12 52 38 26 - Guide Gai du Québec

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12 52 38 26 - Guide Gai du Québec
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2
Sommaire
Éditorial
…6
Actualités
…8
Miriam Ginestier
…12
Edgy Women : programmation …15
Droits des femmes
…16
Manon Massé
…20
Chouettes coquettes
…24
Urbania
…26
Islande
…28
FIFA
…30
Albert Nobbs
…31
L’industrie du ruban rose
…32
Musique …34
Michel Tremblay
…36
Harricana
…38
Berlin
…44
Laura Boo
…48
Le Triangles
…50
DJ Tracy Young
…52
Aqua Club
…54
Calendrier
…56
Photos
…60
Unwind Massage
…64
Fiat 500
…66
Le Bouddha d’Cuisine
…70
Recette
…72
Chronique Vin
…70
4
12
26
38
52
5
Éditrice :
Ginette Lauzon
[email protected]
Éditorial
Directrice artistique :
Carolina Ramirez
[email protected]
Collaboratrices :
Sophie Delorme, Monique Désy-Proulx, Joëlle
Girard, Vanessa Girouard, Marie-Pier Perron,
Shawn Thompson
[email protected]
Réviseure :
Monique Désy-Proulx
Ventes :
Joanne Ansell
514.903.1782
Grace Arnaudo
514.903.5537
Christine Brindamour
514-442-0606
Crédit photo de la une :
César Ochoa
couverture :
Miriam Ginestier
Un 8 mars dédié à Rona,
Zainab, Sahar et Geeti
La Rédaction
Le procès Shafia a remis crument sous nos yeux
comment le patriarcat opère encore cruellement
pour opprimer les femmes aux quatre coins du
monde et même dans nos villes. Au XXIème siècle,
il montre un patriarche régnant tel un despote
dans sa maison, avec la participation d’une de
ses femmes et de son fils aîné, reproduisant cette
structure de domination qui est aussi vieille que
la « civilisation ».
La violence, la délation, l’emprisonnement, les
sévices corporels et même le meurtre lui apparaissent
comme normaux pour prouver qu’il est le chef et
que ses femmes, ses filles et ses fils lui obéissent
au doigt et à l’œil. Sa violence et son contrôle
absolu visent d’abord ses femmes et ses filles, afin
de les maintenir dans un état d’asservissement face
à l’influence « corruptrice » des droits et libertés
chèrement acquis dans notre pays.
Entre Elles
est une division d’Elles Média
Tél. : 514.903.5537
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Montréal, QC H2L 4V2
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Le « crime » de Rona, Zainab, Sahar et Geeti
était de vouloir s’affranchir de cette domination
en quittant la famille patriarcale pour accéder
pleinement à ce que notre société leur offre.
Elles ont sournoisement et brutalement payé le
prix de leur audace et de leur résistance. Comme
des milliers de femmes avant elles et comme,
fort malheureusement, probablement encore des
milliers de femmes dans les années à venir.
On peut facilement s’imaginer que le châtiment
aurait été encore plus immédiat et cruel si elles
avaient eu l’audace d’aimer une femme. Déjà
en mars 2007, le rapport de la Commission
des droits de la personne et de la jeunesse De
l’égalité juridique à l’égalité sociale, faisait état
des crimes « d’honneur » et des pressions intenses
dont peuvent être victimes les immigrantes et
immigrants homosexuels provenant de pays où
ces traditions rétrogrades prévalent si elles et ils
tentent de vivre leur homosexualité au grand jour
au Québec et au Canada.
Les droits humains avant l’argent
Il nous a suffi de chercher par mot-clé sur un
moteur de recherche pour trouver l’annonce d’une
femme lesbienne, originaire du Maghreb et vivant
à Montréal, cherchant un homme gai musulman
pour un mariage blanc qui lui permettrait de
sortir de la prison familiale. Pas étonnant que
sous ces menaces, plusieurs communautés issues
de l’immigration demeurent sous-représentées
dans nos réseaux LGBT. Cela s’applique autant
à certaines communautés d’origine européenne
qu’à celles issues d’autres continents, où la
domination patriarcale est aussi bien ancrée.
Après le jugement, la direction de la protection
de la jeunesse a fait son mea culpa pour se faire
Sahar Shafia
pardonner son échec d’intervention. Mais qu’aurait
pu faire la DPJ pour Rona ?
Bien sûr, ce type de violence peut exister dans
toutes les familles, et même dans les couples
lesbiens, mais il serait temps que nos services
sociaux et d’accueil aux immigrantes et immigrants
prennent en compte adéquatement les conditions
de ces femmes et de ces enfants venus de pays
où, comme les minorités sexuelles, ils n’ont pas les
mêmes droits.
Il est temps que nos gouvernements, habitués
à se targuer de défendre les droits humains aux
quatre coins du monde (mais qui sont souvent les
meilleurs alliés de régimes foulant aux pieds ces
mêmes droits), cessent de faire passer les besoins
économiques avant une pleine intégration des
immigrantes et immigrants dans notre société. Ils
ne doivent plus se contenter de raisonner comme
un tiroir-caisse excité par le capital que transportent
des immigrants investisseurs dans leurs valises.
Hommage aux femmes qui luttent
Cela passe évidemment par des cours offerts
largement sinon obligatoirement, où les valeurs, droits
et libertés reconnus dans nos sociétés sont enseignés,
ainsi que par des cours de langue. Cela ferait sortir
les femmes de leur isolement et leur permettrait
d’accéder au travail et à l’autonomie financière.
Il faut aussi que nos services sociaux cessent
de minimiser les souffrances des femmes
immigrantes en confondant le multiculturalisme
ou l’interculturalisme avec le relativisme culturel
qui laisse préséance aux traditions culturelles
rétrogrades sur les droits humains des femmes et
des enfants. Nous avons aussi le devoir de donner
suite à l’avis du Conseil du statut de la femme qui
recommande de donner un fondement juridique
à notre laïcité, ce qui aiderait les femmes à se
soustraire aux pratiques sexistes qui s’exercent
contre elles au nom des traditions religieuses.
Le 8 mars, célébrons la mémoire de ces femmes
qui ont revendiqué le droit d’aimer et de vivre
librement en dehors du contrôle patriarcal, et
la lutte de toutes celles qui se battent pour s’en
affranchir. Dans cette lutte, n’ayons jamais de
repos. C’est seulement ainsi que nous pourrons
vivre en paix.
Actualités nationales
© AQPS
© Radio Canada
Lutte contre le suicide
L’AQPS veut rejoindre les LGBT
À l’occasion de la 22ème Semaine nationale de
prévention du suicide (du 5 au 11 février), le mot
d’ordre de l’Association québécoise de prévention
du suicide a été « Ici, on tient à chacun, le suicide
n’est pas une option ».
Le Québec est la province au Canada où le taux
de suicide est le plus élevé : chaque année, 1.100
Québécois s’enlèvent la vie et plus de 33.000 font
une tentative En incluant celles et ceux qui ont
des pensées suicidaires ou encore les proches de
toutes ces victimes, on en vient à parler de 370.000
personnes.
L’AQPS, par la voix de son directeur général,
Bruno Marchand, a témoigné de son « ambition
de s’engager en incluant la problématique de
l’homophobie dans plusieurs des activités » de
l’organisme. Voyant dans le fait que les tentatives
de suicides sont 3 à 17 fois plus nombreuses chez
les victimes d’homophobie un « véritable défi à
relever », il a annoncé de futures collaborations
avec plusieurs organisations dans cet objectif, avec
le soutien du secrétariat de la jeunesse.
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© como_un_pez_en _el_agua
Télévision
Trois-Rivières
Une lesbienne dans 30 vies !
Le premier bébé de l’année
pour un couple lesbien
Depuis le 9 janvier, la productrice Fabienne
Larouche nous offre un personnage lesbien dans
la série 30 vies, sur les ondes de Radio-Canada.
Julie Lebel, une jeune homosexuelle interprétée par
Bianca Gervais (photo), fait désormais partie de
l’entourage du professeur-vedette, Vincent Picard
(joué par Guillaume Lemay-Thivierge).
Les deux mamans sont ravies de ce cadeau du
Nouvel An. La petite Élémia Lessard-Marchand,
dont l’arrivée était prévue pour la fin de 2011, aura
fait patienter quelques heures de plus le personnel
hospitalier afin d’être une pionnière de 2012.
« Mon personnage est une jeune lesbienne
célibataire qui cherche l’amour et qui, pour
l’instant, jette tout son dévolu de tendresse sur
son frère, parce qu’elle n’a pas de conjointe , rigole
Bianca Gervais. Elle prendra soin de Vincent après
les moments difficiles qu’il vivra ».
Geneviève Lessard et Stephanie Marchand ont
donc fêté de la plus belle des manières l’arrivée
du Nouvel An. Après quelques jours de retard, leur
médecin a décidé de provoquer l’accouchement.
C’est donc à 18h35, le 1er janvier 2012 que les
Lessard-Marchand ont enfin pu prendre leur bébé
dans les bras.
Le rôle de Julie Lebel vient enrichir le compte
des téléséries québécoises mettant en scène des
lesbiennes. En effet, depuis le début des années
1990, seulement sept séries ont accueilli des
personnages lesbiens. Parmi les plus populaires, on
trouve le rôle d’Élise (Élise Guilbault) dans Un gars
une fille et ceux de Stella (Caroline Néron) et Sam
(Karyne Lemieux) dans Diva.
Avec ses 3,2 kilos, l’enfant est arrivée après une
vingtaine d’heures de travail et de contractions.
L’accouchement en lui-même n’a cependant pris
que 50 minutes. Au pavillon Sainte-Marie du
Centre hospitalier régional de Trois-Rivières, une
autre famille attendait un enfant dans des délais
semblables. La mère était déjà en travail, mais c’est
Élémia a finalement été la plus rapide…
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Actualités Internationales
© eduinternational
© lilJim
Afrique du Sud
Australie
18 ans de prison pour le meurtre
d’une lesbienne
Vif échange entre Martina Navratilova
et Margaret Court
Dans ce pays où les violences contre les
LGBT sont quotidiennes, justice aura au moins
été rendue. Les quatre agresseurs de Zoliswa
Nkonyana, assassinée il y a six ans près du Cap,
ont été condamnés à 18 ans de prison, dont cinq
avec sursis.
Durant l’Open d’Australie, dans une lettre
publiée dans la presse, l’ancienne joueuse de tennis
américaine s’est adressée a une autre championne
qui a dernièrement scandalisé la communauté
LGBT par ses déclarations homophobes. Martina
Navratilova n’a pas oublié pas d’utiliser l’humour
face à celle devenue aujourd’hui une religieuse
intolérante.
Sur les neuf inculpés, quatre ont été reconnus
coupables d’avoir lapidé, frappé puis poignardé la
jeune femme, âgée de 19 ans, à quelques mètres
de son domicile près du Cap. Le tribunal a estimé
ne pas avoir suffisamment de preuves concernant
la participation au meurtre des autres accusés.
D’après l’agence de presse sud-africaine SAPA,
« la foule située à l’extérieur de la Cour a applaudi,
chanté, levé les poings et dansé à l’annonce de la
condamnation ».
Si la constitution sud-africaine interdit les
discriminations sur la base du genre et de
l’orientation sexuelle, l’homophobie demeure
très répandue, notamment contre les lesbiennes,
victimes de viols « correctifs ». Depuis le meurtre de
Zoliswa Nkonyana, douze autres agressions contre
des lesbiennes ont été enregistrées.
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« Vous estimez que l’homosexualité est un
choix, a dit ainsi la joueuse ouvertement lesbienne.
Voulez-vous dire que vous avez eu des sentiments
pour des femmes comme pour des hommes et
que vous avez choisi les hommes ? Cela pourrait
expliquer votre certitude sur la question. »
Elle a également abordé les arguments basés sur
l’interprétation de la Bible et répétés à plusieurs
reprises par Margaret Court : la « Bible a été
utilisée par le passé pour justifier l’esclavage, pour
refuser aux hommes de couleur le droit de vote,
aux femmes le droit de vote, ou pour essayer de
refuser aux couples mixtes le droit de se marier.
Nous le savons tous, la Bible s’est trompée sur ces
questions ».
© richiesoft
Londres Une marche pour les lesbiennes le 31 mars
Annoncée sur Facebook en début d’année,
une telle manifestation n’avait plus été organisée
dans la capitale britannique depuis plus de 20
ans. L’événement se veut ouvert à tous, sans
discrimination. Il permettra de mieux représenter
une communauté qui, comme partout en Europe,
se fond la plupart du temps avec celle des gais lors
des marches.
À l’heure où nous mettons sous presse, peu de
détails sont connus sur cette dyke march, hormis la
date et le fait qu’elle partira du très LGBT Square
Soho puis passera par le centre-ville, donnant une
vraie médiatisation à la manifestation. « Être visible
est un acte de protestation et un acte de pouvoir,
ça permet de créer une communauté », explique
Emelia Holdaway, organisatrice de la marche.
Ce type de manifestation s’est surtout popularisé
en Amérique du Nord. Au Canada, Toronto et
Vancouver constituent des rendez-vous importants.
Événement
Festival Edgy Women
Miriam Ginestier :
l’art engagé et réfléchi
Vanessa Girouard
Du 16 au 31 mars 2012 se tient la 19e édition du festival féministe Edgy Women, à la Sala Rossa, au Studio 303, à la Centrale et au Royal
Phoenix bar. L’événement cherche à perpétuer son caractère dynamique et son modèle inspirant. Entre Elles a rencontré sa fondatrice,
Miriam Ginestier.
Entre Elles. Qu’est-ce qui vous a motivée dans la création de projets
tels que Edgy Women, le Meow Mix et le Studio 303 ?
Miriam Ginestier. J’aime sentir que je propose quelque chose de différent,
que je contribue au développement de ma communauté. J’apprécie surtout de
côtoyer d’excellents artistes et de partager mes expériences de leurs pratiques
avec d’autres spectateurs. Voilà pourquoi dernièrement, avec l’aide de ma
blonde, j’ai aussi recommencé à organiser des cours de Tango Queer.
Entre Elles. En quoi Edgy Women vous tient-il particulièrement à
cœur ?
M.G. Il représente le carrefour où se rejoignent ma carrière professionnelle
– directrice du Studio 303 – et mes intérêts personnels – je le répète, qui
consiste à œuvrer pour ma communauté. Avec Edgy Women (et aussi avec
Meow Mix), j’espère créer un espace qui célèbre des perspectives et des
identités non traditionnelles, des événements artistiques qui se servent de
l’humour et de la séduction pour passer des messages.
