Cours européen de pathologie chirurgicale du membre supérieur et
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Cours européen de pathologie chirurgicale du membre supérieur et
Sous l’égide du Collège Français des Chirurgiens Orthopédistes et Traumatologues et du Collège Français des Enseignants en Chirurgie de la Main Sous le patronage de : - L’European Rheumatoid Arthritis Surgical Society (ERASS) - La Fédération Européenne des Services d’Urgence Main (FESUM) - Le Groupe d’Etudes de la Main et du Membre Supérieur en Orthèse et Rééducation (GEMMSOR). Cours européen de pathologie chirurgicale du membre supérieur et de la main - 2012 Sous la direction de Christian FONTAINE, Philippe LIVERNEAUX et Emmanuel MASMEJEAN Sous la présidence d’honneur de Jean-Yves ALNOT 11, bd Henri IV - 34000 Montpellier e-mail : [email protected] CE2012.indb 3 3/01/12 8:51:29 Liste de auteurs I. Auquit-Auckbur : Service de Chirurgie Plastique et de la Main - C.H.U. Charles Nicolle - 1, rue de Germont 76031 Rouen Cedex T. Awada : Service de chirurgie de la main, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg - 10, avenue Baumann - 67403 Illkirch G. Bacle : Service d’orthopédie 1, CHU Trousseau, avenue de la République - 37044 Tours cedex 1 L. Badet : Service de Chirurgie de la Transplantation et d’Urologie, Hôpital Edouard Herriot, Hospices Civils de Lyon - 5 place d’Arsonval - 69003, Lyon/Université Lyon 1 J. Clotilde-Trotel : Service Ergothérapie - Institut Robert Merle d’Aubigné - 2, rue du Parc - 94460 Valenton D. Corcella : Unité de Chirurgie de la Main et des Brûlés - 38043 Grenoble B. Coulet : Service de Chirurgie de la Main et du Membre Supérieur - CHRU Lapeyronie - 371, avenue du Doyen Gaston Giraud - 34000 Montpellier Cedex 5 A.-S. Coutie : Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologie - Centre Hospitalier Universitaire, ToulousePurpan - Place du Dr Baylac - 31059 Toulouse, cedex S. Barbary : Médipôle de Gentilly, Cabinet ADR - 54000 Nancy-Maxeville C. Couturier : SOS Main - Hôpital Privé Ouest Parisien - 14, avenue Castiglione del Lago - 78190 Trappes - Espace Médical Vauban - 2A, avenue de Ségur - 75007 Paris R. Beccari : Service de Chirurgie Plastique et de la Main - C.H.U. Charles Nicolle - 1, rue de Germont - 76031 Rouen Cedex F. Dap : Service de chirurgie plastique et reconstructrice de l’appareil locomoteur, Centre Chirurgical Emile Gallé, CHU de Nancy - 54000 Nancy O. Benoit : Service de chirurgie orthopédique et traumatologique - Centre Hospitalier Victor Provo - 11, bd Lacordaire - 59010 Roubaix A. Bodin : Service de chirurgie de la main, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg - 10, avenue Baumann - 67403 Illkirch A. Bonmarchand : Service de Chirurgie Plastique et de la Main - C.H.U. Charles Nicolle - 1, rue de Germont 76031 Rouen Cedex N. Bonnevialle : Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologie - Centre Hospitalier Universitaire, ToulousePurpan - Place du Dr Baylac - 31059 Toulouse, cedex P. Bonnevialle : Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologie - Centre Hospitalier Universitaire, ToulousePurpan - Place du Dr Baylac - 31059 Toulouse, cedex B. Bouillet : Unité de Chirurgie de la Main et des nerfs périphériques - Hôpital Européen Georges-Pompidou (HEGP) - 20, rue Leblanc - 75015 Paris cedex 15 L.-M. Bourcheix : Unité de Chirurgie de la Main et des nerfs périphériques - Hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP) - 20, rue Leblanc - 75908 Paris cedex 15 N. Boutry : Service d’imagerie musculo-squelettique Centre de consultation et d’imagerie de l’appareil locomoteur - CHRU de Lille - 59037 Lille cedex M. Chammas : Service de chirurgie de la main et du membre supérieur, chirurgie des nerfs périphériques Hôpital Lapeyronie - CHU Montpellier - 34295 Montpellier cedex 5 C. Chantelot : Service de chirurgie du membre supérieur, Hôpital Roger Salengro - CHRU de Lille - 59037 Lille cedex D. Cheval : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, et de chirurgie de la Main CHU - rue Tanguy Prigent - 29200 Brest G. Chiesa : Institut Robert Merle d’Aubigné - 2, rue du Parc - 94460 Valenton P. Clavert : Centre d’orthopédie et chirurgie de la main - 10, avenue Bauman - 67400 Illkirch CE2012.indb 4 G. Dautel : Service de chirurgie plastique et reconstructrice de l’appareil locomoteur, Centre Chirurgical Emile Gallé, CHU de Nancy - 54000 Nancy X. Demondion : Service d’imagerie musculo-squelettique - Centre de consultation et d’imagerie de l’appareil locomoteur - CHRU de Lille - 59037 Lille cedex A. Didierjean-Pillet : 32, rue Godot de Mauroy - 75009 Paris C. Dos Remedios : Service de chirurgie orthopédique Centre hospitalier de la Rochelle - 17000 La Rochelle T. Dubert : Clinique La Francilienne - 16, av. Jacques Heuclin - 77340 Pontault-Combault A. Dumont : Chirurgie Plastique - CHU Lille - Hôpital Roger Salengro - rue Emile Laine - 59037 Lille S. Facca : Service de chirurgie de la main, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg - 10, avenue Baumann - 67403 Illkirch L. Favard : Service d’orthopédie 1, CHU Trousseau, avenue de la République - 37044 Tours cedex 1 F. Fitoussi : Service d’Orthopédie Pédiatrique, Urgences Mains Enfant - Hôpital Robert Debré - 48, bd Sérurier 75019 Paris R.-M. FLIPO : Hôpital Roger Salengro, Centre Hospitalier et Universitaire de Lille, Université de Lille 2 - 59037 Lille cedex M. Flury : Schulthess Klinik Zürich, Lengghalde 2, CH8008 Zürich, Suisse C. Fontaine : Service de chirurgie du membre supérieur, Hôpital Roger Salengro - CHRU de Lille - 59037 Lille cedex — Laboratoire d’Anatomie, Faculté de Médecine Henri Warembourg, Place de Verdun, Université Lille - Nord de France - 59045 Lille cedex A. Forli : Unité de Chirurgie de la Main et des Brûlés 38043 Grenoble A. Gazarian : Département de Chirurgie de la Main, Clinique du Parc - 155ter, bd de la Bataille de Stalingrad 69006 Lyon — Service de Chirurgie de la Transplantation et d’Urologie, Hôpital Edouard Herriot, Hospices Civils de Lyon - 5 place d’Arsonval - 69003, Lyon/Université Lyon 1 3/01/12 8:51:29 M. Germain : Service de chirurgie, Institut Gustave Roussy - 39, rue Camille Desmoulins - 94805 Villejuif G. Gilardin : Ergothérapeute - Institut Robert Merle d’Aubigné - 2, rue du Parc - 94460 Valenton M.-C. Glanzmann : Schulthess Klinik Zürich, Lengghalde 2, CH-8008 Zürich, Suisse V. Guigal : Département de Chirurgie de la Main, Clinique du Parc - 155ter, bd de la Bataille de Stalingrad 69006 Lyon P.-Y. Hatron : Service de médecine interne - Hôpital Claude Huriez - CHRU de Lille - 59037 Lille cédex W. Hu : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, et de chirurgie de la Main C.H.U. - rue Tanguy Prigent - 29200 Brest M. John : Department of Orthopedics, Otto-von-Guericke University & Department of Traumatology and Orthopedics, Hospital Klinikum Magdeburg, 39130 Magdeburg, Birkenallee 34, Allemagne B. Juon : Service de Chirurgie de la main & Chirurgie Plastique, Inselspital Bern - Hôpital Universitaire de Berne, Suisse N. Kerfan : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, et de chirurgie de la Main C.H.U. rue Tanguy Prigent - 29200 Brest P. Knipper : Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique - Unité de Chirurgie de la Main et des Nerfs Périphériques — S.O.S. Mains HEGP - Hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP) - 20, rue Leblanc 75908 Paris Cedex 15 C. Le Lardic : Nantes Assistance Main - Clinique Jeanne d’Arc, Nantes D. Le Nen : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, et de chirurgie de la Main C.H.U. - rue Tanguy Prigent - 29200 Brest F.-M. Leclère : Service de Chirurgie de la main & Chirurgie Plastique, Inselspital Bern - Hôpital Universitaire de Berne, Suisse P. LiverneauX : Service de chirurgie de la main, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg - 10, avenue Baumann - 67403 Illkirch M. Loret : Unité de Chirurgie de la Main et des Brûlés 38043 Grenoble W. Mamane : Unité de Chirurgie de la Main et des nerfs périphériques - Hôpital Européen Georges-Pompidou (HEGP) - 20, rue Leblanc - 75015 Paris M. Mansat : Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologie - Centre Hospitalier Universitaire, ToulousePurpan - Place du Dr Baylac - 31059 Toulouse cedex P. Mansat : Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologie - Centre Hospitalier Universitaire, ToulousePurpan - Place du Dr Baylac - 31059 Toulouse cedex B. Marcadet : Clinique de la Main - 36 bis, rue Nicolo - 75116 Paris O. Mares : Service de chirurgie de la main et du membre supérieur, chirurgie des nerfs périphériques - Hôpital Lapeyronie - CHU Montpellier - 34295 Montpellier cedex 5 E. Masmejean : Unité de Chirurgie de la Main et des nerfs périphériques - Hôpital Européen Georges-Pompidou (HEGP) - 20, rue Leblanc - 75015 Paris CE2012.indb 5 L. Mathys-Alary : Service de Chirurgie de la main & Chirurgie Plastique, Inselspital Bern - Hôpital Universitaire de Berne, Suisse C. Maynou : Service d’Orthopédie A - Clinique d’orthopédie-traumatologie - Pôle des neurosciences et de l’appareil locomoteur - Hôpital Roger Salengro - CHRU de Lille - 59037 Lille cedex D. Menager : Institut Robert Merle d’Aubigné - 2, rue du Parc - 94460 Valenton P.