Prospectives en Paléontologie et Palynologie - l`APLF

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Prospectives en Paléontologie et Palynologie - l`APLF
Prospectives en Paléontologie et
Palynologie
RÉSUMÉS
4e congrès APF – 21e réunion APLF
02 – 05 Juin 2009, Lille, France
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Version imprimée disponible à l’adresse suivante : Laboratoire
http ://www.univ-lille1.fr/geosciences
Géosystèmes, Université de Lille 1, Cité Scientifique, Bât. SN5,
http ://w3.laplf.univ-tlse2.fr
59655 Villeneuve d’Ascq cedex, France
Lille, 2009
Prospectives en Paléontologie et
Palynologie
4e congrès APF – 21e réunion APLF
02 – 05 Juin 2009, Lille, France
RÉSUMÉS
Édité par François Thirion,
Xavier Legrain & Marco Vecoli
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
02 – 05 Juin 2009, Lille, France
Organisateurs
Benoît L. M. Hubert (UCL), président
Marco Vecoli (USTL, CNRS), secrétaire
Taniel Danielan (USTL)
Bruno Mistiaen (UCL)
Thomas Servais (USTL)
Jean-Pierre Nicollin (UCL)
Comité scientifique
Jean Broutin, Université de Paris 6
Didier Galop, Université de Toulouse 2
Philippe Gerrienne, Université de Liège
Philippe Janvier, MNHN de Paris, Paléontologie
Vincent Lebreton, MNHN de Paris, Paléontologie humaine
Bertrand Lefebvre, Université de Lyon 1
Fabienne Marret, Université de Liverpool
Edwige Masure, Université de Paris 6
Brigitte Meyer-Berthaud, Université de Montpellier 2
Nathalie Combourieu-Nebout, LSCE, Gif-sur-Yvette
Pascal Neige, Université de Bourgogne, Dijon
Maria Fernanda Sánchez-Gõni, Université de Bordeaux 1
Institutions organisatrices
Université Catholique de Lille (UCL)
Université Lille 1 (USTL)
Institut Supérieur d’Agriculture (ISA)
Faculté Libre des Sciences et Technologies (FLST)
UMR 8157 Géosystèmes Lille 1 – CNRS
Centre National de la Recherche Scientifique
(CNRS)
Association Paléontologique Française (APF)
Association des Palynologues de Langues Française
(APLF)
Société Géologique du Nord (SGN)
Groupe Français du Paléozoïque (GFP)
Remerciements
Nous tenons à remercier pour ce congrès,
Thérèse Lebrun, recteur de l’Université Catholique de Lille,
Jean Charles Cailliez, Doyen de la FLST,
Pascal Caudron, Directeur de l’ISA,
Genevièvre Branquart, Responsable communication de l’UCL,
les étudiants du Laboratoire Géosystèmes,
tous les conférenciers et les participants à ce congrès,
ainsi que ceux que nous oublions de citer. ...
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
Avant-propos
Le présent livret que vous tenez en main contient plus de 75 résumés concernant les résultats récents
de chercheurs français ou francophones, dans les disciplines de la paléontologie et de la palynologie.
Deux associations ont décidé de co-organiser ce congrès à Lille : l’Association Paléontologique Française (APF) et L’Association de Palynologues de Langue Française (L’APLF). Si cette dernière a une
très longue tradition de réunions palynologiques depuis 40 ans (la réunion lilloise est le 21ème symposium de L’APLF), la première, l’APF, a souvent eu pour vocation la coordination et l’information
à destination des paléontologues français ; elle a régulièrement organisé des symposiums lors de manifestations plus importantes (comme les RST, Réunion des Sciences de la Terre, par exemple) et elle a
surtout parrainé des réunions, sans les organiser.
L’idée d’un congrès commun est née d’une réflexion au sein des deux conseils, de l’APF et de
L’APLF, concernant la recherche de nos identités. Qu’est-ce qu’un palynologue (ou palynologiste) ?
Que fait un paléontologue aujourd’hui ? Pendant que l’APF amorçait cette discussion lors de son
dernier congrès à Digne-les-Bains en 2007, le conseil de L’APLF reformatait ses statuts, suite à une
réflexion similaire : où nos métiers se positionnent-ils, dans le paysage scientifique et socio-économique
actuel ? Paléontologie et palynologie sont deux disciplines distinctes, mais qui comportent de nombreux
points communs. Attention, tous les palynologues ne sont pas des paléontologues ! De même, tous les
paléontologues ne sont pas des géologues ! Comme tous les paléontologues ne sont pas des biologistes !
A une époque de rationalisation, de regroupement et de fédération, il est nécessaire de se rencontrer
et de discuter, non seulement pour mieux se connaître et se comprendre, mais aussi pour développer
des projets communs structurants. Tant les paléontologues que les palynologues viennent des Sciences
de la Vie et des Sciences de la Terre, mais les deux disciplines sont aussi bien ancrées dans les Sciences
Humaines et Sociales. Ceci est, incontestablement, une force. Mais c’est aussi une faiblesse, car nous ne
sommes pas unis dans une même section ou un même groupe (de pression) pour pratiquer un lobbying
constructif au moment de s’adresser aux tutelles (universités, ministères, CNRS, ANR, etc.).
Dans ce contexte, les deux conseils ont décidé d’organiser une réunion commune. Ce congrès permettra aux deux disciplines d’avoir chacune leur propre journée de réunion (L’APLF le mardi, l’APF
le jeudi). Mais ceci permettra surtout de se rencontrer le mercredi, afin d’échanger et de discuter de ce
que nous pouvons, ensemble, construire dans le futur. Je vous souhaite donc non seulement une bonne
réunion avec vos collègues des autres disciplines, mais aussi un bon séjour dans le Nord qui est, comme
vous le verrez très rapidement, est une région particulièrement accueillante.
Thomas Servais
Président de L’APLF 2005-2009
Président de l’APF 2008-2010
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Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
Sommaire
Aoustin D. & Batt M. : Étude archéobotanique d’un habitat médiéval et son environnement :
le site archéologique du Goënidou dans les monts d’Arrée (Finistère) . . . . . . . . . .
11
Asatryan G. & Danelian T. : Nouvelles contraintes paléontologiques (Radiolaires) pour l’âge
de la couverture sédimentaire des ophiolites d’Arménie . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12
Assi Kaudjhis C. & Lézine A.-M. : Histoire des forêts d’altitude en Afrique équatoriale –
Atlantique au cours de la dernière transition glaciaire – interglaciaire et à l’Holocène.
Implications paléoclimatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13
Auguste P. : Évolution des écosystèmes continentaux au Pléistocène moyen et supérieur en
Europe du Nord-Ouest. L’apport des grands Mammifères . . . . . . . . . . . . . . . . .
14
Bignon A. & Crônier C. : Quantification morphologique de plusieurs espèces de Dechenella
(Trilobota) du massif des Ardennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
15
Blieck A., Turner S., Burrow C.J. Schultze H.-P., Reif W.-E., Rexroad C.B. & Nowlan G.S. :
Pourquoi les Conodontes ne sont pas des Vertébrés ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
16
Boulen M., Deschodt L. & Henton A. : Une séquence atlantique détaillée à Valenciennes« l’Étang
du Vignoble »(vallée de l’Escaut, 59) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
18
Brayard A., Escarguel G., Bucher H., Monnet C., Brühwiler T., Goudemand N., Galfetti T.
& Guex J. : Dynamiques évolutives après une extinction de masse : le feu d’artifice des
ammonoïdes au Trias inférieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
19
Breton G. : Le Gault de Pargny-sur-Saulx (51) : phosphates, terriers et petites crottes
. . .
20
Brice D. : A new bio-marker devonian brachiopod genus, Ghorospirifer, in the Late Famennian
from the West Afghanistan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
21
Buffetaut É. : Quand les dinosaures rencontrent les palynomorphes : données sur le Trias du
Cotentin (Normandie, France) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
22
Buchet G. & Vincens A. : Analyse palynologique à haute résolution de la carotte KAM-1,
Tanzanie : climat et végétation, hydrologie et action anthropique . . . . . . . . . . . . .
23
Cazet J.-P. & Lézine A.-M. : Les algues d’eau douce à test organique du lac Yoa documentent
la fin de la période humide au Sahara . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
24
Cecca F., Benzaggah M. & Rouget I. : Ammonites et calpionelles dans le Tithonien de la
région de Msila (Prérif interne, Maroc) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
25
Cesari C. & Vecoli M. : Biostratigraphie à chitinozoaires dans le Silurien du bassin de
Ghadamès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
26
Charbonnier S. : Le Lagerstätte de La Voulte : histoire d’une découverte . . . . . . . . . . .
28
Cheddadi R., Fady B., François L., Hajar L., Suc J.-P., Huang K., Demarteau M., Vendramin
G.G. & Ortu E. : Changements environnementaux et diversité génétique du cèdre de
l’Atlas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
29
Chitnarin A. & Crasquin S. : The Early to Middle Permian ostracods from Phetchabun province, central Thailand . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
30
Court-Picon M., Vella C., Chabal L. & Bruneton H. : Paléo-environnements littoraux depuis
8 000 ans sur la bordure occidentale du Golfe du Lion : le lido de l’étang de Thau
(carottage SETIF, Sète, Hérault) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
Court-Picon M., Linoir D., Bossuet G., Walter-Simonnet A.-V., Simonnet J.-P. & De Beaulieu
J.-L. : Périodes d’anthropisation et modification de la sédimentation depuis 8 000 ans
dans le Massif du Champsaur (Hautes-Alpes) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
32
Crasquin S. & Forel M.-B. : Les ostracodes (Crustacea) de la coupe de Meishan (Chine du
Sud) stratotypique de la limite Permien – Trias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
33
Daniau A.-L., Sánchez-Goñi M. & D’Errico F. : Variabilité des incendies en Europe de l’Ouest
au cours du dernier cycle climatique : relations avec le climat et les populations paléolithiques. Études des microcharbons préservés dans les carottes marines . . . . . . . . .
34
Delabroye A., Desrochers A., Joachimski M., Munnecke A. & Vecoli M. : Nouvelles interprétations stratigraphiques de la limite Ordovicien – Silurien sur l’île d’Anticosti (acritarches,
isotopes du carbone, susceptibilité magnétique, cycle TR) : implications pour la stratigraphie événementielle de la crise hirnantienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
35
Dera G., Neige P., Dommergues J.-L., Fara E., Laffot R. & Pellenard P. : La crise du Pliensbachien – Toarcien (Jurassique inférieur) vue par les ammonites : analyse multi-approches 37
Desprat S., Rouis Zargouni I., Combourieu-Nebout N., Essallami L., Turon J.-L., Sicre M.A., Kallel N., Siani G. & Dewilde F. : Changements de la végétation en Méditerranée
centrale pendant l’Holocène d’après l’analyse haute résolution d’une carotte marine au
large de la Tunisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
38
Desrochers A. : Crise de la productivité sédimentaire sur la plate-forme carbonatée à l’Hirnantien : phénomène régional ou global ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
39
Doitteau G., Villier L., Ribaud-Laurenti A., Lozouet P. & Bouchet P. : En quoi les assemblages
de coquilles mortes sont-ils représentatifs de la biodiversité ? Le cas des Bivalves du lagon
de Touho (Nord-Est de la Nouvelle-Calédonie) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
40
Dormoy I., Peyron O., Combourieu-Nebout N., Goring S. Kotthof U., Magny M. & Pross
J. : Variations saisonnières du climat au cours des 15 000 dernières années en région
méditerranéenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
41
Doyen É., Vannière B., Bichet V., Gauthier É. & Richard H. : Études paléoenvironnementales
réalisées à proximité du sanctuaire gallo-romain de Villards d’Héria (Jura) . . . . . . .
42
Etienne D., Dambrine E. & Ruffaldi P. : Pratiques agricoles et sylvicoles depuis 1 500 ans en
Lorraine : histoire comparée de trois massifs forestiers . . . . . . . . . . . . . . . . . .
43
Eynaud F., Malaizé B., Zaragosi S., Turon J.-L. & Pujol C. : 35 000 ans ans d’événements de
fonte de la calotte européenne : l’apport des dinokystes dans les reconstitutions quantifiées
de paléosalinité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
44
Fauquette S., Suc J.-P., Jimenez-Moreno G., Jost A., Micheels A. & Pollen Data Contributors :
Gradient climatique latitudinal en Europe de l’Ouest et en région méditerranéenne du
Miocène moyen ( 15 Ma) au Pliocène moyen ( 3,5 Ma) d’après les données polliniques
45
Forel M.-B. & Crasquin S. : Ostracodes (Crustacea) témoins des modifications paléoenvironnementales associées aux événements de la limite Permien – Trias en Chine du Sud et
Turquie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
46
Gauthier A. & Munoz A. : Mise en évidence d’une saisonnalité dans les calcaires laminés
miocènes de Villaroya (Espagne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
47
Gonez P., Prestianni C., Strullu-Derrien C. & Gerrienne P. : Les premières plantes terrestres
(Embryophytes) : origine et diversification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
48
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Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
Haas J.N., Starnberger R., Karg S., Brodtbeck T. & Leuzinger U. : La truffe blanche comme
délicatesse au Néolithique — les microfossiles non-polliniques nous aident à comprendre
les systèmes écologiques de l’Holocène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
49
Hajar L., Cheddadi R. : Paléobiogéographie de Cedrus en région méditerranéenne depuis le
dernier maximum glaciaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
50
Joannin S., Vannière B., Galop D., Anselmetti F., Chapron E., Gilli A., Wirth S. & Magny
M. : Les changements dans la végétation à l’Holocène au lac du Ledro (Trentino, italie)
51
Kruta I., Rouget I., Landman N., Cecca F. & Tafforeau P. : Les ammonites, une coquille, but
what else ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
52
Kuentz A., Ledru M.-P. & Thouret J.-C. : Changements climatiques holocènes au Sud du
Pérou (région du Nevado Coropuna, 15˚30 S, 72˚40 W, 6 300 m) . . . . . . . . . . . .
53
Laine A., Gauthier É., Petit C. & Richard H. : Analyses préliminaires des pollens et des
micro-fossiles non polliniques de trois zones humides en plaine bourguignonne . . . . .
54
Lartigot A.-S. & Moné H. : Indicateurs paléoenvironnementaux et taphonomiques dans les
spéléothèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
55
Ledru M.-P., Herrera M., Samaniego P. & Hidalgo S. : Changements paléoenvironnementaux
dans la forêt tropicale andine au cours de l’Holocène (Papallacta, Équateur) : premiers
résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
56
Lefebvre B. & Roch R. : À la poursuite d’une chimère : reconstitution de la morphologie
de Plasiacystis mobilis, un solute (Echinodermata, Blastozoa) atypique de l’Ordovicien
péri-gondwanien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
57
Leroyer C., Boulen M., Lorho T., Marguerie D., Prat B. & Argant J. : Premiers résultats de
la base de données et du S.I.G. palynologiques sur l’âge du Fer . . . . . . . . . . . . . .
58
Lézine A.-M. : Chronologie des changements de la couverture végétale des zones désertiques à
la limite nord de la zone d’influence des moussons atlantique et indienne au cours de la
fin de la période humide holocène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
59
Lopes S. & Londeix L. : Étude biostratigraphique des kystes de dinoflagellés du stratotype
historique de l’Aquitanien (Miocène inférieur) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
60
Marcoux N. & Marguerie D. : Fluctuations climatiques holocènes : nouveau regard sur les
données archéobotaniques du Massif armoricain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
61
Marret F., Mudie P.J. & Leroy S.A.G. : Les palynomorphes non-polliniques (NPP), des indicateurs de changement de salinité et d’environnement dans le couloir Méditerrannée –
Mer Noire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
62
Masure E., Dejax J. & De Ploëg G. : Le cycle de vie à thèque cellulosique d’une Peridiniaceae (Dinoflagellés) de l’Albien terminal, fossilisée dans l’ambre d’Archingeay (CharenteMaritime) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
63
Meyer-Berthaud B. & Dambreville A. : Approche architecturale de l’évolution des premiers
arbres. Implications phylogénétiques et paléoenvironnementales . . . . . . . . . . . . . .
65
Mistiaen B. & Hubert B.L.M. : Givetian patch reefs in Avesnois and Boulonnais
. . . . . .
66
Montade V. & Combourieu-Nebout N. : Distribution des grains de pollen dans les sédiments
marins de surfaces en Patagonie chilienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
67
Nardin É., Lefebvre B. & David B. : Aspects phylogénétiques et biodynamiques de la diversification des blastozoaires (Echinodermata) au Paléozoïque inférieur . . . . . . . . . . .
68
9
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
Oillic J.-C. : Histoire d’un massif forestier en relation avec son occupation humaine du Néolithique à aujourd’hui : la forêt de Paimpont (Bretagne, France) . . . . . . . . . . . . .
69
Perrier V., Vannier J. & Siveter D.J. : Y-a-t-il des ostracodes pélagiques au Silurien ? . . . .
70
Peyron O., Bordon A., Combourieu-Nebout N., Vignot A., Damy S., Tissot J.D., Brewer
S., Tarasov P., Barboni D. & Modern Pollen Databank : Une nouvelle base de données polliniques actuelles : une étape majeure pour les quantifications climatiques et les
reconstructions de végétation et de biodiversité à partir des données polliniques . . . . .
71
Peyron O. Goring S., Magny M., De Beaulieu J.-L., Drescher-Schneider D., Vanniere B. &
Dormoy I. : The climate in central Italy during the last 15,000 yrs BP : saisonality
changes inferred from pollen and lake levels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
73
Pinte É. Mistiaen B. : Taghanic in Ardennes : event or crisis ? . . . . . . . . . . . . . . . .
74
Pouille L., Delabroye A., Vecoli M., Calner M. & Lehnert O. : Biostratigraphie à chitinozoaires
de l’Ordovicien moyen au Silurien basal du sondage Borenshult-1 (Suède) . . . . . . .
75
Prestianni C. & Gerrienne P. : Variabilité et distribution paléoéographique du morphotype
Moresnetia (Spermatophyte) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
76
Ribaud A., Conesa G., André J.-P. Doitteau G. Saint-Martin J.-P. Cornée J.-J., Sain-Martin
S., Münch P. Villier L. Ben Moussa A. & Azdimoussa A. : Genèse et signification environnementale des accumulations de grands Bivalves (Isognomon (Hippochaeta) maxillatus)
du Messinien et du Pliocène marocain (Mellila-Nador) . . . . . . . . . . . . . . . . . .
77
Romero-Sarmiento M.-F., Riboulleau A., Vecoli M. & Versteegh G.J.M. : Identification de
rétène dans les sédiments du Silurien supérieur – Dévonien inférieur en Afrique du
Nord : Origine et implications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
79
Rouis Zargouni I., Turon J.-L., Londeix L., Michel E. & Kallel N. : Évolution paléoclimatique
en Méditerranée occidentale au cours du Fini-Quaternaire : contribution des assemblages
de dinokystes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
80
Sánchez-Gõni M.-F., Desprat S., Naughton F., Fletcher W.J., Duprat J., Daniau A.-L. Turon
J.-L., Cortijo E., Michel E. & Kissel C. : Le dernier cycle climatique dans l’Ouest de la
France à travers la corrélation directe entre proxies terrestres (pollen et microcharbons)
issus de la carotte marine MD04-2845 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
81
Saucède T., François É., Eble G. & David B. : Évolution des architectures apicales chez les
échinides atélostomes : caractérisation par des réseaux de connectivité . . . . . . . . . .
82
Sémah A.-M., Gallet X. & Sémah F. : Données palynologiques environnementales d’un site
en grotte de Java central (Song Terus), Indonésie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
83
Servera G., Riera S., Miras Y., Picornell L., Armentano N., Allué E., Esteve X. & Boi M. :
Les plantes et la mort au Bronze Final sur l’île de Minorque (Baléares, Espagne) : usage
des plantes, offrandes funéraires et symbolisme dans la nécropole collective de la grotte
de « Cova des Pas » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
84
Strullu-Derrien C., Gerrienne P. & Strullu D.-G. : Nouvelles données concernant l’histoire
évolutive des Lignophytes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
86
Thomas J., David B., Montuire S., Festeau A. & Bailly M. : Struturation du réseau Trans’TyFiPal : impacts en terme de recherche, gestion et législation des collections . . . . . . .
87
10
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
ÉTUDE ARCHÉOBOTANIQUE D’UN HABITAT MÉDIÉVAL ET SON
ENVIRONNEMENT : LE SITE ARCHÉOLOGIQUE DU GOËNIDOU DANS
LES MONTS D’ARRÉE (FINISTÈRE)
David Aoustin1 , Michael Batt2
1 Collaborateur U.M.R. 6566 C.R.e.A.A.H. Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire
2 Service régional de l’Archéologie, Direction Régionale des Affaires culturelles de Bretagne, Centre Michel-de-Boüard,
Centre de recherches archéologiques et historiques médiévales, U.M.R. 6577 (C.N.R.S./U.C.B.N.)
L’habitat du Goënidou, occupé entre le XIIe et le XIVe siècles, est caractéristique des « habitats de
défrichement »mis en place par des seigneurs laïcs ou des établissements ecclésiastiques, dans les Monts
d’Arrée. Suite à sa découverte en 1983, le site a fait l’objet de fouilles entre 1984 et 1987. Celles-ci ont
révélé l’existence d’un habitat planifié composé de maisons, de bâtiments non domestiques et d’enclos
délimités par des talus.
Une campagne triennale de prospection associée à des sondages débutés en 2003, a été menée
dans le but de mettre en évidence l’impact de l’installation de l’habitat médiéval sur le paysage et
l’environnement. Ce projet, s’appuyant sur la présence d’un parcellaire fossile conservé autour du site,
a eu pour objectif de comprendre de quelles manières et à quelles périodes, furent établies les limites
de parcelles (Batt, 2003 ; Batt & Jablonski, 2004). Les résultats ont permis d’ouvrir de nouvelles
perspectives sur l’utilisation du paysage non seulement pour l’époque médiévale, mais aussi pour la
période antique.
C’est au sein de cette problématique que se sont inscrites les études archéobotaniques, réalisées
sur le site (Aoustin, 2005). L’analyse de charbons de bois prélevés au sein d’une couche d’incendie,
mise au jour à l’intérieur d’un bâtiment de type maison-mixte, a permis d’identifier des groupements
forestiers de type chênaie-hêtraie et leurs faciès de dégradation (fruticée à Prunus et Pomoïdeae, lande à
Genisteae), présents aux alentours du site. Par ailleurs, l’analyse de la répartition spatiale de certaines
essences, nous renseigne sur la nature de leur emploi au sein de l’habitat. L’analyse palynologique
d’une zone humide, proche du site, a révélé l’existence d’un impact anthropique sur la végétation pour
l’Antiquité. Elle a permis également de mettre en évidence la culture de céréales (Cerealia) et du
sarrasin (Fagopyrum) au cours de la période médiévale.
AOUSTIN D., 2005. Relation Homme/Milieu, l’exemple du village médiéval du Goënidou dans les Monts d’Arrée (Berrien, Finistère). Apport de la palynologie et de l’anthracologie à l’histoire de la végétation, Mémoire de DEA, Université de Paris X, 2005,
inédit.
BATT M., 2003. Berrien (Finistère), le Goënidou. L’impact d’un habitat médiéval sur le paysage et l’environnement, rapport de
prospection thématique 2003, SRA Bretagne/Université de Bristol, inédit.
BATT M., & JABLONSKI C., 2004. Berrien (Finistère), le Goënidou. L’impact d’un habitat médiéval sur le paysage et l’environnement, rapport de prospection thématique 2004, SRA Bretagne/Université de Bristol, inédit.
11
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
NOUVELLES CONTRAINTES PALÉONTOLOGIQUES (RADIOLAIRES)
POUR L’ÂGE DE LA COUVERTURE SÉDIMENTAIRE DES OPHIOLITES
D’ARMÉNIE
Gayané Asatryan1,2 , Taniel Danelian3
1 Université Pierre-et-Marie-Curie (Paris VI), Micropaléontologie, CNRS-UMR 5143 Paléobiodiversité et
Paléoenvironnements, C. 104, 4 place Jussieu, 75005 Paris, France ; [email protected]
2 Institut des Sciences Géologiques, Académie National des Sciences d’Arménie, 24a avenue Baghramian, Erevan,
375019 Arménie
3 Université Lille 1, Laboratoire Géosystèmes (UMR 8157 CNRS), UFR des Sciences de la Terre - bâtiment SN5,
59655 Villeneuve d’Ascq Cedex, France ; [email protected]
Les Radiolaires constituent un groupe paléontologique important pour la datation de la couverture
sédimentaire des ophiolites, car ils permettent de palier l’absence d’autres fossiles dans ces dépôts
siliceux et de contribuer ainsi à mieux comprendre l’évolution géodynamique et paléoenvironnementale
des bassins océaniques et des marges issues de la Téthys.
Malgré les nombreux travaux sur les zones ophiolitiques d’Arménie leur âge est encore très discuté.
Les données micropaléontologiques sont peu nombreuses et/ou effectuées avant le développement de la
systématique moderne des Radiolaires mésozoïques. L’objectif de cette étude est de mettre en évidence
les associations de Radiolaires préservés dans la couverture sédimentaire des ophiolites d’Arménie et,
à travers leur potentiel biochronologique, de dater l’activité volcanique associée à la mise en place de
la croûte océanique téthysienne.
Les résultats obtenus permettent de dater de la couverture sédimentaire des ophiolites d’Arménie
dans deux zones géographiquement séparées (Vedi et Sevan) et de connaître ainsi les différentes phases
d’ouverture du domaine océanique téthysien situé entre l’Eurasie et le microcontinent Sud-Arménien.
La faune de Radiolaires obtenue des radiolarites de l’affleurement supérieur du fleuve de Vedi est
relativement bien préservée et semble être assez diverse, même si elle est dominée par des petites espèces
de Nassellaires. Cette faune établit, pour la première fois, un âge Jurassique moyen (et plus précisément
du Bajocien moyen-supérieur) pour la mise en place des laves en coussins de la succession ophiolithique.
Il s’agit de la preuve que la partie de croûte océanique préservée dans la zone ophioltihique de Vedi a
été formée dès le Bajocien (ou un peu avant). L’activité volcanique sous-marine a continué à plusieurs
étapes lors de l’accumulation des boues siliceuses bajociennes, comme ceci est suggéré par l’intercalation
de laves variolitiques au sein des radiolarites. Les résultats de l’affleurement supérieur du fleuve de Vedi
établissent que l’activité volcanique sous-marine a continué au moins jusqu’au Jurassique supérieur
(Oxfordien moyen – Tithonien inférieur).
La coupe de Sarinar a permis de mettre en évidence une croûte océanique d’âge probablement
Jurassique supérieur (Oxfordien moyen–Tithonien inférieur) à l’Est du lac Sevan et d’établir aussi
qu’une activité volcanique subaérienne, à l’origine des tuffites intercalées aux radiolarites, a eu lieu
pendant le même intervalle de temps. La coupe de Dali, permet d’établir que de la croûte océanique
se formait encore au passage Jurassique/Crétacé (Tithonien supérieur à Berriasien), poursuivi juste
après par de l’activité volcanique subaérienne.
Les résultats de ce travail sont en accord avec le développement d’un domaine océanique d’âge
mésozoïque (Néotéthys) entre le microcontinent sud-arménien (au sud) et la marge eurasienne (au
nord), pour lequel l’accrétion océanique a commencé au Trias supérieur et a continué au moins jusqu’au
sommet du Jurassique (et probablement durant le Crétacé inférieur).
12
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
HISTOIRE DES FORÊTS D’ALTITUDE EN AFRIQUE
ÉQUATORIALE-ATLANTIQUE AU COURS DE LA DERNIÈRE
TRANSITION GLACIAIRE – INTERGLACIAIRE ET À L’HOLOCÈNE.
IMPLICATIONS PALÉOCLIMATIQUES
Chimène Assi Kaudjhis, Anne-Marie Lézine
Laboratoire des Sciences du Climat et de l’environnement, UMR 1572 CNRS-CEA-UVSQ, CEA orme des Merisiers,
91191 Gif-sur-Yvette Cedex, France ; [email protected]
Dans le cadre du projet de recherche IFORA (Iles FORestières Africaines : modèles d’une nouvelle
approche de la dynamique de structuration de la biodiversité) financé par l’Agence Nationale de la
Recherche, deux carottes sédimentaires de 13,5 m et de 12,5 m ont été prélevées dans deux lacs de
cratères respectivement à Bambili (05˚56’11,9 N ; 10˚14’31,6 E ; 2 273 m) et à M’bi (06˚04’56,4 N ;
10˚21’01,2 E ; 2 024 m d’altitude) au Cameroun (Afrique centrale atlantique). Elles permettent de
documenter l’histoire des forêts d’altitude et leur sensibilité au changement climatique depuis 25 000
ans.
La question centrale, posée par Maley (1997) et reprise par Stager et Anfang-Sutter (1999) concerne
l’influence des conditions de surface océaniques sur la formation de nuages en altitude. L’intensification
des upwellings à l’origine du refroidissement des eaux océaniques dans le Golfe de Guinée lors des périodes « froides »auraient été responsables de la formation de nuages stratiformes. Ces derniers auraient
à leur tour entraîné l’installation de conditions humides sur les hautes montagnes de l’Afrique centrale
atlantique. Cette hypothèse suggère un fort gradient d’altitude avec des conditions climatiques contratées : humides en montagne et sèches aux basses altitudes au cours des périodes froides, notamment
au cours de la dernière déglaciation et du « Dryas récent ».
Nos analyses montrent, au contraire, que l’histoire forestière des hautes montagnes du Cameroun
a suivi l’évolution générale du climat des basses altitudes telle que décrite, par exemple, par Shanahan
et al. (2006) au Ghana :
Entre 17 et 14 000 cal BP, le paysage forestier est ouvert (maximum AP : 20%) et les taxons forestiers
montagnards (Rapanea, Embelia, Maesa. . . ) se mêlent aux taxons héliophiles (Apiaceae, Solanaceae,
Gnidia, Myrica. . . ) et même de savane (Lannea, Amaranthaceae – Chenopodiaceae). Des taxons de
forêts semi-décidues sont également présents (Celtis, Lophira).
L’expansion forestière qui débute à 14 000 cal BP est interrompue pendant le Dryas récent, puis reprend
vers 11 500 cal BP. Le maximum forestier est atteint entre 8 000 et 3 500 cal BP, période au cours
de laquelle, la biodiversité forestière est maximale (57 taxons d’arbres – AP : 80%). La forêt est alors
majoritairement constituée de Schefflera, Podocarpus, Syzygium, Cussonia, Olea et Alchornea.
Après 3 500 cal BP, la forêt se dégrade brutalement sans changer de composition par rapport à la
phase antérieure (AP : 40%). On constate cependant la quasi-disparition de Podocarpus, remplacé par
Ilex mitis. La brutalité du changement environnemental à 3 500 cal BP à Bambili s’intègre dans le
schéma général de l’évolution climatique et environnementale déduit des données antérieures acquises
en Afrique centrale atlantique (Vincens et al., 1999).