Entre Elles. Comment était la scène lesbienne lors de la création du
festival, au début des années 90 ?
M.G. Très différente de celle qu’on connaît aujourd’hui ! On parle d’une
époque pré-Internet. Il y avait plusieurs bars lesbiens, mais il fallait aller
chercher les flyers sur le comptoir de la librairie Androgyne pour savoir ce qui se
passait. Les lesbiennes séparatistes étaient très présentes, mais la génération
plus jeune amenait une tendance de féminisme « sex-positive ». Néanmoins,
Edgy Women n’est pas un événement étiqueté lesbien. Il met l’emphase sur
des femmes fortes. Aussi, ce n’est pas étonnant qu’il y ait souvent une belle
présence d’artistes queer dans la programmation.
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Entre Elles. Que pensez-vous de la scène artistique lesbienne
actuelle ?
M.G. Il n’est pas vraiment possible de parler de « la scène artistique
lesbienne », mais il est certain que la diversité des pratiques et le nombre
d’artistes queer a beaucoup augmenté, au niveau tant amateur que
professionnel. Les lesbiennes sont de plus en plus visibles, surtout dans le
milieu de la musique (DJs, groupes), de la littérature, du stand-up et du cinéma.
En revanche, j’ai l’impression que cette identité est moins apparente dans les
arts vivants tels que la danse, le théâtre et la performance et dans les arts
visuels.
Entre Elles. Pourquoi ?
M.G. Le lesbianisme comme sujet est déjà un peu périmé ! Cela dit, si on
parle de la scène queer, l’offre est devenue très vaste. Il y a pas longtemps,
Meow Mix (et le Boudoir) était l’une des seules soirées-cabaret queer.
Maintenant, avec l’avènement des médias sociaux, il y a une panoplie
d’évènements dans différents lieux. C’est incroyable Je trouve que c’est
vraiment bon signe !
Entre Elles. Qu’est-ce que vous cherchez d’abord à montrer avec
Edgy Women ?
M.G. Je veux mettre de l’avant des œuvres intelligentes, inventives,
inspirantes et qui ont des idées à défendre. Edgy Women reprend le mantra
féministe classique, c’est-à-dire « le personnel est politique », en présentant
des performances basées sur l’identité, artistiquement rigoureuses, drôles,
complexes et surprenantes. En fait, je veux mettre en lumière des œuvres de
femmes travaillant au-delà des disciplines traditionnelles.
© César Ochoa
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Événement
Société
Edgy Women
Tout sur la programmation
Vanessa Girouard
Pour son édition 2012, le festival Edgy Women tourne autour de quatre œuvres majeures présentées à la Sala Rossa et au Studio 303. Une
soirée vidéo se tiendra également à la Centrale. Le lancement des recueils de Zombie aura lieu, pour sa part, au Royal Phoenix Bar. Entre
Elles détaille ci-dessous tout ce qu’il ne faut pas rater pendant ces deux semaines.
15 mars au Royal Phoenix Bar (Gratuit)
Lancement officiel du festival Edgy Women – Lancement des recueils de
nouvelles de zombies par le collectif français GLJINS.
20 mars à la Centrale, 19h (Gratuit)
Soirée vidéo – La Centrale
22 mars à la Sala Rossa, 20h
SPIN – Evalyn Parry
C’est un « musical » multimédia qui célèbre la bicyclette comme muse, instrument
de musique et élément de changement social au fil des derniers siècles.
© César Ochoa
Entre Elles. Selon vous, les lesbiennes fournissent-elles un apport
important au mouvement féministe ?
M.G. Oh oui, bien sûr ! Les personnes marginalisées à l’intérieur d’un
mouvement politique brassent des idées, les remettant du coup en question.
Elles participent ainsi à déconstruire les idées préconçues.
Entre Elles. Comment vivez-vous votre propre féminisme ?
M.G. Je suis militante à ma manière : je ne descends plus vraiment dans la
rue, mais tout mon travail vise à promouvoir des femmes et des queer. Pour
moi, le féminisme est une évidence. Je ne comprends pas quand les gens qui
affirment qu’ils ne sont PAS féministes!
Entre Elles. Depuis 15 ans, votre public a-t-il évolué avec le festival ?
M.G. C’est drôle parce que je peux parler du public de Meow Mix,
mais moins de celui de Edgy Women. Il est plus compliqué à saisir et varie
énormément, notamment en raison de la programmation offerte et des lieux
partenaires. À Edgy Women, les Meow Mixers se mêlent aux professionnels et
au public du milieu des arts de la scène. J’avoue que cette diversité n’est pas
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toujours évidente à gérer, car certains spectacles sont parfois très queer pour
un public plus « général ».
Entre Elles. Avez-vous d’autres projets à venir ?
M.G. En fait, je pense déjà à Edgy Women 2013, car ce sera le 20ème
anniversaire du festival ! Je planifie une édition qui se distinguera par sa
thématique sportive. Je compte louer le magnifique club de boxe « Chat Bleu »
pour faire des créations in situ. Autre chose : je veux absolument collaborer
avec la blogueuse Meg Hewings de Hockey dyke in Canada pour créer un
évènement participatif. Enfin, je devrai faire des recherches sur la lucha libre
(lutte libre), car une des artistes que je compte inviter est récemment devenue
maniaque de ce sport !
Festival Edgy Women
Du 16 au 31 mars 2012
Présenté par le Studio 303
514.393.3771
edgywomen.ca
23 mars à la Sala Rossa, 20h
Je Baise les Yeux – Gaëlle Bourges
Ce spectacle jette un regard sur les tensions entre le travail du sexe et le
monde de l’art, ainsi que sur l’intellectualisation de la corporalité. À noter
que « Je Baise les Yeux » offre le point de vu de la France sur ces deux
thématiques alors que la vision torontoise sera offerte par les Scandelles.
24 mars à la Sala Rossa, 20h et 22h30
In Succube – Andréanne Leclerc et Holly Gauthier-Frankel
En collaboration avec Meow Mix, la production In Succube est qualifiée
de « sensuelle et étonnante » par Miriam Ginestier. Cette composition est
chorégraphiée et interprétée par Andréane Leclerc et Holly Gauthier-Frankel,
deux artistes de cirque et de théâtre burlesque. La première nommée est
notamment connue pour ses performances plutôt « contorsionnées » lors des
soirées Meow Mix. Cette production est une commande spéciale du Studio
303. Elle est d’ailleurs présentée en première mondiale !
30-31 mars au Studio 303, horaire à venir
Les Demimondes – Scandelles
Dans la même lignée que « Je Baise les Yeux », Les Demimondes offrent une
perspective torontoise concernant l’intellectualisation de la corporalité. Les
tensions entre le travail du sexe et le monde de l’art sont d’autres thèmes
abordés au cours de ce spectacle.
du 16 au 31 mars 2012
edgywomen.ca
© The Scandelles par R. Kelly Clipperton
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Société
Droits des femmes et des LGBT
Le gouvernement Harper
inquiète
mAINTENANT EN kIOSqUE
Joëlle Girard
Le récent affront porté au mariage homosexuel a brutalement rappelé aux LGBT la vulnérabilité de leurs acquis et fait craindre un
futur recul de nos droits. Les cinq projets de loi privés présentés depuis 2006 préludant la « recriminalisation » de l’avortement et les
déclarations, cet automne, des députés Brad Trost et Stephen Woodworth pour la réouverture du débat avaient déjà sonné comme une
double piqûre de rappel.
Majoritaires à la Chambre des communes depuis les élections du 2 mai dernier,
les conservateurs suscitent la crainte chez certains acteurs bien connus de la
scène fédérale, y compris l’ancien premier ministre Jean Chrétien. S’adressant
aux militants du Parti libéral, celui-ci a mis en garde tous les Canadiens contre
le gouvernement de Stephen Harper, dans une lettre envoyée le 13 décembre.
« Les conservateurs ont déjà mis fin au contrôle des armes à feu et à l’accord
de Kyoto. La prochaine fois, ce sera peut-être le droit de la femme au librechoix ou le mariage gai », pouvait-on lire dans le message de Jean Chrétien,
qui a dirigé le pays entre 1993 et 2003. La missive renforce le doute au sujet
de l’inaliénabilité des droits des femmes et des LGBT.
Museler la critique
« Il y a déjà des cas très concrets de changements de pratiques et de
politiques qui font reculer les droits des femmes », confirme Alexa Conradi,
présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) depuis 2009.
Parmi ces évolutions, cette militante féministe de longue date évoque notamment
la fin du contrôle des armes à feu et la destruction des données du registre (créé
suite à la tuerie de Polytechnique), l’arrêt du financement des programmes de
logements sociaux, l’annulation du Programme national d’investissement dans les
services de garde et l’adoption de la Loi sur l’équité salariale dans le secteur public.
Cette dernière oblige les femmes à présenter leurs plaintes seules, sans le
soutien de leurs syndicats. Une amende de 50 000 $ est prévue pour ceux qui
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encourageraient ou aideraient ses membres à déposer une plainte en matière
d’équité salariale.
POUR ENCORE
PLUS DE CONTENUS
CONSULTEZ LE
URBANIA.CA
« On coupe aussi le financement des groupes qui doivent être les chiens de
garde des droits et du respect de l’amélioration des conditions de vie dans le
but de faire taire les critiques, ajoute Alexa Conradi. C’est un recul important.
De moins en moins de voix sont outillées pour critiquer le gouvernement. Les
conservateurs sont un peu ratoureux dans leurs pratiques. »
« Nous serons là »
Au chapitre de l’avortement, Alexa Conradi craint que Stephen Harper
joue sur les mots en n’abordant pas lui-même le sujet, tel qu’il l’a promis,
en laissant toutefois un député pro-vie présenter un projet de loi privé sur
la question. « Deux députés conservateurs ont soutenu qu’ils trouveraient le
moyen de rouvrir le débat. Ce droit est donc menacé, surtout sachant qu’ils
sont majoritaires, que plusieurs d’entre eux sont pro-choix et qu’ils ont l’appui
de quelques libéraux sur la question », explique-t-elle.
Mais la présidente de la FFQ se veut toutefois rassurante. « Nous sommes en
alerte constante et nous mettons tout en place pour que les groupes avec lesquels
nous sommesliés soient prêts à réagir quand viendra le temps de défendre ce
droit, affirme-t-elle. Le jour où ils décideront d’y toucher, nous serons là. »
Au mois de janvier, les avocats du gouvernement fédéral se sont opposés
à ce que deux lesbiennes demeurant en Floride et en Angleterre obtiennent
17
Société
© The Prime Minister’s Office
le divorce au motif que leur mariage n’a jamais été légal au Canada. Devant
le tollé soulevé par la nouvelle, le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a
rapidement expliqué que son gouvernement modifierait la loi afin que les
mariages conclus au Canada et non reconnus par le lieu de résidence du
couple soient désormais considérés comme valides.
Diviser pour mieux régner
Néanmoins, pour Alexa Conradi, qui se définit elle-même comme « une mère
de famille anglophone, fille d’immigrant et lesbienne », cette confusion quant
à la légalité du mariage de ce couple étranger est une « façon de voir s’il y a
encore des gens pour défendre les LGBT, de tester jusqu’où irait l’objection si
le débat était rouvert ».
« C’est une manière de voir si on tolère l’idée d’un système qui fonctionne
selon deux poids deux mesures, en appliquant le droit canadien différemment
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aux étrangers venus se marier ici. Cela crée une atmosphère de division,
de création de sous-groupes qui sert ensuite à mieux faire passer certaines
propositions. C’est vraiment un test. Ce sont de fins tacticiens. À la fois
stratèges et un peu mesquins », estime-t-elle.
Pour Alexa Conradi, la stratégie des conservateurs est donc claire : diviser
pour mieux régner. « Il faut cultiver la solidarité […] parce que le jour où nous
perdrons notre cohésion, ils auront tout pour réussir », met-elle en garde,
espérant que les divers groupes de défense des droits s’appuient entre eux,
dans leurs revendications et leurs démarches.
« Bien sûr, la Charte canadienne des droits et libertés existe toujours et c’est
un outil puissant pour argumenter, poursuit-elle. Mais il ne faut pas devenir
indifférent à ce qui se passe. Au Québec, nous avons tendance à ne pas nous
préoccuper de ce qui se trame au fédéral. Il faut faire attention. »
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Politique
Québec Solidaire
Le plan Manon Massé
Monique D. Proulx
Le comité de travail qui entoure Manon Massé est en ébullition ces temps-ci, comme toute la classe politique du Québec. Un air de préélection flotte dans les bureaux de Québec Solidaire. Nous avons interrogé la candidate du comté Sainte-Marie-Saint-Jacques pour savoir
comment elle percevait le Village, la pauvreté (et la richesse), le féminisme, la vie lesbienne et… l’avenir du Québec !
Entre Elles. Vous allez bientôt nous demander de voter pour vous.
Pourquoi les gens le feraient-ils ? Qu’avez-vous à apporter, par
exemple, aux LGBT ?
Manon Massé. À Québec Solidaire, notre politique c’est d’être présents
en dehors des périodes d’élection. Depuis la fondation du parti, on s’est
positionné très clairement pour la défense des minorités sexuelles, on a travaillé
sur beaucoup de dossiers avec des organismes du milieu et des groupes de
pression pour faire adopter des programmes d’éducation, reconnaître le droit
au mariage et changer des lois. Et on a parfois réussi ! C’est sous l’effet des
pressions que le gouvernement a instauré une Politique québécoise de lutte
contre l’homophobie il y a quelques années et, plus récemment, une Chaire
de recherche sur l’homophobie à l’UQAM. On va enfin pouvoir travailler avec
des données statistiques précises sur la réalité québécoise des minorités
sexuelles. Bien sûr, il reste beaucoup à faire. On a beau avoir des lois, il faut
surtout changer les mentalités. Avec Stephen Harper à la barre, on va devoir
maintenant être vigilant pour ne pas reculer !