-Y. Milliez : Service de Chirurgie Plastique et de la Main - C.H.U. Charles Nicolle - 1, rue de Germont - 76031 Rouen Cedex V. Mitz : Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique - Unité de Chirurgie de la Main et des Nerfs Périphériques - S.O.S. Mains HEGP - Hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP) - 20, rue Leblanc 75908 Paris Cedex 15 F. Moutet : Unité de Chirurgie de la Main et des Brûlés - 38043 Grenoble J. Nagels : Leiden University Medical Center - P.O. box 9600, 2300 RC - Leiden - Pays-Bas L. Noël : Service de chirurgie de la main, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg - 10, avenue Baumann - 67403 Illkirch L. Obert : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Assistance Main & CIC IT 808 - C.H.U. de Besançon - 25033 Besançon F.-B. Ouezdou : Laboratoire d’Ingénierie des Systèmes de Versailles (LISV) - Université de Versailles Saint-Quentin - Centre Universitaire de Technologie, 10/12, avenue de l’Europe - 78140 Vélizy J.-M. Ovieve : Kinésithérapeute, cadre de santé, orthésiste, CR Main - 12, rue Hermel - 75018 Paris J. Pauchot : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Assistance Main - & CIC IT 808 - C.H.U. de Besançon - 25033 Besançon J. Pillet : 32, rue Godot de Mauroy - 75009 Paris G. Polvèche : Service de Traumatologie-Orthopédie Hôpital Saint-Philibert - 115, rue du Grand but - 59160 Lomme J. Richou : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, et de chirurgie de la Main C.H.U. - rue Tanguy Prigent - 29200 Brest C. Rizzo : Département de Chirurgie de la Main, Clinique du Parc - 155ter, bd de la Bataille de Stalingrad - 69006 Lyon S. Rochet : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Assistance Main - & CIC IT 808, C.H.U. - 25033 Besançon M. Rongières : Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologie - Centre Hospitalier Universitaire, ToulousePurpan - Place du Dr Baylac - 31059 Toulouse cedex J.-C. Rouzaud : Institut de la Main - Clinique Clémentville ñ 25, rue de Clémentville - 34000 Montpellier P. Schiele : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, et de chirurgie de la Main C.H.U. - rue Tanguy Prigent - 29200 Brest C. Schlur : Unité de Chirurgie de la Main et des nerfs périphériques - Hôpital Européen Georges-Pompidou (HEGP) - 20, rue Leblanc - 75015 Paris M. Schoofs : 43, rue des Meuniers - 59810 Lesquin GCS “Urgence de la Main Nord - Pas-de-Calais” 3/01/12 8:51:29 M. Schwebel : Service de chirurgie de la main, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg - 10, avenue Baumann - 67403 Illkirch E. Vögelin : Service de Chirurgie de la main & Chirurgie Plastique, Inselspital Bern - Hôpital Universitaire de Berne, Suisse H.-K. Schwyzer : Schulthess Klinik Zürich, Lengghalde 2, CH-8008 Zürich, Suisse T. Waitzeneger : Service de chirurgie de la main et du membre supérieur, chirurgie des nerfs périphériques Hôpital Lapeyronie - CHU Montpellier - 34295 Montpellier cedex 5 B.-R. Simmen : Schulthess Klinik Zürich, Lengghalde 2, CH-8008 Zürich, Suisse M.-N. Thaury : Unité de rééducation de la main et du membre supérieur - Centre de rééducation du Dr STER 34240 Lamalou-les-Bains D. Thomas : Centre Grenoblois de Rééducation de la Main et du Membre Supérieur - 1, bd Clémenceau - 38100 Grenoble Y. Tropet : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Assistance Main - & CIC IT 808 - C.H.U. de Besançon - 25033 Besançon CE2012.indb 6 G. Wavreille : Service de chirurgie du membre supérieur, Hôpital Roger Salengro - CHRU de Lille - 59037 Lille cedex — Laboratoire d’Anatomie, Faculté de Médecine Henri Warembourg, Place de Verdun, Université Lille - Nord de France - 59045 Lille cedex A. Zemirline : Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique, et de chirurgie de la Main C.H.U. rue Tanguy Prigent - 29200 Brest 3/01/12 8:51:29 Sommaire Polyarthrite rhumatoïde et autres rhumatismes Généralités Physiopathologie et traitement médical de la polyarthrite rhumatoïde R.M. Flipo........................................................................................................................................................................................................................................15 Physiopathologie des déformations dans la maladie rhumatoïde C. Fontaine.....................................................................................................................................................................................................................................23 Classifications dans la maladie rhumatoïde C. Fontaine, C. Dos Remedios........................................................................................................................................................................................28 Place actuelle de la synovectomie isolée dans la chirurgie de la polyarthrite rhumatoïde C. Fontaine.....................................................................................................................................................................................................................................37 Epaule Bilan clinique et imagerie de l’épaule rhumatoïde C. Fontaine, L. Favard, N. Boutry, X. Demondion.....................................................................................................................................44 Indications et résultats des prothèses humérales simples et totales sans geste sur la coiffe L. Favard, G. Bacle. ................................................................................................................................................................................................................52 Indications et résultats des prothèses humérales bipolaires C. Fontaine, C. Maynou. ....................................................................................................................................................................................................58 Cupule de resurfaçage au niveau de l’épaule rhumatoïde P. Mansat, A.S. Coutie, N. Bonnevialle, M. Mansat, P. Bonnevialle...........................................................................................63 Indications et résultats de la prothèse d’épaule inversée chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde M.C. Glanzmann, M. John, M. Flury, H.K. Schwyzer, B.R. Simmen...........................................................................................69 Transferts tendineux pour rupture massive de la coiffe des rotateurs J. Nagels............................................................................................................................................................................................................................................73 Stratégie dans la prise en charge de l’épaule rhumatoïde – Arbre décisionnel P. Clavert. ........................................................................................................................................................................................................................................79 Coude Synovectomie chirurgicale du coude rhumatoïde P. Mansat, N. Bonnevialle. ...............................................................................................................................................................................................81 Place et limites de la synovectomie arthroscopique du coude rhumatoïde N. Bonnevialle, P. Mansat. ...............................................................................................................................................................................................88 CE2012.indb 9 3/01/12 8:51:30 Prothèse totale de coude dans la polyarthrite rhumatoïde P. Mansat, N. Bonnevialle, M. Rongières, P. Bonnevialle.....................................................................................................................92 Poignet & main Ténosynovite et rupture des tendons fléchisseurs des doigts dans la maladie rhumatoïde C. Fontaine, G. Polvèche................................................................................................................................................................................................ 102 Ténosynovite et rupture des tendons extenseurs des doigts dans la maladie rhumatoïde C. Fontaine, O. Benoit..................................................................................................................................................................................................... 115 Poignet rhumatoïde P. Liverneaux, S. Facca...................................................................................................................................................................................................... 124 Atteinte des articulations métacarpo-phalangiennes des doigts longs dans la maladie rhumatoïde C. Fontaine................................................................................................................................................................................................................................. 140 L’atteinte interphalangienne des doigts longs dans la main rhumatoïde. Physiopathologie et prise en charge intégrée M. Chammas, T. Waitzeneger, B. Coulet, O. Mares, M.N. Thaury, J.C. Rouzaud....................................................... 153 Pouce rhumatoïde L.M. Bourcheix, E. Masmejean. .................................................................................................................................................................................. 