Sommaire

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Publication de la Sauvegarde de la vallée du Sausseron
et ses abords
association agréée, fondée en 1974
• Le mot du Président.................................................................................................. 1
Secrétaire Générale Honoraire fondatrice : Mireille Samson †
• Les carrières de la vallée du Sausseron..................................................................... 2 (Bernard et Christiane Gaudinot)
ISSN 1274-3097
Responsable de publication : Daniel Amiot
• A propos de nos déchets...........................................................................................35 (Monique Cossard)
• Jardin d’abeilles en Vexin .......................................................................................49 (Sylvie Nomblot)
Siège Social : Mairie de Nesles-la Vallé, 95690
Tél. 06 76 51 70 94 ou 06 83 51 26 46
Site Internet : http://www.sauvegarde-sausseron.a3w.fr - E.mail : [email protected]
• La vallée du Sausseron : site majeur à classer..........................................................53 (Daniel Amiot)
La SVS, constituée d’adhérents, de membres bienfaiteurs, de collectivités locales et d’autres associations
est dirigée par un Bureau de six membres élus par un Conseil d’administration et choisis en son sein
Bureau :
• Exposition Charles Gir (1883-1941) .......................................................................55 (Daniel Amiot)
- Président : Daniel Amiot
- Vice-Président : Jean-Claude Delesnes
- Secrétaire Générale : Micheline Lanoote
- Secrétaire adjointe : Françoise Germain
- Trésorière : Nicole Guedra
- Trésorière adjointe : Monique Cossard
• In memoriam . ..........................................................................................................57 (Micheline Lanoote et Daniel Amiot)
• Nouvelles des villages...............................................................................................58 (Daniel Amiot)
Conseil d’administration :
M  Monique Cossard - Françoise Gardair - Françoise Germain - Nicole Guedra - Claire Houbert - Micheline
Lanoote - Joëlle Laufenburger - Nicole Maugé - Laurence Pagezy
MM. Daniel Amiot - Jacques Battais - Xavier Boggio - Gérard Claudel - Jean-Claude Delesnes - Marc Giroud Gérard Macé - Jean-Jacques Munier - Bernard Oberlin - Pierre Street.
mes
• Jeu concours..............................................................................................................63 (Daniel Amiot et Philippe Muffang)
Crédit photographique : ADEME : p. 41 - ADVO : p. 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 14, 15, 16, 17, 20, 22, 23, 31,32
Daniel Amiot : p. 23, 24, 52, 54, 55, 56, 58, 59, 60, 63 - Atlas des paysages : p. 53 - CRIT : www.crit.archi.
fr : p. 39, 40 - Nicole Derel : p. 57 - Bernard Gaudinot : p. 2, 4, 12, 13, 15, 18, 19, 21, 22, 25, 26, 27, 28,
30, 31, 33, 34 - Charles Girard : p. 55 - Eaufrance services : p. 37 - Liliane et Fred Funcken : p. 35
Françoise Germain : p. 34 - INRS : p. 43 - Patrick F. Joy : p. 1, 39 - Nature. Environnement. Actualités :
p. 36, 48 - Sylvie Nomblot : p. 49, 50, 51 - Nouveau Larousse Illustré 1900 : p. 33 - Bruno Perniceni :
p. 61 - Université de Picardie: www.u-picardie.fr L’assainissement collectif : p. 38, 41, 42, 44 - Wallonie
SPW : p. 38
La SVS laisse aux auteurs l’entière responsabilité de leurs opinions.
La reproduction partielle ou intégrale des textes et illustrations est soumise à un accord
préalable
Photocomposition et photogravure : SCW LASER - 27190 Conches - Tél 02 32 30 59 60
Impression : Imprim’Eure : 27190 Conches - Tél. 02 32 30 17 96 - N° imprimeur : 153
ADHESION 2012
❏ SVS ❏ individuelle... 25 $ ❏ couple..30 $
❏ collectivités/associations. 50 $
❏ jumelée Amis du Vexin
❏ individuelle... 45 $
❏ couple..50 $
❏ collectivités/associations..60 $
Règlement par chèque bancaire à l’ordre de SVS à adresser à
Sauvegarde Vallée du Sausseron, Mairie – 95690 – Nesles la Vallée
SAUVEGARDE
DE LA VALLEE DU SAUSSERON
ET DE SES ABORDS
2011 - Bulletin n° 29
Les carrières
Croix romane dite «‑Croix des Friches‑» à Nesles-la-Vallée.
LE MOT Du PRéSIDeNT
2012
est porteuse d’une très bonne nouvelle : la vallée du Sausseron a été retenue officiellement comme site
à classer. Treize ans après l’inscription à l’inventaire des sites de la corne nord-est du Vexin, pour une
grande part due au travail de notre association, remettons-nous à l’ouvrage et occupons le terrain.
2012 risque, par contre, d’être une année quelque peu délicate pour l’épanouissement de nos ambitions associatives, dont
on peut craindre qu’elles ne soient estompées par les échéances électorales et la crise économique avec son corollaire : les
restrictions budgétaires.
Mais pas de pessimisme car une telle conjoncture peut être l’occasion de privilégier la réflexion, les idées et des conduites
économiques prudentes, souvent plus bénéfiques pour l’environnement que des interventions isolées et onéreuses reposant sur
des subventions dispersées.
À l’occasion d’un séminaire de la « Fédération des parcs naturels régionaux de France » en juillet 2011 où notre parc
était représenté par Agnès Lanthier1 et Marc Giroud2, le président Philippe Lacombe3, a ouvert une réflexion critique générale
sur l’insuffisance des parcs à être des référents sur des objectifs de protection, à faire partager leurs ambitions aux élus, à la
population et aux jeunes, à être présents dans les grands débats.
On peut craindre que les avancées nationales, même bien incomplètes, du Grenelle de l’environnement, les nouvelles
compétences des communautés de communes, la difficulté à motiver les élus et la population n’incitent les parcs à se replier sur
eux-mêmes et à se contenter du statut d’espaces privilégiés. Il ne faudrait pas que les PNR, tout à leur gestion institutionnelle et
au financement des communes-membres, s’installent dans une politique du compromis sans exigence de retour et deviennent de
simples administrations.
Tel n’a pas été et n’est heureusement pas le cas de notre PNR du Vexin français dont le rôle protecteur et valorisant dans
la partie valdoisienne et yvelinoise du Vexin français est à l’origine d’incontestables progrès dans les rapports de la population
avec l’environnement. Il reste cependant beaucoup à faire.
Choisissons d’être très présents dans notre PNR, maintenant à l’âge adulte, pour l’aider à trouver un second souffle, moteur
sur l’économie, ambitieux sur l’agriculture, la forêt et l’eau, inventif sur la conciliation entre le développement durable et la
préservation de nos sites et paysages, protecteur de la biodiversité, gardien du patrimoine et territoire d’art et de culture.
Bonne année.
Daniel Amiot
1.- Directrice du PNR
2.- Vice-président délégué à l’urbanisme, à l’habitat, aux avis du Parc.
3.- La Fédération des parcs naturels régionaux de France a engagé dès 2007, à travers une « Mission Avenir des Parcs », une réflexion sur ce thème et créé
un « Conseil d’orientation, recherche et prospective » comprenant des personnalités extérieures (économiste, sociologue, biologiste…) sous la présidence de
Philippe lacombe, ancien directeur scientifique de l’INRA.
1
patrimoine
LES CARRIÈRES DE LA VALLÉE DU SAUSSERON
Bernard et Christiane Gaudinot
Les villages de la vallée du Sausseron sont nés du sous-sol. Pour bâtir leur lieu de vie, les habitants ont su tirer
profit des matériaux dont la nature a si bien pourvu leur contrée. L’extraction du gypse pour le plâtre, du calcaire
pour la pierre à bâtir, de la craie pour la chaux, ainsi que de l’argile pour les briques et les tuiles, a permis la
construction des habitations, fermes, églises et châteaux, laissant quelques cicatrices dans le paysage. Nos villages
tirent leur beauté de ces vieilles maisons rurales que nous aimons tant avec leurs chaînages d’angle en pierres de
taille, les murs en moellons, enduits de plâtre ou de chaux et les toits de petites tuiles avec les cheminées de briques,
si caractéristiques de l’architecture du Vexin Français.
UNE EXPLOITATION LONGTEMPS ANARCHIQUE
Avant le xiie siècle, l’exploitation des carrières se faisait à ciel ouvert.
Avec la demande grandissante, elle s’effectua en galerie souterraine pour accéder à la masse de pierre à plâtre ou à bâtir.
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patrimoine
La réglementation est presque inexistante et sans vrai contrôle. Mais des événements graves se produisent dans
Paris et en d’autres lieux de la région, ce qui amène le roi à créer un service d’inspection des carrières. C’est le début
d’une réglementation et d’une inspection centralisée, ce qui permet de commencer un inventaire. Ce n’était pas le cas
auparavant si ce n’est lors de procès ou de bail chez un notaire. De nombreuses carrières ouvertes depuis longtemps
et utilisées épisodiquement ne seront répertoriées que bien plus tard.
L’exploitation intensive et sans surveillance a abouti, en certains endroits, à l’extraction de la pierre jusque sous
les maisons des villages, entraînant des désordres et éboulements.
Les carrières à ciel ouvert ont un impact
sur le paysage, atténué avec le temps par la
végétation ou la construction de bâtiments
intégrés dans celles-ci. La ferme dite des
Carrières à Arronville en est un exemple.
Construite dans une ancienne carrière à ciel
ouvert, elle est située à l’entrée ouest du
château de Balincourt. Cette ferme utilise
toute la surface disponible ainsi que les différences de niveau des sols, les habitations
fermant l’entrée de la carrière.
La ferme des Carrières à Arronville
À Theuville et Berville des fermes sont
situées, elles aussi, près d’anciennes carrières.
Pour les carrières souterraines de pierre à plâtre, la difficulté à bâtir au-dessus a limité parfois l’expansion des villages.
La richesse forestière a permis la mise en œuvre de ces matériaux en cuisant l’argile pour en faire des tuiles et
des briques, le gypse pour le plâtre, la pierre calcaire pour la chaux.
Géologie de la vallée du Sausseron
Elle est celle du Vexin français, constitutive du Bassin parisien et
caractérisée par sa nature sédimentaire.
Le sous-sol comprend plusieurs types de roches superposées.
La plus ancienne est la craie blanche campanienne, avec environ
quatre-vingts mètres d’épaisseur, qui affleure dans les fonds de
vallées. Elle est surmontée par une couche calcaire du Montien,
pierre à bâtir vexinoise par excellence, puis par les couches
d’argile­et de sable de l’Yprésien, dont les argiles du Sparnacien,
épaisses de cinq à quinze mètres. Le caractère imperméable des
argiles provoque l’apparition de lignes de sources et rend les fonds
de vallée marécageux. Cette couche est surmontée par le sable
du Cuisien, de dix à trente mètres d’épaisseur. On trouve ensuite
l’importante masse calcaire du Lutétien, d’une épaisseur de vingt
à quarante mètres, qui constitue l’assise du plateau du Vexin.
Sa présence explique l’existence de phénomènes karstiques. Les
couches du Bartonien qui lui succèdent voient s’alterner le grès
et le sable de l’Auversien, puis le calcaire de Saint-Ouen, et enfin
les sables du Marinésien, épais de cinq à trente mètres.
3
patrimoine
Les carrières de pierre à bâtir
La pierre à bâtir était extraite, principalement, à Arronville, Ronquerolles, Epiais-Rhus, Vallangoujard, Theuville,
Nesles-la-Vallée, Valmondois, Jouy le Comte, Parmain, Butry et Auvers.
Son extraction se pratiquait manuellement, avec des moyens très rudimentaires. Les outils étaient les lances et les aiguilles. Ils servaient à découper
la pierre en suivant les délits, failles naturelles de la roche. La lance est une
barre d’acier d’environ six mètres, munie à une extrémité d’une pièce de
forge terminée en pointe et appelée bougon. Elle est fixée par une chaîne au
plafond de la carrière, de manière à être projetée contre la paroi rocheuse
pour l’entailler. Les aiguilles, également en acier, mesurent trois mètres de
long et complètent la lance pour trancher la pierre. Les tranches horizontales
portent le nom de coudresses et les tranches verticales celui de tranche en
cœur. Quand le bloc de pierre est découpé sur quatre faces, il est détaché de
la masse par l’utilisation de coins. Il est ensuite extrait à l’aide d’une chaîne
qui le ceinture, d’un treuil et de forts rondins de bois.
Les tuileries
Les carrières d’argile se situaient à Haravilliers, Epiais-Rhus, Nesles-la-Vallée, Valmondois, Ronquerolles.
Comme pour l’industrie de la brique, l’emplacement d’une tuilerie dépend des ressources naturelles du terrain.
Les critères importants pris en compte sont une belle qualité d’argile et des forêts abondantes. La terre est issue du
même gisement que celle utilisée pour les briques, si ce n’est que celle destinée à la fabrication de la tuile doit être
plus fine. La terre forte située dans la couche supérieure du sol, convient mieux à la fabrication des tuiles. Les briques
sont fabriquées avec la terre simple, plus proche de la couche de sable. La composition de l’argile employée pour les
tuiles s’apparente à la terre des potiers.
Les carrières de pierre à plâtre : le gypse
La pierre à plâtre provenait principalement des communes de Grisy, Epiais-Rhus et Haravilliers.
Traditionnellement le plâtre était fabriqué dans des
fours proches de la carrière, la cuisson se faisant dans
des fours à culée. Les blocs de gypse les plus gros
étaient assemblés en voûtes parallèles sous lesquelles
on plaçait le combustible. Ces voûtes étaient recouvertes de morceaux de gypse de plus en plus petits afin
d’homogénéiser la cuisson. La température, environ
160oC, et le temps de la cuisson (plusieurs dizaines
d’heures) étaient liés au savoir-faire du plâtrier, issu des
méthodes empiriques des générations antérieures. Ces
paramètres variaient également en fonction de l’utilisation que l’on voulait en faire : liant, enduit, amendement pour les cultures… On obtenait ainsi du sulfate
de calcium semi-hydraté. Ensuite les blocs de pierre
à plâtre, encore chauds, étaient réduits en poudre par
battage manuel. Vers la fin du xixe siècle les meules,
actionnées par des chevaux, remplacèrent ce travail
manuel. Pour finir, le plâtre était tamisé. Cette technique permettait d’obtenir du « plâtre cru », c’est-à-
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patrimoine
dire partiellement déshydraté, employé pour amender les terres et pour les constructions courantes. Nous pouvons
remarquer sur de vieux murs des enduits de plâtre obtenus de cette façon, décelables par la présence de particules
de charbon de bois. Pour avoir un matériau à prise rapide, il fallait obtenir une déshydratation plus poussée,
soit par une température de cuisson supérieure soit un temps de chauffe plus long. Les meilleures pierres de
gypse, rassemblées au centre de la culée, permettaient d’atteindre cette qualité, et le tamisage fournissait alors
des « plâtres cuits ».
La fabrication du plâtre nécessite également qu’il soit pur à 90 %, ce qui est le cas en Ile-de-France. Il suffit
de réhydrater la poudre de plâtre pour obtenir un enduit ou un mortier. La vitesse de prise du plâtre dépend de
la température de cuisson (un plâtre trop cuit prend lentement), de sa composition en éléments résiduels et son
vieillissement.
Si on amendait les sols à l’automne, c’est seulement à la fin du printemps qu’on « faisait les plâtres » afin
qu’ils sèchent durant l’été. La fabrication du plâtre et sa mise en œuvre ont longtemps été saisonnières.
Le travail pénible, de l’extraction au concassage, et la faible résistance au temps des fours traditionnels
expliquent la relative fréquence des abandons et des reprises d’exploitation.
GRISY-LES-PLÂTRES
Plan d’intendance (Archives départementales)
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patrimoine
Les carrières de pierre à plâtre de Grisy remonteraient au haut moyen-âge
Elles étaient si actives en 1710 qu’il fallût réglementer les jours de travail.
Le 28 juin 1710, de par le Roi et monsieur le président prévôt vicomtal en garde de Pontoise, sur la remontrance du procureur du roi, il est fait défenses à toutes personnes de quelque qualité et condition qu’elles soient
demeurant dans l’étendue de cette paroisse, de travailler et faire travailler les jours de dimanche et fêtes solennisés par l’église, aux plâtriers de faire cuire du plâtre, en faire battre et mouture les dits jours… sous peine de
30 livres d’amende
Cette même année, le 9 octobre, un contrat est passé entre Pierre Cochon, marchand plâtrier, demeurant à
Grisy, et Nicolas Mandard pour l’exploitation d’une carrière.
Le creusement vers les propriétés voisines était fort répandu dans les carrières souterraines.
Le 29 mai 1782 un procès-verbal de visite d’une carrière à plâtre, sise à Grisy, est fait à la requête de Toussaint
Mandard et consorts contre Denis Rustique et Leutere Sergent qui creusaient leur galerie vers les propriétés
voisines. La dite visite, à droite du chemin menant à Cormeilles1, faite par Nicolas Cheronnet, plâtrier à Frépillon,
comme tiers expert, et par Denis Duchesne, arpenteur Royal à Cergy, les 15, 16 janvier et 11 mars 1782, permet
d’en dresser le plan.
Le village étant bâti sur la masse de gypse, sans repères visuels pour exploiter la masse de gypse, les carriers
creusaient sous les propriétés voisines, les routes, les chemins et même les maisons.
En juillet 1784, est publié un arrêt de la cour du
parlement du Roi concernant les carrières de Grisy et les
communes circonvoisines. Il fait suite à une visite, ordonnée par l’arrêté du 8 juillet 1783, du substitut du procureur
général du roi et Charles Axel Guillaumot, « Inspecteur
des carrières et des trous », nouvellement nommé par
le roi pour Paris et environs. Cet arrêté ordonne l’arrêt
des travaux et la réparation par soutènement de certaines
parties trop excavées, ainsi que la condamnation des
entrées. Les carriers concernés sont Dru, Houdaille et
Bertholle. Il ne pourra plus être fait à l’avenir aucune
exploitation des dites carrières par des puits et par excavations, et les exploitations seront faites à tranchées ouvertes
et à découvert.
Déjà, le 27 avril 1777 Guillaumot, architecte du Roi,
avait été placé à la tête de l’Inspection des carrières créée
le 24 avril précédent et devenue aujourd’hui l’Inspection
générale des carrières.
La révolution passa et les carriers continuèrent leurs
travaux malgré l’arrêté d’interdiction de les exploiter.
Les carrières, très proches des habitations et des routes,
se prolongeaient sous elles. Des fontis (éboulements) se
formaient régulièrement. En 1790 et 1791, les carrières
sous le village même de Grisy sont considérées comme
très dangereuses ce qui conduit en 1792 le district de Pontoise à faire constater leur état.
1.- Cormeilles-en-Vexin
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patrimoine
Un arrêté préfectoral du 1er germinal an IX2 interdit aux sieurs Dru, André et Claude Houdaille, Bertholle et
Landrin, de continuer l’exploitation des carrières de pierre à plâtre situées dans cette commune.
Le 7 mai 1817, Mme Veuve Nicolas Bled et François Gandon déposent une plainte contre l’exploitation de
pierre à plâtre entreprise par Denis Bertholle sous la propriété de Lavoypierre.
En 1823 Pierre Meyer demande l’autorisation d’ouvrir une carrière à plâtre, dans un terrain de 40 perches3
environ, lieu-dit Butel, dans le jardin de la ferme appartenant à Lavoypierre.
