Corrigé du DM sur les plaisirs
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Corrigé du DM sur les plaisirs
Séquence 1 Corrigé du DM sur les plaisirs Textes de Fontenelle Du bonheur, Alain Propos sur le bonheur et Philippe Delerm La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules. Question de corpus L’homme s’est toujours interrogé sur la conception du bonheur et la manière de l’atteindre. D’aucuns prétendent que le bonheur est une accumulations de petits moments furtifs qui flattent les sens : les plaisirs. C’est ainsi que les textes du corpus – Du Bonheur de Fontenelle, Propos sur le bonheur d’Alain, et La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Delerm – abordent la notion des petits plaisirs, soit les défendant, soit les attaquant. Nous verrons tout d’abord comme Fontenelle et Delerm les défendent, et ensuite que le philosophe Alain les attaquent. Les textes de Fontenelle et de Delerm, défendent l’idée d’un bonheur acquis par les petits plaisirs. En effet, comme l’explique Fontenelle, l’homme ne peut se contenter de ce qu’il possède déjà, et cherche le bonheur dans ce qui ne lui est pas acquis (l. 3-4 « ma condition est gâtée par ce qu’il a, la sienne l’est par d’autres privations »). Le texte de Delerm rejoint cette idée. La première gorgée de bière ayant été bue, le goût, la sensation… sont déjà connues et l’on ne s’en satisfait plus. Aussi, l’homme doit-il savourer les petits plaisirs là où ils sont. Fontenelle appuie cette thèse par un registre didactique, et un présent à valeur de vérité générale. Il présente les petits bonheurs comme étant le moyen de goûter au bonheur, à défaut de trouver la parfaite félicité (l.11-12 « Puisqu’il y a si peu de biens, il ne faudrait négliger aucun de ceux qui tombent dans notre partage »). Delerm, lui, emploi le registre lyrique, louant les bonheurs minuscules, tels qu’une « première gorgée de bière ». Il peint les petits bonheurs de façon merveilleuse, en faisant ressortir tout le plaisir qu’ils peuvent procurer ; la description des sensations est très précise. Car ces minuscules bonheurs ont un caractère éphémère, et ils pourraient-être les seuls jamais connus. Fontenelle appuie : « Il y a peu de gens qui quelquefois en leur vie n’aient eu regret à quelque état, à quelque situation dont ils n’avaient pas assez goûté le bonheur » (l.32-34). Il faut donc profiter de ce qui s’offre à nous. A la manière de Delerm, qui ne perd pas une goutte de sa première gorgée. Ainsi, les deux auteurs, par des procédés différents, se rejoignent sur la défense de des petits plaisirs, montrant que le bonheur peut être atteint simplement. Cependant, si Fontenelle et Delerm défendent les petits plaisirs, Alain, les attaque. En effet, celui-ci, à l’aide d’un registre didactique, déclare que le bonheur est différent du plaisir (l.7 « ce sont deux choses très différentes »). Pour lui, les petits plaisirs sont quelque chose acquis d’avance, qui ne procurent aucune satisfaction : « celui qui devient riche par héritage est un avare triste, s’il est avare » (l.25). Le plaisir rend malheureux, parce qu’il ne vient pas de soi. Il s’agit de quelque chose que l’on « subit », comme l’exemple d’Hercule amoureux, ou la comparaison du boxeur qui recevrait les coups sans les avoir cherchés. Le bonheur est au contraire la récompense d’un effort de l’homme. Celui-ci se donne de « la peine » pour l’atteindre. Aussi, Alain emploie-t-il un argument d’autorité pour appuyer sa thèse : « Le