12 52 38 26 - Guide Gai du Québec
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1 2 Sommaire Éditorial …6 Actualités …8 Miriam Ginestier …12 Edgy Women : programmation …15 Droits des femmes …16 Manon Massé …20 Chouettes coquettes …24 Urbania …26 Islande …28 FIFA …30 Albert Nobbs …31 L’industrie du ruban rose …32 Musique …34 Michel Tremblay …36 Harricana …38 Berlin …44 Laura Boo …48 Le Triangles …50 DJ Tracy Young …52 Aqua Club …54 Calendrier …56 Photos …60 Unwind Massage …64 Fiat 500 …66 Le Bouddha d’Cuisine …70 Recette …72 Chronique Vin …70 4 12 26 38 52 5 Éditrice : Ginette Lauzon [email protected] Éditorial Directrice artistique : Carolina Ramirez [email protected] Collaboratrices : Sophie Delorme, Monique Désy-Proulx, Joëlle Girard, Vanessa Girouard, Marie-Pier Perron, Shawn Thompson [email protected] Réviseure : Monique Désy-Proulx Ventes : Joanne Ansell 514.903.1782 Grace Arnaudo 514.903.5537 Christine Brindamour 514-442-0606 Crédit photo de la une : César Ochoa couverture : Miriam Ginestier Un 8 mars dédié à Rona, Zainab, Sahar et Geeti La Rédaction Le procès Shafia a remis crument sous nos yeux comment le patriarcat opère encore cruellement pour opprimer les femmes aux quatre coins du monde et même dans nos villes. Au XXIème siècle, il montre un patriarche régnant tel un despote dans sa maison, avec la participation d’une de ses femmes et de son fils aîné, reproduisant cette structure de domination qui est aussi vieille que la « civilisation ». La violence, la délation, l’emprisonnement, les sévices corporels et même le meurtre lui apparaissent comme normaux pour prouver qu’il est le chef et que ses femmes, ses filles et ses fils lui obéissent au doigt et à l’œil. Sa violence et son contrôle absolu visent d’abord ses femmes et ses filles, afin de les maintenir dans un état d’asservissement face à l’influence « corruptrice » des droits et libertés chèrement acquis dans notre pays. Entre Elles est une division d’Elles Média Tél. : 514.903.5537 Toute reproduction en tout ou en partie de cette publication est strictement interdite sans l’autorisation de l’auteur de l’article ou du photographe. ISSN 1709-4755 Adresse postale C.P. 915, Succursale C Montréal, QC H2L 4V2 6 Le « crime » de Rona, Zainab, Sahar et Geeti était de vouloir s’affranchir de cette domination en quittant la famille patriarcale pour accéder pleinement à ce que notre société leur offre. Elles ont sournoisement et brutalement payé le prix de leur audace et de leur résistance. Comme des milliers de femmes avant elles et comme, fort malheureusement, probablement encore des milliers de femmes dans les années à venir. On peut facilement s’imaginer que le châtiment aurait été encore plus immédiat et cruel si elles avaient eu l’audace d’aimer une femme. Déjà en mars 2007, le rapport de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse De l’égalité juridique à l’égalité sociale, faisait état des crimes « d’honneur » et des pressions intenses dont peuvent être victimes les immigrantes et immigrants homosexuels provenant de pays où ces traditions rétrogrades prévalent si elles et ils tentent de vivre leur homosexualité au grand jour au Québec et au Canada. Les droits humains avant l’argent Il nous a suffi de chercher par mot-clé sur un moteur de recherche pour trouver l’annonce d’une femme lesbienne, originaire du Maghreb et vivant à Montréal, cherchant un homme gai musulman pour un mariage blanc qui lui permettrait de sortir de la prison familiale. Pas étonnant que sous ces menaces, plusieurs communautés issues de l’immigration demeurent sous-représentées dans nos réseaux LGBT. Cela s’applique autant à certaines communautés d’origine européenne qu’à celles issues d’autres continents, où la domination patriarcale est aussi bien ancrée. Après le jugement, la direction de la protection de la jeunesse a fait son mea culpa pour se faire Sahar Shafia pardonner son échec d’intervention. Mais qu’aurait pu faire la DPJ pour Rona ? Bien sûr, ce type de violence peut exister dans toutes les familles, et même dans les couples lesbiens, mais il serait temps que nos services sociaux et d’accueil aux immigrantes et immigrants prennent en compte adéquatement les conditions de ces femmes et de ces enfants venus de pays où, comme les minorités sexuelles, ils n’ont pas les mêmes droits. Il est temps que nos gouvernements, habitués à se targuer de défendre les droits humains aux quatre coins du monde (mais qui sont souvent les meilleurs alliés de régimes foulant aux pieds ces mêmes droits), cessent de faire passer les besoins économiques avant une pleine intégration des immigrantes et immigrants dans notre société. Ils ne doivent plus se contenter de raisonner comme un tiroir-caisse excité par le capital que transportent des immigrants investisseurs dans leurs valises. Hommage aux femmes qui luttent Cela passe évidemment par des cours offerts largement sinon obligatoirement, où les valeurs, droits et libertés reconnus dans nos sociétés sont enseignés, ainsi que par des cours de langue. Cela ferait sortir les femmes de leur isolement et leur permettrait d’accéder au travail et à l’autonomie financière. Il faut aussi que nos services sociaux cessent de minimiser les souffrances des femmes immigrantes en confondant le multiculturalisme ou l’interculturalisme avec le relativisme culturel qui laisse préséance aux traditions culturelles rétrogrades sur les droits humains des femmes et des enfants. Nous avons aussi le devoir de donner suite à l’avis du Conseil du statut de la femme qui recommande de donner un fondement juridique à notre laïcité, ce qui aiderait les femmes à se soustraire aux pratiques sexistes qui s’exercent contre elles au nom des traditions religieuses. Le 8 mars, célébrons la mémoire de ces femmes qui ont revendiqué le droit d’aimer et de vivre librement en dehors du contrôle patriarcal, et la lutte de toutes celles qui se battent pour s’en affranchir. Dans cette lutte, n’ayons jamais de repos. C’est seulement ainsi que nous pourrons vivre en paix. Actualités nationales © AQPS © Radio Canada Lutte contre le suicide L’AQPS veut rejoindre les LGBT À l’occasion de la 22ème Semaine nationale de prévention du suicide (du 5 au 11 février), le mot d’ordre de l’Association québécoise de prévention du suicide a été « Ici, on tient à chacun, le suicide n’est pas une option ». Le Québec est la province au Canada où le taux de suicide est le plus élevé : chaque année, 1.100 Québécois s’enlèvent la vie et plus de 33.000 font une tentative En incluant celles et ceux qui ont des pensées suicidaires ou encore les proches de toutes ces victimes, on en vient à parler de 370.000 personnes. L’AQPS, par la voix de son directeur général, Bruno Marchand, a témoigné de son « ambition de s’engager en incluant la problématique de l’homophobie dans plusieurs des activités » de l’organisme. Voyant dans le fait que les tentatives de suicides sont 3 à 17 fois plus nombreuses chez les victimes d’homophobie un « véritable défi à relever », il a annoncé de futures collaborations avec plusieurs organisations dans cet objectif, avec le soutien du secrétariat de la jeunesse. 8 © como_un_pez_en _el_agua Télévision Trois-Rivières Une lesbienne dans 30 vies ! Le premier bébé de l’année pour un couple lesbien Depuis le 9 janvier, la productrice Fabienne Larouche nous offre un personnage lesbien dans la série 30 vies, sur les ondes de Radio-Canada. Julie Lebel, une jeune homosexuelle interprétée par Bianca Gervais (photo), fait désormais partie de l’entourage du professeur-vedette, Vincent Picard (joué par Guillaume Lemay-Thivierge). Les deux mamans sont ravies de ce cadeau du Nouvel An. La petite Élémia Lessard-Marchand, dont l’arrivée était prévue pour la fin de 2011, aura fait patienter quelques heures de plus le personnel hospitalier afin d’être une pionnière de 2012. « Mon personnage est une jeune lesbienne célibataire qui cherche l’amour et qui, pour l’instant, jette tout son dévolu de tendresse sur son frère, parce qu’elle n’a pas de conjointe , rigole Bianca Gervais. Elle prendra soin de Vincent après les moments difficiles qu’il vivra ». Geneviève Lessard et Stephanie Marchand ont donc fêté de la plus belle des manières l’arrivée du Nouvel An. Après quelques jours de retard, leur médecin a décidé de provoquer l’accouchement. C’est donc à 18h35, le 1er janvier 2012 que les Lessard-Marchand ont enfin pu prendre leur bébé dans les bras. Le rôle de Julie Lebel vient enrichir le compte des téléséries québécoises mettant en scène des lesbiennes. En effet, depuis le début des années 1990, seulement sept séries ont accueilli des personnages lesbiens. Parmi les plus populaires, on trouve le rôle d’Élise (Élise Guilbault) dans Un gars une fille et ceux de Stella (Caroline Néron) et Sam (Karyne Lemieux) dans Diva. Avec ses 3,2 kilos, l’enfant est arrivée après une vingtaine d’heures de travail et de contractions. L’accouchement en lui-même n’a cependant pris que 50 minutes. Au pavillon Sainte-Marie du Centre hospitalier régional de Trois-Rivières, une autre famille attendait un enfant dans des délais semblables. La mère était déjà en travail, mais c’est Élémia a finalement été la plus rapide… 9 Actualités Internationales © eduinternational © lilJim Afrique du Sud Australie 18 ans de prison pour le meurtre d’une lesbienne Vif échange entre Martina Navratilova et Margaret Court Dans ce pays où les violences contre les LGBT sont quotidiennes, justice aura au moins été rendue. Les quatre agresseurs de Zoliswa Nkonyana, assassinée il y a six ans près du Cap, ont été condamnés à 18 ans de prison, dont cinq avec sursis. Durant l’Open d’Australie, dans une lettre publiée dans la presse, l’ancienne joueuse de tennis américaine s’est adressée a une autre championne qui a dernièrement scandalisé la communauté LGBT par ses déclarations homophobes. Martina Navratilova n’a pas oublié pas d’utiliser l’humour face à celle devenue aujourd’hui une religieuse intolérante. Sur les neuf inculpés, quatre ont été reconnus coupables d’avoir lapidé, frappé puis poignardé la jeune femme, âgée de 19 ans, à quelques mètres de son domicile près du Cap. Le tribunal a estimé ne pas avoir suffisamment de preuves concernant la participation au meurtre des autres accusés. D’après l’agence de presse sud-africaine SAPA, « la foule située à l’extérieur de la Cour a applaudi, chanté, levé les poings et dansé à l’annonce de la condamnation ». Si la constitution sud-africaine interdit les discriminations sur la base du genre et de l’orientation sexuelle, l’homophobie demeure très répandue, notamment contre les lesbiennes, victimes de viols « correctifs ». Depuis le meurtre de Zoliswa Nkonyana, douze autres agressions contre des lesbiennes ont été enregistrées. 10 « Vous estimez que l’homosexualité est un choix, a dit ainsi la joueuse ouvertement lesbienne. Voulez-vous dire que vous avez eu des sentiments pour des femmes comme pour des hommes et que vous avez choisi les hommes ? Cela pourrait expliquer votre certitude sur la question. » Elle a également abordé les arguments basés sur l’interprétation de la Bible et répétés à plusieurs reprises par Margaret Court : la « Bible a été utilisée par le passé pour justifier l’esclavage, pour refuser aux hommes de couleur le droit de vote, aux femmes le droit de vote, ou pour essayer de refuser aux couples mixtes le droit de se marier. Nous le savons tous, la Bible s’est trompée sur ces questions ». © richiesoft Londres Une marche pour les lesbiennes le 31 mars Annoncée sur Facebook en début d’année, une telle manifestation n’avait plus été organisée dans la capitale britannique depuis plus de 20 ans. L’événement se veut ouvert à tous, sans discrimination. Il permettra de mieux représenter une communauté qui, comme partout en Europe, se fond la plupart du temps avec celle des gais lors des marches. À l’heure où nous mettons sous presse, peu de détails sont connus sur cette dyke march, hormis la date et le fait qu’elle partira du très LGBT Square Soho puis passera par le centre-ville, donnant une vraie médiatisation à la manifestation. « Être visible est un acte de protestation et un acte de pouvoir, ça permet de créer une communauté », explique Emelia Holdaway, organisatrice de la marche. Ce type de manifestation s’est surtout popularisé en Amérique du Nord. Au Canada, Toronto et Vancouver constituent des rendez-vous importants. Événement Festival Edgy Women Miriam Ginestier : l’art engagé et réfléchi Vanessa Girouard Du 16 au 31 mars 2012 se tient la 19e édition du festival féministe Edgy Women, à la Sala Rossa, au Studio 303, à la Centrale et au Royal Phoenix bar. L’événement cherche à perpétuer son caractère dynamique et son modèle inspirant. Entre Elles a rencontré sa fondatrice, Miriam Ginestier. Entre Elles. Qu’est-ce qui vous a motivée dans la création de projets tels que Edgy Women, le Meow Mix et le Studio 303 ? Miriam Ginestier. J’aime sentir que je propose quelque chose de différent, que je contribue au développement de ma communauté. J’apprécie surtout de côtoyer d’excellents artistes et de partager mes expériences de leurs pratiques avec d’autres spectateurs. Voilà pourquoi dernièrement, avec l’aide de ma blonde, j’ai aussi recommencé à organiser des cours de Tango Queer. Entre Elles. En quoi Edgy Women vous tient-il particulièrement à cœur ? M.G. Il représente le carrefour où se rejoignent ma carrière professionnelle – directrice du Studio 303 – et mes intérêts personnels – je le répète, qui consiste à œuvrer pour ma communauté. Avec Edgy Women (et aussi avec Meow Mix), j’espère créer un espace qui célèbre des perspectives et des identités non traditionnelles, des événements artistiques qui se servent de l’humour et de la séduction pour passer des messages. Entre Elles. Comment était la scène lesbienne lors de la création du festival, au début des années 90 ? M.G. Très différente de celle qu’on connaît aujourd’hui ! On parle d’une époque pré-Internet. Il y avait plusieurs bars lesbiens, mais il fallait aller chercher les flyers sur le comptoir de la librairie Androgyne pour savoir ce qui se passait. Les lesbiennes séparatistes étaient très présentes, mais la génération plus jeune amenait une tendance de féminisme « sex-positive ». Néanmoins, Edgy Women n’est pas un événement étiqueté lesbien. Il met l’emphase sur des femmes fortes. Aussi, ce n’est pas étonnant qu’il y ait souvent une belle présence d’artistes queer dans la programmation. 