Bertholle et Frédéric Commandeur doivent, par arrêté préfectoral du 17 mai 1827 combler et remblayer les
carrières de pierre à plâtre près du chemin de Cormeilles-en-Vexin.
Des autorisations d’exploitation facilement accordées.
Une autorisation est accordée à Commandeur par arrêté préfectoral du 21 juin 1828, pour exploiter, par
puits de 14,60 m, une carrière souterraine de pierre à plâtre sise dans un terrain de 1 hectare 14 ares 91 centiares,
soit 2 arpents 25 perches appartenant à Roussel, lieu-dit Les-Maupas. Jean Baptiste Commandeur est autorisé à
poursuivre l’exploitation, par deux puits, d’une carrière souterraine de pierre à plâtre au lieu-dit Butel appartenant
à M. de la Nourais, (arrêté du 14 janvier 1829). Le 5 avril 1838, Jean Baptiste et Frédéric François Commandeur,
plâtriers à Grisy, avertiront le sous-préfet de leur intention de cesser l’exploitation de la carrière du Butel. Le
même Frédéric François Commandeur, à la fois cultivateur et maire, démolit une plâtrière en 1838, section A
n° 32 du cadastre, et en reconstruit une autre en 1840, section A n° 24 au lieu-dit Le-Fond-du-Pavé. Le 4 février
1851 il est autorisé à ouvrir une carrière par puits, lieu-dit Le-Maupas section A n° 44 et n° 45. Son fils, Pierre
René, plâtrier à Grisy, prend sa succession en 1856. Ce dernier, demande l’autorisation de construire un four à
plâtre sur ce même terrain, loué à son père. Elle est accordée le 20 octobre de la même année.
Par arrêté préfectoral du 4 octobre 1831 ordre est signifié à Bertholle, de la fabrique4, et à Scio de faire
2.-22 mars 1801
3.- Ancienne mesure agraire très variable selon les contrées.
4.- La fabrique, au sein d’une communauté paroissiale catholique, désigne un ensemble de « décideurs » (clercs et laïcs) nommés pour assurer la responsabilité
de la collecte et l’administration des fonds et revenus de la paroisse.
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patrimoine
combler les fontis dans les terrains qu’ils possèdent. Il est précisé à Bertholle de faire le nécessaire dans l’ancien
puits de service existant dans son jardin, situé près de la ruelle du Bu ainsi que, dans un délai de trois mois, dans
une ancienne carrière de pierre à plâtre près du chemin de Grisy à Cormeilles. Une autorisation lui est accordée
par arrêté préfectoral du 28 août 1841 d’exploiter, par puits, une carrière souterraine de pierre à plâtre dans un
terrain lui appartenant sur le même lieu-dit. Un an plus tard, il démolit une plâtrière section C n° 155. Modeste
Bertholle reprend une ancienne carrière, éloignée des habitations, appartenant à Rousselle, lieu-dit Le-Maupas
(arrêté du 22 juin 1850).
Le 16 mars 1856, Jean Baptiste Lefèbure fils, marchand plâtrier demeurant à Grisy, demande l’autorisation d’élever un four à plâtre
à 20 mètres du fossé gauche
de la route N° 20 menant à
Haravilliers, et à 130 mètres
d’une habitation isolée. Elle
est accordée le 6 mai 1856.
Le 10 avril 1856, il acquiert
de la famille Mandart un
terrain de 15 ares 31 centiares, cadastré section A n° 47,
lieu-dit Chemin-de l’Isle. En
janvier 1858 il est autorisé à
ouvrir souterrainement, par
puits et cavage, une carrière de
pierre à plâtre sous sa propriété.
La masse de pierre à plâtre,
d’une épaisseur d’environ 7 m
offre un recouvrement de 25 m.
Le sous-préfet donne son accord
le 1er février. Le terrain est situé
à 150 m au nord du village. Les
travaux d’exploitation devront s’arrêter à 50 m des propriétés voisines et à plus de 10 m des chemins. Le puits
(édifices et constructions) doit être à 20 mètres des chemins. Lefébure est autorisé le 2 septembre 1858, à ouvrir
une nouvelle carrière sous sa propriété, section A n° 46. Le rapport de l’ingénieur estime sa production de 600 à
650 m³ par an. Elle sera
expédiée dans les
environs pour l’amendement des terres et
les constructions. En
1858 il reprend la
carrière Bertholle sous
le Bois du Maupas.
Le 21 février de cette
même année, le couple
B u ff e l u i v e n d u n
terrain de 15 ares 30
centiares lieu-dit les
Plâtrières.
Des carrières
épuisées ferment. Le
20 novembre 1859,
Lefébure doit cesser
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patrimoine
l’extraction de la carrière, arrivée à épuisement complet. Il l’exploitait depuis 1856 à la suite de Bertholle. Située à
Grisy, lieu-dit Le-Maupas, sous la propriété de Frédéric Cartier, cette carrière est abandonnée avec l’accord de l’ingénieur. En 1860 il demande l’autorisation d’abandonner les travaux d’exploitation des autres carrières souterraines de
Grisy en ce lieu-dit.
En 1861, d’après le recensement des carrières de Seine-et-Oise, deux carrières souterraines étaient en exploitation : celle de Commandeur, exploitant et propriétaire, et celle de Lefébure. La carrière, propriété de Cartier de Paris,
est abandonnée et les anciennes carrières ne sont plus mentionnées. Les 21 et 24 avril 1865, Lefébure et son épouse
vendent au couple Daubigny, épicier et marchand de vin, un terrain, lieu-dit chemin de l’Isle, de 30 ares 61 centiares,
siège d’une carrière de pierre à plâtre. Celle-ci est en cours d’exploitation par galeries souterraines reliées à la surface
par deux puits pour monter la pierre à l’aide d’un manège situé dans un bâtiment couvert en tuiles. Le 30 avril 1865,
Clément Daubigny, plâtrier à Grisy, informe le préfet qu’il continue l’exploitation faite par Jean Baptiste Lefébure
fils, selon un arrêté d’autorisation du 29 octobre 1858. L’Ingénieur donne son accord.
Les bâtiments d’exploitation doivent souvent être reconstruits. En
1875, Edmond Gerbé, de Grisy, propriétaire d’un four à plâtre au long de
l’ancienne départementale n° 20, demande l’autorisation de le démolir et
de le reconstruire dans le terrain où existe sa carrière lieu-dit Le-Maupas.
Ce terrain, tient du côté est à Lefébure Etienne, au nord à Commandeur,
et à son extrémité au chemin rural de Grisy à Épiais. L’autorisation
est accordée le 12 novembre 1875 par le préfet, à la condition que les
bouches des fours soient tournées du côté opposé à la route.
Le 5 octobre 1877, le sieur Boucher, de Boissy-l’Aillerie, tuteur des
enfants mineurs de René Commandeur, avertit que l’usine, « pour la
préparation aux besoins du commerce, cuisson et broiement de la pierre
à plâtre », située sur le territoire de Grisy-les-Plâtres, propriété des dits
mineurs, et exploitée en ce moment par Toussaint Auger, de Grisy, est
menacée d’une destruction complète par suite d’un fontis considérable
récemment survenu. Il est de toute nécessité de reculer le siège de l’usine.
La demande d’autorisation de la rebâtir est accordée par le sous-préfet le 12 mars 1878.
Des éboulements conséquents. En 1896, le maire informe le sous-préfet qu’un nouvel éboulement dans
la carrière à
plâtre d’Henri
Lefèvre, plâtrier
de
Grisy,
entraîne une
partie du bâtiment recouvrant
le puits d’extraction, la sente
communale sur
une longueur
de 15 mètres
et une partie
de la propriété
voisine. La
carrière avait été
inspectée quatre
ans avant. Le
24 avril 1897, le
9
patrimoine
carrier est mis en demeure d’exécuter l’arrêté­préfectoral du 29 octobre 1896. Deux ans plus tard, un projet de
déviation du CD 22, à cause des carrières situées sous ce chemin de grande communication, est étudié.
En 1908 un rapport du contrôleur principal des mines, nous apprend qu’il n’existe plus de plans des
anciennes carrières à plâtre. Sur demande du maire concernant un fontis entraînant une partie du mur de la
propriété de Mme Delacour, le contrôleur constate, lors de sa visite sur les lieux, la présence d’un ancien puits
lieu-dit Les-Granges dans un terrain appartenant à Jean Baptiste Commandeur, marchand plâtrier. Il peut accéder
aux carrières situées à l’ouest de Grisy, dans le parc du château appartenant au marquis de Montredon, par un
escalier de 75 marches et vérifier les anciennes consolidations. Il conclut à la nécessité de ne plus charger ces
terrains instables.
Grisy-les-Plâtres se trouve ainsi limité par les carrières de pierre à plâtre : de Maupas et du chemin de
l’Isle au nord, de Butel à l’est, du parc du château à l’ouest, et par celles de la route de Cormeilles au sud. (voir
plan page 3)
Les carrières d’Épiais-Rhus : pierre à plâtre, pierre à bâtir et argile
La pierre à plâtre
Pierre Saint-Denis et Jacques Louis Cormiolle représentants des héritiers Marie et Charles Cormiolle, enfants
de Pierre et Marie Françoise Cormiolle, l’un et l’autre décédés à Épiais, autorisent Denis Dantard à exploiter la
masse de pierre à plâtre jusqu’à la ligne limitrophe de leurs propriétés. Ce dernier, carrier demeurant à Cormeillesen-Vexin, demande le 1er nivôse an XII5 l’autorisation d’exploiter en souterrain et d’extraire de la dite carrière
d’une superficie de 15 ares, au lieu-dit Sous les Galères ou Les Piraux, la masse de pierre propre à la fabrication
du plâtre. L’autorisation est accordée par le sous-préfet le 6 germinal an XII.
Contravention de 100 francs à Pierre Lambert fils, pour une exploitation sans autorisation.
Un procès-verbal de contravention aux règlements
de la police des carrières est dressé le 7 août 1812.
Pierre Lambert fils, plâtrier demeurant à Épiais, a ouvert
sans demande ni autorisation préalable, une carrière de
pierre à plâtre qu’il exploite par puits et en sous-œuvre,
à une distance très rapprochée d’un chemin, dit des
Sauts de la Poulaine, qui communique avec le chemin
de Pontoise à Beauvais par Méru. Les trous de service
sont à découvert, et l’emplacement de l’exploi­ta­tion
accessible au public. Le préfet ordonne la réparation
des bornages provisoires. Le contrevenant doit payer
la somme de 100 francs pour avoir nui à la viabilité du
chemin. Par décision du 29 septembre 1812, le conseil
de préfecture ordonne la fermeture provisoire de l’entrée de la carrière indûment faite trop près de la voie
publique.
Le 20 juin 1826, Jean-Pierre Léon Sébastien Aubry et
François Nicolas Gerbe, associés, tous deux journaliers
demeurant à Épiais, demandent l’autorisation de rouvrir
une carrière à plâtre qui existait depuis très longtemps
sur un terrain situé à Épiais, chemin de la Poulenne ou
Poulaine. Ce terrain, acheté à Pierre Lambert et à Marie
Margueritte Lenoir son épouse, avait été acquis par ceux5.- 23 décembre 1803
10
patrimoine
ci le 5 novembre 1793 de Charles François Morin, laboureur à Liancourt. Les puits et ateliers sont l’ouvrage de
Lambert à l’époque où il n’était que locataire (accord verbal avec le précédent propriétaire). La surface est de 31
ares 90 centiares (62 perches ½), l’épaisseur de la masse de pierre à plâtre de 6 m (18 pieds) à une profondeur
de 12,35 m (38 pieds). Par arrêté préfectoral du 6 septembre 1827, Aubry et Gerbe ont l’autorisation d’exploiter
cette carrière.
Construction de fours à plâtre dont les ouvertures ne doivent pas effrayer les chevaux
Suivant les arrêtés du 25 mars 1824. Les ouvertures des fours ne devront pas être dirigées vers la route
pour ne pas effrayer les chevaux.
En février 1827 Jacques Martin Bellay, qui exploitait sans permission préalable une carrière de pierre à
plâtre à ciel ouvert dans un terrain lui appartenant depuis le 26 janvier 1822, fait une demande de construction
d’un four à cuire le plâtre. L’autorisation lui est accordée, le 11 juillet 1828, pour exploiter cette carrière,
située au lieu-dit La-Tête-aux-Loups.
Le 21 avril 1828, Denis Caprais Bertholle, maître plâtrier demeurant à Grisy, a l’autorisation préfectorale
de construire un four à plâtre sur un terrain longeant la route départementale 51. Il existe, déjà, dans cette
partie de route deux constructions, appartenant à Sion et Sevestre, établies au-delà des fossés, à 8,50 m de la
bordure de la chaussée.
L’exploitation souterraine est parfois une nécessité économique
Le 8 janvier 1829, autorisation est donnée au même Bertholle d’exploiter par puits une carrière de pierre
à plâtre située au lieu-dit Les-Galères, sur ses terrains. Bien que l’exploitation en ait commencé il y a trente
ans, cette carrière, dans un terrain de deux arpents 6 environ (71, 90 ares), renferme encore suffisamment de
masse pour permettre une extraction considérable. L’épaisseur des terres de recouvrement au-dessus de la
masse est de 7 m environ, et la portion de cette même masse, que l’élévation habituelle des eaux souterraines
permet d’exploiter, est de 3,50 m. Économiquement, l’exploitation ne peut donc être faite à ciel ouvert et il
faut nécessairement qu’elle soit souterraine. La solidité du banc supérieur garantit un bon ciel dans les ateliers
d’extraction et dans les voies de roulage. Cette carrière sera servie par deux puits communiquant entre eux,
dont l’un garni d’échelles. Ces puits seront revêtus en maçonnerie depuis la partie supérieure de la nappe
jusqu’à la surface du sol.
Le 14 octobre 1842, Marie-Modeste Bertolle, plâtrier et cultivateur demeurant à Grisy, demande à continuer l’exploitation de la carrière à plâtre souterraine de son père, Denis-Caprais, au lieu-dit Les-Galères ou
Les Piraux. L’autorisation de janvier 1829 est renouvelée le 28 décembre 1843.
Autre cas : en 1858 l’ingénieur ordinaire des Mines établit un rapport sur un projet de carrière de pierre à
plâtre de 5 ares, à ciel ouvert, appartenant à Louis-Sylvestre Bellay, au lieu-dit Les-Mares-des-Marchais. La
couche de la masse est de 4 mètres d’épaisseur et recouverte par 3 mètres de terre. Cette carrière ne devrait
occuper que trois ouvriers. Le plâtre qui en proviendra sera livré en poudre dans les localités environnantes
pour la construction et l’amendement des terres. L’arrêté préfectoral du 3 mai 1858 permet la concrétisation
du projet.
La glaise
L’arrêté préfectoral du 27 septembre 1844 permet à Sion et Sevestre l’ouverture d’une carrière à ciel ouvert
de glaise, lieu-dit Les-Galères, chemin de la Tuilerie et chemin de Grisy, pour leurs industries de tuilier. La
masse à exploiter est de 1,75 m d’épaisseur avec un recouvrement de 3,92 m.
6.- L’arpent est une ancienne mesure agraire, divisée en 100 perches, variable suivant les localités de 35 à 50 ares.
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patrimoine
La pierre à bâtir : moellons et pierre de taille
Le 21 août 1845 M. Lanctin est autorisé à poursuivre l’exploitation à ciel ouvert d’une carrière de moellons, au lieu-dit La-Côte-du-Babouin. L’épaisseur de moellons est d’environ 3 m, à une profondeur de 2 m.
La même année, permission à Jean Isidore Prudhomme, journalier, d’ouvrir une carrière de pierre à bâtir à
ciel ouvert dans sa propriété sise au hameau de Rhus au lieu-dit La-Côte-des-Groues. La surface du terrain est
de 20 ares 40 centiares et l’épaisseur de pierre à bâtir de 2 m à 2,50 m d’épaisseur. L’exploitation est confiée
à Jean Lambert, maçon à Épiais.
Carrière de Rhus
En mars 1858, Jean François Rohard, propriétaire à Rhus, exploite une carrière de pierre à bâtir, moellons,
à ciel découvert lieu-dit La-Vallée, chemin de Vallangoujard. L’épaisseur de pierre de 6,50 m, recouverte de
1,70 m de terre, augmente rapidement car le versant de coteau est très raide. La même année, un autre Rohard
(François David), cultivateur à Rhus et Pascal Fournier, maître maçon à Arronville, sont autorisés à exploiter
une carrière de pierre de taille à ciel ouvert, au lieu-dit Le-Moulin-de-Rhus, dans un terrain de 36 ares. La
couche à exploiter est de 10 m et plus, recouverte de 4,50 de terre.
Un passage voûté maçonné sous un chemin communal.
Le 19 mai 1860 Pascal Fournier demande l’autorisation de créer un passage, sous le chemin d’Epiais-Rhus
à Menouville, pour relier les terrains situés au-delà du chemin à la carrière de pierre à bâtir qu’il est autorisé à exploiter. La traversée se fera perpendiculairement à son axe au moyen d’une voûte en maçonnerie de
3,50 m de large sur 2,60 m de haut. Une concession est établie avec la commune. Une indemnité de 300 F est
demandée, la valeur de la pierre extraite du passage étant estimée à 250 F. Par arrêté du 20 novembre Rohard
et Fournier sont autorisés à pratiquer cette galerie qui traverse le champ d’exploitation d’une superficie de
2 hectares 29 ares 81 centiares.
Charles Bruno Bastard, régisseur de M. de Beurnonville à Balincourt, et Dubois Alexandre, carrier à
Arronville, successeurs de Rohard et Fournier, sont autorisés le 29 mars 1861 à ouvrir une carrière de pierre de
taille à ciel ouvert d’une surface totale de 1 ha 86 ares, au lieu-dit Sur le Moulin. L’épaisseur de la masse est
de 8 m, recouverte de couches calcaires et marneuses, et l’épaisseur de déblais est de 5 m. La pierre extraite
sera employée aux constructions de la localité et des environs. En janvier 1863, Bastard reprenant à son compte
l’exploitation de la carrière de Rhus, passe une convention avec son prédécesseur Louis Pascal Fournier. Ce
faisant, il devra remblayer le passage souterrain du chemin menant à Menouville. Aujourd’hui il n’en reste
aucune trace. En novembre 1864, le carrier Bastard sollicite l’autorisation d’exploiter souterrainement, par
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patrimoine
cavage, une carrière de pierre à bâtir, au lieu-dit le Moulin, Section A du cadastre n° 30 à 36, 41, 42, 43 et
44, soit 2 ha 29 ares 81 centiares. Il est autorisé le 22 novembre 1864, à construire deux fours à chaux, sur
l’emplacement de sa carrière.
Onze ans plus tard, une demande est déposée par François
David Rohard et Pascal Fournier, pour l’ouverture d’une carrière
de pierre de taille à ciel ouvert au lieu-dit Sur le Moulin de Rhus,
dans un terrain de 1 ha. La couche est de 10 mètres et le recouvrement de terre de 4,50 m.
En 1877, Henri Lefèvre, chaudronnier demeurant à Grisyles- Plâtres, voudrait exploiter, une carrière de pierre à plâtre à
ciel ouvert, au lieu-dit Les-Mares-à-Marchais, section B n° 1414
et 1415.