Entre Elles. Comment percevez-vous le Village ? Certains croient que
vous n’aimez pas trop travailler avec les hommes gais du Village…
M.M. Hé bien, c’est la première nouvelle que j’en ai ! Ce ne sont certainement
pas des gens qui ont travaillé avec moi qui disent une chose pareille, parce que
j’ai toujours collaboré avec beaucoup de plaisir avec les gais. Je travaille avec
des bisexuels, avec des lesbiennes, avec des trans. Et j’ai un tas d’amis dans le
Village. Un des problèmes que je vois dans ce quartier, c’est qu’il est beaucoup
associé au commerce, à la consommation, alors que nous, on voudrait que
le Village soit justement un… village. Il faut qu’on développe plus une vie
communautaire et une cohabitation harmonieuse entre des gens de différents
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styles de vie, des itinérants, des ados, des femmes seules, des travailleurs, des
gais de tous âges. Par exemple, on voudrait que les parcs soient des lieux de
partage de l’espace, qu’on s’en serve pour développer le « vivre ensemble ».
Entre Elles. Que proposez-vous pour y arriver ?
M.M. D’abord, on veut s’attaquer à la pauvreté. On la voit de plus en plus,
il y a même des familles entières d’itinérants, avec des enfants. On est au
Québec ici, avec notre climat, on ne peut pas accepter ça. Pour nous, un toit
c’est un droit. Si on est au pouvoir, on va faire construire du logement locatif à
prix modique : non seulement ça servira les gens qui y habiteront, mais aussi
ceux qui les construisent. Ces immeubles, ça donnera du boulot aux gens. Il en
faut beaucoup : la population vieillit et bien des gens du milieu travaillent dans
des emplois à la petite semaine, souvent dans le secteur des services. Quand
ils arrivent dans la cinquantaine et la soixantaine, le cabaret rempli d’assiettes
commence à peser lourd au bout de leur bras. Ces gens-là, avec le prix actuel
des loyers, n’y arrivent pas. Plusieurs vivent à 40% sous le seuil de pauvreté.
Ça m’inquiète.
Entre Elles. On dit de vous que vous êtes une lesbienne féministe
radicale…
M.M. C’est une étiquette, qui peut donner l’impression que je suis
extrémiste, alors que c’est le contraire. Je suis absolument contre la violence.
Si j’ai pris le bateau l’an dernier pour aller en Palestine, c’était non seulement
pour dire à Benyamin Netanyahou [le premier ministre israélien, ndlr.] d’arrêter
de violer les traités internationaux en bafouant les droits des Palestiniens, mais
c’était aussi pour dire au Hamas d’arrêter de violer les droits des femmes en
bafouant leur liberté.
© Edson Emilio Photography A.K.A. El Negro
21
Politique
Manon Massé en
quelques points
. Membre de Québec Solidaire depuis la fondation de ce parti.
. Lors des prochaines élections générales au Québec, elle
sera pour la quatrième fois candidate à Montréal, dans la
circonscription Sainte-Marie-Saint-Jacques.
. Travailleuse communautaire depuis 30 ans, elle réside
depuis peu dans sa circonscription.
© Edson Emilio Photography A.K.A. El Negro
Pour ce qui est de l’étiquette, eh bien prenons-la élément par élément : 1)
je suis lesbienne et je ne m’en suis jamais cachée. Même à bord du bateau en
direction de Gaza, nous étions deux queers, nous le laissions savoir et nous
avions de très bonnes relations avec les autres ; 2) je suis féministe, en effet,
et assumée, car je suis contre toute forme d’oppression, à plus forte raison
contre les femmes ; 3) enfin, je suis radicale si c’est pour dire que je veux
opérer des changements à la source même des causes, mais je n’aime pas trop
la connotation d’extrémisme qui va avec ce terme. Moi, je suis une femme de
fond, j’apprécie la rigueur d’analyse et je pense que les changements, ça passe
d’abord par l’éducation.
Entre Elles. Trouvez-vous que la vie lesbienne se porte bien à
Montréal ?
M.M. Les choses ont beaucoup changé depuis 30 ans. Je suis agréablement
surprise de voir comme les filles aujourd’hui peuvent se sentir complètement
légitimées de s’afficher. Bien sûr, elles ne se rassemblent pas sur le plan
géographique, on ne voit pas de « quartier lesbien », mais elles semblent faire
les choses autrement. En revanche, les gens ont moins de difficulté à accepter
le lesbianisme que le fait de traverser les genres. C’est frappant. Un homme
qui a l’air d’une femme ou une femme qui a l’air d’un homme, ça chicote. Moi
par exemple, j’ai l’impression que mon homosexualité va de soi. En revanche,
bien des gens tolèrent mal que j’aie une moustache !
Entre Elles. À la lumière du drame des femmes de la famille Shafia,
que pensez-vous de la position de Québec Solidaire sur le port de
signes religieux, en particulier du voile ?
22
. Elle a représenté Québec Solidaire lors de l’expédition du
navire canadien Tahir qui a voulu forcer le blocus israélien,
l’automne dernier, pour apporter de l’aide humanitaire
aux habitants de Gaza.
M.M. Quand on parle des Shafia, on parle de meurtriers, ne l’oublions
pas ! Moi je travaille depuis des années dans un centre de femmes et je
côtoie des femmes de toutes sortes, dont certaines portent le voile, et
elles ont beau savoir que je suis lesbienne, jamais je n’ai senti le moindre
préjugé de leur part. Je ne crois pas que c’est en interdisant qu’on va
améliorer la situation, au contraire ce qui me paraît intéressant c’est
l’échange. C’est comme ça qu’on va arriver à créer le Québec auquel on
aspire.
Entre Elles. Justement, comment voyez-vous l’avenir du Québec ?
M.M. Québec Solidaire veut mettre sur pied une grande assemblée
constituante où seront représentés les différents groupes qui forment
actuellement le Québec pour débattre de cet avenir, pour le définir ensemble.
On se donnera deux ans pour faire émerger un projet consensuel, par
exemple pour déterminer les modalités de la laïcité, et bien d’autres choses
encore, évidemment. Cette assemblée aura comme mandat de rédiger une
constitution du Québec, que nous soumettrons ensuite à un référendum. Notre
avenir, je le vois comme réellement démocratique, axé sur la redistribution
des richesses, offrant aux citoyens un revenu minimum garanti, respectant ses
ressources naturelles et récoltant des redevances sur ses matières premières,
par exemple en taxant le produit des mines ou l’utilisation de l’eau par les
grandes entreprises, ou encore en négociant mieux les achats de produits
pharmaceutiques auprès des grandes sociétés. On se fait dire sans arrêt qu’il
n’y a pas d’argent, mais nous on ne voit pas les choses comme ça. Il y en a de
l’argent, et beaucoup. Il s’agit d’aller le chercher d’abord puis de le distribuer
équitablement.
23
Société
Société
Les Chouettes Coquettes Pour le plaisir et la diversité
Vanessa Girouard
Les Chouettes Coquettes ont le vent dans les voiles. Depuis plus de cinq ans, ce groupe social organise des activités pour les lesbiennes
(mais aussi pour les bisexuelles et les femmes trans), afin de s’amuser et de créer des liens entre femmes. La fondatrice et deux des
organisatrices racontent leur expérience à Entre Elles.
Le groupe Chouettes Coquettes, association fondée à l’été 2005 par
Maryse Bézaure et Lise (nom fictif, ndrl.), a émergé grâce à la volonté des deux
fondatrices de rassembler des jeunes femmes homosexuelles de leur âge. Les
groupes sociaux lesbiens déjà existants peinaient alors à joindre les lesbiennes
dans la vingtaine et la trentaine. « En 2005, il y avait seulement des groupes
lesbiens universitaires ou d’autres s’adressant à une clientèle plus âgée »,
affirme Maryse.
Les deux femmes ont alors usé de leurs compétences et de leurs contacts
pour mettre de l’avant leur groupe. « Ma formation m’a permis de créer le
site Internet tandis que Lise, qui collaborait alors à un projet s’adressant aux
jeunes en questionnement, a utilisé la liste de diffusion pour faire connaître le
groupe », raconte Maryse.
Quelque 800 abonnées
Un an plus tard, Lise s’est lancée dans d’autres projets et deux abonnées de
la liste de diffusion des Chouettes, Bich Nguyen et Isabelle Laplante, se sont
proposées pour prendre le relais. Aujourd’hui, elles sont six organisatrices, en
plus des collaboratrices qui veillent ponctuellement à orchestrer les différentes
activités.
Le groupe social des Chouettes réunit en tout près de 800 abonnées de
sa liste de diffusion. Les jeunes femmes ne s’attendaient pas à une telle
popularité. « Lors du premier 5 à 7, on avait réussi à mobiliser une dizaine de
personnes », se souvient la fondatrice. « Maintenant, il est parfois compliqué de
faire une réservation en raison du grand nombre de participantes ! »
Après le 5 à 7 bimensuel, le groupe continue à socialiser autour d’un repas
convivial. « On a certainement une valeur ajoutée, car c’est plus intime, le fait
d’être à proximité permet d’approfondir des discussions et de bien s’amuser »,
soutient Isabelle Laplante. Cette dernière tient néanmoins à préciser que les
Chouettes Coquettes « n’est pas un club de rencontre, mais un groupe social ! »
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Accueillant lesbiennes, bisexuelles et transsexuelles de tous âges et de
toutes origines, les Chouettes Coquettes prônent la diversité. « Le spectre
est large. Des étudiantes, des retraitées, de nouvelles arrivantes et même des
touristes participent aux 5 à 7 ! »
Sorties sportives et culturelles
En offrant aussi des activités de plein air, comme la raquette, le ski de fond,
la glissade, et des sorties culturelles, comme des visites dans des musées ou un
séjour aux États-Unis, ainsi que des activités thématiques (la cabane à sucre
ou des cours d’autodéfense), les Chouettes Coquettes tentent de rejoindre une
« faune » diversifiée. Faire sortir les lesbiennes n’est pas chose facile, dit-on, et
c’est pourquoi les militantes misent sur la variété des activités proposées.
« Le taux de participation dépend de l’offre, résume Bich Nguyen. Il y a des
valeurs sûres, comme les quilles annuelles. Les activités culturelles sont moins
populaires ». Selon Isabelle Laplante, le temps qu’il fait a aussi son importance :
« Les activités sont plus populaires au printemps qu’en hiver parce que les filles
sortent plus. »
Collaboration avec d’autres groupes
Parfois, les Chouettes Coquettes partagent des activités ponctuelles avec
d’autres associations du milieu. « L’information sur les activités se diffuse par
l’entremise des listes d’envoi des associations comme La tram, le Meow Mix,
le Tease for the Ladies et Lez elles. On se retrouve parfois à faire des activités
ensemble, mais c’est plutôt informel », soutient Maryse Bézaire.
La jeune femme dit avoir l’impression que « les associations font chacune leurs
choses de leur côté ». Une situation qui ne lui déplaît pas tant que ça : « Ça offre
des options différentes aux femmes. On peut alors rejoindre tout le monde ».
Chouettes Coquettes
www.chouettescoquettes.com/
© César Ochoa
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Médias
Polémique - Urbania
Polémique - Urbania
Un « spécial lesbiennes »
qui crée des remous
Vanessa Girouard
Le dernier numéro du magazine Urbania a soulevé le mécontentement d’une partie de la communauté lesbienne. En réponse aux critiques
des féministes, la journaliste et chroniqueuse Judith Lussier a publié un billet d’humeur intitulé « Les lesbiennes frustrées ». Les dents ont
alors grincé de plus belle.
« De tous les numéros de l’histoire du magazine,
celui-ci a été l’un des plus complexes à réaliser »,
peut-on lire sur la page Internet d’Urbania. Selon
l’équipe de rédaction, malgré la volonté de rendre
les lesbiennes visibles, de prendre en considération
leur diversité, plusieurs femmes contactées par les
journalistes ont décliné l’invitation. Certaines se
sont aussi désistées au dernier moment après avoir
accepté, dans un premier temps, de participer à
l’édition. Urbania a même dû réaliser un « shooting
butch » à New York en raison de la difficulté
rencontrée pour trouver des participantes.
Interrogée par Entre Elles lors du lancement
du magazine, le 19 janvier, la rédactrice en chef
Catherine Perreault-Lessard reconnaissait que son
équipe a commis des « maladresses […] comme
l’utilisation des mots butch et dyke » qui passent
beaucoup moins bien dans la communauté quand
ce n’est pas les lesbiennes qui les emploient. Autre
problème indiqué par l’équipe : certaines femmes
n’auraient pas apprécié d’être parfois contactées
par des hommes pour un sujet ne les concernant
pas directement.
Un baiser qui passe mal
Les critiques, vives avant même la parution de ce
numéro, ont continué à se faire entendre les jours
26
suivants. Pour Virginie Jourdain, coordonnatrice
à la Centrale (organisme artistique et féministe),
la façon dont les lesbiennes ont été approchées
est carrément « insultante. Ça a beaucoup circulé
parmi les lesbiennes qui font partie des réseaux de
l’art et de la militance », affirme celle qui déclare ne
parler « qu’en son propre nom ».
Virginie Jourdain évoque plus précisément
le courriel qu’elle a reçu de la part de Catherine
Perreault-Lessard faisant suite à l’aide qu’elle lui
avait offerte. « Ce n’est pas neutre de demander
aux gens de se frencher publiquement lors
d’un lancement en échange d’un abonnement.
Ça n’a aucun intérêt. Aller s’embrasser devant
l’ambassade d’un pays X où l’homosexualité est
interdite, en tant que militantes dans le cadre d’une
action politique, ça c’est intéressant. Mais ce n’est
pas un divertissement ».
Catherine Perreault-Lessard dit comprendre cette
critique mais ajoute « qu’il y a toujours des spectacles
lors des lancements d’Urbania ». La rédactrice donne
notamment l’exemple des numéros précédents :
« Pour le spécial gros, il y avait des gros à l’entrée. Pour
le dernier événement, on a décidé de rien faire, pour
ne pas choquer. On avait même pensé à un numéro
de drag kings, mais on a préféré y renoncer ».
Parmi les autres reproches formulés dans
la communauté, Marie-Élaine Larochelle,
correspondante à « jesuisféministe.com », pointe
du doigt l’édition qui présenterait, selon elle,
dans plusieurs articles, une vision hétérosexuelle
des lesbiennes. « Certains aspects du numéro
m’ont déplu, explique-t-elle. C’était seulement le
regard d’Urbania. Cette vision qu’ils avaient des
lesbiennes tombait facilement dans les clichés. »
L’humour, une bonne excuse ?
