Bulletin de liaison des Mammalogistes de Midi-Pyrénées
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Bulletin de liaison des Mammalogistes de Midi-Pyrénées
Tais Bulletin de liaison des Mammalogistes de Midi-Pyrénées N°4 - Avril 2010 1ère de couverture : dessin d’Alexis Nouailhat 4ème de couverture : dessin de Georges gonzalez TAIS n°4 – Mars 2010 page 2 Edito Enrayer l’érosion de la biodiversité est une perspective que certains d’entre nous ont intégré dans leur choix de vie et/ou dans leur projet professionnel depuis de nombreuses années déjà. Ne boudons pas le plaisir de la voir devenir socialement plus présentable en 2010 ! Bien que « parents pauvres » de la communauté des naturalistes, les mammalogistes sont toujours restés actifs sur le terrain et leur nombre a augmenté sensiblement durant les dernières décades. Ils ont fait progresser les connaissances de groupes jusque là délaissés car moins prestigieux, plus difficiles à observer ou ardus à identifier. En Midi-Pyrénées et à la suite d’autres initiatives, le Tais a aujourd’hui l’ambition de créer une dynamique chez les mammalogistes « de tous poils » et nous ne pouvons que nous en féliciter. L’ONCFS accompagnera volontiers cette démarche, notamment pour mieux faire connaître ses travaux mais aussi pour développer son écoute de la demande sociale et mieux intégrer certaines problématiques dans la réalisation de ses missions régaliennes. L’empreinte de l’homme a généré des bouleversements jusque dans les recoins les plus secrets de Midi-Pyrénées, bouleversements qui rendent nécessaire une meilleure connaissance de l’ensemble du vivant afin de pouvoir mettre en place, lorsque nécessaire, une gestion pertinente. Mieux connaître pour mieux gérer, c’est bien sûr partager les approches, les méthodes et les connaissances. Mais une contribution efficace à l’arrêt de l’érosion de la biodiversité doit passer également par l’écoute des divers acteurs de la gestion des habitats et des espèces. Les communications lors des séminaires et les articles publiés dans le Tais sont une précieuse opportunité. Gestionnaires, naturalistes et scientifiques, nous devons tous la mettre à profit. Le numéro 4 nous invite à découvrir des espèces aussi différentes que le Desman des Pyrénées, le Campagnol amphibie, le Blaireau et la Marmotte des Alpes, des chiroptères et des carnivores, et même des bovins non manipulés, faute d’aurochs ! Cet éclectisme laisse entrevoir un vaste champ d’investigation que la contribution de chacun peut enrichir, aussi modeste soit-elle. Je vous en souhaite bonne lecture. Jean-Marc CUGNASSE, Délégué interrégional adjoint sud-ouest de l’ONCFS TAIS n°4 – Mars 2010 page 3 TAIS n°4 – Mars 2010 page 4 Atlas des mammifères sauvages de Midi-Pyrénées Et voilà déjà une année d’écoulée depuis le dernier Tais, et une année bien chargée ! Mais n’ayez crainte, ce livret étant bien remplie en raison des actes du séminaire, la rétrospective sera donc synthétique. Les livrets La suite éditoriale est lancée avec la parution du Livret n°2 « Les Lagomorphes et les Artiodactyles ». Pour rappel, les 4 livrets espèces sont édités avant les 2 livrets thématiques qui requièrent entre autre l’analyse des résultats du travail d’atlas. Ce livret aborde donc 2 espèces de Lagomorphes et 10 espèces d’Artiodactyles, à travers un travail transversal sur les facteurs écologiques et historiques responsables de leur répartition actuelle. Il est disponible à l’association au prix de 8€. Les carnivores Piège paillasson Piège pvc Pour recueillir un maximum d’information sur les carnivores, des méthodes d’inventaires reposant sur l’identification de poils ont été mises en place, en complément des traditionnelles recherches des indices de présence. Des pièges appâtés et destinés à récupérer le poil de l’animal visiteur, par frottement (pièges « paillassons ») ou grâce à une bande adhésive (piège « pvc ») sont disposés sur des secteurs prospectés par les bénévoles. Audrey Savouré, en charge du test de cette méthode, a identifié la technique de collecte la plus efficace, en terme de disposition et de confection des pièges. Les résultats de son travail seront publiés dans un prochain numéro, mais d’ores et déjà, pour tout renseignement : [email protected] En parallèle le travail de rédaction continue avec la distribution des monographies à des binômes auteur/relecteur principal. L’édition est prévue à la fin de l’année, selon le planning initial présenté ci-après. TAIS n°4 – Mars 2010 page 5 Concernant ce planning, le travail de synthèse bibliographique prévu en 2011 a déjà commencé grâce au travail de documentation d’Aubin Buffière, stagiaire auprès de Francis Duranthon. Cette avance sera précieuse pour organiser plus sereinement l’édition des 2 livrets thématiques, qui prévoient d’être considérables !!! Site Internet C’est en ligne ! Les principales informations et les documents à télécharger pour suivre et participer à cet atlas, sont disponibles à cette adresse : www.baznat.net/atlasmam/ Séminaire de mammalogie C’est par un samedi brumeux que la gente mammalienne bipède s’est réuni pour échanger sur les divers travaux présentés. Convivialité et pluridisciplinarité étaient au rendez-vous de cette deuxième édition qui a permis de mettre l’accent sur les recherches en cours en Midi-Pyrénées. Le mauvais temps n’a pas non plus découragé les naturalistes partis prospecter la Loutre et le Desman sur l’Arize. Le prochain rendez-vous est prévu en hiver 2011, dans le Lot. Affaire à suivre ! E. Jacquot TAIS n°4 – Mars 2010 page 6 TAIS n°4 – Mars 2010 page 7 Projet d’inventaire et de suivi de la population de blaireaux en Midi Pyrénées Depuis plusieurs années des travaux régionaux sont entrepris pour estimer les populations locales de blaireau (en Alsace, BRAUN 2007) par des associations d’étude et de protection de la nature. Ils s’appuient tous sur les indices de présence de l’animal qui sont nombreux et faciles à repérer dans le milieu naturel. Plusieurs études françaises basées sur un inventaire des terriers principaux (associées aux indices de présence) ont donné de bons résultats grâce à un protocole précis (validé par des études comparées), facile à mettre en œuvre et demandant peu de matériel. Seule, exigence : avoir une équipe motivée et relativement nombreuse pour couvrir le secteur d’étude. C’est ce type de méthode qui a été choisi pour réaliser une estimation de densité du blaireau en Haute-Garonne sur deux zones clé de 30 km² en moyenne. En parallèle, un inventaire à l’échelle régionale de la présence/absence de l’animal est engagé dans le cadre plus général de l’atlas des mammifères de Midi-Pyrénées. L’objectif est : A court terme : récolter un maximum de données de présence/absence à l’échelle régionale pour mieux connaître la répartition de cet animal. Ces données nous permettrons de combler ainsi les vides de prospection dans le cadre du projet d’atlas régional des mammifères de MidiPyrénées. A moyen terme : disposer de données fiables sur la densité de l’espèce dans deux zones témoins avant d’étendre l’analyse à d’autres types de milieux représentatifs des différents paysages de la région. Cependant, le blaireau n’est pas une espèce en régression à l’échelle nationale ou européenne. Il ne fait donc pas l’objet d’un programme de sauvegarde ou de recensement pouvant justifier la demande de crédits pour étudier sa densité. C’est pourquoi, la méthode du comptage des gîtes principaux pour analyser la densité locale d’une population nous a séduit, compte tenu de sa simplicité et de son faible coût. Pour permettre à notre projet (à l’initiative de l’organisme porteur de projet : Nature Midi-Pyrénées) d’être comparable avec les autres études régionales effectuées à ce jour : en particulier celle développée par le GEPMA (BRAUN 2007), nous utiliseront un protocole similaire de comptage exhaustif des terriers principaux sur deux zones prédéfinies. I- Méthodes d’inventaire TAIS n°4 – Mars 2010 page 8 Le blaireau est une espèce principalement nocturne et discrète. Si on le rencontre assez souvent dans notre région au détour d’une route, son étude sur le terrain reste assez délicate. Toutefois, sa présence est facile à identifier par les nombreux indices que le blaireau laisse dans le paysage : coulées, crottiers, traces et nombreux terriers, qui sont autant de signes de la présence voir de l’abondance de cet animal. Ainsi, la méthode adoptée s’appuie sur l’analyse des indices de présence afin de localiser ses gîtes principaux. Le blaireau est un animal sédentaire et fidèle à ses parcours nocturne de gagnage. Il laisse donc différents types d’indices de présence observables : des coulées faciles à identifier et à suivre sur le terrain. Elle sont souvent bien marquées car l’animal les empreinte de façon quasi systématique. Elles aboutissent bien souvent à une zone de gîte dont les caractéristiques sont aisément identifiable même pour un néophyte ayant suivi une petite formation préalable. des crottiers appelés pots (sorte de trous creusés par l’animal pour y déposer ses excréments : cf photo n°1.). des traces (cf photo n°2.). Photo 2 : empreinte de la patte avant Photo 1 : crottier ou latrine Animal social, le blaireau vit en famille : adulte et jeunes de l’année, parfois élargie à certains jeunes de l’année précédente (jusqu’à 10 individus max). Il vit dans une zone de gîte constituée d’un ou très souvent plusieurs terriers regroupés sous la forme d’un véritable « village ». Animal terrassier le blaireau ne cesse d’agrandir d’années en année son réseau de terrier. Il rafraîchie les terriers de son gîte principal (cf. photo n°3.) auquel il est fidèle pendant un grande partie de l’année et y TAIS n°4 – Mars 2010 page 9 ajoute éventuellement d’autres sorties. On se retrouve donc parfois avec de véritables réseau d’une vingtaine voir d’une centaine de bouches. Photo 3 : terrier principal Sur la base de l’analyse de ces indices notre travail d’inventaire s’organise en deux volets : I.1 Inventaire de présence/absence à l’échelle régionale L’objectif est ici de collecter auprès du réseau naturaliste local un maximum de données face au manque d’information qualitative sur la présence du blaireau dans de nombreuses mailles du futur atlas régional des mammifères de Midi-Pyrénées. La méthode est simple : collecter les données via le réseau naturaliste à partir d’une fiche d’observation disponible sur différents sites ou forum : www.naturemp.org , http://fr.groups.yahoo.com/group/obsmip , www.onem-france.org …. Celle-ci sera également envoyée à tous les adhérents de plusieurs associations naturaliste de la région : Nature Midi- Pyrénées, Nature Comminges, l’ANA etc… Cette fiche concerne essentiellement la localisation des gîtes principaux elle peut donc le cas échéant servir pour l’analyse quantitative décrite ci-après qui fait l’objet du deuxième volet de notre inventaire (cf fiche d’inventaire doc n°1). I.2 Un inventaire ciblé pour une estimation de densité L’autre objectif de ce projet est d’aboutir à un comptage des gîtes principaux sur plusieurs zones d’étude prédéfinies et calibrées pour pouvoir y estimer la densité de blaireau et comparer les résultats entre eux. Ces zones seront identifiées et sélectionnées comme représentative d’une unité de paysage homogène (voir II choix des zones d’étude) puis soumise à une prospection par l’équipe du groupe mammifère de Nature Midi-Pyrénées. TAIS n°4 – Mars 2010 page 10 II- Choix de la zone d’étude Pour plus d’efficacité, nous avons choisi d’organiser dans un premier temps notre travail de prospection sur deux secteurs : une zone d’étude témoin regroupant une mosaïque de milieux considéré aux vue des travaux sur l’écologie du blaireau comme favorables à l’espèce : Site n° 1 Une autre zone d’étude qui en revanche regroupe différents facteurs d’ordre paysager et anthropique défavorables à l’espèce : Site n° 2 II.1 Description du site n°1 Le premier site choisi s’étend sur 25 km² au sein d’une entité paysagère homogène centrée sur un petit massif calcaire au cœur des Petites Pyrénées (voir document n°2). Cette zone d’étude est constituée de vastes massifs forestiers entrecoupé par un maillage de petites parcelles de de prairies bocagères (dominance de prairies naturelles), de champs céréaliers et d’oléagineux et des pelouses sèches sur les versant orientés sud. L’ensemble du maillage agricole et encore largement entrecoupé de haies bocagères, bien que ce réseau soit parfois en mauvais état. Par ailleurs, il est marqué par une faible densité de l’occupation humaine. Autant de conditions paysagères et anthropiques identifiées comme favorables au blaireau si on se réfère aux résultats des travaux de BRAUN C. (2007), de DO LINH SAN E. (2004) ou de FERRARI N. (1997). Ce secteur à fait l’objet au préalable d’une bonne pression de prospection dans le cadre d’un inventaire qualitatif pour le projet « Pour un développement durable sur les Petites Pyrénées » menée par Nature Midi Pyrénées entre 2005 et 2007. Ainsi, nous savons d’ores et déjà que l’espèce y est bien représenté et nous disposons de la localisation de certains gîtes principaux, ce qui simplifie le travail de prospection. II.2 Description du site n°2 Le deuxième site choisi n’a pas encore été arrêté avec précision. Toutefois, il s’étendra sur un paysage homogène de plaine agricole en périphérie toulousaine avec une faible diversité de milieux et peu zones forestières un paysage dominé par de grandes parcelles céréalières entrecoupées TAIS n°4 – Mars 2010 page 11 de zones périurbaines marquée par une densité d’habitations forte. un réseau routier dense. A contrario du site n°1, les conditions paysagère et anthropiques de ce site sont clairement identifiées comme défavorables au blaireau tant pour son alimentation que face au dérangement ou à la mortalité exogène lié notamment à la route. Cette première campagne de prospection ciblée n’est cependant qu’une étape avant d’étendre le modèle à d’autres entités paysagères, afin de couvrir progressivement l’ensemble des types de paysages de la région. Mais pour pouvoir mener à bien cet ambitieux projet il est important d’avoir une équipe de bénévoles motivée et formée… III- Formation de l’équipe de bénévoles Nous avons organiser cette année plusieurs sorties au sein de notre groupe ayant pour but de former le réseau naturaliste aux techniques de prospection et d’identification des indices. Malgré le grand nombre d’indices laissés par le blaireau, la difficulté principale réside en une identification correcte des gîtes principaux face aux gîtes secondaires ou temporaires. En effet, seul les gîtes principaux, en tant que lieu de mise bat et de repos privilégié du clan familial, pourront être considérés pour estimer la population. Ainsi, un diaporama comme support pédagogique associé à des sorties régulières visent à intégrer les critères importants à relever pour identifier correctement les gîtes. Cette équipe aura également pour rôle d’assurer le suivi des sites inventoriés sur les secteurs d’étude et de compiler les fiches d’observation largement diffusées au sein du réseau naturaliste. IV- Les fiches de relevé : un outil pratique et simple d’utilisation La viabilité de notre étude dépend autant de la motivation et du sérieux de notre équipe que de la qualité des outils de collecte des données… Ici nous disposons d’une « Fiche d’analyse des terriers » qui sera le support sur lequel devront être notées les caractéristiques des indices relevés sur le terrain, en particulier concernant les gîtes. Cette fiche bien que simple se veut la plus complète possible, pour nous permettre de localiser la donnée précisément TAIS n°4 – Mars 2010 page 12 d’avoir des informations précises sur la qualité de la donnée (description précise du terrier) des détails sur la pression anthropique éventuelle exercée sur le gîte des détails sur l’habitat et la topographie Toutes ces données seront alors validées puis intégrées dans une base de données permettant de les traiter statistiquement pour isoler différents paramètres influant sur la sur la densité locale des populations. Cependant avant d’étendre le modèle d’étude à d’autres sites, il convient de tester la validité de notre démarche. Pour aboutir à une évaluation de la population sur nos sites témoin nous devons disposer au préalable d’une estimation du taux d’occupation moyen par gîte. V- Avoir un indice moyen d’occupation des terriers principaux fiable Pour aboutir à une estimation de la densité des blaireaux il est important de disposer sur les zones d’étude d’un indice fiable sur l’occupation des terriers principaux. L’idéal serait d’avoir un taux d’occupation pour chacun des terriers de la zone inventoriée. Naturellement, le défi n’est pas envisageable compte tenu de l’effectif du groupe. En revanche, il est possible de proposer aux personnes motivées pour le suivi de leur site de faire un à deux affûts annuels pour contrôler le taux d’occupation. Hors de la zone d’étude ces affût s’ils sont répétés sur plusieurs années donnerons des informations précieuse sur l’évolution local de l’occupation des gîtes voir de la reproduction. Sur la zone d’étude il conviendra d’aller plus loin : des affûts sur un nombre important de sites donneront une idée de l’occupation moyenne des terriers qui sera alors rapportée au nombre de terrier principaux pour obtenir un indice de densité. Conclusion Comme vous l’aurez constaté, à la lecture des détails de ce projet d’étude, il s’agit d’une véritable étude scientifique qui demandera plusieurs années de collecte des données. Elle nécessite donc un soutien de membre de la communauté scientifique spécialisée dans l’écoéthologie des mammifères terrestre et plus précisément de spécialistes du blaireau. Ce projet est ambitieux ! Nous avons conscience qu’il n’est viable que si la communauté naturaliste est partie prenante de cet inventaire ! L’enjeu d’une bonne communication est donc important. C’est pourquoi, son intérêt, tant scientifique que citoyen, sera défendu et présenté dans le plus grand nombre de média spécialisés. TAIS n°4 – Mars 2010 page 13 Nous avons besoin de votre participation pour mener à bien cette vaste étude afin de nous donner les moyens de mieux appréhender la bonne santé des populations de blaireaux sur notre région et le cas échéant pouvoir défendre cette espèce sur la base de résultats chiffrés fiables ! Bibliographie BRAUN C., 2007. Estimation de la densité du blaireau d’Europe (Meles meles) dans le piémont Bas-Rhinois. Ciconia. 31 (1), 7-18. DO LINH SAN E., Biologie et écologie du blaireau Meles meles (Mustelidae, Carnivora) dans la Broye : résultats préliminaires. Bull. Soc. Vaud. Sc. Nat. 88.1 : 77119. FERRARI N. 1997, Eco-éthologie du blaireau européen (Meles meles L., 1758) dans le Juras Suisse : comparaison de deux populations vivant en milieu montagnard et en milieu cultivé de plaine. Thèse de doctorat, Université de Neuchâtel. 