1 - La culture chinoise - Dictionnaire des kanji japonais

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1 - La culture chinoise - Dictionnaire des kanji japonais
Dictionnaire des kanji japonais – http://kanji.free.fr
Historique des kanji
1 - La culture chinoise
Pour bien comprendre comment les kanji sont apparus dans la langue japonaise, il faut essayer de se
placer dans le Japon du VIIème siècle.
A cette époque, les japonais savent déjà parler la langue, mais ne possèdent pas de système
d'écriture. D'un autre côté, la Chine est un pays très influent et doté d'une avance technique
supérieure aux autres pays. Et c'est petit à petit que les japonais s'imprègnent de la culture chinoise et
finissent par adopter leur système d'écriture à savoir, les idéogrammes chinois ou kanji.
Mais, les idéogrammes ne sont pas réellement adaptés à la langue japonaise, c'est pourquoi les
japonais ont commencé par les utiliser non pas pour leur signification mais pour leur prononciation.
C'est-à-dire en essayant d'utiliser des idéogrammes chinois qui se prononcent de façon identique ou
approché par rapport à leur langue.
2 - Les kana
Vers la fin du VIIIème siècle, les japonais commencent à s'écarter des chinois et de leur culture. Ce
repli leur permettra d'assimiler les apports étrangers pour les adapter à leur goût et culture. En effet,
la plupart des idéogrammes chinois utilisés comportaient un grand nombre de traits. Il était par
conséquent fastidieux d'écrire par cette méthode. C'est pourquoi, au fil du temps, vont naître deux
nouveaux systèmes d'écriture basés sur l'écriture phonétique des idéogrammes chinois que l'on
appelle kana.
2.1 - Les hiragana
Issus d'improvisations poétiques des aristocrates de l'époque. Officialisés en 905, ils sont nés de
l'écriture de plus en plus stylisée au cours du temps des idéogrammes chinois et finissent par perdre
leur lien avec leur caractère d'origine. Aujourd'hui, ils sont utilisés pour écrire les mots d'origine
japonaise (ceux qui existaient avant l'introduction des caractères chinois), mais aussi les mots
introduits au cours des siècles (composés de caractères chinois) qui représentent plus de 60% du
vocabulaire japonais. On les utilise également pour transcrire les déclinaisons des verbes et des
adjectifs.
2.2 - Les katakana
Issus d'une évolution différente, ils ont été créés au sein les grands monastères dans le but de
simplifier l'écriture des textes chinois. Chaque katakana ne conserve que quelques barres et quelques
points de son idéogramme d'origine, mais garde néanmoins sa valeur phonétique. De nos jours, on
les utilise pour transcrire les mots d'origine étrangère (occidentaux pour la plupart) et les
onomatopées. Dans des cas beaucoup plus rares pour des raisons de style, on les emploie également
pour écrire les mots d'origine japonaise et chinoise.
L'invention de ces deux systèmes d'écriture permet de simplifier largement l'écriture de la langue.
Malgré cela les japonais refusent d'écrire dans leur langue maternelle et préfèrent écrire dans un
chinois qu'ils ne maîtrisent pas toujours, contrairement à leurs compagnes qui écrivent en excellent
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japonais, créant ainsi une situation paradoxale et une littérature authentiquement nationale. Cette
situation reste néanmoins compréhensible par le fait que les femmes de l'époque ne pouvaient pas
apprendre le chinois, elles étaient par conséquent contraintes d'utiliser les hiragana pour écrire leurs
textes.
3 - Le système actuel
Mais au fil du temps, les liens avec les chinois s'effacent peu à peu, et les habitudes avec. Les
hommes perdent progressivement la pratique de la langue chinoise, et commencent à mélanger les
idéogrammes avec les kanas, tandis que les femmes qui écrivaient en kana, commencent à parsemer
leurs textes d'idéogrammes.