13
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
ÉVOLUTION DES ÉCOSYSTÈMES CONTINENTAUX AU PLÉISTOCÈNE
MOYEN ET SUPÉRIEUR EN EUROPE DU NORD-OUEST. L’APPORT DES
GRANDS MAMMIFÈRES
Patrick Auguste
UMR CNRS 8157, Laboratoire Géosystèmes, Université Lille 1, bâtiment SN 5, 59655 Villeneuve d’Ascq Cedex,
France ; [email protected]
L’Europe du Nord-Ouest en général et la France septentrionale en particulier constituent durant le
Pléistocène moyen et supérieur un carrefour biogéographique à l’échelle européenne où les influences
directes des variations climatiques et environnementales cycliques sont particulièrement bien enregistrées en domaine continental. De nombreux gisements paléolithiques et paléontologiques ayant livré
des vestiges de grande faune mammalienne jalonnent cette région depuis environ un million d’années
jusqu’à la fin du Pléistocène. Les associations de grands Mammifères identifiées présentent l’intérêt
d’être bien datées et replacées dans un contexte paléoécologique pluridisciplinaire cohérent. Il est ainsi
possible de suivre la dynamique de renouvellement des différents taxons durant cette période, mais également de proposer un scénario global permettant d’interpréter la récurrence des grandes associations
fauniques analysées. Ce sont surtout les herbivores qui sont les plus informatifs, ceux-ci étant directement tributaires des modifications de la végétation induites par les changements climatiques de faibles
ou fortes amplitudes. Un impact régulateur des mégaherbivores et des herbivores de taille plus modeste
au sein des différents écosystèmes successifs est envisagé, cette régulation suit des modalités distinctes
suivant les principaux types d’écosystèmes présents. Cet effet est mis en évidence au sein des différentes
phases climatiques, en contexte tempéré et glaciaire. Le modèle proposé s’inscrit bien dans le schéma
classique du fonctionnement des systèmes complexes que constituaient les biomes pléistocènes tels qu’il
est possible de les reconstituer. Le constat établi pour la France septentrionale s’insère parfaitement
dans le cadre plus élargi de l’Europe du Nord-Ouest, mettant en exergue l’unité paléobiogéographique
de cette région et l’emploi des grands Mammifères en tant qu’outils paléoécologiques pertinents.
14
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
QUANTIFICATION MORPHOLOGIQUE DE PLUSIEURS ESPÈCES DE
DECHENELLA (TRILOBITA) DU MASSIF DES ARDENNES
Arnaud Bignon, Catherine Crônier
USTL, UMR Géosystèmes 8157, CNRS, U.F.R. des Sciences de la Terre, bâtiment SN5, 59655 Villeneuve d’Ascq
Cedex, France ; [email protected];[email protected]
La coupe du Mont d’Haurs (Givétien), au sud du Massif des Ardennes, a livré différentes espèces
appartenant au genre Dechenella (Proetidae). Une analyse morphométrique, basée sur la méthode des
points homologues, a été réalisée indépendamment sur les céphalons et les pygidiums.
Ce travail a pour objectifs : 1) d’identifier différentes classes de taille correspondant à divers stades
ontogénétiques, 2) de caractériser quantitativement la forme des différentes espèces présentes, 3) d’établir les patrons de changement de taille et de forme qui s’effectuent au cours de l’ontogenèse. D’autre
part, la comparaison des trajectoires ontogénétiques des deux espèces est un bon moyen pour comprendre les relations entre évolution et adaptation.
L’analyse réalisée sur les céphalons a permis d’identifier quantitativement deux espèces de Dechenella présentes. Les changements ontogénétiques sont, surtout pour l’une des deux espèces, relativement
mineurs. Néanmoins, les trajectoires ontogénétiques de ces taxons sont différentes.
L’analyse des pygidiums montre, quant à elle, des résultats assez différents. En effet, les deux
espèces, caractérisées qualitativement, ne peuvent être identifiées quantitativement par la morphométrie. Toutefois, une troisième espèce de Dechenella ressort de l’analyse. Les modifications de la forme
des pygidiums sont plus marquées au cours de l’ontogenèse que pour les céphalons. Enfin, les trajectoires ontogénétiques des pygidiums ne montrent pas de différences notables entre les deux espèces,
contrairement aux céphalons.
Ces résultats semblent indiquer que les céphalons et les pygidiums sont soumis à des contraintes
différentes.
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Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
POURQUOI LES CONODONTES NE SONT PAS DES VERTÉBRÉS ?
Alain Blieck1 , Susan Turner2 , Carole J. Burrow3 , Hans-Peter Schultze4 ,
Wolf-Ernst Reif5 , Carl B. Rexroad6 , Godfrey S. Nowlan7
1 Université de Lille 1 : Sciences de la Terre — UMR 8157 du CNRS « Géosystèmes », F-59655 Villeneuve d’Ascq
Cedex, France ; [email protected]
2 Monash University Geosciences, Box 28E, Victoria 3800, Australia ; [email protected]
3 Queensland Museum, Geosciences Annex, 122 Gerler Road, Hendra, Queensland 4011, Australia ;
[email protected]
4 2001 Vermont St., Lawrence, Kansas 66046, USA ; [email protected]
5 Eberhard-Karls-Universität, Institut für Geowissenschaften, Sigwartstraße 10, D-72076 Tübingen, Germany ;
[email protected]
6 Indiana Geological Survey, 611 North Walnut Grove, Bloomington, IN 47405-2208, USA ; [email protected]
7 Geological Survey of Canada, 3303 – 33rd Street NW, Calgary, AB, T2L 2A7, Canada ; [email protected]
Les Vertébrés sont définis par la présence de tissus durs minéralisés dérivés de structures embryonnaires ecto-mésodermiques. Ils sont également caractérisés par la présence d’un ensemble anatomique
complexe situé à l’avant de l’animal et que l’on nomme le crâne (concentration en particulier des structures sensorielles olfactives et optiques). Ceci définit un clade appelé Craniota qui unit les Myxines
et les Vertébrés s.s. qui possèdent soit de vraies vertèbres soit des structures homologues à l’état embryonnaire. Cet ensemble de structures apparaîtrait dès le Cambrien inférieur avec Haikouichthys (syn.
Myllokunmingia) dans le Konservat-Fossil-Lagerstätte de Chengjiang en Chine.
Une théorie, remise au goût du jour par un groupe de paléontologues britanniques (Donoghue et
al. 2000), fait des Conodontes un groupe de Vertébrés (Pander 1856, Sweet & Cooper 2008). L’analyse
cladistique qu’ils ont menée est fondée entre autres sur une interprétation des tissus durs des Conodontes qui seraient homologues de ceux des Vertébrés (émail ou émailloïde, dentine, os, cartilage) ; elle
situe les Conodontes au sein du clade des Vertébrés s.s. en position relativement coronale. Les mêmes
auteurs sont également partisans du « Total Group Concept »de R.P.S. Jefferies et incluent ainsi les
Conodontes dans le « Total Group Gnathostomes »(où Gnathostomes = Vertébrés à mâchoires), ce qui
pose de sérieux problèmes sémantiques : les « Agnathes », groupe paraphylétique défini par l’absence
de mâchoires se trouvent devenir des « Gnathostomes sans mâchoires » ainsi que les Conodontes. Or
jusqu’à maintenant, ces petites pièces phosphatées en forme de cônes, de râpes ou de peignes, interprétées par Donoghue et al. comme des dents, n’ont jamais été retrouvées en liaison avec quoi que ce soit
qui ressemble à des mâchoires. Rejetant le concept de Total Group et considérant que les tissus durs
des Conodontes ne sont pas homologues de ceux des Vertébrés (sans parler d’autres structures molles
interprétées abusivement comme homologues de celles des Vertébrés : yeux, myomères, etc.), Turner
et al. (in press) ont repris l’analyse phylogénétique de Donoghue et al. en corrigeant les codages de
caractères considérés comme injustifiés et en éliminant certains des caractères qui ne sont présents que
dans quelques groupes d’organismes actuels, impossibles à coder sur les fossiles (ces caractères introduisent du « bruit »dans l’analyse). Les Conodontes se trouvent ainsi en position très basale hors des
Vertébrés et même des Craniotes. Ils sont considérés provisoirement tout au plus comme des Chordés
basaux.
Il faut cependant préciser que l’analyse de Donoghue et al. reprise par Turner et al. porte sur
le groupe des Craniotes, avec les Céphalochordés et les Tuniciers comme groupes externes, et que
nécessairement les Conodontes ne peuvent que se retrouver placés au sein-même des Chordés. Pour
essayer de résoudre le problème des relations phylogénétiques des Conodontes avec les Chordés, il
faudrait refaire l’analyse en l’étendant à des non-Chordés tels que les Echinodermes, Hémichordés,
16
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
Chétognathes, Priapuliens, etc. ; les Conodontes ayant été parfois comparés aux deux derniers taxons
qui, par ailleurs, sont connus à l’état fossile dès le Cambrien comme les Chordés et les Conodontes.
Des auto-citations excessives associées à des mésinterprétations par l’« Ecole Britannique »qui a
développé une stratégie spécifique de publication et de communication ont faussement installé l’idée
que les Conodontes sont des Vertébrés et permis son acceptation par la communauté scientifique dans
les revues, les livres, des articles et des sites Web de vulgarisation. La conclusion de Turner et al., qui
va à l’encontre de cette tendance ou de ce « souhait », est que les Conodontes ne sont ni des Vertébrés
ni des Craniotes.
17
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
UNE SÉQUENCE ATLANTIQUE DÉTAILLÉE À VALENCIENNES
« L’ÉTANG DU VIGNOBLE »(VALLÉE DE L’ESCAUT, 59)
Muriel Boulen1 , avec la collaboration de Laurent Deschodt2 et Alain Henton3
1 Inrap – Palynologue au Centre de Recherches Archéologiques, Abbaye St Jean des Vignes, 02200 Soissons, France ;
[email protected]
2 Inrap – Géomorphologue à la Base de la Pilaterie, 11 rue des champs, 59650 Villeneuve d’Ascq, France ;
[email protected]
3 Inrap – Responsable d’opérations à la Base de la Pilaterie, 11 rue des champs, 59650 Villeneuve d’Ascq, France ;
[email protected]
A la suite d’un diagnostic au lieu-dit « l’Étang du Vignoble », sur la commune de Valenciennes,
dans la vallée de l’Escaut, une prescription de fouille a été faite sur la base d’un bon potentiel pour des
études paléoenvironnementales, en contrebas d’un site néolithique. L’intervention menée par l’équipe
d’Alain Henton, responsable d’opération, a révélé des tourbes de formation atlantique se développant
sur plus d’un mètre cinquante d’épaisseur au pied d’un versant crayeux (Henton 2006). Elles ont fait
l’objet d’une analyse pollinique.
Cette étude a permis de mettre en évidence une succession de phases de recul des essences forestières
qui se répartissent sur l’ensemble de la séquence avec une certaine régularité. Ces reculs ont pu être
mis en parallèle avec des augmentations ponctuelles des plantes hydro- et hygrophiles. Chacune de ces
phases humides a été datée par 14 C.
Pour la région, une telle dilatation est exceptionnelle. En effet, quand cette chronozone est enregistrée, l’Atlantique concerne souvent 20 à 25 cm de sédimentation — c’est le cas sur la Deûle, à Houplin
Ancoisne (Boulen 2004) et dans différentes séquences de l’Aisne (Boulen 1995, 2001, 2005) — ou plus
exceptionnellement 60 cm, comme à Lille (Deschodt et al. 2006) et ou dans une séquence dans l’Aisne
(Boulen 1997).
Cette séquence bien dilatée offre un bon référentiel pour la région et apporte des données sur les
variations de l’humidité au cours de l’Atlantique.
BOULEN M., 1995. Analyse pollinique de séquences tourbeuses à Courbes « les Pâtures »(02), In Rapport d’évaluation, en collaboration avec P. Le Guen, SRA Picardie, 25p.
BOULEN M., 1997. Études palynologues en contextes archéologique et naturel — La micro-aire de Bucy-le-Long (Aisne). Diplôme
de l’EHESS, Toulouse, 1997, 151p.
BOULEN M., 2001. Analyse pollinique de séquences tourbeuses à Courbes « les Prés Ménart »(02), In Rapport d’évaluation, en
collaboration avec S. Gaudefroy, SRA Picardie, 18 – 29.
BOULEN M., 2005. Analyse pollinique d’une séquence de bord de berge sur le site de Bazoches sur Vesles « le Muisemont », sous
la direction de J. Dubouloz. Rapport d’analyse, 10p.
BOULEN M., 2007. Analyse palynologique sur le site de Houplin Ancoisne « le Marais de Sante »(59), In Rapport de fouilles, sous
la direction de I. Praud, SRA Nord – Pas de Calais, 49 – 60.
DESCHODT L., BOULEN M., CERCY C. & DESSAUX N., 2006. Nouvelles données archéologiques sur la Deûle lilloise : d’une
crise érosive du IIe ap. J.-C. à l’urbanisation du lit mineur. In la Revue du Nord, Tome 88, 2006, 368 : 9–31.
HENTON A., 2006. Valenciennes « Le Vignoble IV ». Bilan scientifique 2005. Nord-Pas-de-Calais, 101 – 102.
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Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
DYNAMIQUES ÉVOLUTIVES APRÈS UNE EXTINCTION DE MASSE : LE
FEU D’ARTIFICE DES AMMONOÏDES AU TRIAS INFÉRIEUR
Arnaud Brayard1 , Gilles Escarguel2 , Hugo Bucher3,4 , Claude Monnet3 ,
Thomas Brühwiler3 , Nicolas Goudemand3 , Thomas Galfetti3 , Jean Guex5
1 UMR 5561 CNRS Biogéosciences, Université de Bourgogne, 6 boulevard Gabriel, F-21000, Dijon, France ;
[email protected]
2 UMR 5125 PEPS CNRS, France ; Université Lyon 1, Campus de la Doua, Bât. Géode, F-69622 Villeurbanne Cedex,
France ; [email protected]
3 Paläontologisches Institut und Museum, Universität Zürich, Karl-Schmid Strasse 4, CH-8006 Zürich, Switzerland ;
[email protected];[email protected];[email protected];[email protected]
4 Department of Earth Sciences, ETH Zürich, Switzerland
5 Department of Geology and Paleontology, University of Lausanne, l’Anthropole, Lausanne, Switzerland ;
[email protected]
Avec la disparition brutale et soudaine de plus de 80% des organismes marins, la limite
Permien – Trias (PT ; 252 Ma) correspond à la plus grande extinction de masse jamais documentée. Cet événement majeur a impacté si profondément les assemblages écologiques que la récupération
biotique a souvent été considérée comme couvrant au moins la totalité du Trias inférieur, soit 5 ma ; des
durées supérieures à 10 ma ont récemment été proposées. Après un long déclin rythmé par deux phases
successives d’extinctions durant le Permien supérieur (Capitanien et Changhsingien), les ammonoïdes
ont été parmi les organismes dominants les plus sévèrement affectés par cette crise. Jusqu’à présent,
la sélectivité de leur extinction et de leur récupération a été essentiellement appréhendée au travers
de leurs changements de disparité morphologique. Plus récemment, la récupération des ammonoïdes a
aussi été analysée quantitativement de plusieurs points de vue : richesse taxonomique, endémisme et
distributions biogéographiques (1–3).
Cependant, toutes ces études manquaient cruellement d’une calibration temporelle absolue afin
d’aborder la problématique des tendances et dynamiques évolutives de part et d’autre de la limite PT.
Prenant en considération une fenêtre temporelle allant de la fin du Carbonifère (307 Ma) à la fin du
Trias (201,5 Ma), nous montrons combien des analyses quantitatives de diversité combinées avec des
âges radiométriques publiés récemment (e.g. (4)) soulignent le changement exceptionnel de dynamique
évolutive entre les ammonoïdes du Permien et celles du Trias. En se focalisant uniquement sur la
rapidité et l’intensité de la récupération, nous concluons que celle-ci a été littéralement explosive. En
effet, les ammonoïdes du Trias inférieur ont atteint des valeurs de diversité égales, voire supérieures à
celles du Permien moins de 1 ma après la limite PT, pour rester ensuite inégalées durant le reste du
Trias. Cette diversification, aussi brève qu’intense, contraste de façon très marquée avec le caractère
lent et « retardé »généralement admis pour la récupération biotique du Trias inférieur.
1. BRAYARD A., BUCHER H., ESGARGUEL G., FLUTEAU F., BOURQUIN S. & GALFETTI T. 2006. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology 239 : 374 – 395.
2. BRAYARD A., ESCARGUEL G. & BUCHER H., 2007. Geobios, 40 : 749 – 765.
3. BRAYARD A., ESCARGUEL G., BUCHER H. & BRÜHWILER T., (in press). Journal of Asian Earth Sciences.
4. GALFETTI T., BUCHER H., OVTCHAROVA M., SCHALTEGGER U., BRAYARD A., BRÜHWILER T., GOUDEMAND
N., WEISSERT H., HOCHULI P.A., CORDEY F. & GUODUN K. 2007. Earth and Planetary Science Letters 258 : 593 – 604.
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Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LE GAULT DE PARGNY-SUR-SAULX (51) : PHOSPHATES, TERRIERS ET
PETITES CROTTES
Gérard Breton
6 rue des Réservoirs, F 76600 Le Havre et chercheur libre associé au Laboratoire Géosciences, université de Rennes I, F
35042 Rennes Cedex, France
La carrière de. Maurupt-le-Montois près Pargny-sur-Saulx (Marne), ouverte dans la formation des
Argiles tégulines de Courcelles (Albien inférieur et moyen) et exploitée pour la fabrication de tuiles
par Yméris Toitures, livre une faune intéressante de Mollusques et de Crustacés. Elle livre également
de nombreuses traces fossiles, conservées principalement quand elles sont associées (et à l’origine de ?
) à une phosphatisation (nodules, épigenèse de macrofossiles). Les terriers sont parfois attribuables à
un ichnotaxon : Chondrites isp., Ophiomorpha isp., ou restent en nomenclature ouverte malgré une
structure caractéristique. Les microcoprolithes, abondants dans cette carrière, ont reçu peu d’attention
de la part des paléontologues. Ils sont cependant variés et peuvent être rapportés à quatre types
principaux. Leurs auteurs pourraient être des Crustacés, des Polychètes ou encore des Gastropodes.
Les Polychètes et certains Crustacés — les Amphipodes par exemple — ont un potentiel de fossilisation
faible ou nul : c’est donc par les traces fossiles (au sens large, c’est-à-dire les traces d’activité) qu’ils
laissent, ici leurs fèces, qu’ils figureront à l’inventaire de la biodiversité albienne.
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Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
A NEW BIO-MARKER DEVONIAN BRACHIOPOD GENUS,
GHOROSPIRIFER, IN THE LATE FAMENNIAN FROM THE WEST
AFGHANISTAN
Denise Brice
FLST (Faculté Libre des Sciences et Technologies) 41 rue du Port 59046 Lille Cedex, France ; [email protected]
A new bio-marker spiriferid brachiopod genus, Ghorispirifer, with type species, Cyrtiopsis graciosa
chakhaensis BRICE, 1971, is erected and described from Rhuk, Ghor Province in the West Afghanistan.
This genus, late Famennian in age, is compared with the genus Cyrtiopsis GRABAU, 1923, type species
and related forms (lower Famennian in age) from central Hunan of South China, recently revised by
Ma & Day (1999). Ghorispirifer n. gen. is represented by two species in Afghanistan : type species
and Cyrtiopsis lapparenti BRICE, 1971, common in West Afghanistan, in the upper levels of a section
to the north of the Rhuk pass. It is also present in the eastern Elburz Mountains in Iran where rare
specimens have been collected at Mighan and Kuh-e Ozom (Wendt et al., 2005). These two species
are associated with bio-markers brachiopods of the latest Famennian “Strunian”, such as Araratella
(Rhynchonellida) of the biozone 11 (Brice 1977).
BRICE D., 1971. Etude paléontologique et stratigraphique du Dévonien de l’Afghanistan. Notes et Mémoires du Moyen Orient,
11 : 1 – 364.
BRICE D., 1977. Biostratigraphie du Dévonien d’Afghanistan. Mémoire hors série de la Société géologique de France, Paris, 8 :
267 – 276.
XUEPING M. & DAY J., 1999. The late Devonian brachiopod Cyrtiopsis davidsoni GRABAU, 1923, and related forms from
central Hunan of South China. Journal of Paleontology, 73(4) : 608 – 624.
WENDT J., KAUFMANN B., BELKA Z., FARSAN N. & BAVANDPUR A.K., 2005. Devonian/Lower Carboniferous stratigraphy, facies patterns and paleogeography of Iran. Part II. Northern and Central Iran. Acta Geologica Polonica, 55(1) :
31 – 97.
21
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
QUAND LES DINOSAURES RENCONTRENT LES PALYNOMORPHES :
DONNÉES NOUVELLES SUR LE TRIAS DU COTENTIN (NORMANDIE,
FRANCE)
Éric Buffetaut
CNRS (UMR 8538), Laboratoire de Géologie de l’Ecole Normale Supérieure, 24 rue Lhomond, 75231 Paris Cedex 05,
France ; [email protected]
Dans le NE du Cotentin, des couches détritiques (poudingues, arkoses) fortement silicifiées sont
connues depuis le 18e siècle, notamment au village de La Pernelle et dans d’autres points du Val de
Saire. Au 19e siècle, elles furent parfois considérées comme paléozoïques, mais à la suite des travaux de
Caumont, et surtout de Bigot, on les attribue généralement au Trias supérieur. Les données paléontologiques en faveur d’un tel âge étaient cependant jusqu’ici extrêmement peu nombreuses, ces couches
étant souvent décrites comme azoïques, bien qu’un os de grand reptile non identifié y ait été signalé
(Graindor & Pareyn, 1971). L’attribution au Trias supérieur reposait principalement sur une corrélation avec des couches rouges plus meubles (Formation d’Eroudeville), elles-mêmes très peu fossilifères,
mais recouvertes par la Formation des Argiles d’Airel, plus riche en fossiles et considérée comme correspondant au Trias terminal et à la base du Lias (voir Dugué et al., 2005, pour une synthèse récente
sur le Trias du Cotentin). Un assemblage palynologique provenant de la Formation d’Eroudeville a
fourni un âge norien (Taugourdeau & Pareyn in Aubry, 1982).
La découverte récente d’os de dinosaures dans le poudingue de La Pernelle par M. Bernard Sauvadet
permet d’attribuer un âge précis à ces sédiments. Il s’agit d’un fémur, de vertèbres et de quelques autres
éléments osseux, qui, bien que fragmentaires, peuvent clairement être rapportés à un prosauropode de
grande taille, qui paraît être Plateosaurus ou une forme proche. Les prosauropodes sont connus du
Norien au Lias supérieur. La Formation d’Eroudeville, avec laquelle sont corrélées les couches de La
Pernelle, étant surmontée par la Formation des Argiles d’Airel d’âge rhétien à hettangien, on peut donc
conclure de la présence de ce grand prosauropode que le poudingue de La Pernelle est d’âge norien.
Les données de la paléontologie des vertébrés sont donc en accord avec celles de la palynologie pour
indiquer que les poudingues du NE du Cotentin sont bien de même âge que les dépôts plus meubles
de la Formation d’Eroudeville, et que cet ensemble est attribuable au Norien.
Les prosauropodes de La Pernelle sont les plus anciens dinosaures connus à ce jour en Normandie,
et comptent parmi les plus vieux dinosaures de France.
AUBRY, J. 1982. Formation permiennes et triasiques du bassin de Carentan : quelques aspects de la distinction entre les deux
formations. Thèse de 3e cycle, Université de Caen.
DUGUÉ, O. et al., 2005. Le Cotentin du Mésozoïque au Cénozoïque. Bulletin d’Information des Géologues du Bassin de Paris,
42 : 6 – 68.
GRAINDOR, M.J. & PAREYN, C. 1971. Notice de la Carte géologique de la France au 1/50 000, feuille de Saint-Vaast-la Hougue.
B.R.G.M., Orléans.
22
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
ANALYSE PALYNOLOGIQUE À HAUTE RÉSOLUTION DE LA CAROTTE
KAM-1, TANZANIE : CLIMAT ET VÉGÉTATION, HYDROLOGIE ET
ACTION ANTHROPIQUE
Guillaume Buchet, Annie Vincens
CEREGE (UMR 6635) Europôle du Petit Arbois BP 80 13545 Aix en Provence Cedex 04
La tourbière de Kambanganguru (9˚21’787 S ; 33˚47’727 E ; altitude 663 m) située en Tanzanie entre
le lac Masoko et le lac Nyassa : dans un site volcanique de maar.
Les travaux de palynologie portent sur 105 échantillons. qui ont fourni des spectres polliniques avec
des comptages compris entre 550 et 1 100 grains identifiés. On atteint une résolution de l’ordre de 10
ans durant le premier millénaire et même d’environ 3 ans au sommet avec un âge réel de 55 ans à 30
cm de profondeur. Ensuite une maille plus large nous a permis une résolution de 35 ans en moyenne.
De 4,05 m (14 C cal 2 990 BP). jusqu’à la base une maille d’échantillonnage de 3 cm (âge calibré de
3 600 BP à 5,10 m) on atteint de nouveau une résolution moyenne de 10 ans.
Au plan des résultats palynologiques on note que de la base (5,10 m) à 2,00 m (vers 1 500 BP)
la diversité notamment des taxons AP est très importante,. Cela caractérise un milieu forestier et
relativement humide. Cette diversité chute brutalement dans la partie supérieure après un courte
zone de transition marquée par un pic (12%) d’Allophylus à 1,90 m. Les Uapaca, taxons typiques de
Miombo sont le mieux représentés entre 4,20 et 1,50 m mais sensiblement moins que dans la carotte
MM8 du lac Masoko. D’autres taxons forestiers dont les Moraceae sont assez représentés (3 à 5%) de
4,60 à 3,10 m et il atteignent même 15 à 25% entre 4,20 et 4 m vers 3 000 BP ce qui marque peut
être un optimum climatique La représentation des taxons aquatiques et péri aquatiques principalement
Cyperaceae, Nymphea, Potamogeton est relativement importante tout au long de la carotte et écrasante
à partir de 2,70 m. En conséquence un re-calcul des % des autres taxons après exclusion des aquatiques
permet de mieux montrer que l’environnement est resté forestier et relativement humide jusqu’à 1,90
m puis l’ouverture du milieu au bénéfice des Poaceae en particulier s’est fortement fait sentir. On peut
cependant penser que la forte baisse des aquatiques stricts Nymphea en l’occurrence entre 2,50 et 1,10 m
au profit des Cyperaceae d’une part mais aussi des Poaceae à partir de 1,70 m peut traduire un
phénomène de colmatage ou de baisse du niveau de la nappe acquifère.
Concernant l’action anthropique, Elaeis guineensis bien qu’apparaissant dès 3 000 BP soit en plein
épisode forestier ne s’accompagne d’autres plantes cultivées qu’au sommet du sondage ce qui limite
auparavant l’action anthropique principale dans la zone alentour à des brûlis pour favoriser les pâturages.
23
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LES ALGUES D’EAU DOUCE À TEST ORGANIQUE DU LAC YOA
DOCUMENTENT LA FIN DE LA PÉRIODE HUMIDE AU SAHARA
Jean-Pierre Cazet, Anne-Marie Lézine
LSCE, UMR 1572 CNRS/CEA/UVSQ, Orme des Merisiers bâtiment 701, 91191 Gif-sur-Yvette Cedex, France
Le lac Yoa au Nord du Tchad (19.03˚N, 20.31˚E, 380 m alt. ; 26 m prof.) fournit le premier enregistrement paléoenvironnemental continu depuis 6 000 BP au Sahara. En plus des grains de pollen, un
nombre important de micro-organismes organiques a été préservé parmi lesquels se trouvent de nombreux spécimens de phytoplancton. Nous avons déterminé 23 taxons de Chlorophytes (algues vertes),
2 taxons de Cyanobactéries (algues bleu vertes), et 1 taxon de dinoflagellés. Le microplancton montre
qu’un événement majeur a eu lieu entre 5 700 et 4 800 BP. A la base de la carotte, la micro-flore algaire
est caractérisée par l’abondance de Botryococcus, Spirogyra et Hydrodyctiaceae (Pediastrum). Ensuite,
Botryococcus et Spirogyra sont remplacés par les Desmidiaceae (Cosmarium, Staurastrum) et Scenedesmaceae (Scenedesmus, Coelastrum). Tous ces taxons enregistrent un pic d’abondance à 5 500–5 200
cal BP qui suggère, comme la présence de spores de fougères, de taxons polliniques aquatiques et de
taxons extrarégionaux originaires du sommet du Tibesti dans les mêmes niveaux, un apport d’eau
douce significatif au lac, par ruissellement depuis les montagnes proches. Les algues vertes diminuent
vers 4 900–4 800 BP, alors que la production de diatomées s’accroît. Enfin, l’augmentation de la salinité
du lac à partir de 4 200–3 900 BP entraîne la quasi-disparition des algues (à l’exception de Chlorella).
24
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
AMMONITES ET CALPIONELLES DANS LE TITHONIEN DE LA RÉGION
DE MSILA (PRÉRIF INTERNE, MAROC)
Fabrizio Cecca1 , Mohammed Benzaggah2 , Isabelle Rouget1
1 Université « Pierre et Marie Curie »- Paris VI, Centre de Recherches sur la Paléobiodiversité et les
Paléoenvironnements (CR2P) CNRS UMR 7207 du CNRS. Tour 56-46, 5ème étage, case 104, 4, place Jussieu
F-75252 Paris Cedex 05, France
2 Université de Meknès, Département de Géologie, Faculté des Sciences, BP 11201, Zitoune, Meknès, Maroc
Travail réalisé dans le cadre de la convention CNRS/CNRST, n˚SDU 06-08.
En dehors de l’Espagne méridionale, la succession des ammonites et des calpionelles dans le Tithonien est mal connue dans la Téthys méditerranéenne. Nous nous sommes intéressés à la succession du
Tithonien des environs de Msila (Maroc septentrional, zone du Prérif interne) où affleurent des successions pélagiques marno-calcaires du Jurassique supérieur et du Crétacé inférieur. Dans une coupe
appelée « Y »nous avons effectué banc par banc des prélèvements d’ammonites et de microfaunes
destinés à l’étude de la corrélation des échelles des ammonites et des calpionelles. Les niveaux les
plus anciens de la succession étudiée appartiennent à la partie supérieure de la Zone à Fallauxi Zone,
notamment la Sous-Zone à Admirandum/Biruncinatum, identifiée grace à la presence du marqueur
Simoceras admirandum Zittel. Plusieurs espèces du genre Lemencia ainsi que l’espèce Burckhardticeras
peroni (Roman) nous ont permis de reconnaître la Zone à Ponti de manière directe car, jusqu’ici, ces
deux zones avaient été reconnues au Maroc sur la base de la corrélation avec les calpionellidés. Le Tithonien supérieur est caractérisé par l’épaisseur relativement importante de la Zone à Microcanthum,
subdivisée en deux unités : d’abord la Sous-Zone à Simplisphinctes, qui été reconnue par la présence
du marker, puis la sous-zone à Transitorius, non représentée par l’espèce indice mais caractérisée par
Moravisphinctes du gr. fischeri (Kilian). La Zone à Durangites est aisément reconnaissable grâce à la
présence d’espèces des genres Durangites et Protacanthodiscus. La coupe se termine avec le banc 34, au
milieu duquel les calpionelles permettent de tracer la limite Tithonien–Berriasien. La surface suérieure
de ce banc est très riche en ammonites de la Zone à Jacobi.