260 p. HAINARD R. 2001. Mammifères sauvages d’Europe. Delachaux et Niestlé. 670p. 260-281pp CHAZEL L., DA ROS M. 2002. L’encyclopédie des traces d’animaux d’Europe. Delachaux et Niestlé. 384p. 141-148pp Cyril Rombaut Nature Midi-Pyrénées [email protected] TAIS n°4 – Mars 2010 page 14 Document n°1 TAIS n°4 – Mars 2010 page 15 Document n°2 TAIS n°4 – Mars 2010 page 16 La Marmotte, Marmotta marmotta, dans le Parc National des Pyrénées : Evolution de sa situation et de son choix d’habitat Introduite, réintroduite …. cette question a longtemps agité les esprits et animé les débats quant à la Marmotte dans les Pyrénées. La datation exacte de la disparition de la Marmotte dans le massif pyrénéen fait l’objet de discussions. Les éléments tangibles dont nous disposons situent la présence de l’espèce dans les Pyrénées jusqu’au Pléistocène, puis sa disparition par la suite (Zimina et Gerasimov, 1971). Plus de 15 stations fossiles ont ainsi été recensées sur toute la chaîne (dont les sites de Rébénacq en 64, Aurensan, Montousse, Nestier, Bagnères-de-Bigorre en 65), les plus récentes datant de la fin de la dernière période glaciaire (–12000 ans) (Clot et Duranthon, 1990). La disparition de l’espèce est grosso modo située vers la fin du Würm, probablement suite au changement de climat et au développement de la forêt. Le rôle de l’homme dans sa disparition, s’il est avancé dans la partie plaine suite aux déforestations et à la chasse, est plus discuté en ce qui concerne les parties élevées. Les premiers apports d’individus ont lieu en 1948, quand, le 15 mai 1948, le Dr Couturier et MM Knobel et Sabatut (Couturier, 1964), après avoir capturé 6 marmottes dans le massif du Queyras dans les Alpes, les relâchent dans le vallon du Barrada en vallée de Luz. La même année Mr Boyrie (comm. pers.) lâche 4 à 5 individus en vallée de Cauterets, près du Pont d’Espagne. Quatre ans plus tard, d’autres individus furent relâchés dans le vallon du Barrada, et, en 1954, 25 individus étaient dénombrés dans la vallée de Luz (Couturier, 1964). D’autres lâchers à l’initiative de personnes ou de fédérations départementales de chasseurs, notamment des Hautes-Pyrénées, eurent lieu ensuite sur tout le massif pyrénéen (Fize, 1997). S’il n’a jamais été envisagé par les auteurs de ces lâchers à l’époque de faire de la marmotte une nouvelle espèce gibier dans les Pyrénées, les motivations des personnes ayant réalisé ces apports furent nombreuses … et variées : le plaisir des yeux, détourner la prédation de l’aigle royal sur lièvres, galliformes et cabris d’isards, donner un moyen d’alerte (par les longs sifflements de la Marmotte) aux isards pour les prévenir de l’approche des chasseurs et ainsi limiter l’impact de la chasse et favoriser le retour de cette espèce, … En 1968, le Conseil scientifique du Parc national des Pyrénées reprend l’idée à son compte et, estimant qu’il s’agit là d’une réintroduction, préconise de favoriser le développement de l’espèce dans la zone du Parc en multipliant les implantations, de façon à permettre à l’espèce d’occuper une place vacante dans la chaîne alimentaire au bénéfice de l’aigle royal … et de l’ours ! De 1969 à 1974, des marmottes (près d’une cinquantaine d’individus) sont ainsi relâchées dans la plupart des vallées du Parc (plus de 20 sites différents de lâchers) … par capture d’individus sur des colonies déjà implantées, mais aussi en provenance directe du Parc national de la Vanoise, ou bien du massif du Queyras ou encore du Parc national du Grand Paradis ou des Alpes Maritimes (Besson, 1973 ; Jean, 1981). TAIS n°4 – Mars 2010 page 17 Fin 1994, le Conseil scientifique du Parc national des Pyrénées, saisi d’une demande d’autorisation de captures de marmottes en zone centrale de la part de la commune de Larrau (64), limitrophe du Parc, qui souhaitait relâcher des animaux sur ses terrains, propose de refuser l’autorisation de capture au prétexte qu’il s’agirait alors d’une introduction … et que de toutes les façons l’espèce, vu sa dynamique de colonisation, arriverait tôt ou tard dans la zone. Depuis cette date, aucune nouvelle demande de transfert ou manipulation de marmottes n’a émergé dans la zone du Parc ou à proximité. L’historique des activités du Parc national des Pyrénées sur la marmotte A partir de 1982, une étude de la répartition et du comportement et dynamique de population de l’espèce a été entreprise en vallée de Luz par un agent du Parc (Gé Nogué). Des comptages ont ainsi eu lieu de façon standardisée sur 3 colonies et des tentatives de marquage faites. Ces opérations se sont poursuivies jusqu’en 1990, puis ont été arrêtées par manque de temps et suite aux échecs des marquages tentés (Vougny, 1990 ; Nogué, 1991). Un bilan de ces travaux a été publié en 1992 (Nogué et Arthur, 1993). En 1986, la commission scientifique du Parc national des Pyrénées décida de faire une cartographie de la présence de la Marmotte dans la zone Parc national, précisant les différents sites de lâcher connus, ainsi qu’une première cartographie grossière de l’espèce sur le versant espagnol. Une carte est ainsi dressée et publiée en 1989, avec l’apport de données espagnoles (communication de Herrero, Hidalgo et Garcia-Gonzalez, 1989) (figure 1). Par la suite cette carte n’a jamais été actualisée, la cartographie de la présence de l’espèce ayant été renouvelée en 2001 sur une partie de la vallée de Luz, entre 2007 et 2009 en vallée de Cauterets (zone cœur du Parc) et en 2008 en vallée d’Aspe (zone cœur du Parc). TAIS n°4 – Mars 2010 page 18 TAIS n°4 – Mars 2010 page 19 Figure 1 : Répartition de la Marmotte dans la zone Parc national des Pyrénées à la fin des années 1980. L’évolution de l’abondance Les opérations de marquage ayant échoué, le suivi de l’abondance des populations a été réalisé par comptages à poste fixe sur des zones témoins, en s’inspirant de la méthode dite du « Minimum d’Individus Sûrement Vivants » (on retient le nombre maximum d’individus comptés à un instant donné par classe d’âge). Dans un premier temps, afin de déterminer la meilleure période pour effectuer ce type de recensement, des comptages ont été répétés en 1986, 1989 et 2001 sur les trois mêmes colonies en vallée de Luz. Les animaux étaient comptés toutes les 15 minutes à l‘intérieur d’une surface délimitée par des repères naturels (blocs, sentiers, ruisseaux) et séparés en trois classes d’âge, et ce en avril et mai en continu de 07h30 à 19h00 GMT. Les résultats ont été identiques sur les trois années. Ceux de 1986 et 1989 ayant déjà été présentés (voir Nogué et Arthur, 1993), la figure 2 ci-dessous présente ceux de 2001. 18 24-avr 08-mai 12-mai 16 14 12 10 8 6 4 2 7h 30 8h 10 8h 50 9h 30 10 h1 0 10 h5 0 11 h3 0 12 h1 0 12 h5 0 13 h3 0 14 h1 0 14 h5 0 15 h3 0 16 h1 0 16 h5 0 17 h3 0 18 h1 0 18 h5 0 0 Figure 2 : Evolution toutes les 15 minutes du nombre de marmottes comptées sur trois colonies en vallée de Luz en 2001, les 24 avril, 8 et 12 mai (heure GMT). Comme en 1986 et 1989, on constate qu’à cette époque, le rythme de sortie des individus se stabilise à partir de 08h50 jusqu’à 13h30. Par la suite les entrées et sorties des individus sont plus variables. Le comptage fait à la mi-mai présente moins de variabilité durant cet horaire, du fait vraisemblablement de conditions météorologiques plus stables (Salharang, 2001). Aussi avons-nous comparé les abondances relatives de 1982, 1986, 1989 et 2001 sur la base des comptages faits à la mi-mai le matin (figure 3). TAIS n°4 – Mars 2010 page 20 14 Nb marmottes/colonie 12 10 8 6 4 2 0 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 Figure 3 : Evolution du MISV (nombre minimum d'individus sûrement vivants) – marmottes -comptées au printemps sur trois colonies en vallée de Luz, en 1982, 1986, 1989 et 2001). Même s’il convient de rester prudent, du fait de l’absence de données entre 1989 et 2001, le schéma général qui semble se dessiner est celui d’une augmentation des abondances de 1982 à 1989 suivie d’une légère régression par la suite. En 2008, des comptages ont eu lieu en vallée d’Aspe qui ont montré un MISV oscillant entre 1 et 6 individus sur 5 colonies de plus petite taille que celles suivies en vallée de Luz. La différence apparaît notable, mais en l'absence de superficie de référence, on ne peut pas se prononcer sur ces différences d'abondance. Ce point est important car, du fait de la différence de disponibilité en habitat favorable selon les vallées, il peut y avoir pour certaines vallées juxtaposition de plusieurs colonies qui sont alors comptées comme une seule. Par la suite, il conviendra, pour avoir une vision comparative entre vallées, de standardiser les surfaces de comptage. L’évolution de la répartition La comparaison de la répartition de l’espèce entre deux périodes a pu être menée pour le moment uniquement sur une partie de la vallée de Luz, zone centrale du Parc. Pour ce faire, toute la partie Est de la vallée a été découpée en surfaces échantillons de 100 ha et en 2001 le nombre de terriers –regroupés par TAIS n°4 – Mars 2010 page 21 paquets : les « marmottières »- a été compté par surface. Ceci a ainsi permis une comparaison avec la cartographie de 1986, pour laquelle la localisation des terriers était moins précise. Le recensement a été conduit en avril – mai, période de sortie des individus, avant dispersion et à une époque durant laquelle les activités de déblaiement, terre et fourrage, par les marmottes facilitent le repérage des terriers. La figure 4 synthétise l’évolution du nombre de marmottières par surface échantillon de 100 ha entre 1986 et 2001. Evolution globale des densités de terriers de m arm otte entre 1986 et 2001 Nbre de Nombre surfaces de surfaces de 100 de 100 ha haoccupées occupées 35 30 Abondance 1986 Abondance 2001 25 20 15 10 5 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Nbre Nbre de de marmottières marmottières Figure 4 : Evolution de 1986 à 2001 du nombre de marmottières par surface échantillon de 100 ha sur une zone de 5000 ha en zone centrale du PN Pyrénées en vallée de Luz. Globalement, la zone occupée par la Marmotte passe de 1700 ha en 1986 à 3900 ha en 2001. La comparaison du nombre moyen de marmottières par surface échantillon (tous carrés confondus, y compris ceux inoccupés) montre une différence significative entre 1986 et 2001 : 1,14 marmottières ± 0,33 / 100 ha en 1986 contre 2,68 marmottières ± 0,42 / 100 ha en 2001 (F = 8,2 ; P < 0,01). Toutefois, si l’on ne prend en compte que les surfaces échantillons avec présence de marmottières pour les deux périodes, on obtient le même nombre moyen de marmottières aux 100 ha pour les deux années : 3,35 marmottières ± 0,74 en 1986 contre 3,53 ± 0,48 marmottières en 2001 (F = 0,4 ; P = 0,84). Si la surface occupée par les marmottes a donc nettement augmenté en 15 ans, l’abondance moyenne en marmottières a pour sa part peu évolué. Mais cette absence d’évolution relative cache en fait des disparités d’évolution entre surfaces TAIS n°4 – Mars 2010 page 22 échantillons. Le tableau 1 compare, pour chaque surface échantillon, l’évolution du nombre marmottières entre les deux périodes. Nb de surfaces de 100 ha concernées Nb marmottières en 1986 Nb marmottières en 2001 Seuil de signification Evolution du nombre de marmottières entre 1986 et 2001 par surface de 100 ha Absence Apparition Progression Stabilité Déclin 11 22 9 3 5 0 0 1,9 ± 1,4 5,3 ± 3,8 7 ± 4,7 0 2,6 ± 2,1 3,5 ± 0,7 5,3 ± 3,8 2,8 ± 1,7 - - F =0,45 NS SNK =9,21 P < 0,01 P < 0,05 Tableau 1 : Evolution du nombre de marmottières par surface échantillon de 100 ha entre 1986 et 2001 en vallée de Luz, Parc national des Pyrénées. Au-delà de la colonisation de 11 surfaces de 100 ha, et de la progression ou stabilité sur 34 surfaces, l’élément le plus significatif est le déclin constaté sur 5 zones témoins de 100 ha, qui sont celles qui présentaient les plus fortes abondances en 1986. De 1986 à 2001, sur les zones témoins peu ou pas peuplées en 1986 – mais favorables –la colonisation est nette, et il ressort au final une densité moyenne « normale » en marmottières qui semble osciller sur la zone entre 3 et 5 marmottières aux 100 ha. Il reste à examiner le cas des zones de 100 ha toujours non occupées en 2001 : zones défavorables à la colonisation ou bien sur lesquelles la marmotte n’a pas encore eu le temps de s’installer. Les dimensions des marmottières En 1989 en vallée de Luz et en 2008 en vallée de Cauterets, sur la base des observations de terrain des agents du PNP, au mois de mai et juin, la superficie utilisée par les différents groupes de marmottes autour de leurs terriers a été calculée. Il ne s’agit pas là d’une estimation précise basée sur le suivi des déplacements d’individus marqués mais de l’estimation d’une surface utilisée par des individus ayant de fréquents contacts entre eux et semblant former une colonie (figure 5). On remarque que le maximum de marmottières occupe une superficie variant entre 6 et 10 ha, la superficie moyenne générale se situant à 15,7 ± 13 à Cauterets en 2008 et à 10 ± 5 ha en 1989 en vallée de Luz. Si en 1989 à Luz, la surface maximale occupée par une marmottière est de 24 ha, en 2008 sur Cauterets, des surfaces de marmottières ont été estimées au-delà des 30 ha (près de 10 % des cas). Il est vraisemblable que dans ces situations il s‘agit en fait de TAIS n°4 – Mars 2010 page 23 plusieurs groupes sociaux situés les uns à coté des autres que la méthode n’a pas permis de différencier. 25 Cauterets 2008 Nb de terriers Nb de terriers 20 Luz 1989 15 10 5 0 < 2 2-4 4-6 6-8 8- 10- 12- 14- 16- 18- 20- 22- 24- 26- 28- 30- 40- 50- 60- 70- > ha ha ha ha 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 40 50 60 70 80 80 ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha Surf ace par terrier Figure 5 : Superficie estimée occupée par les marmottières dans 2 vallées du PNP en 1986 et 2008. Le pointage précis des terriers en 2001 en vallée de Luz a permis de mesurer la distance (à 25 m près) entre le centre de chaque groupe de terriers et le groupe de terriers le plus proche, et donc, par ce biais, la distance entre marmottières, que l’on peut assimiler à la distance minimale entre colonies. La figure 6 montre qu’en moyenne, chaque marmottière est distante d’une autre d’environ 250 m (distance moyenne = 259 m ± 179 m ; n = 137 marmottières), ce qui correspond grosso Nb de marmottières 60 50 40 30 20 10 0 0-100 100200 200- 300- 400- 500- 600- 700- 800- 900- 1000- 1100300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 Distance (en m) entre deux marmottières proches modo à une surface occupée par marmottière d’un peu moins de 6 ha. TAIS n°4 – Mars 2010 page 24 Figure 6 : Répartition des marmottières en fonction de la distance entre les deux marmottières les plus proches en vallée de Luz, Parc national des Pyrénées, 2001. L’évolution de la sélection de l’habitat Sur la base de la distance moyenne entre colonies (250 m), la sélection de l’habitat par la Marmotte a été analysée en comparant les paramètres de l’habitat (relevés à l’aide d’un modèle numérique de terrain au pas de 50 m –pente, altitude et exposition- et d’une cartographie Corine Land Cover niveau 3) entre les points centraux des marmottières et une grille de points espacés de 250 m, en vallée de Luz en 2001 et 1986. Un indice de préférence (ratio du « % de marmottières dans une classe donnée / % de points au hasard dans la classe donnée ») a été calculé (Johnson, 19 ). Si l’indice est inférieur à 1, la classe de paramètre est considérée « rejetée », si l’indice est supérieur à 1, la classe de paramètres est considérée « recherchée ». 0,4 0,35 0,3 0,25 0,2 0,15 0,1 0,05 0 Disponible Terriers 1986 Terriers 2001 12 00 -1 13 300 00 -1 14 400 00 -1 15 500 00 -1 16 600 00 -1 17 700 00 -1 18 800 00 -1 19 900 00 -2 20 000 00 -2 21 100 00 -2 22 200 00 -2 23 300 00 -2 24 400 00 -2 25 500 00 -2 26 600 00 -2 27 700 00 -2 80 0 % de présence par tranche d'altitude Le facteur altitude La figure 7 retrace la répartition des marmottières en 1986 et 2001 en fonction de l’altitude. On remarque qu’en 1986 les marmottières (n = 61) étaient surtout présentes entre 1700 – 1800 et 2000 – 2100 m d’altitude. En 2001, elles occupent la tranche 1700 à 2100 m. L’autre point marquant est la disparition des marmottières au-delà de 2300 m en 2001, alors qu’en 1986, 4 des 61 marmottières recensées étaient au-dessus de cette limite. Altitude Figure 7 : Répartition par tranches d’altitude de 100m de la surface disponible et des marmottières en 1986 et 2001 en vallée de Luz, Parc national des Pyrénées. TAIS n°4 – Mars 2010 page 25 L’analyse par indice de préférence (figure 8) fait ressortir une préférence d’installation des marmottières entre 1700 et 2100 m d’altitude, tant en 1986 qu’en 2001. Le point au-delà de 2600 m en 1986 est lié à la présence d’une marmottière à cette époque, qui a disparu par la suite. 4 3,5 IP1986 3 IP2001 2,5 2 1,5 1 0,5 0 1200- 1300- 1400- 1500- 1600- 1700- 1800- 1900- 2000- 2100- 2200- 2300- 2400- 2500- 2600- 27001300 1400 1500 1600 1700 1800 1900 2000 2100 2200 2300 2400 2500 2600 2700 2800 Figure 8 : Evolution de l’indice de préférence d’installation des marmottières en fonction de l’altitude en 1986 et 2001 en vallée de Luz, Parc national des Pyrénées. Nb de marmottières Il apparaît donc qu’en 15 ans, les marmottes ont peu bougé (elles ont colonisé toutefois vers les basses altitudes, descendant vers 1300 m) et ont surtout densifié leur présence entre 1700 et 2100 m. Le facteur exposition La figure 9 retrace la répartition des marmottières en 1986 et 2001 en fonction de l’exposition. On remarque que, alors qu’en 1986 les marmottières étaient surtout orientées vers les expositions chaudes, en 2001 toute la gamme des expositions, hormis les plus froides, est exploitée. 40,00% 35,00% 30,00% 25,00% 20,00% 15,00% 10,00% 5,00% 0,00% Disponible 1986 2001 S SE E NE N NW W SW Exposition Figure 9 : Répartition par classes d’exposition de la surface disponible et des marmottières en 1986 et 2001 en vallée de Luz, Parc national des Pyrénées TAIS n°4 – Mars 2010 page 26 L’analyse par indice de préférence (figure 10) fait ressortir une légère préférence d’installation des marmottières en 2001 vers l’Est, toutes les expositions étant cependant utilisées hormis les chaudes (Sud) et froides (Nord). La préférence marquée pour le Sud en 1986, mais aussi Sud-Ouest, est peut-être due à l’influence récente des lâchers (moins de 20 ans dans cette partie de la vallée). 