En réaction aux critiques formulées notamment
sur les réseaux sociaux, Judith Lussier a publié
un billet, le 24 janvier, sur le blogue du média,
intitulé « Les lesbiennes frustrées ». La journaliste y
critique à la fois celles qui ont été mécontentes du
processus et celles qu’elle croyait être féministes.
« La lesbienne féministe frustrée s’insurgera
contre tout : le rouge à lèvres, l’instrumentalisation
de la représentation féminine dans le fantasme
masculin, les jokes de gouines, etc, écrit notamment
Judith Lussier. La lesbienne féministe frustrée avait
organisé une manifestation anti-lancement du
numéro d’Urbania sur les lesbiennes, en prévention
de ce qui pourrait être offensant. Elle fut bien
déçue et dut annuler l’événement. »
Valérie Lapointe, lesbienne féministe déclarée,
lui a répondu le lendemain, sur le site d’Urbania,
de manière véhémente. Judith Lussier invoque
aujourd’hui le droit à l’humour : « Le débat ne
devrait même pas avoir lieu, indique-t-elle. Est-ce
que ça existe des lesbiennes frustrées ? Ce serait
comme se demander si toutes les blondes comme
moi sont niaiseuses ? Ce n’est pas sérieux, c’était
vraiment humoristique ».
Vivement l’hiver !
Pour Valérie Lapointe, l’argument ne tient pas lla
route : « Sous le couvert de l’humour, on reconduit
souvent des stéréotypes, des préjugés […]. Sous
le couvert de l’humour, on rit de qui ? On rit des
gros, des femmes blondes, des B.S, des arabes, des
noirs, des autochtones. Mais quand est-ce qu’on rit
de l’homme blanc hétérosexuel de la classe aisée ?
Jamais. Quant au féminisme lesbien, il a apporté
un requestionnement de la norme hétérosexuelle
comme unique constitution des sexualités,
requestionne la famille et les institutions comme le
mariage. Là encore, c’est loin d’être aussi simple ».
Publié quatre fois par année, Urbania a l’habitude
de rendre des dossiers complets sur un sujet donné.
« À chaque numéro du magazine, on s’intéresse à
un sujet et on fait un 360 °. On essaie de l’exploiter
sous toutes ses facettes », affirme Judith Lussier.
Pourtant, une partie de la communauté semble
s’être sentie véritablement incomprise dans cette
édition. Selon Virginie Jourdain, « c’est clair qu’il n’y
avait aucune problématisation du sujet. Comment
se sont-ils intéressés à nos identités, à nos vies, à
notre culture ? Lorsque l’on aborde un sujet aussi
pluriel qu’est le sujet « lesbiennes », il faut avoir en
tête le contexte historique et politique des luttes
réalisées et celles à venir ».
Le prochain thème du magazine devrait poser
moins de problèmes à la rédaction Urbania. Il sera
consacré à l’hiver.
© Urbania
27
International
Islande
Jóhanna Sigurdardóttir,
trois ans après
La rédaction
4126, rue St-Denis, Bureau 301
Montréal, QC H2W 2M5
T. 514.526.2452
[email protected]
Souper LESBO
Jeudi 8 mars 2012 de 17 h 30 à 21 h 30
Venez souper et jouer au LESBO, inspiré du
bingo, où les lesbiennes célèbres sont à
l’honneur.
Apportez votre porte-bonheur!
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Inscription aux préalables :
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www.solidaritelesbienne.qc.ca
Le 1er février 2009, elle est devenue la chef du gouvernement islandais et, par là même, la première personnalité ouvertement homosexuelle
à accéder à un tel poste dans le monde. Par son action (favorable aux femmes et aux LGBT), Jóhanna Sigurðardóttir reste aujourd’hui
encore très populaire auprès d’une opinion publique pourtant très méfiante vis-à-vis de la classe politique.
On y a cru, même si ce n’était qu’un petit peu.
Trois ans après son accession au poste de première
ministre d’Islande, Jóhanna Sigurðardóttir, symbole
de l’avancée des lesbiennes sur le plan politique,
accepterait-elle de répondre à Entre Elles ? La
réponse de son cabinet a été nette : la chef du
gouvernement, dont l’emploi du temps, on s’en
doute, est surchargé, « ne parle jamais de sa vie
privée ou de questions personnelles en entrevue ».
Au final, Jóhanna Sigurðardóttir, membre du
Parti social-démocrate islandais, est à l’image
de ses concitoyen(ne)s, pour qui son orientation
sexuelle n’a jamais été sujet à débat. « Savoir avec
qui la première ministre dort la nuit est bien loin des
préoccupations des gens », expliquait le journaliste
Ingo Sigfusson à la BBC, en février 2009.
« Sainte Jóhanna »
Pour autant, la femme politique âgée
aujourd’hui de 70 ans défend les droits des LGBT.
Sous sa direction, le Parlement islandais a voté à
l’unanimité pour le mariage entre conjoint(e)s de
même sexe, en juin 2010. Jóhanna Sigurðardóttir a
été l’une des premières à profiter de cette nouvelle
loi en épousant sa compagne de longue date, une
auteure de théâtre avec qui elle s’était déjà unie
civilement.
28
Petite-fille d’une syndicaliste féministe, Jóhanna
Sigurðardóttir n’a jamais varié dans ses combats
pour défendre les plus démunis, au point d’être
affublée du surnom de « Sainte Jóhanna ». Élue
parlementaire depuis 1978, plusieurs fois ministre
des Affaires sociales (après avoir été hôtesse de
l’air dans une « autre vie »), elle a su se bâtir une
réputation de femme intègre et populaire.
La première ministre a également soutenu
activement les récentes campagnes contre le viol
et les violences conjugales. « Jóhanna est une
grande féministe, elle n’hésite pas à affronter les
hommes dans son propre parti et refuse de se
laisser opprimer », affirmait Guðrún Jónsdóttir de
l’association Stígamót en mars 2010 au Guardian.
Discrète mais déterminée.
Fin des clubs de strip-tease
En 2008, lorsque l’Islande, pays de quelque
320.000 habitants, se retrouve au bord de la faillite,
après l’effondrement de son système financier,
elle est l’une des rares personnalités politiques
à « surnager » et à conserver la confiance de la
population. Nommée première ministre par intérim
suite à la démission du conservateur Geir Haarde,
accusé d’avoir précipité son île dans l’abîme,
Jóhanna Sigurðardóttir remporte les élections
en avril 2009. Elle gouverne avec ses alliés de la
Gauche verte .
Depuis trois ans, les droits des femmes figurent
parmi ses priorités. Ainsi, en mars 2010, les députés
ont voté en faveur d’un projet de loi exigeant la
fermeture de tous les établissements de strip-tease
ou de toute place voulant tirer profit de la nudité
de ses employé(e)s.
© Icelandic Ministry of Social Affairs and Social Security
29
Cinéma
Cinéma
FIFA
Albert Nobbs
Percer le mystère
de Mazo De la Roche
Joëlle Girard
Pour sa 30e édition, le Festival international des films sur l’art présente encore cette année une série des œuvres à saveur LGBT, incluant
Le mystère de Mazo De La Roche , documentaire réalisé par Maya Gallus. La cinéaste lesbienne tente de mettre à jour le secret de l’une des
plus grandes auteures canadiennes du XXe siècle dont la vie privée hors normes a été l’objet d’une grande curiosité.
Connues pour des documentaires comme Fag Hags : Women Who Love Gay
Men, Erotica : A Journey Into Femal Sexuality et Dish : Women, Waitressing &
the Art of Service, Maya Gallus et sa conjointe, Justine Pimlott, ont l’habitude
d’explorer les questions de genre, de déconstruire les préjugés et de démonter
les mythes. Leur dernier projet, Le mystère de Mazo De La Roche, s’attaque à
un morceau de choix en tentant de démêler la vérité du mensonge sur la vie
de l’écrivaine, à commencer par sa relation très privée avec Caroline Clement.
Née en 1879 à Newmarket (Ontario), Mazo De la Roche était une enfant
solitaire, vivant dans on propre monde de fantaisie, jusqu’au jour où ses parents
ont adopté sa cousine. Dès l’âge de sept ans, Caroline Clement est entrée dans
cet univers à part. Les deux fillettes ont ainsi développé une complicité unique
qui a duré toute leur vie.
œuvre, le film laisse ainsi entendre que l’auteure n’aurait pas été lesbienne,
mais plutôt transgenre. Cette thèse percerait le mystère et rassasierait la
curiosité inépuisable entourant l’existence d’une femme qui, tout au long de
sa vie, ne s’est jamais permis de vivre pleinement son identité ailleurs que
dans ses livres.
Le mystère de Mazo De la Roche pose un regard fascinant sur cette auteure
énigmatique, mais également sur les mœurs impitoyables de son époque qui
ont contribué à la construction du mythe autour de l’auteure canadienne.
Un « mariage à la bostonienne »
Très secrètes au sujet de leur vie privée, Mazo De la Roche et Caroline
Clement se sont exercées à construire un mythe composé de mensonges ou de
demi-vérités autour de l’auteure et ce, dès la publication de Jalna, troisième
roman qui leur a apporté gloire et fortune. Pour arriver à comprendre la nature
de la relation qui unissait les deux femmes, Maya Gallus et Justine Pimlott ont
interrogé plusieurs personnes dont la fille adoptive de Mazo De la Roche et
Caroline Clement, Renée, ainsi que l’auteure québécoise Marie-Claire Blais.
30
La rédaction
Sélectionnée aux Oscars 2012 dans la catégorie meilleure actrice, Glenn Close rejoint, avec sa brillante performance dans Albert Nobbs,
les Hilary Swank (Boys Don’t Cry) et Felicity Huffman (Transamerica) dans la liste des interprétations remarquables d’actrices incarnant
des personnages à l’identité sexuelle trouble. En revanche, le film, sorti le 3 février au Québec, ne passera certainement pas à l’histoire.
Dans l’Irlande du XIXème siècle, Albert Nobbs (Glenn Close) revêt chaque
jour depuis 30 ans les traits d’un homme, afin de survivre dans un monde où
son statut de femme ne lui autorise que peu de libertés. Serveur apprécié pour
son professionnalisme et son attention, elle économise ses pourboires afin de
s’acheter un jour une boutique de tabac.
Son quotidien est pourtant bousculé lorsqu’elle se retrouve dans l’obligation
de partager sa chambre avec un homme qui, comme elle, s’avère être une
femme. Les deux personnages se lient ainsi d’amitié. Albert Nobbs découvre
bientôt que son amie Hubert Page (Janet McTeer) s’est mariée à une femme.
Elle se surprend alors à intégrer à son rêve la compagnie de la jeune Helen
(Mia Wasikowska).
Albert Nobbs est de ces films qui dissimulent assez bien une prise de
position très pro-LGBT derrière ce qui semble être une histoire hollywoodienne
conventionnelle. Ainsi, le couple formé par Hubert Page et sa femme Cathleen
se révèle être un véritable amour lesbien.
Dialogues malhabiles
Par ailleurs, on comprend rapidement qu’Albert Nobbs cherche tout autant
l’amour féminin, bien qu’on décèle une agaçante tentative de désexualisation
de ses sentiments qu’on déguise en compagnonnage. À cela s’ajoute enfin le
caméo de Jonathan Rhys Mayer, riche bourgeois s’adonnant à une sexualité
homosexuelle dans sa chambre d’hôtel.
Toutes s’entendent pour dire que Mazo De la Roche et sa cousine vivaient
une sorte de « mariage à la bostonienne » : une union, platonique ou non,
entre deux femmes ayant choisi de vivre ensemble sans devoir s’appuyer
financièrement sur un homme.
Mazo De la Roche transgenre ?
Le docu-fiction de 50 minutes pousse toutefois le questionnement un peu
plus loin. Entre l’autobiographie de Mazo de la Roche et l’analyse de son
Romance lesbienne
discordante
© Melvin Ormond Hammond / Archives de l’Ontario
Hormis cette prise de parole en faveur (notamment) de la communauté
lesbienne, le film de Rodrigo Garcia est loin d’être une réussite. La réalisation
manque cruellement de personnalité, tandis que le récit verse souvent dans le
convenu et le prévisible.
La faiblesse la plus flagrante vient du scénario, coécrit par John Banville et
Glenn Close elle-même. Les dialogues malhabiles n’arrivent pas à éviter de
patauger dans le pathétique. Au lieu d’intégrer la source de ce travestissement
de manière naturelle dans les échanges, on a préféré faire place à des répliques
superflues, introductions à des scènes larmoyantes qui peinent à toucher
tellement on en perçoit les mécanismes.
Ajoutons à cela les séquences de fantasme d’une vie meilleure d’Albert
Nobbs qui frisent le ridicule. Bref, la construction du film est maladroite et le
résultat final, sans être un désastre absolu, ennuie profondément.
31
Cinéma
cinéma
L’industrie du ruban rose
Savoir à quel sein se vouer
Shawn Thompson
Depuis le 3 février, le documentaire choc sur l’étrange manège des campagnes nord-américaines contre le cancer du sein, L’industrie du ruban
rose, est projeté dans les salles canadiennes. Léa Pool, déjà bien connue pour ses films de fiction - notamment des œuvres à caractère lesbien
(Emporte-moi, Anne Trister et Rebelles), signe ici son premier documentaire.
Le documentaire a été présenté en grande première nord-américaine au
Toronto International Film Festival (TIFF) en septembre dernier où il a été
acclamé par la critique et le public. Fouillant les dessous et les intrications
des campagnes de financement pour la « cause » du cancer du sein, le
documentaire dévoile et questionne les motifs des corporations qui semblent
voir la maladie comme une mine d’or.
Porté principalement par les propos de militantes, le film donne aussi la
parole aux « gros joueurs » de l’industrie ainsi qu’à un groupe de femmes
arrivées au stade IV de la maladie (le stade final). Les images saturées de
rose et tirées des marches organisées pour la « cure » viennent compléter
le contraste pour appeler les femmes à se poser la question : « Mais où va
vraiment cet argent ? » Entre Elles s’est entretenu avec Samantha King, professeure agrégée de
kinésiologie et d’études sur la santé à l’Université Queen’s. Elle est l’auteure
du livre Pink Ribbons, Inc.: Breast Cancer and the Politics of Philanthropy, qui
a inspiré le documentaire et a fourni la plupart des données présentées dans
le film, parfois articulées par le Dr. King elle-même.
Entre Elles. Le contenu du film secoue le statu quo et touche autant le
pouvoir que les gens ordinaires qui s’impliquent de différentes façons
32
dans la lutte contre le cancer du sein. En prenant cela en compte,
comment interprétez-vous la réception très positive du film ?