La Zone à Chitinoidella, caractérisée par des calpionellidés avec des tests microgranulaires, commence dans les couches de la Sous-Zone à Admirandum/Biruncinatum et continue jusqu’à la Zone
à Ponti. Les premières Chitinoidella caractérisent la Sous-Zone à Dobeni suivie par la Sous-Zone à
Boneti, dont le début semble correspondre à la base de la Zone Microcanthum, donc au début du
Tithonien supérieur. L’apparition des calpionelles « vraies », caractérisées par un test hyalin, marque
le début de la Zone A, ou Zone à Crassicollaria. Les premières formes sont en association avec des Chitinoidella dans des bancs qui correspondent à la partie supérieure de la Zone à Microcanthum. Deux
horizons, H1 et H2, ont été distingués au sein de la Sous-Zone A1 : le premier comporte l’association
des dernières Chitinoidella et des premières calpionelles « vraies », ainsi que de Praetintinnopsella,
tandis que le deuxième est caractérisé par la présence de calpionelles uniquement. L’intervalle correspondant aux deux Sous-Zones A2 et A3 de la Zone à Crassicollaria correspond à la Zone d’ammonites
à Durangites. Deux horizons, H1 et H2 sont à nouveau distingués dans la Sous-Zone A3 : le second
horizon se distingue du premier par l’extinction de Crassicollaria intermedia, par l’abondance de C.
parvula et par la raréfaction des espèces C. massutiniana et C. brevis. La Zone à Alpina, ou Zone B,
est reconnue à partir du milieu du dernier banc.
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Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
BIOSTRATIGRAPHIE À CHITINOZOAIRES DANS LE SILURIEN DU
BASSIN DE GHADAMÈS
Christian Cesari, Marco Vecoli
Géosystèmes Lille, UMR 8157, CNRS, Université de Lille 1, Bât SN5, 59655 Villeneuve d’Ascq Cedex, France ;
[email protected];[email protected]
Les séquences de dépôts intracratoniques du Silurien sur la Plate-Forme Nord-Saharienne sont
vastes et très épaisses, elles furent les roches mères d’hydrocarbures des nombreux gisements qui se
trouvent dans cette région. Dans ce contexte particulier, différents types de datations ont été entrepris
mais les résultats obtenus en utilisant les graptolites, les acritarches ou la chémostratigraphie n’ont pas
apporté les résultats escomptés notamment dans les niveaux très riches en matière organique et les âges
ainsi définis ont souvent été sujets à discussion. Il est bien évident que pour avoir l’âge le plus précis et
le plus fiable possible, l’intégration de plusieurs types de données est un avantage certain. Une bonne
datation est primordiale pour permettre de comprendre le déroulement des événements qui ont permit
la mise en place de telles formations ainsi que pour permettre de bonnes corrélations stratigraphiques
entre différents forages distants parfois de plusieurs centaines de kilomètres.
Cette étude porte sur deux forages Tt1 et Lg3 situés dans la partie Tunisienne du Bassin de
Ghadamès. L’intervalle stratigraphique qui nous intéresse est celui compris entre l’Ordovicien terminal
et le Silurien supérieur. Ce sont les chitinozoaires (microfossiles à paroi organique du Paléozoïque) qui
seront utilisés ici comme indicateurs biostratigraphiques.
Les forages étudiés présentent la particularité de posséder en leur sein une relativement fine séquence composée de schistes radioactifs appelés « Hot Shales ». On retrouve de tels schistes sur une
grande partie de la marge du Nord-Gondwana. Ces dépôts radioactifs sont diachrones dans ces régions,
probablement contrôlés en grande partie par le paléorelief, ils se sont déposés durant 2 évènements
donnant naissance aux « Basal Hot shales »et « Upper hot shales ». Ces dépôts de schistes extrêmement riches en matière organique (>12% COT) sont très intéressants pour les pétroliers et leur mode
de mise en place est toujours très controversé (Cf. Lüning et al., 2000, 2006 et Armstrong et al., 2005,
2006). Dans les forages Tt1 et Lg3 ce sont les « Upper hot shales »que l’on retrouvent.
En totalité 8 assemblages ont pu être définis regroupant 29 espèces de chitinozoaires. Parmi ces
espèces, 6 sont suffisamment bien connues et contraintes dans le temps pour être utilisées en biostratigraphie pour définir des biozonations (Verniers et al., 1995). Cette étude des chitinozoaires de Tunisie
a permis de mieux comprendre la succession des évènements qui se sont déroulés dans cette région
depuis la glaciation Ashgilienne jusqu’au Pridoli. En effet la biozone à Spinachitina fragilis caractérise
le Rhuddanien basal à -1 301 m au sein du puits Tt1. La découverte de la biozone à Eisenakitina
dolioliformis démontre que l’Aéronien serait plus condensé que ce que l’on pensait jusqu’alors, et pour
la première fois le Pridoli a été caractérisé à Tt1 par la biozone à Fungochitina kosovensis. Cette étude
a aussi permis de préciser et corriger des corrélations qui avaient été faites entre Tt1 et Lg3. Enfin
l’âge des « Upper hot-shales »serait Wenlockien moyen d’après l’assemblage à Tanuchitina obtusa, ce
qui étaierait le modèle proposé par Lüning et ses collaborateurs (Lüning et al., 2000, 2006).
26
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
ARMSTRONG H.A., TURNER B.R., MAKHLOUF I.M., WEEDON G.P., WILLIAMS M., AL SMADI A., & ABU SALAH A.
2005. Origin, sequence stratigraphy and depositional environment of an Upper Ordovician (Hirnantian) deglacial black shale,
Jordan, Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, 220 : 273 – 289.
ARMSTRONG H.A., TURNER B.R., MAKHLOUF I.M., WEEDON G.P., WILLIAMS M., AL SMADI A., & ABU SALAH A.
2006. Reply to "Origin, sequence stratigraphy and depositional environment of an Upper Ordovician (Hirnantian) deglacial
black shale, Jordan", Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, 230 : 356 – 360.
LÜNING S., CRAIG J., LOYDELL D.K., STORCH P. & FITCHES B. 2000. Lower Silurian “hot shales” in North Africa and Arabia : regional distribution and depositional model, Earth-Science Reviews 49 : 121 – 200.
LÜNING S., LOYDELL D.K., STORCH P., SHAHIN Y. & CRAIG J. 2006. Origin, sequence stratigraphy and depositional environment of an Upper Ordovician (Hirnantian) deglacial black shale, Jordan – Discussion, Palaeogeography, Palaeoclimatology,
Palaeoecology 230 : 352 – 355.
VERNIERS J., NESTOR V., PARIS F., DUFKA P., SUTHERLAND S. & VAN GROOTEL G. 1995. A global Chitinozoa biozonation for the Silurian, Geological Magazine 132 : 651 – 666.
27
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LE LAGERSTÄTTE DE LA VOULTE : HISTOIRE D’UNE DÉCOUVERTE
Sylvain Charbonnier
Muséum National d’Histoire Naturelle, Département Histoire de la Terre (CP 38), UMR CNRS 7207, Centre de
Recherches sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements, 8, rue Buffon 75005 PARIS, France ;
[email protected]
L’histoire du Lagerstätte de La Voulte est intiment liée à son gisement de minerai de fer dont l’exploitation a été l’un des moteurs économiques de la ville durant tout le XIXe siècle. Si l’exploitation du
fer dans le district de La Voulte remonte à la période gallo-romaine, ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle
que le minerai suscite un intérêt économique grandissant. La première concession est accordée par Le
Directoire en 1796. Les mines de La Voulte connaissent ensuite un essor lié à l’industrialisation générale
de la France tout au long du XIXe siècle. La production décline avec l’épuisement du gîte et la crise
métallurgique générale vers 1880 due, en particulier, à l’exploitation des minerais phosphoreux. Les
mines de La Voulte ferment en 1892 et la concession est renoncée en 1904. Parallèlement à l’extraction
minière, les recherches paléontologiques sur le site de La Voulte s’ordonnent selon cinq grandes époques
qui chacune correspondent à des découvertes majeures. La première (1843–1854) est marquée par des
débats animés sur l’âge relatif du minerai de fer de La Voulte attribué au Callovien par J. Fournet. Ce
professeur lyonnais signale également, pour la première fois, la présence de « charmants ophiures »très
bien préservés. La seconde (1854–1872) se focalise surtout sur la stratigraphie et les faunes avec les travaux pionniers d’A. Oppel, de C. Ledoux et d’E. Dumortier. La publication la plus importante — restée
longtemps méconnue — est celle d’A. Gevrey qui signale la présence, en 1885, de crustacés préservés
dans des nodules, sous le minerai de fer de La Voulte. Les paléontologues négligeront cette note passée
inaperçue. L’histoire retiendra tout de même qu’A. Gevrey, conseiller à la Cour d’Appel de Grenoble,
dégageait ses fossiles de La Voulte pendant les audiences ! La troisième période (1921–1943) est celle
des grandes monographies stratigraphiques et paléontologiques qui, sous l’impulsion de F. Roman et
de G. Sayn, font connaître la géologie de La Voulte aux scientifiques européens. La monographie de
V. Van Straelen (1925) révèle notamment la diversité de la faune carcinologique. Après les années de
guerre et un temps de latence, la quatrième époque (1960–1972) voit un regain d’intérêt pour le site de
La Voulte notamment grâce à S. Elmi qui propose les premières interprétations paléogéographiques.
Néanmoins, les études sur les organismes très bien préservés des découvertes anciennes restent toujours
ponctuelles. La dernière période (1980–2007) est celle de la redécouverte du Lagerstätte de La Voulte.
Pour la plupart uniques ou rarissimes, les fossiles trouvés montrent une qualité de préservation qui
se révèle rapidement exceptionnelle (ex : parties molles) : le Ravin des Mines de La Voulte apparaît
alors comme un Konservat-Lagerstätte majeur pour le Jurassique. Il en découle toute une série de publications et l’organisation, sous l’égide du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, de fouilles
paléoécologiques (1983–1986). A partir de 2007, de nouvelles études abordent le gisement de La Voulte
sous un éclairage nouveau : c’est probablement un des rares Lagerstätten jurassiques, sinon le seul, à
renfermer un écosystème de milieu marin profond apportant ainsi des informations-clés et inédites sur
la biodiversité de la zone bathyale à cette époque.
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Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
CHANGEMENTS ENVIRONNEMENTAUX ET DIVERSITÉ GÉNÉTIQUE DU
CÈDRE DE L’ATLAS
Rachid Cheddadi1 , Bruno Fady2 , Louis François3 , Lara Hajar1 , Jean-Pierre Suc4 ,
Kangyou Huang5 , Maxime Demarteau3 , Giovanni Guiseppe Vendramin5 , Elena Ortu6
1 Université Montpellier 2, CNRS, Institut des Sciences de l’Evolution, Place Eugène Bataillon, 34095 Montpellier
Cedex 05, France
2 INRA, UR629, Ecologie des Forêts Méditerranéennes, Domaine St Paul, Site Agroparc, F-84914 Avignon, France
3 Unité de Modélisation du Climat et des Cycles Biogéochimiques (UMCCB), Département d’Astrophysique,
Géophysique et Océanographie, Université de Liège, 17 Allée du Six Août, B-4000 Liège, Belgium
4 Laboratoire PaléoEnvironnements et PaléobioSphère (UMR 5125), Université C. Bernard - Lyon 1, Villeurbanne
Cedex, France
5 Instituto di Genetica Vegetale, Via Madonna del Piano, Edificio D, I-50019 Sesto Fiorentino, Firenze, Italy
6 Laboratoire de Chrono-Ecologie, CNRS UMR 6565, 25030 Besançon Cedex, France
La répartition géographique des Cèdre de l’Atlas a changé considérablement au cours du Quaternaire récent en Afrique du nord. Les données polliniques indiquent que le cèdre était présent lors de
la dernière période glaciaire, dans plusieurs refuges localisés en Tunisie, en Algérie et au Maroc. Dans
les sites tunisiens et algériens, les cédraies semblent avoir été plus étendues au cours de la dernière
période glaciaire ainsi qu’au début de l’Holocène, puis elles ont quasiment disparu après c. 8 000 ans
BP. Au Maroc, deux enregistrements polliniques très détaillés issus du Moyen-Atlas montrent que le
cèdre n’était pas présent au début de l’Holocène mais qu’il s’est propagé après 6 500 années BP. Un
nouveau sondage prélevé dans un lac du Moyen Atlas indique que le cèdre était présent lors de la dernière période glaciaire. Les reconstitutions des précipitations annuelles moyennes et des températures
de janvier montrent que la dernière période glaciaire au Maroc a été plus froide de 10 à 15˚C et plus
sèche d’environ 300 à 400 mm/an qu’aujourd’hui. Au cours de cette période glaciaire les cédraies ont
existé dans le Moyen-Atlas. Le réchauffement rapide enregistré au début de l’Holocène a contraint les
cédraies à régresser jusqu’à environ de 6 500 ans BP. Cette ré-expansion du cèdre dans l’Atlas a lieu
au moment ou les températures d’hiver ont baissé de 2 à 3˚C par rapport au début de l’holocène. En
Algérie, au cours de l’Holocène, nous observons plutôt une tendance inverse en hiver avec un léger
réchauffement, après 8 000 années BP. Ceci peut être une explication pour la régression du cèdre dans
cette région.
Ces modifications environnementale depuis la dernière période glaciaire ont eu un impact sur la
répartition géographique du Cèdre et donc sur sa diversité génétique. Nous avons donc analysé l’ADN
chloroplastique (microsatellites) de 15 populations échantillonées au Maroc. Ces données génétiques
indiquent une faible différentiation génétique qui peut être liée à une recolonisation assez récente et
que, probablement, l’un des principaux refuges glaciaires est situé dans la limite sud de l’aire actuelle.
La présence d’un deuxième refuge dans les montagnes du Rif est également possible, ce qui pourrait
expliquer une différenciation supérieure à la moyenne de la diversité génétique dans cette région. Néanmoins, l’absence d’enregistrements pollinique couvrant la dernière période glaciaire dans les montagnes
du Rif ne nous permettent pas de confirmer la présence de ce refuge actuellement.
Nous avons également simulé la distribution future du cèdre de l’Atlas en Afrique du Nord avec
un scénario climatique. Ces simulations indiquent que l’aire de distribution du cèdre en 2100 sera
beaucoup plus restreinte qu’aujourd’hui et qu’une transplantation de graines issues de populations
ayant une forte diversité génétique actuellement dans le sud-ouest du Haut-Atlas permettrait de le
préserver.
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Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
THE EARLY TO MIDDLE PERMIAN OSTRACODS FROM PHETCHABUN
PROVINCE, CENTRAL THAILAND
Anisong Chitnarin1 , Sylvie Crasquin2
1 School of Biology, Institute of Science, Suranaree University of Technology, 111 University Avenue, Muang, Nakhon
Ratchasima, 30000, Thailand ; UMR CR2P, UPMC, laboratoire de Micropaléontologie, T.46-56, E.5, case 104, 75252
Paris Cedex 05, France ; [email protected]
2 CNRS, UMR CR2P, UPMC, laboratoire de Micropaléontologie, T.46-56, E.5, case 104, 75252 Paris Cedex 05,
France ; [email protected]
Limestones of the Tak Fa and the Pha Nok Khao Formations (Lower to Middle Permian) in Phetchabun province, central Thailand, yield abundant ostracods enabled for their systematic study. Several
geologic sites were investigated for limestone sampling. The samples were processed by hot acetolysis
(Lethiers and Crasquin-Soleau, 1988 ; Crasquin-Soleau et al., 2005). The Middle Permian ostracods
recovered from the Bung Sam Phan section were reported and described by Chitnarin et al. (2008).
Newly recovered ostracods from other sections ; the Khao Kana, the Nong Phai and the Phu Phra That,
which located geographically to the north of the Bung Sam Phan section, will be presented herein with
comparisons among the study sections. The environmental interpretation will be discussed.
CRASQUIN-SOLEAU S., VASLET D. & LE NINDRE Y.M. 2005. Ostracods from Permian –Triassic boundary in Saudi Arabia
(Khuff Formation). Palaeontology, 48(4) : 853 – 868.
LETHIERS, F. & CRASQUIN-SOLEAU, S. 1988.] A modified technique to free calcitic microfossils from indurated calcareous
rocks. Revue de Micropalaeontologie, 31(1) : 56 – 61.
CHITNARIN, A., CRASQUIN, S., CHONGLAKMANI, C., BROUTIN, J., GROTE, J. & THANEE, N. 2008.] Middle Permian
Ostracods from Tak Fa Limestone, Phetchabun Province, Central Thailand. Geobios, 41(3) : 341 – 353.
30
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
PALÉO-ENVIRONNEMENTS LITTORAUX DEPUIS 8 000 ANS SUR LA
BORDURE OCCIDENTALE DU GOLFE DU LION : LE LIDO DE L’ÉTANG
DE THAU (CAROTTAGE SETIF, SÈTE, HÉRAULT).
Mona Court-Picon1,2 , Claude Vella3 , Lucie Chabal4 , Hélène Bruneton3
1 Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, 29 rue Vautier, B-1000 Bruxelles, Belgique ;
[email protected]
2 ISEM UMR 5554-CNRS, Université de Montpellier 2, CC 061, Place E. Bataillon, 34095 Montpellier Cedex 5, France
3 CEREGE UMR 6635-CNRS, Université de Provence, Europole Méditerranéen de l’Arbois BP 80, 13545
Aix-en-Provence Cedex 04, France ; [email protected];[email protected]
4 CBAE UMR 5059-CNRS, Université de Montpellier 2, Institut de Botanique, 163 rue A. Broussonet, 34090
Montpellier, France ; [email protected]
Le système lagunaire de l’Etang de Thau est actif dès 7 050 BP (5 580–5 255 BC) mais la mise en
place du système littoral couplant cordon littoral et lagune est probablement antérieure. Ce système
appartient à un morphosystème dominé par les vagues dans un contexte sédimentaire pauvre en sources
sédimentaires. Son érosion actuelle fait écho à une dynamique ancienne montrant après 6 500 BP
(5 068–4 660 BC) un recul du lido joignant le Mont Saint-Clair au Pioch (volcan d’Agde).
La palynologie du sondage SETIF rend compte de cette instabilité dynamique et permet d’esquisser
l’évolution de la végétation côtière. La séquence témoigne à la fois du réchauffement global et des
transformations paléoécologiques et paléogéographiques propres à ce secteur du littoral. Le caractère
localement thermophile des conditions de vie liées au Mont Saint-Clair, la perception de l’arrivée
du cordon, les fluctuations des milieux instables (lido, berges de la lagune) et les différentes étapes
d’enregistrement de l’activité humaine depuis le Néolithique ancien en sont les apports principaux.
Les observations relatives au niveau marin relatif local sont cohérentes avec les données régionales
mais présentent quelques singularités comme un caractère probablement perché de la nappe salée
formant le paléo-étang de Thau jusqu’à 6 540 BP (5 068–4 660 BC).
31
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
PÉRIODES D’ANTHROPISATION ET MODIFICATION DE LA
SÉDIMENTATION DEPUIS 8 000 ANS DANS LE MASSIF DU CHAMPSAUR
(HAUTES ALPES)
Mona Court-Picon1,2 , Damien Linoir3 , Gilles Bossuet3 , Anne-Véronique
Walter-Simonnet3 , Jean-Pierre Simonnet3 , Jacques-Louis De Beaulieu2
1 Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, 29 rue Vautier, B-1000 Bruxelles, Belgium ;
[email protected]
2 IMEP, UMR CNRS 6116, Université Aix-Marseille III, Europôle Méditerranéen de l’Arbois, F-13545
Aix-en-Provence Cedex 04, France ; [email protected]
3 UMR 6249 Chrono-Environnement, Université de Franche-Comté, 16 route de gray, F-25030 Besançon Cedex,
France ; [email protected];[email protected];jean-pierre.simonnet@
univ-fcomte.fr
Située à 1 140 m d’altitude sur la rive gauche du Drac, au pied du versant nord-ouest du Cuchon, la
tourbière du Lauza couvre une superficie d’environ 2,5 ha. Les datations radiocarbone AMS ainsi que
les analyses palynologiques (Thèse M. Court-Picon en cours) montrent que les deux mètres supérieurs
de la séquence sédimentaire correspondent à la période allant de 6 451–6 186 cal BC à l’actuel. Dans
cette séquence un hiatus sédimentaire est observé entre environ 4 900 ans cal BC et environ 1 250 ans
cal BC. Au-dessus de ce hiatus, le taux de sédimentation s’accentue très nettement à partir du premier
siècle de notre ère.
Les analyses palynologiques montrent que les trois derniers millénaires sont caractérisés par trois
phases d’anthropisation. Ces trois périodes d’anthropisation sont caractérisées par une augmentation
de la concentration en micro-charbons de bois et de la teneur de la fraction minérale minéraux du
sédiment, provoquant une élévation de la susceptibilité magnétique.
L’analyse granulométrique réalisée sur la fraction minérale du sédiment montre que les périodes
d’anthropisation sont caractérisées par des apports particulaires plus fins que ceux observés pendant
les périodes de déprise. Par ailleurs, chaque période d’anthropisation est caractérisée par une fraction
minérale dont la granulométrie est particulière. Plus on se rapproche de l’actuel, plus celle-ci devient
de plus en plus grossière. Le déboisement et le travail pastoral des terres aux alentours du lieu du
sondage, et sans doute la nature des cultures, ont contribué aux phénomènes d’érosion des sols qui
ont été enregistrés dans la lithologie du remplissage tourbeux. L’activité humaine a donc modifié le
fonctionnement de la tourbière du Lauza pendant les trois derniers millénaires.
32
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LES OSTRACODES (CRUSTACEA) DE LA COUPE DE MEISHAN (CHINE
DU SUD) STRATOTYPIQUE DE LA LIMITE PERMIEN – TRIAS
Sylvie Crasquin, Marie-Béatrice Forel
CNRS, UMR CR2P, UPMC laboratoire de Micropaléontologie, T.46-56, E.5, case 104, 75252 Paris Cedex 05, France ;
[email protected];[email protected]
La limite Permien – Trias (LPT) (-252 Ma) est caractérisée par la plus grande chute de biodiversité
de tous les temps phanérozoïques. Au cours du Permien supérieur et du Trias basal, en milieu marin,
49 à 57% des familles, 83% des genres et 96% des espèces vont disparaitre. Ces extinctions sont soit
brutales soit progressives. Une complexe conjonction et accumulation de causes ont détruit les biotopes
durant environ 10 Ma. La vie benthique a été la plus affectée.
Le GSSP (Global Stratotype Section and Point) de la LPT situé à Meishan (Province de Zhejiang,
Chine du Sud) a été très abondamment étudié comme il se doit et pratiquement tous les groupes
de fossiles y ont été recherchés. Cette coupe a été échantillonnée en détail pour l’analyse des faunes
d’ostracodes (microcrustacés benthiques). 100 espèces appartenant à 43 genres ont été identifiées et
permettent d’appréhender les variations de biodiversité chez ce groupe au cours du Permien terminal.
Celles-ci sont comparées à la courbe de biodiversité propose par les auteurs sur la base des foraminifères
(fusulinidés et non-fusulinidés), les algues, les éponges et les algues. Il n’y pas de réduction claire de
la taille des spécimens, comme cela est observé chez d’autres groupes comme les foraminifères par
exemple. Un endémisme important caractérise ces assemblages de plate-forme ouverte sans anoxie
notable jusqu’au Trias basal. Quelques individus ont été reconnus dans les premiers niveaux du Trias.
Ces derniers assemblages sont bien moins diversifiés et abondants que dans d’autres coupes de références
telle celle de Bulla (Dolomites, Italie) (Crasquin et al., 2008). Les ostracodes « disparaissent »à leur
tour dès la base du Griesbachien supérieur, marquant la période de maximum de pauvreté biologique
reconnue partout dans le monde.
CRASQUIN S., PERRI M.C., NICORA A. & DE WEVER P. 2008. Ostracods across the Permian – Triassic boundary in Western
Tethys : the Bulla parastratotype (Southern Alps). Rivista Italiana di paleontologia e Stratigrafia, 114(2) : 235 – 264.
33
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
VARIABILITÉ DES INCENDIES EN EUROPE DE L’OUEST AU COURS DU
DERNIER CYCLE CLIMATIQUE : RELATIONS AVEC LE CLIMAT ET LES
POPULATIONS PALÉOLITHIQUES. ÉTUDE DES MICROCHARBONS
PRÉSERVÉS DANS LES CAROTTES MARINES
Anne-Laure Daniau1 , Maria Fernanda 2 , Francesco D’Errico3,4
1 School of Geographical Sciences, University of Bristol, University Road, Bristol, BS8 1SS, UK ;
[email protected]
2 EPHE, CNRS UMR5805, EPOC, Université Bordeaux 1, Talence Cedex, France ;
[email protected]
3 CNRS UMR5199 PACEA, Université Bordeaux 1, Talence Cedex, France ; [email protected]
4 Institute for Human Evolution, University of the Witwatersrand, Johannesburg, South Africa
Le régime des feux du dernier cycle climatique en Europe de l’Ouest a été étudié en analysant les
microcharbons préservés dans deux carottes marines prélevées sur les marges du sud-ouest ibérique
et de l’Ouest de la France. L’analyse d’image automatique à lumière transmise des microcharbons
combinée à une analyse pétrographique a révélé une variabilité millénaire dans le régime des feux,
caractérisée par un régime plus élevé pendant les interstadiaires (réchauffements) que pendant les
stadiaires (refroidissements). Cette variabilité a été mise en relation avec la biomasse et la quantité
de combustible, en particulier en Ibérie avec l’alternance de forêt méditerranéenne-bruyères (interstadiaires) et de végétation semi-désertique (stadiaires). Trois phases du régime des feux de l’Ouest de la
France ont été détectées au cours des évènements d’Heinrich, reliés à des changements de biomasse et
de conditions environnementales. La comparaison du régime des feux de l’Ouest de l’Europe avec les
occupations humaines Paléolithiques suggère que l’homme moderne n’a pas utilisé le feu de manière
intensive comme outil d’aménagement de son territoire lors de son arrivée dans cette région.
34
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
NOUVELLES INTERPRÉTATIONS STRATIGRAPHIQUES DE LA LIMITE
ORDOVICIEN – SILURIEN SUR L’ÎLE D’ANTICOSTI (ACRITARCHES,
ISOTOPES DU CARBONE, SUSCEPTIBILITÉ MAGNÉTIQUE, CYCLE TR) :
IMPLICATIONS POUR LA STRATIGRAPHIE ÉVÉNEMENTIELLE DE LA
CRISE HIRNANTIENNE
Aurélien Delabroye1 , André Desrochers2 , Michael Joachimski3 , Axel Munnecke3,
Marco Vecoli1
1 Université de Lille 1, UMR 8157 Geosystemes, Villeneuve d’Ascq, France ;
[email protected];[email protected]
2 Université d’Ottawa, Département des Sciences de la Terre, Canada, K1N 6N5 ; [email protected]
3 Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg, GeoZentrum Nordbayern, Erlangen, Allemagne ;
[email protected];[email protected]
Les sédiments à l’affleurement sur l’île d’Anticosti (Québec, Canada) représentent une des sections
clés de la limite Ordovicien – Silurien (époque de la crise biologique fini-ordovicienne). La limite est
localisée à la jonction entre les formations d’Ellis Bay et de Becscie présentes d’ouest en est sur l’île.
Ces formations ont été déposées le long d’une rampe carbonatée équatoriale qui s’étendait tout le long
de la marge continentale est de la Laurentia (15˚S). Sur l’île, le « transect proximal-distal »de la rampe
s’oriente d’est en ouest, avec des apports silicoclastiques importants à l’est, et un taux de subsidence
beaucoup plus important à l’ouest. Ces différences entre l’est et l’ouest de l’île ont longtemps empêché d’établir un cadre stratigraphique séquentiel par absence de corrélations lithostratigraphiques
évidentes. Il existe d’ailleurs deux nomenclatures stratigraphiques, l’une formelle établie par Long
& Copper (1987) à l’est de l’île, l’autre informelle établie par Petryk (1981) à l’ouest de l’île. Copper (2001) fut le premier à proposer une corrélation visuelle des deux nomenclatures sur la base des
brachiopodes, organismes benthiques dépendant fortement des conditions paléoenvironnementales. Récemment, Achab et al. (soumis), sur la base des chitinozoaires, organismes microplanctoniques marins,
ainsi que sur une étude détaillée de la sédimentologie et de la stratigraphie séquentielle du bassin d’Anticosti (Desrochers et al. soumis) ont remis en cause le modèle de corrélations est-ouest proposé par
Copper (2001). Les acritarches, organismes phytoplanctoniques ici étudiés, confirment les corrélations
basées sur les chitinozoaires. Sept zones locales à acritarches sont proposées. Des analyses complémentaires, sur les mêmes échantillons, de la susceptibilité magnétique et des isotopes du carbone (δ13 Ccarb )
complètent bien ces corrélations.
L’étude sédimentologique détaillée des coupes d’Anticosti par Desrochers et al. (soumis) a permis
d’identifier, dans la Formation d’Ellis Bay, deux régressions majeures forcées de manière glacioeustatique, encadrant un épisode transgressif (« Mid-Hirnantian Transgression »de Ghienne et al. 2007).
Elles pourraient correspondre aux deux épisodes régressifs hirnantiens détectés au nord de la plateforme gondwanienne (Ghienne et al. 2007). L’étage Hirnantien ne serait donc pas restreint à la partie
terminale de la Formation d’Ellis Bay (sommet membre 6 et membre 7 sensu Petryk 1981), comme le
pense Kaljo et al. (2008) en se basant principalement sur l’excursion majeure du δ13 Ccarb (HICE) dans
le membre 7, mais à toute la formation et un peu plus certainement (top Formation de Vauréal ?). En
complément de cette interprétation, la nouvelle courbe du δ13 Ccarb de la partie ouest de l’île montre
en réalité un premier pic positif dans la première moitié de la Formation d’Ellis Bay suivi d’un second
plus important dans sa partie terminale (sommet membre 6 et membre 7). Le stratotype global de
l’étage Hirnantien en Chine montre exactement les mêmes tendances (Chen et al. 2006). Les isotopes
du carbone à Anticosti semblent donc confirmer les corrélations des tendances régressives-transgressives
entre les plates-formes nord-gondwaniennes de hautes latitudes et la rampe carbonatée d’Anticosti de
basse latitude.
35
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
Dans un futur très proche, les coupes d’Anticosti permettront de corréler enfin avec précision les
niveaux glaciaires hirnantiens du Gondwana, le « GSSP »Hirnantien de Chine et les plates-formes
carbonatées de faible latitude de Laurentia et Baltica. Le cadre stratigraphique global fiable une fois
établi, une étude poussée de la stratigraphie évènementielle rendant compte des causes et effets de la
première grande crise biologique sur le monde du vivant sera alors possible et efficace.
ACHAB, A., ASSELIN, E., DESROCHERS, A., RIVA, J. & FARLEY, C. soumis. Chitinozoan contribution to the development
of a new Upper Ordovician stratigraphic framework for Anticosti Island. The Geological Society of America Bulletin.
CHEN X., RONG J., FAN J.-X., ZHAN R., MITCHELL C.E., HARPER A.T., MELCHIN M.J., PENG P., FINNEY S.C. &
WANG X. 2006. The Global Boundary Stratotype Section and Point (GSSP) for the base of the Hirnantian Stage (the
uppermost of the Ordovician System). Episodes 29, 183 – 196.
COPPER P. 2001. Reefs during the multiple crises towards the Ordovician-Silurian boundary : Anticosti Island, eastern Canada,
and worldwide. Canadian Journal of Earth Sciences 38, 153 – 171.