12 Entre Elles. Que pensez-vous de la scène artistique lesbienne actuelle ? M.G. Il n’est pas vraiment possible de parler de « la scène artistique lesbienne », mais il est certain que la diversité des pratiques et le nombre d’artistes queer a beaucoup augmenté, au niveau tant amateur que professionnel. Les lesbiennes sont de plus en plus visibles, surtout dans le milieu de la musique (DJs, groupes), de la littérature, du stand-up et du cinéma. En revanche, j’ai l’impression que cette identité est moins apparente dans les arts vivants tels que la danse, le théâtre et la performance et dans les arts visuels. Entre Elles. Pourquoi ? M.G. Le lesbianisme comme sujet est déjà un peu périmé ! Cela dit, si on parle de la scène queer, l’offre est devenue très vaste. Il y a pas longtemps, Meow Mix (et le Boudoir) était l’une des seules soirées-cabaret queer. Maintenant, avec l’avènement des médias sociaux, il y a une panoplie d’évènements dans différents lieux. C’est incroyable Je trouve que c’est vraiment bon signe ! Entre Elles. Qu’est-ce que vous cherchez d’abord à montrer avec Edgy Women ? M.G. Je veux mettre de l’avant des œuvres intelligentes, inventives, inspirantes et qui ont des idées à défendre. Edgy Women reprend le mantra féministe classique, c’est-à-dire « le personnel est politique », en présentant des performances basées sur l’identité, artistiquement rigoureuses, drôles, complexes et surprenantes. En fait, je veux mettre en lumière des œuvres de femmes travaillant au-delà des disciplines traditionnelles. © César Ochoa 13 Événement Société Edgy Women Tout sur la programmation Vanessa Girouard Pour son édition 2012, le festival Edgy Women tourne autour de quatre œuvres majeures présentées à la Sala Rossa et au Studio 303. Une soirée vidéo se tiendra également à la Centrale. Le lancement des recueils de Zombie aura lieu, pour sa part, au Royal Phoenix Bar. Entre Elles détaille ci-dessous tout ce qu’il ne faut pas rater pendant ces deux semaines. 15 mars au Royal Phoenix Bar (Gratuit) Lancement officiel du festival Edgy Women – Lancement des recueils de nouvelles de zombies par le collectif français GLJINS. 20 mars à la Centrale, 19h (Gratuit) Soirée vidéo – La Centrale 22 mars à la Sala Rossa, 20h SPIN – Evalyn Parry C’est un « musical » multimédia qui célèbre la bicyclette comme muse, instrument de musique et élément de changement social au fil des derniers siècles. © César Ochoa Entre Elles. Selon vous, les lesbiennes fournissent-elles un apport important au mouvement féministe ? M.G. Oh oui, bien sûr ! Les personnes marginalisées à l’intérieur d’un mouvement politique brassent des idées, les remettant du coup en question. Elles participent ainsi à déconstruire les idées préconçues. Entre Elles. Comment vivez-vous votre propre féminisme ? M.G. Je suis militante à ma manière : je ne descends plus vraiment dans la rue, mais tout mon travail vise à promouvoir des femmes et des queer. Pour moi, le féminisme est une évidence. Je ne comprends pas quand les gens qui affirment qu’ils ne sont PAS féministes! Entre Elles. Depuis 15 ans, votre public a-t-il évolué avec le festival ? M.G. C’est drôle parce que je peux parler du public de Meow Mix, mais moins de celui de Edgy Women. Il est plus compliqué à saisir et varie énormément, notamment en raison de la programmation offerte et des lieux partenaires. À Edgy Women, les Meow Mixers se mêlent aux professionnels et au public du milieu des arts de la scène. J’avoue que cette diversité n’est pas 14 toujours évidente à gérer, car certains spectacles sont parfois très queer pour un public plus « général ». Entre Elles. Avez-vous d’autres projets à venir ? M.G. En fait, je pense déjà à Edgy Women 2013, car ce sera le 20ème anniversaire du festival ! Je planifie une édition qui se distinguera par sa thématique sportive. Je compte louer le magnifique club de boxe « Chat Bleu » pour faire des créations in situ. Autre chose : je veux absolument collaborer avec la blogueuse Meg Hewings de Hockey dyke in Canada pour créer un évènement participatif. Enfin, je devrai faire des recherches sur la lucha libre (lutte libre), car une des artistes que je compte inviter est récemment devenue maniaque de ce sport ! Festival Edgy Women Du 16 au 31 mars 2012 Présenté par le Studio 303 514.393.3771 edgywomen.ca 23 mars à la Sala Rossa, 20h Je Baise les Yeux – Gaëlle Bourges Ce spectacle jette un regard sur les tensions entre le travail du sexe et le monde de l’art, ainsi que sur l’intellectualisation de la corporalité. À noter que « Je Baise les Yeux » offre le point de vu de la France sur ces deux thématiques alors que la vision torontoise sera offerte par les Scandelles. 24 mars à la Sala Rossa, 20h et 22h30 In Succube – Andréanne Leclerc et Holly Gauthier-Frankel En collaboration avec Meow Mix, la production In Succube est qualifiée de « sensuelle et étonnante » par Miriam Ginestier. Cette composition est chorégraphiée et interprétée par Andréane Leclerc et Holly Gauthier-Frankel, deux artistes de cirque et de théâtre burlesque. La première nommée est notamment connue pour ses performances plutôt « contorsionnées » lors des soirées Meow Mix. Cette production est une commande spéciale du Studio 303. Elle est d’ailleurs présentée en première mondiale ! 30-31 mars au Studio 303, horaire à venir Les Demimondes – Scandelles Dans la même lignée que « Je Baise les Yeux », Les Demimondes offrent une perspective torontoise concernant l’intellectualisation de la corporalité. Les tensions entre le travail du sexe et le monde de l’art sont d’autres thèmes abordés au cours de ce spectacle. du 16 au 31 mars 2012 edgywomen.ca © The Scandelles par R. Kelly Clipperton 15 Société Droits des femmes et des LGBT Le gouvernement Harper inquiète mAINTENANT EN kIOSqUE Joëlle Girard Le récent affront porté au mariage homosexuel a brutalement rappelé aux LGBT la vulnérabilité de leurs acquis et fait craindre un futur recul de nos droits. Les cinq projets de loi privés présentés depuis 2006 préludant la « recriminalisation » de l’avortement et les déclarations, cet automne, des députés Brad Trost et Stephen Woodworth pour la réouverture du débat avaient déjà sonné comme une double piqûre de rappel. Majoritaires à la Chambre des communes depuis les élections du 2 mai dernier, les conservateurs suscitent la crainte chez certains acteurs bien connus de la scène fédérale, y compris l’ancien premier ministre Jean Chrétien. S’adressant aux militants du Parti libéral, celui-ci a mis en garde tous les Canadiens contre le gouvernement de Stephen Harper, dans une lettre envoyée le 13 décembre. « Les conservateurs ont déjà mis fin au contrôle des armes à feu et à l’accord de Kyoto. La prochaine fois, ce sera peut-être le droit de la femme au librechoix ou le mariage gai », pouvait-on lire dans le message de Jean Chrétien, qui a dirigé le pays entre 1993 et 2003. La missive renforce le doute au sujet de l’inaliénabilité des droits des femmes et des LGBT. Museler la critique « Il y a déjà des cas très concrets de changements de pratiques et de politiques qui font reculer les droits des femmes », confirme Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) depuis 2009. Parmi ces évolutions, cette militante féministe de longue date évoque notamment la fin du contrôle des armes à feu et la destruction des données du registre (créé suite à la tuerie de Polytechnique), l’arrêt du financement des programmes de logements sociaux, l’annulation du Programme national d’investissement dans les services de garde et l’adoption de la Loi sur l’équité salariale dans le secteur public. Cette dernière oblige les femmes à présenter leurs plaintes seules, sans le soutien de leurs syndicats. Une amende de 50 000 $ est prévue pour ceux qui 16 encourageraient ou aideraient ses membres à déposer une plainte en matière d’équité salariale. POUR ENCORE PLUS DE CONTENUS CONSULTEZ LE URBANIA.CA « On coupe aussi le financement des groupes qui doivent être les chiens de garde des droits et du respect de l’amélioration des conditions de vie dans le but de faire taire les critiques, ajoute Alexa Conradi. C’est un recul important. De moins en moins de voix sont outillées pour critiquer le gouvernement. Les conservateurs sont un peu ratoureux dans leurs pratiques. » « Nous serons là » Au chapitre de l’avortement, Alexa Conradi craint que Stephen Harper joue sur les mots en n’abordant pas lui-même le sujet, tel qu’il l’a promis, en laissant toutefois un député pro-vie présenter un projet de loi privé sur la question. « Deux députés conservateurs ont soutenu qu’ils trouveraient le moyen de rouvrir le débat. Ce droit est donc menacé, surtout sachant qu’ils sont majoritaires, que plusieurs d’entre eux sont pro-choix et qu’ils ont l’appui de quelques libéraux sur la question », explique-t-elle. Mais la présidente de la FFQ se veut toutefois rassurante. « Nous sommes en alerte constante et nous mettons tout en place pour que les groupes avec lesquels nous sommesliés soient prêts à réagir quand viendra le temps de défendre ce droit, affirme-t-elle. Le jour où ils décideront d’y toucher, nous serons là. » Au mois de janvier, les avocats du gouvernement fédéral se sont opposés à ce que deux lesbiennes demeurant en Floride et en Angleterre obtiennent 17 Société © The Prime Minister’s Office le divorce au motif que leur mariage n’a jamais été légal au Canada. Devant le tollé soulevé par la nouvelle, le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a rapidement expliqué que son gouvernement modifierait la loi afin que les mariages conclus au Canada et non reconnus par le lieu de résidence du couple soient désormais considérés comme valides. Diviser pour mieux régner Néanmoins, pour Alexa Conradi, qui se définit elle-même comme « une mère de famille anglophone, fille d’immigrant et lesbienne », cette confusion quant à la légalité du mariage de ce couple étranger est une « façon de voir s’il y a encore des gens pour défendre les LGBT, de tester jusqu’où irait l’objection si le débat était rouvert ». « C’est une manière de voir si on tolère l’idée d’un système qui fonctionne selon deux poids deux mesures, en appliquant le droit canadien différemment 18 aux étrangers venus se marier ici. Cela crée une atmosphère de division, de création de sous-groupes qui sert ensuite à mieux faire passer certaines propositions. C’est vraiment un test. Ce sont de fins tacticiens. À la fois stratèges et un peu mesquins », estime-t-elle. Pour Alexa Conradi, la stratégie des conservateurs est donc claire : diviser pour mieux régner. « Il faut cultiver la solidarité […] parce que le jour où nous perdrons notre cohésion, ils auront tout pour réussir », met-elle en garde, espérant que les divers groupes de défense des droits s’appuient entre eux, dans leurs revendications et leurs démarches. « Bien sûr, la Charte canadienne des droits et libertés existe toujours et c’est un outil puissant pour argumenter, poursuit-elle. Mais il ne faut pas devenir indifférent à ce qui se passe. Au Québec, nous avons tendance à ne pas nous préoccuper de ce qui se trame au fédéral. Il faut faire attention. » 19 Politique Québec Solidaire Le plan Manon Massé Monique D. Proulx Le comité de travail qui entoure Manon Massé est en ébullition ces temps-ci, comme toute la classe politique du Québec. Un air de préélection flotte dans les bureaux de Québec Solidaire. Nous avons interrogé la candidate du comté Sainte-Marie-Saint-Jacques pour savoir comment elle percevait le Village, la pauvreté (et la richesse), le féminisme, la vie lesbienne et… l’avenir du Québec ! Entre Elles. Vous allez bientôt nous demander de voter pour vous. Pourquoi les gens le feraient-ils ? Qu’avez-vous à apporter, par exemple, aux LGBT ? Manon Massé. À Québec Solidaire, notre politique c’est d’être présents en dehors des périodes d’élection. Depuis la fondation du parti, on s’est positionné très clairement pour la défense des minorités sexuelles, on a travaillé sur beaucoup de dossiers avec des organismes du milieu et des groupes de pression pour faire adopter des programmes d’éducation, reconnaître le droit au mariage et changer des lois. Et on a parfois réussi ! C’est sous l’effet des pressions que le gouvernement a instauré une Politique québécoise de lutte contre l’homophobie il y a quelques années et, plus récemment, une Chaire de recherche sur l’homophobie à l’UQAM. On va enfin pouvoir travailler avec des données statistiques précises sur la réalité québécoise des minorités sexuelles. Bien sûr, il reste beaucoup à faire. On a beau avoir des lois, il faut surtout changer les mentalités. Avec Stephen Harper à la barre, on va devoir maintenant être vigilant pour ne pas reculer ! Entre Elles. Comment percevez-vous le Village ? Certains croient que