Samantha King. Ça signifie que les gens sont prêts pour du changement.
On voit à quel point nous sommes saturés avec la commercialisation du
cancer du sein alors que ses résultats ne sont pas ceux escomptés; les taux
d’incidence et de mortalité n’ont pas vraiment changé et nous n’avons pas de
nouvelles façons de traiter la maladie. En fait, nous la traitons plus ou moins de
la même manière qu’il y a 50 ans. Par conséquent, je pense que les gens voient
les contradictions entre ce langage très optimiste utilisé pour commercialiser le
cancer du sein, l’idée que nous nous faisons du progrès et la réalité qui montre
que nous n’en faisons pas.
Entre Elles. C’est ce que vous appelez « la tyrannie de la bonne
humeur » ?
S.K. (Rire) Oui, exactement et cette pression est le résultat d’une culture qui
croît autour de la commercialisation du cancer du sein. Il faudrait soi-disant
être positive et optimiste. Si vous n’adoptez pas cette approche de la maladie,
il y a quelque chose qui cloche avec vous… Entre Elles. Vous croyez que c’est propre à la campagne autour du
cancer du sein ?
S.K. Disons qu’ils ont très bien réussi à montrer la maladie comme quelque
©Léa Pool
chose de « sexy». Il serait difficile d’agir de la même manière avec un grave
problème cardiaque ou un cancer du poumon. Ces maladies tuent beaucoup
plus de gens, mais elles sont, à tort ou à raison, associées à de mauvaises
habitudes de vie.
Entre Elles. Cela me fait penser à un exemple plus récent, la
campagne Movember pour le cancer de la prostate qui use d’une
autre « image de marque ». Pour la bonne cause, on arbore des
moustaches (au lieu des rubans) à la fois drôles, excentriques et à
la mode… Cette tendance à tourner le politique en consumérisme,
comme vous l’avez dit, ne semble donc pas disparaître..
S.K. Non. Vous soulevez un bon point. Quand j’ai commencé ma recherche,
il y a plus d’une décennie, je croyais vraiment que c’était une mode passagère,
mais ça continue de grandir et pas juste pour le cancer du sein, comme vous
l’avez dit, mais pour ces autres maladies qui s’accrochent à la même idée. Ça
me surprend beaucoup. Je pense que c’est un de nos plus grands défis: même
si j’ai appris à travers le livre et le film que le public est vraiment prêt pour cette
critique, il y a une dissonance entre ça et ce qui se passe avec ces campagnes.
Entre Elles. C’est aussi ce que le film soulève : ces campagnes
fonctionnent et tant que ce sera le cas, ils continueront à les faire.
S.K. Exactement, oui.
Entre Elles. Le film pourrait-il permettre à l’opinion publique d’avoir
un regard plus critique ?
S.K. Je l’espère ! L’équipe a fait un travail extraordinaire, mieux que ce que
je n’aurais jamais pu imaginer. Il y a certainement plus de gens qui regardent
des films qu’il y en a qui lisent des livres, alors cette occasion de rejoindre un
plus grand public est très excitante pour moi en tant qu’auteure. Suite à sa
projection au TIFF, plusieurs féministes et militantes très expérimentées sont
venues à moi pour me dire que le film allait être le point de basculement, qu’il
ferait une différence. J’espère qu’elles ont raison (rire).
33
Musique
© Silences à gogo
Trois filles à suivre en concert
Tegan and Sara
Get Along (Warner)
Après avoir passé 13 ans à parfaire une
signature musicale folk accrocheuse, les sœurs
Quinn présentent un coffret CD/DVD live qui
comprend deux documentaires, dont States, de
Danny O’Malley, et India, un film plus court réalisé
par une amie du groupe, en plus d’un DVD du
spectacle de la tournée et une version audio de 15
pièces enregistrées en concert. Assez complet, Get
Along pose un regard intime sur le duo canadien.
Si quelques-unes de leurs meilleures chansons
prennent une tournure encore plus folk qu’à
l’habitude (Alligator, Sainthood), l’énergie des deux
sœurs est, quant à elle, toujours aussi fougueuse
et convaincante, malgré l’esthétique léchée qui
prévaut. Un incontournable pour les adeptes de
longue date qui souhaitent plonger un peu plus
loin dans l’univers de Tegan & Sara. (J.G.)
34
Cœur de Pirate, Ariane Moffat et
Marie-Pier Arthur
Trois nouveaux albums et donc trois nouveaux
concerts pour Cœur de Pirate, Ariane Moffat et
Marie-Pier Arthur. Munie de son nouvel opus
(Blonde), Cœur de Pirate sera de passage au
Métropolis, à Montréal, le 24 février, dans le cadre
du festival Montréal en lumière. Après Tous les
sens en 2008, Ariane Moffatt est quant à elle sur
le point de sortir son nouvel album (le quatrième).
Le lancement, coup d’envoi d’une petite tournée de
quatre dates, se fera au Théâtre Rialto à Montréal, le
29 février. Du côté de Marie-Pier Arthur, un deuxième
disque intitulé Aux alentours est attendu le 7 février.
Le lancement de son album est prévu la veille à La
Tulipe (entrée gratuite). Cependant, la musicienne
n’y offrira qu’une prestation de 30 minutes, voilà
pourquoi il faut assister au concert intime qu’elle
donnera à La Petite Église, à Saint-Eustache, le 16
mars. (Crédits photo : Silences à gogo).
Théodore, Paul et Gabriel
The Silent Veil (Belleville Music)
Affichant une allure de dandys un peu bad
boys, les trois jeunes Parisiennes qui forment
depuis 2009 le groupe Théodore, Paul et Gabriel
revendiquent fièrement leur androgynie dans leur
apparence comme dans leur musique. Clémence
Gabriel (chant, guitare), Pauline Thomson (guitare)
et Théodora De Lilez (basse) proposent une version
réinventée du folk rock des années 60 et 70,
tout en y ajoutant une petite touche moderne de
country pop. Les cinq pièces de Silent Veil, premier
EP du groupe, sont simples et mélodiques, voire
presque blues grâce à la voix légèrement rauque
de Clémence Gabriel et aux solos de guitare. Le
résultat est authentique, conjuguant finesse et
intensité. Un mélange efficace qui laisse présager
le meilleur pour l’album complet dont la sortie est
prévue au printemps. (J.G.)
35
expo
expo
Michel Tremblay
L’homme qui aimait
les femmes
Vanessa Girouard
Présenté du 14 mars au 14 octobre 2012 au Musée de la civilisation à Québec, L’univers de Michel Tremblay rendra hommage à l’auteur
montréalais. Connu pour son regard dénonciateur de la société québécoise du XXème siècle, Michel Tremblay a accordé aux femmes une
place centrale dans son œuvre. Lori Saint-Martin, professeure d’études littéraires à l’UQAM, nous en dit plus sur la question.
Entre Elles. On décrit parfois Michel Tremblay
comme le défenseur des femmes. Considérezvous cette affirmation comme légitime ?
Lori Saint-Martin. Michel Tremblay est un
pionnier de la représentation des femmes au
Québec, entre autres parce qu’il va les présenter,
du moins dans la première moitié de son œuvre
(1970-80), en dénonçant leurs conditions. L’auteur
s’insurge contre la façon dont les femmes sont
traitées, il dénonce l’ignorance dans laquelle elles
sont tenues, le peu de possibilités sociales qu’elles
ont, ou encore l’attitude cléricale envers le corps et
la sexualité. Dès ses premiers ouvrages, la condition
de la femme est pour lui une question centrale. C’est
un défenseur et un ami de longue date des femmes.
alors oui, complètement. Je dirais qu’il fait partie,
certainement, de la littérature féministe au Québec.
Entre Elles. On peut donc dire de lui que
c’est un féministe ?
L.S-M. Si le féminisme signifie dénoncer les
injustices sociales, voir les femmes comme des
êtres pleinement humains, les considérer comme
des interlocutrices tout aussi valables que les
hommes, tant dans la société que dans la famille,
Dans les œuvres de cette époque, Michel Tremblay
présente parfois les femmes comme des révoltées,
mais souvent comme des victimes. Cependant, elles
ne sont pas passives mais agissantes, à leur manière,
bonne ou non. L’attitude de l’instance narrative est
de dénoncer leur sort plutôt que de les y confiner. Il
n’y a aucun fatalisme chez Tremblay.
36
Entre Elles. Michel Tremblay dit des femmes
des Belles-Sœurs qu’elles ne sont pas des
héroïnes. Est-ce quelque chose de général
dans son œuvre ?
L.S-M. En effet, les personnages de cette
pièce sont des frustrées, méchantes entre elles et
souvent jalouses d’un petit privilège que peut avoir
l’une des autres. Elles sont prisonnières de leurs
conditions, de leur classe sociale, de leur misère.
Elles ne sont pas admirables. En même temps, elles
sont présentées, je dirais, avec férocité, mais aussi
avec une grande compassion.
Entre Elles. Concernant les LGBT, Michel
Tremblay a surtout parlé des gais, mais dans
Le cœur découvert et Le cœur éclaté, les
colocataires et meilleures amies de Jean-Marc,
Jeanne et Mélène, sont lesbiennes. En quoi ces
personnages viennent-ils enrichir l’œuvre ?
L.S-M. Elles sont peu présentes dans ces
romans puisque le moteur de l’intrigue se trouve
ailleurs. Cependant, Jean-Marc dit très clairement
que c’est son monde, sa communauté, son ancrage.
Elles représentent des figures essentielles pour lui.
Elles remplacent sa famille biologique. C’est une
création merveilleuse où l’on va retrouver hommes
et femmes à égalité, comme ami(e)s et non pas
dans un rapport amoureux ou sexuel. C’est une
amitié intense qu’il partage avec ces femmes-là.
Il leur donne une importance centrale dans sa vie,
mais aussi une pleine humanité.
L’univers de Michel Tremblay
Du 14 mars 2012 au 14 octobre 2012
Musé de la civilisation de Québec
http://mcq.org
© Tony Hauser
© Documents remis
37
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La classe
responsable
Photos
César Ochoa
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Roxanne Alam et Liana Carbone
Assistante Bianca Lecompte
Coordonnateur Jérimi Scott
Maquillage Pelusa Glamour
Coiffure Fanny Desbiens (salon Narcisse & Echo)
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à souhait ! Un nom : Harricana, pour ces dames qui repoussent les limites du possible,
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43
Voyages
Nightlife
Allemagne
Allemagne
et l’histoire des lesbiennes, des hôtels, des cafés
et un hammam pour femmes seulement… La liste
est longue.
Néanmoins, il ne faudrait pas se leurrer : même à
Berlin, il n’y a pas, à proprement parler, de quartier
« lesbien », mais plutôt une concentration desdits
établissements dans certaines zones, le principal étant
probablement celui de Kreuzberg (voir page 46).
Le Berlin lesbien
© Shawn Thompson
Shawn Thompson
La capitale allemande n’a rien à envier à Montréal ou à San Francisco en termes de communauté LGBT prospère et bien dans sa peau.
Néanmoins, le monde lesbien berlinois est moins connu que son pendant gai. Entre Elles s’est donc rendu directement sur place pour
prendre le pouls de cette communauté fantôme.
Berlin a une saveur bien particulière. Du fait
d’un historique inégalé de nation belligérante qui a
perpétré le génocide le plus marquant de l’Histoire
moderne, la capitale n’était qu’un tas de cendres
au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, avant
de se faire trancher par le Rideau de fer abattu il y
a moins de 25 ans.
Si leur histoire s’avère donc tout sauf banal,
les choix des Berlinois d’exhiber publiquement
leur passé l’est tout autant. À chaque coin de rue,
des vestiges ont été conservés ou des inscriptions
érigées pour en témoigner : la ville porte ses
souvenirs comme une plaie béante.
Tout en faisant ce devoir de mémoire hors du
commun, Berlin n’a pas oublié d’adopter des
politiques progressistes (élisant notamment un
maire gai, Klaus Wowereit) qui en font une ville
de choix pour les populations en marge comme
les artistes ou les homosexuels. Avec des loyers
44
peu chers, une scène culturelle et une vie nocturne
qui ne finit jamais, Berlin a beaucoup à offrir à ses
visiteurs.
Un peu (plus) d’histoire
C’est d’ailleurs dans la ville allemande qu’est né
le tout premier organisme de défense des droits des
homosexuels (femmes comprises) et des transsexuels
de l’histoire, soit le Comité scientique humanitaire
(Wissenschaftlich-Humanitäres Komitee). Fondé en
1897 par le physicien et sexologue juif, Magnus
Hirschfeld, il a servi à faire campagne contre le
paragraphe 175 du Code pénal qui criminalisait les
rapports sexuels entre deux hommes (les femmes
n’étaient pas concernées par l’article).
La tradition d’ouverture en matière de diversité
sexuelle de la ville remonte à cette période. Dans
les années 20, sous la République de Weimar, Berlin
était ni plus ni moins que la capitale homosexuelle.
Une communauté lesbienne florissante a même
commencé à s’organiser, à y administrer ses propres
bars et à produire plusieurs journaux et magazines.
C’était l’ère des cabarets et des parties à
l’Eldorado, fameux pour les prestations des Marlène
Dietrich et Claire Waldoff de ce monde. Beaucoup
d’écrivaines, d’actrices et de chanteuses montraient
ouvertement leurs préférences. En d’autres mots,
c’était l’âge d’or du lesbianisme. Lorsque les nazis
ont pris le pouvoir en 1933, ces femmes se sont
effacées alors que les hommes gais étaient envoyés
dans les camps de concentration… Dès lors, la
visibilité homosexuelle appartenait au passé.
Une gouine à Berlin
Aujourd’hui, à nouveau, nul besoin de se cacher.
Berlin compte des publications queer gratuites
- dont une revue spécifiquement lesbienne (le
L-Mag) - de nombreuses soirées régulières pour les
filles, un festival de films lesbiens, des centres de
ressources, des musées qui documentent l’héritage
Ces dernières années, plusieurs bars par et pour
lesbiennes ont même dû fermer leurs portes pour
des raisons financières : le pub Dinelo qui existait
depuis plus de 25 ans ou, plus vieux encore, le
Pour Elle où, pour la petite histoire, on retrouvait
beaucoup de femmes alcooliques – pas sorties
du placard et demeuraient prises au piège d’un
mariage malheureux.