Il sollicite l’autorisation de construire, au lieu-dit La pointe
du chemin de Beauvais, section B n° 615 du cadastre, une usine
pour la préparation aux besoins de son commerce, cuisson et
broiement de la pierre à plâtre, qui sera extraite de la susdite
carrière. L’autorisation préfectorale est donnée le 3 octobre 1877.
Fin des carrières à plâtre.
Dans la monographie d’Épiais-Rhus, l’instituteur écrit en
1900 : « les carrières de pierre étaient complètement abandonnées, les gisements de pierre à plâtre ne sont plus exploités
depuis une dizaine d’années et il existe une tuilerie ou l’on y
fabrique des tuiles dites de Marines. Cette exploitation occupe
5 à 6 ouvriers pendant une partie de l’année ».
Le 26 septembre 1886, une carrière de Rhus, d’une contenance de 7 ha 92 ares 75 centiares, est mise en vente en adjudication volontaire, par Mme Bastard et ses enfants.
Le 4 février 1900, on vend aux enchères le matériel dépendant de la faillite de Bastard, l’ancien carrier de Rhus :
un chariot à quatre roues, deux chariots à deux roues, une mécanique pour tirer la pierre, des chaînes, pinces,
aiguilles, coins et crics, etc.
Jules Guinard poursuivra jusqu’à la fin de 1914 l’exploitation de la pierre.
La carrière sera convertie en champignonnière à partir de 1932. Les champignonnistes s’y succéderont tous
les deux ou trois ans jusqu’en 1953. À cette époque l’exploitation reprise par la famille Noris, verra son activité
cesser en 1998.
La carrière de Rhus devenue champignonnière
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patrimoine
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patrimoine
Les carrières d’Haravilliers
Le 12 octobre 1829 Jean Philippe Dru est autorisé à exploiter, par un puits de 28 pieds7 (environ 9 m) de profondeur, une carrière souterraine de pierre à plâtre, dans un terrain de 2 arpents, appartenant au sieur Petit et situé au
Ruel, au lieu-dit La-Saussette.
C’est dans le même lieu-dit et le
même mois que Jean Baptiste Dubois
peut exploiter, par puits, une carrière
souterraine. Il est autorisé le 28 juin
1830 à construire un four à plâtre
permanent dans son terrain près des
Croisettes. Ce four est à 25 m de la
route départementale n° 51 et à 800 m
environ des constructions les plus
rapprochées du village. Le 20 juillet 1832, il est autorisé à ouvrir, par
puits, une carrière située au lieu-dit
Les-Rougemonts dans un terrain de 68
ares.
Demande d’autorisation du Sieur Dubois de cuire du plâtre dans un bâtiment existant sur
son terrain (1829).
Le 6 novembre 1844 un bail
est établi entre la propriétaire,
Mme Cordier de Sainte-Rose et Frédéric Commelin, plâtrier à Hénonville possesseur d’un four à Haravilliers
au lieu-dit La-Croisette, laissant à celui-ci la disposition d’un terrain au Ruel, au lieu-dit La-Montagne-Aiguë.
L’autorisation d’extraire de la pierre à plâtre par puits, est accordée le 28 mai 1846.
7.- Mesure de longueur qui valait 32,483 cm
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patrimoine
De 1850 à 1861 les sieurs Froyé et Lecertisseur, cultivateurs et plâtriers, ne vont pas cesser d’exploiter et
d’épuiser des carrières à plâtre.
C’est au même lieu-dit qu’Auguste Alexandre Froyé, cultivateur et marchand plâtrier à Berville, est autorisé, le 30 juillet 1850, à exploiter, par puits, une carrière souterraine de pierre à plâtre. Deux années plus tard,
l’exploitation cesse et la carrière est officiellement abandonnée le 3 janvier 1855. Quinze jours avant, Froyé
a été autorisé à exploiter, par puits, une carrière souterraine de pierre à plâtre, au Pré Barrier, dans un terrain
de 80 ares appartenant à Mme Cordier de Sainte-Rose (section E n° 480). Une autorisation lui est également
accordée le 9 septembre 1856 pour exploiter, toujours par puits, une carrière souterraine de pierre à plâtre,
au lieu-dit Le-Pré-Barrier, dans un terrain de 50 ares 30 centiares appartenant à Mme de Sainte-Rose, (section
E n° 522 et 523). Celle carrière jouxte une autre carrière abandonnée appartenant à Lecertisseur. Ce dernier
avait été autorisé, le 14 mars 1853, à exploiter, par puits, une carrière souterraine de pierre à plâtre, sous un
bois taillis d’une contenance de 51 ares 7 centiares, situé sur le terroir du Ruel, au lieu-dit Les-Rougemont,
(section E n° 453, 454 et 455). La vente de la masse de plâtre faisait l’objet d’un bail entre M. Delondre et lui.
Nicolas Grégoire Lecertisseur, cultivateur et plâtrier à Haravilliers, est autorisé le 7 octobre 1856 à exploiter, par puits, deux carrières souterraines de pierre à plâtre, l’une au Pré-Barrier (section E n° 502, 503 et 504),
l’autre au lieu-dit Les-Rougemont, (section E n° 465, 466, 467 et 468).
Le 26 janvier 1860, Froyé, qui habite maintenant le Heaulme, informe le préfet que les travaux
d’extraction de la carrière qu’il exploite depuis
1854, au lieu-dit Le-Pré-Barrier, sous la propriété
de Lecertisseur et des héritiers Mesnier (section E
n° 522 et 523), sont suspendus depuis le 20 juin
1857 par suite de l’épuisement complet de la
masse. Il demande en conséquence l’abandon de la
carrière. Les vides provenant de l’extraction étant
entiè­rement comblés par des fontis formés aussitôt
après la fin de l’exploitation, aucune consolidation
ne s’impose. L’abandon de la carrière est autorisé
22 avril 1860.
Non-respect du droit de fortage.
Le 30 janvier 1861, Froyé déclare au préfet
que les travaux d’extraction de la carrière à plâtre
qu’il exploite, au lieu-dit Le-Pré-Barrier, sous la
propriété de M me Cordier de Sainte-Rose (section
E n° 480), sont suspendus depuis le 1 er avril 1860
par suite de l’épuisement complet de la masse. Il en
demande l’abandon définitif. Les plans établis à la
fin des travaux indiquent que les vides avaient été
poussés jusque sous les parcelles voisines d’Etienne
Barrier et Nicolas Gerbe, sans que Froyé eût justifié
Le 31 mai 1861, l’Ingénieur des mines autorise le sieur Froyé à abandu droit de fortage. La carrière est officiellement donner sa carrière. Rappel lui est fait de son non-respect du droit de
abandonnée le 27 juin 1861.
fortage
Lecertisseur, demeurant au Quoniam, demande le 15 mars 1860 l’autorisation d’exploiter la pierre à
plâtre, souterrainement par puits, dans deux terrains (contenance de 34 ares 40 centiares) appartenant à Hulin
et Leduc au lieu-dit Le-Rougemont, situés à 5 km du village d’Haravilliers (section E n° 449 et 450). Il y est
autorisé le 22 décembre 1860
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patrimoine
Une dernière demande d’exploitation souterraine.
Le 14 mars 1861 Froyé demande à exploiter, souterrainement par puits, une nouvelle masse de pierre, de
3 m d’épaisseur et recouverte de 15 m. Elle fait suite à une carrière abandonnée dans un terrain d’une contenance d’un hectare environ, appartenant à M me Cordier de Sainte-Rose et MM. Lemoine et Gallois, au lieu-dit
La-Montagne-Aiguë, (section E n° 541, 542 et 543). Cette carrière, déjà exploitée par le demandeur, avait
été officiellement abandonnée. Le maire d’Haravilliers estime que l’autorisation ne doit pas être accordée
avant une visite des lieux qui sera faite le 12 juillet. La carrière est bien celle abandonnée par Froyé. Il n’en
a pas fait d’exploitation sérieuse, cherchant seulement à pratiquer un passage pour rejoindre la masse exploitable. L’ancien puits dont Froyé demande l’utilisation est en bon état et peut facilement servir à la nouvelle
exploitation. Les terrains que le demandeur se propose de fouiller sont limités, au sud, par le chemin du Ruel
à Haravilliers.
Le 1er juillet 1861 Lecertisseur informe les autorités que les travaux d’exploitation des trois carrières de
pierre à plâtre commencés par lui en 1852, se sont terminés en novembre 1859.
La première de ces carrières (autorisation d’exploitation du 14 mars 1853) est située au lieu-dit
Les-Rougemonts, et les deux dernières (autorisation du 7 octobre 1856) se trouvent l’une au lieu-dit Le-PréBarrier, l’autre aux Rougemonts. Il en demande l’abandon. L’exploitation a été faite par piliers tournés,
et les vides sont entièrement comblés par suite des éboulements. Les travaux de la carrière sise au lieu-dit
Les-Rougemonts ont été poussés sous une parcelle de terrain appartenant à Jean Baptiste Paris sans que
Lecertisseur ait justifié le droit de fortage8. L’ingénieur autorise la fermeture et demande que le propriétaire
en soit avisé.
La concurrence trop forte des villes a « tué l’industrie d’Harravilliers ».
C’est en 1892 que fut créée la Société anonyme des carrières des Buttes de Rosne. Cette société avait
pour objet l’exploitation des carrières de pierre meulière et autres produits existant sur ces Buttes. En 1893
cette société, exploitant la carrière de Chavençon, sollicite l’autorisation de faire circuler une locomotive de
7 tonnes sur une voie de 0,75 mètre d’écartement, reliant cette carrière à la gare de Chars.
La monographie d’Haravilliers­
rédigée en 1900 par l’instituteur du
village, nous renseigne sur l’activité des carrières et des tuileries :
« L’industrie est nulle. Il existait autrefois de nombreuses tuileries, comme
l’indique le nom du hameau des
Tuileries où était leur principal emplacement. Une seule, fort peu active,
fonctionne maintenant au Ruel. On a
exploité aussi des carrières de pierre
à plâtre, elles sont abandonnées. Une
société s’était formée, il y a quelque
dix ans, pour extraire la meulière des
Buttes de Rosne. Elle n’a pas réussi.
Ces échecs s’expliquent. Les industriels ne pouvant soutenir la lutte
contre leurs concurrents des villes de
Pontoise, Marines et Méru, qui avaient
moins de frais de transport parce qu’ils
étaient à portée des moyens de communication, ou n’étant pas assez riches pour doter leurs chantiers des
perfectionnements du matériel, ont été obligés de les fermer. C’est le progrès qui a tué ici l’industrie. »
8.- Droit d’exploitation d’une carrière cédée par le propriétaire du «fonds et du tréfonds» à un carrier contre une redevance.
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patrimoine
Carrières à Theuville
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patrimoine
Les carrières de Theuville
Cicatrices d’une carrière à ciel ouvert
Carrières de moellons et de pierre à bâtir
Un arrêté préfectoral, du 6 octobre 1845, accorde à M. Leclerc, cultivateur à Theuville, l’autorisation de continuer
l’exploitation à ciel ouvert d’une carrière de moellon, située lieu-dit Les-Fontaines.
Le 24 mars 1846 un arrêté autorise M. Sainte-Beuve à exploiter à ciel ouvert une carrière de moellon, située lieu-dit
Les-Fontaines, pour des besoins personnels et momentanés. La surface est de 50 ares pour une longueur de 60 mètres avec
une épaisseur de pierre de 8 m au milieu et sur les deux extrémités 3 m. Elle est recouverte de 40 cm de terre.
Des autorisations sont accordées à Fournier, maître maçon, pour exploiter à ciel ouvert, deux carrières de moellon,
Chemin-des-Fontaines : le 21 août 1846 pour celle de la Côte-des-Fontaines et le 5 septembre pour la Côte-des- Bochets.
Un arrêté préfectoral, du 12 novembre 1850, accorde l’autorisation à Jean Charles Jean, maçon à Grisy, d’exploiter à
ciel ouvert une carrière de moellons, sise lieu-dit Les-Fontaigneux, chemin des Fontaines.
État des carrières au recensement de 1861.
L’une de pierre à bâtir à ciel ouvert, au lieu-dit Les-Carrières. Propriété de Valentin et Chardin, est abandonnée depuis
longtemps. L’autre, propriété de Neveu, au lieu-dit Les-Petits-Clos ou Les Groux, également de pierre à bâtir à ciel ouvert
est abandonnée. Leclerc en était l’exploitant.
Trois carrières de pierre à bâtir, toujours à ciel ouvert, sont en activité au lieu-dit Les-Fontaigneux. Leclerc et Jean en
sont propriétaires et l’exploitent. Celle de M. Lardière est exploitée par Maillard. De temps à autre, de gros morceaux se
détachent de la masse des carrières proches des lavoirs publics et tombent sur eux !
Au lieu-dit Rue-Mousse, Leroux, propriétaire, exploitait en souterrain une carrière de pierre à bâtir ainsi que deux autres,
à ciel ouvert, sur le même lieu, dans les propriétés de Guinet et Leclerc. Les trois sont abandonnées depuis longtemps et ne
présentent plus aucun danger. D’autres carrières abandonnées ne figurent pas sur cet état. Elles se situent sur le coteau de
la rive gauche du rû et sont souterraines. Elles furent un temps utilisées comme habitations.
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patrimoine
Les carrières de Menouville
A l’occasion du recensement de 1861, le maire de Menouville informe le préfet qu’il n’y a aucune carrière en
exploitation, si ce n’est celle de pierre à bâtir, appartenant au Baron de Beurnonville9, qui l’exploite momentanément à ciel
ouvert pour son seul usage.
Le 12 décembre 1877 cependant, Charles Bruno Bastard, carrier demeurant à Balincourt, demande l’autorisation de
créer, à ciel ouvert, deux carrières de pierre dure sur le territoire de Menouville. La première (cadastrée section B n° 150),
d’une surface de 30 ares, est à une distance de 15 à 20 mètres de la route départementale qui relie Beauvais à Pontoise.
La deuxième (cadastrée section A n° 194) se trouve proche d’une ancienne carrière abandonnée à une grande distance du
chemin qui va de Menouville à Balincourt. Accord est donné au carrier par arrêté du 18 mars 1878.
Les carrières de pierre à bâtir d’Arronville
Au bord du chemin d’Arronville à Haravilliers, Dubois Prosper est autorisé le 17 mai 1845 à poursuivre l’exploitation
d’une carrière à ciel ouvert, au lieu-dit les Carrières. Le 27 mai, Dubois père est autorisé à continuer l’exploitation à ciel
ouvert de trois carrières de pierre à bâtir aux lieux-dits les Clos Graignards et le Dessus de l’Église. Ces trois carrières sont
contiguës à des chemins à voiture très importants, route de Pontoise à Beauvais, chemin de Sandricourt et chemin dit du
Château.
Sur un terrain enclavé dans celui de Dubois, le carrier et propriétaire Desauty, demeurant à Hénonville, est autorisé le
12 août 1845 à poursuivre l’exploitation à ciel ouvert d’une carrière de pierre à bâtir. En fait les deux carrières, desservies
par le même chemin, n’en font qu’une. Leur masse est de 5 mètres avec 2 mètres de recouvrement.
Le 15 mars 1861, Rigaut, maître maçon demeurant à Arronville, demande l’autorisation d’exploiter une carrière,
à ciel ouvert, pour en extraire de la pierre à bâtir, dans une pièce de terre de 50 ares dont il est propriétaire au lieu-dit
Le-Chemin-d’Haravilliers (section E n° 104).
Le recensement de 1861 demandé par le préfet fait mention de quatre carrières de pierre à bâtir, en activité.
Elles sont exploitées, à ciel ouvert, par Émile Dennery aux lieux-dits La Croix Renard et La Cavée Delatre et
par M. De Beurnonville lieu-dit Les-Carrières, enfin par Sylvain Rigaut Chemin d’Haravilliers. À cette occasion
Chouquet, le maire, observe « Qu’en raison de la vigilante surveillance que le garde champêtre exerce sur toutes les
carrières, la sécurité publique et particulière paraît suffisamment assurée ».
9.- Étienne Martin, baron de Beurnonville (1779-1876), neveu du maréchal Pierre de Riel de Beurnonville habite le château de La Chapelle qu’il a rebâti sur
l’emplacement de l’ancien château de son oncle.
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patrimoine
Le 2 avril 1862, Frédéric Chouquet demande l’autorisation d’exploiter une carrière à ciel ouvert pour en extraire
de la pierre à bâtir dans une pièce de terre de 80 ares dont il est propriétaire au lieu-dit Chemin-d’Haravilliers (section
E n° 106).
Les carrières de Vallangoujard
Une carrière publique : une autorisation est accordée à Robert de poursuivre l’exploitation d’une carrière de
pierre à bâtir à ciel ouvert, au lieu-dit Les-Clapiers sur la route départementale n° 16 de Pontoise à Beauvais. La masse
est de 3,40 m et recouverte de 3,20 m de terre. Il n’extrait pas lui-même la pierre mais permet aux Vallangoujardois,
moyennant une faible rétribution, de l’exploiter.
Auziaux, maître maçon, est autorisé à exploiter le 11 juillet 1848 une carrière de moellon à ciel ouvert au lieu-dit
Côte-Jean-Thibaut. Elle a son entrée sur la Cavée du chemin conduisant de Vallangoujard à Mézières. Sa surface est
de 10 ares, la masse de pierre de 1,40 m avec recouvrement de 1,50 m de terre.
En mars 1861 on recense dans la commune trois carrières de pierre à bâtir à ciel ouvert : l’une Côte de Vallangoujard,
propriété de Jean Baptiste Dubois, est abandonnée. L’activité de l’autre à la Garenne, appartenant à Topinard, est
suspendue. Seule la dernière, chemin de Rhus, dont Becquet est propriétaire, et qui est exploitée par Talon Neuveu
est en activité.
Les carrières de pierre a bâtir de Labbeville
Antoine Theuret, maçon, s’est vu accorder le 7 juin 1845 le droit d’exploiter une carrière de pierre à bâtir à ciel
ouvert de 7 ares environ, au lieu-dit Chante-Pie. Elle est attenante à son habitation. François Thibivillier, carrier demeurant dans le village, exploite depuis octobre 1845 une carrière de pierre à bâtir à ciel ouvert, au lieu-dit Flélu. Le terrain
a une contenance de 50 ares, y compris la partie déjà exploitée. Sur ce même lieu-dit Becquet est autorisé, deux mois
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patrimoine
Au premier plan les traces d’une carrière à ciel ouvert
plus tard, à exploiter, à ciel ouvert, une carrière de pierre à bâtir. Le terrain de 10 ares appartient à Massin, cultivateur
à Vallangoujard, fait partie d’une grande étendue où se trouve une carrière souterraine abandonnée depuis longtemps.
La masse se compose d’un banc de pierre calcaire (pierre de taille et moellon) dont l’épaisseur est d’environ quatre
mètres, recouverte d’un tuf de constitution très solide, épais de 2 m environ (y compris les 10 cm de terre végétale).
En 1861 le maire ne mentionne qu’une seule carrière de pierre à bâtir, à ciel ouvert, au lieu-dit Flélu. Encore
n’est-elle exploitée par Chéron, son propriétaire, que deux mois dans l’année.
Les carrières de pierre tendre de Frouville
D’après le recensement de 1861 effectué par le maire pour le préfet, il existe huit carrières dans la commune. Six,
situées au lieu-dit Grainval, sont à ciel ouvert. Trois, appartenant à Dupuis, sont exploitées par Varinois qui en extrait
de la pierre tendre et de la roche. Deux autres, propriété du Baron de Vaux, sont exploitées par Caffin qui en extrait
22
patrimoine
également de la pierre tendre. La dernière, appartenant à Dunoid et Darras, est abandonnée. Au lieu-dit Les-Couteaux,
Alix, propriétaire, exploite une carrière de pierre tendre. Le Baron de Vaux possède au lieu-dit Le-Grand-Bois, une
carrière souterraine abandonnée depuis de nombreuses années.
