La Lettre # 49 - WordPress.com

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La Lettre # 49 - WordPress.com
La lettre d’Archimède
L’actualité de l’Eldo vue par un spectateur
Sommaire
No 49 — 27 février 2016
Merci patron !
Les Filles au Moyen Âge
Le film mystère
En bref — Prochains rendez-vous à l’Eldo
MERCI PATRON !
un film de François Ruffin
précédé de
LE PLAN DE BATAILLE DES FINANCIERS
un film d’Olivier Azam
séance en présence de Jean-Pierre Garnier, sociologue
le mardi 1er mars à 20 h 15
Tarifs habituels — Prévente à l’accueil du cinéma
Le Plan de bataille des financiers
Merci patron !
Arborant fièrement un tee-shirt « I love Bernard », François Ruffin se lance dans une entreprise de réhabilitation du PDG de LVMH, Bernard Arnault, peu apprécié de ses anciens employés, des Français en général, et même d’un certain fonctionnaire du fisc belge. Le journaliste fait mine de croire qu’il s’agit d’un
malentendu, qu’il suffirait aux différents détracteurs de rencontrer le patron pour rétablir le dialogue.
François Ruffin encourage ceux-ci à acheter une action de LVMH pour pouvoir approcher le milliardaire
lors de l’assemblée générale des actionnaires. Malheureusement, petits et gros actionnaires ne se mélangent pas, les premiers n’ayant droit qu’à voir le discours de Bernard Arnault sur un écran géant dans une
salle à part. Au cours de ses pérégrinations, François Ruffin rencontre le couple Klur, au chômage depuis
leur licenciement et qui ne peuvent même pas acheter une seule action. Quand ces derniers apprennent
que leur maison va être saisie, François Ruffin décide de se transformer en Robin des Bois…
Qui connaît un tant soit peu François Ruffin aura compris que cette entreprise de réconciliation n’a d’autre
but que de dénoncer les pratiques de Bernard Arnault, certes légales mais peu morales. Le journaliste
séduit par sa gouaille et son sourire désarmant. Il joue à la perfection le naïf, mais insiste pour obtenir
une réaction. Les témoignages qu’il recueille sur le milliardaire brossent le portrait d’un homme méprisant
les classes populaires et adepte du renseignement. François Ruffin s’en souvient lorsqu’il aide Serge et
Jocelyne Klur : utilisant des méthodes dignes du contre-espionnage, il intoxique les barbouzes aux ordres
du patron de LVMH. Nous, spectateurs, sommes ravis du tour pendable que joue l’émule de Robin Hood
à la seconde fortune de Française, la treizième mondiale, victime au final de sa paranoïa.
Mais devons-nous en rire ? devons-nous applaudir ? La négation de la démocratie et du public, le cynisme
des puissants et de leurs « laquais », la subordination des politiques et des fonctionnaires aux « puissances
de l’argent », au « monde de la finance », tout ce que décrit Ruffin nous est déjà connu, et depuis longtemps. Qu’auraient fait les Klur s’ils n’avaient rencontré Ruffin ? Merci patron ! les montre comme englués
dans leur misère, accablés par un destin qui leur semble inéluctable, incapable de briser les barrières
physiques et intellectuelles qui leur ont été imposées. Même leur amie et ancienne déléguée syndicale,
Marie-Hélène Boulard, semble impuissante. Ce qu’apporte François Ruffin, c’est une liberté de pensée, le
refus d’un ordre imposé, l’intelligence et le courage dans l’action. L’humour et l’imagination aussi. Merci
patron ! n’est ni un simple constat, ni un mode d’emploi. C’est une invitation à refuser l’injustice légalisée,
à s’unir et à trouver d’autres formes de combat. Qui plus est, en se marrant.
Merci patron ! est précédé d’un court métrage, Le Plan de bataille des financiers, qui oppose les déclarations de campagne électorale émises par François Hollande, et les prévisions d’un économiste en chef.
Très utile à revoir en cette période de réforme du Code du travail.
Pour ceux qui ne connaîtrait pas Jean-Pierre Garnier, vous pouvez lire sa critique de Merci patron ! sur le
site de Fakir : http://www.fakirpresse.info (rechercher « garnier »).
Le Plan de bataille des financiers (France ; 2012 ; 10’ ; couleur), réalisé par Olivier Azam, écrit par François Ruffin ; musique de Roy Hardgrove ;
avec François Hollande, Nicolas Doisy, François Ruffin.