163 Polyarthrite rhumatoïde Stratégie dans la polyarthrite rhumatoïde Ch. Fontaine, G. Wavreille, Ch. Chantelot.................................................................................................................................................. 170 Autres rhumatismes Rhumatisme psoriasique C. Couturier. ............................................................................................................................................................................................................................ 177 Lupus et pathologie du membre supérieur C. Fontaine, P.Y. Hatron................................................................................................................................................................................................ 190 Amputations et replantations du membre supérieur Généralités Jacques Michon (1921-1989) : Nul n’est prophète en son pays ! T. Awada, P. Liverneaux.................................................................................................................................................................................................... 199 Amputations et replantations du membre supérieur : principes généraux en chirurgie de replantation D. Cheval, L. Obert, J. Pauchot, D. Le Nen, Y. Tropet......................................................................................................................... 206 Facteurs prédictifs des échecs de replantation I. Auquit-Auckbur, A. Bonmarchand, R. Beccari, P.Y. Milliez...................................................................................................... 213 Amputations traumatiques chez l’enfant : principes généraux F. Fitoussi...................................................................................................................................................................................................................................... 219 CE2012.indb 10 3/01/12 8:51:30 Macro-amputation Disjonction scapulo-thoracique B. Bouillet, E. Masmejean............................................................................................................................................................................................... 223 Macroreplantations D. Le Nen, D. Cheval, N. Kerfant, A. Zemirline, J. Richou, P. Schiele, W. Hu................................................................ 228 Amputation traumatique et replantation de main D. Cheval, L. Obert, J. Pauchot, D. Le Nen, S. Rochet, Y. Tropet............................................................................................. 240 Amputation des doigts Amputation digitale proximale T. Dubert...................................................................................................................................................................................................................................... 249 Réimplantation du pouce S. Barbary, F. Dap, G. Dautel.................................................................................................................................................................................... 255 Ring-finger S. Barbary.................................................................................................................................................................................................................................... 263 Amputation digitale distale F.M. Leclère, M. Germain, M. Schoofs, B. Juon, L. Mathys-Alary, E. Vögelin. ............................................................. 271 Amputations digitales : ce qu’il ne faut pas replanter ! B. Coulet...................................................................................................................................................................................................................................... 278 Prise en charge secondaire Amputations secondaires E. Masmejean, C. Schlur, W. Mamane................................................................................................................................................................. 283 Amputations du membre supérieur : aspects esthétiques et ethniques P. Knipper, V. Mitz................................................................................................................................................................................................................. 290 Prise en charge pluridisciplinaire et appareillage des patients présentant une amputation majeure du membre supérieur G. Gilardin, J. Clotilde-Trotel, G. Chiesa...................................................................................................................................................... 298 Futur Prévention de la thrombose en microchirurgie : Enquête auprès de la FESUM (Fédération Européenne des Services des Urgences de la Main) et revue de la littérature A. Dumont. ................................................................................................................................................................................................................................ 309 De la prothèse au robot : apports de la biomécanique, de la robotique et de la neurophysiologie F.B. Ouezdou............................................................................................................................................................................................................................ 315 Résultats fonctionnels des allogreffes de main C. Rizzo, V. Guigal, L. Badet, A. Gazarian.................................................................................................................................................... 325 CE2012.indb 11 3/01/12 8:51:30 Appareillages de l’épaule à la main Généralités Orthèses de l’épaule à la main : définitions, aspects légaux J.M. Ovieve.................................................................................................................................................................................................................................. 337 Généralités : matériaux C. Le Lardic................................................................................................................................................................................................................................ 340 Généralités : erreurs à ne pas commettre J.-C. Rouzaud........................................................................................................................................................................................................................... 349 Appareillages statiques Appareillages statiques : épaule et coude P. Schiele, D. Le Nen........................................................................................................................................................................................................... 355 Appareillage statique : poignet I. Auquit-Auckbur, R. Beccari, P.Y. Milliez. ................................................................................................................................................... 360 Les orthèses statiques des doigts F. Moutet, D. Corcella, A. Forli, M. Loret, D. Thomas.................................................................................................................... 367 Appareillages dynamiques Appareillage dynamique : coude et poignet D. Thomas, F. Moutet....................................................................................................................................................................................................... 373 Appareillages dynamiques : doigts L. Noël, A. Bodin, M. Schwebel, S. Facca, P. Liverneaux................................................................................................................... 385 Appareillages dynamiques : la main de l’enfant B. Marcadet............................................................................................................................................................................................................................... 395 Prothèses Appareillage myoélectrique des amputations des membres supérieurs G. Chiesa, D. Menager. .................................................................................................................................................................................................... 404 Les prothèses esthétiques de vie sociale J. Pillet, A. Didierjean-Pillet......................................................................................................................................................................................... 