vous n’aimez pas trop travailler avec les hommes gais du Village… M.M. Hé bien, c’est la première nouvelle que j’en ai ! Ce ne sont certainement pas des gens qui ont travaillé avec moi qui disent une chose pareille, parce que j’ai toujours collaboré avec beaucoup de plaisir avec les gais. Je travaille avec des bisexuels, avec des lesbiennes, avec des trans. Et j’ai un tas d’amis dans le Village. Un des problèmes que je vois dans ce quartier, c’est qu’il est beaucoup associé au commerce, à la consommation, alors que nous, on voudrait que le Village soit justement un… village. Il faut qu’on développe plus une vie communautaire et une cohabitation harmonieuse entre des gens de différents 20 styles de vie, des itinérants, des ados, des femmes seules, des travailleurs, des gais de tous âges. Par exemple, on voudrait que les parcs soient des lieux de partage de l’espace, qu’on s’en serve pour développer le « vivre ensemble ». Entre Elles. Que proposez-vous pour y arriver ? M.M. D’abord, on veut s’attaquer à la pauvreté. On la voit de plus en plus, il y a même des familles entières d’itinérants, avec des enfants. On est au Québec ici, avec notre climat, on ne peut pas accepter ça. Pour nous, un toit c’est un droit. Si on est au pouvoir, on va faire construire du logement locatif à prix modique : non seulement ça servira les gens qui y habiteront, mais aussi ceux qui les construisent. Ces immeubles, ça donnera du boulot aux gens. Il en faut beaucoup : la population vieillit et bien des gens du milieu travaillent dans des emplois à la petite semaine, souvent dans le secteur des services. Quand ils arrivent dans la cinquantaine et la soixantaine, le cabaret rempli d’assiettes commence à peser lourd au bout de leur bras. Ces gens-là, avec le prix actuel des loyers, n’y arrivent pas. Plusieurs vivent à 40% sous le seuil de pauvreté. Ça m’inquiète. Entre Elles. On dit de vous que vous êtes une lesbienne féministe radicale… M.M. C’est une étiquette, qui peut donner l’impression que je suis extrémiste, alors que c’est le contraire. Je suis absolument contre la violence. Si j’ai pris le bateau l’an dernier pour aller en Palestine, c’était non seulement pour dire à Benyamin Netanyahou [le premier ministre israélien, ndlr.] d’arrêter de violer les traités internationaux en bafouant les droits des Palestiniens, mais c’était aussi pour dire au Hamas d’arrêter de violer les droits des femmes en bafouant leur liberté. © Edson Emilio Photography A.K.A. El Negro 21 Politique Manon Massé en quelques points . Membre de Québec Solidaire depuis la fondation de ce parti. . Lors des prochaines élections générales au Québec, elle sera pour la quatrième fois candidate à Montréal, dans la circonscription Sainte-Marie-Saint-Jacques. . Travailleuse communautaire depuis 30 ans, elle réside depuis peu dans sa circonscription. © Edson Emilio Photography A.K.A. El Negro Pour ce qui est de l’étiquette, eh bien prenons-la élément par élément : 1) je suis lesbienne et je ne m’en suis jamais cachée. Même à bord du bateau en direction de Gaza, nous étions deux queers, nous le laissions savoir et nous avions de très bonnes relations avec les autres ; 2) je suis féministe, en effet, et assumée, car je suis contre toute forme d’oppression, à plus forte raison contre les femmes ; 3) enfin, je suis radicale si c’est pour dire que je veux opérer des changements à la source même des causes, mais je n’aime pas trop la connotation d’extrémisme qui va avec ce terme. Moi, je suis une femme de fond, j’apprécie la rigueur d’analyse et je pense que les changements, ça passe d’abord par l’éducation. Entre Elles. Trouvez-vous que la vie lesbienne se porte bien à Montréal ? M.M. Les choses ont beaucoup changé depuis 30 ans. Je suis agréablement surprise de voir comme les filles aujourd’hui peuvent se sentir complètement légitimées de s’afficher. Bien sûr, elles ne se rassemblent pas sur le plan géographique, on ne voit pas de « quartier lesbien », mais elles semblent faire les choses autrement. En revanche, les gens ont moins de difficulté à accepter le lesbianisme que le fait de traverser les genres. C’est frappant. Un homme qui a l’air d’une femme ou une femme qui a l’air d’un homme, ça chicote. Moi par exemple, j’ai l’impression que mon homosexualité va de soi. En revanche, bien des gens tolèrent mal que j’aie une moustache ! Entre Elles. À la lumière du drame des femmes de la famille Shafia, que pensez-vous de la position de Québec Solidaire sur le port de signes religieux, en particulier du voile ? 22 . Elle a représenté Québec Solidaire lors de l’expédition du navire canadien Tahir qui a voulu forcer le blocus israélien, l’automne dernier, pour apporter de l’aide humanitaire aux habitants de Gaza. M.M. Quand on parle des Shafia, on parle de meurtriers, ne l’oublions pas ! Moi je travaille depuis des années dans un centre de femmes et je côtoie des femmes de toutes sortes, dont certaines portent le voile, et elles ont beau savoir que je suis lesbienne, jamais je n’ai senti le moindre préjugé de leur part. Je ne crois pas que c’est en interdisant qu’on va améliorer la situation, au contraire ce qui me paraît intéressant c’est l’échange. C’est comme ça qu’on va arriver à créer le Québec auquel on aspire. Entre Elles. Justement, comment voyez-vous l’avenir du Québec ? M.M. Québec Solidaire veut mettre sur pied une grande assemblée constituante où seront représentés les différents groupes qui forment actuellement le Québec pour débattre de cet avenir, pour le définir ensemble. On se donnera deux ans pour faire émerger un projet consensuel, par exemple pour déterminer les modalités de la laïcité, et bien d’autres choses encore, évidemment. Cette assemblée aura comme mandat de rédiger une constitution du Québec, que nous soumettrons ensuite à un référendum. Notre avenir, je le vois comme réellement démocratique, axé sur la redistribution des richesses, offrant aux citoyens un revenu minimum garanti, respectant ses ressources naturelles et récoltant des redevances sur ses matières premières, par exemple en taxant le produit des mines ou l’utilisation de l’eau par les grandes entreprises, ou encore en négociant mieux les achats de produits pharmaceutiques auprès des grandes sociétés. On se fait dire sans arrêt qu’il n’y a pas d’argent, mais nous on ne voit pas les choses comme ça. Il y en a de l’argent, et beaucoup. Il s’agit d’aller le chercher d’abord puis de le distribuer équitablement. 23 Société Société Les Chouettes Coquettes Pour le plaisir et la diversité Vanessa Girouard Les Chouettes Coquettes ont le vent dans les voiles. Depuis plus de cinq ans, ce groupe social organise des activités pour les lesbiennes (mais aussi pour les bisexuelles et les femmes trans), afin de s’amuser et de créer des liens entre femmes. La fondatrice et deux des organisatrices racontent leur expérience à Entre Elles. Le groupe Chouettes Coquettes, association fondée à l’été 2005 par Maryse Bézaure et Lise (nom fictif, ndrl.), a émergé grâce à la volonté des deux fondatrices de rassembler des jeunes femmes homosexuelles de leur âge. Les groupes sociaux lesbiens déjà existants peinaient alors à joindre les lesbiennes dans la vingtaine et la trentaine. « En 2005, il y avait seulement des groupes lesbiens universitaires ou d’autres s’adressant à une clientèle plus âgée », affirme Maryse. Les deux femmes ont alors usé de leurs compétences et de leurs contacts pour mettre de l’avant leur groupe. « Ma formation m’a permis de créer le site Internet tandis que Lise, qui collaborait alors à un projet s’adressant aux jeunes en questionnement, a utilisé la liste de diffusion pour faire connaître le groupe », raconte Maryse. Quelque 800 abonnées Un an plus tard, Lise s’est lancée dans d’autres projets et deux abonnées de la liste de diffusion des Chouettes, Bich Nguyen et Isabelle Laplante, se sont proposées pour prendre le relais. Aujourd’hui, elles sont six organisatrices, en plus des collaboratrices qui veillent ponctuellement à orchestrer les différentes activités. Le groupe social des Chouettes réunit en tout près de 800 abonnées de sa liste de diffusion. Les jeunes femmes ne s’attendaient pas à une telle popularité. « Lors du premier 5 à 7, on avait réussi à mobiliser une dizaine de personnes », se souvient la fondatrice. « Maintenant, il est parfois compliqué de faire une réservation en raison du grand nombre de participantes ! » Après le 5 à 7 bimensuel, le groupe continue à socialiser autour d’un repas convivial. « On a certainement une valeur ajoutée, car c’est plus intime, le fait d’être à proximité permet d’approfondir des discussions et de bien s’amuser », soutient Isabelle Laplante. Cette dernière tient néanmoins à préciser que les Chouettes Coquettes « n’est pas un club de rencontre, mais un groupe social ! » 24 Accueillant lesbiennes, bisexuelles et transsexuelles de tous âges et de toutes origines, les Chouettes Coquettes prônent la diversité. « Le spectre est large. Des étudiantes, des retraitées, de nouvelles arrivantes et même des touristes participent aux 5 à 7 ! » Sorties sportives et culturelles En offrant aussi des activités de plein air, comme la raquette, le ski de fond, la glissade, et des sorties culturelles, comme des visites dans des musées ou un séjour aux États-Unis, ainsi que des activités thématiques (la cabane à sucre ou des cours d’autodéfense), les Chouettes Coquettes tentent de rejoindre une « faune » diversifiée. Faire sortir les lesbiennes n’est pas chose facile, dit-on, et c’est pourquoi les militantes misent sur la variété des activités proposées. « Le taux de participation dépend de l’offre, résume Bich Nguyen. Il y a des valeurs sûres, comme les quilles annuelles. Les activités culturelles sont moins populaires ». Selon Isabelle Laplante, le temps qu’il fait a aussi son importance : « Les activités sont plus populaires au printemps qu’en hiver parce que les filles sortent plus. » Collaboration avec d’autres groupes Parfois, les Chouettes Coquettes partagent des activités ponctuelles avec d’autres associations du milieu. « L’information sur les activités se diffuse par l’entremise des listes d’envoi des associations comme La tram, le Meow Mix, le Tease for the Ladies et Lez elles. On se retrouve parfois à faire des activités ensemble, mais c’est plutôt informel », soutient Maryse Bézaire. La jeune femme dit avoir l’impression que « les associations font chacune leurs choses de leur côté ». Une situation qui ne lui déplaît pas tant que ça : « Ça offre des options différentes aux femmes. On peut alors rejoindre tout le monde ». Chouettes Coquettes www.chouettescoquettes.com/ © César Ochoa 25 Médias Polémique - Urbania Polémique - Urbania Un « spécial lesbiennes » qui crée des remous Vanessa Girouard Le dernier numéro du magazine Urbania a soulevé le mécontentement d’une partie de la communauté lesbienne. En réponse aux critiques des féministes, la journaliste et chroniqueuse Judith Lussier a publié un billet d’humeur intitulé « Les lesbiennes frustrées ». Les dents ont alors grincé de plus belle. « De tous les numéros de l’histoire du magazine, celui-ci a été l’un des plus complexes à réaliser », peut-on lire sur la page Internet d’Urbania. Selon l’équipe de rédaction, malgré la volonté de rendre les lesbiennes visibles, de prendre en considération leur diversité, plusieurs femmes contactées par les journalistes ont décliné l’invitation. Certaines se sont aussi désistées au dernier moment après avoir accepté, dans un premier temps, de participer à l’édition. Urbania a même dû réaliser un « shooting butch » à New York en raison de la difficulté rencontrée pour trouver des participantes. Interrogée par Entre Elles lors du lancement du magazine, le 19 janvier, la rédactrice en chef Catherine Perreault-Lessard reconnaissait que son équipe a commis des « maladresses […] comme l’utilisation des mots butch et dyke » qui passent beaucoup moins bien dans la communauté quand ce n’est pas les lesbiennes qui les emploient. Autre problème indiqué par l’équipe : certaines femmes n’auraient pas apprécié d’être parfois contactées par des hommes pour un sujet ne les concernant pas directement. Un baiser qui passe mal Les critiques, vives avant même la parution de ce numéro, ont continué à se faire entendre les jours 26 suivants. Pour Virginie Jourdain, coordonnatrice à la Centrale (organisme artistique et féministe), la façon dont les lesbiennes ont été approchées est carrément « insultante. Ça a beaucoup circulé parmi les lesbiennes qui font partie des réseaux de l’art et de la militance », affirme celle qui déclare ne parler « qu’en son propre nom ». Virginie Jourdain évoque plus précisément le courriel qu’elle a reçu de la part de Catherine Perreault-Lessard faisant suite à l’aide qu’elle lui avait offerte. « Ce n’est pas neutre de demander aux gens de se frencher publiquement lors d’un lancement en échange d’un abonnement. Ça n’a aucun intérêt. Aller s’embrasser devant l’ambassade d’un pays X où l’homosexualité est interdite, en tant que militantes dans le cadre d’une action politique, ça c’est intéressant. Mais ce n’est pas un divertissement ». Catherine Perreault-Lessard dit comprendre cette critique mais ajoute « qu’il y a toujours des spectacles lors des lancements d’Urbania ». La rédactrice donne notamment l’exemple des numéros précédents : « Pour le spécial gros, il y avait des gros à l’entrée. Pour le dernier événement, on a décidé de rien faire, pour ne pas choquer. On avait même pensé à un numéro de drag kings, mais on a préféré y renoncer ». Parmi les autres reproches formulés dans la communauté, Marie-Élaine