Le syndrome de Lazare ou syndrome du survivant en soins palliatifs
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Le syndrome de Lazare ou syndrome du survivant en soins palliatifs
Le syndrome de Lazare ou syndrome du survivant en soins palliatifs Centre national de ressources (http://www.soin-palliatif.org/) Le syndrome de Lazare ou syndrome du survivant en soins palliatifs Le syndrome de Lazare ou syndrome du survivant en soins palliatifs Publié le 03 août 2015 à 16h31 Le syndrome du survivant ou syndrome de Lazare désigne l'ensemble des comportements des personnes qui ont subi une expérience traumatisante, par exemple catastrophes naturelles, accidents, prises d'otages. Toutes ont en commun d'avoir été persuadées qu'elles allaient mourir. Leurs proches également, se sont attendus à les perdre et se sont même parfois résignés à cette idée. Les relations entre la victime et son entourage se trouvent alors profondément bouleversées par un dérèglement psychologique réciproque. Qui était Lazare ? Le syndrome de Lazare ou syndrome du survivant en soins palliatifs Centre national de ressources (http://www.soin-palliatif.org/) Lazare sortant de son tombeau par Juan de Flandres (1500) Lazare est un personnage biblique. Il était mort et enterré depuis plusieurs jours lorsque Jésus se présente devant son tombeau et l'appelle. Le miracle se produit et Lazare sort de sa tombe. Il est vivant mais silencieux, incapable de raconter ce qu'il a vécu, lui qui revient d'entre les morts. Sa vie aurait pu reprendre là où il l'avait laissée mais son statut de ressuscité l'en empêche. Son entourage le respecte mais ne le comprend plus. Il vient perturber sans le vouloir l'ordre établi et les autorités vont jusqu'à envisager de le mettre à mort ! Il est à nouveau condamné et ne doit son salut qu'à l'exil. C'est ainsi qu'il suit Jésus et devient son disciple. Traumatisme psychique et dérèglement relationnel Le syndrome de Lazare ou syndrome du survivant en soins palliatifs Centre national de ressources (http://www.soin-palliatif.org/) Comme Lazare, la personne qui a survécu à un événement traumatique et qui s'est vue mourir se retrouve dans un monde qui lui semble différent de celui dans lequel elle vivait auparavant, un monde plus menaçant, plus dangereux. En réalité, ce n'est pas le monde qui a changé, c'est elle-même qui perçoit son environnement avec un autre regard. Elle se sent incomprise par son entourage familial, social et professionnel. Le survivant est presque surpris d'être encore en vie et son esprit reste fixé sur l'accident. Il sait qu'il doit réapprendre à vivre mais qu'il est en sursis et que la mort viendra un jour. Il arrive qu'il se renferme sur lui-même car il ne peut exprimer l'indicible ou bien il devient exigeant avec son entourage qui finit par lui reprocher d'être aigri et de ne pas vouloir tout faire pour reprendre son existence là où il l'a laissée. De ce décalage entre lui et les autres naît souvent un sentiment d'exclusion qui peut se transformer en sentiment de culpabilité. A partir de là, le pire peut arriver et au lieu de se remettre progressivement du traumatisme subi, il peut tout perdre, son conjoint, sa famille, ses amis, son travail. C'est pourquoi une prise en charge médicale et sociale précoce est souhaitable car seules la solidarité et l'expression de l'appartenance à un groupe peuvent favoriser la reconstruction psychique de la personne traumatisée. Syndrome de Lazare et soins palliatifs Les patients qui entrent en service de soins palliatifs, de même que leur entourage, pensent souvent que leur mort est inéluctable et qu'elle va survenir rapidement. Ils sont alors la plupart du temps dans la révolte, le sentiment d'injustice, la dénégation. Puis vient la prise de conscience de la réalité et parfois le désir d'en finir le plus rapidement possible. Le long mourir Mais il arrive parfois que la mort se fasse attendre, et même, que le malade récupère un minimum de forces et que l'imminence de sa disparition soit repoussée dans le temps. Que faire alors de ce sursis plus ou moins prolongé qui ajoute à l'angoisse de mourir, la souffrance d'être encore là ? Comment réinvestir dans une vie à laquelle on avait finalement renoncé ? Le long mourir fige le présent car malgré les apparences trompeuses, il n'y a pas d'avenir. Le syndrome du survivant se traduit alors par : - une angoisse existentielle, - une instabilité émotionnelle, - une diminution de l'estime de soi, - un sentiment de culpabilité par rapport à ceux qui ont disparu alors que lui-même est encore là. Le syndrome de Lazare ou syndrome du survivant en soins palliatifs Centre national de ressources (http://www.soin-palliatif.org/) Puis il peut arriver que le patient éprouve le sentiment d'être à part, en décalage par rapport aux autres et qu'il reporte son angoisse sur son entourage, famille ou soignants qui, selon lui, veulent sa mort. Ou encore, il se réfugie dans un sentiment de toute-puissance lié à l'échec de la mort : puisqu'il a survécu, c'est qu'il est invulnérable. Il peut alors passer à une espèce d'hyperactivité où chaque instant doit être occupé. Survivance et résilience Dans tous les cas, il faut combler le vide psychique induit par ce présent sans avenir. Chaque patient va le faire à sa manière. Certains vont rester enlisés dans leur traumatisme, ressassant indéfiniment l'annonce de leur mort imminente et tombant alors dans une sorte d'hébétude qui équivaut à une non-vie. D'autres au contraire, vont évoluer de la simple survivance à la résilience. Comment ce processus est-il possible ? C'est là qu'intervient le rôle des soignants et des accompagnants en soins palliatifs. Ceux-ci doivent définir ensemble quelle stratégie va pouvoir amener le patient à trouver un sens à sa survie. L'écoute est essentielle, mais encore faut-il réussir à faire parler celui qui s'est enfermé dans son traumatisme et son sentiment d'abandon. La bienveillance, l'invite à se confier, que ce soit par la parole mais aussi par l'écriture ou tout autre mode d'expression, dessin, peinture, sont susceptibles de lui faire reprendre pied dans la vie réelle et de se sentir accompagné dans sa solitude intérieure. Conclusion Comme ceux qui ont échappé à la mort et ont du mal à s'en remettre, les patients en soins palliatifs qui survivent à une mort annoncée ont besoin du regard des autres et de leur attention pour passer des aspects négatifs de la simple survivance à ceux, positifs, de la résilience qui ne peut intervenir que dans un contexte d'échanges avec autrui. C'est ce renouveau de vie personnelle et sociale que les soignants et les aidants doivent s'ingénier à mettre en ?uvre. Bibliographie sélective - Lorsque la vie s'éternise... : survivre en soins palliatifs / CHEMIN, Blandine. JALMALV JUSQU'A LA MORT, ACCOMPAGNER LA VIE, JALMALV, 03/2012, 108, p. 22-28 Le syndrome de Lazare ou syndrome du survivant en soins palliatifs Centre national de ressources (http://www.soin-palliatif.org/) - Le passage / BERNARD, Suzanne. Pantin.- Le temps des cerises, 05/2007, 159 p. - Le syndrome de Lazare : traumatisme psychique et destinée / CLERVOY, Patrick. Paris.Albin Michel, 2007, 279 p. Chantal Frechard, bénévole au centre de documentation au CNDR Soin Palliatif Source URL: http://www.soin-palliatif.org/node/2834 Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)