconnaissance du projet par le public, difficulté à entrer en contact avec le public. Sorte de dialogue de sourds … hostilité. Paradoxe : programme de centre d’art développé dans des territoires pas forcément destinés à les recevoir. Centre d’art déconnecté de son contexte. Grand Hornu : payant, droit d’accès. Grand ovale central, bâtiment monumental, rénové de manière magistrale. Ancienne écurie comme lieu d’intervention. => Concevoir le festival. Espace où l’on fabrique le festival et où l’on vit pendant toute la durée du festival. Idée initiale : lieu de vie où cohabitent 50 étudiants. (dortoirs, salon, stands d’accueil…) ouvert au maximum sur l’extérieur. « Pour différentes raisons ça ne s’est pas passé comme ça. » => Références, évènements qui ont beaucoup influencés « DESIGN POVERTY FICTION » : - 24h Foucault : transformer le palais de Tokyo pendant 24h, espace dédié à Foucault. [À la fois exposition proliférante, festival philosophique et happening, 24h Foucault réunit des écrivains et des philosophes autour de l’œuvre de Michel Foucault qui se succéderont heure par heure à la tribune, sans interruption, du samedi 2 octobre à midi au dimanche 3 à midi.Événement unique, 24h Foucault se déroule dans un environnement entièrement créé par Thomas Hirschhorn, sur le modèle d’une salle de documentation, d’images et de conférences mettant en scène la pensée de Foucault. L’installation inclura également un salon vidéo présentant des documents rares, ainsi qu’une borne d’écoute, pour laquelle les « Archives Michel Foucault » ont accepté de délivrer l’intégralité des enregistrements auxquels Foucault a participé. Thomas Hirschhorn présente son projet en ces termes : « Je veux que le public sorte transformé de l’expérience 24h Foucault. Je veux que le public s’approprie l’œuvre d’art de Michel CONFÉRENCE 21 22 Foucault. Je veux que le public s’active, participe […]. Je veux que le public de 24h Foucault saisisse l’énergie, la force, la nécessité du travail de Foucault […]. Je veux que le public soit à l’intérieur d’un cerveau en action.»] Économie zéro, politique zéro : pendant 48h, interventions, conférences, expériences… [ Economie zéro, s’est déroulé à la Ménagerie de Verre, à Ars Longa (Paris 11e) et en réseau, du vendredi 15 février à 20h au dimanche 17 février à 20h, pendant 48h sans interruption. Economie 0 proposait de questionner les relations entre art et économie: la valeur d’une oeuvre, l’autonomie des pratiques, des productions et de la diffusion artistiques, les modèles alternatifs émergeants, les notions de dépense, de perte, avec une mise à l’épreuve de l’idée de neutralisation de l’économie artistique. Economie 0 a rassemblé 12 œuvres et 24 concerts, 40h de conférences avec 50 intervenants (artistes, théoriciens, économistes, acteurs du domaine culturel, de 12 nationalités différentes), 3 ateliers et près de 2000 visiteurs, autour des relations entre art et économie: Cette série d’événements ne se rapporte pas au modèle émetteurrécepteur d’une (dé)monstration et diffusion auprès d’un public. Il s’agit d’un processus aux implications multiples, un ensemble d’espaces qui cohabitent et se parasitent, et où différents acteurs de la scène artistique, de la recherche, des sciences etc, se rencontrent. Conçu comme une plateforme de réflexion et d’échange, cet espace critique modulaire et chaotique accepte et alimente ses contradictions.] « Pas mal de monde est venu » - Grand Hornu : Espace où vie et production se mélangent. Pas de possibilité de dormir sur place => temps de transport très long. - Bureaux collectifs, aménagement de travail. Mélanger le plus possible les choses ensemble. - « BAR BAR BAR » : 3 bars qui constituaient l’espace, Bar à boisson, bar à films et bar à conférence. => Promenades, discussions, conférences… déambulation. Scénographie de l’espace entièrement réalisée avec matériaux récupérés sur les lieux. Récupération mais entièrement fonctionnel ! « Il y a toujours un évènement en continu et d’autres évènements en parallèle possibles. » Liberté d’usage assez maximale de l’espace. « 20 choses différentes peuvent se passer à la fois sans gêner qui que ce soit. » . Espace de projection de film : en libre service, film, livre… . Conférences en français ou en anglais mais toutes traduites ! . Salle de cinéma : 200% Olivier Bosson et Nicolas Boone [200% est un long métrage de fiction qu’Olivier Bosson a coréalisé DESIGN POVERTY FICTION avec Nicolas Boone, et la participation de nombreux habitants de Saint-Fons, dans la banlieue sud de Lyon. La réalisation s’est faite dans le cadre d’une résidence au CAP, le Centre d’Arts Plastiques, avec le souci d’impliquer les participants dans une œuvre d’art contemporain. Le film nous présente un grand nombre d’histoires selon un procédé qui consiste à suivre un personnage, puis un autre après que les deux se sont rencontrés et ainsi de suite. La dimension chorale de 200% en fait une fresque de la banlieue et des rapports sociaux qui s’y déploient. Le titre « 200% » est polysémique. S’il renvoie d’abord à une notion d’excès, il pointe aussi toute une série de doubles références qui caractérisent la banlieue française : la double culture liée à l’immigration, le rapport à la ville et à la campagne, la prévenance et la violence, le rapport compliqué à la loi, à l’identité et à l’image de soi, etc.. Cette ambiguïté se retrouve dans le jeu des acteurs amateurs, qui nous donne à voir à la fois les personnages qu’ils interprètent et leur propre singularité.] Temps forts : - Ernesto Rosa : conférence sur le système D. => notion d’auto-construction, stratégie individuelle que les gens inventent pour survivre. - Grand moment de « DESIGN POVERTY FICTION » : le concert légume (étudiants du sandberg). Légumes jouent la musique, échanges électriques des légumes + chorégraphie de «très bon gout», bonne ambiance. Projets des intervenants : « Mechanical Turk », fait appel aux internautes pour effectuer de petites tâches très peu payées. Dans les pays pauvres, le principe pourrait générer un revenu complémentaire : plateforme de micro travail. Micro tache rémunérées. Olivier Peyricot : Radis noir, projet de jeunesse. Construction d’un camion pour aller au contact des sans abris en hiver. Accueil des sans-abris, projet utopique, distribution de boisson chaudes => 200-300 personnes par nuit. Contact extrêmement fort et déroutant sur les questions du minimum vital et sur la réalité du «paris by night», endroit où la population vit dans des conditions extrêmes, prostitution, trafic de drogue, maladie, violence. Population très hétérogène et déroutante pour les sociologues ou les designers habitués à travailler avec une population définie. Olivier Bosson, conférence sur le « filmer sans argent ». Film avec peu de budget mais de très bonne qualité, manière très singulière de faire du cinéma. Culture pauvre. Phrase « tout à 80% » slogan « Faites tout à 80% », vient comme un leitmotiv puisqu’il y a impossibilité de faire le film parfait. + Interlude dynamique, perturbations du discours académique, CONFÉRENCE 23