414 CE2012.indb 12 3/01/12 8:51:30 Physiopathologie et traitement médical de la polyarthrite rhumatoïde R.M. Flipo Si la polyarthrite rhumatoïde (PR) constitue le plus fréquent des rhumatismes inflammatoires chroniques avec une prévalence moyenne en France estimée à 0,31 % [1], quelques travaux récents ont signalé toutefois une possible diminution de son incidence au cours de la 2e moitié du XXe siècle. Cette constatation, associée à l’apparition relativement récente de la maladie (décrite pour la première fois dans la thèse d’André Landré-Beauvais en 1800), témoigne d’emblée de l’importance potentielle des facteurs environnementaux dans le déterminisme de la maladie. La démarche diagnostique repose ainsi sur un algorithme (fig. 1) exigeant, comme notions préliminaires, l’existence d’au moins une synovite clinique, l’absence d’autre diagnostic et (8 fois sur 10) la normalité des radiographies standards. S’appliquent alors les critères dits “ACR/EULAR 2010” (tableau 1) avec un diagnostic retenu si le score est ≥ 6/10 [2]. Nouveaux critères de classification En introduction, il apparaît souhaitable de mettre en avant la récente validation internationale de nouveaux critères de classification. En effet, les critères dits de l’ACR 1987 n’avaient pas été construits dans le cadre de rhumatismes inflammatoires débutants, ni dans l’optique de l’initiation précoce d’un premier traitement de fond. Ce travail collaboratif entre le Collège Américain de Rhumatologie (ACR) et le Collège Européen (EULAR) a reposé notamment sur l’étude de véritables cohortes observationnelles, dont la cohorte française ESPOIR [2]. Le critère de validation n’a pas été, en tant que tel, l’étiquette diagnostique de PR, mais la probabilité après un an d’évolution d’avoir reçu ou non un traitement de fond par méthotrexate (MTX). CE2012.indb 15 15 Fig. 1 : Critères ACR/EULAR 2010 de la PR 3/01/12 8:51:31 Cours européen de pathologie chirurgicale du membre supérieur et de la main Tableau 1 : Critères ACR/EULAR 2010 de la PR. Score Critères d’éligibilité : 1) Avoir au moins 1 articulation avec synovite clinique (gonflement) 2) En l’absence de tout autre diagnostic Un score ≥ 6 est requis pour retenir le diagnostic de polyarthrite rhumatoïde définie A. Atteinte articulaire 1 grosse articulation 2-10 grosses articulations 1-3 petites articulations (avec ou sans grosses articulations touchées) 4-10 petites articulations (avec ou sans grosses articulations touchées) > 10 articulations (dont au moins 1 petite articulation) 0 1 2 3 5 B. Sérologie (au moins 1 test réalisé) FR négatif et ACPA négatif Faible positivité (FR ou ACPA) Forte positivité (FR ou ACPA) 0 2 3 C. Syndrome inflammatoire (au moins 1 test réalisé) CRP normale et VS normale CRP anormale ou VS anormale 0 1 D. Durée des symptômes < 6 semaines ≥ 6 semaines 0 1 FR : facteur rhumatoïde ; ACPA : Anti-Citrullinated Peptide Antibodies (anticorps anti-peptides citrulinés) ; CRP : protéine C réactive ; VS : vitesse de sédimentation. La polyarthrite rhumatoïde : une affection dite d’origine multifactorielle Importance des facteurs génétiques [3] 16 L’existence de cas familiaux et les études conduites chez des jumeaux homo- ou hétérozygotes ont rapidement mis en avant le rôle potentiel de facteurs génétiques. Les premiers identifiés, et aujourd’hui encore les plus importants, sont ceux liés au système HLA de classe II, et notamment certains allèles HLA DRB1 possédant une séquence commune appelée “l’épitope partagé” (séquences QKRAA et QRRAA retrouvées principalement sur les allèles HLA DRB1*01, *04 et *10). D’autres polymorphismes génétiques ont été plus récemment identifiés, comme celui du gène PTPN22, mais leur importance apparaît très inférieure à celle des gènes HLA DR impliqués dans la reconnaissance de l’antigène. Aujourd’hui, la recherche de certains polymorphismes génétiques n’est pas utilisée en pratique quotidienne dans le cadre de l’établissement diagnostique de la maladie. CE2012.indb 16 Rôle des facteurs environnementaux Certaines constatations historiques et géographiques plaident en faveur de l’importance de facteurs environnementaux. Si le rôle de certains facteurs nutritionnels reste très hypothétique, ces dix dernières années ont permis de mettre en avant l’importance de l’intoxication tabagique et la démonstration de véritables interactions dites “gènes-environnement” [4]. L’importance de l’intoxication tabagique, en fonction de la présence de 1 ou 2 allèles HLA dits de susceptibilité à la maladie, peut s’accompagner d’une augmentation du risque de développer une PR de près de 40. La figure 2 illustre ainsi les résultats d’une très récente étude épidémiologique scandinave [5]. Les sujets ayant ainsi une intoxication tabagique évaluée à plus de 20 paquet-années et ayant 2 allèles dits à risque ont ainsi un risque de développer une PR multiplié par 37,6 (1,83-77,4). D’autres travaux ont montré que l’interaction tabac et HLA conduisait à une majoration considérable du risque de développement 3/01/12 8:51:31 Physiopathologie et traitement médical de la polyarthrite rhumatoïde toïde ont permis ces dernières années de mettre l’accent sur les cellules et les cytokines impliquées dans les phénomènes inflammatoires observés. Les figures 3 et 4 mettent ainsi en avant les principales cellules effectrices que sont les lymphocytes T activés, les lymphocytes B, les cellules monomacrophagiques et, pour les principales cytokines proinflammatoires, l’interleukine 1, le TNFα et l’interleukine 6. Fig. 2 : Résultats de la cohorte “EIRA” d’une PR avec auto-anticorps de type facteur rhumatoïde et, surtout, des anticorps dirigés contre des épitopes citrullinés (actuellement appelés ACPA : Anti-Citrullinated Peptide Antibodies). C’est l’hypothèse actuelle dite “pulmonaire” de la PR [6] : l’intoxication tabagique conduisant au niveau pulmonaire au développement de phénomènes inflammatoires avec production d’épitopes citrullinés, synthèse d’anticorps ACPA et développement d’une réaction inflammatoire auto-immune avec atteinte articulaire préférentielle. D’autres facteurs environnementaux de ce type ont été suggérés et en particulier la classique intoxication par la silice. La fréquence et la spécificité des ACPA dans la PR ont conduit d’un autre côté à évoquer une hypothèse “stomatologique” à la PR : certaines bactéries de la plaque parodontale disposent d’un système enzymatique capable de produire des épitopes citrullinés, et donc d’auto-anticorps de type ACPA. Pannus rhumatoïde et identification de cibles thérapeutiques Quels que soient les mécanismes physiopathogéniques en amont, la résultante effectrice est la constitution du pannus rhumatoïde, véritable pseudotumeur synoviale, qui va détruire potentiellement les structures articulaires par les effecteurs principaux que sont la production d’enzymes protéolytiques et de radicaux libres. Les recherches concernant les mécanismes intimes de cette synovite rhuma- CE2012.indb 17 Fig. 3 : Interactions cellulaires dans la PR. Fig. 4 : Balance des cytokines proet anti-inflammatoires dans la PR. Polyarthrite rhumatoïde : le traitement médical actuel 17 La prise en charge thérapeutique de la PR a considérablement évolué au cours de ces dix dernières années grâce, d’une part, à la mise sur le marché de nouvelles thérapeutiques dites ciblées et, d’autre part, grâce à la définition d’une stratégie dite de contrôle serré, avec pour objectif, dans la PR récente, l’obtention de la rémission [7]. 3/01/12 8:51:31 Cours européen de pathologie chirurgicale du membre supérieur et de la main Les grands messages 18 “Un message clé” : Il est important d’effectuer le diagnostic le plus précocement possible pour permettre l’instauration du premier traitement de fond. “Un objectif clé” : L’objectif est d’obtenir le plus rapidement possible, idéalement après 3 à 6 mois de traitement, la rémission clinicobiologique. La définition de la rémission reste encore aujourd’hui controversée, mais repose le plus souvent sur des index composites de type DAS (voir le chapitre consacré aux classifications). La rémission sous-entend par ailleurs l’absence de toute progression sur le plan structural et, pour certains, le caractère prolongé au-delà de tout traitement, et notamment corticoïde. “La stratégie dite du contrôle serré” : Quelques études dites de stratégie ont montré l’efficacité potentielle de ce que les AngloSaxons appellent la stratégie du “Tight Control” : évaluation rapprochée, en moyenne toutes les 4 semaines, des patients avec intensification thérapeutique jusqu’à obtention de la rémission (de type DAS). L’EULAR en 2010 a ainsi élaboré les recommandations clés de la prise en charge thérapeutique actuelle de la PR [8] (Annexe). “Une prise en charge globale” : On a insisté sur l’importance d’une prise en charge dite pluri- ou multidisciplinaire. Cette prise en charge inclut aujourd’hui de façon spécifique l’éducation thérapeutique du patient. Pour autant, il est tout aussi important de mettre l’accent sur l’évaluation et la prise en charge des comorbidités. En effet, celles-ci sont particulièrement fréquentes, et notamment les comorbidités de type cardiovasculaire. On sait qu’il existe au cours de la PR une augmentation importante des risques, notamment coronariens. Cette augmentation ne dépend pas que des facteurs de risque cardio-vasculaires classiques. L’inflammation chronique participe à ce sur-risque et à une mortalité cardio-vasculaire qui est équivalente à celle observée au cours du diabète ! Les traitements symptomatiques Les antalgiques S’ils restent très fréquemment utilisés dans la PR, nous ne disposons toutefois que de très CE2012.indb 18 rares études contrôlées. Les antalgiques majeurs sont rarement utilisés depuis l’avènement des biomédicaments. Leur éventuelle prescription au long cours justifie une évaluation et un suivi spécialisés. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens Ils figurent classiquement dans l’arsenal thérapeutique symptomatique de la PR. Leur place est aujourd’hui plus restreinte, en raison notamment de leurs risques cardio-vasculaires et en particulier coronariens. La moindre toxicité digestive des inhibiteurs sélectifs de Cox2 (coxibs) n’est pas reconnue en France par les autorités de santé. Les coxibs sont en principe déconseillés chez les sujets ayant des antécédents cardiovasculaires. Leur utilisation est préconisée sur des périodes volontiers limitées. Les anti-inflammatoires stéroïdiens Malgré la fréquence des effets indésirables de la corticothérapie au long cours, les glucocorticoïdes sont encore prescrits en moyenne chez près d’un sujet sur deux. Les recommandations actuelles mettent en avant leurs bénéfices dans le cadre de PR récentes, avec un traitement dit d’induction et à condition d’envisager rapidement, en quelques semaines à quelques mois, leur arrêt. Malgré tout, les corticoïdes restent souvent utilisés au long cours avec, si possible, la recherche d’une posologie d’entretien ≤ 0,1 à 0,15 mg/kg. Au long cours, on s’interroge sur l’augmentation des risques cardio-vasculaires, voire infectieux, secondaires à une corticothérapie prolongée, même à faibles doses (sans démonstration toutefois d’une iatrogénie pour les posologies de moins de 5 mg d’équivalent prednisone par jour). Les traitements de fond appelés “DMARDs” (Disease Modifying Anti-Rheumatic Drugs) Certains traitements de fond de la PR ne sont plus que très rarement utilisés de nos jours et notamment les célèbres injections de sels d’or (Allochrysine®). Les dérivés sulfidrylés de type Acadione® ou D-pénicillamine (Trolovol®) ne sont plus utilisés. L’hydroxychloroquine (Plaquenil®) a une prescription limitée aux polyarthrites débutantes, peu actives, de bon pronostic, non érosives. 3/01/12 8:51:31 Physiopathologie et traitement médical de la polyarthrite rhumatoïde Les trois traitements de fond ayant démontré leur efficacité clinique et structurale sont la sulfasalazine (Salazopyrine®), le léflunomide (Arava®) et surtout le méthotrexate (Novatrex®, Imeth®, Metoject®). Le méthotrexate (MTX) est aujourd’hui considéré comme la pierre dite “angulaire” du traitement de la PR. Toutes les recommandations nationales et internationales préconisent si possible de débuter par le MTX avec une posologie initiale de 10, voire 15 mg/semaine, et une augmentation progressive par paliers de 2,5 à 5 mg/semaine toutes les 2 à 4 semaines (dans le cadre d’une stratégie dite de contrôle serré) ; la posologie maximale recommandée en France est de 20 à 25 mg/semaine (ou 0,3 mg/kg). Le MTX peut être associé à l’ensemble des biomédicaments actuellement disponibles. La salazopyrine et surtout le léflunomide constituent des alternatives au MTX, et notamment en cas de contre-indication ou d’intolérance à cet immunomodulateur. L’avènement des biomédicaments ou biothérapies de la PR Les découvertes physiopathogéniques de ces 20 dernières années ont permis d’identifier des cibles thérapeutiques et la construction le plus souvent d’anticorps monoclonaux dirigés soit contre une cytokine pro-inflammatoire, soit vers l’une ou l’autre des cellules de la réaction inflammatoire. Les thérapeutiques ciblées actuellement disponibles figurent dans le Tableau 2. Tableau 2 : Thérapeutiques ciblées disponibles Anti-TNFα infliximab etanercept adalimumab certolizumab golimumab (Remicade®) (Enbrel®) (Humira®) (Cimzia®) (Simponi®) Anti-IL-1 anakinra (Kineret®) Anti-RcIL-6 tocilizumab (RoActemra®) Anti-B rituximab (Mabthera®) Anti-T (CTLA4 Ig) abatacept (Orencia®) CE2012.indb 19 Les biomédicaments anti-TNFα Ce sont aujourd’hui les plus utilisés et les mieux connus, prescrits dans la polyarthrite dès la fin des années 1990. Les agents antiTNFα constituent les biothérapies de référence et en règle sont utilisées en première ligne. En France, ils peuvent être proposés aux polyarthrites débutantes potentiellement sévères (le plus souvent des PR très actives, avec autoanticorps et érosives d’emblée). En règle, ils sont proposés en cas de réponse insuffisante au MTX. Les anti-TNFα sont prescrits par un rhumatologue “expert” dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique des rhumatismes inflammatoires. Ils font l’objet d’une prescription initiale hospitalière avec renouvellement annuel. Les différents anti-TNFα ont démontré une efficacité habituellement rapide ; efficacité tant sur le plan clinique que fonctionnel et structural, avec arrêt possible de toute progression radiographique. Il s’agit néanmoins de thérapeutiques avec une efficacité suspensive. De nombreuses recommandations d’utilisation ont été publiées, dont celle de la Société Française de Rhumatologie en 2007 [9]. Les risques principaux sont d’ordre infectieux, avec la possibilité de réactivation d’une tuberculose latente. Un dépistage préalable est ainsi systématiquement réalisé (interrogatoire, radiographie de thorax, intradermoréaction et test de production d’interféron gamma de type Quantiferon TB gold®). La fréquence des infections sévères a été estimée en moyenne de l’ordre de 3 à 5 pour 100 patient-années. Ces infections sévères sous anti-TNFα s’observent principalement chez les sujets âgés et avec comorbidités. Aujourd’hui, il a été démontré qu’il n’y avait pas d’augmentation significative de la fréquence des tumeurs dites solides, ni même du risque de lymphomes malins non hodgkiniens. Seuls les cancers cutanés et les mélanomes sont statistiquement plus fréquents sous anti-TNFα, comparativement à des sujets PR traités par DMARDs conventionnels. 19 3/01/12 8:51:31 Cours européen de pathologie chirurgicale du membre supérieur et de la main Les RCP de ces biomédicaments mentionnent de nombreux autres effets indésirables mais, en règle, rares, voire exceptionnels. A noter toutefois l’induction possible d’affections auto-immunes sous anti-TNFα avec de rares lupus médicamenteux, mais de moins rares éruptions psoriasiformes. Les thérapies à cible cellulaire En France, nous disposons de même de recommandations concernant les autres biomédicaments que sont notamment le rituximab dirigé contre les lymphocytes B CD20 (Mabthera®), l’abatacept (Orencia®) qui bloque l’activation des lymphocytes T ou le tocilizumab (RoActemra®) qui bloque les récepteurs à l’IL6 [10]. Le risque d’infection postopératoire La majoration possible des risques infectieux prend toute son importance à la veille d’une chirurgie. Dans ce contexte, et en fonction de l’estimation du risque septique per opératoire, les recommandations françaises préconisent une interruption des biomédicaments de 2 semaines au minimum jusqu’à 8 semaines pour les anti-TNFα (Tableau 3). A titre indicatif, la chirurgie articulaire, notamment prothétique, est considérée comme une chirurgie à risque septique élevé. Pour la reprise du traitement après la chirurgie, les recommandations du CRI proposent un délai d’au moins 2 semaines après la chirurgie et seulement en cas de cicatrisation complète et absence de sepsis larvé. 20 Synoviorthèses Depuis quelques années, l’acide osmique n’est plus disponible (absence de validation pour usage humain). Seules perdurent les synoviorthèses dites isotopiques, mais leur niveau de preuve d’efficacité reste relativement faible. Les synoviorthèses isotopiques sont indiquées en cas de synovite(s) persistante(s) (sous traitement général considéré comme efficace). Conclusion La décennie 2000-2010 s’est accompagnée d’un véritable essor de nouveaux traitements, notamment de biomédicaments qui, associés à une stratégie dite de contrôle serré et d’intensification thérapeutique, permet d’espérer l’obtention de la rémission chez près de 30 à 50 % des patients. L’amélioration de la prise en charge, peut-être associée à une évolution séculaire favorable de la maladie, se traduit d’ores et déjà par l’observation d’une moindre sévérité de la maladie. Cette moindre sévérité est reconnue par tous sur la diminution de l’incidence de manifestations extra-articulaires sévères comme les vascularites rhumatoïdes ou le syndrome de Felty. Cette évolution est aussi illustrée par la réduction du recours à la chirurgie orthopédique comme l’illustre la figure reprenant l’expérience de la cohorte observationnelle japonaise IORRA [11]. Que reste-t-il des traitements locaux ? Infiltrations Les infiltrations restent toujours d’actualité. Elles sont plus fréquemment réalisées sous contrôle radiographique ou échographique, contrôle par imagerie indispensable en cas de réalisation d’injections d’Hexatrione® (à l’exception du genou). CE2012.indb 20 3/01/12 8:51:32 Physiopathologie des déformations dans la maladie rhumatoïde C. Fontaine La polyarthrite rhumatoïde, comme la plupart des rhumatismes inflammatoires, est une maladie inflammatoire de la membrane synoviale. Elle peut ainsi toucher les différentes localisations de la membrane synoviale et l’on parle de : - Ténosynovite, lorsqu’il s’agit de l’inflammation des gaines synoviales péritendineuses, qui est susceptible d’altérer les tendons là (et seulement là) où ils sont entourés d’une gaine synoviale ; - Bursosynovite, lorsqu’il s’agit de l’inflammation des bourses synoviales juxta-articulaires ; - Arthrosynovite, lorsqu’il s’agit de l’inflammation de la membrane synoviale articulaire ; à ce titre, les rhumatismes inflammatoires ne touchent que les articulations synoviales (y compris des articulations temporo-mandibulaires) et respectent les articulations non synoviales (comme la symphyse pubienne ou la syndesmose tibio-fibulaire). Ténosynovites et rupture tendineuse Topographie des ténosynovites Les ténosynovites rhumatismales intéressent les gaines synoviales. Pour les chirurgiens du membre supérieur, il s’agira