© Shawn Thompson
Toujours ce « pourquoi ? »
Les lesbiennes allemandes ont certes quelques
figures publiques vers qui se tourner. Parmi elles,
citons avant toutes les autres la jolie Anne Will,
l’une des plus célèbres vedettes de la télévision
allemande qui a sa propre émission. Pourtant,
dans le quartier gai de Berlin (grosso modo, la rue
Motzstrasse dans le quartier Schöneberg), la plupart
des commerces – bars, restaurants, boutiques et
clubs - sont destinés à la gent homosexuelle mâle.
Un festival de rue y prend place chaque année
et attire près de 400.000 personnes. Ces messieurs
gais sont organisés, visibles et les rues sont
propres… Il suffit de se promener un peu et de
s’arrêter dans un des cafés joliment décorés pour se
rendre compte de ce qu’est vraiment ce quartier :
pas ou peu de femmes à l’horizon…
C’est ici que l’histoire de Berlin rejoint celle
de Montréal. Lorsqu’on cherche la communauté
lesbienne, on découvre surtout l’écart de visibilité
qui existe entre les deux mondes. Survient alors
une question: pourquoi ? On a beau partir sur un
autre continent découvrir une autre manière de
vivre, avec une histoire unique, certains problèmes
demeurent les mêmes.
© Shawn Thompson
45
Voyages
Berlin
Une journée à Kreuzberg
Shawn Thompson
La rédaction d’Entre Elles vous invite à faire un tour dans le quartier LGBT de la capitale allemande. Une balade en quatre temps qui vous
permettra de vous cultiver, de bien manger, de bien boire, de danser ou encore de… draguer.
© emdot
Kunstraum Bethanien
Construit en 1847, le Bethanien,
qui a été un hôpital tenu par des sœurs
jusque dans les années 70, abrite
désormais des studios d’artiste, ainsi
qu’une galerie d’art contemporain
où l’on déambule pour voir les
expositions… gratuites. Dirigezvous ensuite au café-restaurant de
l’endroit, le « 3 Schwestern » (les
« 3 nonnes ») pour y déguster un
Schnitzel (escalope viennoise) et une
limonade autrichienne dans un décor
d’ancienne chapelle avec un mobilier
de style danois.
Barbie Bar
Donnez suite à votre magasinage
dans les boutiques vintage des environs
en prenant un pot (ou plusieurs) dans ce
sympathique bar gai où l’on s’installe
dans les fauteuils pour souffler et fumer
un peu (l’interdiction de fumer dans les
bars n’est pas encore passée à Berlin).
Amusez-vous à compter es nombreuses
poupées Barbie éparpillées et admirez
les affiches de pin-up des années
50. On revient dans le coin quartier
après la sortie en boîte puisqu’on
retrouve sur le même coin de rue le
Curry36 et le Mustapha, où l’on trouve
respectivement le meilleur currywurst
(saucisse au curry) et le meilleur döner
(grillade) en ville.
Mariannenplatz 2, Berlin – Kreuzberg
Informations :
www.kunstraumkreuzberg.de
Mehringdamm 77, Berlin – Kreuzberg
Dim-Jeu de 15h à minuit ; ven-sam de
17h à 3h.
© fabonthemoon
46
© Roses Bar
Roses Bar
Ce petit bar kitsch aux murs
capitonnés de peluche rose et décorés
de fleurs en plastique ou encore de
boules disco et vierges mariales amen ! - satisfera tous ceux qui veulent
goûter au charme excentrique de
Berlin. Arrivez à l’heure des résidents,
soit vers 1h du matin, et poussez du
coude pour vous tailler une place au
bar et attendre patiemment votre tour
afin de passer votre commande (les
Allemands sont disciplinés). Les goûts,
ça ne se discute pas, mais c’est à cette
adresse que j’aurai vu les plus jolies
lesbiennes de ma vie. Cependant, ne
vous attardez pas trop, car le Roses est
un endroit où l’on ne s’arrête que pour
commencer ou terminer la soirée.
Orianienstraße 187, Berlin – Kreuzberg
Tous les jours de 22h à 5h.
© prokura nep
SO36
Le SO36 est situé littéralement à
la porte à côté du Roses. L’endroit
désormais mythique, avec son
nom qui reprend l’ancien code
postal du quartier (Sudöst 36),
sans être nécessairement une boîte
gaie, est une véritable institution
locale qui témoigne de l’historique
punk, artistique et multiculturel
de Kreuzberg. Le SO36 offre une
programmation allant des partys
lesbiens aux spectacles de musique,
en passant par les événements
technos.
Orianienstraße 190,Berlin – Kreuzberg.
Le coût d’entrée et les heures varient
selon l’événement programmé.
47
sorties
Laura Boo
Laura Boo
façon, j’ai dû aller à l’autre bout du pays et revenir pour finalement être
acceptée dans la communauté montréalaise.
La révolution est
sur la piste de danse
Shawn Thompson
Dans les coulisses de la scène queer montréalaise s’active Laura Boo, 31 ans. Du haut de ses 5 pieds 1 pouce, la jeune femme d’origine
lavalloise compte à son actif la mise en œuvre d’une tonne de projets – à commencer par les soirées POMPe qui ont fêté leur premier
anniversaire en janvier.
Armée seulement de sa philosophie punk rock du Do-It-Youself (Fais-le
toi-même), Laura Boo est de celles qui s’oublient dans leur dévouement pour
l’édification d’une communauté queer la plus saine possible. On l’a notamment
vu nous divertir sous le nom de Douche La Douche, on l’a entendue lorsqu’elle
s’est fait appeler DJ Like The Wolf et on l’a remerciée d’avoir organisé la soirée
mensuelle POMPe.
Entre Elles. As-tu déjà organisé des événements spécifiquement pour
les lesbiennes ?
L.B. Non. Dans ma vie politique, j’ai mis en place des groupes de
discussion qui étaient axés sur des perspectives féministes, mais ce n’était
pas seulement pour les femmes ni pour les lesbiennes. Je n’ai jamais organisé
de soirées pour gais non plus. Ce sont toujours des parties queers.
Celle qui détient une maîtrise en histoire de l’art planche actuellement
sur l’organisation de l’encan ARTSIDA, événement de l’organisme SIDA
Bénévoles Montréal (ACCM). Entre Elles s’est entretenue avec la commissaire
de l’exposition qui prendra place au Musée d’art contemporain de Montréal,
en avril.
Entre Elles. Pourquoi avoir fait ce choix ?
L.B. Il y a encore une dizaine d’années, je ne me sentais pas la bienvenue
dans la communauté lesbienne. Il y régnait alors un esprit du genre « lesbienne
séparatiste » et c’était mal vu de sortir avec des hommes - chose que je
faisais. Je devais aussi faire avec l’aliénation du milieu où j’ai grandi - j’ai
reçu une éducation très catholique. J’ai donc décidé de partir à Vancouver où
je suis restée cinq ans. J’y ai fait ma maîtrise et j’ai commencé à y construire
une communauté queer. Ça a été une expérience phénoménale. J’ai organisé
des fêtes et je me suis politisée.
Entre Elles. Comment en es-tu arrivée à t’impliquer autant dans la
communauté queer ?
Laura Boo. C’est le résultat d’être travailleuse autonome et sévèrement
sous-employée. L’an passé, j’ai vécu avec un revenu sous la barre des
10.000$. Je ne gagne pas beaucoup d’argent, mais je fais les choses qui me
rendent heureuse en m’engageant activement pour ma communauté. Bref, je
n’organise pas des fêtes pour engranger des dollars, mais parce qu’il n’y avait
pas de soirée pour moi. Je me sentais exclue partout où j’allais, à cause de mon
apparence ou de mon portefeuille.
48
Entre Elles. Pourquoi es-tu revenue à Montréal si tu avais créé là-bas
ce qui t’avait manqué ici ?
L.B. Mon père est tombé malade, alors je devais revenir. Mais très vite, je
me suis impliquée dans la Radical Queer Semaine et Pervers/Cité, qui étaient
au plus près de ce que je faisais à l’Ouest. C’est drôle parce que d’une certaine
Entre Elles. Qu’est-ce que la communauté queer pour toi ?
Aujourd’hui, on entend ce terme utilisé un peu à toutes les sauces…
L.B. Oui… Pour moi, c’est politique. Ça ne concerne pas seulement les
personnes avec qui j’ai des rapports sexuels ou même mon identité sexuelle. C’est
aussi le fait d’être inclusif, tout en tâchant de se montrer le moins oppressant
possible et de lutter contre toutes les choses qui font que les gens ne se sentent
pas bien dans leur peau. Emma Goldman [figure anarchiste majeure] a dit « Si je
ne peux pas danser, ce n’est pas ma révolution ». Eh bien, pour moi ma révolution
queer n’existe pas tant que je ne verrai pas une diversité de tailles, de cultures, etc. Il m’est pénible de voir le mot queer coopté comme la dernière chose à la mode.
Entre Elles. Parle-nous de ton projet Equeerie. Tu recueilles des
fonds pour qu’un jour il y ait un espace entièrement administré
par et pour la communauté, une sorte de maison où toutes sortes
d’activités pourraient prendre place…
L.B. Ah, une autre de mes grandes idées (rire) ! C’est important de sentir
que tu appartiens à un milieu où tu te sens bien, en sécurité. Dans un tel
environnement, tu peux réaliser de meilleures et plus grandes choses. C’est
comme aller dans un bar où tu n’aimes pas la musique, où tu ne vois personne
qui te ressemble. Tu te sens mal à l’aise, même chose quand tu essayes de
danser. Pense ensuite à un soir où tu vas à une fête avec tes meilleurs amis et
que le DJ passe tes chansons : tu te sens bien et tu pourrais presque danser
les yeux fermés.
Le premier scénario ressemble un peu à la manière dont je me sens, tous
les jours, dans la société, en ayant des gens qui me regardent, en étant dans
le corps que j’ai. C’est difficile parce que ce n’est pas un monde qui est
accueillant avec celles et ceux qui ont une taille forte. Je ne suis pas considérée
comme une personne séduisante par la plupart des gens et c’est la réalité,
mais j’ai trouvé un joli petit monde où je suis très bien et très appréciée, le
second ! (rires) Entre Elles. C’est ce monde que tu as contribué à bâtir, celui des
queers radicaux ?
L.B. Oui, même si je me fais beaucoup taquiner par mes amis qui sont des
militants plus sérieux. Je suis essentiellement une planificatrice de partys, tout
mon militantisme y est lié. Je suis celle qui dit dans les réunions : «Ah, mais moi
je peux organiser le party pour la levée de fonds !» Pour des événements comme
la Radical Queer Semaine - qui ne veulent pas d’argent des gouvernements
– ces fonds proviennent de la piste de danse. Voilà donc ce qu’il faut faire :
continuer à danser. C’est le secret le mieux gardé des gens heureux ! (rires)
Plus d’informations : equeerie.com
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© photo_Guillaume_Bell
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sorties
Nouveau-Brunswick
Evie, Stella et Moncton:
un triangle(S) qui dure
Shawn Thompson
Depuis plus de 15 ans, Evie Lane et sa compagne, Stella Fougere, tiennent l’unique bar gai de la ville de Moncton. Le Triangles, qui faisait
jadis office de restaurant-bar, a notamment été le décor du coup de foudre des deux femmes en 1980. Elles ont repris l’entreprise, en 1995,
pour en faire le tout premier bar ouvertement LGBT de la ville.
Entre Elles. Est-il aisé d’être ouvertement lesbienne à Moncton ?
Evie Lane. C’est assez facile. Il y a toujours une certaine dose de préjugés
et de paranoïa - comme dans n’importe quelle ville - mais la plupart du temps,
étonamment, nos clients et le bar n’ont pas de problèmes de ce genre.
Entre Elles. Quel portrait feriez-vous de la communauté LGBT locale ?
E.L. Elle est importante à Moncton, assez énorme en fait. Cependant, même
si Stella et moi connaissions beaucoup de gens de la ville et des environs,
une grande partie d’entre eux ne vient jamais au bar plus d’une fois par
an. C’est dû à leur âge, à leurs intérêts ou peut-être à la musique. Les bars
où l’on danse ne sont pas faits pour tout le monde. On peut donc dire que la
communauté est très diversifiée ici.
salaires sont plus élevés, le coût de l’alcool est devenu exorbitant et les lois,
bien qu’elles aillent dans le bon sens pour tout ce qui concerne la cigarette, la
boisson et la conduite d’un véhicule, ont eu tout de même un effet profond sur
la rentabilité des bars. La scène nocturne de Moncton n’est plus ce qu’elle
était. Ces dernières années, on a constaté de nombreuses fermetures de bars.
Entre Elles. Mais le Triangles perdure. Vous avez donc trouvé la
recette magique ?
E.L. Je pense personnellement que les gens vont juste aller là où ils sont
bien traités et où ils peuvent s’amuser. Voilà pourquoi ça marche toujours bien
pour nous.
Un salon accueillant
Des professionnels d’expérience
Un look rafraîchissant
Entre Elles. Pour ceux qui ne le connaissent pas, pouvez-vous nous
décrire le Triangles ?
E.L. Notre établissement est très spacieux. Il y a une salle de billard, un
grand bar ovale et un côté surélevé plus lounge, attenant à la piste de danse
- qui est l’une des plus grande à Moncton. Puisque nous sommes le seul
bar LGBT de la ville, nous recevons une clientèle très mélangée : de tous les
âges et de toutes les orientations, y compris beaucoup de jeunes homosympas.
Nous essayons de faire en sorte que tout le monde se sente le bienvenu. Nous
sommes maintenant ouvert uniquement du jeudi au samedi et nous avons une
clientèle qui se présente assez tard. La soirée karaoké du jeudi est encore très
populaire et on vient au Triangles pour danser le reste de la fin semaine.
Entre Elles. Qu’est-ce qui a changé pour vous qui tenez le bar depuis
17 ans ?
E.L. Les choses ont beaucoup évolué au cours des 20 dernières années : les
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sorties
Tracy Young
Passionnément féroce
Marie-Pier Perron
La DJ et productrice Tracy Young a connu une année 2011 très chargée. En plus de mixer une excellente musique dans les plus gros partys
partout sur la planète, elle vient tout juste de lancer, à 41 ans, sa première collection de vêtements Ferosh Wear. Entre Elles l’a interceptée
entre deux événements pour lui poser quelques questions sur sa carrière et sa vie.
