L`Agence européenne de sécurité aérienne (AESA)

Roissy, le 18 janvier 2012
Communiqué de presse
Fatigue des pilotes de ligne:
la sécurité des vols doit être la priorité
La fatigue des pilotes de ligne tue.
Le SNPL France ALPA réaffirme que la prise en compte de ce paramètre doit être
intégrée
e dans la réglementation régissant le temps de travail
travail des pilotes de ligne. La
fatigue est en effet une cause contributive dans 15 à 20% des accidents aériens.
L’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) publie aujourd’hui son projet de
réglementation.
n. Bien qu’il apporte des améliorations à sa proposition initiale de
décembre 2010, plus doit être fait pour protéger la sécurité aérienne.
Il serait incompréhensible que des considérations purement économiques guident le
projet et fassent porter à l’Europe
l’Europe une lourde responsabilité lors d’un prochain
accident.
L’étude réalisée par le SNPL France ALPA, disponible en annexe, est à ce titre
édifiante: elle démontre à quel point, avec des règles actuelles pourtant plus
protectrices, la fatigue des pilotes a un impact sur la conduite des vols.
«De longues heures de service et de courtes périodes de repos peuvent être un
cocktail mortel pour les pilotes s'il n'existe pas une réglementation basée sur des
preuves scientifiques», affirme Philippe Raffin, commandant
commandant de bord chargé des
Affaires internationales au SNPL France ALPA. « Les 50 personnes qui ont perdu la vie
il y a 3 ans dans le crash du Colgan Air (États-Unis)
(États Unis) sont un triste rappel. Nous ne
devons pas attendre un accident mortel pour élaborer une réglementation
réglementation sûre. Après
cet accident, les États-Unis
Unis ont réagi rapidement et de manière décisive et ont
introduit une nouvelle réglementation prenant en compte les études scientifiques ».
Il ajoute : « Ici, en Europe, les institutions de l'Union européenne ne semblent pas
avoir pris conscience de cette menace. Nombre de preuves scientifiques sont
disponibles, y compris la propre étude de l'AESA. Mais la réglementation proposée par
l’AESA est conçue davantage pour réduire les coûts des compagnies aériennes que
q
pour protéger les passagers. Nous sommes d'accord pour dire que l'Europe a besoin
d'une industrie du transport aérien compétitive. Mais les intérêts commerciaux ne
doivent en aucun cas mettre en danger la sécurité des vols et des passagers. Le SNPL
France ALPA y veillera. »
Le Bureau
ureau du SNPL France ALPA
Pour plus d’informations, vous pouvez contacter :
Patrick MAGISSON, pilote et membre de la Commission technique du SNPL :
Philippe RAFFIN, pilote chargé de l’International
l
du SNPL France ALPA :
Antoine GODIER,, pilote chargé de la Communication du SNPL France ALPA :
Carole ARNAUD-BATTANDIER,
BATTANDIER, Responsable
Respon
des Relations Média du SNPL :
06.76.85.72.54
06.76.74.40.17
06.70.98.11.42
06.86.70.97.02
1
ANNEXE et résultats du sondage fatigue
réalisé par le SNPL France ALPA
Des pilotes fatigués, un risque majeur pour la sécurité aérienne.
90% des pilotes de ligne interrogés par le SNPL France ALPA se déclarent « fatigués
ou épuisés ».
Pourtant, bien que tout le monde s’accorde sur le fait que la fatigue des équipages est
un facteur clef dans 60% des incidents aériens et bien que l’Agence américaine vienne
tout juste d’encadrer plus durement le temps de travail des pilotes, l’AESA (l’Agence
européenne de la sécurité aérienne), de manière incompréhensible, entend elle
l’augmenter en ignorant la totalité des études scientifiques produites sur le sujet.
L’enquête réalisée par le SNPL France ALPA sur le niveau de fatigue des pilotes de
ligne a eu lieu en septembre 2011, auprès de 800 pilotes, de toute compagnie, et
effectuant tout type d’activité (long ou court-courrier, régulier ou charter).
L’objectif était de mesurer le niveau de fatigue généré par l’activité professionnelle
des pilotes de ligne et son impact aussi bien en termes physiologiques que
psychologiques sur la sécurité des vols.
Les résultats sont édifiants et ne font que confirmer les études réalisées par nos
collègues européens.
Les pilotes qui se sont exprimés ont tout d’abord affirmé un très fort degré
d’attachement à leur profession lié à leur grande motivation.
Pourtant, à 96%, ils la considèrent comme fatigante.
Plus inquiétant, un quart des pilotes se sont déclarés très fatigués, voire épuisés. Pour
90% d’entre eux, la cause de cette fatigue est bien propre au métier. Le type
d’activité joue à plein sur les résultats : plus les conditions de travail se rapprochent
des butées réglementaires européennes actuelles, plus la perception de fatigue est
importante.
Parmi les causes principales de fatigue, on trouve les enchaînements d’activités
matinales et nocturnes, les vols sur avions à hélices, de trop nombreuses étapes
courtes dans une même journée, les repos courts entre les vols, les longues
amplitudes de la journée de travail, les décalages horaires et l’alternance de décalage
horaire Est-Ouest, les temps de vol trop longs sans renfort d’équipage...