des tendons extenseurs des doigts et du carpe sur la face dorsale du poignet, du tendon fléchisseur radial du carpe sur la face palmaire du poignet, des tendons fléchisseurs des doigts longs et du pouce à la face palmaire du poignet et au niveau des canaux digitaux, du chef long du biceps brachial à l’épaule. CE2012.indb 23 Physiopathologie des ruptures tendineuses La ténosynovite peut infiltrer les tendons eux-mêmes et être responsable de leur fragilisation. Mais il existe d’autres causes aux ruptures tendineuses : •Le frottement contre une saillie osseuse en est le principal : - Elle peut être physiologique, comme le tubercule dorsal du radius (ou tubercule de Lister), favorisant la rupture du long extenseur du pouce ; - Il peut s’agir d’une saillie osseuse pathologique, comme un scaphoïde horizontalisé, sur lequel vient frotter le tendon long fléchisseur du pouce, puis les tendons fléchisseurs de l’index, ou de la tête de l’ulna luxée, et érodée par la synovite articulaire, sur laquelle viennent frotter le tendon extenseur propre du petit doigt, puis les tendons extenseurs des doigts, ou encore du bord dorsal du radius en cas de subluxation antérieure du carpe, sur lesquelles viennent frotter les tendons extenseurs radiaux du carpe. •L’ischémie tendineuse peut encore être incriminée lorsque le tendon passe dans un défilé étroit, par exemple, le troisième compartiment de la face dorsale du poignet pour le tendon long extenseur du pouce, où le volume de la ténosynovite est responsable de l’occlusion de la microcirculation locale. 23 •L’agression directe par le liquide synovial peut encore agir sur l’expansion capsulaire du tendon extenseur ou de la bandelette sagittale radiale au dos de l’articulation métacarpo-phalangienne (MCP), de la bandelette médiane de l’appareil extenseur au dos de l’articulation interphalangienne proxi- 3/01/12 8:51:32 Cours européen de pathologie chirurgicale du membre supérieur et de la main male (IPP), ou du tendon terminal de l’appareil extenseur au dos de l’articulation interphalangienne distale (IPD). Bursosynovite Elle est responsable d’un épanchement dans les bourses séreuses naturelles. La plus visible est la bourse sous-acromiodeltoïdienne, responsable d’une volumineuse tuméfaction qui soulève le deltoïde, et qui peut exister, du moins au début, en l’absence de rupture de la coiffe des rotateurs. Il peut en exister d’autres, comme les bourses séreuses de la fosse cubitale (pli du coude) interposées entre le tendon distal du muscle biceps brachial et la tubérosité radiale ou entre le tendon distal du muscle biceps brachial et l’ulna, pouvant comprimer le nerf interosseux postérieur, au même titre qu’une expansion de la membrane synoviale de l’articulation radio-ulnaire proximale. Arthrosynovite L’inflammation de la membrane synoviale articulaire est le processus pathologique le plus péjoratif. Il peut agir de différentes façons et être responsable de plusieurs symptômes rencontrés dans les rhumatismes inflammatoires : 1) la prolifération synoviale pseudo-tumorale ; 2) la toxicité directe du liquide synovial ; 3) l’épanchement articulaire ; 4) la distension capsulo-ligamentaire ; 5) la formation des géodes ; 6) la chondrolyse. La prolifération synoviale pseudo-tumorale 24 Encore appelée pannus, elle a été considérée un peu comme une tumeur ; c’est la raison pour laquelle on a pu faire appel dans son traitement à des drogues anticancéreuses comme le Méthotrexate®, ou à sa destruction isotopique (synoviorthèse) ; c’est aussi la raison pour laquelle il est toujours exigé du chirurgien une synovectomie complète lors de n’importe quel geste chirurgical dans une articulation, pour qu’il agisse comme facteur de réduction tumorale, et permette aux autres traitements, dont les biothérapies, d’agir sur le tissu pathologique restant. CE2012.indb 24 La toxicité directe du liquide synovial La membrane synoviale pathologique sécrète des enzymes agressifs, qui sont responsables de la destruction du cartilage ou chondrolyse ; selon le principe général de fonctionnement des articulations, lorsqu’une surface articulaire n’est recouverte ni de cartilage hyalin, ni de fibrocartilage, elle doit être recouverte par la membrane synoviale ; la membrane synoviale pathologique de la polyarthrite se conduit de même, et recouvre les zones d’os ainsi mises à nu. L’épanchement articulaire La membrane synoviale pathologique est responsable d’un épanchement articulaire ; celui-ci peut être traité par des ponctions évacuatrices, par des injections locales de corticoïdes qui vont l’assécher, par une synoviorthèse chimique (l’acide osmique a été abandonné depuis plus de 10 ans) ou isotopique, qui doit théoriquement détruire la membrane synoviale. La maladie synoviale peut encore être responsable de l’apparition de kystes synoviaux, qui ne sont jamais que des soupapes à la tension de la cavité articulaire principale, ou sa mise en communication avec une bourse séreuse de voisinage ; c’est ainsi que l’on peut expliquer les fréquents kystes poplités au genou, dont sa forme géante, le kyste de Baker, qui apparaît sous la peau de la jambe au mollet, mais aussi les kystes du poignet. Comme ces kystes sont la conséquence ou le symptôme de l’épanchement articulaire, leur exérèse isolée n’a pas de sens : il faut d’abord traiter la cause, c’est-à-dire la maladie synoviale. La distension capsuloligamentaire L’épanchement liquidien et le volume même des villosités synoviales hypertrophiées sont responsables d’une distension capsuloligamentaire. Cette distension prédomine là où les structures capsulo-ligamentaires sont les moins résistantes, comme nous le reverrons dans plusieurs des chapitres suivants. On peut en citer plusieurs exemples : 3/01/12 8:51:32 Physiopathologie des déformations dans la maladie rhumatoïde Références [1] Simmen BR, Huber H. The wrist joint in chronic polyarthritis. A new classification based on the type of destruction in relation to the natural course and the consequences for surgical therapy. Handchir Mikrochir Plast Chir 1994; 26 (4): 182-9. [2] Flury MP, Herren DB, Simmen BR. Rheumatoid arthritis of the wrist. Classification related to natural course. Clin Orthop 1999; (366): 72-7. [3] Gschwend N. Surgical treatment of rheumatoid arthritis. WB Saunders, Philadelphia London Toronto & Thieme, Stuttgart, 1980: 310 p. [4] Affections rhumatismales. In : R. Tubiana (éd) “Traité de Chirurgie de la Main”, tome 5. Masson, Paris, 1995 : 161-515. [5] Allieu Y. La main et le poignet rhumatoïdes. Traitement chirurgical, traitement médical et réadaptation fonctionnelle. (éd). Monographie de la Société Française de Chirurgie de la Main n° 23. Expansion scientifique française, Paris, 1996: 239 p. [6] HAGENA FW Rheumatoid arthritis surgery of the complex hand. In: (Ed) Rheumatoid arthritis surgery of the complex hand and foot. Rheumatology: an annual review n° 11. Karger, Basel, 1987: 1-96. 27 CE2012.indb 27 3/01/12 8:51:33 Classifications dans la maladie rhumatoïde C. Fontaine, C. Dos Remedios De nombreuses classifications ont été proposées dans le cadre de la polyarthrite rhumatoïde, qu’il s’agisse : - d’aides pour poser le diagnostic (classifications diagnostiques) ; - d’aides pour apprécier le retentissement fonctionnel et le niveau d’activité de la maladie (classifications d’activité) ; - d’aides pour évaluer le retentissement fonctionnel de la maladie, dans son ensemble ou sur certains segments (classifications fonctionnelles) ; - d’aides au suivi de l’évolution radiographique, aux indications thérapeutiques et à la stratification des malades pour les études scientifiques (classifications radiologiques) ; - deux classifications mixtes, mêlant des critères cliniques et radiographiques (classifications radio-cliniques) ont également été décrites, elles sont moins commodes d’usage. C’est dans cet ordre que nous les aborderons, en concluant sur celles qui sont les plus utiles pour la pratique quotidienne. Classifications diagnostiques 28 Les critères de l’ARA Etablis en 1958 [5], revus en 1987 [1], les critères de l’American Rheumatism Association, devenue par la suite l’ACR (American College of Rheumatologists) ont été encore en vigueur jusqu’à peu. Ils étaient exigés avant de mettre en route un traitement médical au long cours, aux effets secondaires importants, mais dont l’efficacité structurale n’était pas démontrée. Jusqu’à ce qu’un nouveau consensus soit trouvé entre l’ACR (American College of CE2012.indb 28 Rheumatologists) et son homologue européenne, l’EULAR (European League Against Rheumatism), il fallait, pour poser le diagnostic de polyarthrite rhumatoïde au moins quatre des sept critères suivants, et leur présence depuis au moins six mois : •Cinq critères cliniques : - Une raideur articulaire matinale (articulaire ou périarticulaire) d’au moins une heure ; - Le gonflement d’au moins 3 articulations (gonflement simultané, observé par un médecin, par hypertrophie des tissus mous ou épanchement hors hypertrophie osseuse), observé sur 14 sites articulaires possibles (IPP, MCP, poignets, coudes, genoux, chevilles, MTP) ; - Le gonflement d’au moins une articulation de la main ou du poignet (poignet, MCP ou IPP) ; - Une atteinte articulaire simultanée et symétrique ou atteinte bilatérale ; - La présence de nodules rhumatoïdes définis comme des nodules sous-cutanés par un médecin, sauf ceux situés sur les crêtes osseuses, les faces d’extension ou