2,5 IP1986 2 IP2001 1,5 1 0,5 0 S SE E NE N Classes d'exposition NW W SW Figure 10 : Evolution de l’indice de préférence d’installation des marmottières en fonction de l’exposition en 1986 et 2001 en vallée de Luz, Parc national des Pyrénées. Le facteur pente La figure 11 retrace la répartition des marmottières en 1986 et 2001 en fonction de la pente. On remarque que, alors qu’en 1986 les marmottières étaient surtout présentes sur les pentes moyennes à fortes en semblant éviter les pentes moyennes à douces, l’expansion des marmottes de 1986 à 2001 les a conduit à exploiter toutes les pentes présentes sans préférence. Seul un léger rejet des pentes fortes peut être remarquée (figure 12). 80,00% Disponible 1986 60,00% 2001 40,00% 20,00% 0,00% 0-0,7 0,7-5 '5-14 14-26 26-45 > 45 Classes de pente en d° Figure 11 : Répartition par classes de pentes (en degrés) de la surface disponible et des marmottières en 1986 et 2001 en vallée de Luz, Parc national des Pyrénées TAIS n°4 – Mars 2010 page 27 1,5 IP 1986 1 IP 2001 0,5 0 0-0,7 0,7-5 '5-14 14-25 26-45 > 45 Classes de pente en d° Figure 12 : Evolution de l’indice de préférence d’installation des marmottières en fonction de la pente en 1986 et 2001 en vallée de Luz, Parc national des Pyrénées. Le facteur formation végétale La figure 13 retrace la répartition des marmottières en 1986 et 2001 en fonction de la formation naturelle en vallée de Luz. La répartition par formation végétale a pu être affinée en vallée de Cauterets (figure 14), notamment pour préciser le choix sur le milieu de type pelouses. 90,00% 80,00% 70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00% Disponible 1986 2001 Forêts mélangées Pelouses Landes Roches nues Eboulis Figure 13 : Répartition par types de formations végétales de la surface disponible et des marmottières en 1986 et 2001 en vallée de Luz, Parc national des Pyrénées. TAIS n°4 – Mars 2010 page 28 0,3 0,25 0,2 0,15 0,1 0,05 pelousepinède forêt landeéboulis lande pelouselandeéboulis pelouseéboulis pelouse pierreuse pelouselande pelouse 0 Figure 14 : Répartition par types de formations végétales des marmottières en 2008 en vallée de Cauterets, Parc national des Pyrénées. On remarque que dans les deux vallées les marmottes évitent les zones fermées à végétation arbustive ou arborée dense (landes, forêts). Dès que la végétation haute s’éclaircit, l’espèce peut s’installer (mélange pelouse – lande, ou pelouse – lande – éboulis). Leur préférence va nettement au type pelouses, et si possible pelouse très ouverte avec présence de landes par paquets ou bien présence de pierres et éboulis. Conclusion Près de 40 ans après son introduction (ou réintroduction), la Marmotte dans la zone Parc national des Pyrénées est encore loin d’avoir colonisé tout l’espace potentiellement favorable. Si elle semble éviter les altitudes trop hautes (au-delà de 2500 m ; trop forte présence d’éboulis ou durée trop longue du manteau neigeux ?), elle est potentiellement capable d’occuper les zones en dessous de 1500 m, comme le démontre son implantation dans le Massif Central (Huber, 1978). Le facteur limitant à son expansion vers ces altitudes sera vraisemblablement la présence d’une couverture végétale arborée ou arborescente empêchant le développement des graminées et limitant l’ensoleillement. Les critères de sélection de l’habitat, moins nets en 1986 quand l’espèce était moins répandue, tels que dégagés à partir des observations de 2001 et 2008 correspondent au choix fait par l’espèce dans d’autres massifs et notamment alpins (Mann et Janeau, 1988 ; Perrin, 1993) : évitement des expositions froides (durée trop longue du manteau neigeux et dureté de la neige ?) voire trop chaudes (besoin d’humidité relative sur les plantes le matin ?), absence des pentes douces ou nulles (présence des troupeaux, risques d’inondations ?), évitement des pentes trop fortes (trop rocheuses ?), recherche des zones de pelouses avec présence de rochers ou de buissons (possibilité de se cacher et/ou de creuser ses terriers à l’abri avec une terre tenue par les racines ?). Si les données dont nous disposons sont très séparées dans le temps, les évolutions du nombre de terriers et d’animaux par colonie semblent indiquer que, TAIS n°4 – Mars 2010 page 29 après une phase d’expansion – qui se poursuit encore dans les zones jamais colonisées, une stabilisation du nombre de marmottes semble avoir lieu du fait soit de raisons sociales (comportementales ?) soit de raisons physiographiques (limitation du nombre possible de colonies). Le nombre d’animaux aux 100 ha observé en vallée de Luz, de 6 à 13 marmottes, est compris dans les valeurs avancées par ailleurs : de 5 à 20 individus / 100 ha. Les surfaces calculées par colonie sont elles aussi voisines de celles trouvées dans la bibliographie : de 6 à 20 ha. Près de 40 ans après son apparition dans les Pyrénées occidentales, l’espèce s’est donc parfaitement adaptée et a retrouvé –et sélectionné- les mêmes conditions écologiques qu’elle rencontre dans les Alpes. Son intégration est donc réussie. Elle participe maintenant aux réseaux trophiques locaux, en faveur du Renard et de l’Aigle royal, mais aussi du Gypaète barbu (qui nourrit ses jeunes avec les cadavres des marmottes mortes durant l’hibernation et portés au dehors au printemps par leurs congénères). Plusieurs plaintes ont été émises quant à son rôle défavorable sur les nids de Galliformes (prédation des œufs chez la Perdrix grise de montagne et le Lagopède alpin) ou sur quelques stations de flore rare (Pénin, comm. pers.). De même quelques petits problèmes sont apparus suite au creusement de terriers sous les fondations de cabanes pastorales. Ces petits points seront à surveiller en relation avec la poursuite de l’expansion de l’espèce, ainsi que les risques d’épizootie sur les populations de marmottes, des chutes notables de population ayant été observées ces dernières années, chutes attribuées au développement de la gale. Bibliographie BESSON J-P. 1971. Introduction de la marmotte dans les Pyrénées occidentales. Comptes-rendus du 86èmeCongrès des Sociétés Savantes à Toulouse, Tome III, section des sciences, Biologie général et animale : 397-399. CLOT A. et DURANTHON F. 1990. Les mammifères fossiles du quaternaire dans les Pyrénées. Publications du Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse. COUTURIER C. 1964. Le gibier des montagnes françaises. Ed. Arthaud, Grenoble, 471 pp. FIZE L. 1997. Introduction et réintroduction de mammifères et d’oiseaux sauvages dans le Parc national des Pyrénées et sa zone périphérique. Thèse ENV Toulouse, n° 97-TOU 3 -4004 ; 351 pp. JEAN O. 1981. La marmotte dans les Pyrénées. Implantation, développement, répartition. Thèse ENV Toulouse. GARCIA-GONZALEZ R., HERRERO J. et HEREDIA R. 1989. Temporal and spatial distribution of the alpine marmot in mid-western Pyrenees until 1986. MANN C. et JANEAU G. 1988. Occupation de l’espace, structure sociale et dynamique d’une population de marmottes des Alpes (Marmota marmota L.). Gibier faune Sauvage, 5 : 427-446. TAIS n°4 – Mars 2010 page 30 NOGUE G. 1991. Répartition des marmottes dans les vallées de Campbielh, Héas et Estaubé. Rapport interne PN Pyrénées, 44 pp. NOGUE G. et ARTHUR C-P. 1993. Rythme d’activité de deux colonies de marmottes au printemps dans les Pyrénées. In "Journée d'étude sur la marmotte alpine", Laboratoire de Socioécologie et d'Ecoéthologie, 2 décembre 1992, Villeurbanne. Eds. Ramousse R. et Le Berre M., Université Claude Bernard, Lyon : 37-47. PERRIN C. 1993. Organisation socio-spatiale et distribution des activités chez la marmotte alpine (Marmota marmota Linné 1758). Thèse de doctorat de l’université Paris 7 ; 217 pp. SALHARANG B. 2001. Répartition et abondance de la marmotte alpine (Marmota marmota) en vallée de Luz, PN Pyrénées. Mémoire de Master 2, Université de Pau et des Pays de l’Adour, UFR sciences et technologies, site côte basque, 26 pp + annexes. VOUGNY G. 1990. La marmotte dans les Pyrénées. Capture, marquage. Stage ENV Toulouse, PN Pyrénées, 18 pp. ZIMINA R.P. and GERASIMOV I.P. 1971. The periglacial expansion of Marmots (Marmota) in middle Europe during the upper Pleistocene. Congrés I.N.Q.U.A., Paris 1969. Supplément au Bulletin de l’Association Française de l’Etude du Quaternaire : 465-472. Christian-Philippe ARTHUR Service connaissance du patrimoine naturel Parc national des Pyrénées 2, rue du IV Septembre BP 736 65007 TARBES cédex tel PNP : 05.62.54.16.57 [email protected] TAIS n°4 – Mars 2010 page 31 Herbages et herbivores à l'abandon: rétablir des équilibres ? (titre original de l'intervention: Utilisation de l'espace et sociabilité par des bovins non manipulés: des pistes pour la gestion des habitats?) Le domestique se rebelle: l'ensauvagement ou féralisation (anglicisme) Dès l'époque où des humains parvinrent à maintenir des troupes animales auprès d'eux et d'obtenir qu'elles se reproduisent, cette captivité s'accompagna d'un corollaire, des tentatives d'évasion parfois réussies menèrent certains d'entre eux à retrouver leurs origines. Si nombre de tentatives se soldent par la disparition des fuyards inaptes à survivre sans assistance dans un milieu qui n'est plus le leur, parfois les évadés parviennent à faire souche. Une aptitude à vivre détaché des humains a pu apparaître au fil des générations. Si le processus dure suffisamment longtemps, une sélection se poursuit, naturelle cette fois, et modifie l'aspect des descendants de ces "rebelles". Il s'agit souvent de la réapparition de traits considérés typiques chez les ancêtres sauvages. Le cas le plus proche de nous concerne le mouflon des îles méditerranéennes introduit en Europe continentale dans les années 50 (Corse, Sardaigne et Chypre). Qu'il s'agisse de l'absence de fossiles apparentés aux ovinés sauvages en Europe continentale ou d'études génétiques montrant une parenté avec les ovins domestiques, les faits indiquent que le mouflon méditerranéen est issus de lignées de moutons féraux parvenus sur les îles méditerranéennes depuis le Moyen Orient avec des communautés de pasteurs aux environs de 7600 AP. La sélection naturelle qui se substitua à celle opérée par les pasteurs permit alors la réapparition de caractéristiques sauvages des ancêtres sauvages originaires d'Arménie et d'Iran (Ovis orientalis) au point que le mouflon de Corse (mouflon méditerrannéen pour les populations continentales) est considéré comme un ongulé sauvage de la faune européenne. Plus globalement chez les ongulés, le processus de féralisation s'accompagne donc de modifications non seulement morphologiques mais aussi comportementales. Livrées à elles-mêmes, les bêtes accroissent leur domaine vital et diversifient au fil des saisons les habitats utilisés pour se nourrir. Si on le compare à un troupeau domestique maintenu en place par un berger, l'impact devient également plus diffus et localement orienté vers certaines espèces végétales selon qu'il s'agit par exemple de bovins ou d'équins. Les pays et les espèces concernés par ce processus sont multiples, des ânes et mustangs d'Amérique du Nord au dingo et au dromadaire en Australie, ou plus près de nous, le cas en cours d'investigation des bovins bétizu du Pays Basque. Ce processus inverse en quelque sorte à la domestication, que l'on peut assimiler à une dispariton du lien étroit avec l'Homme peut être mis en parallèle avec une autre forme d'abandon, probablement concomitant à certaines époques, qui concerne les paysages agricoles. Lorsqu'une communauté pastorale disparaît sans TAIS n°4 – Mars 2010 page 32 être remplacé par d'autres pratiques, les bêtes, mais aussi leurs pâtures, sont livrées à elles-mêmes, c'est à dire à des processus naturels de retour à ce que nous percevons comme un équilibre avec les conditions du lieu. Lorsqu'il s'agit de paysage, on qualifie cela de déprise, terme devenu banal par martèlement médiatique depuis les années 80. Ce phénomène est en fait plus ancien comme en témoignent plusieurs générations de boisements spontanés qui marquent souvent des évènements dramatiques. Les plus anciens datent de 120 à 130 ans, issus des crises politiques et économiques des années 1870 à 1900 et de la crise du phylloxéra dans les régions viticoles. Un second épisode se situe lors de la première guerre mondiale et correspond à des peuplements spontanés de 80 à 90 ans situés sur des terres difficiles abandonnées à cette période. L'exode rural s'amplifie lors de la seconde guerre, en témoignent des accrus de 50 à 60 ans. Les deux derniers épisodes de boisements spontanés sont liés à la mise en place (30-40 ans) puis aux conséquences (10 à 20 ans) de la PAC (politique agricole commune à échelle de l'Europe). Comment peut-on décrire ce phénomène de déprise ? Dans les zones ou subsistait un couvert boisé, il débute par une colonisation par des herbacées à fort pouvoir de propagation (ex du brachypode) sur les prairies disséminées en bordure, puis une végétation semi-ligneuse s'installe (genêt, bourdaine, épilobe,…). Trois à quatre années après l'abandon, on note l'apparition du pin (espèce suivant région), du bouleau, du saule, du tremble, du merisier, toutes espèces de lumière. Au bout de 10-15 ans, les ligneux dépassent 4-5 m de hauteur, parfois plus si les conditions sont bonnes. Les essences d'ombre (hêtres, chênes,…) plus lentes à s'implanter apparaissent au bout de 30-40 ans. Krash bousier - Déprise agricole et faune sauvage On peut résumer la dynamique liée à la déprise en la mettant en parallèle avec un processus naturel évoqué par Herbert Prins, l'un des grands spécialistes en écologie des ressources végétales. En fait, cette idée touche à la logique du vivant, la complexité génère une stabilité issue d’un équilibre entre des pressions de compétition, ce qui aboutit à une meilleure utilisation des ressources,. Lorsque les peuplements s'appauvrissent ou les productions deviennent mono-spécifiques, la fragilité face aux évènements hasardeux s'accroît et certains végétaux opportunistes peuvent proliférer. Quels sont les effets de la déprise sur la faune ? Les ongulés sont globalement favorisés par le phénomène puisque celui-ci est associé à une progression du couvert et une disponibilité végétale étendue dans le temps. Cependant, si la fermeture du milieu prend un caractère trop uniforme, le profit pour le chevreuil peut rester limité car ce sont les paysages en mosaïque qui favorisent ce cervidé territorial. Mammifère peu évoqué, le porc-épic présent en Italie et en Sicile bénéficie également d'une extension du couvert. La diminution d'espaces ouverts compromet à l'inverse les lagomorphes liés à ces conditions, de même que leurs prédateurs notamment le lynx. Les micromammifères quant à eux sont sensibles TAIS n°4 – Mars 2010 page 33 aux variations de structure de l'espace. La transformation des labours en prairie permanente bénéficie au campagnol des champs et au campagnol terrestre, mais l'impact devient négatif en cas de mise en régénération forestière ou en culture. Certaines poussées démographiques de ces espèces peuvent du reste affecter les zones cultivées et les habitats forestiers. De même que certains carnivores, les oiseaux frugivores et les fourmis, sont non seulement influencés par la déprise mais interviennent dans le processus en contribuant à disséminer les arbustes à baies. Cette extension du couvert peut aussi bénéficier aux espèces arboricoles telles que l'écureuil et le muscardin. A échelle des paysages, leur composition et leur structure sont déterminantes sur les densités de prédateurs, qu'il s'agisse de l'hermine ou de la belette inféodés aux milieux ouverts qui déstabilisent les populations de rongeurs ou d'autres plus opportunistes et forestiers (fouine, chat, renard) qui tendent plutôt à les réguler. Peu d'éléments par contre sont disponibles sur l'effet de la déprise sur les espèces de chiroptères. Leur biologie spécialisée induit probablement une fragilité d'ordre alimentaire ou en termes de disponibilité en gîtes suivant les conditions. Si l'agriculture intensive favorise peu les chiroptères, les pratiques extensives, par la diversité des conditions qu'elle suppose peut favoriser leurs communautés. Les habitats ouverts et les clairières accueillent les espèces qui se nourrissent en plein ciel ou au niveau du sol (exemples du grand et du petit murin). D'autres espèces notamment le grand oreillard sont plutôt favorisées par une structure de bocage où les haies consommées par le bétail fournissent des tiges support pour la chasse à l'affût, facilitée par la présence d'insectes coprophages attirés par les bouses. Si les stades préforestiers (dominante arbustive) sont peu favorables, certaines espèces de rhinolophes inféodées au milieu forestier bénéficient de la déprise, de même que celles choisissant leurs gîtes de repos dans les trous d'arbres. Plus problématique, la présence des grands prédateurs passe par des phases critiques, jusqu'à l'éradication en France pour le loup et le lynx. La raréfaction des proies sauvages et l'accroissement concomitant de la pression sur les troupeaux marquent les étapes de cette régression. C'est à partir de noyaux survivants à l'est et au sud de l'Europe que le processus s'inverse. La déprise marquée par l'accroissement de la surface boisée accroît la disponibilité en proies sauvages et en zones refuges, réduit la probabilité des conflits avec des populations rurales qui se réduisent. Autant de conditions qui assurent l'expansion de ces espèces vers l'ouest et le nord, soutenue par l'acquisition d'un statut de protection ainsi que par des opérations de réintroduction dans le cas du lynx. Ces considérations valent moins pour l'ours. Plus que la déprise, et malgré des renforcements de population, c'est sa présence dans des zones relativement peuplées et au profil sociologique particulier qui rendent le plus compte de sa situation critique. On peut cependant noter que ce profil général des effets de la déprise s'accompagne de quelques contre exemples qu'il est bon de relever. Ainsi, le lynx dans le sud de l'Europe se nourrit essentiellement de lagomorphes, qui comme il est souligné, bénéficient d'une organisation des habitats en mosaïque mêlant espaces ouverts et fermés. Ce type de structure, maintenue jadis par des densités importantes d'herbivores TAIS n°4 – Mars 2010 page 34 sauvages lourds (équins, bovins) était le fait d'une agriculture traditionnelle de montagne dont la disparition entraîne la fermeture de ces milieux. On observe ainsi dans le sud de l'Espagne un accroissement des densités de rongeurs et prédateurs généralistes (renard, genette) au détriment du système plus spécialisé "lagomorphes-lynx". Pour des raisons similaires, le chat sauvage favorisé par l'extension du couvert forestier en Europe est affecté par ce même processus