Larochelle, correspondante à « jesuisféministe.com », pointe du doigt l’édition qui présenterait, selon elle, dans plusieurs articles, une vision hétérosexuelle des lesbiennes. « Certains aspects du numéro m’ont déplu, explique-t-elle. C’était seulement le regard d’Urbania. Cette vision qu’ils avaient des lesbiennes tombait facilement dans les clichés. » L’humour, une bonne excuse ? En réaction aux critiques formulées notamment sur les réseaux sociaux, Judith Lussier a publié un billet, le 24 janvier, sur le blogue du média, intitulé « Les lesbiennes frustrées ». La journaliste y critique à la fois celles qui ont été mécontentes du processus et celles qu’elle croyait être féministes. « La lesbienne féministe frustrée s’insurgera contre tout : le rouge à lèvres, l’instrumentalisation de la représentation féminine dans le fantasme masculin, les jokes de gouines, etc, écrit notamment Judith Lussier. La lesbienne féministe frustrée avait organisé une manifestation anti-lancement du numéro d’Urbania sur les lesbiennes, en prévention de ce qui pourrait être offensant. Elle fut bien déçue et dut annuler l’événement. » Valérie Lapointe, lesbienne féministe déclarée, lui a répondu le lendemain, sur le site d’Urbania, de manière véhémente. Judith Lussier invoque aujourd’hui le droit à l’humour : « Le débat ne devrait même pas avoir lieu, indique-t-elle. Est-ce que ça existe des lesbiennes frustrées ? Ce serait comme se demander si toutes les blondes comme moi sont niaiseuses ? Ce n’est pas sérieux, c’était vraiment humoristique ». Vivement l’hiver ! Pour Valérie Lapointe, l’argument ne tient pas lla route : « Sous le couvert de l’humour, on reconduit souvent des stéréotypes, des préjugés […]. Sous le couvert de l’humour, on rit de qui ? On rit des gros, des femmes blondes, des B.S, des arabes, des noirs, des autochtones. Mais quand est-ce qu’on rit de l’homme blanc hétérosexuel de la classe aisée ? Jamais. Quant au féminisme lesbien, il a apporté un requestionnement de la norme hétérosexuelle comme unique constitution des sexualités, requestionne la famille et les institutions comme le mariage. Là encore, c’est loin d’être aussi simple ». Publié quatre fois par année, Urbania a l’habitude de rendre des dossiers complets sur un sujet donné. « À chaque numéro du magazine, on s’intéresse à un sujet et on fait un 360 °. On essaie de l’exploiter sous toutes ses facettes », affirme Judith Lussier. Pourtant, une partie de la communauté semble s’être sentie véritablement incomprise dans cette édition. Selon Virginie Jourdain, « c’est clair qu’il n’y avait aucune problématisation du sujet. Comment se sont-ils intéressés à nos identités, à nos vies, à notre culture ? Lorsque l’on aborde un sujet aussi pluriel qu’est le sujet « lesbiennes », il faut avoir en tête le contexte historique et politique des luttes réalisées et celles à venir ». Le prochain thème du magazine devrait poser moins de problèmes à la rédaction Urbania. Il sera consacré à l’hiver. © Urbania 27 International Islande Jóhanna Sigurdardóttir, trois ans après La rédaction 4126, rue St-Denis, Bureau 301 Montréal, QC H2W 2M5 T. 514.526.2452 [email protected] Souper LESBO Jeudi 8 mars 2012 de 17 h 30 à 21 h 30 Venez souper et jouer au LESBO, inspiré du bingo, où les lesbiennes célèbres sont à l’honneur. Apportez votre porte-bonheur! Prix : 15$ Inscription aux préalables : [email protected] www.solidaritelesbienne.qc.ca Le 1er février 2009, elle est devenue la chef du gouvernement islandais et, par là même, la première personnalité ouvertement homosexuelle à accéder à un tel poste dans le monde. Par son action (favorable aux femmes et aux LGBT), Jóhanna Sigurðardóttir reste aujourd’hui encore très populaire auprès d’une opinion publique pourtant très méfiante vis-à-vis de la classe politique. On y a cru, même si ce n’était qu’un petit peu. Trois ans après son accession au poste de première ministre d’Islande, Jóhanna Sigurðardóttir, symbole de l’avancée des lesbiennes sur le plan politique, accepterait-elle de répondre à Entre Elles ? La réponse de son cabinet a été nette : la chef du gouvernement, dont l’emploi du temps, on s’en doute, est surchargé, « ne parle jamais de sa vie privée ou de questions personnelles en entrevue ». Au final, Jóhanna Sigurðardóttir, membre du Parti social-démocrate islandais, est à l’image de ses concitoyen(ne)s, pour qui son orientation sexuelle n’a jamais été sujet à débat. « Savoir avec qui la première ministre dort la nuit est bien loin des préoccupations des gens », expliquait le journaliste Ingo Sigfusson à la BBC, en février 2009. « Sainte Jóhanna » Pour autant, la femme politique âgée aujourd’hui de 70 ans défend les droits des LGBT. Sous sa direction, le Parlement islandais a voté à l’unanimité pour le mariage entre conjoint(e)s de même sexe, en juin 2010. Jóhanna Sigurðardóttir a été l’une des premières à profiter de cette nouvelle loi en épousant sa compagne de longue date, une auteure de théâtre avec qui elle s’était déjà unie civilement. 28 Petite-fille d’une syndicaliste féministe, Jóhanna Sigurðardóttir n’a jamais varié dans ses combats pour défendre les plus démunis, au point d’être affublée du surnom de « Sainte Jóhanna ». Élue parlementaire depuis 1978, plusieurs fois ministre des Affaires sociales (après avoir été hôtesse de l’air dans une « autre vie »), elle a su se bâtir une réputation de femme intègre et populaire. La première ministre a également soutenu activement les récentes campagnes contre le viol et les violences conjugales. « Jóhanna est une grande féministe, elle n’hésite pas à affronter les hommes dans son propre parti et refuse de se laisser opprimer », affirmait Guðrún Jónsdóttir de l’association Stígamót en mars 2010 au Guardian. Discrète mais déterminée. Fin des clubs de strip-tease En 2008, lorsque l’Islande, pays de quelque 320.000 habitants, se retrouve au bord de la faillite, après l’effondrement de son système financier, elle est l’une des rares personnalités politiques à « surnager » et à conserver la confiance de la population. Nommée première ministre par intérim suite à la démission du conservateur Geir Haarde, accusé d’avoir précipité son île dans l’abîme, Jóhanna Sigurðardóttir remporte les élections en avril 2009. Elle gouverne avec ses alliés de la Gauche verte . Depuis trois ans, les droits des femmes figurent parmi ses priorités. Ainsi, en mars 2010, les députés ont voté en faveur d’un projet de loi exigeant la fermeture de tous les établissements de strip-tease ou de toute place voulant tirer profit de la nudité de ses employé(e)s. © Icelandic Ministry of Social Affairs and Social Security 29 Cinéma Cinéma FIFA Albert Nobbs Percer le mystère de Mazo De la Roche Joëlle Girard Pour sa 30e édition, le Festival international des films sur l’art présente encore cette année une série des œuvres à saveur LGBT, incluant Le mystère de Mazo De La Roche , documentaire réalisé par Maya Gallus. La cinéaste lesbienne tente de mettre à jour le secret de l’une des plus grandes auteures canadiennes du XXe siècle dont la vie privée hors normes a été l’objet d’une grande curiosité. Connues pour des documentaires comme Fag Hags : Women Who Love Gay Men, Erotica : A Journey Into Femal Sexuality et Dish : Women, Waitressing & the Art of Service, Maya Gallus et sa conjointe, Justine Pimlott, ont l’habitude d’explorer les questions de genre, de déconstruire les préjugés et de démonter les mythes. Leur dernier projet, Le mystère de Mazo De La Roche, s’attaque à un morceau de choix en tentant de démêler la vérité du mensonge sur la vie de l’écrivaine, à commencer par sa relation très privée avec Caroline Clement. Née en 1879 à Newmarket (Ontario), Mazo De la Roche était une enfant solitaire, vivant dans on propre monde de fantaisie, jusqu’au jour où ses parents ont adopté sa cousine. Dès l’âge de sept ans, Caroline Clement est entrée dans cet univers à part. Les deux fillettes ont ainsi développé une complicité unique qui a duré toute leur vie. œuvre, le film laisse ainsi entendre que l’auteure n’aurait pas été lesbienne, mais plutôt transgenre. Cette thèse percerait le mystère et rassasierait la curiosité inépuisable entourant l’existence d’une femme qui, tout au long de sa vie, ne s’est jamais permis de vivre pleinement son identité ailleurs que dans ses livres. Le mystère de Mazo De la Roche pose un regard fascinant sur cette auteure énigmatique, mais également sur les mœurs impitoyables de son époque qui ont contribué à la construction du mythe autour de l’auteure canadienne. Un « mariage à la bostonienne » Très secrètes au sujet de leur vie privée, Mazo De la Roche et Caroline Clement se sont exercées à construire un mythe composé de mensonges ou de demi-vérités autour de l’auteure et ce, dès la publication de Jalna, troisième roman qui leur a apporté gloire et fortune. Pour arriver à comprendre la nature de la relation qui unissait les deux femmes, Maya Gallus et Justine Pimlott ont interrogé plusieurs personnes dont la fille adoptive de Mazo De la Roche et Caroline Clement, Renée, ainsi que l’auteure québécoise Marie-Claire Blais. 30 La rédaction Sélectionnée aux Oscars 2012 dans la catégorie meilleure actrice, Glenn Close rejoint, avec sa brillante performance dans Albert Nobbs, les Hilary Swank (Boys Don’t Cry) et Felicity Huffman (Transamerica) dans la liste des interprétations remarquables d’actrices incarnant des personnages à l’identité sexuelle trouble. En revanche, le film, sorti le 3 février au Québec, ne passera certainement pas à l’histoire. Dans l’Irlande du XIXème siècle, Albert Nobbs (Glenn Close) revêt chaque jour depuis 30 ans les traits d’un homme, afin de survivre dans un monde où son statut de femme ne lui autorise que peu de libertés. Serveur apprécié pour son professionnalisme et son attention, elle économise ses pourboires afin de s’acheter un jour une boutique de tabac. Son quotidien est pourtant bousculé lorsqu’elle se retrouve dans l’obligation de partager sa chambre avec un homme qui, comme elle, s’avère être une femme. Les deux personnages se lient ainsi d’amitié. Albert Nobbs découvre bientôt que son amie Hubert Page (Janet McTeer) s’est mariée à une femme. Elle se surprend alors à intégrer à son rêve la compagnie de la jeune Helen (Mia Wasikowska). Albert Nobbs est de ces films qui dissimulent assez bien une prise de position très pro-LGBT derrière ce qui semble être une histoire hollywoodienne conventionnelle. Ainsi, le couple formé par Hubert Page et sa femme Cathleen se révèle être un véritable amour lesbien. Dialogues malhabiles Par ailleurs, on comprend rapidement qu’Albert Nobbs cherche tout autant l’amour féminin, bien qu’on décèle une agaçante tentative de désexualisation de ses sentiments qu’on déguise en compagnonnage. À cela s’ajoute enfin le caméo de Jonathan Rhys Mayer, riche bourgeois s’adonnant à une sexualité homosexuelle dans sa chambre d’hôtel. Toutes s’entendent pour dire que Mazo De la Roche et sa cousine vivaient une sorte de « mariage à la bostonienne » : une union, platonique ou non, entre deux femmes ayant choisi de vivre ensemble sans devoir s’appuyer financièrement sur un homme. Mazo De la Roche transgenre ? Le docu-fiction de 50 minutes pousse toutefois le questionnement un peu plus loin. Entre l’autobiographie de Mazo de la Roche et l’analyse de son Romance lesbienne discordante © Melvin Ormond Hammond / Archives de l’Ontario Hormis cette prise de parole en faveur (notamment) de la communauté lesbienne, le film de Rodrigo Garcia est loin d’être une réussite. La réalisation manque cruellement de personnalité, tandis que le récit verse souvent dans le convenu et le prévisible. La faiblesse la plus flagrante vient du scénario, coécrit par John Banville et Glenn Close elle-même. Les dialogues malhabiles n’arrivent pas à éviter de patauger dans le pathétique. Au lieu d’intégrer la source de ce travestissement de manière naturelle dans les échanges, on a préféré faire place à des répliques superflues, introductions à des scènes larmoyantes qui peinent à toucher tellement on en perçoit les mécanismes. Ajoutons à cela les séquences de fantasme d’une vie meilleure d’Albert Nobbs qui frisent le ridicule. Bref, la construction du film est maladroite et le résultat final, sans être un désastre absolu, ennuie profondément. 