Les carrières d’Hédouville
En 1845 (arrêté du 27 mai), Dubois est autorisé à poursuivre l’exploitation d’une
carrière à ciel ouvert, au hameau d’Hodan, au lieu-dit les Charrières par 1845.
Seize ans plus tard à l’occasion du recensement de 1861 le maire indique la
présence de carrières à ciel ouvert de pierre à bâtir.
À La Garène deux carrières existent. L’une, dont l’activité est suspendue, appartient
à Mme veuve Fournier et l’autre, abandonnée, à Templier. Trois sont encore exploités par
Fizanne, Petitpas et Chevier au hameau de Hodan. Les propriétés de la veuve Jorelle et
de Jean Baptiste Fizanne sont abandonnées, et l’exploitation de la carrière appartenant à
Dubois est, elle aussi, arrêtée.
La carrière de Berville.
En 1861, il n’est signalé à Berville qu’une carrière de pierre à bâtir à ciel ouvert, en pleine activité, au lieu-dit
Le-Champ-Brulé. Propriété de M. Roslin Baron d’Ivry, elle est exploitée par Casimir Frémont.
Le Heaulme.
Il n’est fait aucune mention de carrière cette même année.
Les carrières de Ronquerolles
En 1834, le Sieur Denise projette la construction d’un four
et d’un établissement pour la fabrication de tuiles et de briques,
sur un terrain qu’il possède au hameau des Tuileries. Un arrêté
du préfet en date 1er octobre lui en donne l’autorisation.
Le 25 septembre 1845 Jean Louis Canterelle, de Chambly,
est autorisé à poursuivre l’exploitation à ciel ouvert d’une
carrière de pierre à bâtir, d’une surface de 9 ares 43, située
au lieu-dit La-Cavée ou La Petite Carrière, sur le chemin
des Tuileries.
Le 7 janvier 1848 Jean Baptiste Bourdon, carrier,
demande l’autorisation d’exploiter, à ciel ouvert, une carrière
de pierre à bâtir, au lieu-dit Les-Carrières ou Houssemagne,
chemin de Pontoise. La masse est de 7 m recouverte par
1,80 m. L’exploitation du moellon et du libage10, se fait à
la pioche et à la pince. L’état de 1861 mentionne que cette
carrière, toujours en activité, emploie seulement deux
ouvriers.
Il indique également une carrière de pierre à bâtir à ciel
ouvert, au lieu-dit La-Croix-Sainte-Barbe. Elle appartient à
Henri Camaret et n’est plus en activité.
10. Gros moellon dur gros­siè­rement équarri et destiné aux fondations
23
Deux élégantes visitent en 1900 les carrières de Ronquerolles
patrimoine
Pastel exécuté par Bourdequin en 1815. A cette époque la carrière n’est déjà plus exploitée. Aurait-t-elle servie trois siècles auparavant à
la construction de l’église de Ronquerolles qu’elle surplombe ? Dans le lointain on aperçoit le clocher de l’église de Chambly.
Sculptures réalisées sous l’empire par les carriers dans leur habitat troglodyte à Ronquerolles. (Propriété privée)
24
patrimoine
Sur cette photographie des années vingt, à la sortie de Ronquerolles, on remarque, sur le bord de la route d’Hédouville­, à proximité d’une
charmante maison, toujours présente, une petite carrière.
Hérouville.
Le 28 mai 1863, le maire informe le sous-préfet de l’absence de carrière sur son territoire.
Les carrières de Nesles-la-Vallée
En 1845, il est procédé à une régularisation de toutes les carrières
Un mois d’avril riche en autorisations.
Le 3 avril Denis Sarazin, cultivateur, est autorisé à poursuivre l’exploitation d’une carrière à ciel ouvert de pierre à bâtir, au
lieu-dit Chemin-de-Labbeville ou Flélu ou Les Tournelles du Moncel. Elle est située dans un terrain de 5 ares 55, avec une masse
de pierre de 5 m d’épaisseur et recouverte de 2,60 m de terre. De même pour Petiot, le 17 avril, qui peut continuer l’exploitation de
deux carrières de pierre à bâtir situées au lieu-dit Le-Clos-Marie, chemin de Chenival. À la même date et sur le même lieu François
Vanême, propriétaire d’une carrière de pierre à bâtir, est autorisé à poursuivre son exploitation ainsi qu’une autre à ciel ouvert sise
au lieu-dit La-Citadelle, chemin de Chenival. Enfin, le 19 avril, Nicolas Thomas Bazot, propriétaire et carrier maçon demeurant
à Verville, peut continuer l’exploitation d’une carrière de pierre à bâtir au lieu-dit La-Cavée.
Des exploitations à ciel ouvert sont poursuivies par cavage.
Duplessis peut poursuivre l’exploitation d’une carrière à ciel ouvert, de pierre à bâtir, située lieu-dit La-Cavée. C’est
le même jour, le 6 octobre 1845, que Gabriel Lefèvre, de Jouy le Comte, est autorisé à exploiter, par cavage, une carrière
souterraine de pierre à bâtir située lieu-dit La-Cavée-des-Portes au-dessus du Château. Son exploitation avait été commencée
à ciel ouvert. Il souhaite également exploiter une carrière souterraine de pierre à bâtir située lieu-dit Les-Quatre-Vents, sur
le grand chemin de Frouville. Son exploitation sera poursuivie par cavage comme pour celle de Victor Lefèvre, de Nesles,
autorisé le 2 mai 1847, à exploiter à ciel ouvert, sa carrière de pierre à bâtir au lieu-dit La-Cavée-des-Portes. D’une contenance de 2 ares, avec une masse de 4 mètres et un recouvrement de 2 mètres, elle sera continuée par cavage.
25
patrimoine
Un arrêté préfectoral du 8 juillet 1847 autorise
Guernier, propriétaire du terrain, à continuer l’exploitation, à ciel ouvert, au lieu-dit Les-Roches-Blanches,
d’une carrière de pierre destinée à être concassée pour
l’empierrement des routes. Elle a une contenance de 5
ares 50 centiares avec une masse de 2,50 et un recouvrement 50 centimètres.
De la pierre expédiée à Paris par le chemin de fer du
nord.
En 1857, Charles Girolles et Théodore Dailly,
carriers demeurant à Nogent, un quartier de L’IsleAdam, demandent l’autorisation d’ouvrir et d’exploiter, à ciel ouvert, une carrière de pierre à bâtir dans
un terrain de 51 ares 7 centiares leur appartenant
au lieu-dit L’Étang ou Le Val de Nesles. Ce terrain
situé dans une côte face au midi se compose d’un
banc de moellons, d’un banc de libage, d’un autre
appelé le banc franc ou royal, et d’un quatrième dit
banc de roche. L’épaisseur totale est de 3 m sous 2 m
de recouvrement. La pierre issue du banc royal et
du banc de roche, dont la quantité pourra s’élever
annuellement de 700 à 800 mètres cubes, sera expédiée sur Paris par le Chemin de Fer-du-Nord pour
y être employée à la construction de bâtiments. Le
moellon et le banc dit de libage seront utilisés dans
les localités environnantes.
Girolles et Launay, propriétaires d’un terrain, lieu-dit
La-Croix-des-Friches ouvrent le 12 février 1860, une carrière
à ciel ouvert de pierre à bâtir. Elle comporte une couche de pierre de 5 m d’épaisseur,
recouverte d’une couche calcaire et marneuse de 2,50 m. La pierre extraite est destinée à
Paris. Celle débitée en moellons est employée dans les communes proches.
Toutes les carrières recensées le 1er mai 1861 sont à ciel ouvert.
Pour quatre d’entre elles l’extraction est suspendue : à Verville celles de pierre
mi-dure de Mauriceau et Bazot, à Nesles celle de pierre tendre de Pilon et à Moncel
celle de Sarazin. Huit autres, de pierre à bâtir dure ou mi-dure, sont en activité : quatre
aux Étangs, exploitées par Launay, Girolle, Aubin, et Vanême fils, deux à Chenival
exploitées par Petiot et Vanême père, une autre au Val Milon appartenant à Bazot et
la dernière, celle de Sarazin à Flélu.
Dramatique accident du travail
L’Écho Pontoisien du jeudi 12 février 1880 relate un accident mortel
survenu à Nesles, qui témoigne de la dangerosité du travail de carrier.
Un accident est arrivé, lundi, dans une carrière exploitée par M. Bonpain.
Plusieurs carriers étaient occupés à creuser une tranchée dans un banc de
pierre tendre, lorsqu’un bloc se détachant tout à coup vint renverser l’un
d’eux, le nommé Vallier. Les autres ouvriers s’empressèrent, à l’aide de pinces, de soulever la pierre sous
laquelle se trouvait pris leur malheureux camarade ; mais lorsqu’ils parvinrent à le retirer ce n’était plus qu’un
cadavre ; la poitrine et le cœur avaient été écrasés. Vallier, qui était âgé de 38 ans, laisse une veuve dans une
position très précaire.
26
patrimoine
Claude Bonpain, marchand de vins à Paris, est reconnu coupable de contravention aux « lois et règlements
pour l’exploitation des carrières », pour avoir continué l’exploitation d’une carrière, à Nesles-la-Vallée, sans
en avoir fait la déclaration au maire. Il est condamné à 100 francs d’amende. Qu’est devenue la veuve Vallier ?
Le 28 décembre 1895,
le conseil municipal autorise M. Mérelle à créer un
passage souterrain sous le
chemin des Carreaux, pour
faciliter l’exploitation de
sa carrière.
Il semble que l’Ingénieur des mines, non
informé par le conseil
municipal, fasse des
réserves.
Les carrières de Valmondois
À partir de 1845 Fouillère exploite à ciel ouvert une carrière de pierre à bâtir, dite la carrière de Valmondois,
située sur le territoire des communes de Valmondois et d’Auvers.
Des carrières depuis longtemps abandonnées.
En 1861, au lieu-dit Montalet, se trouvent huit carrières de pierre à bâtir : cinq, à ciel ouvert, appartiennent à
Alexandre Boucher et à Claude, Louis et François-Nicolas Bernay. Trois, souterraines, sont propriété de Nicolas
Frémont, François-Amédée Boucher et Jean Louis Bernay. Toutes sont abandonnées.
Le Conseil Municipal demande au préfet, le 12 novembre 1884, la fermeture de carrières souterraines depuis
longtemps abandonnées sur le territoire de Valmondois, et notamment sur la côte d’Orgivaux. Les dites carrières
servent d’asile à de nombreux nomades qui s’y installent surtout pour passer la saison rigoureuse, « ne vivant
que de vols et de mendicité ». De nombreuses plaintes contre ces personnes sont déposées à la mairie.
Un rapport de l’ingénieur des mines du 10 avril 1895 nous renseigne sur les quatre carrières de la
Côte d’Orgivaux dont ni l’ouverture ni l’abandon n’ont jamais été déclarés.
La première, située au lieu-dit Le-Bout-d’en-Bas, est composée d’une rue unique de 20 m de long, 3 m de
large et 3 m de hauteur et appartient à Renault de Méry. La seconde, au lieu-dit Le-Carrouge, est formée d’une
galerie d’une longueur de 30 m sur 3 m de largeur et 4 m de hauteur. Son propriétaire, Louis Gustave Bonneau,
est comptable à Bois-Colombes. La troisième à Orgivaux, consiste en une chambre de 6 m de long et 4 m de
large, avec une entrée d’1,50 m de largeur. Elle appartient à Antoine Bernay, de Valmondois. La quatrième, qui
touche à la précédente, est formée d’une chambre de 10 m sur 5 m et une entrée de 2,50 m. Le propriétaire est M.
de Montegeon11 à Valmondois. Ni l’ouverture, ni l’abandon de ces carrières, qui ne sont plus exploitées depuis
très longtemps, n’ont été déclarés.
11.- La famille de Montgeon ancien propriétaire du château de Valmondois.
27
patrimoine
Entre 1880 et 1905, E. Lemaire briquetier de Butry, possédait une fabrique active à Valmondois.
28
patrimoine
Les carrières d’Auvers et Butry
Construction d’un four à plâtre sur une rive de l’Oise, près du lieu de mise en œuvre du produit.
Une autorisation est accordée le 14 février 1829 à Alexis Chéronnet, plâtrier demeurant à Frépillon, d’établir
un four à plâtre permanent, dans une pièce de terre, appartenant à Javon, dont il est locataire. Elle se trouve à
peu de distance du chemin de contre-halage de la rivière d’Oise, en amont du pont. C’est un exemple de four
implanté au plus près du lieu de mise en œuvre du produit, à distance des carrières.
Carrières de pierre à bâtir, de taille, moellons et libage
Pierre Dépesseville, propriétaire à Auvers, est autorisé le 2 juillet 1844 à exploiter à ciel ouvert une carrière
de moellons située au lieu-dit La-Cour-Basse, hameau de Butry.
Un arrêté préfectoral du 17 avril 1845 accorde à Fouillière, le droit d’exploiter, à ciel ouvert d’une carrière
de pierre à bâtir, dite La Carrière de Valmondois, implantée sur les communes d’Auvers et de Valmondois.
Le 20 novembre 1855, autorisation est donnée à Jean Antoine Benjamin Lartigue d’exploiter par cavage
une carrière de pierre à bâtir, au lieu-dit Butry, La Maison du Beaume. Un an avant, elle était exploitée à ciel
ouvert par son propriétaire Levieux.
Carrières converties en habitations ou remises
L’état des carrières de 1861 mentionne que sur les vingt-deux carrières de la commune la moitié seulement,
est en activité. Souterraines, elles produisaient pierre de taille, moellon et libage. Trois carrières, à ciel ouvert,
sont encore en activité pour l’extraction de moellons, au lieu-dit Lyony. Les propriétaires et exploitants sont
Jules Margerie, Leroux et Deslandre. Ces deux derniers ne les utilisent qu’un quart de l’année.
La carrière de pierre de taille située au lieu-dit Les-Longines et dont Civet est le propriétaire exploitant
est toujours en activité. Elle est en partie souterraine et à ciel ouvert. M. Roussel, propriétaire au lieu-dit
Chevallerue, exploite une carrière souterraine de pierre de taille.
Les carrières abandonnées lieux-dits Beaume, Chaponval, les Larris de la Croix, les Vallées, Monthier, les
Échanges, Lézardière et les Carrières aux Coulons, furent souvent converties en habitations ou remises.
Les carrières Saint-Martin
Au lieu-dit Les-Saint-Martins, existent quatre carrières souterraines de pierre de taille. Si celle d’Aubin est
abandonnée, trois sont en activité. Leurs propriétaires et exploitants sont Minart, Conti ainsi que Mme Bienvenue
avec la commune d’Auvers. Si l’origine de ces carrières n’est pas datée mais on est toutefois en droit de penser
que les débuts d’exploitation sont très anciens.
Grâce à sa situation au bord de l’Oise, permettant un transport facile et rapide des pierres vers la
capitale, Auvers a pu longtemps jusqu’en 1884, exploiter ses carrières. C’est surtout à l’époque du baron
Haussmann, qui réaménageait le centre de Paris, que la pierre auversoise a été utilisée. On peut estimer à environ
350 000 tonnes la quantité de calcaire extraite des carrières des Saint-Martins. L’extraction de la pierre s’est
poursuivie jusqu’en janvier 1884.
Une seconde vie pour les carrières : la culture du champignon. Le 13 janvier 1885 les carrières sont
cédées à René Laurent pour y cultiver le champignon de Paris. Il achète le cavage à un carrier de L’Isle-Adam
au nom prémonitoire de Girolle ! La culture du champignon de Paris sera poursuivie jusqu’en 1950. Les carrières
tombent alors dans l’oubli. Si les champignonnistes ont investi les carrières souterraines d’Auvers, c’est qu’à
la fin du xixe siècle l’usage du béton s’est généralisé, le parpaing supplantant le moellon.
29
patrimoine
30
patrimoine
Les carrières de Jouy le Comte et de Parmain
L’architecte André avait créé en 1777 des carrières rue Montarène pour extraire la pierre destinée à construire
les écuries du château du dernier Prince des Conti. Ces bâtiments
implantés à L’Isle-Adam entre la Grande rue et l’avenue des Écuries,
durèrent jusqu’en 1780.
Le préfet accorde, le 26 août 1845, à Jean Fouillère, maître carrier
à Conflans-Saint-Honorine, l’autorisation d’exploiter, par bouche
et cavage, une carrière de pierre à bâtir au lieu-dit Les-Jus. L’année
suivante il est autorisé à continuer l’exploitation d’une carrière souterraine de pierre au lieu-dit Bois-Garnetin, à Parmain.
Le 6 octobre 1845, Guendé peut continuer, à ciel
ouvert, l’exploitation d’une carrière de pierre à bâtir
au lieu-dit Orgivaux. Lefèvre reçoit l’autorisation,
le 21 octobre 1845, d’ouvrir une carrière de pierre à
bâtir, à ciel ouvert et par cavage, au lieu-dit La-CroixChamp-Fleur, chemin de Jouy à L’Isle-Adam. De
même deux ans plus tard pour Delaroche au lieu-dit
Le-Clos-Bourgeois.
L’autorisation est accordée, le 14 octobre 1848,
à Louis Robert Pilon, entrepreneur de bâtiments à
Valmondois, d’exploi­ter une carrière souterraine de
pierre à bâtir au lieu-dit Les-Sablons-de-Parmain,
section B n° 284 et 277, qui sera reprise par Beau
en 1856. Le 3 févier 1855, Dupuis et Heude sont
autorisés à exploiter une carrière de pierre à bâtir à
ciel ouvert, située au lieu-dit Au-dessus de l’Église.
Il en est de même, le même jour, pour Topinard et
Pinaud à Parmain.
Le 1er août 1855 Bazot est autorisé à exploiter
une carrière de pierre à bâtir, à ciel ouvert, située à
Parmain, au bord du chemin de grande communication n° 4, au lieu-dit La-Côte-de-Parmain.
31
patrimoine
Louis Robert Pilon peut construire un four à chaux dans l’intérieur de sa carrière, bordant le côté droit de la route
départementale N° 21 dans la côte de Parmain au lieu-dit La-Côte-de-Nesles, (9 août 1856).
Le sieur Steme semble être un des derniers à avoir
demandé courant 1867, l’autorisation d’établir des fours à
chaux, dans la propriété de Delobel à Parmain.
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patrimoine
Début de l’industrialisation, 1er avril 1860. C’est à cette date qu’un certain Franck est autorisé à faire usage
dans sa carrière à ciel ouvert, sise à Parmain, hameau de Jouy-le-Comte, d’une machine à vapeur de la force de six
chevaux. Cette machine entraîne deux scies circulaires servant à débiter la pierre, et se déplaçant sur une voie de fer
portative. La locomobile est appelée à fonctionner sur des découvertes éloignées de toute habitation.
Le progrès
Certaines de ces carrières, maintenant abandonnées, ont été utilisées pour cultiver des champignons
ou pour le forçage des endives.
33
patrimoine
Cheminée d’aération d’une champignonnière
Utilisation d’une carrière pour la culture des endives (Parmain)
Ces informations sur les carrières de la vallée du Sausseron sont partielles, issues en grande partie des archives
de la préfecture qui ont été déposées aux Archives départementales du Val-d’Oise. Les carrières avant le xixe siècle
n’y sont pas répertoriées, sauf en cas de litige, procès ou réouverture.