dans les zones méditerranéennes. Herbivores "ingénieurs des écosystèmes"1: domestique, sauvage ou féral ? Modification de l'angle de vue: On connaît les étapes largement débattues de l'évolution des sociétés occidentales: révolution industrielle et dévalorisation des activités rurales synonymes d'immobilisme, précèdent une prise de conscience de l'existence et de la fragilité des écosystèmes, et la démarche conservationniste qui y fait écho. La notion de "sauvage" évolue peu à peu d'une acception négative, où il s'agit de contenir un monde inconnu donc dangereux vers un statut emblématique d'origine urbaine marqué par des espèces phares, symboles de naturalité et de liberté. Certains auteurs considèrent cette inversion des valeurs comme une autre forme d'appropriation sur laquelle de nombreuses projections sont opérées (perceptions idéalisées d'une harmonie ou à l'inverse d'une lutte permanente pour la vie). Cette vision manichéenne tend à affecter des rôles à l'animal selon qu'il est reconnu comme espèce sauvage ou race domestique. Ainsi lorsqu'il s'agit de contrôler par l'herbivorie la dynamique de fermeture liée à la déprise agricole, cette action est pensée dans le cadre de la ruralité, le caractère rustique de certaines races garantit alors l'adaptation et donc l'efficacité au sein d'un milieu qui ne s'apparente plus à une pâture de qualité. Cette démarche est en outre justifiée par les aspects économiques qui doivent accompagner ce type de projet. Des pratiques destinées à accoutumer des veaux d'espèces bovines de rente aux pâtures pentues (INRA, Avignon) relèvent de cette approche. Ailleurs, une démarche plus résolument conservatoire, menée notamment pas la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations), tendra à mêler la valeur patrimoniale de l'herbivore et sa fonction positive (maintien d'espaces ouverts) dans l'écosystème, à la condition que ce dernier ait hébergé par le passé des herbivores lourds et que les conditions écologiques de leur présence soient toujours vérifiées. Le projet fondateur de cette démarche se situe en France dans le Marais Vernier menacé d'enfrichement par suite de la déprise. Depuis 1979, diverses espèces de bovins (Highland Cattle, Bretonne Pie Noire), équins (Camargues, poneys Landais, Newforest) et ovins (Shetland) pâturent environ 1200 ha de marais soumis à gestion. Les données recueillies au long du processus mettent bien en évidence un accroissement de la biodiversité lié au maintien 1 Selon l'expression anglaise apparue depuis quelques années: "ecosystem ingeneer" TAIS n°4 – Mars 2010 page 35 d'habitats ouverts par les effets trophiques et mécaniques du pâturage. De nombreuses recherches mettent bien en évidence l'accroissement d'efficacité dans le contrôle de la végétation lorsque bovins et équins partagent le même espace. Dans les habitats les plus utilisés, la complémentarité entre herbivores non ruminants et ruminants, consommateurs potentiels de ligneux et de dicotyledons, améliore l'impact sur les espèces envahissantes et favorise la biodiversité. A cette conséquence essentielle viennent s'ajouter des bénéfices collatéraux issus du tourisme et de la valorisation des bêtes éliminées afin de respecter la capacité d'accueil du site. Légitimer le "laisser faire" ? On observe dans de nombreuses régions des processus d'ensauvagement de certains herbivores domestiques (féralisation: cf premier paragraphe). Si parfois les conséquences néfastes pour des espèces autochtones occupant la même niche justifient l'éradication (chèvres dans les îles, dromadaires dans les dunes du delta du Guadalquivir, …), leur présence peut compenser la disparition des grands herbivores sauvages ou la régression du pastoralisme en assurant le maintien d'une diversité des habitats. Mais un facteur lié à l'étendue des sites concernés et au comportement des herbivores va déterminer l'évolution du processus. En conditions naturelles, l'impact de densités importantes d'herbivores lourds peut dépasser les limites favorables et parfois mêmes acceptables pour les formations végétales. Si jadis, les migrations qui persistent encore en quelques rares endroits d'Asie, d'Amérique du Nord et d'Afrique permettaient de répartir cette surpression de pâturage, les conditions ne sont plus remplies dans la plupart des aires protégées d'Europe Occidentale souvent entourées par des zones agricoles. Sur des surfaces réduites, des densités importantes d'herbivores lourds susceptibles de contrôler un enfrichement, sans autre intervention, ne peuvent être livrées à elles mêmes au risque d'obtenir l'effet inverse, une altération des habitats préférés. Ce constat a mené à la notion de pâturage dirigé, pratique qui prévaut dans la plupart des sites gérés par le biais des herbivores. Utilisée depuis des dizaines d'années en Amérique du Nord, elle fait l'objet d'une formalisation qui en organise les pratiques suivant les buts recherchés, il s'agit souvent d'améliorer la qualité des habitats pour la faune sauvage en accroissant la disponibilité et la diversité des formations végétales. En France, cet aspect correspond à l'une des thématiques du groupe "herbivorie", structure tranversale qui associe des organismes de recherche concernés par les relations ongulés-paysage (INRA, CNRS, CEMAGREF, ONCFS). Il me semble intéressant de clore cet exposé par la formulation d'un enjeu que cette note esquisse. Quelle position adopter vis à vis du statut juridique d'espèces férales ? Peut-on étendre la notion de pâturage dirigé à des espaces non clôturés où les troupeaux seraient contrôlés à minima. De même que pour la notion d'espèce que quelques phénomènes d'hybridation naturelle font parfois vaciller, ne devrait-on pas revisiter une terminologie qui fait du sauvage et de l’autochtone des "labels" qui ne prennent pas assez en compte les processus évolutifs et leurs potentialités. Si TAIS n°4 – Mars 2010 page 36 notre époque voit la disparition d'un trop grand nombre d'espèces sauvages, ne nous privons pas de surcroît de quelques "réapparitions" dans la mesure où celles-ci pourraient se révéler bénéfiques pour la biodiversité. Georges Gonzalez Chercheur CEFS-INRA [email protected] TAIS n°4 – Mars 2010 page 37 Présentation du plan national d’actions en faveur du Desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus) Cette drôle de bête en train de festoyer, n’est autre que le fameux Desman des Pyrénées, petit mammifère discret emblématique de nos cours d’eau pyrénéens. La responsabilité de la France dans sa conservation, son aire de répartition restreinte et son statut préoccupant ont conduit le Ministère de l’Energie, de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire a lancer la rédaction d’un plan d’actions national en faveur de l’espèce. Pyrénées Arc atlantique Système ibérique Septentrional Système Central Carte de l’aire de répartition mondiale actuelle du Desman des Pyrénées. Extrait de la carte d’estimation de l’évolution de la distribution du Desman des Pyrénées au cours des derniers siècles, sur la base de données biogéographiques et historiques (Gisbert & García-Perea, in prep.). Le Desman des Pyrénées présente des mœurs semi-aquatiques. Il se déplace et se nourrit dans l’eau de larves d’invertébrés benthiques (trichoptères, plécoptères et éphéméroptères essentiellement) et gîte dans des cavités des berges. Il vit dans les cours d’eau pyrénéens de bonne qualité et de moyenne altitude, mais TAIS n°4 – Mars 2010 page 38 on peut le rencontrer du niveau de la mer jusqu’à 2 700 m d’altitude. Le site Internet suivant : http://abela.ariegenature.fr/Desman/Desman.html, vous permettra d’en apprendre d’avantage sur ce petit mammifère. Rivière à Desman : La Désix, Pyrénées Orientales. Auteur : A. Bertrand L’écologie et la biologie du Desman sont très spécialisées et en font une espèce très sensible aux modifications anthropiques qui affectent ses habitats et sa ressource alimentaire. Les principales menaces concernent les activités engendrant une modification des cours d’eau et notamment du débit d’eau, comme les centrales hydroélectriques ou autre aménagements hydrauliques. Nous pouvons citer également : la destruction de la végétation des berges, l’altération de la qualité de l’eau ou encore le canyonisme. Des impacts directs existent comme des destructions involonatires par les pêcheurs ou volontaires par les pisciculteurs, de la mortalité routière, de la prédation par des espèces endémiques (Loutre par exemple) ou non (Vison d’Amérique par exemple). L’élaboration d’une stratégie pour sa conservation a nécessité la consultation de nombreux partenaires de compétences diverses en 2008 : services de l’Etat, établissements publics, collectivités territoriales, associations naturalistes, entreprises publiques/privées, universités, etc. La stratégie retenue se décline en trois objectifs prioritaires : L’acquisition de connaissances, car le manque actuel de connaissances sur la biologie, la dynamique des populations, la répartition du Desman, etc. est un frein majeur à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre d’actions de conservation, car le statut actuel du Desman impose la mise en place dès maintenant de mesures opérationnelles pour la conservation de l’espèce et de ses habitats. La constitution d’un réseau de coopération et de suivi, afin de rassembler l’expertise et les moyens disponibles et de mutualiser les connaissances. Pour la mise en œuvre de cette stratégie, 25 actions ont été proposées pour la période 2009 - 2014 : 12 pour le volet « étude », 3 pour le volet « protection » et 10 pour le volet « communication ». La liste de celles-ci est TAIS n°4 – Mars 2010 page 39 proposée en fin d’article. Certaines actions pourront concerner un nombre restreint de partenaires, comme l’étude de la faisabilité d’une méthode de suivi des population par identification génétique à partir de fèces (action 1) qui sera réalisée par un laboratoire de recherche. D’autres rassembleront un grand nombre de partenaires comme l’actualisation de la carte de répartition française du Desman prévue pour 2012 (Action 7). Depuis le très sympathique séminaire Mammifères de juin dernier, le plan Desman a continué son bonhomme de chemin… Validé par le Conseil National de Protection de la Nature le 3 septembre 2009, sa mise en œuvre va pouvoir commencer dès cet automne ! C’est le CREN MidiPyrénées qui va assurer son animation avec la coordination de la DREAL MidiPyrénées. L’objectif est qu’il débouche sur des actions concrètes et génère une véritable dynamique. Si vous souhaitez le consulter, il est possible de le télécharger à l’adresse suivante : http://enmp.free.fr/temp/pnadesman/pna030909.pdf Et pour plus d’informations : 05.81.60.81.98 ou [email protected] Mélanie Némoz Conservatoire Régional des Espaces Naturels de Midi-Pyrénées et Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères, TAIS n°4 – Mars 2010 page 40 ANNEXE : LISTE DES 25 ACTIONS DU PLAN D’ACTIONS DESMAN : ETUDES Objectif I : Améliorer les connaissances biologiques et les outils d'étude sur le Desman des Pyrénées Mettre au point des méthodes d'étude de l'espèce Action 1 : Etudier la faisabilité d’une méthode de suivi des populations du Desman par identification génétique à partir des fèces Action 2 : Définir et standardiser des protocoles d’inventaire et de suivi de la répartition du Desman Améliorer les connaissances biologiques sur l'espèce Action 3 : Préciser les paramètres démographiques et la structure génétique du Desman Action 4 : Caractériser l'habitat du Desman et étudier sa sélection de l'habitat à l'échelle de son aire de répartition Action 5 : Définir l'utilisation de l'espace et le comportement social du Desman Action 6 : Evaluer les capacités de recolonisation du Desman Action 7 : Actualiser la carte de répartition française du Desman Objectif II : Etudier et définir les conditions de cohabitation entre Desman et activités humaines Etudier l'impact des activités humaines liées à la gestion de l'eau et des cours d'eau Action 8 : Etudier et déterminer les paramètres de gestion hydraulique compatibles avec la conservation du Desman Action 9 : Etudier l'impact des aménagements des cours d'eau et de leurs rives susceptibles d'avoir un impact sur le Desman Action 10 : Etudier la fragmentation des populations générée par les installations hydrauliques Action 11 : Etudier l’impact des introductions de poissons non indigènes sur les populations de Desman Etudier l'impact des activités humaines de plein air liées à l'eau Action 12 : Etudier l'impact des sports aquatiques sur le Desman PROTECTION Objectif III : Améliorer l'état de conservation du Desman Améliorer la prise en compte du Desman dans les politiques publiques TAIS n°4 – Mars 2010 page 41 Action 13 : Améliorer la prise en compte du Desman dans les études d'impact ou d'incidence Protéger et gérer les sites occupés par le Desman Action 14 : Consolider le réseau de sites protégés ou gérés pour le Desman Action 15 : Mise en œuvre d'actions opérationnelles de conservation COMMUNICATION Objectif IV : Informer , former et sensibiliser les gestionnaires et usagers des cours d’eau et le grand public Informer et former techniquement les gestionnaires Action 16 : Elaborer un document technique de recommandations de gestion destiné à l'ensemble des maîtres d'ouvrage de la gestion des cours d'eau et des infrastructures connexes Action 17 : Former les partenaires du Plan et les gestionnaires Action 18 : Informer et sensibiliser les utilisateurs et gestionnaires des cours d'eau et de leurs rives Action 19 : Publier un ouvrage scientifique compilant les résultats des études menées en amont du Plan Sensibiliser et faire adhérer le grand public et les scolaires Action 20 : Créer des havres de paix pour le Desman Action 21 : Créer des supports de communication et mettre en place des programmes d'éducation sur le Desman Objectif V : Coordonner les actions et favoriser la coopération pour la conservation du Desman des Pyrénées Créer un centre documentaire et d'informations pour la conservation du Desman Action 22 : Créer une base de données compilant les informations nécessaires à la conservation du Desman Action 23 : Créer un centre de ressources "Desman des Pyrénées" Mise en réseau des acteurs et des partenaires Action 24 : Mettre à disposition des collectivités et usagers une assistance scientifique et technique Action 25 : Animer le plan national et un réseau de coopération TAIS n°4 – Mars 2010 page 42 Résultats du Stage « pelotes » et biogéographie des Micromammifères dans le Sud du Tarn et Garonne 1. Introduction CONTEXTE DE L’ETUDE Le groupe Mammifères de Nature Midi-Pyrénées travaille actuellement à la création d'un atlas en partenariat avec le CREN. Cet ouvrage présentera les mammifères sauvages de Midi-Pyrénées, répartis en quatre grands groupes: Lagomorphes et Artiodactyles, Carnivores, Insectivores et Rongeurs, Chiroptères. Cet outil de synthèse régional permettra d’évaluer l’état des connaissances des espèces et des populations à l’échelle régionale. OBJECTIFS DE L’ETUDE Notre étude débutée en octobre 2008 pour une durée de 6 mois, s’inscrit dans le cadre de cet Atlas en participant à l’amélioration des connaissances sur les Insectivores et Rongeurs. L’objectif était de récupérer des données sur leur répartition dans le Tarn et Garonne, département où nous estimions que peu de données existaient. Puis d’estimer le cortège d’espèces par type de milieu. Une extraction du fichier national des pelotes (transmis par François Spitz) nous a permis de confirmer nos doutes (fig.1). Figure 1 : Position des pelotes de réjection collectées Données fournies par François Spitz TAIS n°4 – Mars 2010 page 43 2. Matériel et Méthode HISTORIQUE DE LA METHODE ET FONDEMENTS DE L’ETUDE L’étude des micromammifères n’est pas chose évidente : en effet les insectivores et les rongeurs, de part leurs caractéristiques morphologiques et leur mode de vie (petite taille, activité nocturne, discret), sont relativement difficiles à inventorier. Les méthodes de prospection classiques (observations directes, indices de présence) ne sont donc pas suffisantes et satisfaisantes pour permettre une connaissance de la répartition de ces espèces. C’est pourquoi d’autres méthodes d’investigations sont utilisées : piégeage, décorticage de pelotes de réjections… C’est cette dernière technique qui sera choisie pour notre étude : *collecte assez aisée (nombreuses par site) *régime alimentaire de la Chouette à large spectre (bien étudié par Fons et al.,1980 ; St Girons et al., 1978). *contenu des pelotes facilement identifiable en général (proie ingérée entièrement) grâce à de nombreuses clés existant (Chaline et Al., 1974 ; Erome et Aulagnier, 1982…). Les pelotes de réjections sont des résidus non digérés par un oiseau et rejetés toutes les 12 à 24h par le bec. La forme et la taille varie en fonction de l’espèce (330 espèces en font). Les pelotes récoltées proviennent principalement de la Chouette effraie : espèce répandue et abondante et dont le régime alimentaire est majoritairement constitué de micromammifères. METHODE ET DEMARCHE La méthode de prospection consistait à trouver des sites susceptibles d’être utilisés par la Chouette Effraie comme lieux de repos. Ces recherches ont été effectuées à partir de cartes IGN (1/25000), en discutant avec les populations locales et en prospectant en voiture pour tenter de repérer les sites semblant favorables. Site favorable : reposoir diurne abrité des intempéries, peu fréquenté par l’homme et basse-cour. Ces lieux tranquilles peuvent être : grange, grenier, comble, bâtiment abandonné, clocher ou vieux pigeonnier. TAIS n°4 – Mars 2010 page 44 RECOLTE DES PELOTES La zone géographique étudiée est une zone homogène du sud du Tarn et Garonne. Caractérisée par différents milieux (majoritaires=soulignés), cette zone regroupe : *des cultures céréalières, des vignes et plantations (fruitiers) *des milieux prairials et forestiers (bois et forets de feuillus ou mixtes) *zones humides (fleuves, affluents, lacs) *milieux urbanisés. La prospection a été réalisée selon un maillage de 5x5 km, correspondant à l’aire moyenne de chasse de la chouette effraie (figure 2). Au total, 34 sites de récoltes ont été échantillonnés, regroupés en 31 lots car certains sites comptaient plusieurs reposoirs. Données de pelotes transmises par F. Spitz Données de pelotes récoltées lors du stage 32 Nombre de pelotes récoltées Figure 2: carte de répartition des sites de collecte de pelotes de rejection. (quadrillage=maille 5X5km) L’accent a été mis sur la nécessité de récolter des lots suffisamment importants (de meilleure qualité possible) par rayon d’action de la chouette pour permettre une analyse ultérieure pertinente : 100 pelotes/5x5km Cela nous assurera d’atteindre au moins 200 proies/maille, nombre à partir duquel il est admis que la probabilité de trouver une espèce nouvelle est faible (Millan de la Pena, 2002), et donc obtenir une représentation correcte de la répartition des populations de micromammifères. TAIS n°4 – Mars 2010 page 45 DISSECTION DES PELOTES ET IDENTIFICATION DES RESTES Les 31 lots de pelotes de réjection ont fait l’objet d’une analyse de leur contenu. Après extraction et nettoyage des restes osseux, l’identification a été possible grâce aux références bibliographiques (dont clés d’identification : Chaline et Al., 1974 ; Erome et Aulagnier, 1982 ; Charissou, 1997). Certaines espèces ont posé quelques problèmes de classification : *Rattus rattus et norvegicus : la présence de nombreux individus juvéniles et de crânes abîmés (due à la grosseur de la proie ingérée) ont rendu difficile l’utilisation des critères d’identification. Ils ont été classés en Rattus sp. *La distinction de certain Microtus reste délicate même si on connaît mieux certains critères d’identification (i.e. Microtus pyrenaicus, Brunet-Lecomte, Arvicola, 2007). *Sorex coronatus et araneus : seule une discrimination génétique peut distinguer les 2 espèces. Ces musaraignes ont donc été arbitrairement classées en S.coronatus du fait de la situation géographique du département 82. *les autres proies (Oiseaux, Amphibiens, Insectes) ont été envoyées à des spécialistes pour identification). 