31 Cinéma cinéma L’industrie du ruban rose Savoir à quel sein se vouer Shawn Thompson Depuis le 3 février, le documentaire choc sur l’étrange manège des campagnes nord-américaines contre le cancer du sein, L’industrie du ruban rose, est projeté dans les salles canadiennes. Léa Pool, déjà bien connue pour ses films de fiction - notamment des œuvres à caractère lesbien (Emporte-moi, Anne Trister et Rebelles), signe ici son premier documentaire. Le documentaire a été présenté en grande première nord-américaine au Toronto International Film Festival (TIFF) en septembre dernier où il a été acclamé par la critique et le public. Fouillant les dessous et les intrications des campagnes de financement pour la « cause » du cancer du sein, le documentaire dévoile et questionne les motifs des corporations qui semblent voir la maladie comme une mine d’or. Porté principalement par les propos de militantes, le film donne aussi la parole aux « gros joueurs » de l’industrie ainsi qu’à un groupe de femmes arrivées au stade IV de la maladie (le stade final). Les images saturées de rose et tirées des marches organisées pour la « cure » viennent compléter le contraste pour appeler les femmes à se poser la question : « Mais où va vraiment cet argent ? » Entre Elles s’est entretenu avec Samantha King, professeure agrégée de kinésiologie et d’études sur la santé à l’Université Queen’s. Elle est l’auteure du livre Pink Ribbons, Inc.: Breast Cancer and the Politics of Philanthropy, qui a inspiré le documentaire et a fourni la plupart des données présentées dans le film, parfois articulées par le Dr. King elle-même. Entre Elles. Le contenu du film secoue le statu quo et touche autant le pouvoir que les gens ordinaires qui s’impliquent de différentes façons 32 dans la lutte contre le cancer du sein. En prenant cela en compte, comment interprétez-vous la réception très positive du film ? Samantha King. Ça signifie que les gens sont prêts pour du changement. On voit à quel point nous sommes saturés avec la commercialisation du cancer du sein alors que ses résultats ne sont pas ceux escomptés; les taux d’incidence et de mortalité n’ont pas vraiment changé et nous n’avons pas de nouvelles façons de traiter la maladie. En fait, nous la traitons plus ou moins de la même manière qu’il y a 50 ans. Par conséquent, je pense que les gens voient les contradictions entre ce langage très optimiste utilisé pour commercialiser le cancer du sein, l’idée que nous nous faisons du progrès et la réalité qui montre que nous n’en faisons pas. Entre Elles. C’est ce que vous appelez « la tyrannie de la bonne humeur » ? S.K. (Rire) Oui, exactement et cette pression est le résultat d’une culture qui croît autour de la commercialisation du cancer du sein. Il faudrait soi-disant être positive et optimiste. Si vous n’adoptez pas cette approche de la maladie, il y a quelque chose qui cloche avec vous… Entre Elles. Vous croyez que c’est propre à la campagne autour du cancer du sein ? S.K. Disons qu’ils ont très bien réussi à montrer la maladie comme quelque ©Léa Pool chose de « sexy». Il serait difficile d’agir de la même manière avec un grave problème cardiaque ou un cancer du poumon. Ces maladies tuent beaucoup plus de gens, mais elles sont, à tort ou à raison, associées à de mauvaises habitudes de vie. Entre Elles. Cela me fait penser à un exemple plus récent, la campagne Movember pour le cancer de la prostate qui use d’une autre « image de marque ». Pour la bonne cause, on arbore des moustaches (au lieu des rubans) à la fois drôles, excentriques et à la mode… Cette tendance à tourner le politique en consumérisme, comme vous l’avez dit, ne semble donc pas disparaître.. S.K. Non. Vous soulevez un bon point. Quand j’ai commencé ma recherche, il y a plus d’une décennie, je croyais vraiment que c’était une mode passagère, mais ça continue de grandir et pas juste pour le cancer du sein, comme vous l’avez dit, mais pour ces autres maladies qui s’accrochent à la même idée. Ça me surprend beaucoup. Je pense que c’est un de nos plus grands défis: même si j’ai appris à travers le livre et le film que le public est vraiment prêt pour cette critique, il y a une dissonance entre ça et ce qui se passe avec ces campagnes. Entre Elles. C’est aussi ce que le film soulève : ces campagnes fonctionnent et tant que ce sera le cas, ils continueront à les faire. S.K. Exactement, oui. Entre Elles. Le film pourrait-il permettre à l’opinion publique d’avoir un regard plus critique ? S.K. Je l’espère ! L’équipe a fait un travail extraordinaire, mieux que ce que je n’aurais jamais pu imaginer. Il y a certainement plus de gens qui regardent des films qu’il y en a qui lisent des livres, alors cette occasion de rejoindre un plus grand public est très excitante pour moi en tant qu’auteure. Suite à sa projection au TIFF, plusieurs féministes et militantes très expérimentées sont venues à moi pour me dire que le film allait être le point de basculement, qu’il ferait une différence. J’espère qu’elles ont raison (rire). 33 Musique © Silences à gogo Trois filles à suivre en concert Tegan and Sara Get Along (Warner) Après avoir passé 13 ans à parfaire une signature musicale folk accrocheuse, les sœurs Quinn présentent un coffret CD/DVD live qui comprend deux documentaires, dont States, de Danny O’Malley, et India, un film plus court réalisé par une amie du groupe, en plus d’un DVD du spectacle de la tournée et une version audio de 15 pièces enregistrées en concert. Assez complet, Get Along pose un regard intime sur le duo canadien. Si quelques-unes de leurs meilleures chansons prennent une tournure encore plus folk qu’à l’habitude (Alligator, Sainthood), l’énergie des deux sœurs est, quant à elle, toujours aussi fougueuse et convaincante, malgré l’esthétique léchée qui prévaut. Un incontournable pour les adeptes de longue date qui souhaitent plonger un peu plus loin dans l’univers de Tegan & Sara. (J.G.) 34 Cœur de Pirate, Ariane Moffat et Marie-Pier Arthur Trois nouveaux albums et donc trois nouveaux concerts pour Cœur de Pirate, Ariane Moffat et Marie-Pier Arthur. Munie de son nouvel opus (Blonde), Cœur de Pirate sera de passage au Métropolis, à Montréal, le 24 février, dans le cadre du festival Montréal en lumière. Après Tous les sens en 2008, Ariane Moffatt est quant à elle sur le point de sortir son nouvel album (le quatrième). Le lancement, coup d’envoi d’une petite tournée de quatre dates, se fera au Théâtre Rialto à Montréal, le 29 février. Du côté de Marie-Pier Arthur, un deuxième disque intitulé Aux alentours est attendu le 7 février. Le lancement de son album est prévu la veille à La Tulipe (entrée gratuite). Cependant, la musicienne n’y offrira qu’une prestation de 30 minutes, voilà pourquoi il faut assister au concert intime qu’elle donnera à La Petite Église, à Saint-Eustache, le 16 mars. (Crédits photo : Silences à gogo). Théodore, Paul et Gabriel The Silent Veil (Belleville Music) Affichant une allure de dandys un peu bad boys, les trois jeunes Parisiennes qui forment depuis 2009 le groupe Théodore, Paul et Gabriel revendiquent fièrement leur androgynie dans leur apparence comme dans leur musique. Clémence Gabriel (chant, guitare), Pauline Thomson (guitare) et Théodora De Lilez (basse) proposent une version réinventée du folk rock des années 60 et 70, tout en y ajoutant une petite touche moderne de country pop. Les cinq pièces de Silent Veil, premier EP du groupe, sont simples et mélodiques, voire presque blues grâce à la voix légèrement rauque de Clémence Gabriel et aux solos de guitare. Le résultat est authentique, conjuguant finesse et intensité. Un mélange efficace qui laisse présager le meilleur pour l’album complet dont la sortie est prévue au printemps. (J.G.) 35 expo expo Michel Tremblay L’homme qui aimait les femmes Vanessa Girouard Présenté du 14 mars au 14 octobre 2012 au Musée de la civilisation à Québec, L’univers de Michel Tremblay rendra hommage à l’auteur montréalais. Connu pour son regard dénonciateur de la société québécoise du XXème siècle, Michel Tremblay a accordé aux femmes une place centrale dans son œuvre. Lori Saint-Martin, professeure d’études littéraires à l’UQAM, nous en dit plus sur la question. Entre Elles. On décrit parfois Michel Tremblay comme le défenseur des femmes. Considérezvous cette affirmation comme légitime ? Lori Saint-Martin. Michel Tremblay est un pionnier de la représentation des femmes au Québec, entre autres parce qu’il va les présenter, du moins dans la première moitié de son œuvre (1970-80), en dénonçant leurs conditions. L’auteur s’insurge contre la façon dont les femmes sont traitées, il dénonce l’ignorance dans laquelle elles sont tenues, le peu de possibilités sociales qu’elles ont, ou encore l’attitude cléricale envers le corps et la sexualité. Dès ses premiers ouvrages, la condition de la femme est pour lui une question centrale. C’est un défenseur et un ami de longue date des femmes. alors oui, complètement. Je dirais qu’il fait partie, certainement, de la littérature féministe au Québec. Entre Elles. On peut donc dire de lui que c’est un féministe ? L.S-M. Si le féminisme signifie dénoncer les injustices sociales, voir les femmes comme des êtres pleinement humains, les considérer comme des interlocutrices tout aussi valables que les hommes, tant dans la société que dans la famille, Dans les œuvres de cette époque, Michel Tremblay présente parfois les femmes comme des révoltées, mais souvent comme des victimes. Cependant, elles ne sont pas passives mais agissantes, à leur manière, bonne ou non. L’attitude de l’instance narrative est de dénoncer leur sort plutôt que de les y confiner. Il n’y a aucun fatalisme chez Tremblay. 36 Entre Elles. Michel Tremblay dit des femmes des Belles-Sœurs qu’elles ne sont pas des héroïnes. Est-ce quelque chose de général dans son œuvre ? L.S-M. En effet, les personnages de cette pièce sont des frustrées, méchantes entre elles et souvent jalouses d’un petit privilège que peut avoir l’une des autres. Elles sont prisonnières de leurs conditions, de leur classe sociale, de leur misère. Elles ne sont pas admirables. En même temps, elles sont présentées, je dirais, avec férocité, mais aussi avec une grande compassion. Entre Elles. Concernant les LGBT, Michel Tremblay a surtout parlé des gais, mais dans Le cœur découvert et Le cœur éclaté, les colocataires et meilleures amies de Jean-Marc, Jeanne et Mélène, sont lesbiennes. En quoi ces personnages viennent-ils enrichir l’œuvre ? L.S-M. Elles sont peu présentes dans ces romans puisque le moteur de l’intrigue se trouve ailleurs. Cependant, Jean-Marc dit très clairement que c’est son monde, sa communauté, son ancrage. Elles représentent des figures essentielles pour lui. Elles remplacent sa famille biologique. C’est une création merveilleuse où l’on va retrouver hommes et femmes à égalité, comme ami(e)s et non pas dans un rapport amoureux ou sexuel. C’est une amitié intense qu’il partage avec ces femmes-là. Il leur donne une importance centrale dans sa vie, mais aussi une pleine humanité. L’univers de Michel Tremblay Du 14 mars 2012 au 14 octobre 2012 Musé de la civilisation de Québec http://mcq.org © Tony Hauser © Documents remis 37 mode mode harricana La classe responsable Photos César Ochoa www.cesarochoa.com Roxanne Alam et Liana Carbone Assistante Bianca Lecompte Coordonnateur Jérimi Scott Maquillage Pelusa Glamour Coiffure Fanny Desbiens (salon Narcisse & Echo) Modèles Un concept brillant basé sur la réutilisation de la matière première. Un produit fini glamour à souhait ! Un nom : Harricana, pour ces dames qui repoussent les limites du possible, jusqu’à faire revivre le vieux manteau en vison de grand-maman. La marque recycle les fourrures pour offrir aux fashionistas de ce monde un look chic, glamour, mais toujours réfléchi. Jolies filles, fourrures et entrepôt de théâtre : bon spectacle mesdames ! Séance réalisée à l’Usine C (1345 avenue Lalonde). harricana.qc.ca 38 Sloan Perry Veston « Terra » 82$ Robe « Callas » 75$ Collier ocre: againstnudity.com Collier quartz, boucles d’oreilles et col de fourrure : stylist’s own againstnudity.com Maude Dumont Blouse « Jockey » 52$ Haut col en fourrure, norvégien, Juperenard « Vaudeville » 68$ 399 $ Kosak cuir noir, renard norvégien, 229 : stylist’s $ Bottillons et serre-tête own Robe bustier noireagainstnudity.com Marni, Valérie Dumaine, 189 $ 39 mode Veste en fourrure tricotée, vison brun, 749 $ Robe Covet CLBL, Covet, 140 $ Marbella, soie recyclé, 159 $ Jupe noire Marni, Valérie Dumaine, 145 $ 40 Iyukak trench, cuir noir et patte de renard noir, 990 $ Sac caribou à franges, vison noir, 579 $ 41 mode Isabelle Druelle Bijoux - Montréal Châle en fourrure, vison crème, 439.00 $ C O N TA C T Bijoux fabriqués à Montréal, à partir de perles de verre, bois, nacre, métal, laine, feutre, plumes, pièces ou bijoux recyclés... 42 [email protected] www.etsy.com/shop/IsabelleDruelle www.wix.com/idruelle/bijoux www.facebook/bijouxIsabelleDruelle 43 Voyages Nightlife Allemagne Allemagne et l’histoire des lesbiennes, des hôtels, des cafés et un hammam pour femmes seulement… La liste est longue. Néanmoins, il ne faudrait pas se leurrer : même à Berlin, il n’y a pas, à proprement parler, de quartier « lesbien », mais plutôt une concentration desdits établissements dans certaines zones, le principal étant probablement celui de Kreuzberg (voir page 46). Le Berlin lesbien © Shawn Thompson Shawn Thompson La capitale allemande n’a rien à envier à Montréal ou à San Francisco en termes de communauté LGBT prospère et bien dans sa peau. Néanmoins, le monde lesbien berlinois est moins connu que son pendant gai. Entre Elles s’est donc rendu directement sur place pour prendre le pouls de cette communauté fantôme. Berlin a une saveur bien particulière. Du fait d’un historique inégalé de nation belligérante qui a perpétré le génocide le plus marquant de l’Histoire moderne, la capitale n’était qu’un tas de cendres au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, avant de se faire trancher par le Rideau de fer abattu il y a moins de 25 ans. Si leur histoire s’avère donc tout sauf banal, les choix des Berlinois d’exhiber publiquement leur passé l’est tout autant. À chaque coin de rue, des vestiges ont été conservés ou des inscriptions érigées pour en témoigner : la ville porte ses souvenirs comme une plaie béante. Tout en faisant ce devoir de mémoire hors du commun, Berlin n’a pas oublié d’adopter des politiques progressistes (élisant notamment un maire gai, Klaus Wowereit) qui en font une ville de choix pour les populations en marge comme les artistes ou les homosexuels. Avec des loyers 44 peu chers, une scène culturelle et une vie nocturne qui ne finit jamais, Berlin a beaucoup à offrir à ses visiteurs. Un peu (plus) d’histoire C’est d’ailleurs dans la ville allemande qu’est né le tout premier organisme de défense des droits des homosexuels (femmes