Merci patron ! (France, Belgique ; 2016 ; 1 h 30 ; couleur, 1.85:1), écrit et réalisé par François Ruffin, produit par Edouard Mauriat et Johanna
Silva ; montage de Cécile Dubois ; avec François Ruffin, Jocelyne Klur, Serge Klur, Bernard Arnault. Distribué par Jour2fête.
Ciné-mômes
LES FILLES AU MOYEN ÂGE
séance en présence du réalisateur Hubert Viel
le mercredi 2 mars, 14 h
Dans une maison d’une banlieue pavillonnaire, trois filles s’ennuient. Elles voudraient jouer au Moyen Âge
« en vrai », s’imaginant princesses ou sorcières, mais les garçons sont dans leur coin, à jouer au Moyen
Âge à la console, cherchant à gagner virtuellement une bourse ou enlever une paysanne pour acheter une
épée. Devant une telle inculture, le grand-père de l’une d’entre elles entreprend de leur expliquer que la
femme médiévale avait beaucoup de pouvoir, presqu’autant que l’homme, voire plus à certaines
époques. Le vieil homme tire de sa bibliothèque un livre sur le sujet, et commence à le lire aux filles qui,
les yeux fermés, sont transportées par l’imagination dans l’Empire romain finissant. D’époque en époque,
elles découvrent un Moyen Âge très différent de celui qu’elles imaginaient…
Héritiers de l’historiographie du XIXe siècle, une certaine littérature fantastique, le cinéma hollywoodien
ou les jeux vidéo décrivent un Moyen Âge obscur, baroque et magique, sans tenir compte des travaux de
réhabilitation des historiens du siècle dernier, en particulier ceux de Régine Pernoud, l’auteur de La
Femme aux temps des cathédrales (1980). Les Filles au Moyen Âge tente de corriger cette vision erronée
par le biais de l’évolution de la condition féminine, de l’arrivée du Christianisme jusqu’à l’époque de
Charles VII. Le réalisateur évite le pensum en ne faisant jouer les différents rôles que par des enfants, en
privilégiant l’humour à la reconstitution pointilleuse, sans toutefois oublier la vérité historique. Les Filles
au Moyen Âge se clôt habilement par une comparaison avec les mœurs contemporaines et l’importance
de la mémoire. Plus que le rétablissement des faits, la véritable leçon du film est que l’histoire peut être
aussi amusante que les récits imaginaires stéréotypés, et que sa connaissance enrichit notre quotidien.
Les Filles au Moyen Âge (France ; 2015 ; 1 h 28 ; couleur, noir et blanc, 1.33:1 ; 5.1), écrit et réalisé par Hubert Viel d’après Régine Pernoud,
produit par Valéry du Peloux et Hubert Viel ; image d’Alice Desplats, montage de Fabrice du Peloux ; avec Michael Lonsdale (Daniel), Chann
Aglat (Jeanne d’Arc / Mélisande / Clotilde), Léana Doucet (Eulalie / Irmingarde / Marie d’Anjou), Malonn Lévana (Euphrosine / Blanche /
Agnès Sorel), Camille Loubens (Charles VII / Cyrille d’Alexandrie / Jésus). Distribué par Potemkine Films.
Le film mystère
L’un des personnages féminin d’Ave, César ! de Joel et Ethan Coen, actuellement à l’Eldorado, porte le
même nom qu’un personnage du film mystère de la semaine. Ce n’est, bien entendu, pas une coïncidence.
Dans le photogramme ci-après, extrait du film mystère, vous pouvez apercevoir une femme qui se recueille devant le portait de ce personnage. Reconnaissez-vous le film mystère ?
Pour jouer, il suffit d’envoyer le titre du film mystère et le nom de son réalisateur par mail à l’adresse
[email protected] ou déposez la réponse avec le numéro de la Lettre, votre nom et des
coordonnées (de préférence une adresse électronique) dans l’urne située dans le hall de l’Eldorado
avant le vendredi 4 mars minuit. Le gagnant sera tiré au sort parmi les bonnes réponses et remportera
deux places gratuites. Bonne chance !
Le film mystère précédent
Bravo à tous ceux qui ont reconnu Franco Nero dans Django (1966) de Sergio Corbucci, film qui inspira
évidemment Django Unchained (2012) de Quentin Tarantino dans lequel l’acteur aux yeux bleus apparaît,
mais dont retrouve aussi quelques réminiscences dans Les Huit Salopards (2015). Le tirage au sort a désigné Francis S. qui remporte les deux places gratuites en jeu.