vieux Diogène disait : ‘‘Ce qu’il y a de meilleur c’est la peine’’ » (l. 4-5). Le bonheur est quelque chose de recherché ; on choisit de se donner de la peine (l.14 « et ce travail voulu est un plaisir, un bonheur, pour mieux parler »), ce qui donne un sentiment de puissance lorsque l’on réussit. L’homme ne veut pas se contenter de ce qu’il possède déjà, « il veut [la] devoir à lui-même » (l.24). Aussi, selon Alain, est-il préférable de se priver des petits plaisirs, pour atteindre le bonheur par soi-même. Ainsi, en se rapprochant leurs arguments, mais utilisant différents procédés, les textes de Fontenelle et de Delerm se rejoignent sur la défense des petits plaisirs, et s’opposent au texte d’Alain. 1/5 Ecriture d’invention, sujet 2 Regarderdescookiescuire Onestdevantlefour,lenezpresquecolléàlavitre.Onregardelescookiescuire. On cherche des yeux lequel on va prendre, lequel on va manger en premier. On n’arrivepasàsedécider.Onenchoisitun,puisonledélaissepourunautre,meilleur.Onse réserveleplusbeau,celuiavecleplusdechocolat,ouencorecelui-là,toutpetit,maisqui sembletellementfondant…C’estbond’hésiter,desedirequ’onalechoix.Sil’onvoulait, onpourraitmêmelesprendretousàlafois.Oui,onauraitqu’àcroquerunboutdechaque, justepourgoûter. Ce sont tour à tour, nos cinq sens qui s’éveillent. Douce satisfaction, euphorie délicate. La chaleur du four se répand dans tout notre corps. Elle nous enveloppe et nous réconforte;onsouritbêtementàcettesensation.Puisvientl’odorat.Onnelesentpastout de suite, mais un parfum agréable s’amuse près de nos narines. Au fur et à mesure, il devientplusfort,plussucré.Onhumeenfermantlesyeux,pourmieuxs’enivrer.Onsesent soulevépartantdevolupté.Etquandonrouvrelespaupières,c’estnotretroisièmesens qui se met en émoi. La pâte s’est, lentement, onctueusement, étalée; les pépites de chocolatcoulentcommedespetitscœurs.Onsesentfondredevanttantdedouceur…Et c’estl’ouïequisedéveloppe.Oh,iln’yarienàentendrebiensûr,dansuncookiequicuit. Pourtant, on tend l’oreille… Comme si la pâte allait se mettre à chanter. On ne veut rien perdredesamusique.C’estsibeau!Sibon!Bon?Déjà,onfaitclaquersalanguecontre son palais. On imagine le cookie fondre dans sa bouche: il craque d’abord sous la dent, puis, tout doucement, avec merveille, il devient tendre et onctueux… Ah! Bonheur! La salivenousvient,l’exaltationaussi. Etpuis,onsortlecookiedufour;ilfautlelaisserrefroidir. C’estdanscetteeffervescence,lecœurbattantlachamade,qu’onsemet,unefoisde plus,àattendre. Maisquellesensationexquise,quecesupplicedeTantale!Onenriraitpresque!On s’amuse à faire marcher ses doigts à côté, comme un petit bonhomme qui tournerait autour de l’objet convoité. On ne quitte pas le gâteau des yeux. On le regarde, amoureusement.Ilestsibeau… Ildoitêtrefroidmaintenant!Ontoucheduboutdudoigtlapâtedorée.Frustration. Non! Plutôt… délice! Parce que l’on peut rester encore un peu à admirer l’Elu. On s’imagine encore une fois tous les délices de sa chair. On s’extasie devant sa couleur 2/5 caramel. Le temps ne compte plus. On aimerait que cela dure des heures… Et on se met timidementàsoufflersurlegâteau,nonpourlerefroidir,maispourenprendresoin. Et déjà, le cookie est prêt. On ne s’en est même pas rendu compte. Une voix nous sortsimplementdelarêverie:«Tupeuxlemangermaintenant.»Ontendlamainversle gâteau;ilestmaintenantacquis.Onl’amèneàseslèvres.Legoûtestlà,maislecœurn’y est plus. On mange instinctivement, sans bruit: juste pour se rappeler ce qu’était le bonheurdedésirer. 3/5