3. Résultats La figure 3 présente les 19 sites analysés (sur les 31 répertoriés). 681 pelotes ont donc été décortiquées sur les 1177 récoltées. 2330 individus ont été identifiés, regroupant 21 espèces de micromammifères : *8 d’insectivores (dont 1 chauve souris) *13 de rongeurs TAIS n°4 – Mars 2010 page 46 Données de pelotes transmises par F. Spitz Données de pelotes récoltées lors du stage 32 Nombre de pelotes récoltées Figure 3 : carte de la localisation des sites analysés (entourés) La taille des échantillons varie de 23 à 313 proies/lot pour 8 à 97 pelotes décortiquées. La figure 4 représente le pourcentage des espèces proies pour l’ensemble des sites analysés. Cela donne une bonne idée du régime alimentaire de la chouette effraie : large et diversifié. TAIS n°4 – Mars 2010 page 47 8% 5% 2% 15% 4% 3% 3% 20% 27% 3% Microtus arvalis Sorex coronatus/araneus Crocidura russula oiseaux/amphibiens autres crocidures autres sorex 4% 6% Mus spretus Mus musculus Apodemus sylvaticus Cléthrionomys glaerolus Microtus sp (arvalis / agrestis) Microtus agrestis Figure 4 : % d’espèces proies identifiées sur l’ensemble des lots décortiqués de la zone de récolte (sud 82). Le contenu des pelotes se compose essentiellement de micromammifères (98.8%), les autres proies représentent 1.2% (oiseaux, amphibiens, insectes). Parmi ces micromammifères, on distingue 3 familles d’espèces majoritairement représentées : les arvicolidés présents à 44%, les muridés à 34%, et les soricidés à 20%. Plus spécifiquement, la figure 5 nous montre 3 espèces se détachant quantitativement : le Campagnol des champs (28%), le Mulot sylvestre (20%) et la Musaraigne musette (15%) ; et 4 plus discrètes : le Campagnol agreste (6.5%), la Souris à queue courte (3.7%), la Musaraigne couronnée, le Campagnol roussâtre et la Souris domestique (environ 3% chacun). TAIS n°4 – Mars 2010 page 48 to ta l eind. spèce Total 346 1 3 26 6 78 8 17 1 658 152 90 7 20 65 17 1 461 34 26 71 87 36 46 10 2 22 5 6 28 2330 % e% spèce 1 4 ,8 0 ,0 0 ,1 1 ,1 0 ,3 3 ,3 0 ,3 0 ,7 0 ,0 2 8 ,2 6 ,5 3 ,9 0 ,3 0 ,9 2 ,8 0 ,7 0 ,0 1 9 ,8 1 ,5 1 ,1 3 ,0 3 ,7 1 ,5 2 ,0 0 ,4 0 ,1 0 ,9 0 ,2 0 ,3 1 ,2 e sp è c e s m a jo rita ire s(1 5 -3 0 % ) e sp è c e s m o y e n n e m e n t p re se n te s(2 -1 5 % ) e sp è c e s p e u p ré se n te s(1 -2 % ) e sp è c e s tre s p e u p ré se n te s(in f.à 1 % ) b le u : in c lu s la p ré s e n c e d 'in d iv id u s a b e rra n ts /m u ta n ts E S P E C E S P R O IE S /S IT E S c .ru s s u la c .le u c o d o n c .s u a v e o le n s c .s p . s u n c u s e tru s c u s s o re x c o ro n a tu s /a ra n e u s s o re x s p . s o re x m in u tu s P ip is tre llu s s p . M ic ro tu s a rv a lis M . a g re s tis M .s p .(a rv + a g re s tis ) M .s p .(te rric o la ) M . p y re n a ic u s C lé th rio .g la re o lu s A rv ic o lid é s s p .(c le th rio + m C h io n o m y s n iv a lis A p o .s y lv a tic u s A .fla v ic o llis A p o .s p . M u s m u s c u lu s M u s s p re tu s M u s .s p M u rid é s s p .(a p o + m u s ) M ic ro m y s m in u tu s R a ttu s ra ttu s R a ttu s .s p E lio m y s q u e rc in u s T a lp a e u ro p e a O is e a u x , In s e c te s , a u tre s T o ta l p ro ie s Tableau 1 : Nombre total et pourcentage d’espèces proie pour toute la zone d’étude (sud 82) J’ai considéré comme « peu présentes » les micromammifères dont le rapport est de 1 à 2% et comme « très peu présentes » ceux de moins de 1% des échantillons analysés. Le tableau 1 nous montre le nombre total et le pourcentage d’espèces proie pour l’ensemble de la zone étudiée (sud du Tarn et Garonne). La figure 5 nous donne un exemple des pourcentages d’espèces pour un site analysé, avec 157 proies identifiées pour 70 pelotes décortiquées. Ce site est une petite église abandonnée au centre d’un petit village, entouré de vignes de quelques habitations et d’une prairie artificielle. C’est un milieu ouvert à proximité d’un bois de feuillus et à 500 m de la Garonne. La configuration de ce site étant représentative de l’ensemble du secteur prospecté, on retrouve bien les 3 espèces majoritaires que sont le Campagnol des champs, le Mulot sylvestre et la Musaraigne musette. TAIS n°4 – Mars 2010 page 49 11,5 C.russula 20 5,7 M.arvalis 7 M.agrestis A.sylvaticus Mus musculus 8,3 19 Rattus sp. 22 Autres Insectivores 6,4 Autres Rongeurs Figure 5: Pourcentage des espèces identifiées pour le site analysé. BIOGEOGRAPHIE DES MICROMAMMIFERES (SUD 82) Basés sur les résultats de l’analyse des pelotes issues des 19 sites, seront présenter ci-dessous les espèces, leur présence dans les sites et les caractéristiques de leur habitat. LES INSECTIVORES Genre Crocidura - Crocidura russula : présente dans tous les sites. Inféodée à un habitat très varié, elle utilise les milieux plutôt secs et ouverts mais exploite également les milieux urbanisés…les 2 sites ou elle est plus faiblement représentée sont des milieux plus fermés et humides, à végétation plus dense. Il semblerait aussi que cette musaraigne soit un peu moins fréquente sur des sites plus élevés en altitude (4 sites à 185-200 mètres pour 4 à 16% d’abondance dans le régime alimentaire de rapaces nocturnes). - Crocidura leucodon et suaveolens : 1 M.leucodon et 3 M.suaveolens ont été trouvées sur le même site. Celui-ci ne présentait pas moins de 14 espèces. Très diversifié, on y trouve des zones bâties dont une bâtisse abandonnée donnant sur un espace assez ouvert, une forêt et des broussailles. Les musaraignes leucodes sembleraient préférer un milieu humide et couvert alors que les musaraignes des jardins ou suavolens côtoient un milieu varié à tendance chaud et sec. TAIS n°4 – Mars 2010 page 50 Genre Suncus - Suncus etruscus : présente dans 3 sites, cette petite musaraigne inféodée à un milieu chaud et sec, affectionne les murets et les vignes. Ces 3 sites avoisinent des vignes ou prairies assez sèches en terrasses. Genre Sorex (musaraignes à dents rouges) - Sorex coronatus : présente dans 5 sites, - Sorex minutus : présente dans 2 sites, Toutes 2 côtoient des milieux semblables, plutôt humide et avec un couvert végétal suffisant. Genre Talpa - Talpa europaea faiblement présente dans 2 sites (12,5%) Elle affectionne les zones découvertes, meubles et souterraines et donc peu accessibles par un rapace nocturne. LES RONGEURS Genre Microtus - M. arvalis: présent dans tous les sites, où il est majoritairement abondant. Caractéristique des milieux ouverts (prairies et cultures) et/ou transformés, ce campagnol semble moins fréquent dans les milieux plus fermés (bois, forêt). Il représente que 2.8 et 5% dans 2 sites/19. - M. agrestis: présent dans 12 sites, il affectionne plutôt les terrains humides et couverts (contrairement à son cousin ci-dessus). - M. pyrenaicus: présent dans 7 sites, peu connu, ce petit campagnol habite plutôt les milieux prairials garni de ligneux. Les sites rencontrés présentaient un faciès diversifié avec la présence de milieux ouverts (champs cultivés, prairies, jardins…) mais la faible présence de cette espèce pourrait être liée à son mode de vie fouisseuse. Genre Cléthrionomys - Cléthrionomys glareolus: présent dans 10 sites, ce campagnol affectionne particulièrement les milieux forestiers à plusieurs strates de végétations. En effet on le retrouve de façon relativement importante dans 1 site à 22%, site situé au sein d’une forêt de feuillus et de conifères. Les 9 autres sites sont constitués en partie d’un bois ou d’une forêt mais on ne retrouve que 2 à 6% de ce campagnol. TAIS n°4 – Mars 2010 page 51 Genre Apodemus - A. sylvaticus: présent dans tous les sites, il est plutôt abondant dans la plupart des milieux mais reste associé à la présence de végétation herbacée (lisière, bois, forêt, haie…). Tous les sites présentent une partie herbacée plus ou moins importante mais sa fréquence augmente avec l’importance du couvert végétal. - A. flavicollis: présent dans 5 sites, ce mulot est plus typiquement forestier que sylvaticus. On le retrouve dans les mêmes sites que ce dernier mais de manière moins fréquente. Peut-être est-il donc moins accessible aux rapaces nocturnes ? Genre Mus - Mus musculus: présent dans 14 sites, cette espèce anthropophile côtoie les milieux cultivés. Sa fréquence n’excède pas 8%. - Mus spretus: présent dans 8 sites, sa fréquence oscille entre 0.5 et 12%. Plus « sauvage » que la domestique, cette souris qui n’est jamais commensale côtoie un milieu plutôt diversifié, ouvert non loin d’un point d’eau. Il y aurait compétition avec la souris domestique (communication personnelle, S. Aulagnier) mais elle est généralement plus agressive (Le Louarn & Quéré, 2003). AUTRES ESPECES: Rattus sp (8), Lérot (3) et Rat des moissons (5 sites) - Rattus sp et Rat des moissons: espèces inféodées aux cultures, milieux ouverts à tendance buissonneuse et plutôt humides pour le Surmulot. Les sites analysés étaient à proximité d’habitations et de cultures. - Lérot: milieu forestier et anthropique. Il hiberne en automne – hiver dans des habitations ou arbres creux, murs… 4. Interprétation et discussion REPARTITION ET CORTEGE DES ESPECES PAR RAPPORT HABITAT/SITUATION GEOGRAPHIQUE. Les études bibliographiques ont permis de distinguer plusieurs groupes d’espèces en fonction du type d’habitat: * Espèces prairials: Campagnol des champs, Musaraigne musette * Espèces bocagères à forestières « sec » : Souris à queue courte, Mulot sylvestre et à collier, Campagnol roussâtre * Espèces bocagères à forestières « humide » : Campagnol agreste, Musaraignes couronnée et pygmée TAIS n°4 – Mars 2010 page 52 * Espèces commensales: Souris domestique, Rat, Lérot + Présence du Pachyure étrusque (milieu chaud et sec), du Campagnol des Pyrénées (milieu ouvert, fouisseur). Notre étude menée dans le sud du Tarn et Garonne nous a permis de retrouver la présence de ces espèce dans les principaux types d’habitat décrits. On a également constaté que les fréquences des espèces proies variaient en fonction des types de milieux. Cependant cette variation « d’abondance » relative peut-être liée à d’autres facteurs : * les stratégies de chasse de la chouette effraie : aire de chasse (milieu ouvert et en lisière) et la disponibilité saisonnière influencent la fréquence des proies que l’on peut retrouver. * la taille des espèces peut expliquer leur faible présence/identification ; trop grosses (oiseaux, Rats) ou trop petites (chauves-souris, Pachyure) * les espèces hibernantes ou fouisseuses (Lérot ; Campagnol des Pyrénées) sont plus difficiles à capturer et expliquerait ainsi leur faible présence. ESPECE « NOUVELLE »? MUS SPRETUS Lors du décorticage de toutes les pelotes de rejection, on a remarqué la présence de la souris à queue courte dans 8 sites. Les données historiques connues sur cette espèce (Atlas National, bibliographies et communications personnelles) sont peu abondantes et les quelques prospections effectuées dans le département n’avaient pas permis de la contacter. On peut juste dire qu’il y a quelques années, sa distribution atteignait Toulouse (Le Louarn & Quéré, 2003). Les prospections faites dans le sud 82 montrent la présence de cette espèce et donc son expansion récente. Elle n’a en revanche pas été contactée dans le nordest du département (S. Aulagnier, com.pers.). Ces résultats démontrent ainsi sa progression dans les vallées de la Garonne et du Tarn. Sa répartition est visualisée sur la carte ci-après. TAIS n°4 – Mars 2010 page 53 Données de pelotes transmises par F. Spitz Données de pelotes récoltées lors du stage 32 Nombre de pelotes récoltées Présence de Mus spretus 5. Discussion Les résultats de cette étude se rapprochent des résultats obtenus lors de diverses études sur la Chouette et les micromammifères (Fons et al. 1980, Saint Girons et al., 1978): * composition générale et diversifiée du régime alimentaire de la chouette, (essentiellement des micromammifères), * l’habitat constaté de chaque espèce est en accord avec les études déjà réalisées, Cependant cette étude a ses limites : * l’absence d’espèces trouvées dans les pelotes ne signifie pas qu’elles sont absentes sur le département. * ces données issues de captures nous informent sur les biotopes de chasse de l’effraie et sur le cortège des espèces proies (sélectionnées en fonction disponibilité, abondance et saisonnalité de ces proies). TAIS n°4 – Mars 2010 page 54 6. Conclusion et perspectives La répartition des espèces proies dépend principalement de l’ouverture du paysage et l’humidité du milieu mais aussi de la dynamique des populations (saisonnalité, compétition…). Même si le cortège des espèces proies identifiées dans l’étude est relatif par rapport au comportement de chasse de la Chouette effraie (aire de chasse, « capturabilité » et disponibilité des proies), ce rapace reste tout de même un bon indicateur de la présence des micromammifères. Cette étude confirme aussi la présence de la souris d’Afrique du nord et de l’extension de son aire de répartition (sud 82), ce qui constitue un point de départ pour l’analyse de l’évolution de son aire de répartition dans le département. Les résultats finaux de cette étude, couplés à ceux de travaux similaires réalisés dans les autres départements de la région Midi-Pyrénées, seront intégrés à l'atlas des mammifères. Remerciements Je remercie Manue Jacquot et l’association Nature Midi-pyrénées pour leur encadrement et leur soutien tout au long de mon stage, ainsi que Patrick Brunet Lecomte, Stéphane Aulagnier, Patrick Bayle et Vanessa Lefebvre pour leur aide dans le décorticage et l’analyse des pelotes de réjection. Bibliographie AULAGNIER S., 1981. Notes sur le régime alimentaire de la chouette effraie (Tyto alba) dans une localité de Haute-Loire. Le Grand Duc, 19 : 15-16. Atlas des Mammifères sauvages de France, 1984. SFEPM, Paris, 299 p. BERTRAND A., 1991. Le régime alimentaire des Rapaces nocturnes en Ariège - La chouette effraie Tyto alba. Le Pistrac, Bulletin de l’ AROMP, n°13. BRUNET-LECOMTE P. ET AL., 1996. A propos de l’observation d’un rhombe pitymyen à la première molaire inférieure chez les campagnols Microtus arvalis et M. agrestis (Rodentia, Arvicolidae). Mammalia, t. 60, n°3. BRUNET-LECOMTE P. ET CHALINE J., 1993. Mise au point sur Microtus (Terricola) pyrenaicus gerbei (Gerbe, 1879) (Rodentia, Arvicolidae). Mammalia, t. 57, n° 1. BRUNET-LECOMTE P. ET AL., 1987. Morphologie dentaire comparée de Pitymys lusitanicus et Pitymys duodecimcostatus (Arvicolidae, Rodentia) dans le nord-ouest de l’Espagne. Mammalia, t. 51, n°1. TAIS n°4 – Mars 2010 page 55 BRUNET-LECOMTE P., 2007. Etude de la variabilité de la boucle antérieure de la première molaire inférieure chez le campagnol des Pyrénées Microtus (Terricola) pyrenaicus (Rodentia, Arvicolinae). Arvicola, tome 18, n°1 BUTET A ; ET PAILLAT G., 1997. Insectivores et Rongeurs de France : Le Mulot sylvestre- Apodemus sylvaticus (Linné, 1758). Arvicola, tome 9, n°2. BUTET A ; ET PAILLAT G., 1998. Insectivores et Rongeurs de France : Le Rat des moissons -Micromys minutus (Pallas, 1771). Arvicola, tome 10, n°2. CHALINE ET AL., 1974. Les proies des rapaces. Ed. Doin, Paris, 141p. CHARISSOU I., 1997. Identification des restes trouvés dans les pelotes de réjection des rapaces. Groupe mammalogique et herpétologique du Limousin. DARVICHE D. ET ORSINI P., 1982. Critères de différenciation morphologique et biométrique de deux espèces de souris sympatriques : Mus spretus et Mus musculus domesticus. Mammalia, t. 46, n°2. EROME G. ET AULAGNIER S., 1982. Contribution à l’identification des proies de rapaces. Bièvre, 4 : 129-135. FAUGIER C., CAUSE M., BUTET A. ET AULAGNIER S., 2002. Insectivores et Rongeurs de France : La Souris domestique - Mus musculus domesticus Rutty, 1772. Arvicola, tome 14, n°2. FAYARD A. ET EROME G., 1977. Les micromammifères de la bordure orientale du Massif Central. Mammalia, 41 (3) : 301-319. FONS R., LIBOIS R-M ET SAINT GIRONS M.C., 1980. Les micromammifères dans le département des Pyrénées-Orientales. Répartition altitudinale et liaison avec les étages de végétation, Vie Milieu, 30 : 285-299. HAUSSER J., 1978. 