Les quinquas à la page - CFE-CGC
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Les quinquas à la page - CFE-CGC
ACTUALITÉ DOSSIER EXPRESSION SYNDICAT SOCIÉTÉ ➔ Les quinquas à la page L’analyse de la situation actuelle dans le champ de l’emploi montre des pratiques discriminantes dans la gestion des salariés selon leur âge. « seniors » est aujourd’hui touchée par des licenciements ou des retraits précoces d’activité (préretraites publiques, préretraites d’entreprise ou encore dispenses de recherche d’emploi). En France, seuls 34 % des salariés âgés de 55 à 64 ans occupent un emploi. Ce taux est parmi les plus faibles en Europe. Une culture de départ anticipé s’est instaurée en France depuis 25 ans, avec tous les effets pervers qui ont été identifiés. La marginalisation dans l’entreprise et sur le marché de l’emploi des salariés de plus de 50 ans s’est ainsi progressivement développée. Ils sont exclus des politiques de formation continue, des politiques salariales et de recrutement pour une unique raison : leur âge. Ils sont considérés comme moins efficaces que des salariés à l’aube de leur carrière, et assimilés à un coût et non à une richesse. Une part importante des salariés 20 EM 113 - mai 2004 Or, il s’agit là d’un comportement suicidaire qui conduit à une perte importante de compétences, d’énergie et de connaissances pour les entreprises. La CFE-CGC dénonce cet immense gâchis. Il faut aujourd’hui encourager de nouvelles pratiques et ouvrir de nouveaux choix à ces salariés. Les défis démographiques à venir sont l’occasion ou jamais de les imposer. Construire une véritable politique de l’emploi pour les salariés « seniors » Les difficultés, incontestables, que rencontrent les salariés âgés sur le marché du travail appellent la mise en œuvre d’une nouvelle dynamique axée sur la gestion active des âges. Il s’agit de provoquer un changement des mentalités et des comportements face à l’emploi des salariés de plus de 50 ans (voire 45 ans dans certaines entreprises…). Inverser les modes d’approche de l’âge et des carrières en général Le premier changement concerne la référence à l’âge. Il est impératif de faire disparaître cette référence et de la remplacer par une notion d’expérience professionnelle. Cela vaut d’ailleurs pour toutes les dispositions faisant référence à un critère d’âge. Créer les conditions favorables à la poursuite de l’activité professionnelle des seniors suppose non seulement d’inverser les modes d’approche de l’âge, mais aussi d’aborder le problème de façon plus globale, au niveau d’un réexamen général des parcours professionnels, autour de l’idée de trajectoires professionnelles tout au long de la vie, et cela jusqu’au départ en retraite. Inciter à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et la développer dans toutes ses dimensions Depuis 1989 existent dans le Code du travail des dispositions relatives à la gestion prévisionnelle des emplois. Les salariés de plus de 50 ans sont particulièrement visés dans cette politique prévisionnelle et dans les politiques de formation professionnelle continue au sein des branches et des entreprises. L’outil existe et il est nécessaire de le remettre sous les feux de l’actualité. Cette démarche de gestion prévisionnelle doit s’adosser au droit du salarié à se former tout au long de sa vie et aux moyens de lutte contre la discrimination par l’âge dans tous les aspects de la vie professionnelle (recrutement, promotion, rémunération, formation). Enfin, la gestion prévisionnelle doit appréhender la problématique du vieillissement de la population. Il est nécessaire de travailler sur l’adaptation des emplois occupés par les salariés âgés, notamment en termes de rythme, de responsabilités et de conditions de travail. Inciter au maintien dans l’emploi Il est ensuite nécessaire de rompre avec une logique malthusienne de la gestion de l’emploi pour, dans une perspective de retour au plein emploi, favoriser des comportements de prolongation d’activité, de lutte contre des pénuries d’emploi, en remontant les taux d’activité des salariés de plus de 50 ans. La plupart des retraits du marché du travail des salariés âgés ont lieu à l’occasion d’opérations de restructuration. Pour limiter cette hémorragie, il est possible d’envisager des solutions d’aides spécifiques aux entreprises qui renoncent au licenciement de salariés de plus de 50 ans et s’engagent à les garder jusqu’à l’âge de la retraite. Cette aide pourrait prendre la forme d’un crédit d’impôts. Il importe également d’aider l’embauche de salariés âgés. La suppression de la contribution Delalande serait une première étape. Cette mesure a pour effet pervers de bloquer en pratique tout recrutement de salariés de plus de 49 ans. En outre, les cas d’exonération de cette contribution sont si nombreux qu’il est légitime de s’interroger sur ses effets dissuasifs. Organiser un retrait du marché du travail progressif et valorisé Il est enfin indispensable de repenser la distribution des temps sociaux et sortir d’une logique ternaire, en aménageant des formes diversifiées de cycle de vie. La CFE-CGC est ainsi favorable à l’aménagement des transitions en fin de vie active, entre une intense implication professionnelle et une cessation brutale : il faut favoriser le désengagement progressif de la vie active, non pas en recourant à des préretraites ou systèmes assimilés, mais en allégeant par exemple les responsabilités opérationnelles proprement dites au profit du développement de responsabilités « ressources » (missions d’expertise, d’études, de tutorat…) Ce départ progressif sera d’autant mieux vécu qu’il sera valorisant pour le salarié concerné. Son ancienneté dans l’entreprise et donc la connaissance qu’il en a acquise, son expérience professionnelle sont autant d’éléments qui peuvent être mis au service de son environnement professionnel direct (l’entreprise) ou de sa profession. L’amélioration des conditions de travail et l’adaptation des postes Le deuxième changement de comportement est axé sur la problématique du vieillissement au travail qui devrait être partie intégrante des réflexions sur les conditions de travail. Les actions sur les conditions de travail concernent tout particulièrement les grandes entreprises industrielles confrontées à un vieillissement de leur pyramide des âges. Même si le progrès technique rend le travail moins pénible, on observe une intensification des rythmes de travail et de la charge physique et mentale liée aux évolutions des outils de travail et à la gestion des flux tendus. Les actions conduites devront partir de l’étude du travail et de l’analyse des situations de travail. Ces études permettront de découvrir les difficultés rencontrées par les salariés et les stratégies individuelles et collectives qu’ils mettent en œuvre pour y remédier. Une fois le diagnostic établi, il sera alors possible d’imaginer comment mieux répartir les tâches et composer des équipes où les expériences et les âges vont se compléter. ■ [[email protected]] EM 113 - mai 2004 - 21