Les carrières de pierre à bâtir, qui fermèrent dans les années 1900, ont été, pour les plus grandes, reconverties en
champignonnières et pour les autres en habitations ou remises.
Celles de pierre à plâtre ont été fermées et la plus grande partie détruite par effondrement, créant des sols instables
peu propices aux constructions.
Ces carrières étaient en grande majorité des entreprises artisanales, n’employant habituellement que trois ou quatre
personnes, parfois plus pour des périodes épisodiques.
Les paysages actuels que nous contemplons avec plaisir dans la vallée du Sausseron ont été, certes, modelés par
la nature, mais modifiés aussi par l’homme pour construire son habitat. Jadis, pour l’empierrement des routes et des
chemins, on ouvrait des carrières, certes modestes, mais bien visibles.
On peut affirmer que pour un relief créé par l’homme, il y a un creux quelque part !
Exposition d’outils de carriers à l’occasion de la XXIXe Rencontre du Sausseron
(Vallangoujard 19 novembre 2011)
34
environnement
A propos de nos déchets
Monique Cossard
Au commencement les hommes utilisaient les bois, la haie, le tas de fumier, le feu, l’âtre et les décharges sauvages,
la feuillée, « la cabane au fond du jardin », l’eau pour se débarrasser de leurs déchets. Des aqueducs, vespasiennes,
latrines, toilettes à la turcque aux water-closets, le temps a passé.
Vers l’an 1200, Philippe Auguste fait paver les rues de Paris avec une rigole d’évacuation d’eaux usées prévue en
leur milieu.
Imaginons cette ville médiévale, avec ses maisons en torchis et colombages qui surplombent les ruelles étroites, sombres, insalubres et nauséabondes. Volailles, bétail, animaux domestiques et humains cohabitent dans
ces rues et pataugent dans les effluents divers, la glaise et les cailloux. Il était
temps de commencer à y mettre de l’ordre !
En 1370, sous l’impulsion du prévôt de Paris, Jacques Aubriot, de
nouveaux égouts souterrains voient le jour à Montmartre.
On peut s’étonner que les égouts antiques, construits par les romains
sous l’actuel boulevard Saint-Michel soient tombés dans l’oubli et qu’il faille
attendre 1412 pour imaginer de les restaurer et les étendre.
C’est le baron Georges Haussmann préfet de Paris en 1852 qui initie les
grands travaux d’aménagement de la capitale et l’installation intensive
des égouts.
L’ingénieur Eugène Belgrand diligente les travaux et, en 1878, 600 km
de collecteurs reçoivent les eaux usées de Paris.
Sous la iiie République, Eugène René Poubelle, préfet de la Seine (1883 à
1896), est un pionnier de l’écologie et de l’hygiène.
• par son arrêté préfectoral (7 mars 1884) relatif à l’enlèvement des
déchets ménagers, il porte obligation aux propriétaires parisiens de fournir
à chaque locataire un récipient pesant moins de 10 kg à vide, en bois, muni
de couvercle et poignées, doublé à l’intérieur de fer-blanc afin que rien n’en
échappe, et qu’il puisse recueillir les cendres chaudes sans risque d’incendie.
Le tri est déjà prévu : trois récipients doivent figurer : l’un commun pour les résidus de ménage, l’autre pour
les débris de verre, de poteries et
autres vaisselles, et le dernier pour les
coquilles d’huîtres et de moules.
Des voix s’élèvent contre ces
mesures. Les chiffonniers mécontents obtiendront un délai d’une heure
pour « trier les ordures » (faire les
poubelles !) entre l’heure de sortie des
récipients et le passage des tombereaux de ramassage !
Pour la petite histoire, la boite
à ordures va prendre le nom de
« poubelle ». Le mot, pour la gloire de
35
environnement
son inventeur, a l’honneur de figurer dans le grand dictionnaire universel du xixe siècle. Pour rendre justice à l’histoire,
il semble que le préfet Poubelle ait eu un précurseur en la bonne ville de Camaret.
• par sa lutte contre les épidémies. À la faveur de l’épidémie de choléra de 1892, la grande puanteur, et des
découvertes de Pasteur sur les microbes, Eugène Poubelle poursuit son action en ajoutant en 1894 de nouveaux
collecteurs d’égouts à Paris.
Les dispositions de son arrêté préfectoral seront étendues à tout le département de la Seine puis dans la France
entière. Les pays industrialisés les adopteront par la suite.
La sédentarisation, le regroupement des populations et le développement d’agglomérations de plus en plus étendues
et de plus en plus denses en nombre d’habitants vont concentrer la production des déchets que l’évolution industrielle
va considérablement augmenter en y ajoutant des composants nouveaux pas toujours anodins.
Les eaux usées
Le traitement des eaux usées premier enjeu de santé publique et de biodiversité aquatique.
Au temps où la distribution d’eau potable n’était pas organisée et généralisée, on était beaucoup plus parcimonieux
dans son utilisation et en conséquence moins producteur d’eaux sales.
Pour l’heure, à l’échelle mondiale, le traitement des eaux usées est un enjeu primordial de santé publique. C’est
entre autre, ce que les épidémiologistes et les hygiénistes nomment le péril fécal. Quatre mille enfants de moins de
cinq ans meurent chaque jour pour avoir absorbé de l’eau polluée.
La survie de la faune et de la flore aquatiques dépend de la qualité du traitement de nos eaux usées.
Les pouvoirs publics, conscients de l’enjeu, ont édicté diverses lois et décrets sur l’eau, pour tenter de résoudre
ces problèmes.
Ils font obligation aux collectivités locales, aux agriculteurs et aux industriels de traiter leurs effluents de manière
efficace. Qu’elles soient d’origine urbaine, industrielle
ou agricole, les eaux polluées doivent être traitées avant
de rejoindre le milieu naturel. Chargées d’excréments,
de sables, de papiers, de plastiques, de déchets culinaires, de serviettes hygiéniques et autres tampons, de
brindilles de bois, de conservateurs, de détergents, de
pesticides, d’herbicides, d’agents pharmaceutiques (antibiotiques, bêtabloquants, antiseptiques, antiépileptiques,
anti-inflammatoires, régulateurs de lipides, extraits endocriniens), de chlore, d’ammoniaque, de phosphates, de
phosphore, de nitrates, de soufre, de métaux lourds, de
PCB, d’huiles, de graisses, de produits cosmétiques,
de bactéries et de virus1, diluées dans les quelque 200
litres d’eau que rejette environ quotidiennement chaque
Français, elles s’écoulent dans des collecteurs souvent
anciens et vétustes qui les conduisent vers des lieux
d’épuration. Savez-vous qu’existe actuellement dans le
Pacifique un immense tourbillon, de plusieurs centaines
de km2, de petits fragments de plastique imputrescible
rejetés par l’homme et qu’avalent oiseaux et poissons ?
On ne sait pas encore comment s’en débarrasser.
Les lieux d’épuration sont individuels ou collectifs dans les pays industrialisés.
Selon l’arrêté de 1996, tout système d’assainissement effectuant la collecte, le prétraitement, l’épuration, l’infiltration ou le rejet des eaux domestiques des immeubles non raccordés au réseau public d’assainissement doit être
1.- Liste non exhaustive
36
environnement
considéré comme assainissement non collectif. Ce n’est donc pas le mode de traitement qui entre en ligne de compte
pour qualifier l’assainissement, mais la nature du réseau de collecte.
Individuels : les assainissements autonomes.
Collectifs : le lagunage ou majoritairement les stations d’épurations. Elles seront plus ou moins complexes
selon le degré de pollution des eaux, la nature des polluants et le niveau de propreté de l’eau rejetée en milieu naturel.
C’est aux communes qu’il appartient de déterminer les systèmes appropriés. Elles sont tenues d’identifier
sur leur territoire les zones qui relèvent de l’assainissement collectif, autonome voire semi-autonome.
En milieu rural, en présence de terrains disponibles, elles peuvent décider l’installation d’un lagunage.
L’assainissement autonome
Dans les zones d’habitat dispersé l’égout collectif ne se justifie pas toujours.
Il est trop coûteux pour les communes : peu d’habitants à raccorder pour beaucoup de canalisations.
L’histoire peut se compliquer en présence de nappe phréatique résurgente, quand manque le terrain disponible ou
que le sous-sol est trop rocheux.
Économique pour les communes, cette solution peut l’être moins pour l’usager. Certes il n’y a pas de frais de
raccordement et pas de redevance pour l’assainissement, mais l’installation peut s’avérer très onéreuse. Les curages
de fosses doivent être entrepris régulièrement et il faut s’acquitter des redevances dues lors des contrôles.
Il est impératif que les installations soient conçues, situées et utilisées de façon à ne présenter aucun risque de
contamination des eaux.
Leur implantation doit être faite à plus de 35 m des sources d’eau potable ou de puits, voire même à 50 m dans
certains départements, et respecter une distance de 5 m des habitations et de 3 m des fonds voisins2.
L’assainissement autonome, par ailleurs, offre un rendement supérieur à l’assainissement collectif. L’impact des
2.- Limite des propriétés voisines
37
environnement
rejets est moindre pour l’environnement car il évite la concentration de ceux-ci en aval des bassins versants. L’eau en
fin de traitement est infiltrée dans les sols.
Dans ce système, les eaux sales doivent être exemptes de tous solvants, d’huiles, de javel, de détergents inadaptés
et autres produits pouvant agresser les bactéries qui procèdent à la purification de l’eau.
Des activeurs biologiques sont prescrits pour aider les micro-organismes à se développer et contrebalancer les
effets nocifs des rejets de médicaments en particulier des antibiotiques.
Précédée du bac dégraisseur, une fosse à cloisons siphoïdes reçoit toutes les eaux.
La sédimentation des
matières solides s’y opère,
accompagnée d’une digestion anaérobie par les microorganismes. Le traitement
se poursuit par la dispersion
des eaux dans des drains
qui favorisent l’épandage
souterrain en terrain filtrant
naturel ou artificiel où vivent
des bactéries aérobies qui
achèvent le travail.
Le bac dégraisseur doit
être vidé tous les six mois et la
vidange de la fosse est obligatoire dès que les boues atteignent
50 % de la hauteur de celle-ci. Les
boues doivent rejoindre les stations
d’épuration pour y être traitées. Telle est
la règle, mais qu’en est-il en pratique ?
Il existe une autre forme de filtration à la place des sables : le
bioréacteur à membrane.
Ce système, par filtration membranaire et traitement enzymo-bactérien permet de s’affranchir des épandages et
de réutiliser 100 % des eaux traitées. Il est particulièrement utilisé par l’industrie.
La réglementation impose aux communes la surveillance du bon fonctionnement de l’assainissement autonome.
La loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA -2006) est venue renforcer celle de 1996. Cette dernière restait
un peu floue, mais les décrets d’application en 2009 de la loi LEMA, très explicites sur le rôle des collectivités locales,
ont apporté toutes les précisions nécessaires.
Les communes ont obligation, depuis le 31 décembre 2005, de mettre en place un service public d’assainissement
non collectif (SPANC).
Les SPANC doivent désormais :
- Contrôler les installations périodiquement au moins une fois tous les huit ans, et dans leur totalité, au moins une
fois avant le 31 décembre 2012
- Établir un rapport de contrôle
- Et percevoir une redevance auprès de l’usager.
Ce dernier, en cas de non-conformité, dispose d’un délai de quatre ans pour effectuer les travaux préconisés dans
le rapport. Bien évidemment les installations doivent être accessibles pour assurer leur entretien et les contrôles. En
cas de vente d’un bien immobilier, le rapport du SPANC doit être annexé à l’acte de vente.
L’assainissement autonome intéresse 13 millions de Français non raccordables à un réseau collectif et concerne
20 à 30 % de la population rurale.
38
environnement
Le lagunage
Phénomène naturel, l’épuration par lagunage est obtenue grâce à un processus biologique auquel participent des
bactéries, du zooplancton, des algues et des plantes.
Il consiste à collecter les effluents et à les
faire circuler gravitairement dans des bassins très
larges et peu profonds (de la taille d’un étang),
durant une longue période. Trois bassins, en série,
sont en général nécessaires. Le bassin de tête est
précédé de grilles pour retirer les gros déchets.
Il élimine essentiellement les polluants carbonés
des eaux brutes. Les bassins suivants dits d’affinage peuvent permettre en outre l’élimination des
contaminants biologiques par action du rayonnement solaire.
La photosynthèse assure la prolifération de
micro-algues qui vont fournir l’oxygène nécessaire à la formation et la multiplication des bactéries qui digèrent la pollution : c’est la digestion
microphyte.
Des plantations de roseaux, de carex, de
massettes, de joncs, de phragmites et de graminées assureront la digestion macrophyte.
Des recherches récentes de l’INRA ont mis en
évidence le pouvoir filtrant de ces plantes, Elles
participent à la dépollution des sols. Elles sont employées, à l’heure actuelle, à l’assainissement des eaux grises3 de
la Seine à Nanterre.
Carex elata
Proliférant naturellement à l’aide de leurs
rhizomes souterrains,
laissant le vent disséminer leurs graines
ces plantes stabilisent
les berges et les talus
qu’elles colonisent,
quelque soit la nature
du terrain. De plus, elles
abritent une petite faune
utile : orvets, hérissons, et
autres batraciens.
Carex lasiocarpa
Le lagunage se développe en France.
Le système de lagunage est en fort développement en France dans les petites communes rurales qui disposent de
l’espace suffisant. Solution économique, installation discrète et rustique, respectueuse de l’environnement, offrant
3.- Les eaux grises sont les eaux usées domestiques qui ne comprennent pas les eaux-vannes que sont les rejets des toilettes, chargés de diverses matières
organiques azotées et de germes fécaux.
39
environnement
des performances d’épuration honorables, elle s’intègre parfaitement dans le paysage. Il est nécessaire de disposer de
15 m² de lagune pour un habitant (équivalent/habitant)
Le lagunage qui épure complètement les effluents peut aussi servir à affiner les eaux traitées par des boues activées.
Pour traiter le lisier, il peut être utilisé aussi en complément d’une lombri-filtration.
Les grilles d’admission doivent être nettoyées chaque jour et les lagunes curées régulièrement.
Le lagunage, élément du paysage
Les lagunes accueillent de nombreux oiseaux, souvent des migrateurs, comme c’est le cas en Charente.
Des lagunages tertiaires ou épurations tertiaires, par taillis de courte rotation de saules, ont été testés efficacement.
Ces procédés sont très rares en France.
Les boues issues de ces traitements rejoignent les stations d’épuration pour y être traitées.
Est-il bien raisonnable d’utiliser l’eau potable, ressource rare et précieuse, pour diluer et entraîner nos excréments ?
Ne serait-il pas judicieux de s’attacher à diminuer drastiquement les eaux-vannes des toilettes ?
Les stations d’épuration
La plupart des usines de traitement fonctionnent selon le même modèle.
Teneurs en polluants des eaux.
Pour comparer les teneurs en polluants des eaux usées et des eaux épurées on utilise plusieurs indicateurs.
- les matières en suspension, minérales ou organiques non dissoutes : MES en mg/l
40
environnement
- les matières organiques dissoutes, présentes sous forme particulaire
On les mesure indirectement par :
- la demande biochimique en oxygène :........DBO............. en mg d’oxygène/l
la demande chimique en oxygène :...............DCO............. en mg d’oxygène/l
- l’azote et le phosphore.................................................en mg de N ou de P/l
- les contaminants biologiques : bactéries, virus, parasites en nombre le plus probable ou en nombre le plus probable
d’unités cytopathiques.4 (NPP ou NPPUC).
- les AOX5 (organo-halogénés). Ce sont des molécules à squelette carboné comportant un ou plusieurs atomes de
chlore comme les polychlorobiphényles (PCB), le chloroforme etc.
Une succession d’opérations est mise en œuvre pour permettre d’éliminer plus ou moins spécifiquement les concentrations de substances présentes dans les eaux.
- Le prétraitement
- Le traitement primaire ou physico-chimique
- Le traitement biologique ou secondaire
- Le traitement tertiaire
- le traitement des odeurs
Ces dispositifs sont empruntés suivant les cas par les eaux usées, en fonction de la nature des eaux recueillies et
des types de polluants à éliminer.
Les stations ne sont donc pas toutes identiques. Leur complexité varie suivant qu’elles reçoivent des eaux urbaines
ou industrielles ou agricoles ou plusieurs à la fois.
Elles sont installées généralement à l’extrémité d’un réseau de collecte juste en amont de la sortie des eaux vers
le milieu naturel.
4.- Cellules lésées
5.- Absorbable organic halogen, Substances chimiques de synthèse, produite par chloration d’hydrocarbures aromatiques, utilisés dans la fabrication de
fongicides et d’insecticides.
41
environnement
Pré traitement
Relevage
À l’aide d’une pompe ou d’une vis d’Archimède les effluents sont remontés de plusieurs mètres afin de
permettre un écoulement gravitaire d’un bout à l’autre du traitement.
Dégrillage et tamisage
Il s’agit de faire circuler les eaux à travers des
grilles placées au travers du canal d’amenée pour
retenir les plus gros déchets insolubles. Une ou
plusieurs grilles, au maillage de plus en plus serré,
se succèdent équipées d’un système automatique de
nettoyage pour éviter le colmatage.
Dégraissage-déshuilage-dessablage
De l’air est pulsé dans l’eau pour accélérer
la flottation des graisses et des huiles, grâce à la
coalescence6. Les gouttes seront ensuite raclées en
surface plus aisément. Le sable tombé au fond, est
récupéré par pompage.
Après ces opérations de prétraitement il reste une charge polluante dissoute et des matières en suspension
dans l’eau.
Traitement primaire
Décantation primaire
Elle consiste à ôter les matières particulaires
décantables. Dans des bassins plus ou moins volumineux selon les masses à traiter, les eaux séjournent
un temps variable selon la quantité de matières à
éliminer. La décantabilité des matières est mesurée
par l’indice de Mohlman7. Les boues se déposent au
fond du bassin ou elles sont recueillies par pompage :
ce sont les boues primaires.
Ce traitement permet la suppression d’environ
60 % des matières en suspension (MES) 30 % de la
DBO8 et 30 % de la DCO9.
Décanteur lamellaire (Rapport du Conseil économique et social)
L’emploi d’un décanteur lamellaire permet de
majorer le rendement de la décantation à 70 % des
MES et 43 % de la DBO.
La floculation augmente encore l’action de décantation. Sous l’adjonction d’un réactif, les particules
s’agglomèrent et les flocs chutent plus rapidement au fond du bassin avec comme conséquence : retrait de 95 %
des MES et 80 % de DBO.
6.- Propriété des gouttes d’huile ou de mercure de fusionner entre elles pour former une nouvelle goutte, plus grosse.
7.- L’indice de Mohlman (IM) est l’indice de décantation des boues. Cet indice définit (en millilitre) le volume de boue activée décanté en 1/2 heure par
rapport à la masse de résidu sec de cette boue (en gramme de matières) Il est aussi appelé Indice Volumétrique de Lodo (IVL) ou Indice de Boues (IB).
8.- demande biochimique en oxygène
9.- demande chimique en oxygène
42
environnement
Traitement secondaire
Il permet d’éliminer les substances animales et les matières organiques qui restent. C’est le niveau minimal de
traitement requis pour respecter les normes en vigueur concernant la qualité de rejet des eaux usées.