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Aude Gaborit-Loret [email protected] TAIS n°4 – Mars 2010 page 57 Premiers résultats de l’enquête nationale « Campagnol amphibie » dans le Gers Contribution au projet d’inventaire des mammifères sauvages du Gers CONTEXTE Depuis 2008, le CPIE Pays Gersois coordonne l’inventaire des mammifères du Gers et à cette occasion transmet les données récoltées à Nature Midi-Pyrénées afin d’alimenter l’atlas midi-pyrénéen en cours. Dans le Gers, bon nombre d’espèces sont déficitaires en données, à commencer par le campagnol amphibie (Arvicola sapidus). Au vu de ces constatations, l’enquête nationale consacrée à cette espèce et initiée en 2008 par la SFEPM (Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères) s’est ainsi avérée être l’occasion idéale pour préciser la répartition de l’espèce dans le département. Rongeur semi-aquatique d’eau douce de répartition mondiale ibéro-française, le campagnol amphibie était autrefois très commun en France. De multiples témoignages concordent aujourd’hui pour exprimer un déclin généralisé de l’espèce dont les causes sont soupçonnées mais pas réellement hiérarchisées. Présence d’espèces exogènes concurrentes, artificialisation des cours d’eau, campagnes d’empoisonnement des rongeurs aquatiques,..., sont autant de coups portés à la santé de l’espèce. Combinées à l’absence de statut de protection, ces causes de disparition ont légitimé le lancement de l’enquête nationale. PROTOCOLE Le protocole se base dans un premier temps sur le choix de carrés échantillons de 10x10 km, établis à partir d’un maillage national en coordonnées Lambert II étendu (Méridien de Paris). Dans le Gers, 5 carrés ont été choisis, en prenant soin de répartir les carrés par sous-bassins tout en essayant de s’aligner sur des secteurs historiquement connus pour abriter l’espèce (données issues de l’atlas des mammifères sauvages de France de 1984). Au sein de chaque carré échantillon, 20 tronçons de 100 m de long, chacun situé dans un carré de 2x2 km, sont sélectionnés en vue d’être prospectés. Le choix des tronçons se fait simultanément à partir d’une analyse cartographique et/ou photo aérienne et d’un repérage sur le terrain afin de prospecter les habitats les plus favorables. TAIS n°4 – Mars 2010 page 58 Répartition des carrés échantillons choisis La prospection se déroule de la façon suivante : 100 m de berge de cours d’eau ou de plan d’eau sont parcourus en recherchant les indices de présence du campagnol amphibie. Les crottiers sont les preuves les plus probantes de la présence certaine de l’espèce. Une fiche de prospection permet de renseigner notamment les faciès de berges pour chaque tronçon. RECENSEMENT DES DONNÉES Outre l’enquête en elle-même, le CPIE Pays Gersois a recensé les données récentes de l’espèce sur le Gers qui émanent de plusieurs sources : la carte nationale de répartition du 20 septembre 2007 de Jean-François NOBLET (Association Nature et Humanisme) qui laisse apparaître une présence gersoise confirmée par des données récentes 4 données de communes fréquentées issues de l’Atlas des Mammifères Sauvages de France transmises par Patrick HAFFNER du MNHN (Muséum National d’Histoire Naturelle) une donnée de COMTE et COSTA provenant du fichier national « pelotes de réjection » de la SFEPM transmise par François SPITZ. TAIS n°4 – Mars 2010 page 59 RÉSULTATS D’un point de vue quantitatif, 7 tronçons positifs ont permis de valider la présence de l’espèce dans 3 carrés sur les 5 prospectés. Trois tronçons hors protocole ont également été validés à proximité des carrés. Pour l’heure, aucune donnée contemporaine n’a été récoltée sur l’ouest du département, secteur aux zones humides pourtant largement répandues (étangs de l’Armagnac). TAIS n°4 – Mars 2010 page 60 Carrés verts : carrés échantillons positifs ; carrés rouges : carrés échantillons négatifs. L’analyse des fiches de prospection a permis de mettre en lumière les composantes paysagères déterminantes pour la présence d’Arvicola sapidus. On constate ainsi que pour l’ensemble des tronçons positifs (dans et hors protocole) : - le faciès de berge de 0 à 50 cm de l’eau est dans tous les cas composé de végétation herbacée hygrophile supérieure à 30 cm de haut. Ceci confirme la préférence de l’espèce pour des rives à la végétation herbacée, relatée dans la bibliographie. - Le faciès de berge de 50 cm à 2 m de l’eau est dans 79 % des cas de la prairie mésophile ou de la végétation herbacée non hygrophile. La prédominance d’un milieu bas ouvert est là encore marquée. - L’environnement de 2 mètres à 100 mètres de l’eau est essentiellement occupé (79 %) par de la grande culture. Le campagnol semble s’accommoder d’activités humaines intensives à proximité de son habitat. En témoigne les parcelles de grande culture avoisinantes ou encore sa présence en contexte urbain (parc du Couloumé à Auch par exemple). TAIS n°4 – Mars 2010 page 61 CONCLUSION La première année d’enquête a été l’occasion de reconfirmer la présence du campagnol amphibie dans le Gers à travers des données bibliographiques et les prospections inhérentes à l’enquête. La répartition de l’espèce semble large bien que la frange ouest du département n’ait pas été source de données. Dans bon nombre de cas, les densités observées demeurent faibles et l’espèce occupe des milieux végétalisés et ouverts mais exigus au sein des agrosystèmes. La poursuite des prospections sur d’autres carrés est d’ores et déjà prévue pour affiner la répartition sur le département. Les données récoltées et à venir serviront également à alimenter l’inventaire des mammifères du Gers et celui de MidiPyrénées. CATIL Jean-Michel & LACOUE Benjamin CPIE Pays Gersois [email protected] TAIS n°4 – Mars 2010 page 62 TAIS n°4 – Mars 2010 page 63 Test de différentes méthodes dans la recherche des petits carnivores, mise au point de protocoles simples et premiers résultats J’ai effectué un stage sur les petits carnivores dans le cadre de l’atlas des mammifères sauvages de Midi-Pyrénées pour Nature Midi-Pyrénées. Ce stage avait pour objectifs de tester des méthodes invasives et non invasives puis de mettre au point des protocoles standardisés et d'améliorer les connaissances sur la répartition de ces animaux en Midi-Pyrénées. La première étape était donc la rédaction d’un rapport bibliographique sur les méthodes de prospection et de détection de présence des petits mammifères carnivores que j’ai présenté lors du séminaire et que je vais résumer ici. Les espèces étudiées sont les petits mammifères carnivores sauvages de Midi-Pyrénées. Il s’agit en tout de 11 espèces dont 8 mustélidés : la Belette (Mustela nivalis), l’Hermine (Mustela erminea), le Putois (Mustela putorius), le Vison d’Europe (Mustela lutreola), la Fouine (Martes foina), la Martre (Martes martes), la Loutre (Lutra lutra), le Blaireau (Meles meles), la Genette (Genetta genetta), le Renard (Vulpes vulpes) et le Chat forestier (Felis silvestris). Leur taille dépasse rarement les 1m de long. Ce sont des animaux difficilement observables car très discrets et crépusculaires. Afin de rendre efficace la prospection des petits carnivores, les méthodes utilisées pour l’atlas doivent pouvoir détecter la présence d’un maximum d’espèces concernées. Un autre argument important, puisque l’atlas s’inscrit dans une optique naturaliste, est que les méthodes soient le moins invasives possible. Pour cette raison et parce que les petits carnivores sont des animaux discrets et crépusculaires, les méthodes indirectes sont favorisées, c’est-à-dire des méthodes où l’on ne voit jamais l’individu. Des parcours peuvent être faits afin de rechercher des indices de présence. La prospection des crottes est la méthode la plus intéressante pour la détection des petits carnivores. En effet, elles sont facilement trouvables. Malheureusement, il est impossible de différencier certaines espèces par leurs fèces. C’est le cas de la Martre et de la Fouine. Certaines espèces ont cependant des crottes bien caractéristiques. La présence d’empreintes des petits carnivores est assez rare puisque leurs pieds marquent difficilement. La détection des plus gros animaux est cependant largement possible (Renard, Blaireau, Loutre). Le substrat qui marque le mieux est la neige fraiche ou la boue. Une dernière méthode est de noter les tanières que l’on peut observer. Si le Blaireau reste assez discret car c’est un animal nocturne, les blaireautières sont quant à elle assez facile à repérer. La découverte d’une blaireautière puis la confirmation qu’elle est active suffit pour détecter la présence de cet animal. Elles sont notées grâce à des fiches proposées par le TAIS n°4 – Mars 2010 page 64 groupe Mammifères de Nature Midi-Pyrénées. Ces trois méthodes peuvent être combinées lors de parcours de quelques kilomètres sur le terrain. Afin de limiter les cotés aléatoires de ces méthodes, différents moyens sont utilisés. Les empreintes peuvent être récupérées grâce à des stations de marquage. Il en existe de nombreux types. Le piège retenu est un tunnel de marquage avec un tampon encreur et des feuilles de papier buvard à l’intérieur (figure 1). L’animal qui passe dans le tunnel va marcher sur l’encre et va laisser des empreintes sur le papier buvard. Le fait que ce soit un tunnel va protéger l’installation. Tampon encreur Figure 1 : Piège à traces Papier buvard De la même manière, un piège à poils peut être placé dans un tunnel. Dans ce cas, le piège retenu est construit avec un morceau de tuyau en PVC (dont la taille dépend de l’espèce) et des morceaux de ruban adhésif double-face à l’intérieur (figure 2). La détermination des poils grâce à des clés est plus précise que celle des empreintes. De plus, les pièges n’ont pas à être vérifiés très souvent puisque les poils s’accumulent et ne se dégradent pas rapidement. Figure 2 : Piège à poils Ruban adhésif double face Appât La combinaison du tunnel de marquage et du piège à poils pourrait être testée. L’utilisation d’un appât adéquat augmente les probabilités de résultats. TAIS n°4 – Mars 2010 page 65 Pour la Loutre, il existe une méthode UICN qui est efficace et qui peut être utilisée pour l’atlas. Il existe aussi une version adaptée par l’ONCFS pour la région Midi-Pyrénées. Pour les carnivores les plus gros et les plus terrestres, c’est-à-dire le Blaireau et le Renard, l’observation au phare est possible, à condition d’être en règle avec la loi. Généralement, deux observateurs se tiennent debout à l’arrière d’un véhicule qui avance lentement (10 km/h) et regardent la route et les côtés avec un projecteur. Une méthode un peu plus invasive car pouvant provoquer un certain stress à l’animal est la capture. En utilisant différents types de pièges, toutes les espèces de petits carnivores peuvent être attrapées. L’identification est précise puisque l’animal est observé directement. L’utilisation d’appât est conseillée. La mise en place de pièges doit cependant correspondre aux recommandations du législateur et à notre cadre éthique. Cependant, la lourdeur de la mise en place est contraignante pour une application régionale. L’utilisation de pièges photographiques permet d’obtenir des résultats quasiment semblables à la capture mais sans être invasifs. L’animal déclenche la prise de photos avec son mouvement ou en mangeant un appât relié par un fil au déclencheur de l’appareil. Cependant c’est une méthode assez expérimentale, couteuse et lourde à mettre en place régionalement. Afin d’affirmer avec précision l’identification, l’utilisation des techniques utilisant l’ADN est envisageable. L’identification des espèces se fait grâce à l’ADN récupéré dans les fèces, les poils ou un échantillon de peau. Les crottes de mustélidés ne sont pas faciles à différencier à l’observation et cette méthode permet de résoudre ce problème. Cependant, elles demandent un coût et une organisation qui ne peuvent s’inscrire dans le travail d’atlas. L’observation des cadavres au bord des routes par exemple est une méthode intéressante. Il suffit de rester attentif lorsque l’on va sur le terrain ou lors des trajets domestiques. Cela reste assez aléatoire, car les cadavres ne sont pas toujours présents ou identifiables et parfois, on les trouve dans des parties de route où il est impossible de se garer. Une méthode mise en place par le groupe Mammifères de Nature MidiPyrénées qui servira à l’atlas mais qui n’est pas adaptée pour l’atlas est le comptage direct d’animaux, notamment la réalisation d’affûts devant des blaireautières. Enfin, la dernière méthode est la récolte de données. La plupart des espèces sont chassables ou considérées comme nuisibles. Il est donc possible de récupérer des données auprès des chasseurs et des piégeurs. L’ONCFS a lancé un suivi des petits carnivores en plaçant dans chacune de leur voiture un carnet dans lequel les TAIS n°4 – Mars 2010 page 66 agents doivent inscrire leurs observations. Des questionnaires et des enquêtes peuvent éventuellement être lancés auprès de gardes forestiers, facteurs, guides ou personnes de terrain par exemple. Ils peuvent noter l’observation directe ou celle de cadavre au bord de routes. Mais les questionnaires sont très longs à mettre en place car il faut les écrire, les envoyer et ensuite, une fois remplis, il faut lire et traiter les données. La combinaison de toutes ces méthodes devrait pouvoir préciser les connaissances sur la répartition des petits carnivores malgré leur discrétion. Si la plupart sont assez lourdes à mettre en place sur toute une région, la méthode privilégiée pour l’atlas reste quand même la détection des indices de présence, qui pourra être mise en place notamment avec l’aide des bénévoles. Adrien Labonne TAIS n°4 – Mars 2010 page 67 Plan Régional d’Actions pour les Chiroptères Déclinaison du Plan National de Restauration (2008-2012) Les plans d’actions d’espèces viennent en complément du dispositif législatif dans l’objectif de stopper à long terme le déclin des populations, en définissant et en mettant en œuvre des actions coordonnées. Un premier Plan national de restauration des Chiroptères a été lancé par le Ministère (1999-2003), dont les principales actions étaient orientées sur le suivi des populations, l’amélioration des connaissances et l’information et sensibilisation. Le bilan dressé s’est révélé insuffisant du fait notamment d’un manque de moyens et d’actions trop nombreuses. En 2007, le MEEDDAT a lancé un 2ème Plan national de restauration des chiroptères en France métropolitaine (PRC II), piloté par la DIREN Franche-Comté et rédigé par la SFEPM. Ce plan présente des caractéristiques plus opérationnelles que le premier et sera réalisé sur 5 ans (2008-2012): Un degré de priorité a été défini pour chaque action, une structuration des actions en fiches actions détaillées, une animation du Plan (par la Fédération des Conservatoires d’Espaces Naturels). De plus, l’action n° 1 prévoit de « rédiger et mettre en œuvre des plans de restauration régionaux pour les chiroptères». Cette déclinaison régionale permet la prise en compte des enjeux régionaux, la participation des acteurs locaux ainsi qu’une démultiplication des financements Ainsi, 26 actions nationales ont été identifiées, concernant les gîtes, les habitats hors gîtes, le suivi, la sensibilisation et information et sur le réseau. 1. Mise en place du Plan Régional d’Actions pour les Chiroptères La rédaction du Plan en Midi-Pyrénées a été réalisée par le CREN (20082009), piloté par la DIREN MP. Un Comité de pilotage de rédaction a été créé, composé des services de la DIREN, DRIRE, DRAC, DIR SO, DRJS, DDEA, ONF, CRPF, ONCFS, ABF, Conseil Régional, Conseils Généraux, Association des Maires de France, Chambre d’Agriculture, SAFER, associations (Comité Régional de Spéléologie, SFEPM, Nature MidiPyrénées), CSRPN. Le contenu du Plan a été fixé selon le cahier des charges de la DREAL, en 3 parties: I. Synthèse des connaissances sur les espèces (statuts, distribution, actions menées) II. Enjeux de conservation et objectifs (biologie et dynamique des populations, menaces, enjeux par espèce et enjeux du Plan) TAIS n°4 – Mars 2010 page 68 III. Actions de conservation à mener (fiches actions avec priorité, méthode, calendrier et modalités et évaluation du Plan). Le document a été validé lors de deux CoPils et en CSRPN le 03 mars 2009. L’animation du Plan sera réalisée par le CREN (convention CREN-DREAL à venir) pour la mise en œuvre des actions de 2009 à 2013. Les financements des actions en 2009 sont répartis selon: Etat 20000 euros; Région 30% ; Europe > 50%. 2. Présentation des chiroptères Les chauves-souris sont les seuls mammifères volants activement. Elles font partie de l’ordre des Chiroptères (chiro, main et ptera, aile), sous-ordre des Microchiroptères (+ de 800 espèces dans le Monde), et 4 familles sont présentes en France métropolitaine : Les Rhinolophidés (1 genre, 4 espèces), les Vespertilionidés (8 genres, 28 espèces), les Minioptéridés (1 espèce) et les Molossidés (1 espèce). En France métropolitaine, 34 espèces sont recensées dont 26 en Midi-Pyrénées. Le cycle biologique de ces espèces est régi selon les saisons. Les deux périodes les plus sensibles sont l’hiver, où les chauves-souris rentrent en léthargie pour économiser leur énergie, et l’été, période où les femelles se regroupent entre elles pour élever leurs uniques petits. Les accouplements ont lieu en automne et la fécondation est différée (au printemps). Leur régime alimentaire est principalement insectivore. Les terrains de chasse exploités sont des milieux variés et riches (boisements feuillus, mixtes à strates, zones humides…), de superficie variable selon les disponibilités de milieux favorables et l’espèce (ex: Petit rhinolophe de 10 à 20 km2, Grand murin 1000 km2). Les chiroptères empruntent des routes de vol pour rejoindre leurs terrains de chasse ou changer de gîte, et suivent les linéaires (réseau de haies, ripisylves, cours d’eau…). Le morcellement et la dégradation de ces habitats sont une des menaces à la conservation des chauves-souris. Statuts de conservation TAIS n°4 – Mars 2010 page 69 Echelle Textes réglementaires Observations Nationale Code de l’environnement (L 411-1) AM du 23/04/07 Protection des spécimens sauvages et des sites de repos et de reproduction Européenne Directive Habitat du 21/05/92 (Annexes II et IV) 9 espèces inscrites à l’annexe II en Midi-Pyrénées Internationale Convention de Berne - Convention de Bonn (espèces migratrices) Accord Eurobats (parties encourageant des mesures pour la conservation des chiroptères) De plus, certaines espèces sont inscrites à la nouvelle liste rouge UICN (13 février 2009): 1 espèce classée « CR », 3 espèces en « VU », dont le Minioptère de Schreibers en Midi-Pyrénées. 