Plus de la moitié des pilotes ont en outre considéré que l’organisation et les conditions
du travail ou les difficultés d’exploitation étaient des sources supplémentaires de
fatigue.
S’agissant des conséquences de cette fatigue, les effets physiologiques et
psychologiques sont éloquents : ils se manifestent à la fois à l’échelon personnel par
des signes cliniques caractéristiques mais aussi, et de manière très inquiétante,
pendant les vols…
Au-delà du fait que la fatigue génère un risque d’incident ou d’accident aérien plus
important, il est fondamental de percevoir que lorsqu’un incident se produit, la fatigue
est un facteur contributif dans plus de 60%.
2
Face à de tels résultats, il est urgent de réagir. L’AESA, qui travaille à une nouvelle
législation sur les règles du temps de travail des pilotes, doit impérativement prendre
en compte les nombreuses études scientifiques existantes dans le domaine de la
fatigue et les intégrer à la nouvelle réglementation.
Le parallèle avec le transport routier est facile : alors que l’objectif affiché de Bruxelles
est « zéro mort sur les routes en 2020 » et que nombres de mesures contraignantes
sont prises en matière de transport routier, il est incompréhensible et inadmissible
que la politique dans l’aérien aille très exactement en sens inverse. Viendrait-il à
l’idée d’un homme de bon sens de doubler le temps de travail des professionnels de la
route ?
Tous les citoyens européens sont concernés par un voyage en avion, tous exigent de
faire un vol en toute sécurité. La dérégulation à tout-va dans laquelle se lance
l’Europe est uniquement dictée par les impératifs économiques des compagnies
aériennes et ce, au mépris de la sécurité des passagers.
Il reste deux mois pour faire évoluer la réglementation européenne, qui reste éloignée
de celle des pilotes américains, tout récemment publiée en décembre 2010.
Pourquoi un tel décalage ?
Les Etats-Unis ont retenu les mesures qui s’imposaient après l’accident du vol moyencourrier de la compagnie Colgan Air : la cause majeure identifiée de cet accident étant
la fatigue de ces pilotes, les législateurs américains ont pris en compte les études
scientifiques sur la fatigue pour adapter leur nouvelle réglementation.
Nous attendons une prise de conscience identique de la part de nos élus européens.
Le SNPL France ALPA et la communauté des pilotes de ligne agissent en ce sens.
Image du métier de pilote
Estimez-vous votre métier… ?
ST Oui
Fatigant
64%
32%
3% 1%0%
96%
3% 1%
88%
2% 0%
86%
2% 0%
85%
Valorisant
43%
45%
8%
Motivant
43%
43%
12%
Stimulant
Oui, tout à fait
35%
Oui, plutôt
50%
Non, plutôt pas
13%
Non pas du tout
NSP
3
Niveau de fatigue des pilotes
A tous
Sur une échelle de 1 à 10, comment évalueriez-vous votre degré de fatigue ?
Au cours du dernier mois
d’activité
Au cours des 6 derniers mois
Au cours de l’année passée
Très fatigué +
Epuisé
Air
France
Hors Air
France
LC
26%
23%
29%
30%
23%
MC
39%
21% 5% 1%
4% 25%
45%
20% 5% 1%
25%
19%
34%
26%
24%
4% 29%
44%
19% 4%0%
23%
18%
31%
25%
22%
5% 29%
Pas fatigué
Peu fatigué
Assez fatigué
Très fatigué
Epuisé
NSP
Niveau de fatigue des pilotes Long Courrier
A tous
Sur une échelle de 1 à 10, comment évalueriez-vous votre degré de fatigue ?
Heures de vol au cours des 6 derniers
mois
Très fatigué +
Epuisé
Au cours du dernier mois d’activité
30%
Au cours des 6 derniers mois
26%
Au cours de l’année passée
25%
Activité
moyenne
Activité
soutenue
Activité très
forte
26%
32%
46%
20%
34%
25%
22%
30%
17%
4
Niveau de fatigue des pilotes Moyen/court Courrier
A tous
Sur une échelle de 1 à 10, comment évalueriez-vous votre degré de fatigue ?
Heures de vol au cours des 6 derniers
mois
Très fatigué +
Epuisé
Au cours du dernier mois d’activité
23%
Au cours des 6 derniers mois
24%
Au cours de l’année passée
22%
Activité
moyenne
Activité
soutenue
Activité très
forte
17%
22%
45%
16%
23%
56%
17%
23%
35%
Motifs de fatigue
A ceux qui ont dit s’être senti fatigué au cours des derniers 6 mois
Vous avez dit vous être senti fatigué au cours des 6 derniers mois, quelle est selon vous, la principale raison de votre fatigue ?