L’élimination des polluants carbonés et azotés passe par des procédés biologiques.
Il existe des procédés physico-chimiques, peu usités en France qui, dans certains cas (rejets industriels importants, conditions climatiques inadaptées au développement des bactéries, niveaux de rejet moins exigeants), peuvent
s’avérer plus adaptés.
Le traitement biologique s’adresse aux matières organiques biodégradables : sucres, graisses, protéines nocives
pour l’environnement car elles consomment de l’oxygène lors de leur dégradation. Or c’est ce même oxygène qui est
nécessaire à la survie des animaux aquatiques.
Élimination organique des composés
Les eaux arrivent dans un bassin où se développent des cultures de micro-organismes capables de digérer les
impuretés. On y reproduit en accéléré l’auto-épuration naturelle des rivières. Brassés et aérés, les micro-organismes
se multiplient très rapidement (leur nombre double toutes les 10 minutes). Ils se nourrissent de la pollution organique
et de l’oxygène de l’air en produisent du gaz carbonique et de l’eau.
Ces bactéries sont hétérotrophes10. Il faut donc apporter de l’oxygène à ce stade de traitement.
Nitrification
La seconde étape consiste à faire oxyder l’ammoniac en nitrite puis en nitrate. Les bactéries nitrifiantes sont autotrophes : elles fixent elles-mêmes le carbone nécessaire à leur croissance dans le gaz carbonique de l’air.
Dénitrification
Une troisième étape, facultative, peut être faite pour dénitrifier ou dénitrater les eaux résultant de la nitrification.
Dans les petites stations de traitement des eaux usées, cette étape se fait généralement en même temps que la nitrification par syncopage : arrêt de l’aération, en phase d’anoxie. Les nitrates, responsables, par exemple, de la prolifération
d’algues vertes, sont alors réduits en diazote rejeté dans l’air.
Cette opération tend à se généraliser pour protéger le milieu naturel.
Une décantation secondaire est mise en œuvre pour recueillir les polluants agglomérés par les bactéries. Cependant
10.- Qualifie un organisme qui assure sa subsistance en assimilant des substances organiques et incapable de les produire à partir de matière minérale.
43
environnement
celles-ci ont l’inconvénient de stopper leur activité en dessous de 5 °C et comme elles n’éliminent que peu de phosphates et aucun des déchets toxiques, il peut être nécessaire de compléter par la déphosphatation.
Déphosphatation
Le traitement du phosphore est surtout pratiqué dans les stations supérieures à 10 000 équivalent/habitants ou dans
de plus petites suivant la fragilité du milieu récepteur.
Cinq types de traitement sont possibles :
- le traitement physique à l’aide de membranes filtres
- le traitement chimique par des sels qui forment des précipités insolubles au fond du bassin
- d’autres méthodes chimiques et physiques
- l’EBPR11 ou PAO12. La bactérie acinetobacter non fermentante (EBPR) et la bactérie Acinetobacter phosphatis
(PAO) transforment le phosphore en polyphosphate.
- le traitement biologique complété par un traitement physico-chimique.
On récupère alors les boues secondaires.
Traitement tertiaire
Il consiste à réduire le nombre de micro-organismes présents dans l’eau à la fin de l’épuration. Il n’est pas toujours
nécessaire sauf si l’eau est rejetée en amont d’une zone de captage d’eau potable, de baignade ou autres milieux
sensibles. Ce traitement contre les bactéries peut être réalisé par ozonisation, chloration, par rayonnement d’UV (seul
traitement qui semble être efficace pour éliminer giardia et cryptosporidium) ou par filtration sur sables. La neutralisation des métaux en solution s’opère en faisant varier le pH de l’eau.
Traitement des odeurs
Lors du prétraitement des eaux et de la phase anaérobie du traitement biologique, les opérations se déroulent en
milieu fermé pour éviter la dispersion des odeurs. L’air nauséabond est recueilli et traité par lavages successifs à l’acide
sulfurique, à l’eau de javel, et à la soude.
Il existe aussi un procédé de désodorisation biologique qui consiste à faire circuler l’air au travers d’un matériau
poreux.
Comme pour l’eau potable, l’épuration des eaux usées fait l’objet de contrôles définis par la réglementation. Leurs
modalités sont précisées dans l’arrêté du 22 juin 2007.
Les usines d’épuration d’eaux usées récupèrent donc
des déchets : les refus retirés lors du traitement primaire,
les produits de curage, les graisses et les huiles, les boues
primaires et secondaires, les apports extérieurs issus aussi
bien de l’entretien des assainissements autonomes que
des lagunages et de l’épuration de l’eau potable. Ces
usines génèrent aussi de la pollution par l’emploi de
chlore par exemple.
Dans tous les cas, la séparation de l’eau traitée et
des boues (ou masse bactérienne) se fait dans un endroit
spécifique nommé « clarificateur ».
Clarificateur
11.- Enhanced Biological Phosphorous Removal
12.- Phosphorous Accumulation Organisme
44
environnement
DEVENIR DES RÉSIDUS
Que deviennent tous ces résidus ?
En parallèle à l’assainissement des eaux les déchets résiduels sont traités : un mètre cube d’eaux usées
contient environ 350 à 400 gr de boues très liquides, composées d’une forte proportion de matières organiques
donc très fermentescibles.
On distingue différents types de boues :
- Les boues primaires à la forte concentration en matières minérales et organiques évolutives.
- Les boues physico-chimiques ou boues primaires auxquelles des réactifs ont été ajoutés (sels de métaux,
floculants).
- Les boues biologiques ou secondaires issues des boues activées, des disques biologiques13 ou des lits bactériens, riche en multiples micro-organismes.
- Les boues mixtes, primaires et biologiques.
- Les boues d’aération prolongée, obtenues sans décantation préliminaire
Elles peuvent être classées selon certains indices
- La siccité ou pourcentage massique de matière sèche (une siccité à 10 % signe une humidification à 90 %).
- Le taux de matières volatiles sèches (MVS) (c’est-à-dire en composants minéraux et organiques) par rapport
à la masse de matières sèches totale
- La consistance qui découle de la siccité
• Boues liquides = siccité : 0 à 10 %
• Boues pâteuses = siccité : 10 à 25 %
• Boues solides = siccité : 25 à 85 %
• Boues sèches = siccité : > à 85 %
Selon leur provenance, elles présentent des caractéristiques différentes
- Lit bactérien : siccité de 2 à 5 % et taux de MVS de 60 à 70 %.
- Lagunage naturel : siccité de 5 à 10 % et taux de MVS de 30 à 60 %
- Boues primaires : siccité de 4 à 7 % et taux de MVS de 40 à 60 %
- Boues secondaires issues du bassin d’aération en station à boues activées : siccité de 0,4 à 0,6 et taux de
MVS très élevé.
- Boues secondaires issues de la clarification en station à boues activées : siccité de 1 % et taux de MVS très
élevé
Le traitement des boues dépendra de leur composition et de leur destination. Leur devenir est un
sérieux problème.
Elles sont parfois fortement polluées par des éléments non biodégradables qui rejoindront un jour ou l’autre
les cours d’eau ou la nappe phréatique ou les terres agricoles.
Surtout constituées de bactéries mortes et de matières organiques minéralisées mais aussi de métaux lourds,
de polluants organiques ou organométalliques faiblement biodégradables tels que la dioxine, les PCB, les pesticides, les champignons microscopiques toxiques entre autres.
On comprend bien l’inquiétant cercle vicieux : plus l’eau est polluée et excellemment dépolluée plus les
résidus nocifs sont importants.
Traitement
Il s’agit en première intention de les stabiliser en supprimant leur pouvoir de fermentation. On peut recourir
à des procédés thermiques ou ajouter des réactifs minéraux (la chaux), des polymères de synthèse ou pratiquer
la poly-électrolyse.
13.- Ce sont les membranes récupérées dans les systèmes de bioréacteurs à membranes.
45
environnement
Il faut également diminuer leur volume, par tassement naturel ou par séchage et drainage. La dessiccation peut
également s’opérer par centrifugation, filtre-presse, électro-déshydratation ou filtres à bandes presseuses.
Destination
Il existe peu de filières d’élimination :
- L’agriculture qui les emploie en tant qu’amendement organique par épandage direct ou après compostage
- La méthanisation qui consiste à les faire digérer par des bactéries anaérobies pour obtenir du biogaz source
d’électricité ou de chaleur. Elles peuvent être ensuite épandues.
- L’incinération et la mise en décharge, mais depuis 2002 le dépôt direct en décharge est interdit.
INQUIÉTUDES LéGITIMES AUJOURD’HUI ET DEMAIN
Pourquoi constatons-nous alors si souvent lors des enquêtes publiques sur l’épandage que certaines boues et
composts ne sont pas en conformité avec la réglementation alors que les réglementations pour l’épuration des eaux
usées et le traitement des boues sont bonnes.
Souvenons-nous des conséquences désastreuses de l’épandage des boues dans la plaine de Pierrelaye.
En France, en 2007, la station d’épuration d’Achères en Yvelines (deuxième plus grande station au monde derrière
Chicago) qui traite les eaux usées de 6 millions de franciliens, ne respectait pas la directive de 1991 relative au traitement des eaux résiduaires urbaines14.
La France n’a pas le privilège des problèmes : l’épandage de boues liquides aux USA durant trente ans est probablement à l’origine de zoonoses et d’une maladie à prions CWD qui a en partie exterminé les cervidés d’une dizaine
d’états.
14.- Journal Le Monde 10 octobre 2007
46
environnement
En Angleterre, en 2007, la « Thames Water » a gravement pollué la rivière Wandle par du chlore à l’occasion du
nettoyage d’une usine d’épuration des eaux. L’agence de l’environnement britannique a alors avoué que les compagnies anglaises de l’eau étaient responsables du cinquième des pollutions sérieuses, en raison de la surexploitation,
de l’obsolescence ou du défaut de maintenance des stations d’épuration15.
Qu’en est-il de l’efficacité de l’épuration quand :
- des stations accueillent des eaux claires par infiltration de canalisations obsolètes, perturbant de ce fait leur bon
fonctionnement ?
- une coupure de courant prolongée suspend le traitement des eaux usées ?
- du fonctionnement des stations lorsque les réseaux de collecte ne sont pas séparatifs et que se mélangent eaux
pluviales et usées ?
- des eaux pluviales ruissellent sur des chaussées gorgées des émanations des véhicules à moteur ?
- des rivières en crue submergent les stations ?
Que penser des rumeurs qui suggèrent qu’elles rejoignent quelquefois le lisier, les déchets verts, les graisses
animales, les huiles de poissons ?
Nelly Ollin, ministre de l’écologie et du développement durable, a été à l’origine d’une loi pour taxer les boues
d’épuration et créer un fonds de garantie destiné à prendre en charge les risques liés aux épandages (juillet 2008). Le
risque n’est donc pas si anodin qu’il y paraît !
Nos voisins suisses semblent l’avoir bien compris qui interdisent la mise en décharge des boues ainsi que leur
valorisation agricole depuis le 1er octobre 2008. Raisons de santé ? Principe de précaution ? Chez eux, seule l’élimination thermique est autorisée.
Il ne faut pas s’étonner de problèmes écologiques souvent sérieux, si nous considérons :
- que la France a été condamnée au niveau européen le 23 septembre 2004 au motif d’avoir omis de soumettre à
un traitement plus rigoureux les rejets en zones sensibles d’eaux urbaines résiduaires des agglomérations de
plus de 10 000 équivalent/habitants soumises à l’échéance du 31 décembre 1998 ;
- qu’elle a été mise en demeure en juillet 2004 pour le retard de la mise en conformité des stations de plus de
15 000 équivalent/habitants soumise à l’échéance du 31 décembre 2000 ;
- qu’en septembre 2007, 146 stations d’épuration en France n’étaient pas conformes aux normes européennes soit
36 millions d’équivalent/habitants (c’est-à-dire la moitié de la population française) ;
- qu’en 2009 sur ces 146 stations, 86 seulement avaient terminé leurs travaux, 43 les avaient commencés et 22
étudiaient toujours la question.
La Loue, rivière du Jura, est aujourd’hui interdite à la pêche alors qu’elle était l’attraction touristique de la région.
Jacques Chirac n’a pu tenir sa promesse de se baigner dans la Seine, dont l’état, malgré certaines améliorations, est
loin d’être satisfaisant, particulièrement sur le taux des PCB. Pourtant une enveloppe de 1,5 milliard d’euros avait
été débloquée le 20 février 2009 par la caisse des dépôts pour la finalisation de la mise aux normes des stations et la
restauration des milieux aquatiques.
L’arrêté du 21 août 2007 réglementait le compostage et rendait obligatoire la norme NFU 44051 relative aux
amendements organiques.
Au terme de l’arrêté ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement) du 22 avril 2008 tous les
maîtres d’ouvrage de plate-forme de compostage étaient tenus de présenter, avant le 17 mai 2009, une étude technicoéconomique sur les conditions de mises en conformité aux dispositions du dit arrêté (JO du 17 mai 2008). Cependant
la réglementation demeure assez vague en ce qui concerne la matière résiduelle après méthanisation, et le statut des
matières fertilisantes n’est pas établi.
Le texte du 7 janvier 2002 ne faisait pas de distinction entre les différentes origines des matières premières et
s’applique au compostage des déchets verts, des ordures ménagères résiduelles, des sous-produits animaux et des
boues des stations d’épuration.
15.- Journal Le Guardian
47
environnement
Une réflexion s’impose. Qui participe à l’élaboration des normes ? Est-il exact que les représentants des firmes
qui s’occupent du traitement des déchets siègent à la commission U44 de l’AFNOR ?
Quelques motifs d’encouragement existent et des avancées sont constatées.
La France s’est engagée auprès de la commission européenne à ce que l’ensemble des stations soient aux normes
d’ici la fin 2011.
A notre connaissance, début 2010, il reste 41 chantiers à achever. Douze agglomérations n’en étaient encore qu’à
l’étude ; Saint-Denis-de-la-Réunion et Cayenne ne devaient achever leur mise aux normes qu’après 2011.
Quatre-vingt-seize des cent quarante-six stations épinglées sont aujourd’hui aux normes.
Si beaucoup de stations d’épuration ont permis de réels progrès en matière de qualité de l’eau, beaucoup de progrès
sont à réaliser :
Les nitrates, les phosphates les virus et les bactéries ne sont que partiellement éliminés. L’impact des produits
pharmaceutiques reste entier. L’attention des gouvernants sur ces sujets est encore trop limitée. Et pourtant le risque
est réel.
La réglementation est encore insuffisante et les lois sont loin d’être toujours respectées. Les mises aux normes sont
lentes, et les normes souvent pas assez draconiennes. Les services de police des eaux et de l’environnement ont-ils
suffisamment de moyens d’action et de pouvoir ?
Combien de rivières polluées, combien de destructions d’espèces aquatiques, combien de rivages détruits par les
embruns chargés de détergents, quelle prolifération d’algues nocives faudra-t-il encore avant que ne soit endigué le
flot des ravages occasionné par nos rejets ?
Osons expérimenter et inspirons-nous de bons exemples, comme celui dans certains pays européens de ne pas
mettre à l’égout les papiers hygiéniques.
La prise de conscience individuelle de notre rôle dans la composition de nos eaux grises et de nos eaux-vannes
est une étape essentielle dans un ensemble ou le traitement industriel exige d’investir des sommes, à coup sûr colossales, pour venir à bout de tous ces problèmes. L’importance de ces financements constitue à coup sûr, un frein à des
solutions rapides.
Non, ce n’est pas un cauchemar : la rivière Citarum en Indonésie !!!
Force est de constater que malgré d’incontestables progrès, la bataille n’est pas encore gagnée, et une bataille
gagnée n’arrête pas la guerre en matière d’environnement.
Sources
INRS, Agence de l’Eau Seine-Normandie, Ademe, Wikipédia, CI de l’Eau. Eau France service.
48
biodiversité
Jardin d’abeilles en Vexin
Sylvie Nomblot
Les abeilles disparaissent. Quelles que soient les causes de la destruction massive des colonies : manque de
nourriture dû à l’appauvrissement du biotope, pesticides, fongicides, maladies, parasites… cette situation n’est
pas inéluctable et chacun peut y remédier suivant ses moyens.
C’est cette volonté de sauver les abeilles qui a amené Sylvie Nomblot à installer des ruches au fond de son jardin
d’Epiais-Rhus.
Avant d’accueillir des butineuses, il est primordial de vérifier que la nourriture ne fera pas défaut durant tout le
temps d’activité de nos futures protégées.
Le village d’Epiais-Rhus est entouré de bois, dans les jardins poussent de nombreuses variétés de fleurs,
de légumes, d’arbres et d’arbustes. Au
printemps les champs de colza riches en
nectar offrent une nourriture abondante,
bien que sujette à caution du fait de
l’enrobage des graines et de l’utilisation
de produits systémiques investissant la
plante de la racine à la fleur.
Au tout début du printemps les
chatons des noisetiers offrent un pollen
précieux. Ils sont relayés par les saules
dont le pollen est également très abondant. Afin de prospérer, les abeilles ont
besoin des protéines contenues dans
le pollen pour nourrir leurs larves, si
le pollen manque l’apiculteur devra
compenser cette carence en recourant à
des expédients comme la farine de soja
par exemple qui ne vaut pas l’apport de
beaux chatons bien duveteux.
Crocus butinés par une abeille (Sylvie Nomblot ©)
Les crocus permettent aux abeilles de remplir leur corbeille d’un pollen jaune d’or qui habille leurs culottes
de lumière, les perce-neige, les pissenlits sont également visités par les butineuses.
Et puis, si le climat s’y prête, les cerisiers, les pruniers, les poiriers, les pommiers, les acacias, les céanotes…
se couvrent de fleurs où les abeilles récoltent du pollen et le nectar grâce auquel elles élaboreront un subtil miel
de printemps doucettement fruité.
En été les coquelicots au pollen noir, les tournesols, trèfles, bourraches, clématites, cosmos, buddleias…
font le bonheur des avettes.
En septembre, si les pelouses restées à l’état sauvage ne sont pas tondues, les lion dents 1 offriront aux abeilles
une source de nourriture d’autant plus appréciée qu’elle se raréfie, les lierres sont aussi porteurs de myriades
de fleurs très butinées.
Enfin les châtaigniers, les pins, sapins, permettront aux abeilles de récolter du miellat (substance sucrée rejetée par d’autres insectes comme les pucerons par exemple) et la sève, constituant de la propolis qui leur servira
à colmater les trous et isoler la ruche avant l’hiver.
1.- Pissenlits
49
biodiversité
Cette abondance de végétation, que l’on trouve à
Epiais-Rhus comme dans de nombreux villages du Vexin,
est propice à l’accueil des abeilles. Elle offre une grande
variété de nourriture du début du printemps jusqu’au
cœur de l’automne.
Les abeilles ont également besoin d’eau claire non
polluée. Or, les pluies sont suffisamment abondantes dans
notre région pour remplir un abreuvoir.
Abeille butinant du liondent (Cl. Sylvie Nomblot©)
Avant d’installer une ruche et de la peupler de milliers d’insectes il est recommandé d’apprendre à s’en occuper.
Dans le parc du Vexin cela ne présente aucune difficulté. Le syndicat national des apiculteurs du Val-d’Oise
(SAVO)2 permet de se former à peu de frais et de rencontrer des apiculteurs professionnels et amateurs désireux de
partager leur passion et leurs connaissances.