3. Enjeux de conservation Enjeu de connaissances Le constat est que ces espèces sont difficiles à étudier, que l’on a un manque de connaissances sur la région : En effet, les premières données sur la région remontent autour de 1930 (N. Casteret). Dans les années cinquante, des baguages ont été menés par le Muséum National d’Histoire Naturelle (et ont participé à la disparition de colonies). Puis, à partir des années 80 et avec la loi de protection de la Nature en 1976, quelques naturalistes se sont intéressés à ce groupe d’espèces et ont réalisé des inventaires, principalement en gîtes hypogés (grottes). En 2001 est né le groupe Chiroptères de Midi-Pyrénées, au sein du CREN, où des bénévoles se sont regroupés autour de cette thématique et participent activement depuis à l’étude, la protection et la sensibilisation sur les chauves-souris. De plus, il y a une hétérogénéité des connaissances entre espèces: - Un enjeu fort a été identifié sur les espèces forestières (Barbastelle d’Europe, Murin de Bechstein) et les nouvelles espèces (Murin d’Alcathoe, Oreillard montagnard). TAIS n°4 – Mars 2010 page 70 - Pour la majorité des espèces, il y a un enjeu moyen de connaissances, à savoir sur la localisation des gîtes et des terrains de chasse, sur l’état de conservation des populations, leur écologie… Enjeu sur la mise en œuvre d’actions de protection Ces espèces du fait de leur biologie ont une faible capacité de rétablissement des populations : taux de natalité de 30 à 70 %, taux de reproduction faible (1 petit/an), taux de survie annuel des jeunes la 1ère année de 30 à 40 %. De plus, la longévité moyenne réelle est estimée entre 2,5 et 5 ans selon les espèces. De plus, on trouve de nombreux facteurs de menaces: - Utilisation de pesticides et réduction des ressources alimentaires, - Modification des milieux et du paysage (arrachage des haies, perte et morcellement des terrains de chasse et routes de vol), - Destructions directes et dérangements (altération, destruction de terrains de chasse, effet « barrière » et surmortalité par collisions, dérangements) - Disparition ou modification des gîtes (rénovation des bâtiments publics et privés). Enjeu sur la sensibilisation et la création de partenariats Peu d’acteurs participent aujourd’hui à la conservation des chiroptères et ces espèces sont mal connues ou peu prises en compte, malgré leur statut. 4. Actions du Plan régional Les actions du Plan Régional ont été construites par la déclinaison des actions nationales, une réflexion avec le GCMP d’actions de portée régionale, croisée aux enjeux régionaux. Ainsi, 20 actions ont été retenues et toutes les espèces sont concernées. Le tableau ci-dessous synthétise les types d’actions et les grands objectifs dont découlent les actions. TAIS n°4 – Mars 2010 page 71 TAIS n°4 – Mars 2010 page 72 - 6 actions concernent les gîtes, dont l’objectif est la protection d’un réseau de gîtes au niveau régional. - 4 actions concernent les habitats hors gîtes, dont un objectif de réduction des facteurs de mortalité sur les éoliennes et les infrastructures de transport et le second est l’étude des terrains de chasse et leur prise en compte dans la gestion, - 3 actions concernent le suivi des populations dont l’objectif est d’améliorer les connaissances, - 2 actions concernent le réseau, dont l’objectif est le soutien du réseau de chiroptérologues, - 5 actions concernent l’information-sensibilisation, dont l’objectif est d’encourager la participation active du grand public (animations NCS), des professionnels (formations), de créer de nouveaux relais, et par l’implication des communes et des habitants à la conservation des chiroptères, ainsi que de réaliser un suivi et un appui à la mise en œuvre des actions dans les DOCOBs. Les priorités 1 ont été données sur des actions sur les gîtes et le suivi des espèces, les priorités 2 sur les actions sur les habitats hors gîtes et certaines actions de sensibilisation, et les priorités 3 sur deux actions de sensibilisation. Les actions 2, 11, 12, 14 et 16 (soulignées dans le tableau) sont des actions déjà réalisées auparavant par le CREN-GCMP. La fiche action n°2 du Plan Régional d’Actions pour les Chiroptères est présentée ci-après. Sophie Bareille Conservatoire Régional des Espaces Naturels de Midi-Pyrénées [email protected] TAIS n°4 – Mars 2010 page 73 Fiche action 2 : Poursuivre l’aménagement et la protection des gîtes d’importance internationale, nationale, régionale et départementale pour les chiroptères Protéger Axe de travail : Résumé de l’action : L’action consiste à mettre en place des actions de protection réglementaire et/ou physique sur les sites identifiés comme étant d’intérêt majeur (selon la liste des gîtes à 2009-2012 Calendrier de réalisation : 1 Degré de priorité : Correspondance avec Action 2 les actions du PRCII : Protéger un réseau de gîtes favorables aux chiroptères Objectif à long terme : Objectif de l’action : M ettre en place un système de protection efficace et à long terme sur les gîtes d’intérêt (selon la liste des gîtes à protéger (cf. action 1)) afin de préserver les populations de chauves-souris ou retrouver des conditions favorables aux chiroptères. 41 gîtes protégés en 2007 en M idi-Pyrénées et environ 80 gîtes à protéger Pratiques et situation actuelles : (d’importance internationale à départementale) - Protection d’au moins trois gîtes d’importance (internationale, nationale, régionale ou départementale) par an -Consultation des acteurs locaux, propositions d’aménagements appropriés sur le site et communication en vue d’une protection concertée, - M ise en place d’un statut réglementaire (RNR, APPB, acquisition…), contractuel et/ou d’aménagements physiques sur les gîtes - Suivi des effectifs par comptage humain ou automatique (système BATAPI, ANABAT ou autres) Plus pour les aménagements physiques : - Simulation de fermeture avec étude du comportement des individus en sortie et en entrée de gîte et étude de l’évolution des conditions abiotiques du gîte avant et après fermeture (pose de thermo-hygromètres) et - Suivi des effectifs avant et après travaux (voir fiche action n°12). Indicateurs de suivi : Nombre de gîtes protégés M oyens financiers engagés Tous les départements Territoires concernés : Espèces prioritaires : Espèces de la directive Habitats et espèces prioritaires pour la région Espèces ciblées : Toutes les espèces Méthode : Evaluation financière : Pilote de l’action : Pour une protection physique, coût des travaux autour de 10000 euros/gîte en moyenne (voir ref. « Catalogue des protections physiques mises en œuvre dans le programme LIFE-Nature » - SFEPM 2008) Opérateur Services de l’Etat (DREAL, DDEA, préfectures, collectivités territoriales…), propriétaires, chiroptérologues, CREN-GCM P, ONCFS, CSR, SAFER, sociétés de travaux publics, ONF, CRPF, ANA-CDENA-CPIE de l’Ariège, Parc National des Pyrénées, Parcs Naturels Régi Partenaires potentiels : Cahier des charges : Descriptif des engagements Coûts moyens (nombre de jours) Calendrier sur 4 ans 2009 2010 2011 2012 Consultation des acteurs locaux, propositions d’aménagements appropriés sur le site et communication en vue d’une protection concertée 1j réunion/site et selon le contexte x x x x 4j que pour le M ise en place d’un statut et/ou d’aménagements sur les gîtes (RNR, APPB, convention, acquisition, fermeture physique) montage du dossier x x x x x x x Suivi des effectifs par comptage humain ou automatique Voir fiche Suivi n°14 x (système BATAPI, ANABAT ou autres) Plus pour les aménagements physiques : TAIS Simulation de fermeture avec étude du comportement des individus et de l’évolution n°4 – Mars 2010 des conditions abiotiques du gîte Variable, à adapter avant et après fermeture (pose de thermo-hygromètres) selon le site x voir fiche action n°14 x Suivi des effectifs avant et après travaux page 74 x x x x x x La Marmotte dans les Pyrénées : données paléontologiques et écologiques livrées par des découvertes de restes osseux Introduction Les marmottes (genre Marmota Blumenbach, 1779) constituent aujourd’hui un élément important de la faune mammalienne de haute montagne (étage sub-alpin principalement). Dans les Pyrénées, leur présence est due à des lâchers et/ou des projets de réintroduction successifs depuis l’après guerre (lâcher en vallée du gave de Pau en 1948 (Couturier, 1964) (1) ayant conduit à la colonisation de l’ensemble de la chaîne (Besson, 1973 ; Nebel & Franc, 1992 ; Garcia-Gonzalez et al., 1985 ; Herrero et al., 1987). La marmotte n’apparaît jamais dans les faunes régionales holocènes (aucune mention dans des puits d’altitude ayant piégé des Mammifères : Clot & Evin, 1986) et n’a pas davantage été signalée dans les « archives » d’Histoire (le Livre de la Chasse de Gaston Phébus (1388), Catalogue des Mammifères des Pyrénées (Trutat, 1878), Histoire de la chasse dans les Pyrénées françaises (Bouchet, 1988) …). Il est admis que la marmotte a disparu des versants nord (Clot & Duranthon, 1990) et sud pyrénéens (de Villalta, 1972) à la fin du Pléistocène. Depuis sa réintroduction, la marmotte constitue une ressource carnée pour les prédateurs et charognards mammaliens et aviaires de haute montagne. A partir de deux grottes régionales diachroniques récemment prospectées, le présent article dresse un bilan paléontologique des marmottes fossiles découvertes depuis le XIXème siècle d’une part et apporte des observations de terrain sur l’importance que peut jouer ce Rongeur dans le régime alimentaire des prédateurs actuels d’autre part. 1. Les Marmottes : considérations générales Les restes osseux de marmotte peuvent être retrouvés dans 3 types de gisements karstiques fossiles ou modernes, à savoir (tableau 1) : occupant naturel d’une cavité (présence de squelettes complets, parfois en connexion anatomique et/ou mise en évidence dans la stratigraphie de remaniements sédimentaires provoqués par le creusements des tunnels et galeries), proie des prédateurs (proie des carnivores, proie ou charogne occasionnellement consommée par les grands rapaces) et gibier des Hommes paléolithiques (ce dernier point constituant une spécificité de l’arc alpin et n’a jamais été mis en évidence dans les Pyrénées). Les découvertes régionales permettent d’illustrer le premier point et, pour la première fois semble t-il, le deuxième. ASTRE (1946) a récusé la survivance des marmottes dans les Pyrénées centrales (région du Nébouzan) au début du vingtième siècle. TAIS n°4 – Mars 2010 page 75 1 fonction (NR/NMI ou %) chronologie naturel naturel naturel naturel (81/6) naturel naturel (-/2) naturel (-/15) naturel (169/17) Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup France France France France Suisse Italie Italie Italie naturel (-/14) naturel (-/5) naturel (82/4) naturel (200/) naturel (-/4) naturel (-/1) naturel (99/) naturel (-/3) naturel (136*/) naturel (137*/) proie proie + fouisseur proie proie occasionnelle proie proie Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup Pléistocène sup moderne moderne moderne moderne France France France Suisse Italie Roumanie Espagne Suisse Italie Italie France Slovénie Canada Canada Italie Pologne proie principale moderne proie occasionnelle (2,6%) moderne TAIS n°4 – Mars 2010 pays région/site Coeuvres Montmaurin CG c3y Lazaret Grotte Blanche Cotencher Fumane Parmorari Caverna Generosa, cunicolo Montoussé 1 & 2 Ste Marie /Ouche Gay Uttigen Giardinetto Sf. Gheorhe CS Letzetxiki III, IV, V Thorberg Bulgarograsso Olgiate Comasco La Raillarde Potočka zijalka statut/prédateur terriers + squelettes terrier terriers terriers + squelettes terriers terriers terriers terriers terriers squelettes squelettes squelettes squelette squelettes Carpathes Vulpes vulpes Carnivore / naturel Canis latrans Canis lupus Vulpes vulpes Vulpes vulpes France Pyrénées Vulpes vulpes France Pyrénées Aquila chrysaetos page 76 source Breuil, 1899 Méroc, 1956 Chaline, 1969, 1972 Fosse, présente étude Stehlin, 1933 Giacobini, 1991 Aimar, 1991 ; Giacobini, 1991 Bona, 2004 ; Bona et al., 2007 Harlé, 1894 Chaline, 1960, 1972 Patou, 1987 Michel, 1962 Vialli, 1959 Radulesco & Kovacs, 1970 Altuna, 1965 Michel, 1969-71 Santi et al., 2002 Santi et al., 2002 Patou, 1987 Döppes, 2004 Van Vuren, 2001 Bryant & Page, 2005 Lucherini & Crema, 1994 Borkowski, 1994 Fosse, présente étude Clouet, 1982 charogne occasionnelle charogne occasionnelle gibier (426/43) MAIS (4/), grignotés (3/) gibier (4016/451) MAIS (108/) gibier (32/5) MAIS (qqs/) gibier (442/29) MAIS (6/) gibier (3485/377) MAIS (145/), grignotés (99/) gibier (470/) moderne moderne rongés Pléistocène sup Espagne France France Pyrénées Pyrénées Freydières Gypaetus barbatus Gypaetus barbatus Homme / Carnivore rongés Pléistocène sup France Colomb Homme / Carnivore rongés Pléistocène sup France La Croze Homme / Carnivore rongés Pléistocène sup France Les Romains Homme / Carnivore rongés Pléistocène sup France La Passagère Homme / Carnivore Italie Clusantin Pléistocène sup Heredia & Herrero, 1991 Fosse, inédit Bouchud & Desbrosse, 1973 ; Patou, 1987 Tomé, 1998 Patou, 1987 ; Desbrosse et al., 1991 Patou, 1987 ; Desbrosse et al., 1991 Patou, 1987 ; Desbrosse et al., 1991 ; Tomé, 1998 Tableau 1 - Bilan des statuts taphonomiques et écologiques des marmottes modernes et pléistocènes d’Europe. NR = Nombre de Restes ; NMI = Nombre Minimum d’Individus ; * = dénombrement total des restes de marmottes pour les 2 sites étudiés en Italie TAIS n°4 – Mars 2010 page 77 2. Les Marmottes dans les Pyrénées : bilan paléontologique La découverte, en 2001, lors de sondages archéologiques, de vestiges osseux de marmotte dans une grotte ariégeoise près de Saint Girons (Grotte Blanche) de faible altitude (900m) et situés dans des terriers ayant bioturbé des séquences stratigraphiques à ours des cavernes datés biochronologiquement de 40 000 ans, a posé le problème de l’extinction de ce sciuridé à l’échelle régionale. 2.1. Les Marmottes pléistocènes : présentation générale Au Pléistocène, le genre Marmota ne comprend, en France, que l’espèce Marmota marmota (1), représentée par les trois formes suivantes : Marmota marmota mesostyla Chaline, 1972, Marmota marmota primigenia Kaup, 1839 et Marmota marmota marmota Linné, 1758. Marmota m. mesostyla peut être considérée comme une forme archaïque de la forme alpine actuelle tandis que Marmota m. primigenia est une forme sensiblement plus robuste que cette dernière, sans signification biochronologique apparente pour certains auteurs (Stehlin, 1932 ; Chaline, 1960), cantonnée au Pléistocène moyen et classée au rang spécifique pour d’autres (Kalthoff, 1999). La systématique est délicate car « les Marmottes fossiles se distinguent par un mélange de caractères des espèces actuelles M. bobac et M. marmota » Chaline (1972, 60 ; ibid, 1972 : 107, Tableau 2). os nasaux trou occipital apophyse post-orbitaire M. marmota s’amincissent vers l’arrière ; bord supérieur en zig-zag subcirculaire nait assez loin en avant de la région du crâne proprement dit orange foncé tri-radiculée couleur des incisives Pm3 lignes d’insertion des dents parallèles du maxillaire M. bobac bords parallèles ; bord supérieur à peine flexueux clipsoïdal nait juste en avant de la région du crâne proprement dit blanchâtre ou jaune bi-radiculée convergent vers l’arrière Tableau 2 - Ostéomorphologie comparée des crânes de M. marmota et M. bobac. source : Chaline, 1960 En raison de critères morphologiques fragiles ( ? différences ostéologiques entre les formes primigenia et marmota fossile) et d’une systématique encore quelques peu complexe (statut de la forme primigenia), la détermination spécifique de restes de marmottes n’est par pas toujours facile. La Marmotte des steppes (Marmota bobac Müller, 1776) n’a, à ce jour, jamais été identifiée en France. Dans le gisement moustérien de Prélétang (Isère), les restes de marmotte ont d’abord été rapportés à la Marmotte des steppes (in Tomé, 1998) puis à la Marmotte alpine (in Tillet, 2002). L’extension maximale en Europe occidentale de cette espèce ne semble pas avoir dépassé l’Allemagne (Kalthoff, 1999). TAIS n°4 – Mars 2010 page 78 1 2.2. Les Marmottes pléistocènes : biogéographie pyrénéenne Dans les Pyrénées, les gisements ayant livré des vestiges osseux de marmotte sont relativement peu nombreux (Tableau 3) : 4 gisements mentionnés à la fin du XIXème siècle (Harlé, 1894, 1899) et 15 gisements un siècle plus tard (Clot & Duranthon, 1990). Marmota marmota mesostyla est présente dans les remplissages du Pléistocène moyen de Montoussé, brèches 1 et 2 (Harlé, 1892, 1894) et brèches 3 et 4 (Chaline, 1976), du Cap de la Bielle (couche 7 : Clot & Marsan, 1986), d’EsTaliens (Clot & Duranthon, 1990) et de Gerde (galerie NW : Chaline, 1987). Marmota marmota primigenia n’a été reconnue que dans 2 gisements : Rébénacq 1 dans les Pyrénées Atlantiques (Astre, 1951 ; Clot, 1981) et Eichel en Ariège (Harlé, 1892). Trois gisements, datés vraisemblablement du Wurm ancien, ont livré Marmota marmota marmota : Aurensan (carrière), Eichel et Lestélas. Enfin, la marmotte pourrait avoir perduré jusqu’au Tardiglaciaire car elle a été identifiée dans au moins deux gisements magdaléniens : la grotte des Harpons en Haute Garonne (de Saint Périer , 1920) et plus au nord des Pyrénées dans la grotte de Plantade à Bruniquel (Harlé, 1892). A l’exception de Montoussé 2 (14 crânes), tous ces gisements renferment des séries peu abondantes (quelques dents isolées tout au plus) et il n’y a aucune preuve formelle de la survivance de la marmotte post pléniglaciaire dans les Pyrénées s.s. car les échantillons ont toujours été trouvés dans des contextes à « faune ancienne » (ours des cavernes ; ours de deninger, faune tempérée ou faune mélangée, séquences chronostratigraphiques importantes) ou dans des fouilles très anciennes. Dans les sites régionaux de la fin du Tardiglaciaire (Arancou, Troubat …), fouillés récemment, aucun reste osseux de marmotte n’a, semble t-il, été retrouvé. En Espagne, la marmotte est tout aussi rare et n’a, semble t-il, jamais été retrouvée en contexte magdalénien. Tableau 3 (page suivante) - Fréquence de la marmotte dans les gisements pléistocènes pyrénéens. Nav = Navarra ; Guip = Guipuzcoa ; Sant = Santander ; Astu = Asturies ; Gir = Girone ; M.m. = Marmota marmota ; M.m.primi. = Marmota marmota primigenia ; M.m.meso = Marmota marmota mesostyla ; incis = incisive ; fgt = fragment ; mand = mandibule ; indiv = individu ; inf = inférieur(e) ; sup = supérieur(e) ; Pléist = pléistocène ; Pleist M = Pléistocène moyen. TAIS n°4 – Mars 2010 page 79 Dépt. 64 64 65 65 65 65 65 65 65 65 65 65 65 65 65 65 31 31 31 31 09 09 09 82 Nav. Viz. Guip. Guip. Guip. Sant. Astu. Gir. Site C13 Rébénacq 1 Aurensan Gerde Gerde Gerde Cap de la Bielle " " " Montoussé Montoussé Montoussé Montoussé Noëlle Es-Taliens Gourdan Les Harpons Brèche du Picon Montmaurin CGorge Eichel Lestelas Riverenert Bruniquel Olazagutía Urratxa III Lezetxiki Lezetxiki Lezetxiki Castillo Cándamo Olopte B TAIS n°4 – Mars 2010 secteur poche ossifère carrière galerie NW galerie Est, c.3b + c.2 + c.3 galerie 18 Août c.4b c.7 (Chaline/Debeaux) c.7 (Méroc/Imbert) déblais (Méroc/Imbert) Brèche Sud (=1) Brèche Nord (=2) Brèche 3 Brèche 4 Alt S/Espèce NR 485m 328m M. m. M. m. pri. M. m. M. m. meso. M. m. meso. M. m. meso. M. m. ssp. M. m. meso. M. m. meso. M. m. meso. M. m. meso. M. m. meso. M. m. meso. M. m. meso. M. m. M. m. meso. M. m. ? M. m. M. m. ? M. m. pri. M. m. M. m. 1 incis. 2 restes 1 mand. 2 indiv. 6 indiv. 1 indiv. 1 mand. 1 indiv. 3 restes 5 restes 1 fgt incis. 14 têtes 580m 580m 580m 525m 525m 525m 525m 550m 550m 550m 550m 650m déblais niv Magd. Niv A c3y 900m Ker Plantade Niv III Niv IV Niv V c.7 M. m. M.m. M. m. M. m. M. m. M. m. M. m. M. m. page 80 1 mand 1 incis inf ? 2 incis 1 mand un terrier 2 inciv sup 2 humérus 1 incis 1 incis. 