Marion Cotillard en lice pour l`Oscar
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Marion Cotillard en lice pour l`Oscar
Le Soir Vendredi 16 janvier 2015 34 LACULTURE Marion Cotillard en lice pour l’Oscar CINÉMA « Deux jours, une nuit », des Dardenne, sera-t-il récompensé le 22 février ? L’actrice française jouit d’une grande popularité aux Etats-Unis. Elle avait déjà reçu l’Oscar de la meilleure actrice pour « La môme » en 2008. Jean-Pierre Dardenne estime que le film et le talent de Marion ont fait la différence. SÉLECTION Les autres nominés sont… The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson et Birdman, de Inarritu (neuf nominations dont meilleur film, meilleur réalisateur). Imitation game, de Mortem Tyldum (huit nominations dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice dans un second rôle). American Sniper, de Clint Eastwood, et Boyhood, de Richard Linklater (six nominations dont meilleur film). Whiplash, Damien Chazelle et Une merveilleuse histoire du temps, de James Marsh (quatre nominations dont meilleur film). Ajoutons que Meryl Streep décroche pour la 19e fois une nomination pour un Oscar. Cette fois, comme second rôle dans Into the Woods. M arion est très aimée aux États-Unis », nous confie Jean-Pierre Dardenne, fier et heureux de la nouvelle qu’il vient d’apprendre. Deux jours, une nuit se retrouve en lice pour l’Oscar de la meilleure actrice grâce à Marion Cotillard, qui a déjà décroché la prestigieuse statuette pour La môme il y a sept ans. Une surprise car le film des frères Dardenne n’avait pas été retenu dans la catégorie du meilleur film étranger, et que Marion Cotillard ne faisait pas partie des derniers pronostics. Mais les recommandations des frères Weinstein, qui ont déjà coaché Jean Dujardin à l’époque de The artist, sont payantes. Ne négligeons pas le fait que l’actrice française est aussi nommée en tant que meilleure actrice aux Satellite Awards (1), prix attribué par la International Press Academy le 15 février, une semaine «Aux Etats-Unis, nous avons senti à quel point Marion est aimée. Son travail est reconnu. » © D.R. avant les Oscars. Et que l’association du New York Film Critics Circle vient de lui décerner le prix de la meilleure actrice pour son rôle dans ledit film belge et dans The immigrant, de James Gray. « Lors de la promotion aux EtatsUnis, nous avons rencontré beaucoup de journalistes. Nous avons fait des projections professionnelles et publiques, nous avons participé à quelques soirées mondaines et nous avons senti à quel point Marion est aimée. Son tra- vail est reconnu. On a remarqué aussi qu’elle se sentait comme chez elle là-bas », explique JeanPierre Dardenne. L’actrice fait partie de ces Françaises qui ont ouvert leur carrière à l’international. On a pu la voir dans les films de Tim Burton, Ridley Scott, Michael Mann, Woody Allen, Christopher Nolan, Steven Soderbergh et James Gray. Elle fut aussi à l’affiche de Blood Ties, de son compagnon Guillaume Canet, tourné à New York, en anglais. « Elle a un énorme talent. Quand on la filme, on n’arrive pas à passer à travers. Elle résiste et nous emmène. Elle a beaucoup de magie. Sur le plateau, elle fait une confiance absolue, elle est d’une grande générosité et d’un abandon total. Ces qualités humaines transparaissent à l’écran, poursuit le cinéaste belge. Je pense qu’à un moment dans cette course, c’est le film qui parle et la comédienne porteuse du film. Nous avons un distributeur américain (IFC) respectable – celui de “Boyhood” aussi – mais ce n’est pas une major. On ne peut pas faire tellement de lobbying. Cette nomination est le résultat d’un vrai travail. » Sorti le 21 mai, dans la foulée de sa présentation au Festival de Cannes, Deux jours, une nuit a dépassé la barre des 500.000 entrées en France et a fait de très beaux scores en Angleterre ou en Italie. Par contre, les chiffres belges déçoivent : 61.000 spectateurs contre 142.000 pour Le gamin au vélo, 181.000 pour L’enfant et 200.000 pour Rosetta. « Je ne comprends pas, nous dit Jean-Pierre Dardenne, pourquoi le public belge n’est pas venu. Le distributeur belge Cinéart et nous, espérions plus. Cette nomination à l’Oscar pour Marion est donc extraordinaire, car cela va renforcer la présence médiatique du film. De plus, ce film n’est pas américain, l’actrice parle français et incarne une fille de Seraing, pas un personnage my- thique (NDLR : comme ce fut le cas avec La môme, d’Olivier Dahan, où Marion incarnait Edith Piaf ). C’est juste une jeune femme qui se bat pour garder son emploi. La stratégie du distributeur américain est de le positionner dans deux ou trois grandes villes puis d’élargir petit à petit. Cette nomination va accélérer les choses. » Deux jours, une nuit est sorti le 24 décembre aux Etats-Unis après avoir fait l’unanimité dans les grands festivals nord-américains (Telluride, Toronto, AFI Fest, New York…). Jean-Pierre Dardenne sera-t-il à Los