comprises) et des transsexuels de l’histoire, soit le Comité scientique humanitaire (Wissenschaftlich-Humanitäres Komitee). Fondé en 1897 par le physicien et sexologue juif, Magnus Hirschfeld, il a servi à faire campagne contre le paragraphe 175 du Code pénal qui criminalisait les rapports sexuels entre deux hommes (les femmes n’étaient pas concernées par l’article). La tradition d’ouverture en matière de diversité sexuelle de la ville remonte à cette période. Dans les années 20, sous la République de Weimar, Berlin était ni plus ni moins que la capitale homosexuelle. Une communauté lesbienne florissante a même commencé à s’organiser, à y administrer ses propres bars et à produire plusieurs journaux et magazines. C’était l’ère des cabarets et des parties à l’Eldorado, fameux pour les prestations des Marlène Dietrich et Claire Waldoff de ce monde. Beaucoup d’écrivaines, d’actrices et de chanteuses montraient ouvertement leurs préférences. En d’autres mots, c’était l’âge d’or du lesbianisme. Lorsque les nazis ont pris le pouvoir en 1933, ces femmes se sont effacées alors que les hommes gais étaient envoyés dans les camps de concentration… Dès lors, la visibilité homosexuelle appartenait au passé. Une gouine à Berlin Aujourd’hui, à nouveau, nul besoin de se cacher. Berlin compte des publications queer gratuites - dont une revue spécifiquement lesbienne (le L-Mag) - de nombreuses soirées régulières pour les filles, un festival de films lesbiens, des centres de ressources, des musées qui documentent l’héritage Ces dernières années, plusieurs bars par et pour lesbiennes ont même dû fermer leurs portes pour des raisons financières : le pub Dinelo qui existait depuis plus de 25 ans ou, plus vieux encore, le Pour Elle où, pour la petite histoire, on retrouvait beaucoup de femmes alcooliques – pas sorties du placard et demeuraient prises au piège d’un mariage malheureux. © Shawn Thompson Toujours ce « pourquoi ? » Les lesbiennes allemandes ont certes quelques figures publiques vers qui se tourner. Parmi elles, citons avant toutes les autres la jolie Anne Will, l’une des plus célèbres vedettes de la télévision allemande qui a sa propre émission. Pourtant, dans le quartier gai de Berlin (grosso modo, la rue Motzstrasse dans le quartier Schöneberg), la plupart des commerces – bars, restaurants, boutiques et clubs - sont destinés à la gent homosexuelle mâle. Un festival de rue y prend place chaque année et attire près de 400.000 personnes. Ces messieurs gais sont organisés, visibles et les rues sont propres… Il suffit de se promener un peu et de s’arrêter dans un des cafés joliment décorés pour se rendre compte de ce qu’est vraiment ce quartier : pas ou peu de femmes à l’horizon… C’est ici que l’histoire de Berlin rejoint celle de Montréal. Lorsqu’on cherche la communauté lesbienne, on découvre surtout l’écart de visibilité qui existe entre les deux mondes. Survient alors une question: pourquoi ? On a beau partir sur un autre continent découvrir une autre manière de vivre, avec une histoire unique, certains problèmes demeurent les mêmes. © Shawn Thompson 45 Voyages Berlin Une journée à Kreuzberg Shawn Thompson La rédaction d’Entre Elles vous invite à faire un tour dans le quartier LGBT de la capitale allemande. Une balade en quatre temps qui vous permettra de vous cultiver, de bien manger, de bien boire, de danser ou encore de… draguer. © emdot Kunstraum Bethanien Construit en 1847, le Bethanien, qui a été un hôpital tenu par des sœurs jusque dans les années 70, abrite désormais des studios d’artiste, ainsi qu’une galerie d’art contemporain où l’on déambule pour voir les expositions… gratuites. Dirigezvous ensuite au café-restaurant de l’endroit, le « 3 Schwestern » (les « 3 nonnes ») pour y déguster un Schnitzel (escalope viennoise) et une limonade autrichienne dans un décor d’ancienne chapelle avec un mobilier de style danois. Barbie Bar Donnez suite à votre magasinage dans les boutiques vintage des environs en prenant un pot (ou plusieurs) dans ce sympathique bar gai où l’on s’installe dans les fauteuils pour souffler et fumer un peu (l’interdiction de fumer dans les bars n’est pas encore passée à Berlin). Amusez-vous à compter es nombreuses poupées Barbie éparpillées et admirez les affiches de pin-up des années 50. On revient dans le coin quartier après la sortie en boîte puisqu’on retrouve sur le même coin de rue le Curry36 et le Mustapha, où l’on trouve respectivement le meilleur currywurst (saucisse au curry) et le meilleur döner (grillade) en ville. Mariannenplatz 2, Berlin – Kreuzberg Informations : www.kunstraumkreuzberg.de Mehringdamm 77, Berlin – Kreuzberg Dim-Jeu de 15h à minuit ; ven-sam de 17h à 3h. © fabonthemoon 46 © Roses Bar Roses Bar Ce petit bar kitsch aux murs capitonnés de peluche rose et décorés de fleurs en plastique ou encore de boules disco et vierges mariales amen ! - satisfera tous ceux qui veulent goûter au charme excentrique de Berlin. Arrivez à l’heure des résidents, soit vers 1h du matin, et poussez du coude pour vous tailler une place au bar et attendre patiemment votre tour afin de passer votre commande (les Allemands sont disciplinés). Les goûts, ça ne se discute pas, mais c’est à cette adresse que j’aurai vu les plus jolies lesbiennes de ma vie. Cependant, ne vous attardez pas trop, car le Roses est un endroit où l’on ne s’arrête que pour commencer ou terminer la soirée. Orianienstraße 187, Berlin – Kreuzberg Tous les jours de 22h à 5h. © prokura nep SO36 Le SO36 est situé littéralement à la porte à côté du Roses. L’endroit désormais mythique, avec son nom qui reprend l’ancien code postal du quartier (Sudöst 36), sans être nécessairement une boîte gaie, est une véritable institution locale qui témoigne de l’historique punk, artistique et multiculturel de Kreuzberg. Le SO36 offre une programmation allant des partys lesbiens aux spectacles de musique, en passant par les événements technos. Orianienstraße 190,Berlin – Kreuzberg. Le coût d’entrée et les heures varient selon l’événement programmé. 47 sorties Laura Boo Laura Boo façon, j’ai dû aller à l’autre bout du pays et revenir pour finalement être acceptée dans la communauté montréalaise. La révolution est sur la piste de danse Shawn Thompson Dans les coulisses de la scène queer montréalaise s’active Laura Boo, 31 ans. Du haut de ses 5 pieds 1 pouce, la jeune femme d’origine lavalloise compte à son actif la mise en œuvre d’une tonne de projets – à commencer par les soirées POMPe qui ont fêté leur premier anniversaire en janvier. Armée seulement de sa philosophie punk rock du Do-It-Youself (Fais-le toi-même), Laura Boo est de celles qui s’oublient dans leur dévouement pour l’édification d’une communauté queer la plus saine possible. On l’a notamment vu nous divertir sous le nom de Douche La Douche, on l’a entendue lorsqu’elle s’est fait appeler DJ Like The Wolf et on l’a remerciée d’avoir organisé la soirée mensuelle POMPe. Entre Elles. As-tu déjà organisé des événements spécifiquement pour les lesbiennes ? L.B. Non. Dans ma vie politique, j’ai mis en place des groupes de discussion qui étaient axés sur des perspectives féministes, mais ce n’était pas seulement pour les femmes ni pour les lesbiennes. Je n’ai jamais organisé de soirées pour gais non plus. Ce sont toujours des parties queers. Celle qui détient une maîtrise en histoire de l’art planche actuellement sur l’organisation de l’encan ARTSIDA, événement de l’organisme SIDA Bénévoles Montréal (ACCM). Entre Elles s’est entretenue avec la commissaire de l’exposition qui prendra place au Musée d’art contemporain de Montréal, en avril. Entre Elles. Pourquoi avoir fait ce choix ? L.B. Il y a encore une dizaine d’années, je ne me sentais pas la bienvenue dans la communauté lesbienne. Il y régnait alors un esprit du genre « lesbienne séparatiste » et c’était mal vu de sortir avec des hommes - chose que je faisais. Je devais aussi faire avec l’aliénation du milieu où j’ai grandi - j’ai reçu une éducation très catholique. J’ai donc décidé de partir à Vancouver où je suis restée cinq ans. J’y ai fait ma maîtrise et j’ai commencé à y construire une communauté queer. Ça a été une expérience phénoménale. J’ai organisé des fêtes et je me suis politisée. Entre Elles. Comment en es-tu arrivée à t’impliquer autant dans la communauté queer ? Laura Boo. C’est le résultat d’être travailleuse autonome et sévèrement sous-employée. L’an passé, j’ai vécu avec un revenu sous la barre des 10.000$. Je ne gagne pas beaucoup d’argent, mais je fais les choses qui me rendent heureuse en m’engageant activement pour ma communauté. Bref, je n’organise pas des fêtes pour engranger des dollars, mais parce qu’il n’y avait pas de soirée pour moi. Je me sentais exclue partout où j’allais, à cause de mon apparence ou de mon portefeuille. 48 Entre Elles. Pourquoi es-tu revenue à Montréal si tu avais créé là-bas ce qui t’avait manqué ici ? L.B. Mon père est tombé malade, alors je devais revenir. Mais très vite, je me suis impliquée dans la Radical Queer Semaine et Pervers/Cité, qui étaient au plus près de ce que je faisais à l’Ouest. C’est drôle parce que d’une certaine Entre Elles. Qu’est-ce que la communauté queer pour toi ? Aujourd’hui, on entend ce terme utilisé un peu à toutes les sauces… L.B. Oui… Pour moi, c’est politique. Ça ne concerne pas seulement les personnes avec qui j’ai des rapports sexuels ou même mon identité sexuelle. C’est aussi le fait d’être inclusif, tout en tâchant de se montrer le moins oppressant possible et de lutter contre toutes les choses qui font que les gens ne se sentent pas bien dans leur peau. Emma Goldman [figure anarchiste majeure] a dit « Si je ne peux pas danser, ce n’est pas ma révolution ». Eh bien, pour moi ma révolution queer n’existe pas tant que je ne verrai pas une diversité de tailles, de cultures, etc. Il m’est pénible de voir le mot queer coopté comme la dernière chose à la mode. Entre Elles. Parle-nous de ton projet Equeerie. Tu recueilles des fonds pour qu’un jour il y ait un espace entièrement administré par et pour la communauté, une sorte de maison où toutes sortes d’activités pourraient prendre place… L.B. Ah, une autre de mes grandes idées (rire) ! C’est important de sentir que tu appartiens à un milieu où tu te sens bien, en sécurité. Dans un tel environnement, tu peux réaliser de meilleures et plus grandes choses. C’est comme aller dans un bar où tu n’aimes pas la musique, où tu ne vois personne qui te ressemble. Tu te sens mal à l’aise, même chose quand tu essayes de danser. Pense ensuite à un soir où tu vas à une fête avec tes meilleurs amis et que le DJ passe tes chansons : tu te sens bien et tu pourrais presque danser les yeux fermés. Le premier scénario ressemble un peu à la manière dont je me sens, tous les jours, dans la société, en ayant des gens qui me regardent, en étant dans le corps que j’ai. C’est difficile parce que ce n’est pas un monde qui est accueillant avec celles et ceux qui ont une taille forte. Je ne suis pas considérée comme une personne séduisante par la plupart des gens et c’est la réalité, mais j’ai trouvé un joli petit monde où je suis très bien et très appréciée, le second ! (rires) Entre Elles. C’est ce monde que tu as contribué à bâtir, celui des queers radicaux ? L.B. Oui, même si je me fais beaucoup taquiner par mes amis qui sont des militants plus sérieux. Je suis essentiellement une planificatrice de partys, tout mon militantisme y est lié. Je suis celle qui dit dans les réunions : «Ah, mais moi je peux organiser le party pour la levée de fonds !» Pour des événements comme la Radical Queer Semaine - qui ne veulent pas d’argent des gouvernements – ces fonds proviennent de la piste de danse. Voilà donc ce qu’il faut faire : continuer à danser. C’est le secret le mieux gardé des gens heureux ! (rires) Plus d’informations : equeerie.com 49 © photo_Guillaume_Bell 49 sorties Nouveau-Brunswick Evie, Stella et Moncton: un triangle(S) qui dure Shawn Thompson Depuis plus de 15 ans, Evie Lane et sa compagne, Stella Fougere, tiennent l’unique bar gai de la ville de Moncton. Le Triangles, qui faisait jadis office de restaurant-bar, a notamment été le décor du coup de foudre des deux femmes en 1980. Elles ont repris l’entreprise, en 1995, pour en faire le tout premier bar ouvertement LGBT de la ville. Entre Elles. Est-il aisé d’être ouvertement lesbienne à Moncton ? Evie Lane. C’est assez facile. Il y a toujours une certaine dose de préjugés et de paranoïa - comme dans n’importe quelle ville - mais la plupart du temps, étonamment, nos clients et le bar n’ont pas de problèmes de ce genre. Entre Elles. Quel portrait feriez-vous de la communauté LGBT locale ? E.L. Elle est importante à Moncton, assez énorme en fait. Cependant, même si Stella et moi connaissions beaucoup de gens de la ville et des environs, une grande partie d’entre eux ne vient jamais au bar plus d’une fois par an. C’est dû à leur âge, à leurs intérêts ou peut-être à la musique. Les bars où l’on danse ne sont pas faits pour tout le monde. On peut donc dire que la communauté est très diversifiée ici. salaires sont plus élevés, le coût de l’alcool est devenu exorbitant et les lois, bien qu’elles aillent dans le bon sens pour tout ce qui concerne la cigarette, la boisson et la conduite d’un véhicule, ont eu tout de même un effet profond sur la rentabilité des bars. La scène nocturne de Moncton n’est plus ce qu’elle était. Ces dernières années, on a constaté de nombreuses fermetures de bars. Entre Elles. Mais le Triangles perdure. Vous avez donc trouvé la recette magique ? E.L. Je pense personnellement que les gens vont juste aller là