Le dire d`une anorexique

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Vendredi 28 mars 2014
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Dans notre société du “ paraître ” et quand on sait
l’importance du rôle de la voiture en tant qu’objet de
prestige individuel, on ne peut que s’interroger sur le choix
de certains slogans publicitaires. Ainsi la Renault Twingo :
“ Ras le bol des mannequins anorexiques ! On peut être
petite et ronde et entrer chez Elite ”. Ce choix d’associer les
top models aux anorexiques n’est pas anodin ; il est au
contraire révélateur d’un certain malaise. Lequel ? La
comparaison implicite du terme “ mannequin anorexique ” se
justifie-t-elle pour autant ?
En effet, si les constructeurs automobiles privilégient les
formes arrondies des petites voitures (Opel Corsa, Ford Ka,
Nissan Micra…), ce n’est pas le cas des couturiers. La mode
vestimentaire actuelle flatte la minceur, voire l’absence de
formes. Le slogan de la Twingo prouve que les défilés de mode
peuvent aller plus loin dans ce qu’ils donnent à voir qu’un
intérêt purement vestimentaire. Pourquoi ? Parce qu’ils
déclenchent des phénomènes d’identification, du style : Si je
veux pouvoir porter ce vêtement avec autant d’élégance, il
faut que je sois comme… Motif : il a été dessiné et conçu pour
être porté comme le mannequin le porte. Sous le vêtement,
c’est donc un mannequin qui focalise l’attention :
actuellement, que nous montre-t-il ? Une très grande minceur
du corps. Et que sous-entend cette très grande minceur ? Un
effort de maîtrise du corps pour s’imposer des régimes
alimentaires, donc une force, un pouvoir sur soi. N’est-ce pas
là que réside le danger ? Pour certaines, c’est non seulement
le résultat, à savoir le corps très mince et séduisant, qui va
constituer un objet d’identification, mais surtout la façon
d’obtenir ce résultat : un déplacement de la volonté sur le
corps. On se retrouve donc face à deux cas de figures
identiques dans le fonctionnement mais radicalement opposés
dans la logique.
Une limite à ne pas franchir
Dans le premier cas, le mannequin maigrit dans un but
positif : conserver un travail, raviver le désir de l’autre mais à
partir de l’idée qu’elle doit offrir aux regards un corps
sexuellement attirant. Car si la femme joue sur les vêtements,
c’est pour elle (narcissiquement), pour les autres, et surtout
l’Autre Homme. Elle tire sa supériorité de son pouvoir de
séduction. L’aspect du corps n’est qu’un moyen d’atteindre ce
but. Mais si, dans la mode, la minceur est devenue une
exigence, elle est également un garde-fou : une limite à ne
pas franchir (sinon je serai trop maigre pour être top model).
Dans le second cas, il est possible de penser le problème de
l’anorexique. Elle se sent séduisante justement parce qu’elle
peut porter des tailles mannequin. D’un moyen d’attraction,
être filiforme, elle en fait un but. Seulement, ce but ne
débouche sur rien de positif car maigrir pour être maigre –
être maigre représentant le mode d’expression d’une
souffrance ayant un second sens enfoui –, c’est vouloir capter
l’attention dans le cadre de l’absolu, du pouvoir et non pas
sur son corps de femme. En effet, l’anorexique refuse son
corps sexuellement au féminin. Et jouir de son omnipotence
s’avère destructeur pour l’individu car cela l’enferme dans un
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mécanisme de comportements auto-agressifs : toujours vouloir
aller plus loin (et pour l’anorexique, plus bas dans le poids),
rivaliser, se sentir le plus fort. Ainsi, voici le danger que font
donc courir, à leur insu, j’espère, les mannequins de notre
époque : que les spectatrices ne prennent leur moyen de
séduction pour une fin en elle-même. D’où le risque de
basculer dans l’anorexie, donc dans la névrose.
Maintenant, l’expression mannequin anorexique dit être
dénoncée : la vie de l’anorexique ne ressemble en rien à la vie
de mannequin. Elle n’a pas l’attrait des défilés de mode et des
jeux de séduction. L’anorexique négative son corps de femme
par tous les moyens. Ce qu’elle affiche et donne à voir ne
peut être que signe d’une grande souffrance. Tandis que le
mannequin cherche à provoquer un regard d’admiration,
l’anorexique est à l’affût d’un regard qui lui confirme la
nullité qu’elle s’attribue, le leurre de son pouvoir, ce qu’elle
croit être la volonté (je crois ne rien valoir comme femme,
alors je vais tout centrer sur ce que d’aucuns appellent la
volonté). Au lieu de souhaiter son corps désirable, elle veut
qu’il fasse pitié, dans une pitié qui susciterait le respect,
l’admiration : seul moyen qu’elle a de se sentir reconnue (je
fais pitié, peut-être, mais vous n’êtes pas capable d’un tel
pouvoir sur vous). Elle met toute son énergie dans la négation
de son corps pour autrui et peu à peu anesthésie tous ses
autres désirs. Elle en arrive à ne vivre que pour son corps, à
ne ressentir que les besoins élémentaires qu’elle nie encore.
Son esprit se perd et végète dans des conflits absurdes, elle
fait le vide autour d’elle et sombre peu à peu dans la solitude
qu’elle n’a pas la force d’égayer elle-même et qui devient
atrocement pesante.
Halte à la confusion
Voilà pourquoi je m’insurge contre deux points. Le premier
vise la mode : elle nous fait croire que la féminité, le charme,
la beauté, ne peuvent s’exprimer que par des formes
longilignes et sans rondeur. Elle ne donne pas droit à la
différence. Elle ne tient pas compte des autres moyens de
séduire : le regard, la voix, l’intelligence, la douceur, la
gentillesse, etc. Elle peut par là bloquer les adolescentes dans
leur allant devenant femmes (expression anticipée par
Françoise Dolto), lorsque les formes apparaissent et que ce
qu’on leur donne à voir s’y oppose. Le deuxième point
concerne l’expression mannequin anorexique : c’est un
leurre, un leurre dangereux et réducteur de l’anorexie. Alors,
arrêtons ces aberrations et donnons la parole aux top models.
Ensuite, comparons leurs motivations, leurs désirs à ceux des
anorexiques. On s’apercevra très vite qu’elles ne renferment
pas ce malaise psychique. Cette expression donne
presqu’envie de devenir anorexique alors que je ne souhaite à
personne de s’engager dans ce chemin existentiel car c’est
une véritable souffrance qui cause d’énormes dégâts, non
seulement à celle qui la vit, mais aussi à son entourage.
Lorsqu’on
a
bouleversé
négativement
le processus
identificatoire, on ne sait plus retrouver l’autre voie, celle du
vrai but d’une présentation de mode : le plaisir.
Cécile Cazanave
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