périarticulaires ; •Un critère biologique : la présence du facteur rhumatoïde à titre élevé, par toute technique donnant un résultat positif chez moins de 5 % de la population normale ; •Un critère radiologique : la présence de lésions typiques de la PR sur les radiographies des mains et poignets, paume contre plaque : 1) érosions osseuses, 2) déminéralisation en bande indiscutable. En utilisant ces critères, il fallait 4 critères pour obtenir une sensibilité de 91,2 % et une spécificité de 89,3 %. Dans les pays anglosaxons, MacGregor et al. [18] ont plusieurs fois 3/01/12 8:51:33 Classifications dans la maladie rhumatoïde montré l’intérêt de ces critères. En France, Saraux et al. [24] ont montré que l’utilisation de ces critères était satisfaisante et cohérente avec le diagnostic radio-clinique posé par les rhumatologues à leur cabinet avec une sensibilité de 87 % et une spécificité de 99 %. Ils ont également été validés en Allemagne par Hochberg et al. [11], au Japon par Kobayashi et al. [13]. Mais très rapidement, le délai imposé pour le diagnostic est apparu trop long pour la mise en route d’un traitement efficace [7], et les critères sont apparus insuffisants pour clairement séparer la polyarthrite rhumatoïde des autres rhumatismes inflammatoires [10]. Le consensus ACR-EULAR Depuis ce consensus obtenu en 2010, les critères d’éligibilité pour un diagnostic de polyarthrite rhumatoïde sont : 1) d’avoir au moins une articulation avec une synovite clinique (gonflement en français, swelling en anglais), 2) en l’absence de tout autre diagnostic. Il faut rechercher les éléments suivants, affublés d’un score, et faire le total. Un score supérieur ou égal à 6/10 est requis pour retenir le diagnostic de polyarthrite rhumatoïde définie. Ces éléments sont les suivants : •A) Atteinte articulaire : retenir l’une des quatre situations cliniques suivantes : - 1 grosse articulation : 0 point - 2 à 10 grosses articulations : 1 point - 1 à 3 petites articulations (avec ou sans grosses articulations touchées) : 2 points - 4 à 10 petites articulations (avec ou sans grosses articulations touchées) : 3 points - > 10 articulations (dont au moins 1 petite articulation) : 5 points •B) Sérologie (au moins un test réalisé) : - FR négatif et ACPA négatif : 0 point - Faible positivité (FR ou ACPA) : 2 points - Forte positivité (FR ou ACPA) : 3 points •C) Syndrome inflammatoire (au moins 1 test réalisé) : - CRP normale et VS normale : 0 point - CRP anormale ou VS anormale : 1 point •D) Durée des symptômes : - < 6 semaines : 0 point - ≥ 6 semaines : 1 point CE2012.indb 29 Varache et al. [28] n’ont pas trouvé de très grandes différences entre la précision diagnostic des nouveaux critères 2010 par rapport aux critères de l’ACR de 1987 ; la plupart des améliorations pouvaient être attribuées à l’utilisation de critères d’exclusion dans les algorithmes. Classifications d’activité Certains calculs permettent d’établir un score d’activité de la maladie, tel l’indice de Richie ou le Disease Activity Score (DAS 28). L’indice de Richie (1968) Cet indice porte sur 53 articulations : temporo-mandibulaires, acromio-claviculaires, sterno-costo-claviculaires, épaules, coudes, poignets, MCP et IPP des doigts, hanches, genoux, chevilles, subtalaires, médio-pieds, métatarso-phalangienne (MTP). Les articulations IPP des doigts, MCP, MTP, temporo-mandibulaires, acromio-claviculaires, sterno-costoclaviculaires sont examinées et chiffrées en groupe. Le score le plus élevé d’une articulation particulière vaut pour l’ensemble du groupe. La douleur articulaire évaluée dans chaque articulation va de 0 à 3 : - 0 : pas de douleur, - 1 : douleur à la palpation, - 2 : douleur et sursaut, - 3 : sursaut et retrait. Le nombre d’articulations gonflées : chaque articulation est évaluée quant à la présence (“1”) ou non (“0”) d’un gonflement sur les sites articulaires étudiés. Le DAS 28 ou le DAS 44 (EULAR) [27] Le DAS 28 tient compte de l’évaluation de la douleur et du nombre de synovites sur les 28 sites articulaires proposés par l’EULAR. Vingt-huit sites articulaires sont évalués par mobilisation (M) ou par pression (P). L’indice articulaire est égal à la somme de l’ensemble des scores obtenus pour les 28 sites articulaires. Comme pour l’indice de Richie, pour chacun des sites articulaires, l’intensité de la douleur est évaluée sur une échelle allant de 0à3: 29 3/01/12 8:51:33 Cours européen de pathologie chirurgicale du membre supérieur et de la main - 0 : absence de douleur, - 1 : douleur à la pression, - 2 : douleur et grimace, - 3 : douleur, grimace et retrait du membre. La formule de calcul du DAS 28 est la suivante : DAS = 0,55 x √(indice articulaire : 28) + 0,284 x √(synovites : 28) + 0,33 x log VS + 0,0142 x appréciation globale du patient. Ces indices d’activité sont souvent utilisés parallèlement à des indicateurs de qualité de vie, et beaucoup d’auteurs ont souligné la cohérence entre ces deux types de mesures [22]. Classifications fonctionnelles On peut distinguer en : 1) classifications générales, cherchant à définir le retentissement de l’ensemble de la maladie sur la personne, et 2) classifications régionales, cherchant à définir le retentissement de la maladie sur un segment précis. Classifications fonctionnelles générales Elles sont devenues très populaires depuis le début du XXIe siècle. Certaines sont sans aucune spécificité de maladie, comme le Health Assessment Questionnaire, d’autres sont spécifiques de la polyarthrite rhumatoïde, comme la classification de Steinbrocker. Classifications non spécifiques 30 Les plus utilisés sont le Health Assessment Questionnaire (M-HAQ) et le Short Form 36 (SF-36) physical function scale [8]. De ce fait, elles ont bénéficié de traduction en langage vernaculaire, par exemple en allemand [16] ; le HAQ donné des résultats cohérents avec ceux du Hannover Functional Capacity Questionnaire, d’utilisation commune en Allemagne [16]. Ce questionnaire peut comporter un volet psychologique, ou l’on peut utiliser des questionnaires particuliers comme le Cattell’s 16 Personality Factor (16PF) questionnaire [15]. CE2012.indb 30 Classification de Steinbrocker [26] Elle range les malades dans quatre classes : - Classe I : Le patient peut vaquer à ses occupations habituelles sans aucune limitation ; - Classe II : Le patient a une activité normale malgré un certain handicap (douleur ou limitation des mouvements) ; - Classe III : Le patient a une impotence fonctionnelle importante avec réduction nette de son activité, mais lui permettant encore quelques occupations et lui laissant une certaine autonomie ; - Classe IV : Le patient a une impotence fonctionnelle totale ou subtotale. Il est confiné au lit ou cloué à son fauteuil. Il ne peut se passer d‘une tierce personne. Classifications radiographiques Certaines sont sans aucune spécificité de localisation, comme la classification de Larsen, d’autres sont spécifiques à une articulation ou une autre ; ces dernières seront découvertes au fur et à mesure des chapitres suivants. Classifications sans spécificité de localisation Classification de Steinbrocker [26] Il s’agit d’une classification radio-clinique proposée par Steinbrocker en 1949, et rapportée au tableau 1. Classification de Larsen Établie en 1974, la classification de Larsen et al. [14] est la classification radiographique la plus utilisée dans la polyarthrite rhumatoïde. Elle est valable pour toutes les articulations mais, pour certaines d’entre elles, elle a fait l’objet d’adaptations (par exemple les modifications apportées par Alnot au niveau du poignet). Elle reconnaît cinq grades, mais le passage entre l’un et l’autre n’est pas si aisé à percevoir, car les adjectifs qualifiant les critères sont relativement flous : 3/01/12 8:51:33 Classifications dans la maladie rhumatoïde Tableau 1 : Classification radio-clinique de Steinbrocker (1949) Radiologie Atrophie musculaire Nodule ténosynovite Déformation Ankylose Stade 1 Présence d’ostéoporose sans érosion Absente Absente Absente Absente Stade 2 Présence d’ostéoporose avec érosions cartilagineuses minimes Limitée Parfois Absente Absente Stade 3 Destruction ostéoarticulaire Étendue Parfois Subluxation, déviation cubitale et/ou hyperpression Absente Stade 4 Stade 3 + ankylose osseuse Étendue Parfois Subluxation, déviation cubitale et/ou hyperpression Ankylose fibreuse - Grade 0 : Pas de lésion articulaire ; - Grade 1 : Lésions minimes. Une ou plusieurs lésions : œdème des parties molles, déminéralisation, léger pincement articulaire ; - Grade 2 : Lésions avérées. Erosions marginales et pincement articulaire mineur. Pas d’érosion au niveau des surfaces articulaires portantes ; - Grade 3 : Lésions moyennes. Erosions marginales et pincement articulaire modéré. Erosions présentes dans toutes les articulations ; - Grade 4 : Lésions destructrices sévères. Erosions et pincement articulaire majeur. Déformations présentes en regard des articulations portantes ; - Grade 5 : Lésions mutilantes. Disparition des surfaces articulaires. Déformation osseuse importante. Fort heureusement, Larsen a fourni un schéma explicatif général (fig. 1a, b) et, pour chacune des articulations, un tableau de correspondance radiographique qui illustre son propos. 31 Fig. 1a : Classification de Larsen : critères généraux schématiques. CE2012.indb 31 Fig. 1b : Classification de Larsen : critères appliqués à l’épaule. 