où ils sont bien traités et où ils peuvent s’amuser. Voilà pourquoi ça marche toujours bien pour nous. Un salon accueillant Des professionnels d’expérience Un look rafraîchissant Entre Elles. Pour ceux qui ne le connaissent pas, pouvez-vous nous décrire le Triangles ? E.L. Notre établissement est très spacieux. Il y a une salle de billard, un grand bar ovale et un côté surélevé plus lounge, attenant à la piste de danse - qui est l’une des plus grande à Moncton. Puisque nous sommes le seul bar LGBT de la ville, nous recevons une clientèle très mélangée : de tous les âges et de toutes les orientations, y compris beaucoup de jeunes homosympas. Nous essayons de faire en sorte que tout le monde se sente le bienvenu. Nous sommes maintenant ouvert uniquement du jeudi au samedi et nous avons une clientèle qui se présente assez tard. La soirée karaoké du jeudi est encore très populaire et on vient au Triangles pour danser le reste de la fin semaine. Entre Elles. Qu’est-ce qui a changé pour vous qui tenez le bar depuis 17 ans ? E.L. Les choses ont beaucoup évolué au cours des 20 dernières années : les 50 COUPE | COLORATION | MAQUILLAGE Sur mesure et à votre image avec l’équipe d’Alvaro Coiffure ! © Document remis 125, Avenue Laurier Ouest, Montréal · AlvaroCoiffure.com 514 274-3304 51 sorties Tracy Young Passionnément féroce Marie-Pier Perron La DJ et productrice Tracy Young a connu une année 2011 très chargée. En plus de mixer une excellente musique dans les plus gros partys partout sur la planète, elle vient tout juste de lancer, à 41 ans, sa première collection de vêtements Ferosh Wear. Entre Elles l’a interceptée entre deux événements pour lui poser quelques questions sur sa carrière et sa vie. Entre Elles. Tu mixes depuis déjà un bon moment, comment as-tu commencé ta carrière ? T.Y. C’était il y a environ 20 ans. J’ai débuté à la radio dans ma ville natale, Washington DC. Mon amour pour le hip-hop et le R&B m’a amenée de la piste de danse aux platines. Ma musique a un peu changé avec les années, mais mon énergie et mon envie de faire danser les gens restent les mêmes et me poussent à créer des remix. Entre Elles. Comment décrirais-tu ta musique ? T.Y. Il s’agit d’une musique feel good pour toutes et tous. Je fais jouer ce que j’aime, de la house au hip-hop en passant par ce que l’on entend à la radio. Le point central reste qu’elle fait danser les gens et leur permet de profiter de leur soirée au maximum. Entre Elles. Préfères-tu créer tes propres compositions musicales ou bien remixer celles des autres ? T.Y. Honnêtement, j’adore les deux ! Lorsque je compose, je ressens une liberté qui me permet d’explorer toutes les orientations possibles. J’exprime la manière dont je me sens et j’essaie d’envisager ce qui va plaire aux gens. Travailler sur des remix est tout aussi génial, car ça veut dire qu’un artiste ou un autre DJ me fait assez confiance pour que je retouche son œuvre. Entre Elles. Tu es l’une des plus célèbres DJs lesbiennes au monde. Comment as-tu fait pour arriver au sommet ? 52 T.Y. Je fais ce que j’aime. Je me sens bien en faisant de la musique et puisque les gens l’apprécient, je continue. Je suis obsédée par la musique. Je passe mon temps à chercher de nouveaux sons pour rester à la mode, tout en gardant en tête mes racines artistiques. Au-delà de tout ça, je me concentre surtout sur ce qui va bien. Ça semble avoir fonctionné pour moi durant toutes ces années, donc je vais continuer sur cette voie à l’avenir. Entre Elles. Tu as joué lors de plusieurs fêtes de célébrités: Lenny Kravitz, The Smashing Pumpkins, Ricky Martin et même au mariage de Madonna. Après toutes ces occasions en or, quel serait l’événement dont tu rêves ? T.Y. Je suis chanceuse d’avoir travaillé avec autant de grandes vedettes et il y en a plusieurs autres avec lesquelles j’aimerais collaborer dans le futur. Dernièrement, j’étais surtout concentrée sur Genesis, un événement que j’ai créé. Depuis neuf ans, je fais ce gros party du Jour de l’an à Miami et cette année j’ai voulu créer un événement dont tout le monde se souviendrait. Entre Elles. Tu as eu une relation avec Kim Zolziak, de l’émission The Real Housewives, durant quelques mois. Quel type d’influence a-t-elle eue sur ta vie publique ? T.Y. Ma relation avec Kim a certainement augmenté l’attention autour de nous deux. C’était une relation privée qui a beaucoup été médiatisée, ce qui était nouveau pour toutes les deux. Aujourd’hui, nous sommes passées à autre chose sur les plans personnel et professionnel et nous accomplissons de belles choses chacune de notre côté. Entre Elles. Après avoir créé Ferosh Records, comment en es-tu venue à créer Ferosh Wear, ta ligne de vêtements ? T.Y. J’ai toujours aimé la mode. Ferosh Wear est une autre façon pour moi de m’exprimer. Pour l’instant, nous avons surtout des chandails à manches courtes et des sacs. J’ai toujours aimé ce qui était beau et décontracté. Il y a plusieurs autres articles auxquels je pense m’attaquer. Entre Elles. En tant que lesbienne vivant à New York, comment as-tu réagi quand tu as appris que le mariage gai était finalement légal dans l’ensemble de l’État ? T.Y. J’ai ressenti de la joie et une grande fierté d’avoir été là lorsque ça s’est produit. C’est un moment historique et je suis heureuse d’en avoir été témoin. Nous méritons toutes et tous d’avoir les mêmes droits. Il était temps que New York le reconnaisse ! Entre Elles. Que penses-tu de la vie nocturne lesbienne sur le plan international ? Quels sont les meilleurs endroits pour faire la fête ? T.Y. La vie nocturne lesbienne est très différente dans chacune des villes. À New York, je dirais d’abord que nous avons beaucoup de choix : toutes les lesbiennes y trouvent leur compte ! J’adore aussi Montréal, car vous savez vraiment faire la fête ! C’est une très belle ville avec une énergie hors du commun. J’aimerais bien y retourner bientôt. © Document remis 53 Sorties Aqua Girl 5000 lesbiennes sous le soleil de Miami Shawn Thompson Peu nombreux sont les festivals spécifiquement pour femmes LBT – il n’y en a, précisons-le, aucun à Montréal. Si l’on veut faire la fête entourée de milliers de lesbiennes, c’est au sud de la frontière qu’il faut aller: soit en Californie avec le fameux Dinah Shore ou encore sur les plages de Miami pour Aqua Girl, début mai. Parmi ses particularités, notons qu’Aqua Girl est le seul rassemblement lesbien entièrement à but non lucratif. Entre Elles a rejoint au bout du fil, Robin Schwartz, la directrice générale de la Fondation Aqua pour Femmes à Miami, l’organisme derrière l’événement. Entre Elles. Aqua Girl en est déjà à sa treizième édition. Comment l’événement a-t-il vu le jour ? Robin Schwartz. Tout a commencé en 1999, avec l’organisation d’un événement d’un soir, Sweet Charity, au profit du cancer du sein. La soirée a attiré plus de 800 femmes et c’est dès l’année suivante que celle-ci a prise le nom d’Aqua Girl. Depuis, l’événement prend de l’ampleur tout en gardant sa vocation. C’est unique, nous sommes les seules dans tout l’Amérique qui donne 100 % de ses profits à une œuvre caritative. Entre Elles. Où va cet argent ? R.S. Aqua Girl est en fait notre plus grande levée de fonds à la Fondation Aqua pour femmes. Nous avons différents programmes de mentorats, bourses et subventions qui viennent en aide aux femmes lesbiennes et trans pour aller à l’école, par exemple, ou encore pour contrer les inégalités. C’est également un moyen de contribuer au bien-être de la communauté en offrant des outils et du financement pour assurer une relève qui s’engagera en retour auprès des femmes LBT. Aqua Girl, c’est donc des bonnes filles qui ont du plaisir ! (rires) Entre Elles. Alors à quoi ressemble Aqua Girl aujourd’hui ? R.S. C’est être entourée pendant cinq jours durant d’environ 5.000 femmes – dont beaucoup de très jolies – âgées de 20 à 40 ans, avec, selon moi, le plus beau décor du monde : les plages de Miami. Il y a très peu d’opportunités de socialiser pour les femmes qui s’identifient comme lesbiennes, bisexuelles ou 54 transsexuelles. Même dans une ville progressiste comme Montréal, il n’y a rien de cette ampleur, je pense. © Documents remis Entre Elles. Quelle sorte d’événements retrouve-t-on pendant les cinq jours ? R.S. On tente d’avoir quelque chose pour tout le monde. Nous avons deux parties de piscine - dont l’édition du samedi où 3.000 femmes se présentent – et toutes sortes de divertissements comme des happy hours, un spectacle d’humour, un vins et fromages, un brunch jazz, une projection de film, des exercices et le Tea Dance du dimanche qui prend place sur la plage et où les hommes sont en fait majoritaires. Entre Elles. Il y a donc une place pour les hommes à Aqua Girl ? R.S. La danse du dimanche après-midi est le seul événement dans toute notre programmation qui les cible. Nous avons une politique inclusive : quiconque se soucie de nous et de notre cause, qui désire le montrer est le bienvenu, mais seulement sous ces conditions. Entre Elles. Nous aimons à dire que nous avons beaucoup de festivals pour les LGBT, mais il n’y en a aucun spécifiquement pour femmes... R.S. Oui, imaginez-vous donc à quel point cela peut-être libérateur de venir à un événement comme celui-ci et de pouvoir être soi-même à chaque instant ? Le commentaire que je reçois le plus souvent est qu’à Aqua Girl, on se sent libre et en sécurité. J’espère que ça inspirera beaucoup de Canadiennes à venir faire un tour ! Aqua Girl a lieu du 2 au 6 mai 2012 à South Beach, Miami. Pour plus d’informations, visitez aquagirl.org 55 Sorties Calendrier Marie-Pier Perron Mews @ Royal Phoenix Bar Laura Cahen Grenadine Sarah Toussaint-Léveillé @ Le Cercle Consulter le Facebook de D.Y.D.H. Productions pour connaître les dates Lundi 13 février, Portes 19h / Présentation artistique portes 19h / spectacle 20h 20h15 / Défilé 20h45 Mesdames, une nouvelle soirée mensuelle faisant la promotion de la mode, de l’art et du design a été lancée ! Le Royal Phoenix sera l’hôte de la soirée Mews. Dina Habib (Pink28, Tease) et Danik Yopp (Montreal Street Fashion) sont de retour avec cette initiative (sous le nom de Die Young Die Happy Productions). Mews sera une plateforme pour les jeunes créatrices montréalaises qui n’ont pas toujours les moyens d’exposer leurs oeuvres. Des bijoux, de l’art visuel, des vêtements, du web, de la vidéo ou de la photo : il y en aura pour tous les gouts. Si vous vous sentez en forme pour continuer de fêter, D.Y.D.H. vous invite à l’après-party qui se déroule dans un loft. Royal Phoenix Bar 5788 boul. St-Laurent Entrée gratuite 56 Montréal a le droit de jalouser la ville de Québec pour cette soirée réunissant trois jolies dames aux voix délicieuses. Laura Cahen, originaire de Nancy, en France, viendra bercer Le Cercle de sa musique folk intimiste qui ressemble parfois à Keren Ann et à Emily Loizeau. Une voix douce comme du miel. Grenadine, qui a fait beaucoup parler d’elle avec son EP gratuit en 2011, vous fera danser sur une pop sucrée qui rappelle les vieilles chansons françaises. La jeune Sarah Toussaint-Léveillé, participante au Coup de cœur francophone 2010, ouvrira le bal de cette soirée avec ses compositions en français et en anglais. On la compare souvent à Cœur de pirate, mais elle se démarque par ses textes empreints d’une pureté qui fait du bien. Le Cercle 228 Saint-Joseph Est (Québec) Entrée : 7$ à la porte Soirées multipes @ Slack’s restaurant & bar Consulter leur page Facebook pour connaître les événements Le Slack’s, c’est tout d’abord un bon restaurant aux prix abordables avec beaucoup de plats végétaliens. C’est aussi une salle de spectacle. Il y a plusieurs soirées hebdomadaires notamment les mardis Piano Bar et les mercredis Wild Card. Tous les dimanches, le Slack’s reçoit un groupe de musiciens. The Cliks, The Joys, Hunter Valentine et Melissa Ferrick sont déjà montés sur les planches de leur scène. Finalement, le Slack’s c’est une discothèque avec les DJs les plus sexys de Toronto. Les vendredis, on passe les morceaux les plus populaires, le tout précédé de groupes interprétants des reprises de chansons. Les samedis sont sensuels avec le martini à 5$ avant 23h. Si vous avez envie de danser, restez pour Mixology, mélange de musique house, hip hop et old school. Slack’s Restaurant & Bar 562 rue Church (Toronto) 19 ans et + 57 Sorties Yogajam Montréal @ Stéréo Nightclub Tous les mercredis, portes 18h / cours 18h30 POMPe @ Coop Katacombes Tous les troisièmes jeudis du mois, dès 22h Mesdames, un buffet de musique électronique vous attend dès 22 h ! Le POMPe vous accueille aux Katacombes, où un super système de son fera vibrer vos tympans. Au menu, un mélange de musique électronique, indie, punk, pop, new wave et disco. Il y en aura pour tous les goûts. Les Katacombes vous offre toujours des consommations à prix très abordable, alors ne cassez pas votre petit cochon ! POMPe sait comment bien marier musique et performances. À chaque édition, les organisateurs dénichent les meilleurs numéros pour vous divertir et les meilleurs DJs pour vous faire danser. Un rendez-vous à ne pas manquer! Coop Katacombes 1635 boul. St-Laurent Entrée : 5 $ 58 Line Trépanier, instructrice de yoga, a lancé un projet très intéressant lors des dernières festivités de la Fierté gaie de Montréal. En effet, elle proposait à la clientèle LGBT un grand rassemblement à la Place Émilie-Gamelin, pour une méga séance de yoga en plein air. L’événement fut un réel succès et sera de retour l’an prochain. Entre temps, POPgayoga et le Stéréo Nightclub vous proposent le Yogajam tous les mercredis. Mesdames, si vous avez votre