Ces deux tendances aboutiront au système d'écriture actuel que l'on peut qualifier d'hybride, mêlant 3
styles d'écriture (hiragana, katakana et kanji), sans compter les caractères latins également utilisés
dans certains cas. Mais pour compliquer encore plus les choses, il faut savoir aussi que les
idéogrammes utilisés au Japon sont issus de différentes époques voire même de diverses provinces et
dialectes, et qu'un même caractère chinois peut parfois comporter plusieurs équivalents en japonais.
D'où la complexité de ce système d'écriture, unique au monde.
4 - L'aspect visuel
Bien que toute phrase japonaise puisse être transcrite en hiragana ou katakana, il est préférable
d'utiliser les kanji parce qu'ils font appel à l'aspect visuel pour deviner leur sens. En effet, les
premiers caractères qui ont été créés sont en majorité dérivés de représentations simplifiées des
objets ou des phénomènes de la vie quotidienne. Certaines de ces formes restent tout à fait
identifiables, comme par exemple :
山
yama, la montagne
trois pics
川
kawa, la rivière
courant entre deux rivières
日
hi, le jour
forme du soleil
火
hi, le feu
Flammes
弓
yumi, l'arc
le cadre d'un arc
D'autres utilisent des concepts abstraits ou des symboles simples :
一
二
中
ICHI un
NI
deux
上
下
ue
dessus
shita dessous
naka centre
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Les combinaisons de ces concepts ou représentations permettent de créer d'autres kanji ayant des
sens voisins :
林
森
明
hayashi, bois
(木 arbre + 木 arbre )
mori, forêt
(木 arbre + 木 arbre + 木 arbre )
akarui, clarté
( 日 soleil + 月 lune )
De la même manière les combinaisons de plusieurs kanji différents combinent leur signification pour
former un nouveau sens et un nouveau mot, par exemple :
火 hi, le feu + 山 yama, la montagne
donne 火山 kazan, le volcan
Ou encore :
外 soto, l'extérieur + 国 kuni, le pays
donne 外国 gaikoku, pays étranger
5 - Les kanji officiels
Jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, les kanji utilisés à cette époque n'étaient pas standardisés et il
fallait connaître un minimum de 4000 caractères pour comprendre le moindre journal ou magazine.
C'est pourquoi, durant l'occupation du Japon, le Ministère de l'Education japonais commença une
lourde tâche de simplification de la langue. Le but était de restreindre l'usage des caractères japonais
à un strict minimum mais suffisant pour pouvoir lire et écrire des documents au quotidien. Le
principe consistait à se baser sur la fréquence d'utilisation des caractères pour ne sélectionner que les
plus courants.
Les résultats de ses travaux ont donné en 1946 une liste de 1850 caractères qu'on appelle les tooyoo
kanji. Cette liste est complétée par une autre liste additionnelle de 284 kanji qui servait pour
l'écriture des noms et prénoms japonais. Les 881 premiers caractères ont été appelé les kyooiku kanji.
Il s'agit de kanji à usage éducatif utilisés dans les écoles et dont l'apprentissage est obligatoire après
6 ans d'études élémentaires. Des études ont démontré que la connaissance de ces kyooiku permettait
de comprendre 90% des documents les plus courants tandis que la connaissance des tooyoo
permettait d'en comprendre près de 99%.
En 1977, les kyooiku kanji ont été étendus à 996 caractères. De la même manière, en 1981 la liste des
tooyoo kanji a elle aussi été étendue à 1945 caractères. Cette nouvelle liste s'appelle les jooyoo kanji
ou kanji d'usage courant que l'on connaît aujourd'hui. La connaissance de cette liste est désormais
requise en enseignement supérieur. Enfin en 1992, une nouvelle liste officielle appelée gakushuu
kanji voit le jour. Elle est toujours d'actualité aujourd'hui dans les écoles et comporte 1006 caractères
incluant les 996 issus des kyooiku kanji plus les 10 chiffres numériques.
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