Personnalités franc-comtoises célèbres

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Personnalités franc-comtoises célèbres
Du génie franc-comtois
Quel est le point commun entre l'inventeur de l'hélicoptère, du vaccin contre la rage,
de l'auteur de La guerre des Boutons, du Passe-muraille, du peintre de l'Origine du
monde, le père des phalanstères ? Tous sont nés et/ou ont vécu en Franche-Comté.
Auguste et Louis Lumière, ingénieurs et industriels
(1862-1954 et 1864-1948)
Nés à Besançon, les frères Lumière ont joué un rôle primordial dans
l'histoire du cinéma et de la photographie. Auguste, biologiste, et Louis,
chimiste, sont les fils d'Antoine Lumière, photographe qui connut le
succès à Besançon et ouvrit des succursales à Montbéliard et Baumeles-Dames. Prolongeant les activités de leur père, les deux frères
inventeront le cinématographe en 1895 puis les procédés de
photographie couleur. Avec, entre autres, L'arroseur arrosé, ils
comprirent rapidement le pouvoir du cinéma et ses retombées
commerciales.
Charles Fourier, utopiste et inventeur du système des
phalanstères (1772-1837)
A l'époque, la presse comtoise présentait Charles Fourier comme « le
père de l'anarchie et de l'autogestion ». Ce Bisontin, auteur du Nouveau
monde industriel et sociétaire, est aussi le génial inventeur des
phalanstères, des lieux de vie basés sur l'épanouissement collectif.
Dans ces microsociétés harmonieuses, hommes et femmes vivaient et
travaillaient en toute égalité. Cette pensée socialiste baptisée
fouriérisme fut largement relayée notamment dans le premier journal
comtois, l'Impartial ou encore via Victor Considérant, né à Salins, qui
tenta de créer des phalanstères à Dallas et au Brésil
Charles Nodier, écrivain, bibliothécaire et académicien
(1780-1844)
De sa maison natale bisontine, au 7 place Victor Hugo, il ne reste rien, si
ce n'est l'âme de ce bienfaiteur du romantisme. Son père, avocat, fut
maire de Besançon et président du tribunal révolutionnaire. A cette
occasion, le petit Charles, 11 ans, prononce un discours patriotique
devant le Club des Jacobins de la ville. Sa voix portant, sa voie se
dessine. A 23 ans, il est emprisonné pour avoir écrit le pamphlet La
Napoléone. Assistant bibliothécaire de l'école centrale du Doubs, il
prendra 24 ans plus tard la direction de la Bibliothèque de l'Arsenal à
Paris. Charles Nodier côtoie dans son salon Hugo, Lamartine, Musset, Vigny, Sainte-
Beuve… Il est élu en 1833 à l'Académie française. Parmi son œuvre prolifique, citons un
volume de ses Voyages pittoresque et romantiques consacré à sa terre natale.
Etienne Oehmichen, ingénieur (1884-1955)
Ingénieur des Arts et Manufactures, Étienne Oehmichen séjourna une
trentaine d'années à Valentigney, dans le pays de Montbéliard, où il
monte son atelier en association avec Peugeot. Expert en électricité,
aérodynamique et zoologie, il invente l'hélicoptère selon une nouvelle
science : la mécanique anatomique. C'est en 1924, à Arbouans dans le
Doubs, qu'il effectue le premier kilomètre en circuit fermé. Il inventera
également le canon à air comprimé, la dynamo, les feux de croisements,
le démarreur automobile… Un apport scientifique peu connu qui inspire toujours l'industrie
moderne.
Frédéric Japy, horloger (1749-1812)
Né à Beaucourt en 1749, il lorgne, tout jeune déjà, sur l'industrie
horlogère jurassienne. Il se forme chez un horloger en Suisse, puis
devient ouvrier chez un mécanicien inventeur, Jean-Jacques JeanneretGris. C'est grâce à ce dernier qu'il invente rapidement des machines
outils qui mécanisent sa production. En 1777, il fonde la première usine
française d'ébauches de montres à Beaucourt. Le génie de Japy
saute aux yeux : sa production passe de 2400 ébauches en 1780 à 12
700 en 1806. C'est à cette date qu'il crée la société Japy Frères. Ses
trois fils y travaillent comme ouvriers puis en prennent la direction. Après
sa mort, en 1812, ses fils continuent le développement, dont, dès 1826, la fabrication
d'articles de cuisine en fer embouti. Ainsi naissent les premières casseroles à Fesches-leChâtel, au lieu-dit la casserie, du nom de casse qui désignait le fer blanc.