DESROCHER A., FARLEY C., ACHAB A., ASSELIN E. & RIVA J. soumis. A far-field record of the end-of-the-Ordovician glaciation : The Ellis Bay Formation, Anticosti Island, Eastern Canada. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology.
GHIENNE J.-F., LE HERON D., MOREAU J., DENIS M. & DEYNOUX M. 2007. The Late Ordovician glacial sedimentary system of the North Gondwana platform. In HAMBREY M., CHRISTOFFERSEN P., GLASSER N., JANSSEN P., HUBBARD
B. & SIEGERT M. (Eds.), Glacial Sedimentary Processes and Products. Special Publication, International Association of Sedimentologists, Blackwells, Oxford, 295 – 319.
KALJO D., HINTS L., MÄNNIK P. & NÕLVAK J. 2008. The succession of Hirnantian events based on data from Baltica : brachiopods, chitinozoans, conodonts, and carbon isotopes. Estonian Journal of Earth Sciences, 57 : 197 – 218.
LONG D.G.F., COPPER P. 1987. Stratigraphy of the Upper Ordovician upper Vaureal and Ellis Bay formations, eastern Anticosti
Island, Quebec. Canadian Journal of Earth Sciences 24, 1807 – 1820.
PETRYK A.A. 1981. Stratigraphy, sedimentology and paleogeography of the upper Ordovician-lower Silurian of Anticosti Island, Quebec. In LESPÉRANCE P.J. (Ed.), Subcomission on Silurian Stratigraphy Boundary Working Group. Field Meeting,
Anticosti-Gaspé, Québec 1981, 2 : Stratigraphy & Paleontology, 11 – 39.
36
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LA CRISE DU PLIENSBACHIEN – TOARCIEN (JURASSIQUE INFÉRIEUR)
VUE PAR LES AMMONITES : ANALYSE MULTI-APPROCHES
Guillaume Dera, Pascal Neige, Jean-Louis Dommergues, Emmanuel Fara,
Rémi Laffont, Pierre Pellenard
Laboratoire Biogéosciences, CNRS UMR 5561, Université de Bourgogne, 6 bd Gabriel, 21000, Dijon ;
[email protected];[email protected];[email protected];
[email protected];[email protected];[email protected]
La crise de l’intervalle Pliensbachien – Toarcien est actuellement considérée comme l’une des dix
plus importantes extinctions du Phanérozoïque. La cause de cette crise est fréquemment débattue et
inclut des processus très variés associant volcanisme du Karoo-Ferrar, variations climatiques, événement anoxique océanique à l’échelle globale ou forte régression à la base du Toarcien. Afin de mieux
cibler ces facteurs paléoenvironnementaux et leurs impacts potentiels sur la biodiversité, il est primordial de comprendre la dynamique temporelle, spatiale, et sélective de cette extinction marine à haute
résolution. Dans cette perspective, nous analysons une base de données révisées regroupant 770 espèces
d’ammonites des domaines téthysiens et arctiques, et comprenant des informations sur l’extension stratigraphique (à l’échelle de la sous-chronozone), la répartition (au seins de 17 secteurs), et la géométrie
des coquilles de chaque taxon. Nos principaux résultats montrent que, même si la chute principale
de diversité a eu lieu au Toarcien inférieur, les taux d’extinctions furent élevés pendant un intervalle
de temps plus long, commençant dès le Pliensbachien supérieur (fin de la Zone à Margaritatus) et se
terminant au Toarcien supérieur (Zone à Dispansum). La présence de pics d’extinction importants lors
de cet intervalle semble révéler un processus discontinu, marqué par des évènements distincts avec des
dynamiques spatiales et sélectives différentes. Ces épisodes successifs sont également distingués par des
chutes de la diversité morphologique des ammonites, principalement liées à des disparitions de formes
à tour déprimé. A la lumière de ces nouvelles données paléobiologiques, nous discutons des causes
paléoenvironnementales précédemment envisagées pour expliquer les périodes de crise de l’intervalle
Pliensbachien–Toarcien.
37
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
CHANGEMENTS DE LA VÉGÉTATION EN MÉDITERRANÉE CENTRALE
PENDANT L’HOLOCÈNE D’APRÈS L’ANALYSE HAUTE RÉSOLUTION
D’UNE CAROTTE MARINE AU LARGE DE LA TUNISIE
Stéphanie Desprat1 , Imene Rouis Zargouni2,3 , Nathalie Combourieu-Nebout1 ,
Latifa Essallami2 , Jean-Louis Turon3 , Marie-Alexandrine Sicre1 , Néjib Kallel2 ,
Giuseppe Siani4 , Fabien Dewilde1
1 Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, IPSL, UMR 1572 CNRS/INSU, CEA, UVSQ, domaine
du CNRS, Avenue de la Terrasse, F-91198 Gif-Sur-Yvette, France ; [email protected];nathalie.
[email protected];[email protected];[email protected]
2 Faculté des Sciences de Sfax, Unité GEOGLOB, Route de Soukra, BP 802, 3038 Sfax, Tunisie ;
[email protected];[email protected];[email protected]
3 UMR CNRS 5805 EPOC - OASU - Université Bordeaux 1, Avenue des Facultés, 33405 Talence, France ;
[email protected]
4 IDES, Département Science de la Terre, Université Paris XI, F-91405 Orsay, France ; [email protected]
Ce travail s’inscrit dans le projet ANR LAMA qui vise à étudier les changements environnementaux
en réponse à la variabilité climatique pendant l’Holocène en Méditerranée centrale, et à identifier les
forçages climatiques holocènes et les interactions entre changements environnementaux et histoire des
sociétés dans cette région. La région Méditerranéenne est, en effet, une zone d’étude privilégiée car
ses écosystèmes semblent particulièrement sensibles, d’une part, à tous les forçages climatiques d’ordre
orbital, millénaire ou centennaire (insolation, brusques décharges d’eaux douces en Atlantique Nord,
activité solaire) intervenus au cours des dernières dizaines de milliers d’années, et, d’autre part, à un
impact croissant de l’homme lié à une Néolithisation précoce et à la diffusion de la métallurgie, dans
les périodes les plus proches de nous.
Nous présentons ici les premiers résultats de l’analyse pollinique de la carotte MD04–2797, prélevée dans le Détroit Siculo-Tunisien par le R/V Marion Dufresne. Cette carotte représente le site
le plus méridional du transect nord-sud de séquences lacustres et marines étudiées dans le cadre du
projet LAMA. Cette série permet d’obtenir l’un des rares enregistrements à haute résolution temporelle des changements de la végétation en région Méditerranéenne. Sa chronologie a été obtenue
par corrélation des courbes d’abondances de foraminifères et du rapport isotopique de l’oxygène avec
celles de plusieurs autres carottes marines méditerranéennes datées. L’analyse pollinique de cette séquence sédimentaire marine est partie intégrante d’une étude multiproxy qui réunit plusieurs traceurs
continentaux (pollen) et marins (associations des kystes de dinoflagellés, alcénones et assemblages de
foraminifères planctoniques pour l’estimation des températures des eaux de surface (SSTs), isotopes
stables de l’oxygène et du carbone). Les assemblages polliniques permettent ici de reconstruire les
changements paléo-environnementaux de la Tunisie et de la Sicile au cours de l’Holocène, de les corréler sans ambigüité chronologique avec les variations de SSTs et de tester la réactivité des écosystèmes
végétaux aux variations climatiques dans cette région.
38
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
CRISE DE LA PRODUCTIVITÉ SÉDIMENTAIRE SUR UNE PLATE-FORME
CARBONATÉE À L’HIRNANTIEN : PHÉNOMÈNE RÉGIONAL OU
GLOBAL ?
André Desrochers
Département des sciences de la Terre, Université d’Ottawa, Ottawa, Canada K1N 6N5 ; [email protected]
Au cours du maximum glaciaire de la fin de l’Ordovicien (Hirnantien), les plates-formes carbonatées
tropicales étaient émergentes alors que leur abondante faune endémique, forcée de se retirer vers les
marges continentales, a souffert d’extinction massive. Une des meilleures archives stratigraphiques à la
limite Ordovicien–Silurien en région tropicale se trouve bien exposée aujourd’hui sur l’île d’Anticosti
dans l’Est du Canada. Une épaisse succession sédimentaire s’y est développée dans un bassin successeur
à l’orogène taconienne sur la marge est de Laurentia. L’architecture stratigraphique couplée à l’étude
des faciès sédimentaires, des variations isotopiques en δ13 C et des biozones serrées à chitinozoaire a
permis de reconnaître une unité distincte, appelée les calcaires du Laframboise, de milieu marin peu
profond entre deux discordances régionales dans la partie supérieure de la Formation d’Ellis Bay à
Anticosti. Une comparaison avec les successions glaciaires hirnantiennes du Maroc suggère que ces
deux discordances correspondent à des périodes de bas niveau marin et la déposition de diamictites au
Maroc tandis que les calcaires du Laframboise correspondent à une période de haut niveau marin et la
déposition de faciès silico-clastiques marins durant un court épisode interglaciaire au Maroc. Au même
moment qu’un changement faunique majeur observé chez plusieurs groupes (chitinozoaires, acritarches,
conodontes, faunes à coquillage), les calcaires du Laframboise montrent l’apparition soudaine d’oncolites et de bioconstructions avec calcimicrobe en abondance. Une comparaison de ces traits avec des
successions contemporaines déposées en milieu tropical peu profond (par ex. Laurentia, Avalonia, Baltica, Sud de la Chine) montre aussi un changement marqué dans la productivité sédimentaire passant
d’une production dominée par la faune benthique à une production dominée par l’activité microbienne
et la formation d’ooïdes. Tout en contraste avec la production sédimentaire sur les plates-formes carbonatées pré- et post-hirnantiennes, les calcaires tropicaux en milieu marin peu profond se demarquent
par l’apparition massive de dépôts microbiens et d’ooïdes sous l’influence d’importants changements
physico-chimiques des océans à l’Hirnantien.
39
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
EN QUOI LES ASSEMBLAGES DE COQUILLES MORTES SONT-ILS
REPRÉSENTATIFS DE LA BIODIVERSITÉ ? LE CAS DES BIVALVES DU
LAGON DE TOUHO (NORD-EST DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE)
Gaëlle Doitteau1 , Loic Villier1 , Anne Ribaud-Laurenti1, Pierre Lozouet2 ,
Philippe Bouchet2
1 Laboratoire de Géologie des Réservoirs et Systèmes Carbonatés, Université de Provence, Marseille, France ;
[email protected];[email protected];[email protected]
2 Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France ; [email protected];[email protected]
La fiabilité des estimations de la biodiversité et des reconstitutions paléoenvironnementales dépend
de la manière dont les écosystèmes sont échantillonnés dans les assemblages fossiles. Nous étudions les
processus de préservation dans la région de Touho, région qui offre une riche biodiversité et un large
panel d’écosystèmes, allant des mangroves aux platiers récifaux, plages, passes, estuaires, fonds vaseux. . . La base de données comporte les informations de plus de 83 000 coquilles de bivalves collectées
sur 37 stations. Chaque coquille est identifiée au niveau de l’espèce et déterminée comme morte ou
vivante au moment de la récolte. Chaque station est décrite par différents paramètres environnementaux et plusieurs mesures de la biodiversité et de sa préservation dans les assemblages morts : richesse
spécifique, diversité standardisée, courbe de raréfaction, indices de fidélité des assemblages de coquilles
mortes et indice PIE (evenness). Ces mesures nous montrent que la préservation de la biodiversité est
très variable selon les stations. Par exemple, le pourcentage d’espèces vivantes présentes dans l’assemblage mort de la même station, fluctue de 18% à 100%. La qualité de préservation varie en fonction de
paramètres environnementaux comme l’hydrodynamisme, la salinité de l’eau ou la nature du substrat,
mais aussi en fonction du mode de vie des différents organismes (espèces endobiontes/épibiontes) et
de la minéralogie de leurs coquilles (aragonite/calcite). On observe notamment que les communautés
typiques des mangroves et des coraux vivants se préservent mal en raison de phénomènes de dissolution
ou de transport des coquilles.
40
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
VARIATIONS SAISONNIÈRES DU CLIMAT AU COURS DES 15 000
DERNIÈRES ANNÉES EN REGION MÉDITERRANÉENNE
Isabelle Dormoy1 , Odile Peyron1, Nathalie Combourieu-Nebout2 , Simon Goring3 ,
Ulrich Kotthof4 , Michel Magny1 , Jorg Pross5
1 Laboratoire Chrono-Environnement, UMR CNRS 6249, Université de Franche-Comté, 16 route de Gray, 25030
Besançon, France ;
[email protected];[email protected];[email protected]
2 Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, UMR 1572 CEA-CNRS-UVQS, avenue de la Terasse,
91198 Gif-sur-Yvette, France ; [email protected]
3 Department of Biological Sciences, Université Simon Fraser, 8888 University Drive, Burnaby, British Columbia, V5A
1S6, Canada ; [email protected]
4 Department of Geosciences, Université d’Hamburg, Bundesstrasse 55, D-20146 Hamburg, Allemagne ;
[email protected]
5 Institute of Geosciences, Université de Frankfurt, Altenhöferallee 1, D-60438 Frankfurt, Allemagne ;
[email protected]
Dans le contexte actuel de réchauffement global, la région méditerranéenne apparaît comme une
région clé dans l’étude des variations du climat au cours du temps car elle constitue une zone particulièrement sensible en termes de variations hydrologiques et d’impact anthropique.
Dans le cadre du projet ANR LAMA coordonné par M. Magny et N. Combourieu-Nebout, nous
présentons de nouvelles analyses palynologiques de la carotte marine MD 90–917, prélevée en Mer
Adriatique par le R/V Marion Dufresne. Cette carotte marine s’inscrit dans deux transects Ouest/Est
et Nord/Sud en Méditerranée. Cette étude vise à comparer les données polliniques des carottes marines
localisées le long de ces transects et à partir desquelles nous avons établies des reconstitutions quantitatives du climat. Ces transects permettront de mettre en évidence les gradients climatiques pouvant
exister en région méditerranéenne au cours de l’Holocène.
Le modèle d’âge de la carotte MD 90–917 a été construit sur la base de 20 dates 14 C (Siani et al.,
2004). Les nouvelles données palynologiques présentées ici complètent celles obtenues par CombourieuNebout et al. (1998) et permettent de reconstruire avec une meilleure résolution chronologique l’histoire
des changements de la végétation et du climat au cours des derniers 15 000 ans. Les écosystèmes
continentaux de Méditerranée centrale ont répondu à tous les événements climatiques des derniers
15 000 ans. Les périodes froides telles que l’Heinrich 1 et le Dryas récent, sont marquées par un
développement important du semi-désert avec un climat plutôt froid et sec avec une saisonnalité des
précipitations différente de celle observée aujourd’hui. Pendant l’Holocène, la forêt tempérée colonise
le milieu, le climat est tempéré, et la saisonnalité des précipitations est similaire à l’actuel avec des
précipitations élevées l’hiver et faibles l’été. Certains micro-événements froids tels que l’événement 8,2
ka, le Dryas moyen et l’oscillation Gerzensee sont également observables.
Trois méthodes de reconstitutions ont été appliquées aux résultats palynologiques de cette carotte
pour quantifier plusieurs paramètres climatiques, et, en particulier, les paramètres saisonniers qui
paraissent discriminants dans cette région (température du mois le plus froid/chaud, précipitations
d’hiver et d’été). Les méthodes appliquées sont : la méthode des meilleurs analogues (MAT ; Guiot,
1990), la PLS (Wold et al., 1984) et la méthode basée sur le modèle additif général et l’échelle nonmétrique multidimensionnelle (NMDS/GAM ; Goring et al., in press).
41
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
ÉTUDES PALÉOENVIRONNEMENTALES RÉALISÉES À PROXIMITÉ DU
SANCTUAIRE GALLO-ROMAIN DE VILLARDS D’HÉRIA (JURA)
Élise Doyen, Boris Vannière, Vincent Bichet, Émilie Gauthier, Hervé Richard
Laboratoire Chrono-environnement, UMR 6249 CNRS-Université de Franche-Comté, Besançon, France ;
[email protected],[email protected];[email protected];emilie.gauthier@
univ-fcomte.fr;[email protected]
La mise en œuvre d’études paléoenvironnementales autour du site archéologique de Villards d’Héria, situé dans le Jura, présente un intérêt tout particulier. Tout d’abord, le site archéologique est
d’importance majeure : il s’agit d’un complexe religieux, fréquenté du Ier au IIIe siècles ap.J.-C., qui
est considéré comme l’un des lieux de culte majeur de la Séquanie romaine. Le site, localisé en contexte
montagneux, possède une configuration singulière. Il est formé de deux secteurs cultuels distincts, séparés de plus d’un kilomètre, reliés par un hydro-système permettant d’alimenter en eaux les lieux
de culte. Pris dans sa globalité, le site inclut deux zones d’enregistrement sédimentaire de qualité : le
lac d’Antre, au cœur du lieu de culte, et la tourbière de Grande maison occupant la partie amont du
bassin versant du lac.
L’étude des données paléoenvironnementales, recueillis dans ces deux milieux enregistreurs, permet
de suivre l’évolution du paysage autour du lac, d’appréhender la réaction de différents proxies au cours
de la période d’occupation avérée du site, et de déceler d’éventuelles traces d’anthropisation antérieures
ou postérieures à cette occupation. Pour atteindre ces objectifs, plusieurs approches sont utilisées :
la dynamique végétale reconstituée par l’analyse palynologique, l’histoire des feux par quantification
des micro-charbons de bois, et les phases de détritisme marquées par des variations de susceptibilité
magnétique des sédiments.
La comparaison de ces divers proxies permet d’identifier les différentes périodes d’occupation du
site. Des premières traces d’anthropisation, de faible ampleur, apparaissent de manière discontinue à
l’âge du Bronze : augmentation des IPA et de l’influx de micro-charbons. L’âge du Fer est caractérisé
par une pression croissante de l’homme sur son milieu marquée par des défrichements (chutes de Fagus
et Abies associées à des pics d’influx en micro-charbons), une augmentation du détritrisme (hausse
des valeurs de susceptiblité magnétique) et des mises en prairie (augmentation des Poaceae, IPA,
Anthemideae, Apiaceae). S’ensuit la phase d’occupation attestée du sanctuaire gallo-romain de Villards
d’Héria (Ier au IIIe siècles ap.J.-C.), caractérisée par une ouverture du milieu (pic de forte ampleur en
micro-charbons et augmentation des valeurs de susceptibilité magnétique) suivie d’une période continue
d’anthropisation (IPA, céréales). La période du IIIe siècle (date d’abandon du sanctuaire) au Ve siècle
correspond à la recolonisation arboréenne du milieu (Betula et Alnus suivi de Fagus, Carpinus). Enfin
une reprise de l’anthropisation au début du Moyen-Age suggère une nouvelle phase d’implantation de
l’homme à proximité du lac d’Antre (augmentation des Poaceae et IPA).
42
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
PRATIQUES AGRICOLES ET SYLVICOLES DEPUIS 1 500 ANS EN
LORRAINE : HISTOIRE COMPARÉE DE TROIS MASSIFS FORESTIERS
David Etienne1,2 , Etienne Dambrine1 , Pascale Ruffaldi2
1 Laboratoire de Biogéochimique des Ecosystèmes Forestiers, INRA, Forêt d’Amance, 54280 Champenoux, France ;
[email protected];[email protected]
2 Laboratoire de Chrono-envrionnement, UMR CNRS 6249, 16 route de Gray, 25030 Besançon, France ;
pascale-ruffaldi@univ-fcomtÃľ.fr
On découvre peu à peu que les forêts « immémoriales »européennes ont souvent été utilisées par
l’agriculture dans le passé, et que les propriétés des sols et la biodiversité de ces forêts anciennement
cultivées diffèrent aujourd’hui profondément de celles des forêts « anciennes »(Hermy, 1994). Les recherches récentes ont démontré, dans l’Est et le Centre de la France que des occupations agricoles
antiques et médiévales constituaient un puissant facteur de structuration de la biodiversité et de la
richesse des sols dans les forêts actuelles (Dupouey et al., 2002). Ainsi, séparer les influences anthropiques des influences climatiques dans la structuration écologique est un défi indispensable afin de
prédire la vulnérabilité des écosystèmes aux changements globaux.
Au sein des forêts de la plaine lorraine (Nord-Est, Moselle), dans des contextes paysagers ruraux ou
lourdement marqués par l’industrie (sel, fer), on trouve des milliers de mardelles ou mares tourbeuses.
Ce sont des ilots majeurs de biodiversité au sein de chênaies-charmaies-hêtraies typiques des sols
argileux peu acides environnants. Certaines de ces structures sont caractérisées par une végétation
oligotrophe acidophile développée sur un système tourbeux qui présente une très bonne conservation du
matériel sporo-pollinique. Les séquences palynologiques étudiées ont été prélevées dans trois mardelles
au sein de chacun d’un des massifs forestiers (Assenoncourt, Römersberg et St Jean) entourant l’étang
artificiel de Lindre au sein d’une région marquée depuis l’Hallstatt par l’exploitation du sel.
Les enregistrements palynologiques débutent au cours du Haut-Moyen Age et fournissent 1 500 ans
d’enregistrement pollinique. La dilatation (un taux de sédimentation de 3 à 5 ans/cm) et la datation des
séquences permettent la description des utilisations anthropiques (agriculture, pâture et sylviculture)
de ces trois massifs dits « anciens ».
Ainsi, les phases d’emprises agricoles sur les massifs au cours du Moyen-Age (XIe au XIVe siècle)
sont concomitantes sur les trois séquences, les massifs étant alors utilisés en tant que terrains agricoles.
Par la suite, certains de ces massifs (Römersberg, Assenoncourt) deviennent des réserves de bois afin
de répondre aux besoins des salines (XVe au XIXe siècle). La pression sylvicole durant plus de cinq
siècles sur ces massifs (Römersberg et assenoncourt) fourni un enregistrement pollinique très différent
de celui des massifs environnants (St Jean). Parallèlement, ces enregistrements polliniques permettent
de pointer l’impact de grandes perturbations historiques et climatiques (épidémies de peste, Petit Age
Glaciaire), ainsi que la mise en place définitive de ces massifs au cours du XIXe siècle.
DUPOUEY J.L., DAMBRINE E., LAFFITE J.D. & MOARES C. 2002. Irreversible impact of past land use on forest soils and
biodiversity. Ecology 83 : 2978 – 2984
HERMY M., HONNAY O., FIRBANK L., GRASHOF-BODKAM C., & LAWESSON J.E. 1999. An ecological comparison between ancient and other forest plant species of Europe, and the implications for forest conservation. Biological Conservation,
91 : 9 – 22.
43
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
35 000 ANS D’ÉVÉNEMENTS DE FONTE DE LA CALOTTE
EUROPÉENNE : L’APPORT DES DINOKYSTES DANS LES
RECONSTITUTIONS QUANTIFIÉES DE PALÉOSALINITÉ
Frédérique Eynaud, Bruno Malaizé, Sébastien Zaragosi, Jean-Louis Turon, Claude Pujol
Laboratoire EPOC, UMR 5805, Université Bordeaux 1, Avenue des facultés, 33405 Talence Cedex, France ;
[email protected];[email protected];[email protected];jl.turon@
epoc.u-bordeaux1.fr
La fonte avérée des glaciers boréaux, adjointe à la réduction de l’étendue de la glace de mer dans les
secteurs arctiques (e.g. Serreze & Francis, 2007 ; Stroeve et al., 2007), amène d’ores et déjà d’importants
changements des bilans thermohalins de l’Atlantique subpolaire. Depuis déjà une décade, l’injection
d’eau douce dans le système océanique a été testée par des approches numériques (e.g. Manabe &
Stouffer, 1995 ; Stocker & Schmitter, 1997 ; Rahmstorf, 1997 ; Seidov & Haupt, 2003) et a démontré
que des évènements de fontes accrues dans l’Atlantique Nord, tels que ceux enregistrés au cours des
derniers 70 000 ans (évènements d’Heinrich, déglaciation...), étaient susceptibles de conduire à un
arrêt de la circulation thermohaline. Le paramètre salinité, que les approches micropaléontologiques
permettent aujourd’hui de quantifier pour l’océan de surface (i.e. SSS pour Sea-Surface Salinity), est
donc un paramètre clé pour la compréhension des aléas climatiques. C’est ce paramètre que nous avons
documenté sur un enregistrement sédimentaire du Golfe de Gascogne couvrant les derniers 35 000 ans
(35 ka).
La carotte MD952002 (47˚27’ N, 08˚32’ W), prélevée sur la Marge Celtique (Terrasse de Meriadzek ;
2 174 m de profondeur) au débouché de la Manche, a fait l’objet d’approches multiproxies et bénéficie
d’un modèle d’âge robuste (Grousset et al., 2000 ; Zaragosi et al., 2001 ; Menot-Combes et al., 2006 ;
Eynaud et al., 2007). Cette carotte se situe dans un secteur clé au regard des évènements de fontes qui
ont ponctué la dernière période glaciaire. Elle est en effet sous influence des apports du « paléofleuve
Manche », regroupant alors les grands fleuves européens (Rhin, Meuse, Tamise, Solent, Somme, Seine...,
e.g. Lericolais, 1997), et à 200 kilomètres à peine de la marge sud de la calotte européenne, alors
largement développée sur les îles britanniques (e.g. Evans, 1996). La quantification des SSS y a été
menée avec deux approches distinctes relevant de deux groupes de protistes différents : (1) les valeurs
de δ18 O planctoniques couplées aux reconstructions de paléotempératures de surface (SST) dérivant
des assemblages de foraminifères planctoniques (fonction de transfert MAT5556) ont été utilisée pour
calculer les SSS d’après la méthode de Duplessy et al. (1991) ; (2) les SSS ont été reconstruites dans les
mêmes niveaux directement sur la base des assemblages de dinokystes (fonction de transfert R 1189).
Les résultats obtenus sur les derniers 35 ka montrent une remarquable cohérence, tant dans l’amplitude des changements de salinités enregistrés, que dans les valeurs reconstruites par les deux méthodes
qui s’inscrivent dans une gamme d’écart au maximum de 1 psu. Pour la première fois, nous sommes
donc capables de chiffrer avec un fort degré de confiance l’évolution des salinités de surface dans le
secteur nord du Golfe de Gascogne. Cette évolution comparée à la paléoclimatologie du secteur ouestatlantique, amène d’importantes contraintes sur le couplage des forçages alors en jeu. Notamment, les
évènements de dessalure détectés coïncident avec d’importantes baisses des SST et sont associés à des
débâcles de glace majeures. Ceci souligne, une fois de plus, l’imbrication des réservoirs océan | glace |
atmosphère au cours des accidents climatiques abrupts.
44
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
GRADIENT CLIMATIQUE LATITUDINAL EN EUROPE DE L’OUEST ET
EN RÉGION MÉDITERRANÉENNE DU MIOCÈNE MOYEN ( 15 Ma) AU
PLIOCÈNE MOYEN ( 3,5 Ma) D’APRÈS LES DONNÉES POLLINIQUES
Séverine Fauquette1 , Jean-Pierre Suc2 , Gonzalo Jimenez-Moreno3 , Anne Jost4 , Arne
Micheels5 , Pollen Data Contributors
1 Institut des Sciences de l’Evolution, UMR CNRS 5554, case courrier 061, Université de Montpellier 2, Place Eugène
Bataillon, 34095 Montpellier Cedex 5, France ; [email protected]
2 Laboratoire Paléoenvironnements et Paléobiosphère, UMR CNRS 5125, Université Claude Bernard — Lyon 1,
Boulevard du 11 Novembre, 69622 Villeurbanne Cedex, France ;
3 Departamento de Estratigrafía y Paleontología, Universidad de Granada, Avda. Fuente Nueva S/N, 18002 Granada,
Spain ;
4 UMR CNRS 7619 Sisyphe, Université de Paris VI, Case 105, 4 Place Jussieu, 75252 Paris Cedex 05, France ;
5 Institut für Geowissenschaften, Eberhard-Karls-Universität Tübingen, Sigwartstraße 10, D-72076 Tübingen,
Germany ;
Le Néogène est une période d’intenses modifications climatiques, allant du « greenhouse climate »du
Cénozoïque inférieur et moyen au « icehouse climate »du Cénozoïque supérieur, comme observé dans
les enregistrements des variations des isotopes de l’oxygène (Zachos et al., 2001). Plusieurs facteurs
ont pu jouer un rôle dans ces changements. En effet, durant cette période, la tectonique des plaques
a conduit à des modifications paléogéographiques importantes (surrection de l’Himalaya, des Alpes et
des Andes, fermeture et ouverture de barrières océaniques). Des simulations réalisées avec des modèles
de circulation atmosphérique ont montré l’influence de la topographie sur le climat global à travers les
changements de circulation atmosphérique (Kutzbach et al. 1993 ; Ramstein et al. 1997 ; Fluteau et al.
1999). En parallèle, les modifications des taux de CO2 atmosphérique, des paramètres orbitaux et de
la circulation océanique ont également influencé le climat (Nisancioglu et al. 2003).
En Europe et région Méditerranéenne, la végétation et le climat du Néogène sont bien documentés
par de nombreuses données polliniques, ce qui permet de bien cerner l’évolution du climat durant cette
époque de refroidissement global.
Nous présentons ici les reconstitutions climatiques de 4 périodes-clé du Néogène, le Miocène Moyen
( 14 Ma), le Miocène supérieur ( 10 Ma), le Pliocène inférieur ( 5–5,3 Ma) et le Pliocène Moyen ( 3,6
Ma).
Les résultats montrent : 1) que le climat était plus chaud qu’actuellement durant tout le Néogène,
2) que le passage d’un gradient thermique latitudinal faible (autour de 0,48˚C/degré de latitude) au
gradient thermique latitudinal proche de l’actuel (0,6˚C/degré de latitude) se serait produit à la fin
du Miocène, 3) que le gradient latitudinal de précipitations était, depuis le Miocène Moyen jusqu’au
Pliocène Moyen, plus accentué qu’aujourd’hui, avec des précipitations plus importantes qu’actuellement
dans le Nord-Ouest de l’Europe et de la région Méditerranéenne mais plus faibles (ou équivalentes)
qu’actuellement en région Sud-Ouest Méditerranéenne.
FLUTEAU et al. 1999. Simulating the evolution of the Asian and African monsoons during the past 30 Myr using an atmospheric
general circulation model. Journal of Geophysical Research, 104 (D10) : 11995 – 12018.
KUTZBACH et al. 1993. Sensitivity of Eurasian climate to surface uplift of Tibetan plateau. The Journal of Geology : 101, 177 –
190.
NISANCIOGLU et al. 2003. Reorganization of Miocene deep water circulation in response to the shoaling of the Central American
Seaway. Paleoceanography, 18 (1) : 1006.
RAMSTEIN et al. 1997. Effect of orogeny, plate motion and land-sea distribution on Eurasian climate change over the past 30
million years. Nature, 386 : 788 – 795.
ZACHOS et al., 2001. Trends, rhythms, and aberrations in global climate 65 Ma to Present. Science, 292 : 686 – 693.