Le rôle de Django est indissociable de Franco Nero même si celui-ci ne l’a interprété que deux fois, dans
le film de Corbucci, puis dans Le Grand Retour de Django (Django 2. Il grande ritorno ; 1987) de Ted Archer
(pseudonyme de Nello Rossati) dont j’ignore s’il a été distribué dans les salles françaises. Le succès du
premier Django fut tel que le nom du personnage fut repris dans de nombreux western spaghetti, certains
distributeurs non italiens rebaptisant parfois un personnage de ce nom — ce fut le cas de Don José, interprété par Franco Nero, dans une adaptation de Carmen intitulé L’Homme, l’Orgueil et la Vengeance
(L’uomo, l’orgoglio, la vendetta ; 1967) qui devint en Allemagne de l’Ouest Mit Django kam der Tod.
Avec La Bible (The Bible ; 1966) de John Huston et Camelot (1967) de Joshua Logan, Django marque le
début de la carrière internationale de Franco Nero (né en 1941). Sa filmographie pléthorique est surtout
composée de westerns, de films d’action, de science-fiction, de kung-fu ou policiers dont la plupart sont
à oublier — citons tout de même 58 minutes pour vivre (Die Hard 2 ; 1990) de Renny Harlin où il s’oppose
à Bruce Willis. Il apparaît aussi dans des films réalisés par de grands réalisateurs : Tristana (1970) de Luis
Buñuel, Les Magiciens (1976) de Claude Chabrol, Querelle (1982) de R.W. Fassbinder… Franco Nero apparaît encore dans plusieurs films ou épisodes de série par an, et vous l’avez peut-être vu récemment dans
Cadences obstinées (2013) de Fanny Ardant.
En bref
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Merci à Frédérique qui a attiré mon attention sur cette Lettre ouverte à la Cinémathèque française (https://youtu.be/5kcezvrbQbc) écrite par une jeune femme qui travaillait dans la prestigieuse
institution, dirigée à l’époque par Serge Toubiana. Cette lettre dénonce la gestion du personnel
« scandaleuse » d’une société de sous-traitance, et de l’indifférence de la direction de la Cinémathèque, témoignage accablant que d’autres employés confirment sur le blog
http://lettres0uvertes.canalblog.com/.
Merci aussi à Guy qui m’a signalé quelques articles au sujet d’AlloCiné (voir par exemple le site
d’arretsurimages.net et TéléObs). Pendant 20 ans, le site avait réussi à s’imposer comme la référence française sur l’actualité cinématographique, mais, depuis son rachat par Webedia en 2013,
la gestion du personnel, la ligne éditoriale et l’honnêteté sont remises en cause.
Préventes en cours pour la soirée Merci patron ! (mardi 1er mars), la soirée Marguerite Duras —
Théâtre & cinéma (vendredi 4), la soirée Architecture & cinéma du mardi 15, et la rencontre avec
Claire Simon le jeudi 31. Inscriptions en cours pour l’atelier cinéma du samedi 12 mars, et la 16e
Ballade dans l’histoire du cinéma (mardi 29).
Méfiez-vous ! Dernières séances pour En quête de sens (lundi), Les Espiègles (mardi), La Forteresse (mardi),
Peur de rien (mardi), et Les Premiers, les derniers (mardi). Séance unique de Navire Night (vendredi).
Prochains rendez-vous à l’Eldo
Mars
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Mardi 1er, 20 h 15 : Projection de Merci patron !, suivie d’une rencontre avec Jean-Pierre Garnier, sociologue.
Mercredi 2, 16 h : Projection de Les Filles au moyen-âge, suivie d’une rencontre avec le réalisateur
Hubert Viel.
Vendredi 4, 20 h : Soirée Marguerite Duras – Théâtre et cinéma.
Jeudi 10, 20 h : Séance présentée de Mommy.
Samedi 12, 9 h : Atelier cinéma spécial court-métrage animé par Aurélio Savini, formateur-réalisateur.
Samedi 12, 16 h : Projection de Les Filles au moyen-âge, suivie d’une rencontre avec un médiéviste.
Mardi 15, 20 h 15 : Projection de Fellini Roma, suivie d’une discussion avec Marc Dauber.
Jeudi 24 : Soirée-débat Homeland : Irak année zéro.
Cinéma Eldorado
21, rue Alfred de Musset / 21 000 DIJON
Divia : liane 5 et ligne 12 — Station Vélodi à proximité
Site web : http://www.cinema-eldorado.fr — Courriel : [email protected]
Twitter : @CinmaEldorado — Facebook : CinemaEldorado
La lettre d’Archimède
Site web : https://cinemaeldorado.wordpress.com/la-lettre — Courriel : [email protected]