Pour acheter ruches, combinaison de protection, enfumoir, lève cadres… enfin tout le matériel nécessaire à l’apiculture, là non plus, pas de difficulté lorsque l’on habite la vallée du Sausseron, l’on peut se rendre à Paris, à SaintJust-en-Chaussée ou faire son « magasinage » sur Internet. Il est également possible de trouver du matériel d’occasion
et même des ruches peuplées auprès d’apiculteurs mais alors il est nécessaire d’être vigilant et de s’assurer que les
ruches comme les abeilles sont en bon état sanitaire. Il faut éviter de ramener chez soi des abeilles malades. Car ces
abeilles en déféquant sur les fleurs seront susceptibles de contaminer le pollen qui diffusera la maladie aux abeilles
sauvages, aux papillons… À tous les insectes qui viendront butiner.
Même si les habitants de la vallée du Sausseron ne sont pas majoritairement paysans, ils ont l’esprit de campagne
qui permet de voir arriver dans son jardin un essaim d’abeilles sans en référer à la maréchaussée, ce qui facilite grandement les rapports de voisinage lorsque l’on s’adonne à l’apiculture.
Essaim en formation (cl. Sylvie Nomblot ©)
Une fois les abeilles à la maison, la passion que chaque apiculteur développe pour ces insectes va entraîner ce
dernier à modifier son rapport avec la nature et à concevoir un jardin spécial, destiné au bien-être de ses protégées.
À la maison comme au jardin tous les pesticides, insecticides, herbicides, produits susceptibles de nuire à la santé
des abeilles sont exclus. Le désherbage se fait à la main. Les orties sont arrachées mises à macérer dans l’eau pour
2.- http://www.savo95.fr/
50
biodiversité
donner un purin qui permet de lutter contre les invasions
de pucerons et constitue un excellent engrais.
Contre les limaces et escargots dévoreurs de salades
on enterre des pots remplis à moitié de bière avec alcool,
les gastéropodes préféreront y finir leurs jours que d’attaquer les légumes.
Pour préserver le potager des mangeurs indésirables
on peut y planter de la menthe, des œillets d’inde, du
romarin, des plantes à odeurs fortes qui décourageront les
envahisseurs et feront le bonheur des insectes butineurs.
Le jardin devient peu à peu un jardin d’abeilles, on ne
choisit plus les plantes pour leur couleur, leur odeur ou
Fleurs du jardin (Cl. Sylvie Nomblot ©)
leur aspect esthétique mais pour leur potentiel mellifère.
On privilégie les bulbes de crocus et de perce-neige
aux tulipes et iris. Les lavandes, la bourrache, le mélilot jusqu’ici délaissés forment de véritables massifs. L’herbe
parsemée de pissenlits, de pâquerettes, de trèfles, de coquelicots, d’ombellifères, de lion dents en fonction des saisons
remplace alors la pelouse courte et fraîchement tondue dénuée de toute qualité nutritive.
La métamorphose du jardin bénéficie aux abeilles domestiques mais aussi aux abeilles sauvages, dont on observe
les trous bouchés de terre, aux papillons qui butinent les buddleias et lavandes, aux scarabées et insectes bizarres
comme le sphinx colibri doté d’une grande langue, au vol hyperrapide. Le jardin bruisse, bourdonne, devient un lieu
de vie.
La présence de ruches peuplées de milliers
d’abeilles dans un jardin facilite la pollinisation
et en conséquence la fructification des arbres et
végétaux. Les branches des cerisiers croulent
sous le poids des fruits, les courgettes, tomates,
fraises… abondent et tout le voisinage profite
de cette aubaine.
Les abeilles piquantes et attachantes nous
amènent à regarder la nature, à nous y intéresser, à voir au-delà de notre vie d’homme à
dominer notre peur des piqûres, des bourdonnements, des bêtes. Avec elles nous redécouvrons le rythme des saisons.
Paon du jour sur buddleia (Cl. Sylvie Nomblot©)
Comme elles, essaimons, accueillons quelques abeilles dans notre jardin et soignons-les avec amour.
Le temps des cerises (Cl. Sylvie Nomblot ©)
51
biodiversité
Menu des abeilles3
Que ce soit dans les jardins, les villages, aux bords des chemins, voici une liste non exhaustive d’arbres, de plantes,
de fleurs qui feront le régal des butineuses suivant le mois de floraison4.
Janvier-Février
Perce-neige – Galanthus nivalis
Saule – Salix acutifolia
Pissenlit – taraxacum officinallis
Vipérine – echium vugare
Mars-Avril
Cassissier – ribes nigrum
Juillet- Août
Faux bouillon-blanc – erbascum densiflorum
Bruyère commune ou callune – caluna
vulgaris
Epilobe en épi – epilobium angustifolium
Rose trémière – alcea rosea
Sauge des prés – salvia pratensis
Tilleul – tilia miqueliana
Avril-Mai
Ancolie – aquilegia vulgaris
Erable Champêtre – acer campestre
Cerisiers – prunus cerasus avium
Colza – brassica napus
Merisier – prunus avium
Pommiers – malus sylvestri
Prunier – prunus domestica
Août – Septembre
Aster amellus – Aster amellus
Bruyère cendrée – Erica cinerea
Mélilot blanc – melilolus alba
Phacélie – phacelia tanacetifolia
Ronce – rubus fruticosus
Thym – thymus vugaris
Tournesol – Helianthus annuus
Mai -Juin
Buisson ardent – pyracanta coccinea
Cotonéaster éventail – cotoneaster horizontalis
Framboisiers – rubus idaeus
Marronnier Briotti – aesculus carnea briotti
Robinier faux acacia – robinia pseudacacia
Septembre- Octobre
Bourrache officinale – borago officinalis
Lierre – hedera helix
Luzerne minette – medicago lupulina
Scabieuse – scabiosa caucasia
Verge d’or – solidago virgaurea
Février-Mars
Crocus printanier – crocus vernus
Noisetiers, coudrier – corylus aveliana
Saule Marsault – salix caprea
Juin-Juillet
Aubépine – crataegus monogyna pendula
Châtaignier – castanea sativa
3.- Menu conçu à partir de documents élaborés par Christian Roth
4.- Mois limite de floraison
52
Octobre – Novembre
Trèfle blanc – trifollium pratense
Novembre- Décembre
Rose de Noël – helleborus niger
sites et paysages
LA VALLÉE DU SAUSSERON : SITE MAJEUR A CLASSER
Sites majeurs restant à classer dans le Val-d’Oise
La circulaire du Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement (7 juillet
2011) relative à l’actualisation de la liste indicative des sites majeurs restant à classer a demandé aux préfets de faire
un bilan de l’activité de classement des sites1 dans leur département (à partir de la liste indicative des sites restant
à classer publiée par le ministère en 2006) en l’actualisant par d’éventuels compléments. Sur les 300 sites environ
proposés au niveau national, cinq se trouvent dans le dans le Val-d’Oise2 dont la Vallée du Sausseron.
Il s’agit bien d’un classement, car à partir des années 1980, les sites franciliens à protéger ne sont plus inscrits mais
sont dorénavant classés (hormis le site de la corne nord-est du Vexin dont nous avions obtenu l’inscription en 1998).
La liste actualisée des sites à classer a été présentée à la commission départementale des Sites et Paysages le
15 novembre 2011.
On se souvient que Stéphane Lucet,
inspecteur des sites, avait fait, à l’occasion
du colloque de Butry, un exposé sur la vallée
du Sausseron, témoignant d’une connaissance sensible et profonde du territoire et
de ses paysages. Il a donc aisément résumé
pour la commission les caractères de la
vallée, justifiant son classement : « la vallée
du Sausseron et l’ensemble de ses affluents
est une entité dont la structure paysagère
est particulièrement bien conservée, notamment au nord du bourg de Nesles-la-Vallée.
Un certain nombre de motifs paysagers très
récurrents affirme sa forte identité : vallées
encaissées, villages rues implantés sur les
pentes du rebord de coteau, bâti groupé
et à l’alignement des voies bien préservé,
fermes remarquables très souvent dans les
bourgs, églises perchées, châteaux et parcs
de fond de vallée, riche patrimoine lié à l’eau
(moulins, lavoirs, abreuvoirs, ponts), aspect
particulièrement remarquable des vallées
sèches latérales (les « fonds »).
Le classement de la vallée du Sausseron
apparaissait donc justifié tant pour son caractère pittoresque que pour son caractère historique avec sa structure paysagère bien préservée, témoignage de l’histoire rurale des vallées Vexinoises.
C’est à l’unanimité de la comission que la proposition de retenir la Vallée du Sausseron comme site
à classer, a été approuvée.
Les quatre autres sites proposés ont aussi été retenus à l’unanimité :
Extension du domaine de Chantilly, pour sa partie Val-d’Oise, (procédure en cours) ; extension de la butte de
Châtenay-en-France ; buttes et pays d’Arthies ; chaussée Jules-César et ses abords de Puiseux-Pontoise et Saint-Gervais.
1.- Articles L. 341-1 et suivants du code de l’environnement
2.- Extension du domaine de Chantilly (procédure en cours) – extension de la butte de Châtenay-en-France – la vallée du Sausseron – les buttes et pays
d’Arthies – la chaussée Jules César et ses abords de Puiseux-Pontoise et Saint-Gervais
53
sites et paysages
Le Sausseron à Vallangoujard
Nous ne sommes qu’au début d’un projet qui doit être entériné par le ministère et la préfecture après avis favorable
des communes concernées.
Il nous faut plus que jamais être vigilants sur la qualité de nos sites et paysages car rien n’est définitivement
acquis : la même circulaire demandait également de faire un signalement des principaux sites inscrits, dégradés au fil
des décennies et ne méritant plus de protection Une radiation de l’inscription, partielle ou totale, est mise en œuvre,
conformément aux orientations de la circulaire du 11 mai 2007 relative à l’évolution de la politique des sites inscrits.
La commission a ainsi voté une radiation partielle ou totale de cinq sites anciennement inscrits !
La ferme de Launay à Nesles-la-Vallée
54
vie culturElle
EXPOSITION Charles Gir (1883-1941)
Artiste peintre, dessinateur humoriste, sculpteur, affichiste.
Grisy-les-Plâtres (2 juin au 5 juin 2011)
En organisant une exposition consacrée à Charles Gir, le conseil municipal de Grisy, la famille de Charles Gir et
l’ Association de protection du site de Grisy-les-Plâtres rendaient un bel hommage à un artiste qui, depuis ce village
du Vexin, marqua par son talent la vie culturelle de la vallée.
Comme beaucoup d’artistes de son époque Charles Gir
cherche dans la campagne autour de Paris une inspiration
nouvelle, des lumières, des paysages, des sujets différents. En 1910, il découvre Epiais-Rhus grâce au petit train
régional de la Vallée du Sausseron. II y séjourne souvent
au café Le bon cru chez Kerlirzin puis achète, en 1920,
une maison à Grisy-les-Plâtres où il installera son atelier
et travaillera pendant douze ans.
Charles Gir a donc vécu et travaillé à Grisy dans
l’entre-deux-guerres. Il y a peint des paysages du Vexin
et d’ailleurs tout en demeurant un de ces Montmartrois
qui illustraie,nt la vie parisienne. L’œil vif et le trait plein
d’humour, Charles Gir a tout croqué : le théâtre, le musichall, la musique et les ballets, la politique et la guerre, les
femmes comme il faut… et les autres.
L’exposition présente une partie des œuvres de Charles
Gir conservées par la famille : sculptures, peintures, pastels
et gouaches, affiches, dessins et esquisses.
Charles Gir et son épouse, la comédienne Jeanne Fusier-Gir,
dans leur maison de Grisy en 1920.
L’artiste s’inspire certes des paysages champêtres,
mais montre aussi sa fascination pour la vie parisienne, les
gens de théâtre, les cabarets de Montmartre, le foyer des
petites danseuses de l’Opéra. C’est aussi un affichiste. Au
retour de la Grande Guerre, il croque
le quotidien tragique des petits et des
sans-grade.
La plupart de ses œuvres appartiennent aujourd’hui à des collections privées ou sont visibles dans
des musées, en particulier le musée
de l’Opéra ou celui de la Grande
Guerre à Péronne.
Charles Gir est un affichiste de
grand talent, dans la lignée de son
ami Paul Colin qui l’initiera à la
publicité.
Sculptures et tableaux de Charles Gir à l’exposition deGrisy-les-Plâtres
55
vie culturelle
Il réalisera la toute première affiche de la Loterie Nationale (à gauche). L’Arlequin (à droite) servira de motif
pour le gala de l’Union des Artistes, crée en 1923 par le comédien Max Dearly. L’Arlequin restera le logo officiel de
l’affiche jusque dans les années quatre-vingt.
Il est l’auteur d’une puissante sculpture monumentale en bronze, Don Quichotte, façonnée en 1932 avec la terre
glaise de Grisy et installée en 1978 devant la futuriste préfecture du Val-d’Oise à Cergy-Pontoise, où l’on peut aisément­
l’admirer.
Charles Gir est né à Tours le 4 novembre 1883. Son vrai nom est Girard. En 1911, il épouse la comédienne Jeanne Fusier, vedette de cinéma et de théâtre, très aimée du public. Il fonde avec elle une famille,
au sein de laquelle naissent une fille, Françoise et un fils, François, cinéaste et réalisateur de télévision.
La guerre de 1940 entraîne cet ancien combattant de 1914-1918 dans les Charentes, chez des amis, où il tombe
malade. Il meurt à l’hôpital de Bordeaux en 1941.
Il repose à présent, au cimetière du village ou Jeanne Fusier-Gir l’a rejoint en 1973.
56
in memoriam
Jean-Pierre DEREL (1928-2011)
Adhérent très fidèle de notre association, passionné d’art et de culture et très
attaché à notre vallée du Sausseron, Jean-Pierre Derel nous a quittés cet été des
suites d’un accident.
Il a passé sa petite enfance à Paris ou il est né le 30 mai 1928. Il fut ensuite
pensionnaire à Pontlevoy dans le Loir-et-Cher, institution religieuse qui ne survécut
pas à l’occupation de 1940, puis, collégien et lycéen, à Sainte-Euverte à Orléans
où il termina ses études secondaires. Revenu dans sa famille, il continue ses études
à Paris : une licence en droit (« parce que c’est utile ») et surtout une licence
d’Histoire­de l’Art (une passion qui ne l’abandonnera jamais)
Son histoire avec Nesles-la-Vallée commence pendant ses études d’histoire de
l’art en Sorbonne où il rencontre Nicole qui deviendra sa femme en 1952. Nicole
connaît Nesles depuis longtemps car son père, M. Monmarché, directeur général
d’un groupe industriel dans l’est parisien, avait eu la riche idée, pendant la guerre
où l’on manque de tout, de louer, pour améliorer l’ordinaire de la cantine de son
personnel, une propriété à la campagne, près de Paris, afin d’y développer un potager et un élevage de poulets et lapins. C’est la propriété du Val-Fleuri. Cette belle maison, située à l’entrée de Nesles
en venant de Parmain, est entourée d’un parc à l’époque beaucoup plus vaste qu’aujourd’hui. L’actuel club hippique
occupe maintenant ce qui était les communs du domaine. Nicole et ses parents venaient en vacances à Nesles par la
même occasion.
En 1952 l’exploitation du Val-Fleuri avait cessé mais pas la séduction du village neslois sur la famille Monmarché
qui saisit l’opportunité d’y acheter une résidence secondaire. C’est dans cette maison que Jean-Pierre et Nicole, jeunes
mariés puis jeunes parents, viennent en week-end, en vacances et s’y enracinent.
Passionnés tous deux d’histoire de l’art et de monuments historiques, Nicole et Jean-Pierre, qui ont déjà fait
quelques publications1 vont se passionner pour l’histoire de Nesles et en devenir de savants connaisseurs. Jean-Pierre
a fait bénéficier constamment notre association de son érudition toujours fondée sur un patient travail d’archives et
de recherches bibliographiques. Il en a été ainsi pour ses articles parus dans notre bulletin : Le Corbusier à Neslesla-Vallée2, Brève histoire de l’urbanisme à Nesles-la-Vallée au xixe siècle, de la construction de la mairie et de son
architecte, Louis-Charles Boileau3. Nous eûmes à plusieurs reprises l’occasion de projeter dans nos manifestations le
passionnant audiovisuel, fruit de longues recherches, sur les artistes et peintres de Nesles.
Mais tout ceci n’est qu’un violon d’Ingres et Jean-Pierre, fort de sa formation de juriste, intégrera l’entreprise de
son beau-père, rachetée par le groupe Creusot-Loire où il finira sa carrière en qualité de directeur commercial.
Nous perdons un ami et notre chère vallée, un érudit.
À Nicole son épouse, à ses deux enfants Benoit et Véronique, à ses deux petites filles, Cécile et Bénédicte, à ses
deux arrière-petits fils, Thomas et Clément, nous adressons nos pensées amicales et attristées.
Micheline Lanoote et Daniel Amiot
1.- Étude sur le château de Rougemont en Eure-et-Loir,
2.- Bulletin SVS n° 18 p. 8 (1999)
3.- Bulletin SVS n° 17 p. 24 (1998)
57
Nouvelles des villages
Menouville
Ronquerolles
La ferme du petit château en grand péril
Une heureuse transformation
Nous ne cessons depuis plus de vingt ans d’attirer
l’attention des propriétaires et des pouvoirs publics sur la
destruction progressive des bâtiments de l’exceptionnel
ensemble de la ferme de Menouville.
A deux reprises nous avions pensé aboutir, mais
pour des raisons peu compréhensibles les projets avaient
tourné court. Le propriétaire qui étudiait des solutions est
malheureusement décédé.
La situation devient désespérée. La dégradation est
galopante. Il est lamentable que ce site, prisé des cinéastes
et qui eût pu constituer une intéressante opération de réhabilitation, soit menacé de disparaître à bref délai !
La comparaison des images qui suivent se passe de
commentaires.
Les transformateurs électriques, conçus et réalisés
sans aucune préoccupation d’intégration environnementale ont trop souvent enlaidi nos sites ruraux.
On ne peut que se réjouir de la suppression du monumental transformateur des années cinquante et de son
remplacement par un boîtier plus discret dégageant la
ligne d’horizon et se mariant mieux avec la végétation.
Hier
La ferme du petit château en 2005
Aujourd’hui
Ne reste plus qu’à supprimer le poteau et enterrer la
ligne pour que l’arrivée sur Ronquerolles, en venant de
Nesles, retrouve ou presque, son cachet d’antan.
Notons que le poteau se dressait déjà en 1910 !
La ferme en 2011 :
la charpente du bâtiment à droite du colombier est à nu.
58
Nouvelles des villages
Auvers-sur-Oise
Pas de viaduc à Auvers
oubliées dans un lieu aussi hautement culturel qu’Auvers,
ville d’art du PNR.
La manifestation d’opposition au projet de pont sur
l’Oise, devant la mairie samedi 25 juin, a réuni une partie
importante des auversois et des habitants des communes
limitrophes, soutenue par de nombreux élus et personnalités du monde associatif, dont une délégation de la SVS.
Le président Amiot sur l’invitation de J.P. Bequet, a pris
la parole pour mettre en garde contre un projet dont il a
souligné que l’aboutissement logique, outre les dégâts sur
Auvers, ne pouvait être que le plateau du Vexin, majorant une circulation automobile en contradiction avec les
politiques d’économie d’énergie et exposant à une urbanisation inéluctable du plateau, obérant l’avenir du PNR.