Angeles le 22 février ? « Je serai sans doute à Liège. Marion est grande. Elle n’a pas besoin de nous. Si on va là-bas, ce serait uniquement si le distributeur américain trouve que c’est bien pour le film. Ce serait donc pour travailler. » ■ FABIENNE BRADFER Le film des Dardenne concourt pour le Satellite Award du meilleur film étranger. « Le chant de la mer », l’autre film un peu belge Stéphane Denève à la tête du Brussels Philharmonic M l MUSIQUE Un chef ouvert à la création d’aujourd’hui C ix mois avant de remplacer Michel Tabachnik à la tête du Brussels Philharmonic, Stéphane Denève dirige, ce vendredi, son premier concert depuis sa nomination. Avec un programme qui en dit long sur son ambition à la tête de l’orchestre : Blue Cathedral de Jennifer Higdon, le concerto pour violoncelle de Guillaume Connesson et des extraits du Roméo et Juliette de Prokofiev. Jennifer Higdon a 52 ans et sa partition a été interprétée plus de 200 fois. C’est l’œuvre américaine moderne la plus jouée. Guillaume Connesson a 44 ans et son concerto pour piano sera défendu par son créateur Jerôme Pernoo qui l’a enregistré pour DG. Et pourtant pour beaucoup de mélomanes, ces compositeurs sont encore des inconnus alors que leur musique passionne tous ceux qui ont l’occasion de l’entendre. D’où vient donc ce manque de reconnaissance pour les créateurs d’aujourd’hui ? Tout simplement d’un manque de circulation de l’information autour de la création, particulièrement éclatée de nos jours. Beaucoup de gens se sont détournés de la création, dégoûtés par une démarche trop intellectuelle, et parfois très agressive. « C’est ce fossé qu’il faut aujourd’hui combler, explique Stéphane Denève,car il existe des centaines d’œuvres importantes dont les gens n’ont S C’est en Belgique que ce natif de Tourcoing a trouvé son premier mentor, André Dumortier. © BART DEWAELE. simplement plus connaissance. » C’est pour cette raison qu’il entend fonder à Bruxelles, avec l’aide du Brussels Philharmonic le Cffor : Center For Future Orchestral Repertoirev dont l‘ambition sera de créer une base de données regroupant les plus belles partitions d’orchestre du XXIe siècle. Et de s’engager à diriger l’une d’entre elles à chacun de ces concerts avec le Brussels Philharmonic. « Je veux défendre à Bruxelles la musique du XXIe siècle, car c’est une musique libérée de tout Le Soir Namur Luxembourg 16/01/2015, bladzijden 34 & 35 All rights reserved. Gebruik and reproductie enkel mits toelating van de uitgever via Le Soir Namur Luxembourg croyable flexibilité qu’exige ce dé- q fi. Les musiciens ont une grande v ouverture d’esprit. » t P s Une carrière solidement a remplie C’est en Belgique que ce natif b de Tourcoing a trouvé son pre- r mier mentor, André Dumortier. m « Il voulait que je présente le r concours Reine Elisabeth. Moi C j’avais déjà d’autres projets. La i direction d’orchestre me tentait. C Je suis monté à Paris et y ai étu- ç dié la direction d’orchestre et l’ac- r compagnement de chanteurs. » d Comme pianiste, il accompagne J le chœur de l’Orchestre de Paris. l Solti le remarque et le prend m comme assistant sur Don Gio- c vanni et, ensuite, à Londres, pour l’enregistrement de d l’œuvre. A 25 ans, il devient le n chef du Deutsche Oper am q Rhein. « Un théâtre de répertoire C où l’on apprend son métier sur le d terrain. J’y ai dirigé plus de 25 r opéras, et certains sans répéti- q tion. C’est là qu’on apprend les c armes du métier. » On le re- f trouve ensuite à Glasgow, à la a tête du Royal Scottish Orchestra D 2005 à 2012 et à Stuttgart au é SWR Symphony Orchestra de d 2011 à 2014. Il sera officielle- à ment en poste à Bruxelles à par- s a tir de septembre 2015. ■ SERGE MARTIN p b B Flagey, vendredi 16 à 20H15. Réservas tion : 02 641 10 20 ou www.flagey.be LESBRÈVES « Avatar 2 » reporté à fin 2017 ncore un peu de patience pour la suite du plus gros succès ciné de tous les temps sorti en 2009. James Cameron reporte la sortie d’Avatar 2 à fin 2017 pour pouvoir réaliser les deux autres suites dans la foulée. Le réalisateur de Titanic a souhaité que l’écriture des trois scénarios soit simultanée, ainsi que la conception des designs, des décors virtuels et des créatures des trois épisodes. Comme Peter Jackson avec Le Hobbit, Avatar 2 et 3 devraient être tournés en 3D et en 45 images par seconde. E Innovating Digital Content système, incroyablement imaginative, et qui ambitionne de séduire un public. Je crois sincèrement que les compositeurs de la nouvelle génération veulent réconcilier la musique qui s’écrit aujourd’hui avec ses auditeurs. » Pourquoi avoir choisi Bruxelles pour mener cette croisade ? « Parce que c’est une ville profondément cosmopolite, qui est ouverte sur le monde et que les musiciens du Brussels Philharmonic ont accumulé une foule d’expériences, y compris en musiques de films, qui leur donnent l’in- B MONS 2015 voir le film. Celui-ci est aussi no- NOVECENT d’Alessandro Baricco