45
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
OSTRACODES (CRUSTACEA) TÉMOINS DES MODIFICATIONS
PALÉOENVIRONNEMENTALES ASSOCIÉES AUX ÉVÉNEMENTS DE LA
LIMITE PERMIEN – TRIAS EN CHINE DU SUD ET TURQUIE
Marie-Béatrice Forel, Sylvie Crasquin
UMR CR2P, UPMC laboratoire de Micropaléontologie, T.46-56, E.5, case 104, 75252 Paris Cedex 05 France ;
[email protected];[email protected]
La transition entre le Permien et le Trias (252,4±0,2 Ma) est marquée par l’extinction la plus
dévastatrice qu’ait connue la biosphère aux cours des temps phanérozoïques. Bien que les raisons
en soient encore discutées, il est maintenant admis que cette extinction de masse a été le résultat
de la conjonction de plusieurs événements globaux : des événements tectoniques (fermeture de la
Pangée), volcaniques (Trapps de Sibérie), climatiques (fin de la glaciation permienne et aridification)
et eustatiques (tecto- et thermo-eustatisme).
A la base du Griesbachien (Trias basal), de nombreuses coupes du pourtour de la Téthys sont caractérisées par des dépôts carbonatés atypiques : les microbialites. Il s’agit d’encroûtements microbiens
témoignant d’un environnement stressant mais dont les conditions exactes de formation restent encore
débattues, entre anoxie et sursaturation en bicarbonates. Elles correspondent néanmoins à des dépôts
très peu profonds, à la limite de l’émersion.
L’étude et la comparaison des assemblages d’ostracodes recueillis à Dajiang, Laolongdong (Chine
du Sud, Province du Guizhou) et au Çürük Dag (Turquie, Taurus) révèlent une grande variabilité des
conditions d’oxygénation régnant au tout début du Trias, ayant néanmoins abouti dans ces différentes
régions aux dépôts de microbialites. Il apparaît ainsi que l’anoxie des eaux, jamais atteinte au sens
propre dans les coupes étudiées, ne peut être à leur origine.
Une comparaison a par ailleurs été menée entre les sites précédents et le site de Meishan (Chine du
Sud, province du Sichuan), correspondant quant à lui à un milieu de dépôt relativement plus profond,
sans microbialites. Ce travail comparatif des assemblages d’ostracodes du Griesbachien dans différents
contextes de dépôts permet d’établir des caractéristiques environnementales et océanographiques de la
colonne d’eau à plus grande échelle.
46
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
MISE EN ÉVIDENCE D’UNE SAISONNALITÉ DANS LES CALCAIRES
LAMINÉS MIOCÈNES DE VILLAROYA (ESPAGNE)
Agnès Gauthier, Arsenio Munoz
Laboratoire de géographie physique UMR 8591 – Université Paris 1 CNRS – 1 place Aristide Briand – 92195 Meudon
Cedex, France ; [email protected]
Sur une courte section (87 mm d’épaisseur, 94 laminations) de la séquence lacustre laminée pliocène
de Villaroya (Espagne) une analyse pollinique à haute résolution a été menée avec pour objectif (1) de
vérifier la saisonnalité de la sédimentation des laminations (2) de déterminer si les courtes fluctuations
climatiques reliées aux changements d’épaisseur des laminations sont également enregistrées dans les
données polliniques. La composition des spectres polliques indique une structure de végétation étroitement liée au relief : végétation herbacée ouverte régionale, environnement marécageux riparien local,
forêt décidue diversifiée à moyenne altitude, forêt mixte de conifères dans les montagnes environnantes
à plus haute altitude. Dans les 48 laminations pour lesquelles il a été possible de comparer les couches
distinctes (lit sombre et lit clair), on constate une plus forte concentration de pollen d’arbres à floraison
précoce dans les lits sombres tandis que les plantes à floraison tardive sont plus abondantes dans les
lits clairs. Ces résultats montrent une sédimentation saisonnière avec, en se basant sur les floraisons
actuelles, un dépôt des lits sombres lors de la fin d’hiver/début de printemps et un dépôt des lits clairs
en fin d’été/automne. La corrélation entre les pourcentages AP-NAP et l’épaisseur des laminations relie
les laminations les plus épaisses avec des périodes plus chaudes. Les variations des groupes écologiques
permettent de différencier des cycles polliniques en relation avec de courtes fluctuations climatiques.
Ces alternances paraissent associées davantage à des variations de l’humidité plutôt que de la température. Elles semblent pouvoir être corrélées aux cycles définis par l’analyse spectrale rapportés aux
phénomènes naturels tels que NAO/ENSO et cycle solaire.
47
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LES PREMIÈRES PLANTES TERRESTRES (EMBRYOPHYTES) : ORIGINE
ET DIVERSIFICATION
Paul Gonez1 , Cyrille Prestianni1 , Christine Strullu-Derrien1,2, Philippe Gerrienne1
1 Paléobotanique, Paléopalynologie, Micropaléontologie, Département de Géologie, Université de Liège, B-4000 Liège
1, Belgium
2 Université d’Angers, Laboratoire Mycorhizes, UFR Sciences, 2 boulevard Lavoisier, 49045 Angers Cedex, France
1. Au tout début. . .
Les plus anciens fossiles de structures adaptées à la vie aérienne indiquent que les premiers pas de
la conquête du milieu terrestre par les végétaux remontent au moins à l’Ordovicien moyen (Llanvirnien, 475 millions d’années), voire au Cambrien supérieur (environ 500 millions d’années). Néanmoins,
l’enregistrement fossile de végétaux terrestres ne devient abondant que quelques dizaines de millions
d’années plus tard, à partir du Silurien supérieur (Pridolien, 418 millions d’années). L’interprétation
de cet enregistrement fossile a permis de mettre en évidence que les groupes majeurs de végétaux, ainsi
que la majorité des innovations évolutives liées à la vie terrestre étaient déjà présents au Dévonien inférieur (Lochkovien, 410 millions d’années). Ces innovations sont liées aux différences physico-chimiques
entre le milieu aqueux et le milieu aérien. Il existe en effet un lien entre la chute de la force d’Archimède
en milieu aérien et l’apparition de tissus de soutien et de conduction. De même, la faible valeur de
potentiel hydrique sur la terre ferme a profondément influencé l’histologie de l’épiderme (apparition
d’une cuticule percée de pores ou de stomates) et l’évolution des systèmes de reproduction. Il s’agit là
notamment de l’apparition de structures de dispersion résistantes à la dessiccation (= propagules) et
de la dominance progressive de la phase sporophytique dans l’alternance des générations.
2. Vers un monde moderne. . .
Les nombreuses innovations morphologiques et anatomiques qui jalonnent le Dévonien témoignent
de l’occupation progressive par les Embryophytes de deux niches écologiques majeures : l’espace aérien
et les territoires éloignés des zones humides. La compétition pour l’accès à la lumière et aux ressources
minérales, eau comprise, modifie profondément la morphologie et le port des plantes. Diverses stratégies d’accroissement du diamètre des axes sont mises en place et autorisent le port arborescent :
multiplication des faisceaux vasculaires primaires ; production de tissus vasculaires secondaires ; accumulation de tissus de soutien ou d’écorces. Les systèmes racinaires deviennent complexes et, pour
certains, pérennes. La multiplication des surfaces photosynthétiques intervient chez tous les groupes
de plantes vasculaires et culmine avec l’évolution de la feuille de type mégaphylle, qui se met en place
chez les Euphyllophytes. Par ailleurs, la reproduction devient moins dépendante des milieux humides
et une tendance évolutive nette se marque chez plusieurs groupes : la protection et l’alimentation de
l’embryon. Ce mouvement conduit à l’évolution de l’hétérosporie à la fin du Dévonien inférieur et à
l’avènement des plantes à graines durant le Dévonien moyen. A la fin du Dévonien (359 millions d’années), la plupart des continents sont couverts de vastes forêts d’allure « moderne », dominées par le
géant Archaeopteris au pied duquel se diversifient les spermatophytes.
48
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LA TRUFFE BLANCHE COMME DÉLICATESSE AU NÉOLITHIQUE — LES
MICROFOSSILES NON-POLLINIQUES NOUS AIDENT À COMPRENDRE
LES SYSTÈMES ÉCOLOGIQUES DE L’HOLOCÈNE
Jean Nicolas Haas1 , Reinhard Starnberger2, Sabine Karg3 , Thomas Brodtbeck4 ,
Urs Leuzinger5
1 Institut für Botanik der Universität Innsbruck, Sternwartestrasse 15, A-6020 Innsbruck, Österreich ;
[email protected]
2 Institut für Geologie und Paläontologie der Universität Innsbruck, Innrain 52, A-6020 Innsbruck, Österreich ;
[email protected]
3 The National Museum of Denmark, Environmental Archaeology, Ny Vestergade 11, DK-1471 Copenhagen K,
Denmark & Copenhagen University, SAXO Institute, Njalsgade 80, DK-2300 Copenhagen S, Denmark ;
[email protected]
4 Elsternweg 5, CH-4125 Riehen, Schweiz
5 Amt für Archäologie des Kantons Thurgau, Schlossmühlestrasse 15a, CH-8510 Frauenfeld, Schweiz ;
[email protected]
Le site néolithique de Pfyn-Breitenloo (cantoo de Thurgovie, Suisse) fut occupé entre 3 708 et
3 703± av.J.-C. (datations par dendrochronologie). Les résultats archéologiques démontrent une seule
phase d’habitat préhistorique comprenant une vingtaine de maisons sur le littoral sud d’un petit
lac. L’analyse palynologique de la couche archéologique indique une surprenante succession d’espèces
végétales, tandis que le nombre élevé de spores de champignons coprophiles démontre une origine fécale
de cette couche anthropique, ainsi qu’une sédimentation survenue probablement seulement entre février
et août de l’année 3 703±1 avant notre ère. Des kystes d’algues de neiges trouvées (Chlmydomonas
nivalis) ainsi que des spores de truffe blanche (Choiromyces venosus) nous aident ainsi beaucoup a
reconstruire les conditions de vie difficiles, mais pleines de délicatesses au Néolithique.
49
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
PALÉOBIOGÉOGRAPHIE DE CEDRUS EN RÉGION MÉDITERRANÉENNE
DEPUIS LE DERNIER MAXIMUM GLACIAIRE
Lara Hajar, Rachid Cheddadi
Université Montpellier 2. CNRS, Institut des Sciences de l’Evolution CC 061, Place Eugène Bataillon, 34095
Montpellier cedex 05, France ; [email protected];[email protected]
Le genre Cedrus est actuellement composé de quatre espèces dont trois sont présentes en région
méditerranéenne. Cedrus libani (A. Rich) et Cedrus brevifolia (Hook.f.) A. Henry sont inféodés à la
région est méditerranéenne et Cedrus atlantica (Manetti ex Endl.) Carrière à l’Afrique du Nord. Cedrus
libani et Cedrus atlantica sont considérés comme étant des espèces vicariantes tant du point de vue
biogéographique qu’écologique. Cette variance permet d’émettre l’hypothèse d’un développement similaire de Cedrus libani et Cedrus atlantica en région méditerranéenne. A l’heure actuelle, de nombreuses
études palynologiques permettent une ébauche de reconstitution de la paléobiogéographie des cèdres
en région méditerranéenne.
Cette étude a pour but de comparer les données palynologiques effectuées en région méditerranéenne
enregistrant la présence de cèdres depuis le Dernier Maximum Glaciaire afin d’en déduire leur histoire
biogéographique.
Les enregistrements palynologiques permettent de montrer que Cedrus libani et Cedrus atlantica
étaient présents dans différentes zones de la région méditerranéenne pendant le Dernier Maximum
Glaciaire et le Dryas récent. A la suite de ces périodes froides et arides, on observe des différences
notables entre les enregistrements. Au Maroc, l’expansion de Cedrus atlantica pendant l’Holocène
n’est pas synchrone et des différences importantes sont notées entre les sites. En Algérie et en Tunisie,
Cedrus atlantica semble avoir été affecté par le changement climatique du début de l’Holocène et
disparaît de l’enregistrement pollinique de la Chataigneraie (Tunisie) et de Dar Fatma 1 (Algérie).
Cedrus libani est également présent dans les sites de la Méditerranée orientale durant l’Holocène mais
son expansion maximale est également décalée dans le temps selon les sites.
En région Méditerranéenne, avec les données actuelles, on ne peut pas émettre d’hypothèses concernant les routes de migration du cèdre depuis le Dernier Maximum Glaciaire. Cependant il est possible
de mettre en évidence la présence de Cedrus libani en Syrie et en Turquie pendant cette période. En
Méditerranée occidentale, Cedrus atlantica semble également avoir été présent au Maroc et en Algérie
pendant cette période. Toutes les données paléobotaniques provenant de la région méditerranéenne
confirment les hypothèses émises par des études génétiques effectuées sur Cedrus libani et Cedrus
atlantica.
Enfin, ces résultats montrent que le genre Cedrus en région méditerranéenne a été très affecté
par les changements climatiques depuis le Dernier Maximum Glaciaire et le sera certainement par les
changements climatiques annoncés par les scénarios. L’utilisation d’un modèle dynamique de végétation
sur ces deux espèces au Maroc et au Liban a déjà permis de démontrer que le cèdre ne pourra être
conservé que dans certaines régions. Dans les autres pays où il est actuellement présent des simulations
seraient également nécessaire afin de quantifier l’impact des changements climatiques globaux sur sa
répartition en Méditerranée.
50
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LES CHANGEMENTS DANS LA VÉGÉTATION À L’HOLOCÈNE AU LAC
DU LEDRO (TRENTINO, ITALIE)
Sébastien Joannin1,2, Boris Vannière2, Didier Galop3 , Flavio Anselmetti4 ,
Emmanuel Chapron5 , Adrian Gilli6 , Stefanie Wirth6 , Michel Magny1,2
1 Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement USR 3124 (CNRS, UFC-UTBM), Université de
Franche-Comté, 16 route de Gray, 25030 Besançon, France ;
[email protected];[email protected]
2 Laboratoire Chrono-Environnement, UMR CNRS 6249, Université de Franche-Comté, 16 route de Gray, 25030
Besançon, France ; [email protected]
3 Maison de la Recherche de l’Université du Mirail, 5 Allées A. Machado, 31058 Toulouse Cedex 1, France ;
[email protected]
4 Oberflächengewässer Eawag Überlandstrasse 133, Postfach 611 8600 Dübendorf, Switzerland ;
[email protected]
5 ISTO, UMR 6113 du CNRS/Université d’Orléans, Bâtiment Géosciences, 45067 Orléans, France ;
[email protected]\
6 Geological Institute, ETH Zürich, Universtätstrasse 16, CH-8092 Zürich, Switzerland ;
[email protected];[email protected]
Le gradient thermique entre basses et hautes latitudes induit un transfert d’énergie calorifique majoritairement réalisé dans l’atmosphère. La région Méditerranéenne, de par sa position, est très sensible
aux variations climatiques à différentes échelles de temps (insolation, activité solaire, NAO. . . ). Dans
le contexte de réchauffement climatique global et de l’histoire des sociétés humaines au cours de l’Holocène, la Méditerranée permet de décrypter les influences respectives du climat et de l’anthropisation
grâce à l’étude des changements de végétation.
Dans le cadre du projet ANR LAMA coordonné par M. Magny et N. Combourieu-Nebout, nous
présentons de nouvelles analyses palynologiques de 3 carottes prélevées au Lac du Ledro (Trentino,
Italie). Ce lac, avec un bassin versant de 48 km2 , se trouve au sud des Alpes à 650 m d’altitude. Les
carottes (deux littorales et une profonde) ont été repérées dans des secteurs non perturbés par sismiqueréflexion. Les modèles d’âge établi à partir des dates 14 C valident l’enregistrement pollinique à une
résolution temporelle inférieure au siècle qui complète sensiblement les travaux de Beug (1964) sur le
lac du Ledro et ceux de Fillipi et al. (2007) sur le lac de Lavarone proche. Les données palynologiques
disponibles couvrent maintenant tout l’Holocène. Elles montrent l’apparition successive du cortège de
végétation connu sur le versant sud des Alpes, ainsi que l’installation en deux temps d’occupations
humaines à l’âge du Bronze moyen puis à l’âge du Fer.
BEUG H.J. 1964. Untersuchungen zur spätglazialen Vegetationsgeschichte im Gardaseegebeit unter besonderer Berücksichtigung
der mediterranen Arten. Flora, 154 : 401 – 444.
FILIPPI M.L., HEIRI O., ARPENTI E., ANGELI N., BORTOLOTTI M., LOTTER A.F. & VON DER BORG K. 2007.
Evoluzione paleoambientale dal Tardoglaciale a oggi ricostruita attraverso lo studio dei sedimenti del Lago di Lavarone
(Altopiano di Folgaria e Lavarone, Trentino). Studi Trent. Sci. Nat., Acta Geol., 82 : 279 – 298.
51
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LES AMMONITES, UNE COQUILLE, BUT WHAT ELSE ?
Isabelle Kruta1 , Isabelle Rouget2 , Neil Landman3 , Fabrizio Cecca2 , Paul Tafforeau4
1 Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), CNRS UMR 7207, Centre de recherches sur la Paléodiversité et les
Paléoenvironnements (CR2P), UPMC case 104- 4 Place Jussieu, 75252 Paris Cedex 05, France ; [email protected]
2 CNRS UMR 7207, Centre de recherches sur la Paléodiversité et les Paléoenvironnements (CR2P), UPMC case 104- 4
Place Jussieu, 75252 Paris Cedex 05, France ; [email protected];[email protected]
3 Division of paleontology (Invertebrates), American Museum of Natural History, New York, New York 10024, USA ;
[email protected]
4 European Synchrotron Radiation Facility, BP 220, 6 Rue Jules Horowitz, 38043 Grenoble Cedex, France ;
[email protected]
Si les coquilles d’ammonites sont parmi les fossiles les plus étudiés en paléontologie, le corps de ces
animaux demeure inconnu. Au cours du siècle dernier, la découverte fortuite in situ (à l’intérieur de la
chambre d’habitation des ammonites) d’éléments appartenant à la masse buccale a permis de constater
que certaines parties de l’animal pouvaient être conservées. À ce jour, une cinquantaine de mâchoires et
quelques radulas ont été trouvées in situ (Tanabe & Landman 2002). Ces importantes découvertes permettent d’améliorer les connaissances sur la paléobiologie et sur l’écologie de l’animal mais également
de mieux comprendre l’évolution de ce groupe puisque ces éléments recèlent des caractères utilisables
en phylogénie (Engeser & Keupp 2002, Kruta et al., sous presse). Ces données sont particulièrement
intéressantes pour comprendre des groupes tels que les Ancyloceratina du Crétacé supérieur qui restent
énigmatiques tant d’un point de vue paléobiologique et écologique que phylogénétique. Pour exploiter
au mieux ces pièces buccales, il devient essentiel de développer une méthodologie permettant d’analyser
des éléments de la mâchoire in situ, comme les aptychi (valves calcitiques interprétées comme partie de
la mâchoire inférieure). En effet, bien que les aptychi soient généralement abondants dans les sédiments
du fait de leur nature calcitique (c.f. les niveaux à aptychi du Jurassique supérieur de la Téthys et du
Crétacé inférieur du sud-est de la France), leur découverte à l’intérieur de la chambre d’habitation,
est particulièrement rare. L’utilisation de techniques d’imagerie de pointe en paléontologie comme la
microtomographie synchrotron en contraste de phase (Tafforeau et al. 2006), nous ont permis d’imager
in situ les valves d’aptychi et la radula d’un specimen de Baculites sp. Grâce à la qualité des données
Synchrotron, des dents de 100 µm ont pu être virtuellement dégagées en trois dimensions, sans destruction du spécimen. Leur forme, leur taille et leur position relatives peuvent être étudiées, offrant
ainsi de nouvelles perspectives sur l’exploitation des masses buccales.
ENGESER T. & KEUPP H. 2002. Phylogeny of aptychi-possessing Neoammonoidea (Aptychophora nov., Cephalopoda). Lethaia,
24 : 79 – 96.
KRUTA I., ROUGET I., LANDMAN N.H, TANABE K., CECCA F. 2009. Aptychi microstructure in three Late Cretaceous Ancyloceratina (Ammonoidea), accepted in Lethaia.
TANABE K., LANDMAN N.H. 2002. Morphological diversity of the jaws of Cretaceous Ammonoidea. In : Gabhandlungen Der
Geologischen Bundesanstalt - Band 57, Wien, Februar 2002 — SUMMESBERGER H., HISTON K. & A. Daurer, 475 p.
TAFFOREAU P., BOISTEL R., BOLLER E., BRAVIN A., BRUNET M., CHAIMANEE Y., CLOETENS P., FEIST M. , HOSZOWSKA J., JAEGGER J-J., KAY R.F., LAZZARI V., MARIVAUX L., NEL A., NEMOZ C., THIBAULT X., VIGNAUD,
P. & ZABLER S. 2006. Applications of X-ray synchrotron microtomography for non-destructive 3D studies of paleontological
specimens. Applied Physics A, Materials Science & Processing. 83 : 195 – 202.
52
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
CHANGEMENTS CLIMATIQUES HOLOCÈNES AU SUD DU PÉROU
(REGION DU NEVADO COROPUNA, 15˚30 S, 72˚40 W, 6 380 m)
Adèle Kuentz1 , Marie-Pierre Ledru2 , Jean-Claude Thouret3
1 CERAMAC Maison de la Recherche 63057 Clermont-Ferrand cedex 1 et Institut Français des Etudes Andines ,
UMIFRE 17 CNRS-MAEE, La Paz, Bolivie ; [email protected]
2 IRD UMR 203 Whymper 442 y Coruña, Quito, Equateur ; [email protected]
3 Laboratoire Magmas et Volcans UMR 6524 Université Blaise Pascal 63038 Clermont-Ferrand, France
Le climat des Andes centrales est influencé à la fois par la circulation atlantique et par la circulation
pacifique qui régulent la distribution des précipitations tout au long de l’année. Dans ces régions arides,
moins de 250 mm de précipitation par an, la moindre variation d’humidité se trouve répercutée sur
la composition de l’environnement et les activités agricoles. Malgré tout, de nombreuses civilisations
s’y sont succédées en s’appuyant sur les ressources naturelles comme l’eau des glaciers. Or, depuis une
cinquantaine d’années, un retrait important de ces glaciers est observé. Que vont devenir les populations croissantes qui vivent dans les grands centres urbains de la côte du Pérou et pour lesquelles
l’alimentation en eau risque de devenir problématique ? Le site du Nevado Coropuna (15˚30 S, 72˚40
W, 6 380 m) constitue le premier enregistrement palynologique localisé sur le versant occidental du
Pérou qui couvre tout l’Holocène. La base d’une carotte de 13 m de profondeur est datée à 10 290
± 40 ans BP. L’analyse des résultats met en évidence quatre intervalles climatiques différents durant
les 10 000 dernières années. Notre calibration sur l’actuel nous permet de proposer les interprétations
suivantes : 1) Le début de l’Holocène (9 750–5 500 cal ans BP) est caractérisé par l’expansion des forêts
de Polylepis attribuée à des conditions climatiques plus humides et plus froides ; 2) L’Holocène moyen
(5 500–2 000 cal ans BP) est caractérisé par la présence d’une végétation arbustive qui caractérise un
réchauffement du climat. Un changement abrupt est mis en évidence à 4 800 cal ans BP ; 3) La fin de
l’Holocène (2 000–930 cal ans BP) montre le développement des tourbières et l’expansion d’Ambrosia.
Ces changements seraient liés soit à des conditions climatiques plus chaudes provoquant la fonte des
glaciers en amont soit à la stabilisation de terrasses agricoles ; 4) Les 1 000 dernières années sont caractérisées par l’expansion des Apiaceae et des Brassicaceae, attestant un changement climatique rapide
et des conditions plus sèches et plus froides. Les analyses paléoenvironnementales montrent qu’un assèchement progressif de ces régions arides est amorcé depuis 6 000 ans environ. Aujourd’hui, s’ajoute le
retrait accéléré des glaciers tropicaux. Ces informations attestent de l’urgence de rechercher des stratégies appropriées pour permettre aux populations de survivre pendant un réchauffement climatique.
KUENTZ A., LEDRU M.-P., THOURET J.C. (soumis). Environmental changes in the highland of the western Andean Cordillera
(southern Peru) during the Holocene. Global Change Biology.
KUENTZ A., GALAN DE MERA A., LEDRU M.-P. THOURET J.C. 2007. Phytogeographical data and modern pollen rain of
the puna belt in southern Peru (Nevado Coropuna, western Cordillera). Journal of Biogeography 34 : 1762 – 1776.
53
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
ANALYSES PRÉLIMINAIRES DES POLLENS ET DES MICRO-FOSSILES
NON POLLINIQUES DE TROIS ZONES HUMIDES EN PLAINE
BOURGUIGNONNE
Angélique Laine1 , Émilie Gauthier1 , Christophe Petit2 , Hervé Richard1
1 Université de Franche-Comté, Laboratoire Chrono-Environnement, UMR-CNRS 6249, 16 Route de Gray, 25030
Besançon Cedex, France ; [email protected]
2 Université de Bourgogne, UMR ARTeHIS 5594, 6 Bd Gabriel, 21000 Dijon Cedex, France
Dans la zone centre-est de la France, les données paléoenvironnementales disponibles proviennent
d’analyses effectuées sur des sites de moyenne montagne tels que le Massif jurassien (Gauthier &
Richard, 2007), le Massif vosgien (Woillard, 1975) et le Morvan (Jouffroy et al., 2004). Les données
issues d’analyses effectuées en basse altitude (en-dessous de 400 à 500 mètres) sont rares et très souvent
lacunaires. Pourtant, les secteurs de plaine sont mieux documentés d’un point de vue archéologique et
offrent également une grande diversité de milieux humides. Il s’avère toutefois que les zones humides
potentiellement intéressantes pour les analyses paléoenvironnementales sont faiblement représentées
comparées à celles des zones montagneuses (destruction de ces milieux liés à leur exploitation et à leur
démantèlement).
L’analyse des grains de pollen et des micro-fossiles non polliniques de trois séquences de faible
profondeur (1 à 2 m) collectées entre les Côtes bourguignonnes et la vallée de la Saône visent à
compléter le référentiel paléoenvironnemental dans ces secteurs délaissés par la palynologie. Les sites
analysés sont les suivants :
– La tourbière de la Lioche se situe au cœur de la Réserve Naturelle de la Truchère-Ratenelle
(Saône-et-Loire, 174 m), sur la plaine alluviale de la Seille. Les résultats polliniques révèlent que
la majeure partie de cette séquence concerne le Subatlantique et plus particulièrement les deux
derniers millénaires.
– Le marais de sans Fond (Fénay, Côte-d’Or, 210 m) est localisé au sud de l’agglomération dijonnaise. La combinaison des différents spectres polliniques associés à une date 14 C permet d’attribuer la base de cette séquence au Bronze final (Subboréal). Le reste du diagramme correspond
au Subatlantique.
– La troisième séquence a été effectuée dans la plaine dijonnaise, au sud-est de Dijon, au niveau
d’un ancien tracé du ruisseau de la Noire Potte (Izeure, Côte-d’Or, 194 m). D’après le cortège
floristique, la base de cette séquence démarre au début de l’Atlantique ancien ; elle est malheureusement suivie d’un hiatus sédimentaire qui couvre près de 5 000 ans. La présence de Carpinus
permet de relier le sommet du diagramme à la période du Subatlantique.
L’étude conjointe des pollens et des micro-fossiles non polliniques révèlent les différentes phases
d’évolution de la végétation liées aux activités humaines (présence des indices polliniques d’anthropisation classiques et des indicateurs agropastoraux (spores de champignons coprophiles tels que Sordaria,
Podospora, Cercophora)). Les variations de spores d’algues vertes (Zygnemataceae) et de pollens de
plantes aquatiques révèlent en outre les fluctuations des conditions édaphiques de ces zones humides,
que les raisons de ces fluctuations soient rattachées à des événements anthropiques (drainage ou création d’étang) ou climatiques.
GAUTHIER É. & RICHARD H. 2007. La forêt jurassienne au cours des deux derniers millénaires à la lumière de quelques diagrammes polliniques. In : Forêt, archéologie et environnement, Actes du colloque, 14-16 décembre 2004, Nancy : ONF-INRADRAC, 57 – 69.
JOUFFROY-BAPICOT I., PULIDO M., BARON S., GALOP D., MONNA F., LAVOIE M., PLOQUIN A., PETIT C., DE
BEAULIEU J.-L. & RICHARD H. 2004. Environmental impact of early palaeometallurgy : pollen and geochimical analysis,
Veget Hist Archaeobot, 16 : 251 – 258.
WOILLARD G. 1975. Recherches palynologiques sur le Pléistocène dans l’est de la Belgique et dans les Vosges lorraines. Thèse,
Louvain, Université catholique de Louvain, 118 p.
54
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
INDICATEURS PALÉOENVIRONNEMENTAUX ET TAPHONOMIQUES
DANS LES SPÉLÉOTHÈMES
Anne-Sophie Lartigot1 , Hélène Moné2
1 Centre Européen de Recherches Préhistoriques de Tautavel UMR 7194 CNRS Avenue Léon-Jean Grégory 66720
Tautavel, France ; [email protected]
2 Laboratoire de Biologie et d’Ecologie Tropicale et Méditerranéenne Université Via Domitia UMR 5244
CNRS-EPHE-UPVD 52 Avenue Paul Alduy 66860 Perpignan, France ; [email protected]
De nombreuses études ont montré que les spéléothèmes (concrétions carbonatées dans les grottes)
sont de précieuses archives paléoclimatiques, car ils enregistrent, au cours de leur formation, de multiples données paléoenvironnementales, à différentes échelles chronologiques et de résolution. Les pollens, qui figurent parmi ces indicateurs, peuvent en être extraits dans des quantités satisfaisantes. En
contexte archéologique, il apparaît que ces supports d’étude sont les plus favorables pour réaliser des
analyses palynologiques. Leur principe de formation, à partir des eaux d’infiltration, favorise la réalisation de différentes analyses pluridisciplinaires complémentaires, permettant à la fois de recadrer
correctement leur mise en place dans l’échelle chronostratigraphique du Quaternaire, mais également
de préciser les données paléoenvironnementales et paléoclimatiques obtenues.
Le pourtour Nord-Ouest Méditerranéen présente de nombreux sites, occupés par l’Homme préhistorique. Des analyses palynologiques ont été menées sur des spéléothèmes du Pléistocène moyen
et supérieur des sites français de la Caune de l’Arago (Tautavel, Pyrénées-Orientales) et du Lazaret
(Nice, Alpes-Maritimes) et de la grotte italienne de la Basura (Toirano, Ligurie). Les résultats obtenus
mettent en évidence des facteurs taphonomiques, inhérents à ce type de support sédimentaire. En effet, certains échantillons se sont révélés pauvres en matériel sporo-pollinique, mettant en évidence une
rétention du flux pollinique, éolien ou hydrologique, par le karst. Cependant, de nombreux spectres ont
pu être établis à partir de pollens et de spores particulièrement bien conservés et diversifiés. Il apparaît
alors qu’aucun processus de conservation différentielle ne soit intervenu. Les paléoenvironnements mis
en évidence sont de type interglaciaire, avec une composante locale particulièrement significative.
Lors de l’observation des palynofaciès, une quantité significative de palynomorphes non-polliniques
a été découverte. Il s’agit de différents œufs de vers (helminthes) parasites appartenant aux familles
suivantes :
– Taeniidae, de la classe des Cestodes,
– Dicrocoeliidae de la classe des Trématodes,
– Trichuridae du phylum des Nématodes.