Entre Elles. Tu mixes depuis déjà un bon
moment, comment as-tu commencé ta
carrière ?
T.Y. C’était il y a environ 20 ans. J’ai débuté à
la radio dans ma ville natale, Washington DC. Mon
amour pour le hip-hop et le R&B m’a amenée de la
piste de danse aux platines. Ma musique a un peu
changé avec les années, mais mon énergie et mon
envie de faire danser les gens restent les mêmes et
me poussent à créer des remix.
Entre Elles. Comment décrirais-tu ta musique ?
T.Y. Il s’agit d’une musique feel good pour toutes
et tous. Je fais jouer ce que j’aime, de la house au
hip-hop en passant par ce que l’on entend à la radio.
Le point central reste qu’elle fait danser les gens et
leur permet de profiter de leur soirée au maximum.
Entre Elles. Préfères-tu créer tes propres
compositions musicales ou bien remixer
celles des autres ?
T.Y. Honnêtement, j’adore les deux ! Lorsque
je compose, je ressens une liberté qui me permet
d’explorer toutes les orientations possibles. J’exprime
la manière dont je me sens et j’essaie d’envisager ce
qui va plaire aux gens. Travailler sur des remix est
tout aussi génial, car ça veut dire qu’un artiste ou
un autre DJ me fait assez confiance pour que je
retouche son œuvre.
Entre Elles. Tu es l’une des plus célèbres DJs
lesbiennes au monde. Comment as-tu fait
pour arriver au sommet ?
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T.Y. Je fais ce que j’aime. Je me sens bien en faisant
de la musique et puisque les gens l’apprécient,
je continue. Je suis obsédée par la musique. Je
passe mon temps à chercher de nouveaux sons
pour rester à la mode, tout en gardant en tête
mes racines artistiques. Au-delà de tout ça, je me
concentre surtout sur ce qui va bien. Ça semble avoir
fonctionné pour moi durant toutes ces années, donc
je vais continuer sur cette voie à l’avenir.
Entre Elles. Tu as joué lors de plusieurs fêtes
de célébrités: Lenny Kravitz, The Smashing
Pumpkins, Ricky Martin et même au mariage
de Madonna. Après toutes ces occasions en
or, quel serait l’événement dont tu rêves ?
T.Y. Je suis chanceuse d’avoir travaillé avec autant
de grandes vedettes et il y en a plusieurs autres
avec lesquelles j’aimerais collaborer dans le futur.
Dernièrement, j’étais surtout concentrée sur Genesis,
un événement que j’ai créé. Depuis neuf ans, je fais
ce gros party du Jour de l’an à Miami et cette année
j’ai voulu créer un événement dont tout le monde se
souviendrait.
Entre Elles. Tu as eu une relation avec Kim
Zolziak, de l’émission The Real Housewives,
durant quelques mois. Quel type d’influence
a-t-elle eue sur ta vie publique ?
T.Y. Ma relation avec Kim a certainement
augmenté l’attention autour de nous deux. C’était
une relation privée qui a beaucoup été médiatisée, ce
qui était nouveau pour toutes les deux. Aujourd’hui,
nous sommes passées à autre chose sur les plans
personnel et professionnel et nous accomplissons de
belles choses chacune de notre côté.
Entre Elles. Après avoir créé Ferosh
Records, comment en es-tu venue à créer
Ferosh Wear, ta ligne de vêtements ?
T.Y. J’ai toujours aimé la mode. Ferosh Wear
est une autre façon pour moi de m’exprimer.
Pour l’instant, nous avons surtout des chandails à
manches courtes et des sacs. J’ai toujours aimé ce
qui était beau et décontracté. Il y a plusieurs autres
articles auxquels je pense m’attaquer.
Entre Elles. En tant que lesbienne vivant à
New York, comment as-tu réagi quand tu as
appris que le mariage gai était finalement
légal dans l’ensemble de l’État ?
T.Y. J’ai ressenti de la joie et une grande fierté
d’avoir été là lorsque ça s’est produit. C’est un moment
historique et je suis heureuse d’en avoir été témoin.
Nous méritons toutes et tous d’avoir les mêmes droits.
Il était temps que New York le reconnaisse !
Entre Elles. Que penses-tu de la vie nocturne
lesbienne sur le plan international ? Quels sont
les meilleurs endroits pour faire la fête ?
T.Y. La vie nocturne lesbienne est très différente
dans chacune des villes. À New York, je dirais
d’abord que nous avons beaucoup de choix : toutes
les lesbiennes y trouvent leur compte ! J’adore aussi
Montréal, car vous savez vraiment faire la fête !
C’est une très belle ville avec une énergie hors du
commun. J’aimerais bien y retourner bientôt.
© Document remis
53
Sorties
Aqua Girl
5000 lesbiennes sous
le soleil de Miami
Shawn Thompson
Peu nombreux sont les festivals spécifiquement pour femmes LBT – il n’y en a, précisons-le, aucun à Montréal. Si l’on veut faire la fête
entourée de milliers de lesbiennes, c’est au sud de la frontière qu’il faut aller: soit en Californie avec le fameux Dinah Shore ou encore sur
les plages de Miami pour Aqua Girl, début mai.
Parmi ses particularités, notons qu’Aqua Girl est le seul rassemblement
lesbien entièrement à but non lucratif. Entre Elles a rejoint au bout du fil, Robin
Schwartz, la directrice générale de la Fondation Aqua pour Femmes à Miami,
l’organisme derrière l’événement.
Entre Elles. Aqua Girl en est déjà à sa treizième édition. Comment
l’événement a-t-il vu le jour ?
Robin Schwartz. Tout a commencé en 1999, avec l’organisation d’un
événement d’un soir, Sweet Charity, au profit du cancer du sein. La soirée a
attiré plus de 800 femmes et c’est dès l’année suivante que celle-ci a prise
le nom d’Aqua Girl. Depuis, l’événement prend de l’ampleur tout en gardant
sa vocation. C’est unique, nous sommes les seules dans tout l’Amérique qui
donne 100 % de ses profits à une œuvre caritative.
Entre Elles. Où va cet argent ? R.S. Aqua Girl est en fait notre plus grande levée de fonds à la Fondation
Aqua pour femmes. Nous avons différents programmes de mentorats, bourses
et subventions qui viennent en aide aux femmes lesbiennes et trans pour aller
à l’école, par exemple, ou encore pour contrer les inégalités. C’est également
un moyen de contribuer au bien-être de la communauté en offrant des outils
et du financement pour assurer une relève qui s’engagera en retour auprès des
femmes LBT. Aqua Girl, c’est donc des bonnes filles qui ont du plaisir ! (rires)
Entre Elles. Alors à quoi ressemble Aqua Girl aujourd’hui ?
R.S. C’est être entourée pendant cinq jours durant d’environ 5.000 femmes
– dont beaucoup de très jolies – âgées de 20 à 40 ans, avec, selon moi, le plus
beau décor du monde : les plages de Miami. Il y a très peu d’opportunités de
socialiser pour les femmes qui s’identifient comme lesbiennes, bisexuelles ou
54
transsexuelles. Même dans une ville progressiste comme Montréal, il n’y a rien
de cette ampleur, je pense.
© Documents remis
Entre Elles. Quelle sorte d’événements retrouve-t-on pendant les
cinq jours ?
R.S. On tente d’avoir quelque chose pour tout le monde. Nous avons deux
parties de piscine - dont l’édition du samedi où 3.000 femmes se présentent
– et toutes sortes de divertissements comme des happy hours, un spectacle
d’humour, un vins et fromages, un brunch jazz, une projection de film, des
exercices et le Tea Dance du dimanche qui prend place sur la plage et où les
hommes sont en fait majoritaires.
Entre Elles. Il y a donc une place pour les hommes à Aqua Girl ?
R.S. La danse du dimanche après-midi est le seul événement dans toute
notre programmation qui les cible. Nous avons une politique inclusive :
quiconque se soucie de nous et de notre cause, qui désire le montrer est le
bienvenu, mais seulement sous ces conditions.
Entre Elles. Nous aimons à dire que nous avons beaucoup de festivals
pour les LGBT, mais il n’y en a aucun spécifiquement pour femmes...
R.S. Oui, imaginez-vous donc à quel point cela peut-être libérateur de
venir à un événement comme celui-ci et de pouvoir être soi-même à chaque
instant ? Le commentaire que je reçois le plus souvent est qu’à Aqua Girl, on
se sent libre et en sécurité. J’espère que ça inspirera beaucoup de Canadiennes
à venir faire un tour !
Aqua Girl a lieu du 2 au 6 mai 2012 à South Beach, Miami.
Pour plus d’informations, visitez aquagirl.org
55
Sorties
Calendrier
Marie-Pier Perron
Mews
@ Royal Phoenix Bar
Laura Cahen
Grenadine
Sarah Toussaint-Léveillé
@ Le Cercle
Consulter le Facebook de D.Y.D.H. Productions
pour connaître les dates
Lundi 13 février,
Portes 19h / Présentation artistique portes 19h / spectacle 20h
20h15 / Défilé 20h45
Mesdames, une nouvelle soirée mensuelle faisant
la promotion de la mode, de l’art et du design a été
lancée ! Le Royal Phoenix sera l’hôte de la soirée
Mews. Dina Habib (Pink28, Tease) et Danik Yopp
(Montreal Street Fashion) sont de retour avec cette
initiative (sous le nom de Die Young Die Happy
Productions). Mews sera une plateforme pour
les jeunes créatrices montréalaises qui n’ont pas
toujours les moyens d’exposer leurs oeuvres. Des
bijoux, de l’art visuel, des vêtements, du web, de
la vidéo ou de la photo : il y en aura pour tous les
gouts. Si vous vous sentez en forme pour continuer
de fêter, D.Y.D.H. vous invite à l’après-party qui se
déroule dans un loft.
Royal Phoenix Bar
5788 boul. St-Laurent
Entrée gratuite
56
Montréal a le droit de jalouser la ville de Québec
pour cette soirée réunissant trois jolies dames aux
voix délicieuses. Laura Cahen, originaire de Nancy,
en France, viendra bercer Le Cercle de sa musique
folk intimiste qui ressemble parfois à Keren Ann
et à Emily Loizeau. Une voix douce comme du
miel. Grenadine, qui a fait beaucoup parler d’elle
avec son EP gratuit en 2011, vous fera danser sur
une pop sucrée qui rappelle les vieilles chansons
françaises. La jeune Sarah Toussaint-Léveillé,
participante au Coup de cœur francophone 2010,
ouvrira le bal de cette soirée avec ses compositions
en français et en anglais. On la compare souvent
à Cœur de pirate, mais elle se démarque par ses
textes empreints d’une pureté qui fait du bien.
Le Cercle
228 Saint-Joseph Est (Québec)
Entrée : 7$ à la porte
Soirées multipes
@ Slack’s restaurant & bar
Consulter leur page Facebook
pour connaître les événements
Le Slack’s, c’est tout d’abord un bon restaurant
aux prix abordables avec beaucoup de plats
végétaliens. C’est aussi une salle de spectacle. Il
y a plusieurs soirées hebdomadaires notamment
les mardis Piano Bar et les mercredis Wild Card.
Tous les dimanches, le Slack’s reçoit un groupe
de musiciens. The Cliks, The Joys, Hunter Valentine
et Melissa Ferrick sont déjà montés sur les
planches de leur scène. Finalement, le Slack’s
c’est une discothèque avec les DJs les plus sexys
de Toronto. Les vendredis, on passe les morceaux
les plus populaires, le tout précédé de groupes
interprétants des reprises de chansons. Les samedis
sont sensuels avec le martini à 5$ avant 23h. Si
vous avez envie de danser, restez pour Mixology,
mélange de musique house, hip hop et old school.
Slack’s Restaurant & Bar
562 rue Church (Toronto)
19 ans et +
57
Sorties
Yogajam Montréal
@ Stéréo Nightclub
Tous les mercredis,
portes 18h / cours 18h30
POMPe
@ Coop Katacombes
Tous les troisièmes jeudis du mois,
dès 22h
Mesdames, un buffet de musique électronique
vous attend dès 22 h ! Le POMPe vous accueille aux
Katacombes, où un super système de son fera vibrer
vos tympans. Au menu, un mélange de musique
électronique, indie, punk, pop, new wave et disco.
Il y en aura pour tous les goûts. Les Katacombes
vous offre toujours des consommations à prix très
abordable, alors ne cassez pas votre petit cochon !
POMPe sait comment bien marier musique et
performances. À chaque édition, les organisateurs
dénichent les meilleurs numéros pour vous divertir
et les meilleurs DJs pour vous faire danser. Un
rendez-vous à ne pas manquer!
Coop Katacombes
1635 boul. St-Laurent
Entrée : 5 $
58
Line Trépanier, instructrice de yoga, a lancé un
projet très intéressant lors des dernières festivités de
la Fierté gaie de Montréal. En effet, elle proposait à
la clientèle LGBT un grand rassemblement à la Place
Émilie-Gamelin, pour une méga séance de yoga en
plein air. L’événement fut un réel succès et sera de
retour l’an prochain. Entre temps, POPgayoga et le
Stéréo Nightclub vous proposent le Yogajam tous les
mercredis. Mesdames, si vous avez votre détente à
cœur, voici une activité qui pourrait vous enchanter.
Vous pouvez y aller en seule ou en couple, car le but
reste de rencontrer d’autres amatrices de yoga. Du
temps sera d’ailleurs alloué aux participantes pour
échanger avec d’autres yoginis à la fin de la soirée.
Au menu : 90 minutes de yoga, lumières et DJ, une
vraie expérience multi sensorielle. Bref, beaucoup
plus qu’un simple cours de yoga. N’oubliez pas
d’apporter votre tapis de yoga. Namasté !
Stéréo Nightclub
858 rue Ste-Catherine Est
Entrée : 15 $ en prévente / 20 $ à la porte* Des
passes mensuelles seront également en vente.
*Places limitées, il est préférable d’acheter vos billets à
l’avance au : yogajammtl.com
GIBIERS DE SAISONS
POISSONS FRAIS
FOIE GRAS
Single and the city
@ Royal Phoenix
Tous les mercredis, dès 17h
Vous êtes célibataire et avez envie de rencontrer
de nouveaux visages ? Vous êtes trop gênée pour
approcher des femmes que vous ne connaissez
pas ? Vous êtes la parfaite candidate pour les
mercredis Single and the city, la première soirée
pour les célibataires au Royal Phoenix, organisée
par Asilex Rodriguez. Vous êtes invitées à vous
présenter seules, car ce sera l’équipe d’hôtesses
qui vous assignera une place. Chaque mercredi,
l’équipe de Single and the city vous fera prendre
part à des jeux pour trouver votre partenaire idéale.