Georges Cuvier, biologiste et paléontologue (1769-1832)
Georges Cuvier est considéré comme un des plus grands savants de
son temps. Père de la paléontologie, ce zoologue autodidacte est à
l'origine de l'anatomie comparée. Selon Cuvier, les organes des animaux
dépendent les uns des autres. Une pièce essentielle de l'animal permet
de reconstituer le reste du corps. Né à Montbéliard, il y vit jusqu'à l'âge
de ses 15 ans : son goût pour les sciences de la nature le conduit à
Stuttgart, puis en Normandie où il crée un laboratoire. Il s'installe enfin à
Paris, où il travaille et enseigne au Muséum d'histoire naturelle.
Gustave Courbet, peintre réaliste (1819-1877)
Né à Ornans dans le Doubs, Gustave Courbet s'initie à l'art au collège de
Besançon puis va étudier les grands peintres à Paris. De retour au pays
et influencé par le socialisme de Proudhon, il devient le chef de file du
courant réaliste. Peignant la réalité du quotidien et la nature de sa
Franche-Comté natale, il est critiqué pour « faire du laid ». Ce à quoi il
rétorque : « C'est sans le vouloir, simplement en peignant ce que j'ai vu,
que j'ai soulevé ce qu'ils appellent la question sociale ». Condamné à 6
mois de prison et une forte amende lors de la Commune de Paris en
1871, il vend ses œuvres puis s'exile en Suisse, à La Tour-de-Peilz, où il
meurt. En laissant des œuvres de son pays franc-comtois de toute
beauté.
Jean-Luc Lagarce, auteur et metteur en scène (1957-1995)
Né de parents ouvriers chez Peugeot, Jean-Luc Lagarce passe son
enfance à Valentigney dans le Doubs. Etudiant la philosophie et l'art
dramatique à Besançon, il fonde une compagnie, le théâtre de la
Roulotte, d'abord amateur puis professionnelle. En parcourant les
scènes, il écrira plus de 20 pièces entre 1981 et 1995 avant de
disparaître à l'âge de 38 ans. Son œuvre littéraire, aujourd'hui
redécouverte par les critiques et metteurs en scène, a été traduite en
vingt-cinq langues. Elle fait de Jean-Luc Lagarce l'auteur dramatique le
plus joué en France au XXIe siècle.
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Photo : Michel Quenneville
Louis Pasteur, scientifique (1822-1895)
Né à Dole dans le Jura, Pasteur fait ses études à Paris mais supporte
mal la vie du Quartier latin : il obtient donc son baccalauréat à Besançon.
En 1845, déjà chercheur et travailleur infatigable, il enseigne à Dijon,
Strasbourg puis Lille. En 1863, Pasteur propose de chauffer le vin à
57°C afin de tuer les germes et résout ainsi le problème de sa
conservation : la pasteurisation est née. Mais c'est la découverte du
vaccin antirabique en 1885 qui lui vaudra sa consécration dans le
monde. L'Académie des sciences propose alors la création d'un
établissement destiné à traiter la rage : l'Institut Pasteur naît en 1888.
Louis Pergaud, écrivain (1882-1915)
« Si j'avais su j'aurais pas venu » : le franc-parler du petit Gibus fait
partie de notre patrimoine. Son « papa » Louis Pergaud, l'auteur de La
Guerre des Boutons, est fils d'instituteur, né à Belmont. Il vécut aussi à
Nans-sous-Sainte-Anne et à Guyans-Vennes : les bagarres avec les
copains seront autant de bons souvenirs. Devenu instituteur, il écrit un
recueil de nouvelles De Goupil à Margot, histoires de bêtes qui
obtient le prix Goncourt en 1910. Il a alors 28 ans. Souvent surnommé le
« Balzac des bêtes », son roman La guerre des boutons est une
poétique mise en scène de sa Franche-Comté tant aimée, des hommes
qui y vivent, des enfants qui se disent : « Dire que, quand nous serons
grands, nous serons peut-être aussi bêtes qu'eux !» Louis Pergaud est
mort à la guerre en avril 1915. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Marcel Aymé, écrivain (1902-1967)
C'est vrai, Marcel Aymé n'est pas né en Franche-Comté. Disons que
c'est un enfant adopté par notre région. Orphelin de mère à deux ans, il
est confié à ses grands-parents qui vivent à Villers-Robert dans le Jura.
Sa tante est corsetière à Dole : Marcel y fera ses études. Il aurait pu être
polytechnicien ou médecin, il choisira écrivain. Son premier roman,
Brûlebois, met en scène un porteur de bagages de la gare de Dole.