Leur détermination systématique permet d’une part, de préciser quelques aspects de la taphonomie pollinique, et d’autre part, d’estimer le contexte paléontologique, rarement accessible dans les
spéléothèmes, grâce à l’identification du ou des hôtes, spécifiques à chaque parasite.
55
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
CHANGEMENTS PALÉOENVIRONNEMENTAUX DANS LA FORÊT
TROPICALE ANDINE AU COURS DE L’HOLOCÈNE (PAPALLACTA,
ÉQUATEUR) : PREMIERS RÉSULTATS
Marie-Pierre Ledru1 , Marjiori Herrera2, Pablo Samaniego3 , Silvana Hidalgo4
1 IRD UMR 203 Whymper 442 y Coruña, Quito, Ecuador ; [email protected]
2 Universidad Central del Ecuador, Dpt. Botánica, Quito, Ecuador ; [email protected]
3 IRD, Laboratoire Magma et Volcans, OPGC-Université Blaise Pascal, CNRS, IRD, 5 rue Kessler, 63038 Clermont
Ferrand, France ; [email protected]
4 Instituto Geofísico, EPN, Quito, Ecuador ; [email protected]
En Amérique du Sud, les forêts tropicales andines sont répertoriées comme étant des « points
chauds »de la biodiversité, c’est à dire où la diversité est la plus forte et où au moins 70% de la
couverture originelle a été perdue. Les forêts andines abritent 10% des espèces de la planète avec un
endémisme dépassant celui des autres écosystèmes, environ 50% des espèces ne sont trouvées nulle
part ailleurs. Elle contiennent des taxa dérivés du Gondwana, de nombreuses plantes de la famille des
Lauraceae ainsi que des genres qui ne sont pas observés dans les basses altitudes. Les Hommes vivent
dans les Andes tropicales depuis plusieurs millénaires, où ils ont développé des cultures uniques comme
la pomme de terre et le tabac. Aujourd’hui l’exploitation de la coca entraîne le défrichement de milliers
d’hectares de la forêt andine de la Cordillère Orientale. Ces forêts ont presque disparu et ont fait l’objet
d’une classification parmi les écosystèmes à protéger en priorité (Myers 200). D’autre part, les rapports
du GIEC (2007) prédisent une augmentation des précipitations annuelles de l’ordre de 5 à 10% et une
élévation de la température de 2 à 3˚C par rapport à la fin du siècle dernier. Ces changements auront
aussi un impact important sur les écosystèmes et les populations, nombreuses et pauvres, qui cultivent
ces régions d’altitude depuis des millénaires.
La tourbière de Papallacta (00˚21’30 S, 78˚11’37 W) est située à 3 800 m d’altitude sur la limite
supérieure de la forêt andine, au niveau des Paramos, ou prairie d’altitude, et des forêts de Polylepis,
un arbre de la famille des Rosacées que l’on trouve dans les prairies sous forme de bosquet. Le climat
actuel est régulé par le balancement saisonnier de la Zone de Convergence Inter Tropical avec 2 périodes
sèches, entre juillet et septembre et en décembre. Les précipitations annuelles sont de 1 325 mm et les
températures moyennes annuelles de 9,5˚C. Les précipitations sont régulées par la ZCIT ainsi que par la
condensation de l’humidité provenant du bassin amazonien le long des pentes de la Cordillère Orientale.
Pendant les phases El Niña de l’ENSO, les précipitations peuvent doubler et le glacier de l’Antisana
avance de plusieurs dizaines de mètres. Un premier carottage effectué en janvier 2008 a atteint 9 mètres
de profondeur. Il recoupe de nombreux niveaux lithologiques ainsi que des tephras provenant des
volcans environnants dont le plus proche, l’Antisana. Une reconstitution tephra-chronologique couplée
à des datations radiocarbone permet de construire un cadre chronologique très précis des changements
environnementaux qui se sont produits au cours des 5 000 dernières années. Notre projet a pour objectif
de retracer toutes les réponses possibles de ces écosystèmes aux changements climatiques, anthropiques
et volcaniques. Un atlas des grains de pollen de référence des végétations andines est en cours ainsi
que des calibrations palynologiques et biogéochimiques sur l’actuel.
56
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
À LA POURSUITE D’UNE CHIMÈRE : RECONSTITUTION DE LA
MORPHOLOGIE DE PLASIACYSTIS MOBILIS, UN SOLUTE
(ECHINODERMATA, BLASTOZOA) ATYPIQUE DE L’ORDOVICIEN
PÉRI-GONDWANIEN
Bertrand Lefebvre1 , Renaud Roch2
1 UMR CNRS 5125 PEPS, Université Lyon 1, France ; [email protected]
2 Office Cantonal de la Culture, Paléontologie A16, Porrentruy, Suisse ; [email protected]
Les solutes sont des échinodermes paléozoïques (Cambrien moyen – Dévonien inférieur) caractérisés
par la possession d’un appendice nourricier unique (brachiole), d’une thèque asymétrique, constituée
d’un grand nombre de plaques et enfin, d’un pédoncule (stèle) pouvant servir à la fixation ou à la locomotion. Chez la plupart des solutes, la stèle est différenciée longitudinalement en une région proximale,
courte et particulièrement flexible, et une région distale, nettement plus longue et rigide.
Un solute à la morphologie très atypique, Plasiacystis mobilis, a été décrit récemment dans l’Ordovicien moyen de la République tchèque. En effet, d’après la reconstitution proposée par Prokop &
Petr (2003) : 1) la présence d’un brachiole semble hypothétique ; 2) la morphologie et la position du
périprocte seraient très différentes de celles observées chez tous les autres solutes ; 3) la région proximale du pédoncule serait particulièrement longue et enfin, 4) la partie distale de la stèle formerait une
palette aplatie en forme de « queue de castor ».
Au cours des cinq dernières années, des restes attribuables à Plasiacystis ont été découverts dans
l’Ordovicien inférieur de l’Anti-Atlas (Maroc) et de la Montagne Noire (France), ainsi que dans l’Ordovicien moyen du Shropshire (Royaume-Uni). L’examen du matériel marocain, très abondant (plus
d’une centaine d’individus) et remarquablement conservé, a permis de mettre en évidence l’existence
d’un brachiole unique et de confirmer la morphologie très particulière de la région distale de la stèle.
Cependant, il montre également que la morphologie des échantillons marocains présente plusieurs différences significatives (périprocte, région proximale de la stèle) avec la reconstitution de Prokop & Petr
(2003).
Le réexamen du matériel original de P. mobilis déposé dans les collections de Prague (Narodni
Muzeum) a permis d’établir : 1) que les solutes marocains et tchèques ne présentent aucune différence
morphologique, mais que, 2) la reconstitution proposée par Prokop & Petr (2003) est erronée. Il s’agit
d’une chimère mêlant les restes d’au moins trois organismes distincts : 1) un éocrinoïde de grande
taille, possédant un cadre marginal bien différencié (thèque et périprocte), 2) un édrioastéroïde de type
Pyrgocystis (région proximale de la stèle) et enfin 3) un véritable solute (partie distale du pédoncule).
Il en résulte que la morphologie générale de Plasiacystis apparaît désormais nettement moins atypique,
même si elle se distingue de celle de tous les autres solutes de par la transformation de la région distale
de la stèle en une courte palette aplatie.
PROKOP R. & PETR V. 2003. Plasiacystis mobilis, gen. et sp. n., a strange « carpoid » (Echinodermata, ?Homoiostelea : Soluta)
in the Bohemian Ordovician (Czech Republic). Acta Musei Nationalis Pragae, B, Natural History, 59 : 151 – 162.
57
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
PREMIERS RÉSULTATS DE LA BASE DE DONNÉES ET DU S.I.G.
PALYNOLOGIQUES SUR L’ÂGE DU FER
Chantal Leroyer1 , Muriel Boulen2 , Thierry Lorho3 , Dominique Marguerie4 ,
Béatrice Prat5 , Jacqueline Argant6
1 MCC - UMR 6566 CReAAH / Laboratoire Archéosciences, Beaulieu, 35042 Rennes Cedex, France ;
[email protected]
2 INRAP - UMR 7041 ArScAn / Centre de Recherches Archéologiques, Abbaye St Jean des Vignes, 02 200 Soissons,
France ; [email protected]
3 MCC - UMR 6566 CReAAH / SRA de Bretagne, Beaulieu, Avenue Charles Foulon, 35700 Rennes, France ;
[email protected]
4 CNRS - UMR 6566 CReAAH / Laboratoire Archéosciences, Beaulieu, 35042 Rennes Cedex, France ;
[email protected]
5 UMR 6042 GEOLAB / Maison des Sciences de l’Homme, 4, rue Ledru 63057 Clermont-Ferrand Cedex, France ;
[email protected]
6 ESEP-UMR 6636 / Institut Dolomieu, 15 rue Maurice Gignoux, 38031 Grenoble Cedex, France ;
[email protected]
L’élaboration d’une base de données polliniques sur l’âge du Fer et le S.I.G. qui en découle, ont été
réalisés dans le cadre d’un programme plus général de géoréférencement des études sur les habitats de
l’âge du Fer (F. Malrain et G. Blanquaert dir). Dans son état actuel, cette base de données ne regroupe
qu’un peu plus de 800 spectres polliniques, issus de 93 stations, avec une forte variabilité du nombre
d’échantillons étudiés par site (1 à 36). Cet inventaire, non-exhaustif est limité aux contributions de
cinq laboratoires avec sept zones géographiques plus ou moins documentées : l’Aquitaine, le Massif
armoricain, le Bassin parisien, le Nord, la Lorraine, le Massif central et la région Rhône-Alpes. Quatre
types de séquences ont été pris en compte : les sites archéologiques de milieu sec (51 études), les sites
archéologiques de milieu humide (14 études), les profils organiques situés à proximité d’occupations
protohistoriques (14 études) et les séquences naturelles (14 études). Le critère de fiabilité des données
étant pris en considération, près d’un tiers des études ont été écartées. Les 66 analyses subsistantes
peuvent couvrir tout l’Age du Fer ou n’en illustrer qu’une partie avec une forte variabilité du nombre
d’échantillons par période. Différentes requêtes ont été formulées pour appréhender le paysage végétal et
son anthropisation : la distribution des cinq principaux ligneux, l’importance des principales formations
arborées (forêts, bois clairs de reconquête, ripisylve, landes. . . ) et herbacées (prairies sèches, prairies
humides, rudérales et adventices . . . ) ainsi que la présence de taxons cultivés (céréales, sarrasin, fève,
lin, châtaignier, noyer. . . ). L’interrogation de chaque type d’information en fonction de la nature des
sites et de leur attribution chronologique a déjà livré quelques résultats intéressants. La distribution
des principaux ligneux varie surtout en fonction des zones géographiques et de la localisation des sites
(vallées ou plateaux) mais la nature de l’échantillonnage (structures archéologiques ou profils naturels)
intervient également. Les variations perçues dans l’ouverture du paysage relèvent de la localisation
des sites autant que de leur attribution chronologique mais la nature des sites (biais taphonomique)
peut intervenir. La perception des activités agricoles (plantes cultivées et adventices) n’apparaît pas
systématique et ne traduit aucune progression explicite. La démarche du S.I.G. n’a pas entraîné de
profondes modifications des interprétations mais permet d’avoir une lecture plus générale des analyses
polliniques. Ainsi, la nature des sites (« secs »ou « humides », liés ou non à des occupations humaines)
joue un rôle déterminant sur les enregistrements polliniques. Les interrogations chronologiques ont
révélé deux « seuils »majeurs d’ouverture et de rudéralisation du milieu : d’une part entre les phases
ancienne et moyenne de La Tène et d’autre part lors du passage à La Tène finale.
58
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
CHRONOLOGIE DES CHANGEMENTS DE LA COUVERTURE VÉGÉTALE
DES ZONES DÉSERTIQUES À LA LIMITE NORD DE LA ZONE
D’INFLUENCE DES MOUSSONS ATLANTIQUE ET INDIENNE AU COURS
DE LA FIN DE LA PÉRIODE HUMIDE HOLOCÈNE
Anne-Marie Lézine
Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, UMR 1572 CNRS-CEA-UVSQ, CEA Orme des Merisiers,
91191, Gif-sur-Yvette Cedex, France ; [email protected]
L’analyse palynologique de trois nouveaux sites d’Afrique du Nord (lac Yoa au Tchad), d’Arabie
(mangrove de Kwar al Jaramah en Oman) et du Pakistan (carotte marine SO90–56KA) permet de
discuter de la réponse des écosystèmes (terrestres et aquatiques) au passage des conditions humides à
sèches à la fin de la période humide holocène dans les domaines de la mousson atlantique et indienne. Les
données montrent que les conditions hydrologiques locales ont joué un rôle majeur dans la destruction
ou la survie des espèces d’arbres tropicaux à la fin de la période humide holocène. Elles expliquent en
partie l’asynchronisme des changements environnementaux dans la plupart des régions tropicales. Dans
les zones désertiques, la réponse des écosystèmes aquatiques au basculement des conditions climatiques
humides vers des conditions arides semble avoir été rapide, soumise à des effets de seuil. En revanche,
les écosystèmes terrestres se sont peu à peu adaptés à une sécheresse croissante comme en témoigne
la disparition progressive des espèces d’arbres tropicaux au Tchad ou l’extension dans les écosystèmes
arides en Oman et au Pakistan entre 6 000 ans cal BP et aujourd’hui. Un remarquable synchronisme
est enregistré dans l’évolution de l’environnement à limite nord de la zone d’influence des moussons
atlantique et indienne à la fin de la période humide holocène avec la dernière occurrence d’arbres
tropicaux dans le désert et le dernier enregistrement prolongé des pluies de la mousson du SW en Asie
occidentale à 4 700–4 500 ans cal BP.
59
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
ÉTUDE BIOSTRATIGRAPHIQUE DES KYSTES DE DINOFLAGELLÉS DU
STRATOTYPE HISTORIQUE DE L’AQUITANIEN (MIOCÈNE INFÉRIEUR)
Sureje Lopes, Laurent Londeix
Université de Bordeaux, UMR CNRS EPOC 5805 – avenue des Facultés, F-33405 Talence Cedex, France ;
[email protected];[email protected]
Défini par Mayer-Eymar en 1858, le stratotype historique de l’Aquitanien avait été réduit par l’usage
à trois coupes principales (e.g. Dollfus, 1909 ; Dutertre, 1920 ; Vigneau & Marks, 1971 ; Alvinerie &
Caralp, 1977). De nouvelles études de terrain tenant compte de la néotectonique dans la zone du
stratotype viennent d’être finalisées (L. Londeix, en cours). Une coupe composite inédite, de 35 m de
puissance, a ainsi pu être reconstituée, présentant des niveaux marins jusque là non étudiés.
S’appuyant sur un mode de préparation palynologique adapté aux faluns (Londeix & Jan du Chêne,
1987), une étude biostratigraphique des kystes de dinoflagellés a été menée sur l’ensemble du stratotype.
Les dinokystes se sont avérés présents dans la plupart des 51 niveaux analysés, sans toutefois montrer une grande diversité. Les assemblages sont très largement dominés par Polysphaeridium zoharyi,
comme précédemment signalé par Caratini & Sivak (1974) qui n’avaient rencontré que ce taxon et
Operculodinium centrocarpum. En revanche, le présent travail a permis de recenser plus d’une trentaine d’autres taxons, parmi lesquels les espèces euryhalines sont abondantes : e.g. Polysphaeridium
congregatum, Polysphaeridium subtile, Homotryblium aculeatum, Homotryblium bifurcatum, Homotryblium pallidum, Homotryblium tenuispinosum, Lingulodinium machaerophorum, Operculodinium centrocarpum, Spiniferites ramosus. Outre quelques espèces ubiquistes (e.g. Selenopemplix nephroides,
Spiniferites bulloideus, Spiniferites cf. membranaceus, Spiniferites delicatus, Spiniferites hyperacanthus,
Spiniferites mirabilis, Spiniferites ramosus multiplicatus, Hystrichokolpoma rigaudiae) on retrouve un
cortège de dinokystes typique du Miocène inférieur, avec notamment : Achomosphaera callosa, Apteodinium australiense, Apteodinium emslandense/mecsekense, Cordosphaeridium cantharellum, Dapsilidinium pseudocolligerum, Distatodinium paradoxum, Glaphyrocysta dentata, Glaphyrocysta cf. texta,
Heteraulacacysta campanula, Hystrichokolpoma cf. globula, Hystrichokolpoma denticulatum, Hystrichokolpoma elliptica, Hystrichosphaeridium tubiferum, Melitasphaeridium choanophorum, Pentadinium laticinctum granulatum, Spiniferites ovatus. La grande majorité de ces taxons étant encore présents dans
le Burdigalien stratotypique local (Londeix & Jan du Chêne, 1998).
Dans le contexte environnemental proximal de l’Aquitanien stratotypique, il semble difficile de
distinguer cet étage du Burdigalien bordelais sur la base des dinokystes.
60
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
FLUCTUATIONS CLIMATIQUES HOLOCÈNES : NOUVEAU REGARD SUR
LES DONNÉES ARCHÉOBOTANIQUES DU MASSIF ARMORICAIN
Nancy Marcoux, Dominique Marguerie
UMR 6566, CReAAH, CNRS, Université de Rennes 1, Laboratoire Archéosciences, Beaulieu, 35042 Rennes Cedex,
France ; [email protected];[email protected]
Jusqu’à présent, les analyses paléobotaniques sur le Massif armoricain avaient peu été exploitées
dans le sens d’un enregistrement des fluctuations climatiques holocènes de cette région. La nature
océanique de son climat était mise en cause pour expliquer la grande difficulté de saisir la composante
climatique dans les évolutions environnementales enregistrées. Or une nouvelle approche des données
basée sur le positionnement chronologique de faits paléobotaniques a permis de saisir certaines pistes
qui demandent à être exploitées.
L’essentiel des travaux palynologiques du Massif armoricain est effectué sur des zones humides,
bas-marais et tourbières, fort nombreuses et variées régionalement. Ces milieux sont particulièrement
sensibles aux fluctuations du niveau de la nappe phréatique, qui se lisent principalement dans les
courbes polliniques des ligneux hygrophiles (dont l’aulne principalement) et des herbacées aquatiques.
Les premières analyses effectuées selon cette approche montrent qu’à l’intérieur de la péninsule armoricaine, les périodes de hautes nappes phréatiques sont synchrones avec les périodes de hauts niveaux
lacustres enregistrés dans l’est de la France. Sur le littoral, le phénomène s’inverse ; la nappe phréatique fluctuant au gré du niveau marin, ce sont de bas niveaux qui correspondent chronologiquement
aux péjorations climatiques. Outre ces enregistrements, la palynologie a permis de mettre au jour la
sensibilité aux fluctuations climatiques d’espèces qui sont, en Bretagne, à la limite ouest ou nord de
leur aire de répartition. Par exemple, les enregistrements polliniques du pin et du chêne vert opèrent un
chassé-croisé sur le littoral sud de la péninsule en phase avec l’alternance des périodes froides/humides
et chaudes/sèches.
Portant sur une quinzaine de zones humides, ces premiers résultats montrent néanmoins le haut
potentiel du Massif armoricain qui comporte plus de 300 sites d’études paléobotaniques holocènes. Ces
observations restent à valider entre autre par des datations 14 C des faits paléobotaniques relevés. Elles
demandent aussi à être approfondies par l’analyse d’autres sites et la recherche d’autres marqueurs ou
proxys. Ces travaux s’inscrivent dans un projet plus vaste qui a pour objectif l’établissement d’un cadre
climatique holocène pour la région, projet pluridisciplinaire développé au sein du Centre de Recherche
en Archéologie, Archéosciences et Histoire (CReAAH).
61
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LES PALYNOMORPHES NON-POLLINIQUES (NPP), DES INDICATEURS
DE CHANGEMENT DE SALINITÉ ET D’ENVIRONNEMENT DANS LE
COULOIR MÉDITERRANNÉE – MER NOIRE
Fabienne Marret1 , Peta J. Mudie2 , Suzanne A.G. Leroy3
1 Department of Geography, University of Liverpool, Liverpool L69 7ZT, UK ; [email protected]
2 Geological Survey Canada Atlantic, Box 1006, Dartmouth, Nova Scotia B2Y 4A2, Canada
3 Institute for the Environment, Brunel University, Uxbridge UB8 3PH, West London, UK
Les études palynologiques effectuées dans le couloir Méditerranée – Mer Noire (y compris la Mers
Caspienne et Aral) ont surtout porté sur le pollen et les spores à des fins paléoécologiques et chronostratigraphiques. Jusqu’à récemment, il y a eu que peu d’études sur les palynomorphes non polliniques (ou
NPP, non-pollen palynomorphs), tels que les kystes de dinoflagellés, les spores d’algues et de champignons et des restes d’animaux. De nouvelles études des NPP dans ces mers intracontinentales, estuaires
et lacs montrent qu’ils peuvent être de bons marqueurs des changements de la salinité, d’apports de
nutriments et de l’activité anthropogénique, comme les décharges des ballasts de bateaux et l’agriculture. Un total de 48 NPP taxons ont été identifiés dans 37 échantillons de surface (y compris les
derniers 1 000 ans), prélevés le long d’un gradient de salinité, de 16 au large du Danube à plus de 39
dans les mers d’Egée, Méditerranée et Rouge, dans deux lacs salés en Crimée, dans les mers Caspienne
et Aral, et dans des lacs de montagne en Iran et Kazakhstan. Les affinités biologiques de certains NPP
seront présentées et les résultats initiaux de cette étude seront discutés en terme de leur signifiance
pour retracer l’histoire de ce couloir, notamment les impacts de l’activité humaine et les changements
de salinité.
62
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LE CYCLE DE VIE À THÈQUE CELLULOSIQUE D’UNE PERIDINIACEAE
(DINOFLAGELLÉS) DE L’ALBIEN TERMINAL, FOSSILISÉE DANS
L’AMBRE D’ARCHINGEAY (CHARENTE-MARITIME)
Edwige Masure1 , Jean Dejax2 , Gaël De Ploëg3
1 UMR-CNRS 7072, Université Pierre et Marie Curie, 4 place Jussieu 75005 Paris, France
2 UMR-CNRS 7072, Muséum national d’Histoire naturelle, Département "Histoire de la Terre", Case postale 38, 57
rue Cuvier, 75231 Paris Cedex 05, France
3 Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement des Pays de l’Oise, Ferme du Château d’Aramont, 1 rue
Saint-Pierre, 60410 Verberie, France
Depuis 1999, plusieurs gisements d’ambre ont été découverts en Charente-Maritime et celui d’ArchingeayLes Nouillers, le premier répertorié, s’est avéré fossilifère. Ce niveau, A1sl2, se situe vers la base de
la coupe dans la formation A1 constituée d’argile lignitifère et de sable (Néraudeau et al., 2002). Le
gisement a livré de nombreuses macro-inclusions (Nel et al., 2004 ; Perrichot et al., 2004) et microinclusions (Girard et al., 2008) d’organismes dans l’ambre, provenant d’un environnement paralique,
situé à la frontière entre les eaux douces et marines, qui prévalait à l’Albien terminal et au cours du
Cénomanien. Des diatomées marines ont été récemment identifiées dans cette résine fossile (Girard et
al., 2009).
Des dinoflagellés ont été également observés dans l’ambre du niveau fossilifère. Dans le registre
fossile, les dinoflagellés en matière organique sont exclusivement représentés, à part de très rares exceptions, par des kystes de résistance, les hypnozygotes ou dinokystes, à paroi très résistante constituée
de dinosporine (Fensome et al., 1993). Dans l’argile lignitifère des dinokystes marins ont été identifiés,
qui ont permis de dater de l’Albien terminal probable le gisement fossilifère (Dejax & Masure, 2005).
L’excellente conservation d’une trentaine de spécimens inclus dans l’ambre permet de reconstituer le
cycle biologique de l’espèce engluée dans la résine, comportant les différentes phases de sa reproduction
végétative et sexuée. La résine a saisi un instantané de la vie des cellules, qui normalement sont détruites
au cours des processus de fossilisation. En effet, les dinoflagellés prisonniers de l’ambre sont des thèques
cellulosiques et non des kystes en dinosporine. La plupart de ces thèques sont des schizontes qui
possèdent une tabulation péridinoïde de type bipesoïde (ortho, hexa) ; elles sont entières ou scindées en
deux parties. Ces épithèques et hypothèques ecdysiales isolées témoignent du fait que les thèques étaient
en cours de division végétative. De forts indices attestent la conjugaison de deux cellules et de l’existence
de la reproduction sexuée chez cette espèce (deux épithèques accolées et appariées/ailleurs juxtaposition
de deux cytoplasmes libérés). De plus rares cellules ventrues, peu ornées, attestent l’existence du
développement des planozygotes à la suite de la conjugaison.
Le schéma du cycle biologique de l’espèce fossilisée dans l’ambre est reconstitué à l’aide des observations et de la connaissance du cycle biologique des Peridiniaceae actuelles. Une hypothèse expliquant
la présence de dinoflagellés dans l’ambre est émise. L’espèce cellulosique est comparée aux kystes de
résistance retrouvés dans l’argile lignitifère encaissante qui représentent les hypnozygotes du cycle
biologique de Peridiniphycidae (Peridiniales et Gonyaulacales).
Grâce au milieu de conservation exceptionnelle qu’est l’ambre, la phase cellulosique du cycle de vie
d’une espèce de dinoflagellé de la famille des Peridiniaceae de l’Albien terminal est mise en évidence
pour la première fois.
63
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
DEJAX J. & MASURE E. 2005. Analyse palynologique de l’argile lignitifère d’Archingeay (Charente Maritime, France). Comptes
Rendus Palévol, 4 : 53 – 65.
FENSOME R.A., TAYLOR F.J.R., NORRIS G., SARJEANT W.A.S., WHARTON D.I., & WILLIAMS G.L. 1993. A classification of living and fossil dinoflagellates. Micropaleontology special publication, 7. American Museum Natural History, 351 p.
GIRARD V., NÉRAUDEAU D., BRETON G., SAINT-MARTIN S. & SAINT-MARTIN J.-P. 2008. Contamination of amber
samples by recent microorganisms and remediation evidenced by mid-Cretaceous amber of France. Geomicrobiology Journal,
26 : 1 – 10.
GIRARD V., SAINT-MARTIN S., SAINT-MARTIN J.-P., SCHMIDT A. R., STRUWE S., PERRICHOT V., BRETON G., &
NÉRAUDEAU D. 2009. Exceptional preservation of marine diatoms in upper Albian amber. Geology, 37 : 83 – 86.
NEL A., PERRAULT G., PERRICHOT V. & NÉRAUDEAU D. 2004. The oldest ant in the Lower Cretaceous amber of CharenteMaritime (SW France) (Insecta : Hymenoptera : Formicidae). Geologica Acta, 2 : 23 – 29.
NÉRAUDEAU D., PERRICHOT V., DEJAX J., MASURE E., NEL A., PHILIPPE M., MOREAU P., GUILLOCHEAU F. &
GUYOT T. 2002. Un nouveau gisement a ambre insectifère et à végétaux (Albien terminal probable) : Archingeay
(Charente-Maritime, France). Geobios, 35 : 233 – 240.
PERRICHOT V. 2004. Early Cretaceous amber from south-western France : Insight into the Mesozoic litter fauna. Geologica Acta,
2 : 9 – 22.
PERRICHOT V., NEL A. & NÉRAUDEAU D. 2004. A new, enigmatic, Evaniomorphanwasp in the Albian amber of France (Insecta : Hymenoptera). Journal of Systematic Palaeontology, Cambridge University Press, 2(2) : 159 – 162.
64
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
APPROCHE ARCHITECTURALE DE L’ÉVOLUTION DES PREMIERS
ARBRES. IMPLICATIONS PHYLOGÉNÉTIQUES ET
PALÉOENVIRONNEMENTALES
Brigitte Meyer-Berthaud, Anaëlle Dambreville
Botanique et Bioinformatique de l’Architecture des Plantes (UMR AMAP), CIRAD, Boulevard de la Lironde, F-34398
Montpellier Cedex 5, France ; [email protected];[email protected]
Au Dévonien, les premières plantes terrestres expérimentent une phase d’innovation morphologique
sans précédent conduisant à l’élaboration des premiers arbres chez trois grands groupes de plantes. Ce
sont, par ordre chronologique, les Cladoxylopsida (monilophytes), les Archaeopteridales (lignophytes)
et les lycophytes. Je résumerai les découvertes récentes réalisées sur l’architecture des arbres chez les
Cladoxylopsida du Dévonien. Je montrerai plus particulièrement l’apport des recherches effectuées à
Montpellier sur le genre Pietzschia à la compréhension des modalités de croissance de ces plantes.
Ces travaux constituent le socle sur lequel nous sommes en train d’élaborer l’analyse phylogénétique
des Cladoxylopsida afin de mieux comprendre les relation du groupe au sein des fougères s.l. (monilophytes). Nos résultats concernant l’architecture des Cladoxylopsida constituent également le point
d’entrée d’un projet permettant d’étudier le lien entre l’évolution de l’arborescence et les changements
biogéochimiques de grande ampleur qui ont eu lieu à la fin du Dévonien. En prospective, une étude
similaire dans les approches et les objectifs sera conduite sur les lignophytes à partir de l’étude architecturale approfondie du genre Archaeopteris.
65
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
GIVETIAN PATCH REEFS IN AVESNOIS AND BOULONNAIS
Bruno Mistiaen, Benoît L.M. Hubert
Laboratoire de Paléontologie stratigraphique, ISA – FLST, Géosystèmes UMR 8157 CNRS. 41 rue du Port F-59046
Lille Cedex, France ; [email protected];[email protected]
Givetian is worldly known, as the period where the reefal environment presented the optimal
development (Copper, 2002). This period is characterized by a lot of « reefs »— mainly bioherms and
biostromes — in which the involved builder’s organisms are essentially stromatoporoids, tabulate and
rugose corals. But many other organisms, such as cyanobacteria, bryozoans, and worms. . . , are also
associated and can play locally an important part like builders.
In the Givetian of the Glageon quarry (Avesnois, North of France) several small buildups, metric
in size, have been observed on a bed surface (The outcrop is now wired away by exploitation). These
masses are exclusively situated in the same level located about 10 meters above the base of the Terres
d’Haurs Formation. They are circular in form and the largest get about 1.5m in diameter but most of
them are smaller (20 to 30 cm in diameter). These patch-reefs are particularly numerous, their density
gets about 12 to 15 by 20 m2 ; they develop small elevations above the surface of the bed.
Microfacies correspond to a wackestone and rarely packstone rich in gastropods and ostracods, with
some traces of bioturbations and paleosiphonoclads algae.
In the Givetian of the Banc Noir quarry (Boulonnais, North of France) previous works on similar
small reefs (size and morphology) were performed by Mistiaen & Poncet (1983a, b). They correspond
to small patch reefs, metric in size, and laterally distant of 12 to 17 m ; they are located at the top
of the « term c »of the Griset Member (Blacourt Formation) just inside the second doubling shaly
level recognized by Magne (1964). These patch-reefs are exclusively made-up by the association of
cyanophycea algae and abundant annelids, i.e. Spirorbis and Trypanopora.
Comparisons are performed between these two reefal levels relatively similar in age. In the Boulonnais, the reefal level is confined in the upper part of the « fauna III », conodont zonation with Icriodus
eslaensis — I. brevis gr. and I. aff. I. subterminus recognized by Bultynck (in Brice et al., 1979).