Spéciaux sur l’alcool entre 17h et 20h, en plus de la
Pabst Blue Ribbon à 4$ toute la soirée !
Royal Phoenix Bar
5788 boul. St-Laurent
Entrée gratuite
AU CŒUR DU VIEUX-QUÉBEC,
À QUELQUES PAS DE LA PORTE SAINT-JEAN
17, RUE SAINT-STANISLAS, QUÉBEC (QUÉBEC) G1R 4G7
418 692-5488 | LEPATRIARCHE.COM
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sorties
royal phoenix
Edson Emilio Photography A.K.A. El Negro
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61
sorties
POMpe
© Guillaume_Bell
© Guillaume_Bell
Le sexe est
un déLice
qu’on ne
peut oubLier.
-romance
723, AVE. MONT-ROYAL E.
MONTRÉAL (QUÉBEC)
514 522-6969
(Métro Mont-Royal)
© Daniel payette
62
© Guillaume_Bell
1821, RUE STE-CATHERINE O.
MONTRÉAL (QUÉBEC)
514 876-3656
(Métro Guy-Concordia)
14, RUE DU PONT VIAU
LAVAL (QUÉBEC)
450 669-6169
(Métro Cartier)
Achats en ligne : www.boutiqueromance.ca
63
Détente
Unwind Massage / Bandana Sharma
La détente
à l’hawaïenne
Vanessa Girouard
Le massage lomi-lomi, connu également sous le nom de « massage hawaïen », ça vous dit quelque chose ? C’est ce que nous sommes allées
expérimenter chez Bandana Sharma, massothérapeute au Unwind Massage, situé chez Skins, la clinique du corps.
Bandana Sharma a reçu sa formation à Hawaï, d’où elle est originaire,
avant de s’installer dans la métropole québécoise. « Depuis cinq ans, je vis
à Montréal. J’ai commencé en studio privé, chez moi, puis dans quelques
salons spa. Je voulais travailler avec une approche individualisée, mélangeant
plusieurs techniques, ce que je peux faire au Unwind Massage », dit-elle, tout
sourire.
Le lomi-lomi ne se veut pas qu’un simple massage. Il découle d’une
philosophie hawaïenne ancienne appelée Huna. Celle-ci stipule que l’âme,
le cœur et le corps sont interconnectés, une union qui se manifeste par un
courant d’énergie. « Je tente de cerner les tensions et les blocages, résultat de
l’interruption de la circulation du courant d’énergie, à l’aide de la technique
lomi-lomi, mais aussi grâce à mon intuition », explique Bandana Sharma.
mais momentanée et toujours accompagnée d’une volupté sensorielle et
spirituelle. On vous le recommande !
Unwind Massage - Bandana Sharma
Massage pour femmes seulement
70 $/h ou 90 $/1 h 30
(85 $/h, pour massage aux pierres chaudes)
Boutique Skins
4182, rue Saint-Denis, Montréal
unwindmontreal.com
Détente, écoute et précision
L’entretien débute avec quelques questions d’ordre général. Bandana
Sharma est très à l’écoute et sensible au non verbal : « Mon but est de travailler
avec les femmes pour qu’elles prennent conscience de leur corps, de l’origine
de leurs tensions et de leurs blocages ».
L’ambiance est à la détente dans la pièce d’un blanc immaculé. Une bougie
éclaire timidement la table de massage, sur laquelle est déposé un matelas
chauffant dissimulé sous une confortable couette. Une fois la cliente installée,
Bandana lui explique comment pratiquer une technique de respiration qui sera
utilisée tout au long de la séance.
Bandana Sharma a les mains d’une chaleur saharienne. Il suffit qu’elle fasse
uUne simple pression sur le pied suffit pour provoquer un afflux ascendant
dans la jambe. On est étonnées par la précision des gestes qu’elle effectue
avec ses avant-bras et ses mains, ce qui provoque parfois une douleur exquise,
64
© Document remis
65
Détente
La Fiat 500
Une citadine stylisée
Vanessa Girouard
Offerte dans une multitude de couleurs, la Fiat 500 a débarqué sur le marché nord-américain à la fin de l’année 2011. En vente chez le
concessionnaire Rive-Sud Chrysler, cette Italienne, économique et esthétique, est spécialement conçue pour évoluer dans la ville.
© Pierre Druelle
Après plus de 50 ans d’existence, la Fiat 500 renaît le 4 juillet 2007 devant
une foule de 250.000 personnes en Italie. L’année suivante, le modèle est
nommé « voiture de l’année » en Europe. Il aura fallu attendre 2011 avant que
la petite merveille ne soit commercialisée en Amérique du Nord.
Fasciné par la belle Italienne, Pierre Dufort, directeur des ventes de Rive-Sud
Chrysler, voulait obtenir la bannière Fiat. Il a fallu le prouver : « On a dû prouver
l’engagement du concessionnaire à construire une salle de montre dédiée à
Fiat, avant de pouvoir l’avoir », dit-il. Les rénovations et l’agrandissement
devraient débuter au printemps prochain et n’entraveront pas la fonctionnalité
du commerce. Elles représentent un investissement de 1.5 million de dollars.
Les jeunes et les femmes l’aiment
Avec un moteur de quatre cylindres (1,4l), la Fiat 500 ne consomme que
6,7l/100km en ville. Trois modèles sont offerts avec une transmission manuelle
ou automatique ; la Pop, la Sport et la Lounge. À partir de 13.995 $ (plus les
taxes), cette citadine a une direction vive et encaisse modérément les chocs.
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Quatre personnes peuvent être reçues dans l’habitacle. Celui-ci est stylisé
et relativement spacieux, tout en étant confortable, bien que les sièges soient
plutôt droits. La Fiat 500 possède un bon équipement de série. Le toit ouvrant
à commande électrique, les sièges chauffants ainsi que plusieurs autres
options sont également disponibles.
« Jusqu’à maintenant, ce sont notamment les jeunes entre 25-35 ans, les
baby-boomeurs et les femmes qui manifestent un intérêt pour cette auto,
affirme Jean-Philippe Ducharme, conseiller aux ventes. C’est une petite voiture
économique avec un look qui se démarque. Il y a beaucoup de flexibilité et de
disponibilité quant aux couleurs. Vous pouvez littéralement choisir l’apparence
de votre voiture ». Tentées, mesdames ?
Rive-Sud Chrysler Dodge Jeep
9400, boul. Taschereau, Brossard (Québec)
(1. 888) 364. 2496
www.rivesudchrysler.com
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Menus Plaisirs
Le Bouddha d’Cuisine
© Pierre Druelle
Petit coin vert
Vanessa Girouard
Le Bouddha d’Cuisine, situé dans le tunnel liant le centre Eaton à la place Ville-Marie, saura attirer vos papilles. Offrant une cuisine
végétalienne, biologique et crudivore, la chef Sylvie Boulianne vous concocte des plats inspirés par la cuisine fusion et californienne.
Voilà un peu plus de six mois que Sylvie
Boulianne et Laurence Tardi, propriétaires du
Bouddha d’Cuisine, ont installé leur cuisine dans
le centre-ville. Elles recherchaient davantage de
visibilité. « Nous étions situées au marché 440, dit
la chef. J’avais une belle réserve. J’étais rarement
en pénurie de stock. Mais non avions besoin d’un
meilleur achalandage. »
Le « nouveau » petit restaurant a des allures de
comptoir-lunch. Il n’offre que quelques tables. Avec
sa cuisine ouverte, la convivialité et l’humanité sont
au rendez-vous. Pour les curieuses, la configuration
du restaurant permet de poser toutes les questions
qui passent par la tête, les propriétaires promettant
d’y répondre autant que possible.
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Bien manger même pressée
Ici, on fait la promotion du « végétalisme pour des
raisons philosophiques, environnementales et pour
l’hygiène de vie, indique Sylvie Boulianne. On pense à
tous ces êtres humains souffrant de famine et du manque
d’eau, notamment en raison de l’élevage de bétails».
Le duo mise surtout sur les soupes, le gaspacho,
les salades, l’alimentation vivante (pizza, quiches,
lasagnes), un bar à jus et des desserts. Les plats
santé doivent « être aussi bons que ce qui s’offre
dans le non-végétalien », explique Sylvie Boulianne.
Autre impératif pour le Bouddha d’Cuisine :
satisfaire les pressés. « Il faut que ça soit prêt, que
les clients puissent prendre leur commande puis
retourner au bureau », dit ainsi Laurence Tardi.
Ouvert du lundi au vendredi entre 9h et 17h,
ce petit restaurant vaut le détour. « On est le
seul végétalien, le seul bio et le seul cru dans le
coin », rappelle Sylvie Boulianne, avant d’ajouter
qu’« il faut que les prix soient compétitifs par
rapport aux autres restaurateurs des environs.
De plus, nous offrons du bio dans des plats
biodégradables ».
Le Bouddha d’Cuisine
Cuisine végétalienne biologique
1253, McGill College
514.419.1808
Du lundi au vendredi (9h à 17h)
Entre 10$ et 25$ par personne
lebouddhadecuisine.com
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Recette
Gâteau Nirvana
© Pierre Druelle
Mousse de tofu au chocolat
sur croûte de noix d’acajou,
avec amandes pralinées
à l’érable
Par Sylvie Boulianne et Laurence Tardi
Croûte de noix d’acajou






1/3 tasse noix d’acajou non-salée
3 cas sucanat
3 cas d’huile de canola
½ cat de vanille
1 tasse de farine tout usage ou pâtisserie
1/8 cat de sel
Au robot, concasser les noix grossièrement. Dans
un bol, mettre tous les ingrédients. Mélanger à la
main. Huiler un moule à charnière de 8 pouces.
Verser le mélange dans le fond du moule. Presser
pour égaliser. Mettre au four 20 minutes à 350
degrés F.
Mousse de tofu au chocolat
 2 tasses de chocolat (454 grammes)
 2 boîtes de Mori-Nu extra-ferme
 ½ tasse de sucanat
70
 1 cat de vanille
 1/8 sel de mer
Au bain-marie, faire fondre le chocolat. Au
robot, mélanger le tofu, le sucanat, la vanille et le
sel. Ajouter le chocolat fondu. Mélanger jusqu’à
l’obtention d’une pâte lisse. Mettre la pâte dans le
moule. Égaliser la pâte.
Amandes pralinées à l’érable :
sirop en sucre. Après un maximum de deux minutes
de pralinage, retirer les amandes à la cuillère
par petites portions et les déposer sur le gâteau
démoulé, afin de marquer les portions du gâteau.
Le Bouddha d’cuisine
1253 avenue McGill College
514.419.1808
lebouddhadecuisine.com
Événements privés
Hauts de gamme sur mesure
Resto
Traiteur
Terrasse
Disco
www.ambroisie.ca
4020 Saint-Ambroise, Montréal
514 932 0641
 ¼ tasse de sirop d’érable
 1 tasse d’amandes effilées ou entières
concassées très grossièrement.
Dans un petit chaudron, faire chauffer à feu
moyen le sirop d’érable et les noix. Faire frémir
le sirop d’érable jusqu’à ce qu’il soit mousseux.
Brasser délicatement les amandes pour bien les
enrober de sirop. Éviter de faire bouillir trop fort
ou trop longtemps pour ne pas faire tourner le
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menus Plaisirs
Chronique Vin
Petites douceurs
pour soirées d’hiver
Sophie Delorme
Les vins doux ont quelque chose de réconfortant et d’enveloppant. Ils accompagnent à merveille certains plats (foie gras, fromages à pâte
persillée, tartes aux noix, chocolat, desserts aux fruits) mais peuvent aussi être dégustés et appréciés seuls. Je vous propose ici quelquesuns de mes vins doux préférés, qui proviennent d’appellations moins connues que le classique sauternes.
Fabuleux chenin blanc
Dans la région d’Anjou et de Saumur dans
la Loire, en France, on trouve entre autres les
appellations Chaume et Coteaux du Layon, des
vins à base de chenin blanc qui, vinifié en doux,
donne des nectars absolument divins. Laissezvous séduire par le magnifique Coteaux du Layon
– Moulin Touchais, dont vous trouverez sur les
tablettes de la SAQ les millésimes 1975, 1980,
1991, 1992, 1996 et 1997. Plus ce vin est âgé,
plus sa couleur est dorée et plus sa texture est
onctueuse, avec des notes de miel, de cire et de
fleur. Un vin liquoreux, mais doté d’une acidité qui
lui confère un côté aérien, digeste et une longueur
extraordinaire. Très bon rapport qualité-prix (de 30
à environ 80$).
Merveille de l’Afrique du Sud
Le Vin de Constance – Klein Constantia
(10999655 – 62,75 $) est élaboré avec le muscat
de Frontignan (muscat à petits grains). Un vin riche
et fin aux parfums d’orange confite, de raisin sec et
de crème brûlée. De l’or en bouteille !
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Mariage heureux avec le chocolat noir
Vous êtes amatrices de chocolat ? Essayez un
bon chocolat noir avec un Maury ou un Banyuls.
Ces vins du Roussillon (sud de la France) sont
élaborés principalement à base de grenache noir et
sont mutés (ajout d’alcool pendant la fermentation
du moût). Voilà des vins puissants, mais en même
temps très fins. Je vous suggère le Mas Amiel
Vintage Maury 2009 (00733808 – 18,70 $) en
format 375 ml, le Banyuls 2008 de la maison
Chapoutier (11096651 – 22,40 $) et le banyuls
Cuvée Parcé Frères 2010 – Domaine de la Rectorie
(10322661 – 21 $), tous deux dans des formats de
500 ml. De purs délices, seuls ou avec du chocolat.
Champagne au dessert
Je termine par un mousseux pour accompagner
vos desserts aux fruits et à la crème pâtissière. Je
ne conseille pas les champagnes secs au dessert,
mais vous suggère le demi-sec, comme l’excellent
champagne Veuve Clicquot Ponsardin demisec (00582023 – 72,75 $). De belles bulles fines,
un nez de pêche blanche, d’abricot, de brioche,
de beurre d’amande et des notes pralinées. Un
champagne exceptionnel, qui saura combler les
papilles les plus exigeantes !
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