Rue Boucher, côté droit
Rue Boucher, côté gauche
Un permis est accordé en 2009 pour transformer un
ancien bâtiment en moellons beurrés à fleur, situé à l’angle
de la rue Boucher et la rue F.-Villon, en un immeuble de
rapport découpé en une dizaine de logements, dont cinq à
vocation sociale.
L’architecte du maître d’ouvrage précise dans la
demande de permis de construire que les murs actuels en
pierre seront revêtus par un enduit traditionnel réalisé à
l’aide de mortier de plâtre et de chaux finement taloché
et de couleur ocre beige clair. C’est ce permis qui a été
accordé par la mairie et validé par l’architecte des bâtiments
de France. On notera cependant que ce dernier faisait des
réserves et des prescriptions, estimant que le projet ne
respectait pas les dispositions de la ZPPAUP.
En tout état de cause, il eut été préférable, dès la prise
de connaissance de la demande de permis de construire, de
demander à l’architecte de l’entreprise que les murs et la
façade soient enduits « à pierres vues », respectant l’unité de
la rue. Le mortier de plâtre et chaux, conforme à la tradition
vexinoise restait cependant un matériau noble, qui aurait
pu être repris éventuellement. Il n’en a rien été. En octobre
dernier, des riverains stupéfaits, catastrophés et indignés ont
Auvers demain !
Une réhabilitation très contestable
Une des plus belles et anciennes rues d’Auvers, la rue
Boucher, vient de subir un dommage probablement
irréparable.
On s’étonne que les règles maintenant bien établies
d’enduit et de jointoiement des murs anciens aient été
59
Nouvelles des villages
découvert, derrière les échafaudages, que l’enduit de plâtre
et de chaux, finement taloché, s’était transformé en ciment
gris soigneusement lissé sur un grillage ! Ce qu’on pensait
ne plus jamais devoir exister dans le Vexin.
Ce ravalement intégral massacre l’harmonie des bâtiments anciens de la rue Boucher.
Qui est donc responsable ?
La commune à qui il appartient de faire surveiller attentivement les travaux et de faire respecter les prescriptions
du permis de construire et bien évidemment de l’architecte
des bâtiments de France. Ces travaux ont-ils été suivis de
près et en temps voulu par un responsable de l’urbanisme
compétent, c’est-à-dire connaisseur et respectueux du bâti
vexinois ?
Le maître d’ouvrage et son architecte qui doivent
conduire les travaux dans le strict respect des prescriptions
du permis. Ce qui implique le choix par la commune d’un
architecte et d’un entrepreneur conscient ou rendu conscient
des traditions architecturales de sites aussi sensibles que
ceux du PNR en général et d’Auvers en particulier.
Le PNR, dont la ville d’Auvers est signataire de
l’article­ 11 de la charte paysagère : Inventorier, préserver,
réhabiliter et valoriser le patrimoine bâti rural qui recommande la « valorisation de ces rues qui sont des axes structurant la ville, dans l’esprit des noyaux villageois » Ce qui
est exactement le cas de la rue Boucher.
Pourquoi le PNR qui a octroyé une subvention de
52 000 € et dont un excellent architecte conseil, Philippe
Bodot, devait suivre la réalisation n’est pas intervenu en
temps opportun. L’architecte a-t-il été averti en temps voulu
du début des travaux ?
Comment peut-on accepter qu’une ville historique
comme Auvers, protégée par son statut de ZPPAUP1,
commune phare du PNR, dans le site inscrit de la corne nordest du Vexin français n’ait pas scrupuleusement respecté les
règles architecturales maintenant par­fai­tement connues et
admises du bâti vexinois !
On constate encore beaucoup trop souvent que dans
des communes du PNR les prescriptions des permis de
construire, a fortiori celles de l’ABF sont loin d’être toujours
suivies. C’est à l’autorité communale qu’il appartient en
premier lieu de les faire respecter en les rappelant aux entrepreneurs en amont des travaux et en intervenant immé­dia­
tement dès qu’une anomalie est remarquée. Ce sont souvent
nos associations, sensibilisées à la valeur du bâti rural, des
sites et paysages qui se mobilisent et alertent les autorités.
Malheureusement, nous ne sommes pas toujours entendues,
souvent trop tardivement quand les dégâts sont devenus
irréparables, matériellement ou financièrement.
Le propriétaire enfin, dont la responsabilité semble
aussi engagée.
Nous soutenons sans réserve la demande du collectif :
- que les murs retrouvent leur état d’origine,
- que le grand portail, caractéristique des fermes du
Vexin Français, soit conservé, restauré et motorisé pour
répondre à la possibilité d’accueil de handicapés sans
détruire un élément typique des bâtiments du Vexin
et que les piliers de ce portail soient restaurés sans
aucun enduit.
- que le pavage ancien soit conservé.
Le collectif des associations d’Auvers s’est pourtant mobilisé très rapidement2 et très vigoureusement,
mais comme toujours trop tard et sans le pouvoir de faire
suspendre les travaux.
Nesles-la-Vallée
« la mémoire du temps passé » fête ses 20 ans
Il serait souhaitable que les communes acceptent plus
souvent d’impliquer, à titre consultatif, les associations
compétentes au moment des projets et des demandes de
permis de construire en zones sensibles.
À cette occasion l’association
a présenté une rétrospective de ses
activités et rendu hommage à son
pré­sident fondateur Jean Leclerc.
Les réalisations de l’association
dont l’objectif est « la conservation
du patrimoine des hommes de la
vallée du Sausseron et de ses envi-
1.- Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager
2.- Nous remercions le collectif pour les informations qu’il nous a autorisés
à reproduire. Contact : Michèle Fiquémont, présidente de VVO – 36, rue des
Gords, Auvers-sur-Oise 95430 – Tél.01 30 36 85 51 Courriel: [email protected]
60
Nouvelles des villages
Il a largement contribué, par ses articles, au fascicule
Nesles 1900-2000.
rons » ont été, en vingt ans, variées, nombreuses et toujours
de qualité.
Sa présidente, Joëlle Laufenburger qui est aussi une
fidèle de la SVS, a bien voulu résumer les principales
actions auxquelles elle a étroitement participé.
Messe de Saint-Hubert.
Depuis 1994, l’association a voulu faire renaître cette
tradition. Pendant neuf ans, nous avons organisé des
concerts de trompes de chasse, au cours desquels furent
présentées les différentes approches de la chasse à courre.
Expositions à thème
Faune et flore de la vallée du Sausseron – L’intérieur
d’une maison en 1900 – Photos comparatives du village
1900-1995 – L’imprimerie au début du xxe siècle –
Reconstitution d’une salle de classe et de la vie scolaire
– L’exploitation des carrières – Ils se sont arrêtés à Nesles –
Orchidées et rapaces nocturnes – Vergers et pommes – Jeux
et jouets anciens – Les métiers du bois – Nesles au fil du
Sausseron à travers les cartes postales – Commémoration
de la Libération de Nesles en collaboration avec l’UNC et
Liberty-Jeep – Mode et mercerie – Nesles en Fanfare ou
cent ans d’histoire de la Société musicale – Il était une fois
l’industrie.
Fête de la Pomme
En 1999 nous avons décidé de créer cette manifestation
pour contribuer à la préservation des vergers constitutifs du
paysage et lieux de socialisation bien particuliers. Très rapidement, cette fête a connu un vif succès, devenant d’année
en année une véritable tradition nesloise.
Sensibilisation scolaire
La date de la fête du village (août) proche de la ren­trée
des classes nous a permis d’accueillir les enfants de l’école
pour les expositions sur les Carrières et la Libération.
Notre exposition sur la faune et la flore de la vallée est
présentée depuis 1997 dans différentes écoles autour de
Nesles.
La Mémoire du Temps Passé est ouverte vers l’extérieur et fréquemment sollicitée pour participer à des
manifestations.
En 2001, le PNR a demandé à l’association d’organiser le Pôle des anciens métiers à l’occasion du centenaire
de la création des associations dites Loi de 1901.
Aucune de ses expositions ou manifestations n’aurait
Fêtes du Patrimoine
Notre regretté Jean-Pierre Derel les a préparées et
animées de 1995 à 2006, il a commenté sans se lasser
l’histoire et l’architecture de l’église Saint-Symphorien, du
manoir de Launay et la vie originale de son hôte le poète
Jean de Santeuil, l’atterrissage du Grand Globe avec l’aide
de Jean Deschamps qui, en ces occasions, gonflait une
montgolfière, du Château-Perdu, en collaboration avec M.
et Mme Pagesy de Labbeville.
N’oublions pas ses présentations à la suite de ses
recherches sur l’œuvre d’Emile Henriot, le départ de Nesles
en juin 1940 de l’écrivain Roland Dorgelès, la construction de la mairie par l’architecte Boileau, le projet de Le
Corbusier, Delaunay et Delhumeau du « Phalanstère des
Artistes » et du « Musée des artistes vivants », ses vidéoconférences sur l’aérostation et le vol de Charles et Robert
avec J. Deschamps, les artistes méconnus de notre village,
sur Nesles et ses peintres aux xixe et xxe siècles.
pu se faire sans la participation mémorielle des « aînés »
qui ont toujours réservé à l’association un accueil
cha­leu­reux, prêté des objets, qu’ils soient Neslois ou
de communes voisines, N’oublions pas bien sûr, l’aide
indispensable de nombreux bénévoles qui méritent un
grand merci.
61
Nouvelles des villages
Contrairement à ce qu’affirmait dans La Gazette du
Val-d’Oise (29 décembre 2010) son concepteur et constructeur, une telle habitation n’est nullement dispensée de
permis de construire.
L’architecte des bâtiments de France nous a confirmé
cette obligation.
La commune opposée à cette construction illégale a
déposé un recours auprès des Eaux et forêts et des Bâtiments
de France.
Devant cette détermination le propriétaire s’est résolu
à démonter sa construction fin 2011.
On sait que les forêts sont souvent parcellisées entre
de nombreux propriétaires privés et l’on conçoit aisément
que si chacun d’entre eux construisait anarchiquement un
chalet de ce type, on signerait à brève échéance la mort des
espaces boisés.
FROUVILLE
Cabane forestière sur pilotis
Les Frouvillois ont vu se monter en 2010, près du cimetière, au milieu de la forêt, une cabane sur pilotis.
Cette implantation qui avait nécessité l’abattage de
quelques arbres, était faite sans permis de construire, sur
un terrain privé.
VALMONDOIS
Réouverture de la Maison de la Meunerie
Le samedi 8 octobre 2011, à l’occasion de la réouverture du Moulin de la Naze, sa nouvelle muséographie a été
inaugurée en présence du nouveau président du PNR, Jean
Pichery.
A cette occasion l’ Association des Amis du Moulin de
la Naze crée en 2011 a organisé une exposition du peintre
Claude Grollimud Moulins au fil de l’eau.
Le maire et une majorité de ses administrés n’acceptaient pas, craignant un mitage de la forêt, une telle construction, faite sans aucune autorisation.
62
jeu concours
CONCOURS 2009
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Quel est le nom de l’auteur du texte ? : François-Georges maugarlone
Quel est le titre du livre ? : Présentation de la France à ses enfants
Date et éditeur de la publication ? : 2009
CONCOURS 2010
1 – Quel est le nom de l’auteur du texte ?
2 – Quel est le titre du livre ?
3 – Date et éditeur de la publication ?
Réponse dans le prochain bulletin.
Prix au choix : un DVD « Sausseron vu du ciel », un Audiovisuel Emile Henriot,
Une adhésion gratuite pour une année !
«Les réactions allemandes, en plus des barrages systémati­ques et des contrôles de tout ce qui pouvait paraître suspect,
furent marquées par trois opérations de plus grande enver­gure qui comportèrent des aspects odieux.
La première fut l’engagement de Ronquerolles. Une dé­nonciation, dont je n’ai jamais pu détecter l’origine, avait
permis au commandement régional allemand de savoir qu’un groupe était installé près de la ferme des Tuileries, dont le
locataire, Beucher, était un sympathisant. Les Allemands montèrent une opération d’envergure – ne sa­chant d’ailleurs pas
qu’un très important groupe FTP était aussi installé dans les bois de Ronquerolles – mais à l’oppo­sé des Tuileries, sur le
versant de Chambly. Ils ne savaient pas non plus que mon groupe de liaison et de protection se trouvait à ce moment-là
dans la partie ouest.
Au lever du jour, le 23 juin, j’étais en train d’effectuer une ronde, à l’orée du bois où était installé le campement,
en bordure d’un grand champ de blé. Jacques Richet était posté en sentinelle. Les autres, une dizaine, dormaient. Une
voi­ture de reconnaissance arriva que nous ne vîmes qu’à la der­nière minute. Un officier en descendit et tira une rafale de
mitraillette en direction du groupe qui était couché. Marceau fut tué sur le coup. David Régnier, prompt comme l’éclair,
surgit de son sac de couchage et riposta. La voiture se replia. L’officier avait probablement été blessé. Je ne compris pas
alors que cette reconnaissance n’était que le pré­lude d’une opération en cours. Je crus qu’il nous suffirait de nous replier,
avant la réaction qui ne manquerait pas de se produire. J’envoyai Hélène Roederer prévenir Desjoyaux, son groupe, les
FTP et je demandai à Jacques Richet de se rendre par l’ouest, à Hédouville et de prévenir Albert qui s’y trouvait. Je fis
rendre les honneurs à Marceau, à qui nous donnâmes une première sépulture, au pied d’un arbre sur lequel fut gravée
rapidement une croix dans l’écorce. Je fis ensuite replier le groupe en direction de Chambly, pour retrouver Desjoyaux.
À peine avions-nous quitté le couvert des bois que nous fûmes pris sous le tir croisé de plusieurs automitrailleuses, qui
s’étaient mises en position en haut du champ. Par bon­heur, il y avait un pli de terrain et, en rampant et en courant courbés,
nous pûmes gagner la lisière d’en face, mais en or­dre dispersé et je perdis le contact avec une partie de mon groupe qui
s’était enfoncée plus profondément dans le bois. De leur côté, les FTP, au bruit des armes, s’étaient portés au secours du
groupe des Tuileries et ouvraient un feu nourri sur l’arrière des troupes qui étaient montées de Chambly, ve­nant fermer la
nasse dont les automitrailleuses représen­taient l’autre partie. Ils n’avaient pas été découverts, étant cachés dans une grotte
à droite de la route. Un des fils Qui­deau fut tué, Dauchel fut blessé et put être mis hors d’at­teinte, grâce à Françoise de
Rivière et Albert. Un combat confus s’engagea dans les bois, sans que nous ayons pu effec­tuer un véritable regroupement,
qui eût d’ailleurs proba­blement provoqué encore plus de dégâts. Le but n’était pas de repousser un ennemi, plus de dix
fois supérieur en nom­bre, mais de lui échapper. Corentin Quideau, David Régnier et plusieurs membres du corps franc,
qui eurent une attitude offensive, furent blessés et pris. Desjoyaux et la plupart des siens échappèrent aux recherches. Marc
Gravez, un des membres du groupe liaison, fut sauvé par Beucher qui le fit passer pour un de ses ouvriers agricoles. Avec
ceux qui étaient restés avec moi ou m’avaient retrouvé, dont William Lapierre et Hélène Roederer, nous nous enfonçâmes
au plus profond des fourrés pour tenter de ne pas être découverts.
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jeu concours
Alors que nous progressions en silence, j’aperçus un soldat allemand qui barrait le chemin. Il ne nous voyait pas.
Je mis mon fusil-mitrailleur en batterie, au coup par coup, le visai et appuyai sur la gâchette. Le coup ne partit pas. Au
bruit de la percussion, le soldat se mit à regarder en tous sens, son arme à la main. J’avais fait signe à William, qui était
juste derrière moi, et il me passa son colt. Je tirai le premier. Bles­sé ou non, le soldat s’enfuit et nous pûmes reprendre
notre progression. Nous trouvâmes une petite clairière, cernée de buissons touffus. Nous nous y installâmes, grenades
à por­tée, armes prêtes à servir et nous attendîmes. Il devait être dix heures du matin. Le feu avait cessé. Les aboiements
des chiens, qui cherchaient ceux qui avaient pu se cacher, se fai­saient entendre, parfois assez près, mais heureusement
au vent, qui soufflait du sud. À un moment nous entendîmes des pas et des appels tout proches. Nous dégoupillâmes les
gre­nades. Le danger s’éloigna. Le pire fut pour moi que je fus pris – froid, tension nerveuse ou peur – de claquements de
dents incoercibles. Je demandai à mes camarades de m’excu­ser et de ne pas s’en inquiéter. Je parvins à m’endormir un
moment, demandant à être réveillé dès la tombée de la nuit. Elle vint enfin. Grâce à ma boussole phosphorescente à grande
flèche, je pus me diriger, par petites étapes succes­sives, vers Hédouville, où j’espérais retrouver Albert. Au le­ver du jour,
nous arrivâmes à l’orée du bois. À l’abri des champs de maïs, qui étaient hauts, nous pûmes progresser hors de la vue des
automitrailleuses, dont deux étaient en­core en place. À Hédouville, où nous trouvâmes Albert, nous cachâmes nos armes
dans une grange et nous pûmes manger et nous laver un peu. Mais il fallait s’éloigner beaucoup plus, car les Allemands
fouilleraient certainement tous les envi­rons immédiats.
Nous décidâmes, Albert et moi, un regroupement général des responsables, aux Buttes de Rosnes, pour nous concer­ter
et définir de nouvelles directives. Les Buttes de Rosnes étaient très désertes, très en dehors de nos secteurs et peu connues.
Il était possible d’y rester un ou deux jours en sé­curité. Une réunion se tint, dans une atmosphère un peu tendue. Nous
étions une vingtaine. Pour certains, c’était le premier coup dur et ils avaient pris conscience que la guerre n’était pas un
jeu. Quelques-uns, très rares mais qui n’osèrent pas l’annoncer, repartirent pour Paris. La plupart décidèrent de rester. Il
fut entendu que chacun chercherait à se loger, non plus dans la nature, car la mèche était dé­sormais éventée, mais chez des
sympathisants ou en jouant les réfugiés. Les consignes de sabotages restaient les mêmes.
L’affaire de Ronquerolles avait été lourde. Plusieurs compagnies allemandes, près d’un millier d’hommes peut-être,
appartenant à une unité extérieure au secteur, et quel­ques véhicules blindés avaient été engagés. J’ai dit par quelle coïncidence les nôtres (FTP compris) étaient environ soixante, correctement armés pour la plupart. Je ne connus pas avec précision
quelles avaient été les pertes allemandes, en tués ou en blessés. Les nôtres auraient été faibles, si onze prisonniers, dont
plusieurs blessés, n’avaient pas été massa­crés. La violence de la première riposte, notamment celle des FTP qui purent se
dégager, et la nature du terrain couvrirent notre retraite. Je dois à la vérité de dire que j’ai appris en­suite que le commandant
de l’unité allemande qui nous avait été opposée, refusa l’ordre de faire exécuter les prisonniers, estimant qu’il avait eu en
face de lui des soldats. Ce furent des gens de la Gestapo qui firent la besogne. Entassés dans une sorte de fosse, à Cassan
près de L’Isle-Adam, nos cama­rades furent mitraillés. Albert avait pensé monter une opéra­tion pour tenter de les sauver.
Elle me parut impossible… »
Monument érigé dans le bois du Ménillet, où sont tombés le 19 juin
1944, sous les balles allemandes, Roux, Lopez, Vialat et Quideau,
du maquis de Ronquerolles.
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