In Ardennes, the « fauna III »appears 75 m above the base of the Givetian (comm. P. Bultynck,
SDS 1985) in the Terres d’Haurs Formation, and is also located into the brevis zone (Bultynck et al.,
1991).
BULTYNCK P. 1979. Données biostratigraphiques nouvelles sur le Givétien et le Frasnien de Ferques (Boulonnais, France). In
Brice et al., Annales de la Société géologique du Nord, 98, 325–344.
BULTYNCK P. et al. 1991. Les formations du Dévonien moyen de la Belgique. Mémoires pour servir à l’explication des Cartes
Géologiques et Minières de la Belgique, 30, 1 – 106.
COPPER P. 2002. Silurian and Devonian reefs : 80 millions years of global greenhouse between two ice ages. In Phanerozoic Reef
Patterns, SEPM Special Publication, 72, 181 – 238.
MAGNE F. 1964. Données micropaléontologiques et stratigraphiques dans le Dévonien du Boulonnais (France) et du Bassin de
Namur (Belgique). Thèse de 3ème cycle, Université de Paris, 172 p.
MISTIAEN B. & PONCET J. 1983a. Stromatolithes, Serpulidés et Trypanopora (Vers ?), associés dans de petits biohermes givétiens du Boulonnais (France). Palaeogeography – Climatology – Ecology, 41 : 125 – 138.
MISTIAEN B. & PONCET J. 1983b. Evolution sédimentologique de petits biohermes à Stromatolithes et Vers dans le Givétien
de Ferques, Boulonnais. Annales de la Société géologique du Nord, CII : 205 – 216.
66
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
DISTRIBUTION DES GRAINS DE POLLEN DANS LES SÉDIMENTS
MARINS DE SURFACES EN PATAGONIE CHILIENNE
Vincent Montade, Nathalie Combourieu-Nebout
Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, UMR 1572 CNRS/UVSQ/CEA, LSCE-Orme, CEA-Orme
des Merisiers, F-91191 Gif-sur-Yvette Cedex, France ;
[email protected];[email protected]
Pour comprendre les changements climatiques à l’échelle globale, il est essentiel d’obtenir des données paléoenvironnementales et paléoclimatiques dans l’Hémisphère Sud. Ces dernières sont encore
fragmentaires dans le sud du Chili et ne couvrent le plus souvent que la période Holocène. La campagne océanographique « Pachiderme »MD/159 (Kissel & Leau 2007) a permis de récolter de nombreuses carottes entre 40˚et 55˚S en océan ouvert le long des côtes et dans les fjords de la Patagonie
chilienne.
Avant d’étudier la dynamique des écosystèmes et du climat au cours du dernier cycle climatique,
nous avons analysé le contenu palynologique de 32 sommets de carottes marines prélevées au cours
de cette campagne. Ce qui a permis de tester la fiabilité de la représentation de la végétation dans
les spectres polliniques en fonction de (1) l’éloignement des côtes, (2) la profondeur des carottes,
(3) l’influence des vents d’Ouest et (4) des courants océaniques, (5) la distribution de la végétation
émettrice actuelle.
Seuls 25 des échantillons de surfaces étudiées ont révélé des concentrations polliniques suffisamment
élevées pour obtenir des analyses statistiques fiables. Ces échantillons ont permis de dessiner des cartes
de dissémination pour les taxons polliniques les plus représentatifs de la végétation actuelle. Nos
résultats, présentés sous formes de cartes d’ « isoreprésentation »permettent tout d’abord de montrer
que dans cette région les concentrations en grains de pollen et spores dans les sédiments marins varient
en fonction de l’éloignement par rapport aux côtes et de la profondeur des sites étudiés. Nos échantillons,
prélevés selon un transect Nord Sud, mettent en évidence l’influence des vents d’Ouest renforcée dans
la partie australe du Chili, qui rendent impossible la dissémination des grains de pollen en océan
ouvert entre 48˚et 55˚S. Nos résultats montrent, en outre, que la distribution des grains de pollen
au large des côtes chiliennes est liée à la répartition des taxons dans la végétation émettrice sur le
continent. Ainsi, les assemblages polliniques trouvés le long de notre transect Nord Sud reflètent les
zones bioclimatiques connues de la Patagonie chilienne. Ces derniers résultats soulignent la fiabilité de
ces analyses polliniques. Elles serviront donc de témoin, pour interpréter les futures analyses polliniques,
qui permettront de reconstituer les modifications de la végétation dans cette région durant le dernier
cycle climatique.
KISSEL C. & LEAU H. 2007. /MD159/IMAGES XV PACHIDERME Cruise Report./ Les rapports de campagnes à la mer, Institut Polaire Français Paul Emile Victor. 105p.
67
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
ASPECTS PHYLOGÉNÉTIQUES ET BIODYNAMIQUES DE LA
DIVERSIFICATION DES BLASTOZOAIRES (ECHINODERMATA) AU
PALÉOZOÏQUE INFÉRIEUR
Elise Nardin1,3 , Bertrand Lefebvre2 , Bruno David3
1 UMR CNRS-IRD 5563 LMTG, 14 av E. Belin, 31400 Toulouse, France ; [email protected]
2 UMR CNRS 5125 PEPS, 2 rue R. Dubois, 69222 Villeurbanne, France ; [email protected]
3 UMR CNRS 5561 Biogéosciences, 6 bd Gabriel, 21000 Dijon, France ; [email protected]
Depuis 40 ans, nos connaissances sur la diversification et la phylogenèse des échinodermes ont
considérablement progressé. Malgré de nombreuses avancées, la quantification de leur diversification
demeure encore très incomplète et les relations de parenté entre les clades majeurs restent méconnues
et controversées. Les principales difficultés concernent la position phylogénétique des clades éteints
au cours du Paléozoïque (Blastozoa, Camptostromatoidea, Edrioasteroidea, Helicoplacoidea et Stylophora). Leurs morphologies sont en effet souvent difficiles à comparer à celles des représentants des
cinq classes actuelles et donc à intégrer dans une version cohérente du phylum. La monophylie de
groupes tels que les blastozoaires ou les homalozoaires reste débattue, tout comme l’appartenance de
certaines classes (cinctas, cténocystoïdes, solutes) aux blastozoaires, aux homalozoaires, voire même,
aux échinodermes. Ce véritable imbroglio, lié à l’absence d’un schéma d’homologies applicable à tous
les échinodermes, est à l’origine d’une profusion de termes descriptifs propres à chaque classe, ce qui
a contribué à obscurcir l’identification d’homologies entre celles-ci. Récemment, le modèle ExtraxialAxial (EAT) a permis de proposer un schéma d’homologies des tests d’échinodermes à partir d’arguments embryologiques et génétiques. Son application à plusieurs groupes paléozoïques énigmatiques
(hélicoplacoïdes, homalozoaires) a ainsi déjà permis de réinterpréter leurs morphologies atypiques.
Ce travail a pour objectif premier de réévaluer la morphologie des blastozoaires à l’aide du modèle
EAT, afin de préciser les relations de parenté au sein de ce sous-phylum et la position phylogénétique
de plusieurs classes par rapport à celui-ci. L’analyse de ces formes et l’application du modèle ExtraxialAxial a permis de réviser la totalité des caractères publiés, d’en définir 12 nouveaux et de proposer
une hypothèse phylogénétique pour l’ensemble du sous-phylum. Il en résulte que les blastozoaires sont
monophylétiques et qu’ils peuvent être subdivisés en sept clades bien définis.
Le second objectif a consisté à quantifier la dynamique de la diversité taxonomique des blastozoaires, afin de mettre en évidence les motifs et les processus de leur diversification au cours du
Paléozoïque inférieur. Les analyses de diversité et d’évolution ont permis de mettre en évidence que 1)
les blastozoaires subissent deux crises majeures au Cambrien moyen, puis à l’Ordovicien terminal, 2) la
diversification ordovicienne des blastozoaires débute en réalité dès le Cambrien supérieur, 3) la diversité cambrienne est contrôlée par le renouvellement générique, alors que la diversité ordovicienne l’est
par la persistance générique. Les blastozoaires présentent une répartition mondiale dès le Cambrien
moyen. Ils présentent un fort provincialisme durant l’Ordovicien inférieur et moyen, puis deviennent
progressivement cosmopolites pendant l’Ordovicien supérieur, du fait de l’augmentation des échanges
fauniques et de la mise en place de conditions qui leur sont plus favorables.
68
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
HISTOIRE D’UN MASSIF FORESTIER EN RELATION AVEC SON
OCCUPATION HUMAINE DU NÉOLITHIQUE À AUJOURD’HUI : LA
FORÊT DE PAIMPONT (BRETAGNE, FRANCE)
Jean-Charles Oillic
Doctorant, Université de Rennes 1, CNRS UMR 6566 « CReAAH », France ; [email protected]
Avec une superficie d’un peu plus de 7 000 ha, la forêt de Paimpont (Brocéliande) est le plus grand
massif boisé de Bretagne. Malgré les nombreuses découvertes archéologiques récentes y révélant la
présence de populations depuis au moins le Néolithique, la théorie qui fait d’elle le plus grand vestige
d’une forêt primaire pour ne pas dire originelle reste très présente. Aussi, il est apparu inévitable de
nous intéresser à l’histoire de l’espace occupé aujourd’hui par la forêt de Paimpont en reconstituant
l’évolution de la végétation dans ce secteur géographique mais également en tentant d’appréhender les
différentes relations qui ont existé entre les populations et leur environnement. Pour répondre à ces
questions, il a été décidé de s’appuyer sur 4 approches complémentaires :
– La présence de nombreuses zones tourbeuses et étangs au sein du massif forestier va permettre
de retracer l’évolution de la végétation au cours des derniers millénaires grâce à une couverture
palynologique relativement dense (6 analyses sur une surface de 12 000 ha). Les données obtenues feront l’objet de test pour appliquer les modèles de calibrations établis lors du programme
PolLandCal.
– Les diverses campagnes de fouilles archéologiques réalisées en contexte métallurgique sur des
sites datant du premier Âge du Fer jusqu’au 18e siècle ont permis de réaliser des prélèvements
anthracologiques. L’analyse de ces derniers permettra d’obtenir une meilleure compréhension des
modes de gestion et d’exploitations des ressources ligneuses (choix des taxons, du calibre des
bois. . . ).
– Afin de mieux comprendre l’évolution des populations humaines et de leur implantation sur la
zone d’étude, plusieurs campagnes de prospections archéologiques seront menées pendant la durée
de ces travaux.
– Enfin, pour les périodes les plus récentes, une approche des sources écrites sera effectuée pour
compléter et mieux comprendre les résultats obtenus lors des approches précédentes.
Les premiers résultats de cette étude montrent la présence d’un paysage relativement fermé au cours
du Néolithique, bien que se développent céréaliculture et certainement élevage. Au cours des siècles
suivants, la végétation semble connaître une dynamique d’ouverture, notamment sous l’influence de la
métallurgie du fer, dont la pratique est fortement présente dans le secteur (plusieurs dizaines de sites
ont déjà été identifiés).
69
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
Y A-T-IL DES OSTRACODES PÉLAGIQUES AU SILURIEN ?
Vincent Perrier1 , Jean Vannier1 , David J. Siveter2
1 Université Claude-Bernard Lyon 1, UFR Sciences de la Terre, UMR 5125 PEPS, Bâtiment Géode, 2 rue Raphäel
Dubois, 69622 Villeurbanne, France ; [email protected];[email protected]
2 University of Leicester, Department of Geology, Bennett Building, University Road, Leicester LE1 7RH, UK ;
[email protected]
Les myodocopes siluriens (bolbozoïdés, cypridinidés et entomozoïdés) sont des ostracodes atypiques
et peu connus, généralement beaucoup plus grands (jusqu’à 2 cm) que la moyenne des formes paléozoïques. Durant le Silurien supérieur, ils sont présents dans de nombreuses localités d’Europe où ils
sont très abondants et diversifiés. Nous présentons ici une révision des différents groupes et la description de huit nouvelles espèces. Les principaux caractères diagnostic des myodocopes siluriens sont : le
contour de la carapace, la forme du rostre, la morphologie et l’emplacement du muscle adducteur ainsi
que l’ornementation des valves.
Certaines espèces tels que Parabolbozoe bohemica ou Richteria migrans (Perrier et al. 2007) ont une
distribution paléogéographique étendue (transocéanique). Ce mode de distribution ajouté au milieu de
dépôt (black shales), aux faunes associés (principalement pélagiques) et à plusieurs caractéristiques
morphologiques (ex : rostre et processus caudal) nous a conduit à envisager un mode de vie pélagique
pour ces faunes. Nous testons ici cette hypothèse formulée dans les années 1980 (ex : Siveter, 1984 ;
Siveter et al. 1991).
Nous décrivons ici des nodules contenant des « essaims »d’ostracodes préservés avec des restes de
céphalopodes, d’euryptérides et de phyllocarides. Ces associations particulières, sans doute préservé in
situ, nous interrogent sur les niches écologiques occupées par les myodocopes. Ce type d’assemblages
pourrait être expliqué par un comportement nécrophage des myodocopes se nourrissant sur des carcasses d’animaux déposés sur le fond. Si cette hypothèse est correcte, il nous faut alors envisager que
ces ostracodes ne vivaient pas en permanence dans la colonne d’eau et n’étaient donc pas strictement
pélagiques.
L’abondant matériel conservé en 3D montre que le bulbe des bolbozoïdés était une structure hémisphérique dépourvue d’ornementation. Ce bulbe semble avoir abrité les yeux latéraux ainsi que d’une
partie de l’antenne natatoire (protopode de A2). Une zone sans ornementation est aussi présente chez
les cypridinidés et R. migrans, ces groupes possédaient aussi probablement un œil latéral. Le complexe
rostral (rostre, incision rostrale) des bolbozoïdés et des cypridinidés est identique à celui des myodocopes nageurs actuels. Cela nous a conduits à penser que les myodocopes siluriens sont des formes
nageuses utilisant leur seconde antenne (A2) de la même façon que leurs représentants actuels.
En conclusion, nos données fournissent des détails précis sur le mode de vie possible des myodocopes
siluriens, interprété ici comme des formes nageuses (puissantes antennes), vivant au-dessus du fond
dysoxique (niches hyperbenthiques), ayant des habitudes de nécrophages (assemblages in situ) et peutêtre visuellement adapté à de faible conditions lumineuses (hypertrophie de l’œil, bioluminescence). Les
changements environnementaux (oxygénation) ont probablement joué un rôle clé dans le changement
de milieu des Myodocopes au Silurien.
PERRIER V., VANNIER J. & SIVETER D.J. 2007. The Silurian pelagic myodocope ostracod Richteria migrans. Transactions of
the Royal society of Edinburgh, Earth Sciences, 98 (2) : 151 – 163.
SIVETER D.J. 1984. Habitats and modes of life of Silurian ostracods. In BASSETT M.J. & LAWSON J.D. (Eds.), The Autecology
of Silurian Organisms. Special Papers in Palaeontology.32 : 71 – 85
SIVETER D.J., VANNIER J., & PALMER D. 1991. Silurian Myodocopes : Pioneer pelagic ostracods and the chronology of an
ecological shift. Journal of Micropalaeontology, 10 : 157 – 173.
70
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
UNE NOUVELLE BASE DE DONNÉES POLLINIQUES ACTUELLES : UNE
ÉTAPE MAJEURE POUR LES QUANTIFICATIONS CLIMATIQUES ET LES
RECONSTRUCTIONS DE VÉGÉTATION ET DE BIODIVERSITÉ À PARTIR
DES DONNÉES POLLINIQUES
Odile Peyron1 , Amandine Bordon1 , Nathalie Combourieu-Nebout2, Anne Vignot1 ,
Sylvie Damy3 , Jean-Daniel Tissot1 , Isabelle Dormoy1, Simon Brewer4 , Pavel Tarasov5 ,
Doris Barboni6 et les membres de la « MPD »
1 Université de Franche Comté, Laboratoire de Chrono-Environnement, CNRS UMR 6249, 16 route de Gray, 25030
Besançon, France ; [email protected];[email protected];Anne.vignot@univ-fcomte.
fr;[email protected]
2 Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, UMR 1572 CEA-CNRS-UVSQ, domaine du CNRS,
avenue de la Terrasse, 91198 Gif-sur-Yvette, France ; [email protected]
3 Université de Franche Comté, Laboratoire d’informatique, EA 4157, 16 route de Gray, 25030 Besançon, France ;
[email protected]
4 Institut d’Astrophysique et de Geophysique, Allée du 6 Août, 17 (Bat.B5c) B-4000 Liege, Belgium
5 Palaeontology Branch, I.G.S, Free University, 12249 Berlin, Germany ; [email protected]
6 Aix-Marseille Université, CNRS, CEREGE UMR6635, BP 80, Europôle Méditerranéen de l’Arbois, 13545
Aix-en-Provence, France ; [email protected]
« Modern Pollen Databank » : A. Andreev, P. Anderson, V.Andrieu, C. Bégeot, J. Belmonte, E. Bezrukova, L. Bezusko,
HJB. Birks, S. Bottema, E. Brugapaglia, M. Court-Picon, K. Dambach, B. Davis, V.Dirksen, N. Dorofeyuk, JL. deBeaulieu, D. Galop, V. Gunova, B. Huntley, V. Khomutova, E. Kvavadze, F. Mazier, Y. Miras, E. Ortu, N. Panova, M. Reille,
MF. Sánchez-Goñi, F. Saadi, L. Saarse, H. Seppa, N. Solovieva, J.P Suc, E. VanCampo, V. Vergne, V. Volkova, W. Van
Zeist, G. Yu, V. Zernitskaya
De nombreuses méthodes sont actuellement utilisées pour quantifier les paramètres climatiques à
partir de données polliniques. Ces méthodes sont basées soit sur (1) la répartition actuelle des taxons,
(2) la calibration des assemblages végétaux actuels en termes de variables climatiques, (3) la similarité
entre les assemblages actuels et fossiles, (4) un modèle de végétation en mode inverse.
La plupart de ces méthodes s’appuient sur un référentiel de données polliniques actuelles qui permettent de calibrer et tester ces reconstructions. Ce référentiel doit être le plus complet possible pour,
d’une part, produire des résultats fiables aussi bien sur les séries fossiles continentales que marines et
d’autre part éviter des situations de « non-analogues »pour certaines périodes du passé. Ce référentiel
doit donc être réalisé à l’échelle taxonomique sur des échantillons de bonne qualité, prélevés dans des
conditions comparables, et couvrant une large couverture géographique, écologique et climatique.
Nous présentons ici une nouvelle base de données qui comprend plus de 3500 références polliniques
provenant d’Europe, de Russie, d’Asie et du Nord de l’Afrique. Elle représente une compilation des
données issues de plusieurs jeux de données (e. g. Peyron et al.,1998) et de données récemment acquises
(e. g. Tarasov et al, 1998a et b, 2005 ; Peyron & Bordon , unpub.). Les tests de validations effectués
sur ce référentiel montrent que 98% des biomes reconstruits à partir des spectres polliniques actuels
correspondent à leur biome potentiel. De même, le climat reconstruit pour les échantillons actuels correspond au climat réel des sites échantillonnés. Les reconstructions climatiques effectuées sur plusieurs
séries marines et continentales ont été considérablement améliorées pour les différentes périodes clé du
dernier cycle climatique par l’utilisation de cette nouvelle base de données
Cette base de données est en cours d’intégration du système d’information du laboratoire Chronoenvironnement SI-DEAP (Système d’Information des Données Environnementales Actuelles et Passées)
comportant un SGBD (Système de Gestion de Bases de Données) relationnel pluridisciplinaire. Il
réunit des fonctionnalités d’interopérabilité avec les bases de données nationales et internationales,
71
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
de transposabilité géographique et d’évolutivité. Le choix n’a pas été de produire un seul référentiel
taxonomique, mais ce système utilise des principes de correspondances synonymique et homonymique
pour la taxonomie. Cet outil est développé avec MySQL ; les pages web dynamiques sont élaborées
avec le langage PHP 5.0, (X)HTML Javascript, CSS et Ajax.
72
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
THE CLIMATE IN CENTRAL ITALY DURING THE LAST 15,000 yrs BP :
SAISONALITY CHANGES INFERRED FROM POLLEN AND LAKE LEVELS
Odile Peyron1, Simon James Goring2 , Michel Magny1 , Jacques-Louis De Beaulieu3 ,
Ruth Drescher-Schneider3 , Boris Vanniere1, Isabelle Dormoy1
1 UMR 6249 Chrono-Environnement, Université de Franche-Comté, 16 route de Gray, 25030 Besançon, France ;
[email protected];[email protected];[email protected];isabelle.
[email protected]
2 Department of Biological Sciences, Simon Fraser University, 8888 University Drive, Burnaby, British Columbia, V5A
1S6, Canada ; [email protected]
3 Institut Méditerranéen d’Ecologie et Paléoécologie, CNRS-UMR 6116, Université Paul Cézanne Europôle de
l’Arbois, 13545 Aix-en-Provence, France ; [email protected]
4 Institut für Pflanzenwissenschaften der Karl-Franzens-Universität, Graz, Austria
This study presents a high-resolution terrestrial palaeoclimate reconstruction from Lake Accesa,
north-central Italy, which documents the Lateglacial and the Holocene, from ca. 17,000 to ca. 4000 cal.
yr BP, i.e. including the first abrupt warming at the beginning of the Lateglacial Interstadial to the
final step of the last deglaciation marked by the 8.2 ka cold event.
This low-altitude site offers the opportunity to test the sensitivity of the Mediterranean area to the
major climate oscillations and also the relatively weak climatic fluctuations recognised in the North
Atlantic region.
The quantitative climate reconstructions are based on a multi-method approach comprising the
Modern Analogues Technique (MAT), the Non-Metric Multidimensional Scaling/Generalized Additive
Model method (NMDS/GAM) and Partial Least Squares regression (PLS). Results indicate unambiguously that the short-lived events connected to the North Atlantic climate system (i.e., Older Dryas,
GI-1c2, Gerzensee/Preboreal Oscillations, 8.2 ka) are documented in the Lake Accesa record indicating that the climate oscillations associated with the successive steps of the deglaciation in the North
Atlantic area occurred in both central Mediterranean region. This observation confirms the presence
of strong climatic linkages between the North Atlantic and Mediterranean regions.
The Early-to-Mid Holocene period has been traditionally considered as an « optimum »climatic
phase, with wet conditions in south Europe. This study suggests wet winters but very dry summers
for this period in central Italy, highlighting the strong role of the seasonality process. Furthermore,
during the whole Holocene, the summer precipitation curve fit quite perfectly the independent lakelevels curve. Our pollen-inferred summer precipitations estimates appears thus to be in agreement with
the conclusions for sedimentological analysis (lake-levels) based on the study of carbonate concretions
during the summer season.
73
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
TAGHANIC IN ARDENNES : EVENT OR CRISIS ?
Emilie Pinte, Bruno Mistiaen
Laboratoire de Paléontologie stratigraphique, ISA – FLST, Géosystèmes UMR 8157 CNRS. 41, rue du Port F-59046
Lille Cedex, France ; [email protected];[email protected]
The Taghanic « Event »is located in the middle/upper Givetian transition (late Middle Devonian).
It is generally interpreted as a multiphased succession of extinctions which may have been an impact similar to the Frasnian/Fammenian extinction (Aboussalam & Becker, 2001 ; House, 2002). This
succession is extended from the middle part of mid P. varcus to the basal hermanni Zone.
The main causes to explain these multiphased extinctions are probably a significant sea level change
and a major global warming (Aboussalam, 2003).
In Ardennes, the classical conodont biozonations cannot be used because of a reefal environment.
Therefore, Bultynck’s correlations (1974) locate the Taghanic Event in the lower part of the Fromelennes Formation (Flohimont member).This is confirmed by the great extinction of many brachiopods
(Comm. Brice) and trilobites in this member.In contrast to brachiopods and trilobites, numerous rugose
corals disappear later (Coen-Aubert, 2004) in the middle part of the Fromelennes Formation (Moulin
Boreux Member).
A preliminary study on tabulate corals was performed and seems to show a large diversity variation
in the Fromelennes Formation. In Ardennes, it appears that reefal fauna have not a synchronic reaction
during the Taghanic « event ».
74
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
BIOSTRATIGRAPHIE À CHITINOZOAIRES DE L’ORDOVICIEN MOYEN
AU SILURIEN BASAL DU SONDAGE BORENSHULT-1 (SUÈDE)
Lauren Pouille1 , Aurélien Delabroye1 , Marco Vecoli1 , Mikael Calner2 , Oliver Lehnert3
1 Université de Lille 1, UMR 8157 Geosystemes, Lille, France ; [email protected]
2 Geobiosphere Science Centre, Lund University, Sweden
3 Geozentrum Nordbayern, Universität Erlangen-Nürnberg, Germany
L’Ordovicien terminal est une période qui connaît de profonds bouleversements environnementaux.
Ces évènements vont être étudiés dans le cadre d’un projet visant à étudier la stratigraphie événementielle de l’Ordovicien supérieur et terminal en Baltoscandia. Le sondage Borenshult-1 (Motala, Suède)
a permis d’échantillonner en continu une nouvelle coupe dont les assemblages à chitinozoaires ont été
analysés sur 56 échantillons s’étendant du Sandbien Supérieur (étage régional du Uhaku en Estonie)
jusqu’au début du Llandovery (étage régional du Juuru en Estonie). Cet intervalle stratigraphique
comprend, dans l’ordre ascendant, les formations de Freberga (Sandbien supérieur-Katien inférieur),
de Slandrom, de Fjäcka, de Jonstrop, de Saldus, de Gilsstjärn et de Motala (Llandovery).
Dans ce sondage, les assemblages les plus abondants se retrouvent du Sandbien supérieur au Katien
inférieur, dans les niveaux à carbonates d’environnement marin froids où la qualité de leur préservation
permet une bonne identification. Ces niveaux à granulométrie très fine de type wackestone à packstone
correspondent à la formation de Freberga. En revanche les chitinozoaires sont absents des unités vertes
et rouges composants les formations de Jonstrop (Katien Supérieur) et Motala (Silurien Supérieur).
Ils sont très rare dans les faciès de type grainstone (formation de Saldus) et dans les niveaux argileux
(Fjäcka Shale). La section du sondage correspondant à l’Hirnantien moyen (Formation de Glisstjärn)
est peu favorable à la préservation et les chitinozoaires ne sont présents que dans deux échantillons où
ils sont abondants mais très mal préservés et difficilement identifiables.
Les résultats préliminaires ont permis d’identifier deux biozones :
– la biozone à Fungochitina spinifera qui s’étend depuis la base jusqu’au sommet des calcaires de
Moldà (partie supérieure de la Formation de Freberga). Elle est caractérisée par la présence des
espèces : Lagenochitina baltica, Rhabdochitina sp., Cyathochitina campanulaeformis, Fungochitina
sp., Cyathochitina cf . angusta, Cyathochitina calix, Angochitina communis, Belonechitina robusta,
Desmochitina sp., Hercochitina sp., Belonechitina sp. aff. micracantha, Spinachitina cf. coronata.
– la biozone à Spinachitina cervicornis qui s’étend de la base des calcaires de Skagen jusqu’à la
base des calcaires de Moldà (partie inférieure de la formation de Freberga). Elle est caractérisée
par la présence des espèces : Desmochitina juglandiformis, Spinachitina sp. aff. alaticornis, Belonechitina cactacea, Ancyrochitina sp., Belonechitina cf. robusta, Cyathochitina sp., Belonechitina
capitata, Conochitina sp., Desmochitina cf. minor, Lagenochitina sp., Belonechitina micracantha,
Cyathochitina calix, Angochitina communis, Spinachitina sp., Hercochitina sp., Hercochitina cf.
grandispina, Spinachitina sp. aff. cervicornis, Belonechitina sp., Kalochitina multispinata, Rhabdochitina cf. magna.
Les études chimiostratigraphiques ont permis d’identifier la fin du GICE (Guttenberg Isotopic Curve
Excursion) au niveau de la surface de transgression marine entre les calcaires de Skagen et Moldà, à la
limite entre les deux biozones à chitinozoaires identifiées. Les données chimio- et biostratigraphiques
obtenues par l’analyse du δ13 C et des assemblages à chitinozoaires sont donc concordantes.
75
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
VARIABILITÉ ET DISTRIBUTION PALÉOGÉOGRAPHIQUE DU
MORPHOTYPE MORESNETIA (SPERMATOPHYTE)
Cyrille Prestianni, Philippe Gerrienne
Unité P.P.M., Département de Géologie, Allée du 6 aout B18/P40, 4000 Liège, Belgium ;
[email protected];[email protected]
Les spermatophytes se sont développées dès la fin du Dévonien moyen. Elles se sont ensuite diversifiées au cours du Dévonien supérieur, notamment sous le couvert des forêts dominées par Archaeopteris
(Progymnosperme). Celui-ci était présent dans pratiquement tous les écosystèmes Frasnien et Famennien continentaux connus. L’Etage Famennien enregistre la très probablement la première radiation
évolutive des spermatophytes. En effet, alors qu’une seule espèce est connue au Frasnien, quatorze sont
décrites dans les dépôts Famenniens. Ces dernières ont été classées de manière informelle en cinq types
morphologiques (le type Moresnetia, le type Condrusia, le type Dorinnotheca, le type Aglosperma, et
le type Warsteinia). Parmi eux, le type Moresnetia est particulièrement abondant et présent dans la
plupart des assemblages Famenniens à spermatophytes. Ce morphotype est caractérisé par une cupule
multiovulée constituée de segments diversement soudés les uns aux autres. Jusqu’à six ovules par cupule peuvent être observés. Ces ovules sont dits hydraspermiens, en référence au mode particulier de
capture des grains de pollen qui consiste en une modification de la région apicale du nucelle. Cette
modification, spécifique des premières graines, est liée à l’absence de micropyle bien défini. En effet,
le tégument dans ces premières graines est disséqué en plusieurs lobes eux aussi variablement soudés.
L’objectif de cette communication est de présenter la variabilité observée au sein du seul morphotype
Moresnetia. Une revue de toutes les espèces connue est proposée à la lumière des données les plus
récentes. Enfin, une interprétation palaeo-écologique sera proposée.
76
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
GENÈSE ET SIGNIFICATION ENVIRONNEMENTALE DES
ACCUMULATIONS DE GRANDS BIVALVES ( ISOGNOMON
(HIPPOCHAETA) MAXILLATUS ) DU MESSINIEN ET DU PLIOCÈNE
MAROCAIN (MELLILA-NADOR)
Anne Ribaud1 , Gilles Conesa1 , Jean-Pierre André2 , Gaëlle Doitteau1 , Jean-Paul
Saint-Martin3 , Jean-Jacques Cornée4 , Simona Saint-Martin4,5 , Philippe Münch1 ,
Loïc Villier1 , Abdelkhlak Ben Moussa6 , Ali Azdimousa7
1 Université de Provence, Centre de Sédimentologie-Paléontologie, case 67, 3 place Victor-Hugo, 13331 Marseille cedex
03, France ; [email protected];[email protected];[email protected];
[email protected];[email protected]
2 Université d’Angers, UPRES EA 2644, 2 Boulevard Lavoisier 49045 Angers Cedex 01, France ;
[email protected]
3 Muséum National d’Histoire Naturelle, Département Histoire de la Terre, UMR 5143 « Paléobiodiversité et
Paléoenvironnements », 8 rue Buffon, 75231 Paris Cedex 05, France
4 Université de Lyon 1, UMR 5565, 69622 Villeurbanne Cedex, France
5 Université de Bucarest, Faculté de Géologie et Géophysique, Laboratoire de Paléontologie, 1 Bd N. Balcescu,
Bucarest, Roumanie
6 Université Abdelmalek Essaâdi, Laboratoire de géologie des bassins sédimentaires, BP2121, 93002 Tétouan, Maroc
7 Université Mohammed I, Laboratoire de Géophysique, Géodynamique et Géoressources, Faculté des Sciences, Oujda,
Maroc
Travail réalisé dans le cadre de l’Action Intégrée franco-marocaine MA04100.