Votre activité professionnelle
90%
Votre vie personnelle
7%
Votre santé
2%
Votre/vos activité(s) extraprofessionnelle(s)
1%
5
Sources de fatigue
A tous
Pour chacune des situations suivantes indiquez quel niveau de fatigue elle entraîne pour vous :
ST très fatigant +
épuisant
L'instabilité planning
9%
Une activité simulateur
3%
Un départ matinal
L'absence de véritables postes repos
Un vol de nuit
30%
20%
47%
24%
7%
24%
0% 6%
Une succession de vols de nuit
1% 3%
29%
23%
21%
Pas fatigant
17%
34%
29%
2% 6%
Une succession de départs matinaux
20%
40%
3% 18%
4%
10% 7%
24%
24%
7% 3%
36%
32%
Assez fatigant
51%
14%
3%
60%
4%
67%
25%
42%
37%
Peu fatigant
4% 2%
15%
45%
34%
69%
6%
Epuisant
Très fatiguant
NSP
Sources de fatigue sur long courrier
A ceux qui sont sur long courrier
Pour chacune des situations suivantes indiquez quel niveau de fatigue elle entraîne pour vous :
ST très fatigant +
épuisant
Un vol en PEQ3
Un vol en PEQ2
3%
1%4%
Le « jet lag »
1% 7%
Un repos minimum entre deux courriers
sur la base légale
1% 6%
L'alternance EST-OUEST
0% 5%
Pas fatigant
31%
29%
21%
Peu fatigant
2%
62%
45%
15% 1%
60%
49%
14% 2%
63%
20%
42%
31%
28%
44%
Assez fatigant
13%
13% 0%
3%
54%
27%
Très fatiguant
Epuisant
72%
2%
NSP
6
Sources de fatigue sur moyen/court courrier
A ceux qui sont sur moyen courrier
Pour chacune des situations suivantes indiquez quel niveau de fatigue elle entraîne pour vous :
ST très fatigant +
épuisant
Des « services de vol fractionnés »
2%7%
Un TSV compris entre 10 heures et la
limite réglementaire
1%5%
Une succession de TSV supérieurs à 10h
Des nuits courtes
(repos bloc-bloc = minimum légal)
28%
39%
8%14%
31%
38%
17%
45%
62%
4%
1%5% 20%
44%
25%
6%
69%
1%4% 25%
40%
27%
4%
67%
Pas fatigant
Peu fatigant
Assez fatigant
Epuisant
Très fatiguant
NSP
Impact physiologique
A tous
Au cours des 6 derniers mois, vous est-il arrivé souvent, de temps en temps, rarement ou jamais…
ST Fréquent
D'avoir le sentiment
0% 2% 12%
de ne pas avoir assez dormi
D'avoir le sentiment de vous réveiller
0%7%
« fatigué » malgré une vraie nuit de sommeil
43%
26%
De vous réveiller plusieurs fois par nuit 1% 7%
43%
26%
86%
43%
67%
24%
36%
66%
30%
31%
41%
18%
59%
De vous réveiller bien avant votre réveil sans
0% 10%
parvenir à vous rendormir
32%
37%
21%
58%
D'avoir des difficultés à vous endormir 0% 10%
32%
19%
58%
16%
43%
D'avoir un sommeil agité et peu réparateur 1% 9%
D'avoir mal au dos à cause de votre travail 1%
D'avoir des maux de ventre 1%
D'avoir des maux de tête, des migraines
à cause de votre travail
0%
De prendre un somnifère 0%
NSP
Jamais
31%
39%
27%
25%
48%
29%
47%
32%
5%
22%
16%
5%
21%
8%
82%
Rarement
17%
De temps en
temps
7% 2%
LC : 72%
MC : 61%
LC : 63%
MC : 54%
LC : 17%
MC : 23%
9%
Souvent
7
Impact physiologique
A tous
Et toujours au cours des 6 derniers mois, vous est-il arrivé souvent, de temps en temps, rarement ou jamais…
D'avoir les paupières lourdes pendant un vol
D'arriver fatigué au travail
27%
1% 7%
45%
37%
1%10%
20%
10%
42%
ST Oui
MC
LC
92%
89%
97%
89%
90%
88%
De penser qu'un autre membre de l'équipage
1%
est trop fatigué pour être dans le cockpit
29%
40%
26%
4%
70%
68%
73%
De connaître des épisodes de micro sommeil
(épisode bref et involontaire de perte d'attention) 1%
31%
38%
23%
7%
68%
65%
72%
24%
3%
64%
67%
61%
3%
56%
50%
65%
4% 1%
20%
19%
22%
9% 1%
16%
18%
13%
De penser que vous étiez trop fatigué
pour être dans le cockpit
1%
De voir un autre membre d'équipage s'endormir
à son poste sans prévenir
1%
De vous endormir sans prévenir
le copilote/le commandant
1%
De prendre un stimulant (Guronzan, autre...)
pour améliorer votre état de vigilance
NSP
0%
Jamais
35%
37%
36%
43%
79%
84%
Rarement
17%
15%
6%
De temps en
temps
Souvent
Pour plus d’informations et lire notre dossier complet, textes et vidéos,
allez sur www.snpl.com/fatiguedespilotes
et sur www.dead-tired.eu
FIN.
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