détente à cœur, voici une activité qui pourrait vous enchanter. Vous pouvez y aller en seule ou en couple, car le but reste de rencontrer d’autres amatrices de yoga. Du temps sera d’ailleurs alloué aux participantes pour échanger avec d’autres yoginis à la fin de la soirée. Au menu : 90 minutes de yoga, lumières et DJ, une vraie expérience multi sensorielle. Bref, beaucoup plus qu’un simple cours de yoga. N’oubliez pas d’apporter votre tapis de yoga. Namasté ! Stéréo Nightclub 858 rue Ste-Catherine Est Entrée : 15 $ en prévente / 20 $ à la porte* Des passes mensuelles seront également en vente. *Places limitées, il est préférable d’acheter vos billets à l’avance au : yogajammtl.com GIBIERS DE SAISONS POISSONS FRAIS FOIE GRAS Single and the city @ Royal Phoenix Tous les mercredis, dès 17h Vous êtes célibataire et avez envie de rencontrer de nouveaux visages ? Vous êtes trop gênée pour approcher des femmes que vous ne connaissez pas ? Vous êtes la parfaite candidate pour les mercredis Single and the city, la première soirée pour les célibataires au Royal Phoenix, organisée par Asilex Rodriguez. Vous êtes invitées à vous présenter seules, car ce sera l’équipe d’hôtesses qui vous assignera une place. Chaque mercredi, l’équipe de Single and the city vous fera prendre part à des jeux pour trouver votre partenaire idéale. Spéciaux sur l’alcool entre 17h et 20h, en plus de la Pabst Blue Ribbon à 4$ toute la soirée ! Royal Phoenix Bar 5788 boul. St-Laurent Entrée gratuite AU CŒUR DU VIEUX-QUÉBEC, À QUELQUES PAS DE LA PORTE SAINT-JEAN 17, RUE SAINT-STANISLAS, QUÉBEC (QUÉBEC) G1R 4G7 418 692-5488 | LEPATRIARCHE.COM 59 sorties royal phoenix Edson Emilio Photography A.K.A. El Negro 60 61 sorties POMpe © Guillaume_Bell © Guillaume_Bell Le sexe est un déLice qu’on ne peut oubLier. -romance 723, AVE. MONT-ROYAL E. MONTRÉAL (QUÉBEC) 514 522-6969 (Métro Mont-Royal) © Daniel payette 62 © Guillaume_Bell 1821, RUE STE-CATHERINE O. MONTRÉAL (QUÉBEC) 514 876-3656 (Métro Guy-Concordia) 14, RUE DU PONT VIAU LAVAL (QUÉBEC) 450 669-6169 (Métro Cartier) Achats en ligne : www.boutiqueromance.ca 63 Détente Unwind Massage / Bandana Sharma La détente à l’hawaïenne Vanessa Girouard Le massage lomi-lomi, connu également sous le nom de « massage hawaïen », ça vous dit quelque chose ? C’est ce que nous sommes allées expérimenter chez Bandana Sharma, massothérapeute au Unwind Massage, situé chez Skins, la clinique du corps. Bandana Sharma a reçu sa formation à Hawaï, d’où elle est originaire, avant de s’installer dans la métropole québécoise. « Depuis cinq ans, je vis à Montréal. J’ai commencé en studio privé, chez moi, puis dans quelques salons spa. Je voulais travailler avec une approche individualisée, mélangeant plusieurs techniques, ce que je peux faire au Unwind Massage », dit-elle, tout sourire. Le lomi-lomi ne se veut pas qu’un simple massage. Il découle d’une philosophie hawaïenne ancienne appelée Huna. Celle-ci stipule que l’âme, le cœur et le corps sont interconnectés, une union qui se manifeste par un courant d’énergie. « Je tente de cerner les tensions et les blocages, résultat de l’interruption de la circulation du courant d’énergie, à l’aide de la technique lomi-lomi, mais aussi grâce à mon intuition », explique Bandana Sharma. mais momentanée et toujours accompagnée d’une volupté sensorielle et spirituelle. On vous le recommande ! Unwind Massage - Bandana Sharma Massage pour femmes seulement 70 $/h ou 90 $/1 h 30 (85 $/h, pour massage aux pierres chaudes) Boutique Skins 4182, rue Saint-Denis, Montréal unwindmontreal.com Détente, écoute et précision L’entretien débute avec quelques questions d’ordre général. Bandana Sharma est très à l’écoute et sensible au non verbal : « Mon but est de travailler avec les femmes pour qu’elles prennent conscience de leur corps, de l’origine de leurs tensions et de leurs blocages ». L’ambiance est à la détente dans la pièce d’un blanc immaculé. Une bougie éclaire timidement la table de massage, sur laquelle est déposé un matelas chauffant dissimulé sous une confortable couette. Une fois la cliente installée, Bandana lui explique comment pratiquer une technique de respiration qui sera utilisée tout au long de la séance. Bandana Sharma a les mains d’une chaleur saharienne. Il suffit qu’elle fasse uUne simple pression sur le pied suffit pour provoquer un afflux ascendant dans la jambe. On est étonnées par la précision des gestes qu’elle effectue avec ses avant-bras et ses mains, ce qui provoque parfois une douleur exquise, 64 © Document remis 65 Détente La Fiat 500 Une citadine stylisée Vanessa Girouard Offerte dans une multitude de couleurs, la Fiat 500 a débarqué sur le marché nord-américain à la fin de l’année 2011. En vente chez le concessionnaire Rive-Sud Chrysler, cette Italienne, économique et esthétique, est spécialement conçue pour évoluer dans la ville. © Pierre Druelle Après plus de 50 ans d’existence, la Fiat 500 renaît le 4 juillet 2007 devant une foule de 250.000 personnes en Italie. L’année suivante, le modèle est nommé « voiture de l’année » en Europe. Il aura fallu attendre 2011 avant que la petite merveille ne soit commercialisée en Amérique du Nord. Fasciné par la belle Italienne, Pierre Dufort, directeur des ventes de Rive-Sud Chrysler, voulait obtenir la bannière Fiat. Il a fallu le prouver : « On a dû prouver l’engagement du concessionnaire à construire une salle de montre dédiée à Fiat, avant de pouvoir l’avoir », dit-il. Les rénovations et l’agrandissement devraient débuter au printemps prochain et n’entraveront pas la fonctionnalité du commerce. Elles représentent un investissement de 1.5 million de dollars. Les jeunes et les femmes l’aiment Avec un moteur de quatre cylindres (1,4l), la Fiat 500 ne consomme que 6,7l/100km en ville. Trois modèles sont offerts avec une transmission manuelle ou automatique ; la Pop, la Sport et la Lounge. À partir de 13.995 $ (plus les taxes), cette citadine a une direction vive et encaisse modérément les chocs. 66 Quatre personnes peuvent être reçues dans l’habitacle. Celui-ci est stylisé et relativement spacieux, tout en étant confortable, bien que les sièges soient plutôt droits. La Fiat 500 possède un bon équipement de série. Le toit ouvrant à commande électrique, les sièges chauffants ainsi que plusieurs autres options sont également disponibles. « Jusqu’à maintenant, ce sont notamment les jeunes entre 25-35 ans, les baby-boomeurs et les femmes qui manifestent un intérêt pour cette auto, affirme Jean-Philippe Ducharme, conseiller aux ventes. C’est une petite voiture économique avec un look qui se démarque. Il y a beaucoup de flexibilité et de disponibilité quant aux couleurs. Vous pouvez littéralement choisir l’apparence de votre voiture ». Tentées, mesdames ? Rive-Sud Chrysler Dodge Jeep 9400, boul. Taschereau, Brossard (Québec) (1. 888) 364. 2496 www.rivesudchrysler.com 67 Menus Plaisirs Le Bouddha d’Cuisine © Pierre Druelle Petit coin vert Vanessa Girouard Le Bouddha d’Cuisine, situé dans le tunnel liant le centre Eaton à la place Ville-Marie, saura attirer vos papilles. Offrant une cuisine végétalienne, biologique et crudivore, la chef Sylvie Boulianne vous concocte des plats inspirés par la cuisine fusion et californienne. Voilà un peu plus de six mois que Sylvie Boulianne et Laurence Tardi, propriétaires du Bouddha d’Cuisine, ont installé leur cuisine dans le centre-ville. Elles recherchaient davantage de visibilité. « Nous étions situées au marché 440, dit la chef. J’avais une belle réserve. J’étais rarement en pénurie de stock. Mais non avions besoin d’un meilleur achalandage. » Le « nouveau » petit restaurant a des allures de comptoir-lunch. Il n’offre que quelques tables. Avec sa cuisine ouverte, la convivialité et l’humanité sont au rendez-vous. Pour les curieuses, la configuration du restaurant permet de poser toutes les questions qui passent par la tête, les propriétaires promettant d’y répondre autant que possible. 68 Bien manger même pressée Ici, on fait la promotion du « végétalisme pour des raisons philosophiques, environnementales et pour l’hygiène de vie, indique Sylvie Boulianne. On pense à tous ces êtres humains souffrant de famine et du manque d’eau, notamment en raison de l’élevage de bétails». Le duo mise surtout sur les soupes, le gaspacho, les salades, l’alimentation vivante (pizza, quiches, lasagnes), un bar à jus et des desserts. Les plats santé doivent « être aussi bons que ce qui s’offre dans le non-végétalien », explique Sylvie Boulianne. Autre impératif pour le Bouddha d’Cuisine : satisfaire les pressés. « Il faut que ça soit prêt, que les clients puissent prendre leur commande puis retourner au bureau », dit ainsi Laurence Tardi. Ouvert du lundi au vendredi entre 9h et 17h, ce petit restaurant vaut le détour. « On est le seul végétalien, le seul bio et le seul cru dans le coin », rappelle Sylvie Boulianne, avant d’ajouter qu’« il faut que les prix soient compétitifs par rapport aux autres restaurateurs des environs. De plus, nous offrons du bio dans des plats biodégradables ». Le Bouddha d’Cuisine Cuisine végétalienne biologique 1253, McGill College 514.419.1808 Du lundi au vendredi (9h à 17h) Entre 10$ et 25$ par personne lebouddhadecuisine.com 69 Recette Gâteau Nirvana © Pierre Druelle Mousse de tofu au chocolat sur croûte de noix d’acajou, avec amandes pralinées à l’érable Par Sylvie Boulianne et Laurence Tardi Croûte de noix d’acajou 1/3 tasse noix d’acajou non-salée 3 cas sucanat 3 cas d’huile de canola ½ cat de vanille 1 tasse de farine tout usage ou pâtisserie 1/8 cat de sel Au robot, concasser les noix grossièrement. Dans un bol, mettre tous les ingrédients. Mélanger à la main. Huiler un moule à charnière de 8 pouces. Verser le mélange dans le fond du moule. Presser pour égaliser. Mettre au four 20 minutes à 350 degrés F. Mousse de tofu au chocolat 2 tasses de chocolat (454 grammes) 2 boîtes de Mori-Nu extra-ferme ½ tasse de sucanat 70 1 cat de vanille 1/8 sel de mer Au bain-marie, faire fondre le chocolat. Au robot, mélanger le tofu, le sucanat, la vanille et le sel. Ajouter le chocolat fondu. Mélanger jusqu’à l’obtention d’une pâte lisse. Mettre la pâte dans le moule. Égaliser la pâte. Amandes pralinées à l’érable : sirop en sucre. Après un maximum de deux minutes de pralinage, retirer les amandes à la cuillère par petites portions et les déposer sur le gâteau démoulé, afin de marquer les portions du gâteau. Le Bouddha d’cuisine 1253 avenue McGill College 514.419.1808 lebouddhadecuisine.com Événements privés Hauts de gamme sur mesure Resto Traiteur Terrasse Disco www.ambroisie.ca 4020 Saint-Ambroise, Montréal 514 932 0641 ¼ tasse de sirop d’érable 1 tasse d’amandes effilées ou entières concassées très grossièrement. Dans un petit chaudron, faire chauffer à feu moyen le sirop d’érable et les noix. Faire frémir le sirop d’érable jusqu’à ce qu’il soit mousseux. Brasser délicatement les amandes pour bien les enrober de sirop. Éviter de faire bouillir trop fort ou trop longtemps pour ne pas faire tourner le 71 menus Plaisirs Chronique Vin Petites douceurs pour soirées d’hiver Sophie Delorme Les vins doux ont quelque chose de réconfortant et d’enveloppant. Ils accompagnent à merveille certains plats (foie gras, fromages à pâte persillée, tartes aux noix, chocolat, desserts aux fruits) mais peuvent aussi être dégustés et appréciés seuls. Je vous propose ici quelquesuns de mes vins doux préférés, qui proviennent d’appellations moins connues que le classique sauternes. Fabuleux chenin blanc Dans la région d’Anjou et de Saumur dans la Loire, en France, on trouve entre autres les appellations Chaume et Coteaux du Layon, des vins à base de chenin blanc qui, vinifié en doux, donne des nectars absolument divins. Laissezvous séduire par le magnifique Coteaux du Layon – Moulin Touchais, dont vous trouverez sur les tablettes de la SAQ les millésimes 1975, 1980, 1991, 1992, 1996 et 1997. Plus ce vin est âgé, plus sa couleur est dorée et plus sa texture est onctueuse, avec des notes de miel, de cire et de fleur. Un vin liquoreux, mais doté d’une acidité qui lui confère un côté aérien, digeste et une longueur extraordinaire. Très bon rapport qualité-prix (de 30 à environ 80$). Merveille de l’Afrique du Sud Le Vin de Constance – Klein Constantia (10999655 – 62,75 $) est élaboré avec le muscat de Frontignan (muscat à petits grains). Un vin riche et fin aux parfums d’orange confite, de raisin sec et de crème brûlée. De l’or en bouteille ! 72 Mariage heureux avec le chocolat noir Vous êtes amatrices de chocolat ? Essayez un bon chocolat noir avec un Maury ou un Banyuls. Ces vins du Roussillon (sud de la France) sont élaborés principalement à base de grenache noir et sont mutés (ajout d’alcool pendant la fermentation du moût). Voilà des vins puissants, mais en même temps très fins. Je vous suggère le Mas Amiel Vintage Maury 2009 (00733808 – 18,70 $) en format 375 ml, le Banyuls 2008 de la maison Chapoutier (11096651 – 22,40 $) et le banyuls Cuvée Parcé Frères 2010 – Domaine de la Rectorie (10322661 – 21 $), tous deux dans des formats de 500 ml. De purs délices, seuls ou avec du chocolat. Champagne au dessert Je termine par un mousseux pour accompagner vos desserts aux fruits et à la crème pâtissière. Je ne conseille pas les champagnes secs au dessert, mais vous suggère le demi-sec, comme l’excellent champagne Veuve Clicquot Ponsardin demisec (00582023 – 72,75 $). De belles bulles fines, un nez de pêche blanche, d’abricot, de brioche, de beurre d’amande et des notes pralinées. Un champagne exceptionnel, qui saura combler les papilles les plus exigeantes ! 73 74 75 76