Les environnements côtiers marins sont constitués de nombreux écosystèmes souvent complexes
conduisant à une multiplication des environnements particuliers où des espèces spécifiques peuvent
pulluler. Les biocénoses côtières particulières en découlant sont souvent très difficiles à interpréter
d’un point de vue taphonomique. De même, ces zones côtières peuvent engendrer des concentrations
de coquilles très intéressantes du point de vue des reconstitutions des paléoenvironnements (Fürsich,
1995 ; Farinati et al., 2008). Ces niveaux condensés sont généralement constitués de coquilles de petites
tailles (compris entre 2 mm et de quelques centimètres) (Yesares-Garcia & Aguirre, 2004). Il est rare
d’avoir des accumulations de grosses coquilles, à l’exception des huîtres. Cependant dans certains
terrains Mio-Pliocène du Maroc, il est possible d’observer des niveaux condensés constitués presque
exclusivement des coquilles décimétriques d’Isognomon (Hippochaeta) maxillatus.
L’objectif de cette étude taphonomique est de comprendre l’origine sédimentologique et le contexte
paléoocéanographique de ces exceptionnelles accumulations à gros bivalves pour ces deux périodes.
Pour cela, nous avons étudié les quatre niveaux condensés de coquilles de la plate-forme mio-pliocène
de Melilla-Nador (Maroc) dont le cadre sédimentologique et environnemental est bien établi (Saint
Martin & Cornée, 1996 ; Garcia et al., 2004 ; Cornée et al., 1996, 2006). La taille remarquable des
coquilles d’Isognomon se prête particulièrement bien à l’analyse de certains critères taphonomiques
comme l’organisation dans l’espace du sédiment : la direction et l’inclinaison des coquilles. Nous avons
donc effectué sur ces quatre niveaux : ∗une étude sédimentologique, ∗un inventaire paléontologique,
∗un relevé des critères taphonomiques (organisation des valves au sein du sédiment, fragmentation,
abrasion, bioérosion et encroûtement des valves), ∗des mesures de la densité des peuplements, ∗513
mesures de direction et d’inclinaison sur les coquilles d’Isognomon.
77
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
CORNÉE J.J., SAINT-MARTIN J.P., CONESA G., ANDRÉ J.P., MULLER J. & BENMOUSSA A. 1996. Anatomie de quelques plates-formes carbonatées progradantes messiniennes de Méditerranée. Bull. Soc. géol. Fr., 167 : 495 – 507.
CORNÉE J.-J., FERRANDINI M., SAINT-MARTIN J.P., MÜNCH P., MOULLADE M., RIBAUD-LAURENTI A., ROGER S.,
SAINT-MARTIN S. & Ferrandini J. 2006. The late Messinian erosional surface and the subsequent reflooding in the Mediterranean : new insights from the Melilla-Nador basin (Morocco). Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, 230 : 129 –
154.
FARINATI E.A., SPAGNUOLO J. & ALIOTTA S. 2008. Tahphonomy of Holocene bivalves in the coast of the Bahia Blanca estuary, Argentina. Geobios, 41 : 61 – 67.
FÜRSICH F.T. 1995. Shell concentration. Eclogae Geology Helvetic. 88 : 643–655.
GARCIA F., CONESA G., MÜNCH P., CORNÉE J.-J., SAINT-MARTIN J.P. & ANDRÉ J.P. 2004. Evolution des environnements littoraux du bassin de Melilla-Nador (Nord-Est Maroc) au Messinien supérieur entre -6,0 et 5,77 Ma. Géobios, 46 :
24 – 36.
SAINT-MARTIN J.P. & Cornée J.J. 1996. The messinian reef complex of Melilla, northeastern Rif, Morocco. Concepts in Sedimentology and Paleontology Series, SEPM Spec. Publ. 5 : 227 – 237.
YESARES-GARCIA J. & AGUIRRE J. 2004. Quantitative taphonomic analysis and taphofacies in lower Pliocene temperate
carbonate-siliciclastique mixed platfrom deposits (Almeria-Nijar basin, SE Spain). Palaeogeography, Palaeclimatology, Palaeoecology, 207 : 83 – 103.
78
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
IDENTIFICATION DE RÉTÈNE DANS LES SÉDIMENTS DU SILURIEN
SUPÉRIEUR – DÉVONIEN INFÉRIEUR EN AFRIQUE DU NORD :
ORIGINE ET IMPLICATIONS
Maria-Fernanda Romero-Sarmiento1 , Armelle Riboulleau1 , Marco Vecoli1 , Gerard J.
M. Versteegh2
1 Université Lille 1 & CNRS UMR 8157, bâtiment SN5, F-59655 Villeneuve d’Ascq Cedex, France ;
[email protected];[email protected];[email protected]
2 Fachbereich 5, Geowissenschaften, Universität Bremen, Postfach 330440, D-28334 Bremen, Germany ;
[email protected]
Les biomarqueurs de plantes terrestres rétène, cadalène, isohexylalkylnaphtalène et tetrahydrorétène ont été identifiés dans les extraits de sédiments clastiques du Silurien – Dévonien provenant d’un
forage en Tunisie méridionale (MG1, bassin de Ghadamès). La présence du rétène est inattendue. Ce
biomarqueur est généralement considéré comme un produit diagénetique de l’acide abiétique, composant important des résines de conifère, mais ce type de plantes n’a évolué qu’à la fin du Paléozoïque.
Le rétène dans nos échantillons montre une bonne corrélation avec l’abondance des autres biomarqueurs d’origine terrestre, ainsi que des crystospores dans le palynofaciès. Ceci suggère que le rétène
est bien issu d’une source terrestre. Pour expliquer ces observations, nous proposons que la synthèse
de l’acide abiétique par les végétaux terrestres ait évolué avant l’apparition des conifères ou que le
rétène soit également le produit diagénetique de molécules autres que l’acide abiétique, qui étaient
synthétisées par les premières plantes terrestres. Sans exclure la première possibilité, il est probable
que le rétène identifié ici dérive de la diagenèse de composés ayant un squelette de type kaurane. Ces
composés sont en effet, abondamment produits par les bryophytes, plantes qui abondaient dans les
alentours de la zone étudiée au Silurien – Dévonien, comme l’atteste la présence de cryptospores dans
le palynofaciès.
79
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
ÉVOLUTION PALÉOCLIMATIQUE EN MÉDITERRANÉE OCCIDENTALE
AU COURS DU FINI-QUATERNAIRE : CONTRIBUTION DES
ASSEMBLAGES DE DINOKYSTES
Imene Rouis Zargouni1 , Jean-Louis Turon2 , Laurent Londeix2 , Elisabeth Michel3 ,
Néjib Kallel1
1 Faculté des Sciences de Sfax, Unit GEOGLOB, Route de Soukra BP 802 3038 Sfax, Tunisie ; Im_rouis@yahoofr
2 Université Bordeaux1, UMR CNRS EPOC 5805, Avenue des Facultés : 33405 Talence, France
3 Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, IPSL, UMR 1572 CNRS/INSU, CEA,UVSQ, domaine du
CNRS, avenue de la Terrasse, F-91198 Gif-Sur-Yvette, France
Dans le cadre de l’intensification des chantiers relatifs aux changements paléoclimatiques en Méditerranée, le laboratoire EPOC s’attache à développer, aux cotés des traceurs plus classiques, microfaune,
géochimie et isotopes, l’utilisation des dinokystes, approche encore originale dans ce domaine, Nous
présentons ici dans ce contexte multisciplinaire, la contribution des kystes de Dinoflagellés dans l’étude
de cinq séquences prélevées entre le détroit de Gibraltar et le détroit siculo-tunisien. Chaque séquence
est placée dans un cadre climatostratigraphique isotopique robuste.
Ainsi l’évolution des assemblages permet d’identifier sur l’ensemble des carottes les refroidissements
des masses d’eau de surface contemporains des débâcles d’icebergs en Atlantique Nord au cours des
évènements d’Heinrich H1 et H2 et du Dryas Récent. Ce dernier refroidissement est marqué sur l’ensemble du bassin occidental (soit sur plus de 1 000 km) par le développement très caractéristique de
Nematosphaeropsis labyrinthus, espèce dont le centre de distribution se localise aujourd’hui dans le
courant d’Irminger sur la marge au Sud Ouest de l’Islande. Les données holocènes montrent que le
réchauffement sensible des masses d’eaux superficielles n’est identifié qu’au bout de 1 500 ans après le
début de l’Interglaciaire. De plus nos travaux ne montrent aucune évidence d’un optimum thermique
(9 000–5 000 ans BP) tel qu’il est observé dans les latitudes boréales de l’Atlantique Nord et sur les
marges continentales boréales depuis la Scandinavie jusqu’au domaine tempéré de l’Europe moyenne.
Ces études permettent également d’identifier, au sein du réchauffement holocène, plusieurs évènements
climatiques de brefs refroidissement marqués par des baisses d’abondance relative des taxons thermophiles dominants (Spiniferites mirabilis + Impagidinium aculeatum). Parmi ces événements l’un des
plus caractéristiques est daté sur nos séquences vers 8 200 ans Cal BP. Il est très tentant de reconnaître
là la conséquence en domaine méditerranéen de l’oscillation climatique répertoriée dans les carottes de
glace groenlandaises et les sédiments de l’Atlantique Nord sous le nom de « 8,2 ka event ». Notre étude
montre que cette oscillation pourrait correspondre à la perturbation froide participant à la bipartition
du dépôt du sapropèle S1 en Méditerranée orientale.
–
–
–
–
–
MD
MD
MD
MD
MD
99–2346
04–2803
04–2797
99–2343
95–2043
Golfe du Lion (42˚02’61N-04˚09’)
CQ Mer d’Alboran (35˚31 N/04˚20’72 W)
CQ Détroit siculo-tunisien (36˚57’N/011˚40’ E)
Mer des Baléares (40˚30’ N/04˚01’69 E)
Mer d’Alboran (36˚09’N/02˚37’27 W)
80
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LE DERNIER CYCLE CLIMATIQUE DANS L’OUEST DE LA FRANCE À
TRAVERS LA CORRÉLATION DIRECTE ENTRE PROXIES TERRESTRES
(POLLEN ET MICROCHARBONS) ET MARINS ISSUS DE LA CAROTTE
MARINE MD04-2845
Maria Fernanda Sánchez-Goñi1 , Stéphanie Desprat2 , Filipa Naughton3 , William J.
Fletcher1 , Josette Duprat1 , Anne-Laure Daniau4 , Jean-Louis Turon1 , Elsa Cortijo2 ,
Elisabeth Michel2 , Catherine Kissel2
1 (1)EPHE, UMR-CNRS 5805 EPOC, Université Bordeaux 1, Avenue des Facultés 33405 Talence, France ;
[email protected];[email protected];[email protected];jl.turon@epoc.
u-bordeaux1.fr
2 (1)Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement LSCE/IPSL, UMR CEA-CNRS-UVSQ 1572, CE
Saclay, L’Orme des Merisiers, Bât. 701, 91191 Gif-sur-Yvette cedex, France ;
[email protected];[email protected];[email protected]
3 Instituto Nacional de Engenharia, Tecnologia e Inovaçao, Departamento de Geologia Marinha, Aptdo 7586, 2721-866
Amadora, Portugal INETI, Lisboa, Portugal ; [email protected]
4 School of Geography, University of Bristol, University Road, Bristol, BS8 1SS ; [email protected]
L’étude multiproxy et à haute résolution de la carotte MD04-2845 prélevée sur le Dôme Gascogne
révèle l’histoire paléoclimatique de la marge ouest européenne et du proche continent des derniers
140 000 ans. Le stade isotopique marin (MIS) 5 est clairement identifié d’après l’analyse isotopique des
foraminifères benthiques et associé au dernier complexe interglaciaire en France (les périodes chaudes
Eémien, St-Germain Ia, Ic et II et Ognon I séparées par les périodes froides Mélisey I, Montaigu,
Mélisey II et stadiaire I). Les températures des eaux de surface (SST), estimées d’après la fonction
de transfert appliquée aux assemblages des foraminifères planctoniques, pendant l’Eémien atteignent
18˚C en été et sont légèrement plus basses pendant les phases de St-Germain Ia et II. Ces SST sont
associées au développement de la forêt tempérée Atlantique, principalement du Quercus caducifolié,
Betula et Carpinus. Les périodes froides intercalées montrent un océan de surface froid en été avec des
valeurs entre 4 et 12˚C. Ces périodes sont caractérisées par la diminution importante de la forêt Atlantique et un développement supplémentaire de la forêt de Conifères (Picea et Abies) à basse altitude.
Ceci contraste avec l’expansion des plantes steppiques observées dans les hautes altitudes du Massif
Central, le nord-est de la France ou près des moraines glaciaires des Alpes détectées par les séquences
polliniques terrestres. Cette forêt de Conifères connait aussi deux phases d’expansion au cours de la
période glaciaire suivante, le MIS 4, mais elle ne se développe plus au cours du MIS 3, intervalle correspondant à un volume de glace intermédiaire. Une alternance entre forêt Atlantique ouverte et paysages
steppiques, dominés par Artemisia, Cyperaceae, Composées, Poaceae et Calluna, caractérise les environnements de l’ouest de la France au cours du MIS 3. Cette alternance est l’expression régionale de
la variabilité climatique millénaire de Dansgaard-Oeschger détectée dans l’atmosphère du Groenland.
Pendant les interstadiaires de Groenland (GI), l’expansion de la forêt Atlantique coïncide avec des SST
estivales de 12˚C ce qui correspond aujourd’hui au seuil pour le développement de la forêt tempérée
des deux côtés de l’Atlantique Nord. Les événements de décharges d’icebergs dans l’Atlantique Nord,
événements d’Heinrich, se produisent en même temps que des refroidissements océaniques, en moyenne
de 12˚C, dans le Golfe de Gascogne et la réduction drastique de la forêt de pin et caducifoliées. Cette
étude confirme le synchronisme entre changements de températures des eaux de surface et végétation
en Europe occidentale à 45˚N et donc l’équilibre dynamique entre végétation et climat pour des périodes de forçages courtes. Enfin, l’analyse des microcharbons préservés dans cette carotte indique que
l’augmentation des régimes de feux dans cette région se produit comme en région Méditerranéenne au
moment des augmentations de la biomasse forestière.
81
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
ÉVOLUTION DES ARCHITECTURES APICALES CHEZ LES ÉCHINIDES
ATÉLOSTOMES : CARACTÉRISATION PAR DES RÉSEAUX DE
CONNECTIVITÉ
Thomas Saucède, Éric François, Gunther Eble, Bruno David
UMR 5561 Biogéosciences, Université de Bourgogne, 6 bvd Gabriel 21000 Dijon, France ; thomas.saucede@
u-bourgogne.fr;[email protected];[email protected];[email protected]
Les réseaux de connectivité permettent de décrire les connexions possibles au sein d’un ensemble
d’éléments, comprenant un grand nombre de situations différentes, en exprimant les relations et dépendances entre ces éléments. Leur représentation symbolique est un graphe (ou modèle) et leurs propriétés
peuvent être décrites par différents indices. Typiquement, les réseaux de connectivité peuvent constituer une méthode de caractérisation morphologique des relations et contacts pouvant exister entre
éléments squelettiques. En paléontologie, seules quelques rares publications — portant sur l’étude du
squelette de vertébrés fossiles — font appel à leurs propriétés.
Chez les échinodermes, comme chez les vertébrés, le squelette est constitué d’un grand nombre
d’éléments dont les contacts respectifs, ou motifs architecturaux, sont essentiels en systématique. Ils
sont utilisés pour définir les principaux clades et leur étude chez les formes fossiles permet de caractériser
les principales étapes de l’histoire évolutive des groupes. Dans ce travail, nous avons utilisé les propriétés
des réseaux de connectivité pour décrire l’évolution des motifs architecturaux chez les atélostomes, le
groupe d’échinides irréguliers actuellement le plus diversifié. Nous nous sommes intéressés aux motifs
architecturaux des plaques apicales, depuis les premiers représentants du groupe au Jurassique inférieur
jusqu’aux formes abyssales actuelles les plus dérivées.
Les données utilisées proviennent à la fois de la littérature (inventaire le plus exhaustif possible des
descriptions publiées) et de l’observation de nombreux spécimens. Elles nous ont permis de recenser
plus de 170 motifs architecturaux différents. Pour un nombre de plaques apicales donné, un réseau de
connectivité a été défini par une matrice des contacts possibles théoriques entre plaques (contacts codés
0 ou 1). Les indices utilisés pour explorer cette matrice sont empruntés à la théorie des graphes. Les
contacts réellement réalisés sont ensuite codés par une seconde matrice qui ne représente qu’une partie
du réseau de connectivité. Cette seconde matrice est à son tour explorée à l’aide d’indices (densité,
degré du réseau) qui dépendent du nombre de plaques et des contacts observés (inter-connectivité).
La représentation graphique des contacts réalisés permet de mettre en évidence la portion du réseau
de connectivité occupé par le réseau des contacts. Elle permet également de comparer et de classer les
différents réseaux de contacts selon leur similitude. Cela souligne la constance de certains contacts et
permet de mettre en évidence les contraintes d’ordre ontogénétique, fonctionnel ou phylogénétique.
82
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
DONNÉES PALYNOLOGIQUES ENVIRONNEMENTALES D’UN SITE EN
GROTTE DE JAVA CENTRAL (SONG TERUS), INDONÉSIE.
Anne-Marie Sémah1 , Xavier Gallet2 , François Sémah3
1 IRD, Bondy – LOCEAN ; [email protected]
2 MNHN, Département de Préhistoire, USM 204 ; [email protected]
3 MNHN, Département de Préhistoire, USM 204 ; [email protected]
La grotte de Song Terus fait partie d’un vaste système karstique qui borde dans la région de
Punung l’Océan Indien au sud de Java central. Son remplissage épais (c. 20 m) relate plus de 300 000
ans d’histoire du peuplement humain de la région et recouvre la période qui a connu le remplacement
d’Homo erectus par Homo sapiens. Ce remplissage se compose de trois niveaux majeurs. Il débute par
des alluvions fluviatiles à artefacts lithiques piégées dans la cavité surmontées, dès le MIS 5, par une
succession de couches d’occupation de la grotte par l’Homme qui s’étendent jusqu’à l’Holocène moyen.
Une étude sédimentologique précise les grandes évolutions paléoenvironnementales de ce remplissage. Pour les niveaux inférieurs, la circulation d’une rivière de forte énergie est incompatible avec
l’occupation de la grotte mais les vestiges archéologiques qu’ils contiennent attestent de la présence
de l’Homme dans le voisinage. L’arrêt des apports alluviaux, l’ouverture de la grotte consécutive à
la chute de blocs importants marquent le début de son occupation réelle par l’Homme, dès le début
Pléistocène supérieur.
Les enregistrements palynologiques s’avèrent discontinus du fait de la nature parfois peu propice
des sédiments. Cependant, certains niveaux du Pléistocène supérieur et de l’Holocène montrent des
variations significatives de l’environnement végétal. Ces variations peuvent être mises en corrélation
avec des études d’enregistrements lacustres réalisées à Java qui s’étendent depuis le Pléistocène supérieur (référentiel disponible dans la partie ouest de l’île, dans le bassin de Bandung, c.70 ka BP)
jusqu’aux périodes ayant suivi le dernier maximum glaciaire (bassin d’Ambarawa à Java central et
enregistrements marécageux des dolines du massif karstique de Punung).
83
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
LES PLANTES ET LA MORT AU BRONZE FINAL SUR L’ÎLE DE
MINORQUE (BALÉARES, ESPAGNE) : USAGE DES PLANTES,
OFFRANDES FUNÉRAIRES ET SYMBOLISME DANS LA NÉCROPOLE
COLLECTIVE DE LA GROTTE DE « COVA DES PAS »
Gabriel Servera1,2, Santiago Riera2 , Yannick Miras3 , Laurenç Picornell1,2 ,
Nuria Armentano4, Ethel Allué5 , Xavi Esteve2 , Marzia Boi6
1 Arqueobalear. Département des Sciences Historiques. Université des Îles Baléares. Palma de Majorque. Espagne
2 Séminaire d’Etudes et de Recherches Préhistoriques. Département de Préhistoire. Université de Barcelone.
Barcelone, Espagne
3 GEOLAB, CNRS-UMR 6042, Maison des Sciences de l’Homme, Université Blaise Pascal. Clermont-Ferrand. France
4 Unité d’Anthropologie Biologique. Département de Biologie animale, Biologie végétale et Ecologie. Université
Autonome de Barcelone. Bellaterra. Espagne
5 Institut Catalan de Paléoécologie Humaine et d’Evolution Sociale. Université Rovira i Virgili. Tarragone. Espagne
6 Département de Biologie. Université des Îles Baléares. Palma de Majorque. Espagne
La grotte de « Cova des Pas », située au sud de Minorque (Îles Baléares, Espagne), constitue une
découverte archéologique exceptionnelle. Cette grotte a été utilisée comme nécropole collective par
des hommes de la culture dite Naviforme entre la fin de l’Âge du Bronze et le Premier Âge du Fer
(ca 900–800 cal BC). Les recherches archéologiques ont mis au jour un ensemble de 66 corps, tous
en position première. Les conditions environnementales spécifiques à la grotte ont permis une grande
conservation des restes organiques (cheveux, tissus organiques, vêtements, linceuls, etc.), mais plus
largement des grains de pollen et des micro-fossiles non polliniques. L’enregistrement archéologique
a permis un échantillonnage spatial à très haute résolution de façon à déterminer la distribution des
plantes sur les corps et, en conséquence, d’obtenir une reconstruction détaillée de leurs usages dans
les rituels funéraires mis en place. Les recherches archéobotaniques portent sur l’étude du contenu en
grains de pollen, microfossiles non polliniques et restes de parasites de coprolithes et de sédiments issus
de la partie sommitale, de la zone stomacale et du pelvis des différents corps. Elles ont été couplées à
des études anthropologiques indispensables à l’obtention d’informations essentielles sur les différentes
caractéristiques des individus (âge, sexe, maladies, etc.). Enfin, des analyses de bois et de charbons de
bois ont été également menées de façon à reconstruire les rituels funéraires à l’extérieur et à l’intérieur
de la grotte. Couplé à un travail de calibration du signal pollinique (mise en place de référentiels
actuels et fossiles), l’intégration de toutes les données obtenues (archéobotaniques, anthropologiques,
archéologiques, paléoparasitologie, datation radiocarbone) apportent des informations non seulement
sur le rôle des plantes dans les rituels funéraires et leurs significations culturelles pour la culture
Naviforme de l’Île de Minorque, mais également sur les modes d’alimentation, les types d’infection
et les traitements « paléopharmacologiques »potentiels. Les analyses polliniques ont été menées à une
échelle micro-régionale avec pour objectif d’embrasser toutes les formes des contextes sédimentaires. La
variabilité inter-individuelle a été prise en compte par l’étude de corps de différents âges, sexe, statut
apparent et souffrant de différentes maladies, tout comme la variabilité intra-individuelle. En effet, les
analyses polliniques concernent : a) différentes parties du corps (tête, thorax, jambes, pelvis, etc.) ; b)
des éléments spécifiques tels les coprolithes or restes en cuir de boeuf, etc.) sédiments à l’intérieur et
à l’extérieur du linceul. Les résultats polliniques indiquent une grande variabilité quant à l’utilisation
des plantes et/ou des offrandes pour un même individu et entre individus. La domination très large
des taxons entomophiles suggère que le pollen s’est préférentiellement déposé dans la grotte durant les
rituels conférant des traits culturels spécifiques aux interprétations des spectres polliniques. En outre,
les spectres associés aux pratiques rituelles témoigne d’une grande diversité des types polliniques,
84
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
suggérant une utilisation complexe des plantes pour les offrandes. Enfin, les spectres polliniques issus
des coprolithes, du pelvis et de la zone stomacale apportent des informations sur les régimes alimentaires
et les traitements médicinaux potentiels.
85
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
NOUVELLES DONNÉES CONCERNANT L’HISTOIRE ÉVOLUTIVE DES
LIGNOPHYTES
Christine Strullu-Derrien1,2, Philippe Gerrienne2, Désiré-Georges Strullu1
1 Université d’Angers, Laboratoire Mycorhizes, UFR Sciences, 2 boulevard Lavoisier, 49045 Angers Cedex, France ;
[email protected]
2 Paléobotanique, Paléopalynologie, Micropaléontologie, Département de Géologie, Université de Liège, B-4000 Liège
1, Belgium
Le cambium bifacial représente l’innovation qui a permis aux lignophytes de produire du xylème et
du phloème secondaires. Grâce à cette acquisition, les lignophytes ont pu développer les structures les
plus grandes et les plus complexes chez les végétaux. A ce jour, les plus anciens restes attribués à des
lignophytes appartiennent aux Aneurophytales (Dévonien moyen à supérieur) et peut-être également
aux Sténokoléales (Dévonien moyen – Carbonifère inférieur). Ce sont majoritairement des formes buissonnantes. Les Archéoptéridales sont les premières lignophytes ressemblant aux arbres modernes. De
nouvelles données concernant (1) l’origine et (2) la physiologie des lignophytes sont présentées ici.
(1) De nombreux fragments de plantes ont été découverts dans un gisement Dévonien inférieur de
la carrière de Châteaupanne (Montjean-sur-Loire, Massif Armoricain, France). Les axes récoltés sont
de diamètres différents et leur longueur peut faire jusqu’à 15 cm ; ils sont dépourvus de trichomes et
montrent des stries longitudinales. Certains sont perminéralisés par la pyrite et dans ce cas, la structure
anatomique est relativement bien préservée. En coupe transversale, un cylindre central vasculaire est
visible avec un protoxylème de type centrarche. Le xylème est formé de trachéides de type P caractérisées par des ponctuations scalariformes. Chez plusieurs spécimens le cylindre central comprend des
trachéides disposées de façon désordonnée, entourées par une zone où les trachéides sont disposées en
files radiales régulières. Dans la plupart de ces spécimens, on peut observer des dédoublements cellulaires typiques de ceux produits par des initiales cambiales. Par conséquent, et bien qu’aucun rayon
n’ait pu être mis en évidence, ces trachéides en files radiales sont interprétées comme du xylème secondaire simple, produit par un cambium. La plante de Châteaupanne pourrait donc représenter une
lignophyte basale.
(2) Les lignophytes actuelles forment des mycorhizes, qui représentent des associations symbiotiques
entre les plantes et les champignons basées sur des échanges de métabolites et de nutriments. L’association tige rhizomateuse/champignon (= paramycorhize) a été mise en évidence chez Aglaophyton
major découverte dans les cherts de Rhynie (Ecosse) datant de 400 millions d’années. Cependant les
associations mycorhiziennes avec des vraies racines (= eumycorhizes) n’avaient pas encore été décrites.
Nous avons ré-étudié du matériel provenant de Grand Croix (Massif Central, France) où les Cordaites
(Conifères primitifs) sont particulièrement bien représentées. L’étude montre le caractère mycorhizien
des radicelles de Cordaites de type Radiculites. La zone fongique caractéristique, située dans le cortex
interne, est détaillée ainsi que les arbuscules. La mycorhization intervient dans les racines primaires
présentant un réseau d’épaississements au niveau des parois cellulaires qualifiés d’épaississements phi.
Ce réseau ressemble à celui observé chez les Cupressaceae (s.l.) actuelles. L’identification de ce réseau,
pouvant être utilisé comme marqueur, est important pour reconnaître les racines non lignifiées où se
forme la symbiose. Nos résultats montrent la plus ancienne mycorhize chez les lignophytes.
86
Prospectives en Paléontologie et Palynologie
RÉSUMÉS
STRUCTURATION DU RÉSEAU TRANS’TYFIPAL : IMPACTS EN TERME
DE RECHERCHE, GESTION ET LÉGISLATION DES COLLECTIONS
Jérôme Thomas, Bruno David, Sophie Montuire, Alain Festeau, Michaël Bailly
Biogéosciences, Université de Bourgogne, France ; [email protected];[email protected];
[email protected];[email protected];[email protected]
Le Ministère de la Recherche a chargé le laboratoire Biogéosciences de réaliser l’inventaire national
des types et figurés paléontologiques conservés en France à travers le programme Trans’Tyfipal, par le
financement d’un Programme Pluri-Formation (PPF).
La nouvelle structuration de Trans’Tyfipal a permis de réunir dans une première phase les principaux laboratoires conservant des types paléontologiques et à instaurer un maillage par grande région.
Chaque région est sous la responsabilité d’un établissement « nœud de réseau »qui, dans une seconde
phase du programme, sera en charge de fédérer des établissements conservant peu de spécimens fossiles.
Cette structuration a permis de réactiver la mise à disposition sur le web de données textes et images
concernant les types et figurés, qui sont, par définition, des référentiels internationaux dont dépend
l’objectivité de la nomenclature internationale. Ainsi en moins de deux ans, le nombre de fiches accessibles à l’international via internet est passé de moins de 9 000 à près de 15 000 et le nombre d’images
approche 19 000.
Dans le cadre du programme Trans’Tyfipal, la mise à jour du catalogue des collections paléontologiques françaises a été lancée. Cette collecte de métadonnées sera prochainement en ligne et permettra
à tout chercheur de contacter les établissements détenteurs afin d’accéder à des collections parfois
ignorées ou peu étudiées malgré leur fort potentiel recherche. Cet aspect dépasse le cadre de la seule
paléontologie, mais touche également d’autres disciplines des géosciences.
Cette organisation en réseau permet de révéler les forces et faiblesses des collections, non seulement
sur le plan matériel (richesse, conditions de préservation, facilités d’accès. . . ), mais aussi sur le plan
statutaire. En effet, tous les établissements détenteurs ne sont pas régis par les mêmes statuts. D’un
point de vue législatif, les collections des laboratoires de recherche sont considérées comme des biens
du domaine privé des personnes publiques. À ce titre, elles sont insaisissables, mais ne peuvent pas
prétendre à l’inaliénabilité et l’imprescriptibilité (elles peuvent donc être détruites ou vendues sans
aucune concertation). Leur inscription au domaine public d’une personne publique par la reconnaissance de son intérêt scientifique (article L 1 du Code du Patrimoine) leur conférerait une meilleure
protection. Mais pour ce faire, il faut au préalable définir la propriété des spécimens. Le laboratoire
en est seulement le dépositaire et seules les tutelles (CNRS, universités et autres EPST) peuvent se
déclarer propriétaires. Toutefois une telle inscription au domaine public ne serait pas sans conséquence
sur la recherche. En effet, dès qu’un objet bénéficie de cette protection, il n’est plus envisageable de
l’altérer ou le détruire, ce qui interdit les analyses géochimiques par exemple. Ce type de statut est
donc bien adapté à la protection des types et figurés, mais il n’est pas envisageable de le généraliser
à l’ensemble des collections. Il faudrait ainsi faire reconnaître légalement un nouveau statut, celui de
« matériel d’étude ».
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