3/01/12 8:51:33 Cours européen de pathologie chirurgicale du membre supérieur et de la main Classifications spécifiques à l’épaule Classification de Neer (1990) Neer [21] a distingué : - Des formes sèches, où prédominent le pincement de l’interligne articulaire et la sclérose osseuse sous-chondrale ; - Des formes humides, où prédominent la synovite hypertrophique et les érosions marginales dont elle est responsable ; - Des formes résorbantes, caractérisé par l’importance de la résorption osseuse avec médialisation de la tête humérale par rapport à la cavité glénoïdale, comme on les rencontre dans la polyarthrite mutilante (mutilans arthritis). Classification de Lévigne et Franceschi (1999) [17] Elle est plus subtile [17] ; chaque forme est subdivisée en deux variétés de gravité croissante (fig. 2) : Classification de Mansat Elle tente de plus de décrire l’évolution de la maladie à l’épaule : - Stade I : Synovite pure ; - Stade II : Atteinte d’un élément articulaire (cartilage, os, subluxation) ; - Stade III : Au moins 2 des 3 critères : pincement, érosion, subluxation ; - Stade IV : Destruction complète de l’articulation (ankylose, ostéolyse totale, luxation). Classification de Crossan et Valence (1982) Crossan et Valence (1982) ont tenté une classification évolutive en 5 stades selon l’importance de trois paramètres : 1) la destruction des surfaces articulaires ; 2) l’importance du pincement de l’interligne scapulo-huméral ; 3) la valeur de la distance acromio-humérale. 32 Classification de Walch, Noël et al. (1990) [29] Elle comporte 4 types : - A : microgéodes de la tête -B : macrogéodes de la tête - C : pincement gléno-huméral -D : destruction tête et/ou glène et/ou pincement acromio-huméral CE2012.indb 32 Fig. 2 : Classification de Lévigne et Franceschi •Formes centrées (C) où la tête humérale est sphérique, concentrique avec la cavité glénoïdale, et où peuvent exister des ostéophytes ; on leur distingue deux variétés : - C1, où le pincement articulaire est global, l’os sous-chondral respecté, et la distance acromio-céphalique normale ; - C2, où la tête humérale est enfoncée dans la cavité glénoïdale “comme un œuf dans le coquetier”, où l’os souschondral glénoïdal est usé, et la distance acromio-céphalique diminuée. 3/01/12 8:51:34 Classifications dans la maladie rhumatoïde •Formes ascendantes (A), où l’ascension précède l’usure glénoïdale, par insuffisance de la coiffe ; on leur distingue deux sous-groupes : - A1, où la cavité glénoïdale est intacte, le pincement gléno-huméral essentiellement situé à la partie supérieure de la cavité glénoïdale, et la distance acromiocéphalique diminuée ; - A2, caractérisée par une migration postéro-supérieure sous l’épine scapulaire, un contact entre la métaphyse humérale et la partie basse et intacte de la cavité glénoïdale. •Formes destructrices (D), caractérisées par une destruction anarchique des surfaces, une tête non sphérique, rongée par des encoches au niveau du col anatomique, en bouchon de champagne ; on leur distingue deux variétés : -D1, où la cavité glénoïdale n’est pas usée ; -D2, avec une usure anarchique de l’os sous-chondral glénoïdal. Classifications spécifiques au coude Classification de Morrey (1992) [19] Morrey [19], de la Mayo Clinic, distingue : - Grade 1 : Simple ostéoporose (synovite) ; - Grade 2 : Pincement articulaire, sans modification de l’architecture articulaire ; - Grade 3 : Altération de l’architecture articulaire (amincissement de l’olécrâne, résorption de la trochlée ou du capitulum) ; - Grade 4 : Destruction articulaire importante et/ou fracture spontanée. Classification d’Allieu Elle s’intéresse surtout au capital osseux : -Type 1 : Perte de substance articulaire partielle ; -Type 2 : Perte de substance articulaire totale empiétant sur la fossette olécrânienne et respectant les piliers ; -Type 3 : Perte de substance articulaire totale intéressant toute la fossette olécrânienne et respectant les piliers ; -Type 4 : Perte de substance osseuse d’un des deux piliers ; -Type 5 : Perte de substance osseuse des deux piliers. CE2012.indb 33 Classifications spécifiques au poignet Classification du Wrightington Hospital ou classification d’Hodgson Basée sur l’analyse de 234 poignets de 179 patients [12], elle distingue quatre types : -Type 1 : Légère instabilité en flexion du scaphoïde. Erosions et déminéralisation articulaire. Début de kyste intra-osseux ; -Type 2 : Déplacement ulnaire. Flexion du lunatum. Importante flexion du scaphoïde. Détérioration de l’articulation radio-lunaire ; -Type 3 : Détérioration de l’articulation médiocarpienne. Destruction de l’articulation radio-scaphoïdienne. Subluxation antérieure du carpe ; -Type 4 : Destruction de l’extrémité distale du radius, notamment au niveau de l’articulation radio-lunaire. Classification de Larsen modifiée Bichat Elle introduit dans les deux derniers stades [4], en ajoutant une lettre après le chiffre, la notion d’instabilité (a) ou d’absence d’instabilité (b) : - Stade 0 : Pas de modification radiographique visible ; - Stade I : Gonflement articulaire des parties molles. Déminéralisation. Pincement débutant de l’interligne ; - Stade II : Pincement minimum des interlignes. Erosions marginales. Carpite avec instabilité intracarpienne. Tendance à l’inclinaison radiale. Radio-ulnaire distale subluxée ou luxée ; - Stade III : Pincements articulaires nets sans disparition des interlignes. Carpite radio-carpienne et médiocarpienne avec géodes. Instabilité dans le plan frontal (glissement ulnaire et inclinaison radiale), mais pas ou peu d’instabilité sagittale. Luxation radio-ulnaire distale ; - Stade IV : Disparition d’un ou plusieurs interlignes radio-carpiens ou médiocarpiens. Luxation radio-ulnaire distale : .IVa : Forme instable, dans le plan frontal et selon des degrés d’importance croissante dans le plan sagittal ; .IVb : Forme stable, soit par fusion spontanée radio-lunaire, soit par impaction du scaphoïde dans le radius ; 33 3/01/12 8:51:34 Cours européen de pathologie chirurgicale du membre supérieur et de la main - Stade V : Disparition de tous les interlignes avec destruction articulaire. Luxation radio-ulnaire distale : .Va : Forme instable avec dislocation ; .Vb : Forme stable avec fusion spontanée radio-carpienne. Classification de Simmen et Huber 34 Bien qu’elle puisse être étendue à d’autres articulations, elle a d’abord été décrite pour le poignet par Simmen et Huber dans une publication inaugurale en allemand [25], puis popularisés par Flury, Herren et Simmen dans une publication en langue anglaise de plus grande diffusion [9]. Ils ont décrit trois types, dont les deux premiers représentent des formes stables de la maladie et le troisième regroupe les formes instables. Leur classification est basée sur la comparaison de la première radiographie disponible et de la radiographie préalable au premier geste chirurgical sur 63, puis 144 poignets, sur lesquelles ont été mesurées la hauteur du carpe, la translation ulnaire, l’inclinaison radiale du carpe et la dissociation scapho-lunaire. Ils ont ainsi distingué : - le type I, ankylosant : il est caractéristique des polyarthrites chroniques juvéniles, où les os du poignet fusionnent spontanément et complètement en légère flexion, et de certaines polyarthrites rhumatoïdes débutant chez l’adulte jeune, chez lesquelles la fusion d’un ou de plusieurs os du carpe entre eux ou avec le radius permet de stabiliser le poignet, par fusion radio-lunaire spontanée, ou par carpite fusionnante, où tous les os du carpe se sont soudés en un seul bloc, articulé avec l’extrémité distale du radius ; - le type II, arthrosique secondaire : dans ce cas, la perte cartilagineuse des surfaces articulaires progresse lentement, en équilibre apparent avec des processus de reconstruction typiques de l’arthrose (ostéophytes) conservant une architecture carpienne stable ; - le type III, déstabilisant : dans ce cas, l’articulation devient instable avec subluxation ulnaire et palmaire du carpe, et perte progressive de la hauteur du carpe ; c’est en particulier le cas des polyarthrites mutilantes (mutilans arthritis). CE2012.indb 34 Classification de Lluch Elle est également valable pour le poignet et, à côté des formes déjà identifiées par Simmen et Huber, elle en introduit de nouveaux types : -Type 1 : Arthrose, -Type 2 : Luxation, -Type 3 : Ankylose, -Type 4 : Ostéolyse, -Type 5 : Forme mixte. Classification spécifique aux MCP des doigts longs : la classification de Nalebuff et Millender (1975) - Stade I : Synovite pure, - Stade II : Pincement articulaire avec érosion osseuse, - Stade III : Destruction articulaire modérée, subluxation palmaire de la phalange proximale, déviation ulnaire, - Stade IV : Destruction articulaire sévère : déformation articulaire, perte de la fonction. Classifications spécifiques au pouce Classification de Ratliff (1971)[23] - Stade I : Pouce en Z, - Stade II : Pouce instable, - Stade III : Pouce adductus, - Stade IV : Secondaire à une rupture tendineuse du long extenseur ou fléchisseur. Classification de Nalebuff (1984) [20] •Type 1 : Déformation en boutonnière ou pouce en Z : - Stade I : déformation réductible, flexion interphalangienne possible ; - Stade II : déformation irréductible, MCP en flexion et interphalangienne en hyperextension ; •Type 2 : Association d’un pouce adductus et d’une déformation en boutonnière ; •Type 3 : Pouce en col-de-cygne, adductus et hyperextension MCP ; •Type 4 : MCP en abduction ; 3/01/12 8:51:34