Succès foudroyant : en 1929, avec La table aux crevés, il obtient le prix
Renaudot. L'auteur de La Jument verte, d'Uranus, des Contes du chat
perché ou de Passe-muraille se fait remarquer également en tant que dialoguiste de cinéma
puis, sur la fin de sa vie, dans le théâtre. Il fut à la fois un chouchou de Montmartre et de la
vie parisienne et un auteur qui sut mettre en lumière la vie doloise.
Paul-Émile Victor, explorateur (1907-1995)
Livres d'ethnologie, récits d'aventures… Paul-Émile Victor a grandi
dans le grenier de la maison familiale à Saint-Claude dans le Haut Jura,
en rêvant d’exploration et de voyages en Polynésie. Finalement, « PEV »
consacrera sa vie aux terres froides. En 1934, l’aventurier découvre le
Groenland. Devenu ethnologue, il dirigera alors 31 missions, du Grand
Nord à l'Extrême Sud. En 1977, l’explorateur s’installe à Bora Bora, où il
passe jusqu’à sa mort une retraite active entre ethnographie, scoutisme,
écologie, illustration ou écriture de ses mémoires.
Pierre-Joseph Proudhon, socialiste et libre-penseur (18091865)
Membre des courants réalistes, socialistes et utopistes francs-comtois
aux côtés de Fourier ou Buchon, Pierre-Joseph Proudhon est le père
du système mutualiste, du syndicalisme ouvrier et du fédéralisme. Un
socialiste dans l'âme donc, enclin à s'autoproclamer anarchiste. Ce
Bisontin est d'ailleurs l'auteur de la fameuse phrase « l'anarchie c'est
l'ordre sans le pouvoir ». Défenseur du crédit gratuit, opposant au droit
à la propriété, ses prises de position lui valurent 3 ans d'enfermement.
Sa maison natale se situe rue du petit Battant, à Besançon.
Rouget de Lisle, officier, compositeur (1760-1836)
Claude Joseph Rouget de Lisle, né à Lons-le-Saunier (Jura), a été formé
à l’Ecole Royale du Génie de Mézières. Cet officier, également musicien,
composa lors d’une nuit d’avril 1792 Le Chant de guerre pour l'armée du
Rhin. Ce chant, entonné en juillet par la troupe de Marseillais qui montait
sur Paris, fut rebaptisé La Marseillaise. Son succès est retentissant : en
1795, il est adopté comme « chant national ». Rouget de Lisle,
emprisonné sous la Terreur, composa d’autres chants à sa libération
dont l'Hymne dithyrambique sur la conjuration de Robespierre. Quant à
La Marseillaise, elle devint l’hymne national français en 1879 après avoir
été interdite sous les premier et second Empire.
Tristan Bernard, écrivain et humoriste (1866-1947)
Paul Bernard, dit Tristan Bernard, est né à Besançon le 7 septembre
1866, au 23 de la Grande-Rue. Après une brève carrière d'avocat à Paris,
il se tourne un temps vers les affaires. En 1891, il collabore à la célèbre
revue littéraire, la Revue Blanche. Le déclic se produit. Paul devient
Tristan l'écrivain. Le Tristan Bernard, connu pour ses contes, ses romans
(Vous m'en direz tant, 1894) et ses vaudevillesques pièces de théâtre
(Les pieds Nickelés, 1895). Un homme fort en caricatures, experts en
mots d'esprit, dont la plume a même rempli, en 1917, les colonnes du tout
nouveau Canard Enchaîné.
Victor Hugo, écrivain (1802-1885)
Victor Hugo, né le 26 février à Besançon ne resta que 6 semaines en
Franche-Comté. Son père, général napoléonien, l’emmena très tôt dans
ses déplacements en Italie et en Espagne.Quand en 1813, il s’installe à
Paris avec sa mère, le jeune garçon s’adonne enfin à la littérature. Son
talent, précoce, est à la mesure de son ambition : « Je veux être
Chateaubriand ou rien » écrivait-il à 14 ans.
A 20 ans, il publie Odes, son premier recueil de poèmes, et à 25 Cromwell, la pièce qui le
révéla. Ainsi naquit au monde littéraire le plus célèbre écrivain, dramaturge et poète français,
l’auteur
des
Misérables
et
de
Notre-Dame
de
Paris.
Un écrivain qui fut aussi un politicien, ardent défenseur du droit de vote universel et de
l’abolition de la peine de mort. Un grand homme qui, aujourd’hui, repose au Panthéon.