5 70 24 5 1 mand Age Pléist Pléist Wurm Pléist. M. Pléist. M. Pléist. M. Pléist. M. Wurm Wurm ancien Wurm Wurm Magd. Source Clot, 1986 : 157 Clot, 1981, 1985 Harlé, 1892a : 15 Chaline, 1987 : 119-124 Chaline, 1987 : 119-124 Chaline, 1987 : 119-124 Chaline, 1972 : Clot & Marsan, 1986 : 135 Clot & Marsan, 1986 : 135 Clot & Marsan, 1986 : 135 Harlé, 1892a : 5 Harlé, 1892a : 8 Chaline, 1976 Chaline, 1976 in Clot & Duranthon, 1990 Clot & Duranthon, 1990 Clot & Duranthon, 1990 de Saint Périer, 1920 : 214 Fosse, inédit illustré in Méroc, 1956 Harlé, 1892a : 15 Harlé, 1894 : XIX Clot, 1985 : 168 Harlé, 1892a : 15 Altuna, 1965 Castaños, 1993 Altuna, 1965 Altuna, 1965 Altuna, 1965 Altuna, 1965 Altuna, 1965 de Villalta, 1972 2.3. Les Marmottes de la Grotte Blanche La Grotte Blanche est située à 900 mètres d’altitude. Le niveau à ours, composé d’argile brune plastique (« argile à ours ») a une puissance totale de 40 cm. Dans sa partie supérieure, sont apparus dans les coupes des zones argileuses relativement meubles correspondant à des sections de galeries de terriers. Les restes de marmottes ont tous été trouvés dans ces terriers. L’échantillon comprend à ce jour 81 pièces, correspondant à au moins 6 individus (Planche 1A). Crânes matériel : GB2001 N8 z-172 ; GB 2001 H27 z-150 ; GB2001 M6. De ces 3 crânes, seul le premier est complet et possède la plupart des dents jugales. Cette pièce présente les caractéristiques de M. marmota décrites par Chaline (os nasaux s’amincissant vers l’arrière, foramen magnum subcirculaire, incisives orange, séries dentaires parallèles). Sa longueur basale peut être rapprochée des échantillons les plus robustes du Pléistocène supérieur (Parmorari) et apparaît plus forte que celle relevée sur l’ensemble des exemplaires de M. m. primigenia (Figure 1). Figure 1 – Ostéométrie comparée (Longueur basale, en mm) des crânes de marmotte de quelques gisements pléistocènes. source : Eppelsheim (Chaline, 1972) ; Niedermendig, Hummerich II, M.m. primigenia (Kalthoff, 1999) ; Swhwändi, Uttigen (Michel, 1962) ; Sainte Marie sur Ouche (Chaline, 1960) ; Letzetxiki (Altuna, 1965) ; Parmorari (Aimar, 1991) ; M.marmota (Kalthoff, 1999). TAIS n°4 – Mars 2010 page 81 TAIS n°4 – Mars 2010 page 82 Mandibules matériel : GB2001 M7 z-188 (sin) ; GB2001 N8 z-200 (sin) ; GB 2001 N8z-203 (sin). En raison d’un corpus de référence numériquement faible (notamment pour la forme primigenia), il s’avère d’autant plus difficile d’identifier spécifiquement l’unique exemplaire de la Grotte Blanche pouvant être mesuré (M7-188) qu’il présente des dimensions intermédiaires entre les plus forts spécimens de M. marmota pléistocènes et le seul échantillon de M. primigenia de référence (Figure 2). Figure 2 – Ostéométrie comparée (Longueur totale, en mm) des mandibules de marmotte de quelques gisements pléistocènes. source : idem Figure 1 et Colomb (Tomé, 1998). Eléments postcrâniens Les différentes mesures effectuées sur plusieurs éléments postcrâniens (humérus, fémurs) confirment les observations relevées sur le matériel crânien ; les marmottes apparaissent polymorphiques et les 2 (sous)espèces pléistocènes sont souvent difficiles à distinguer par des approches métriques univariées. Les populations pléistocènes de référence sont peu nombreuses et présentent une forte variabilité inter-individus. Par sa longueur absolue, la pièce M8-106 apparaît sensiblement plus robuste que les marmottes alpines pléistocènes et moderne de comparaison. Les mêmes remarques peuvent être formulées à partir du fémur. TAIS n°4 – Mars 2010 page 83 Figure 3 – Longueurs comparées (en mm) des humérus de différentes populations de marmottes pléistocènes. source : idem Figure 1 et Herbligen (Michel, 1962). En conclusion, les restes de marmotte de la Grotte Blanche sont rapportés à M. marmota. Leur position phylétique ou chronologique est déduite du contexte stratigraphique (bioturbation du niveau à ours) et des données biochronologiques obtenues sur les dents d’ours des cavernes. L’échantillon de marmottes serait postérieur à 40 k.a. et appartiendrait à une population de M. marmota. La phase d’occupation (anté pléniglaciaire ? Tardiglaciaire ?) de la cavité par ces rongeurs pourrait sans doute être précisée par des datations au carbone 14 (collagène suffisant ?). Avec 81 restes osseux pour 6 individus, recueillis uniquement à l’entrée de tunnels, ce site apparaît d’ores et déjà comme l’un des plus riches de la chaîne pyrénéenne. 3. Les Marmottes dans les Pyrénées : données écologiques D’après les études écologiques (identification des poils contenus dans les fèces, observations de terrain), la marmotte constitue une proie saisonnière importante dans les montagnes d’Europe pour différents prédateurs (renard (Alpes : Courier, 1964 ; Lucherini & Crema, 1994, Cagnacci et al., 2003 ; Tatras : Borkowski, 1994) ; aigle royal (Couturier, ibid)) et ses restes peuvent êtres occasionnellement collectés par le gypaëte (Heredia & Herrero, 1991 ; Terrasse, 2001 ; Fosse, inédit). A l’échelle pyrénéenne, la grotte de Cardal découverte par TAIS n°4 – Mars 2010 page 84 Jean Pierre Besson en 1991, permet de mettre en évidence, pour la première fois semble t-il, l’activité de prédation exercée par le renard sur des colonies de marmottes (Fosse & Besson, à paraître), activité entrevue à partir de quelques observations de terrain dans différents secteurs du Parc National des Pyrénées (Pellizzari & Espinassous, 1982). 3.1. La grotte de Cardal : identification des espèces animales La grotte de Cardal est située au cœur du Parc National des Pyrénées, sur la commune de Gavarnie (Hautes Pyrénées). Sis à 2240 mètres d’altitude, ce réseau karstique comprend, dans sa première partie, 2 petites entrées circulaires (hauteur 40 cm) débouchant sur une succession de 2 couloirs de 15 et 25 mètres de longueur respective dont le sol était jonché d’indices d’occupations répétées par le renard (couchages, latrines, restes osseux). Trois visites (2003, 2006, 2009) ont permis de recueillir 540 vestiges osseux déterminables (Tableau 4) appartenant principalement à la marmotte (367 restes pour 21 individus). Les autres espèces identifiées sont l’Iisard, le bouquetin (restes plus altérés (fissurés) que ceux des autres ongulés, plus anciens ou effets thermiques des entrées ?), la vache, le mouton (Ovicaprinae), le cheval et quelques restes de renard, chien, chat (sauvage ?), martre (ou fouine). Ovicaprinae Rupicapra r. pyrenaica Capra pyrenaica Bos taurus Artiodactyles Equus caballus Marmota marmota Canis familiaris Vulpes vulpes Felis sp. Martes sp. Lagomorphe Aves Total NRD NMI ad NMI j 37 2 34 5 7 2 14 1 1 34 2 1 1 367 21 1 16 1 22 2 1 1 3 1 1 1 3 540 Tableau 4 - tanière de renard de Cardal : liste des espèces identifiées. NRD = Nombre de Restes Déterminés ; NMI ad = Nombre Minimum d’Individus adules ; j = jeunes. 3.2. La grotte de Cardal : observations sur les restes osseux de marmottes Les restes de marmotte étaient éparpillés dans les différentes galeries sèches et accessibles sans qu’aucune concentration n’apparaisse dans un secteur particulier (proche des couchages ou latrines par exemple). Les éléments squelettiques les mieux représentés sont les crânes et les hémi-mandibules isolés et les extrémités des pattes (connexions anatomiques carpe/tarse – phalanges relativement fréquentes). Les autres éléments (notamment les vertèbres) sont TAIS n°4 – Mars 2010 page 85 rares. La plupart des pièces robustes porte des traces de consommation par le renard (Planche 1B) : ouverture de la boite crânienne, coups de dents sur les pariétaux ou frontaux, arrachements de la base des branches montantes des mandibules et consommation des extrémités des os longs. Les portions de cadavres rapportées dans la grotte appartiennent pour l’essentiel à des jeunes sujets (dents définitives en cours d’éruption ou non usées, os longs non ou juste épiphysés). Enfin le ramassage, nettoyage et tamisage d’une centaine de laissées de renard n’ont quasiment fourni aucun reste de marmotte (quelques dents isolées tout au plus mais présence de crânes de petits rongeurs, graines, coques et végétaux). Conclusions Les vestiges osseux modernes et fossiles recueillis en contexte karstique apportent des informations sur l’origine d’une accumulation d’ossements (biologique (prédateur), naturelle) et permettent, par des observations (distribution squelettiques, classes d’âges, traces sur les os), de caractériser l’agent taphonomique ayant produit ou modifié des ensembles osseux. L’interaction Fossile – Moderne apparaît complémentaire (analogies Actuel – Fossile), d’un point de vue méthodologique (identifications des espèces, des traces sur les os) et typologique (caractérisation des sites fossiles à partir des données modernes). Dans les Pyrénées, peu de données sont à ce jour disponibles sur la caractérisation des régimes alimentaires des prédateurs et charognards mammaliens (renard, ours brun) et/ou aviaires (aigle royal, gypaëte) à partir des restes osseux alors que les sites fossiles (Pléistocènes) sont abondants et soulèvent régulièrement des questions d’ordre paléo-écologique. Des études pluridisciplinaires (paléontologie, écologie) apporteraient d’intéressantes informations en (paléo)biogéographie (apparition, extinction, zones refuges) et sur l’évolution des relations proiesprédateurs au fil du temps (liées ou non à l’anthropisation des milieux). Remerciements Je remercie les organisateurs de m’avoir invité à cette journée de rencontres fructueuses et d’avoir su patienter pour la remise du manuscrit. Mes plus vifs et sincères remerciements vont à Jean Pierre Besson qui depuis de longues années me fait découvrir les richesses souterraines des Pyrénées. TAIS n°4 – Mars 2010 page 86 TAIS n°4 – Mars 2010 page 87 Bibliographie AIMAR, A. 1991. A morphometric analysis of Pleistocene marmots. First International Symposium on Alpine Marmot (Marmota marmota) and on genus Marmota, Saint Vincent, Aoste (I), Università degli Studi di Torino, 179-184. ALTUNA, J. 1965. Las marmotas del yacimiento prehistorico de Lezetxiki (Guipuzcoa). Munibe : 1(4): 1-7. BONA, F. 2004. I depositi del Pleistocene Superiore della Caverna Generosa (Lo Co 2694). Analisi paleontologica ed interpretazioni paleoambientali. Doctorat, Universita` degli Studi di Milano. BOUCHUD, J., DESBROSSE, R. 1973. 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Il tire son information d’une photo réalisée avec son téléphone portable dans une cavité souterraine qu’il visitait nu avec son chef scout lors d’une après midi estivale étouffante de chaleur. Si l’incompétence de Jean-Jérémy est évidente (il a 7 ans, le nul) et s’il a perdu une occasion de se taire ; il nous en donne une pour évoquer à la fois le statut de l’espèce et l’utilisation de la donnée photographique dans la production d’un atlas. Avant toute chose, rappelons que la bibliographie est le support indispensable de toute étude sérieuse en toute science. En l’occurrence, les études ne manquent pas sur la biologie de la femelle d’Homo sapiens sapiens en France et on en retrouve une admirable synthèse dans les travaux de Frédéric N., présentés aux dernières rencontres échangistes de Nature Midi-Pyrénées à Toulouse. Une fois de plus, c’est le radiotracking qui a apporté la lumière sur des pans entiers de la connaissance. Après avoir capturé cinq femelles pas loin d’être gestantes en sortie de cavité (le Macumba night à Brassac dans le Tarn), l’auteur (un passionné de nature) a suivi (seul !) pendant plusieurs nuits les pauvrettes équipées d’un émetteur dans le dos. Après les avoir régulièrement triangulées ; il a pu faire la carte des habitats fréquentées par les femelles sur son territoire de chasse (Intermarché, Casino, Super U… la plupart du temps à moins de 10 km du gîte ; une fois un Castorama et un Sex Shop à 65 km du gîte mais l’auteur (très lucide sur les limites de la méthode) pense qu’il a dû sous l’émotion de la capture équiper un mâle. Et surtout, et c’est là petit Jean Wilfried que tu aurais dû être attentif, il décrit fort bien les gîtes ! Les femelles gîtent dans des grands studios et seules, jamais en groupe (sauf quelques beaux rassemblements de femelles mais alors sans jamais de juvéniles mais avec plein de tuperwear). Ta photo de deux femelles allaitantes en groupe dans une cavité souterraine paraît donc bien surprenante ! Reprenons l’image dans le détail… Certes, sur la photo, les femelles sont non pas sub-gestantes mais plutôt franchement allaitantes (la poitrine gonflée sans aucun désir sauvage de vivre dans le regard et puis on voit les jeunes) mais on s’en fout et puis tais toi tu m’agaces Jean-Marcellin. Cela dit sont elles véritablement allaitantes… Ah ??? Et oui, comme moi, vous constatez que la femelle du premier plan (que j’appellerais Pepita par convention) ne donne pas sa mamelle mais un tuperwear à trou. L’autre au second plan (que j’appellerais Angelina parce que c’est joli) fait tout simplement semblant de donner le sein, son pull n’étant même pas levé ! Le pauvre enfant doit bouffer de la laine. Mais qui nous parle d’enfants ? On ne voit que quelques poils sur… des crânes ou des ballons de beaudruche ??? Et oui, la supercherie n’a pas fait long feu sur ta photo pourrie Richard-Emile, ces femelles font semblant !! Il n’y a même pas de bébés !! Si tu avais regardé de près, tu aurais TAIS n°4 – Mars 2010 page 91 Photo : Sophie Bareille vu ce rire bête sur Angelina qui est le critère certain de la femelle immature ; quant à Pepita, tu as déjà vu une femelle allaitante se déguiser avec des lunettes de secrétaire pour donner du lait à ses petits ? Au fond de ta cavité, tu as dû tomber sur une sorte de messe noire ou de club de filles, un truc qui ne fait pas du tout avancer la science. Et plutôt que d’embêter ton chef scout à faire des photos, tu aurais mieux fait de courir. Alors des données de photos pour un atlas, pourquoi pas mais avec un sérieux comité de validation! François Prud’homme TAIS n°4 – Mars 2010 page 92 33ème Colloque Francophone de Mammalogie de la SFEPM les 16 et 17 octobre 2010 à Voiron (38) " A la découverte des mammifères sauvages " L’association de protection de la nature Le Pic Vert organise le XXXIIIème colloque de la SFEPM à Voiron dans l’Isère les 16 et 17 octobre 2010 et souhaite lui donner une ampleur particulière. Le thème du colloque « A la découverte des mammifères sauvages » comprendra une session consacrée à l’approche artistique des mammifères (photo, film, dessin, sculpture, conte, poésie et littérature, chanson) et une session libre pour tous ceux qui souhaitent faire partager leurs récentes découvertes. D’autre part, Armand Fayard, membre de la SFEPM, et conservateur du Muséum d’Histoire Naturelle de Grenoble organise les 14 et 15 octobre des rencontres régionales sur les mammifères sauvages de Rhône-Alpes. Ainsi les mammalogistes amateurs ou professionnels pourront se retrouver pendant 4 jours en Isère pour un programme chargé et passionnant. Au niveau du coloque, plusieurs tables rondes sont organisées le samedi en fin d’après-midi : Chauves-souris, Campagnol amphibie, grands prédateurs avec FERUS, les nuisibles avec l’ASPAS, la Loutre… Deux grandes soirées publiques sont organisées : - le 15 avec un film extraordinaire sur les orques et cachalots de l’Antarctique et une conférence d’Yves Paccalet, - le 16 autour d’histoires vécues de passionnés de mammifères sauvages. Des sorties sont prévues le 17 après-midi : Castor, Chauves-souris, musée de l’Ours en Chartreuse, le plus grand passage à petite faune d’Europe, les Bouquetins de Chartreuse, les espaces naturels sensibles du Conseil Général de l’Isère. Le Pic Vert vous attend très nombreux et motivés pour célébrer comme il se doit notre passion des mammifères et démontrer au grand public la nécessité vitale de les protéger. Inscriptions : http://www.colloquemammiferes2010.org Au plaisir de vous accueillir. Jean-François NOBLET - Tél : 04.76.91.34.33 ou [email protected] TAIS n°4 – Mars 2010 page 93 TAIS n°4 – Mars 2010 page 94 Le Tais. Son origine remonte à l’année 2007, où il a été créé pour motiver à l’étude des mammifères en MidiPyrénées. Pour cela, ses pages fourmillent d’articles, d’outils méthodologiques, de protocoles, de synthèses bibliographiques, sans oublier l’état d’avancement du projet d’atlas. Tais est le nom du blaireau en occitan. Pourquoi « Tais » ? Car dans son nom résonne la méconnaissance des mal-aimés, de bon nombre d’espèces en réalité…avec un accent régional. La fréquence de parution est de l’ordre de 2 numéros par an, soit une publication tous les 6 mois environ. Il est diffusé gratuitement via Internet, le plus largement possible et proposé au téléchargement à partir du site du projet www.baznat.net/atlasmam/, de celui de Nature Midi-Pyrénées www.naturemp.org et du Conservatoire Régional des Espaces Naturels de Midi-Pyrénées http://enmp.free.fr . Toutes les contributions sont les bienvenues, qu’elles soient d’ordre rédactionnel ou iconographique. Ont contribué à ce numéro : C. Arthur, S. Bareille, J-M. Catil, P. Fosse, A. GaboritLoret, G. Gonzalez, E. Jacquot, A. Labonne, B. Lacoue, M. Nemoz, F. Prud’homme, C. Rombaut. Illustrations : A. Nouailhat et G. Gonzalez Le prochain bulletin sera l’occasion de mettre l’accent sur les micromammifères en accord avec les besoins de l’atlas. Alors n’hésitez pas à envoyer vos contributions quelles soient à lire ou à admirer… TAIS n°4 – Mars 2010 page 95 Sommaire Atlas des Mammifères Sauvages : Etat d’avancement 2ème Séminaire/Alzen p.5 p.6 Projet d’inventaire et de suivi des populations de Blaireaux en Midi-Pyrénées p.8 La Marmotte, Marmotta marmotta, dans le Parc National des Pyrénées. Evolution de sa situation et de son choix d’habitat p.17 Herbage et herbivores à l’abandon : rétablir des équilibres p.32 Présentation du plan national d’actions en faveur du Desman des Pyrénées p.38 Résultats du stage "pelotes" et biogéographie des micromammifères dans le sud du 82 p.43 Premier résultats de l’enquête nationale "Campagnol amphibie" dans le Gers p.58 Test de différentes méthodes dans la recherche des petits carnivores, mise au point de protocoles simples et premiers résultats p.64 Plan Régional d’Actions pour les Chiroptères. Déclinaison du Plan National de Restauration (2008-2012) p.68 La Marmotte dans les Pyrénées : données paléontologiques et écologiques livrées par des découvertes de restes osseux p.75 De l’usage de la photo dans la production de données pour un atlas des mammifères de Midi-Pyrénées p.91 Agenda p.93 Nature Midi-Pyrénées : 14 rue de Tivoli, 31068 Toulouse Cedex Tel : 05.34.31.97.32 // [email protected] CREN Midi-Pyrénées : 1 impasse de Lisieux, 31025 Toulouse Cedex 3 - Tel : 05.81.60.81.90 // [email protected] TAIS n°4 – Mars 2010 page 96